MAI| JUIN 2022
OUTRE-MER
OcéIndia
grandeur Nature
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT n°10
ÉDITO | Papang, premier téléphérique urbain ultramarin
!
SAINT-MARTIN | le singe vert, davantage visible depuis Irma MARTINIQUE | Léon
SOMMAIRE
UNE
RÉUNION 2 3 5 8 9
|
Tisgra, le « boss » de l’agriculture bio
DERRIÈRE L’OBJECTIF DU PHOTOGRAPHE JONATHAN PAYET
édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Martin Saint-Barthélemy
14 18 22 26 34
Martinique Guadeloupe Guyane Île de La Réunion Mayotte
38 42 44 45
TAAF Nouvelle-Calédonie Polynésie française Wallis-et-Futuna
2
OUTRE-MER
grandeur Nature
Le téléphérique urbain a été inauguré le 15 mars à Saint-Denis de La Réunion, une première pour l’outre-mer français. © Cinor
ÉDITO PAR MAURICE GIRONCEL, PRÉSIDENT D’INTERCO’ OUTRE-MER ET DE LA COMMUNAUTÉ INTERCOMMUNALE DU NORD DE LA RÉUNION (CINOR) La mobilité et les transports publics urbains se situent naturellement au cœur des enjeux de gestion durable des territoires, et en particulier en outre-mer où, à titre d’exemple, les contraintes topographiques favorisent les situations d’engorgement des réseaux routiers. Dans tous les territoires qui le composent, l’outre-mer réfléchit aux politiques locales de déplacements les mieux adaptées, consulte les attentes des citoyens, entreprend, innove et accompagne les ultramarins vers des alternatives au « tout voiture », de façon à prendre concrètement et collectivement le virage de la transition écologique. Nous voyons ainsi des projets de mobilité « bas carbone » germer des Antilles à La Réunion, en passant par la Guyane et Mayotte, comme en témoignent dans ce numéro plusieurs élus d’intercommunalités d’outre-mer 1. Je voulais vous dire ici quelques mots d’un projet exceptionnel que j’ai eu tout récemment le bonheur de voir aboutir à La Réunion sur le territoire de la CINOR : l’entrée en service le 15 mars du téléphérique Papang intégré en plein cœur des quartiers de Saint-Denis, du Chaudron à Bois de Nèfles. Papang est le premier téléphérique urbain d’outre-mer... et techniquement le premier télécabine monocâble urbain de France !
Ce transport en commun innovant de 2,7 kilomètres, dont le nom créole a été choisi par la population en hommage à notre rapace endémique, est une réussite avec plus de 150 000 usagers qui l’ont adopté en un mois, qu’ils soient travailleurs, élèves ou voyageurs de loisirs. Papang participe à améliorer le cadre de vie des habitants, notamment en étant accessible aux personnes à mobilité réduite, en accueillant les vélos, les poussettes, et en desservant collèges et lycées. Sa ligne, répartie en 5 stations qui vont générer autour d’elles une vie économique, compte 46 cabines d’une capacité de 10 personnes, soit une cabine toutes les 34 secondes. Fierté des Réunionnais, Papang n’est pas une fin en soi : nous l’avons bien sûr coordonné à notre réseau de transport urbain pour offrir aux usagers des itinéraires connectés, et il sera intégré à notre futur réseau de bus à haut niveau de service (BHNS) doté de couloirs réservés et sans obstacles. Maurice Gironcel
MOT D’ÉRICKA BAREIGTS, MAIRE DE SAINT-DENIS DE LA RÉUNION, ANCIENNE MINISTRE DES OUTRE-MER « Notre Papang prend son envol ! C’est une véritable révolution comportementale pour une ville plus paisible, plus vertueuse et plus agréable. En effet, le changement climatique fait partie intégrante de notre quotidien et nous incite à penser différemment, à trouver des alternatives pour se déplacer. Il est de notre devoir d’engager des aménagements durables pour nos générations futures et de sortir du coma circulatoire avant qu’il ne soit trop tard. »
Portrait : © CINOR | Photos de couverture : l’arche du Quai de l’Église. © Jonathan Payet | Singes verts. © Roman Tiraspolsky | 1 Pages 20-21.
3
© Éco Maires
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
ACTU OUTRE-MER
QUI SONT LES LAURÉATS DU CONCOURS « LES OUTRE-MER DURABLES » 2022 ?
Cette année, la cérémonie de remise des prix a eu lieu le 6 avril à l’Assemblée nationale. Le 1er prix a été décerné à la commune de Morne-à-l’Eau en Guadeloupe pour son action « Quand manger rime avec Pot’ages à domicile ». Le principe ? Lutter contre l’isolement des personnes âgées et en situation de handicap, en proposant un service de portage de repas. Tous les déchets sont triés et recyclés et alimentent un compost. L’association Bwa Kapab a rejoint le projet en mars en offrant aux personnes âgées des ateliers de jardins potagers cultivés en permaculture. À Mayotte, la Communauté d’agglomération DembéniMamoudzou (Cadema) remporte le 2ème prix avec son action de gestion de la salubrité au quotidien « Cadema Urahafu » , que nous vous présentions dans l’e-mag n°6. Le lauréat du 3ème prix est la commune martiniquaise de Rivière-Salée, pour sa mise en valeur durable de l’entrée de Petit-Bourg à travers une installation paysagère sur un espace de 6 000 m 2. Enfin, le prix coup de cœur du jury revient à SaintLaurent du Maroni, qui contribue auprès des jeunes à la connaissance des oiseaux de Guyane.
1
© Cadema
Organisé par les Éco Maires, le concours « Les OutreMer Durables » récompense et valorise le travail des collectivités territoriales ultramarines engagées dans une démarche d’amélioration continue de l’environnement sur leur territoire. Ce concours « répond à l’ambition des outre-mer de valoriser à la fois l’exceptionnel patrimoine naturel de leurs territoires et de démontrer l’exemplarité des politiques locales en matière de protection de l’environnement et de promotion des valeurs du développement durable ».
À CHAQUE DÉCHET SA FILIÈRE ! En outre-mer, la pression foncière rend compliquée l’installation de nouvelles déchetteries et, a fortiori, de sites d’enfouissement, lesquels sont gourmands en espace et par ailleurs responsables d’importantes pollutions sur le long terme. Dans ce contexte, le tri à la source, ainsi que l’ouverture aux usagers de lieux de collecte d’équipements réutilisables, s’affichent comme des réponses concrètes à la gestion des déchets. Les spécificités ultramarines font émerger des projets adaptés aux territoires : déchetteries mobiles à Mayotte – une solution en attendant les déchetteries fixes –, concept de « déchetterie inversée 1 » testé à La Réunion... Et de nouvelles filières se développent, ce qu’évoque l’ADEME dans sa dernière publication « ADEME Outre-mer » : « En Guyane, le verre est broyé pour renforcer les sous-couches des routes. En Nouvelle-Calédonie, il devient sable de filtration de piscine, ou granulé de décoration. À Saint-Pierre de La Réunion, une filière de recyclage des déchets de plâtre, pour réintroduction dans la fabrication des ciments élaborés sur l’île, évite leur enfouissement ou leur exportation.… ». Autant d’innovations qui permettent de préserver les ressources naturelles, tout en générant de l’emploi non délocalisable.
Nouveau concept de déchetterie, où des objets encore utilisables sont déposés et peuvent être récupérés par d’autres usagers.
4
OUTRE-MER
n
grandeur Nature
UN PREMIER PLAN NATIONAL POUR LUTTER CONTRE LES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des animaux ou végétaux présents dans un milieu différent de leur milieu naturel, et qui vont s’y propager jusqu’à véritablement « envahir » leur nouveau territoire. Lorsqu’elles sont installées, les EEE sont extrêmement difficiles à éradiquer. À l’échelle de la planète, ces espèces représentent aujourd’hui une des premières causes d’érosion de la biodiversité. Les écosystèmes ultramarins, majoritairement insulaires, hébergent près de 80 % de la biodiversité française et sont particulièrement menacés par ces EEE : on en dénombre ainsi plus de 400 en outre-mer – et plus de 2 000 sur l’ensemble du territoire national 1. Le ministère de la Transition écologique et l’OFB ont lancé un premier « Plan national d’action pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes ». Ce plan 2022-2030 s’articule autour de 4 priorités d’intervention visant à agir le plus en amont possible, en sensibilisant et formant les particuliers et les professionnels concernés, en élaborant des guides d’informations pratiques, en consolidant le cadre réglementaire et en renforçant la surveillance et le contrôle, notamment celui des importations en outre-mer. Ce plan devrait améliorer la coordination des acteurs et s’accompagne, pour 2022-2025, de 500 opérations « coup de poing », afin de réagir vite face aux nouvelles EEE susceptibles de s’installer. + d’info ici : Le plan national d’action Vidéo du ministère de la Transition écologique
LANCEMENT DU « SOCLE GÉNÉRAL » DE LA STRATÉGIE NATIONALE BIODIVERSITÉ 2030 La France s’est engagée, en ratifiant la Convention sur la diversité biologique des Nations unies en 1994, à établir des stratégies et plans d’action en faveur de la biodiversité. Dans le contexte actuel de « 6ème extinction de masse », la 3ème Stratégie nationale biodiversité se donne pour objectif « d’inverser la trajectoire du déclin » d’ici à 2030. Ce premier volet de cette stratégie repose sur 3 principes : la sobriété dans l’usage des ressources naturelles, la cohérence des actions, l’opérationnalité. 72 mesures concrètes seront déclinées pour protéger et restaurer les écosystèmes, utiliser équitablement et durablement les ressources naturelles, et enfin sensibiliser et mobiliser la société dans son ensemble. Outre-mer, la stratégie se traduira par le renforcement des actions de protection des espèces menacées, de restauration des continuités écologiques, de lutte contre les atteintes à l’environnement, le soutien aux solutions fondées sur la nature, ou encore l’appui à la recherche et à l’acquisition de connaissances.
Originaire d’Amérique centrale et du Sud, l’arbre Miconia calvescens, surnommé « cancer vert » en Polynésie française, est en train d’apparaître en Guadeloupe et Martinique. © ONF | 1 Source : le plan national d’action, p. 7.
Ce « socle général » de la Stratégie nationale biodiversité 2030 sera mis à jour au second semestre 2022 en ce qui concerne les aspects « gouvernance » et « financement » et aussi pour aligner les enjeux internationaux et nationaux.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
SAINT-PIERREET-MIQUELON Un protocole d’observation de l’état des plants est mis en place au printemps et à l’automne, pour renouveler ou réajuster les mesures de protection. Ces agents enduisent également de graisse de mouton les jeunes plants pour les préserver des cervidés.
P our
lutter contre le recul des surfaces
forestières , la
C ollectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon a lancé un projet expérimental consistant à reboiser et accompagner la régénération naturelle de la forêt.
Pour enrayer cette régression du manteau forestier, un programme pluriannuel expérimental a débuté au printemps 2021. Les services des Cellules agricoles et espaces ruraux et naturels (CAERN) de la Collectivité, accompagnés de techniciens de l’ONF, se sont alors mobilisés sur un chantier de reboisement de 7 500 épicéas blancs et noirs.
LA LUTTE CONTRE LA DÉFORESTATION DANS L’ARCHIPEL Rédaction : Sylvie Allen-Mahé
La Fédération des chasseurs de Saint-Pierre-etMiquelon a souhaité s’associer à la Collectivité pour accompagner cet effort de régénération. Elle a notamment proposé 600 jeunes sapins baumiers qui ont été replantés en milieu naturel par ses bénévoles, sous l’assistance de l’ONF. Un prochain reboisement aura lieu du 24 mai au 11 juin. Et cette année, 10 000 arbres issus d’une plus grande diversité d’essences doivent être plantés : 3 000 épicéas blancs, 1 500 épicéas noirs, 5 000 sapins baumiers et 500 mélèzes laricins, le mélange et la variété des essences optimisant les chances de réussite dans la reconstitution du couvert forestier. Pour que la population s’approprie la démarche, la Collectivité territoriale informe et sensibilise via la télévision, la radio et les réseaux sociaux. Parmi les autres actions menées, un outil pédagogique et éducatif va être édité dans les prochains mois pour mieux connaître la forêt : le Trousseau malin d’identification de la forêt boréale de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Sur 5 sites prioritaires à Miquelon et à Langlade, 6 hectares ont ainsi été reconstitués. Pour accroître les chances de survie des plants contre la dent des herbivores – cerfs et lièvres – des mesures de protection ont été appliquées en tant que répulsifs : pinces à bourgeons, laine de mouton et graisse de mouton. L’application de laine de mouton et de pince à bourgeons, des mesures de protection des jeunes plants.
Photos : © Collectivité territoriale de SPM
En partenariat avec les acteurs locaux, la Collectivité territoriale poursuit la mise en œuvre du Plan de gestion forestier 2019-2028. Un inventaire réalisé par l’ONF de 2015 à 2017 a défini précisément l’état des peuplements forestiers sur l’archipel. Ce travail a permis d’identifier un enjeu majeur pour cette forêt : le recul des étendues boisées a été estimé à 18 hectares par an sur la dernière décennie. En cause, divers facteurs : évolutions climatiques, pestes forestières, présence de mammifères herbivores…
5
6
OUTRE-MER
grandeur Nature
Pour tout savoir sur les Outre-mer 24h/24 Rendez-vous sur la1ere.fr
Le portail des Outre-mer Guadeloupe • Guyane • Martinique • Saint-Pierre-et-Miquelon • La Réunion • Mayotte • Nouvelle-Calédonie • Polynésie française • Wallis-et-Futuna
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
MIQUELON, VILLAGE EN COURS DE DÉPLACEMENT
7
PLANÈTE OUTRE-MER
Photo : © Caroline Dujardin - 97px
Face à la montée du niveau des océans, l’adaptation des territoires devient nécessaire et inévitable. Outre-mer, certaines communes n’ont pas d’autre choix que de relocaliser leurs habitants. Souvent mal accepté par les populations, ce processus est toutefois lancé dans 2 communes : Le Prêcheur en Martinique et Miquelon à Saint-Pierre-et-Miquelon. En 2014, le président François Hollande, en visite dans l’archipel, déclare que le village de Miquelon pourrait disparaître avec la montée du niveau de la mer et annonce la mise en place d’un plan de prévention des risques littoraux. Ce PPRL interdit toute nouvelle construction. La population fait entendre son opposition mais, en 2018, 2 tempêtes provoquent un électrochoc. Xénia Philippenko, doctorante au BRGM et au Cnrs, est spécialiste des risques littoraux dans le cadre du changement climatique. « En novembre 2018, on a eu 2 tempêtes successives avec des vents qui ont dépassé les 150 km/h, qui ont provoqué des
dégâts importants dans le village et des inondations par remontée de la nappe phréatique. En fait, ça a retourné l’opinion. En effet, tout d’un coup on s’est rendu compte que oui, le changement climatique a déjà des impacts. Il y a eu une prise de conscience. Face à la fois à cette prise de conscience et au fait accompli qu’on ne pouvait plus construire, la population, d’une certaine manière, a décidé d’être proactive, et de se saisir de cette relocalisation, de la demander et d’en faire une perspective de développement pour le village. » En 2019, c’est 89 % de la population qui se dit favorable à une relocalisation du village. Mais le choix du site fait toujours l’objet d’âpres discussions...
Ce texte est issu de la chronique « Planète Outre-mer » présentée par Caroline Marie sur le portail des Outre-mer de France Télévisions.
8
SAINTMARTIN
© Roman Tiraspolsky
LE SINGE VERT, DE PLUS EN PLUS OBSERVÉ DEPUIS IRMA
Rédaction : Stéphanie Castre
Parmi les espèces exotiques introduites par l’homme, le singe vert est de plus en plus observé à Saint-Martin. Cet animal sauvage pourrait-il altérer le fragile équilibre des écosystèmes natifs ? 1
Comme tout milieu insulaire, Saint-Martin est un terrain favorable à l’évolution isolée d’espèces et à la spéciation, à savoir la création de nouvelles espèces. En revanche, sur une île, l’équilibre naturel s’avère très fragile. « Un nouvel acteur n’est jamais anodin. Même si on pense amener une espèce inoffensive, sans fort potentiel de colonisation, a minima elle va consommer de l’espace et des ressources qui auraient normalement servi aux populations natives, voire endémiques », expose Julien Chalifour, responsable scientifique de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin. « Parmi les espèces exotiques envahissantes (EEE) en forte expansion ou qui impactent notre vivier fragile de biodiversité, nous avons tout d’abord les rongeurs introduits : rats et souris. Figurent ensuite les animaux domestiques divagants : chèvres, chats et chiens. C’est toujours compliqué de communiquer dessus car ces animaux ont un fort capital sympathie auprès du public. Il y a aussi la mangouste et l’iguane commun, qui est ici très présent. Et puis nous avons une spécificité encore peu répandue ailleurs dans les Antilles françaises : la présence du singe vert », analyse Julien Chalifour, également référent local du groupe de travail « EEE » du Comité français de l’UICN. 1
Avant Irma, le singe vert restait cantonné aux versants du Pic Paradis, dans les hauteurs boisées de l’île. Mais l’ouragan l’a obligé à prospecter de nouvelles zones d’alimentation. « On sait qu’il est aujourd’hui présent quasiment partout sur l’île principale, côté français comme côté hollandais », constate Julien Chalifour. « Pour autant, nous n’avons pas de véritable estimation de sa population ni de son impact écologique. Nous appelons de vos vœux qu’il y ait des moyens dégagés car les enjeux sont nombreux : biodiversité – l’espèce se nourrit de fruits, plantes, œufs de reptiles ou d’oiseaux... –, dispersion d’EEE, risque de transmission de maladies à l’homme telles que la dengue ou le zika, incidents causés par les rencontres avec les singes parfois à l’intérieur des maisons... ». La Réserve souhaite lancer un appel à témoignages pour recenser les observations faites par la population. Si des moyens étaient alloués, il y aurait, selon la Réserve, un état initial à faire sur la présence du primate à Saint-Martin. Il s’agirait ensuite, si besoin, d’élaborer une stratégie de gestion pour envisager soit des stérilisations, soit la régulation des individus. Une seconde option compliquée à mettre en œuvre sur le terrain et qui serait probablement mal perçue par le public.
Originaire d’Afrique, il aurait été introduit aux Caraïbes par les Européens au XVIIème siècle sur l’île de Saint-Kitts-et-Nevis. (Denham.W., 1987).
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
SAINT-BARTHÉLEMY UNE VICTOIRE ÉCOLOGIQUE HISTORIQUE CONTRE LA CONSTRUCTION D’UN HÔTEL DE LUXE L e 23
Rédaction : Lucie Labbouz
décembre dernier , la justice a donné raison à l ’ association
en annulant les permis de construire délivrés par la
S aint -B arth E ssentiel C ollectivité de S aint -B arthélemy
« S aint -Jean Beach Real Estate Invest », dont le la construction d ’ un hôtel de luxe dans la baie de S aint -J ean . à la société
En septembre 2017, le Cyclone Irma frappe SaintBarthélemy et détruit le petit hôtel familial « Émeraude Plage » situé dans la baie de Saint-Jean, au nord de l’île. Un projet immobilier titanesque voit alors le jour à sa place, doublant le nombre de chambres de l’hôtel initial, et prévoyant la construction d’un parking souterrain de 5000 m² sous la plage. Le Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE) de Saint-Barthélemy émet alors un avis défavorable sur le dossier d’étude d’impact, pointant du doigt différents risques environnementaux et sociaux relatifs au projet. La construction d’un complexe hôtelier de grande ampleur aurait en effet des « conséquences irréversibles sur l’environnement » liées aux travaux en eux-mêmes, à l’augmentation de la fréquentation du site et aux risques d’érosion de la plage et d’inondation lors d’événements cycloniques.
projet immobilier prévoyait
Par ailleurs, le CESCE pointe l’absence de démarche énergétique durable et « l’atteinte à la cohérence du paysage naturel de la zone ». Face à ces menaces pesant sur l’environnement, l’association Saint-Barth Essentiel a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Saint-Barthélemy, se lançant ainsi dans une bataille juridique de près de 2 ans. Malgré la procédure en cours, « Saint-Jean Beach Real Estate Invest » a entamé les travaux de construction de l’hôtel. Un trou de plusieurs milliers de mètres cubes avait déjà été creusé lorsque les permis de construire ont été annulés par le tribunal administratif de Saint-Barthélemy, obligeant dès lors la société à remettre le site en état. Cette décision de justice historique pourrait-elle insuffler un tournant dans la politique de développement, jusque-là effréné de l’île, pour une meilleure prise en compte des écosystèmes fragiles du territoire?
+ d’info ici : https://stbarthessentiel.fr
En haut : la baie et l’étang de Saint-Jean. | Ci-dessus : on repère bien le grand carré de sable qui est l’emplacement de l’hôtel. © SBE
9
PUBLI-COMMUNIQUÉ
10
OUTRE-MER
grandeur Nature
LES DINOFLAGELLÉS TOXIQUES DES CARAÏBES… DE CARMEN À CARMINA La ciguatera, également appelée « gratte », © Ifremer | Nicolas Chomérat
est une intoxication alimentaire survenant à la suite de la consommation d’organismes contaminés par des biotoxines produites
– appartenant au groupe des dinoflagellés . des microalgues
–
algues microscopiques
Bien que le risque sanitaire lié à leur présence existe dans les Caraïbes, peu d’études récentes ont porté sur la diversité et la toxicité des dinoflagellés présents dans cette région. En collaboration avec les laboratoires de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), les équipes de l’Ifremer ambitionnent d’améliorer les connaissances sur ces microalgues dans les Antilles françaises et plus largement en mer des Caraïbes.
Carte des pays impliqués dans le projet CARMINA.
Les résultats du projet CARMEN ont révélé la présence de nouvelles espèces et de 18 espèces de dinoflagellés connues dans les Antilles françaises se répartissant au sein des genres Coolia, Fukuyoa, Gambierdiscus, Ostreopsis et Prorocentrum. Ce projet a mis en exergue la présence d’une diversité importante de dinoflagellés dans les Antilles françaises et a permis d’identifier des espèces potentiellement problématiques en évaluant leur toxicité et en caractérisant leurs toxines. Les résultats encourageants de ce projet ont permis d’initier à l’échelle du bassin caribéen le projet CARMINA financé par l’Agence française de développement (AFD). Ce projet permettra de poursuivre les recherches sur les composés algaux responsables de la ciguatera dans le bassin caribéen et de développer des protocoles de suivi des espèces impliquées dans cette intoxication, dans le but d’une meilleure gestion du risque ciguatoxique. Le webinaire de lancement de CARMINA est prévu du 9 au 11 mai 2022, afin de standardiser les protocoles utilisés. Une réunion aura lieu en Martinique en 2023 et permettra aux participants de 11 territoires caribéens de renforcer la coopération scientifique sur la thématique de la ciguatera et d’acquérir des compétences indispensables pour la réussite du projet. + d’info ici : CARMEN
Prélèvement de macrophytes pour la recherche des microalgues qui vivent en association. © Ifremer | Aurélie Boisnoir
Contact : Aurélie Boisnoir, Unité « Biodiversité et Environnement » de La Martinique | aurelie.boisnoir@ifremer.fr
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Échantillonnage de paramètres biologiques collectés dans le cadre du projet ACCOBIOM. © Ifremer | Jan-Mickaël Busnel
ACCOBIOM | ACQUISITION DE CONNAISSANCES SUR LES PARAMÈTRES BIOLOGIQUES DES RESSOURCES MARINES EXPLOITÉES EN OUTRE-MER Le
renforcement de la collecte de données
biologiques en outre-mer (projet
ACCOBIOM)
Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion et également envisagé à Mayotte. est déployé en
Aux Antilles, le projet ACCOBIOM prévoit le renforcement du dispositif de collecte sur les structures démographiques et les paramètres biologiques des espèces benthiques et démersales du plateau continental. Ces éléments sont des préalables nécessaires pour le calcul des indicateurs permettant d’évaluer la soutenabilité des flottilles par rapport aux ressources, et d’ajuster les capacités de capture au potentiel biologique des stocks. Dans ce cadre, un suivi est organisé en 2021-2022 pour compléter les données biométriques d’ores et déjà collectées mais limitées à un nombre restreint d’espèces et de paramètres (taille des individus capturés). Les campagnes scientifiques sont basées sur des
achats de poissons auprès de professionnels de la pêche au débarquement, puis sur des manipulations en laboratoire. L’objectif est la collecte d’informations portant sur l’identification précise des compositions spécifiques, les mensurations des individus (longueurs et poids), la détermination du sexe, de la maturité sexuelle et de l’âge par sclérochronologie 1. Les premières campagnes ont été réalisées en Martinique du 11 au 24 octobre et en Guadeloupe du 8 au 21 novembre 2021. Elles ont mobilisé des équipes de la Délégation Ifremer de Martinique, des centres Ifremer de Brest et de Boulogne, ainsi que de la station de Lorient. Des prestataires extérieurs chargés d’acquérir le poisson auprès des pêcheurs ou bien d’apporter une aide sur l’identification des espèces tropicales ont également été mobilisés. Les travaux en cours permettront de définir les moyens de pérenniser ces suivis biologiques destinés à améliorer les évaluations de stocks locaux, qui constituent l’actuelle priorité du laboratoire halieutique de la station Ifremer de Martinique.
Contacts : Élise Bultel, coordinatrice d’ACCOBIOM| elise.bultel@ifremer.fr & Jérôme Baudrier, Unité « Biodiversité et Environnement » de Martinique | jerome.baudrier@ifremer.fr | 1 Étude de la croissance des poissons à partir des pièces calcifiées du squelette.
11
PUBLI-COMMUNIQUÉ
12
OUTRE-MER
grandeur Nature
AIRES PROTÉGÉES : DES ESPACES PRIVILÉGIÉS POUR UNE MOBILISATION EN FAVEUR DE LA BIODIVERSITÉ Les aires protégées sont des espaces naturels dont le statut juridique spécifique fait l’objet d ’ une ambition affichée en termes de conservation de la diversité du vivant . L’O ffice français de la biodiversité (OFB) est le gestionnaire direct ou le cogestionnaire de plus de 150 aires protégées , dont 7 en outre - mer . Parcs naturels marins, parcs nationaux, réserves naturelles ou encore parcs naturels régionaux… Il existe en France de nombreux statuts d’aires protégées dans lesquels la réglementation et le degré de protection diffèrent. En janvier 2021, la France annonçait son ambition en la matière : 30 % d’espaces naturels protégés d’ici 2030, dont 10 % en protection renforcée. C’est l’objectif fixé par la SNAP – la Stratégie nationale pour les aires protégées – conçue pour coordonner l’action dans les outre-mer et en Métropole. Une ambition en partie atteinte puisqu’aujourd’hui, 33 % du territoire national est couvert par des aires protégées ; cependant, seul 1,7 % de ces espaces est à ce jour sous protection forte. En outre-mer, l’OFB œuvre directement dans les parcs naturels marins (PNM), des aires marines protégées (AMP) qui reposent sur l’accompagnement des acteurs socioéconomiques et la concertation, mais n’imposent pas de règles restrictives. L’un des gages de réussite de ces aires protégées tient dans la gouvernance locale : la politique de chaque PNM est
définie et mise en œuvre par un conseil de gestion composé des représentants des acteurs du territoire ayant un lien avec la mer. Les équipes des parcs marins portent en parallèle des études scientifiques et expertises techniques en matière de biodiversité. Stéphanie Antoine, directrice adjointe « Territoires et Outre-mer » à l’OFB met l’accent sur la vision transversale indispensable à la gestion des aires protégées : « L’OFB ambitionne de faire des aires protégées gérées par l’établissement une véritable vitrine pour la connaissance de la biodiversité. Car le partage de la connaissance est un excellent levier de mobilisation citoyenne ; c’est là un enjeu fort, central ! ». Zones d’expérimentation, de tests, de formation, les aires protégées concourent aussi à l’innovation dans les domaines de l’aménagement du territoire ou de la cohabitation entre agriculture et nature. « Les aires protégées doivent servir de modèles pour les grands changements transformateurs de nos sociétés », considère Stéphanie Antoine. Il existe 3 aires marines protégées (AMP) gérées par l’OFB en outre-mer : les Parcs naturels marins de Mayotte et de Martinique, ainsi que le Sanctuaire Agoa dans les eaux françaises des Antilles. En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, les espaces maritimes territoriaux possèdent des statuts juridiques spécifiques à leurs territoires : Tainui Atea, une « aire marine gérée » administrée par le gouvernement polynésien, et le Parc naturel de la mer de Corail créé par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie. À noter que depuis 2021, l’ancien Parc naturel marin des Glorieuses dans les îles Éparses a été remplacé par une réserve naturelle nationale gérée par les TAAF.
Bouée de mouillage dans le Parc naturel marin de Mayotte. © David Lorieux
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Outil de sciences participatives, l’application TsiÔno permet de référencer les observations naturalistes marines dans le Parc naturel marin de Mayotte. © David Lorieux | OFB
Pour garantir la pérennité de la pêche à la senne, le PNM de Martinique étudie les pratiques locales et évalue l’impact environnemental de cette activité. © Tiphaine Rivière | OFB
LE PARC NATUREL MARIN DE MAYOTTE
LE PARC NATUREL MARIN DE MARTINIQUE
Année de création : 2010, le premier en outre-mer Surface : près de 69 000 km² Caractéristiques : l’un des plus grands lagons au monde et le plus grand parc naturel marin français Plan de gestion : adopté en 2012 Exemple d’action concrète : en 2020, le Parc publie la première cartographie des habitats récifaux de Mayotte, un outil d’aide à la décision précieux pour guider les projets d’aménagement Site web : https://parc-marin-mayotte.fr/
Année de création : 2017 Surface : 48 900 km² Caractéristiques : 2ème plus grand PNM français Plan de gestion : adopté en 2021 Exemple d’action concrète : le Parc mobilise les enseignants pour mettre en place des Aires marines éducatives : 11 écoles ont rejoint l’aventure en 2020 ! Site web : https://parc-marin-martinique.fr/ Actualité : jusqu’au 30 juin, la Maison de la mangrove accueille une expo photo sur les zones humides
LE SANCTUAIRE AGOA
+ d’info ici : https://sanctuaire-agoa.fr/
Année de création : 2010 - Surface : 143 256 km² Caractéristiques : un statut unique a été mis en place pour cette aire marine, qui assure la protection exclusive des mammifères marins de Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy Plan de gestion : en cours de rédaction pour la période 2023-2037 Exemple d’action concrète : dans le cadre du projet CARI’MAM, le Sanctuaire réalise des écoutes acoustiques dans l’ensemble de la Caraïbe pour suivre les mammifères marins et évaluer la pollution sonore
Les milieux marins ne connaissent pas de frontières, c’est pourquoi les gestionnaires d’aires protégées travaillent en réseaux à des échelles nationales, régionales comme internationales. © Douane SGC-AG | Sanctuaire Agoa
Une aire marine éducative (AME) est un petit espace marin géré par une classe d’école et des encadrants dans le but de protéger la biodiversité. © Vincent Oliva | RNN de Saint-Martin
13
14
OUTRE-MER
grandeur Nature
MARTINIQUE LE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE DU BIO POUR MANGER SAIN ET LOCAL L e Pôle
Les marchés bio alternatifs et solidaires proposent à la population locale les produits des fermes du PDER. © La Chabet
de développement d’économie rurale est né de la volonté d’offrir à la population
martiniquaise une agriculture biologique accessible et locale, en créant un réseau d’acteurs engagés autour du développement économique et de l’innovation dans la filière bio.
Créé en 2019, le Pôle de développement d’économie rurale (PDER) tend vers un objectif simple : mettre la ruralité au cœur du développement économique du territoire. Le PDER souhaite ainsi assurer le transfert des connaissances et des savoir-faire agricoles, et valoriser les ressources naturelles pour « développer de manière durable et équitable la Martinique de demain ». Il repose sur un réseau de 6 fermes biologiques fédérées, réparties sur l’ensemble de l’île et organisées autour des 6 pôles faisant écho aux valeurs et missions du PDER : production, distribution, transformation, formation, transmission et valorisation des patrimoines culturel et naturel. Au-delà de la transition vers le « bio » des fermes fédérées et de l’accompagnement des agriculteurs à
la production, le PDER compte de nombreuses réalisations à destination du grand public : création de marchés solidaires et distribution de « paniers bio » pour favoriser les circuits courts du producteur au consommateur, sensibilisation en milieu scolaire, mise en place d’un programme agrotouristique, etc. Le PDER accueille par ailleurs le premier « Atelier Chantier d’Insertion » (ACI) en agriculture biologique de Martinique. Cette structure d’insertion par l’activité économique a déjà formé une dizaine de salariés et offre à des jeunes des perspectives d’emploi et d’avenir concrètes. Aujourd’hui, le PDER représente 21 emplois et semble avoir d’ores et déjà relevé le défi d’offrir à la population martiniquaise une alimentation bio, locale, variée et respectueuse de l’environnement !
Ci-dessus : Le « koudmen », partage du travail autour d’une parcelle à La Chabet. | Les jeunes de l’Atelier Chantier d’Insertion. © La Chabet
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Chaque jeune peut y trouver son compte, et nous rejoindre au sein de l’Atelier chantier insertion. Nous l’avons pensé comme un véritable Pôle d’excellence où les jeunes urbains peuvent être formés et accompagnés à ces différents métiers. Nous avons à cœur de pouvoir concilier le développement économique, le social, et l’environnement bien sûr, dans un esprit d’échange, de transmission et de respect. On invite chaque jour les jeunes à se surpasser, on leur donne confiance, c’est du renforcement positif, et ça marche !
INTERVIEW LÉON TISGRA, PIONNIER DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE EN MARTINIQUE ET FONDATEUR DU PÔLE DE DÉVELOPPEMENT D’ÉCONOMIE RURALE (PDER) • Comment avez-vous imaginé le PDER ? - Je suis un Martiniquais impliqué dans le développement de mon île depuis des décennies ! Les anciens du monde rural avaient des valeurs et des responsabilités qui les obligeaient : ils savaient observer et respecter la nature, avaient une culture, des connaissances et des savoir-faire que j’avais à cœur de transmettre à mon tour. J’ai voulu suivre la route de mon père et ai créé il y a près de 20 ans la première ferme bio de Martinique, puis le Groupement régional des agriculteurs bio certifiés. Le Pôle de développement d’économie rurale s’inscrit dans la lignée de ces initiatives, avec une forte volonté d’offrir à la jeunesse martiniquaise des parcours économiques et environnementaux prometteurs, issus de la ruralité.
• Produire, distribuer, transformer, former, communiquer… le projet semble titanesque, comment arrivez-vous à être sur tous les fronts à la fois ? - Pour commencer, je ne suis pas seul ! Le PDER, c’est un véritable projet de territoire porté par des femmes et des hommes convaincus. Il regroupe un ensemble d’acteurs qui développent des compétences propres à chacun, pour les mettre à disposition du collectif, dans toute la Martinique. Le projet est ambitieux, mais nous avançons étape par étape selon le plan de développement établi. Il est écrit sur un rouleau de papier, qui fait quelque 16 mètres de long quand on le déroule ! C’est beaucoup, c’est vrai, mais on pourrait en ajouter, encore et encore… Ce ne sont pas les idées qui manquent ! Rédaction : Lucie Labbouz + d’info ici : https://domainedelachabet.fr
• Le PDER pourrait-il être un levier pour l’accès à l’emploi des jeunes ? - C’est certain ! Chacun des pôles du PDER est pensé comme un pôle de développement économique porteur d’embauches, et offre des dizaines d’opportunités d’emplois différents autour de la pépinière, la planification des cultures, la production, la distribution, la communication, la gestion des projets touristiques, la sensibilisation, etc.
En haut : Léon Tisgra, appelé familièrement «Tonton Léon », ici avec son petit fils, transmet les saveurs et valeurs de la ruralité aux jeunes générations. | Ci-dessus : le Domaine de la Chabet, une des 6 fermes bio du PDER. © Hélène Clément
15
PUBLI-COMMUNIQUÉ
16
OUTRE-MER
grandeur Nature
L’ASSAINISSEMENT PAR LES PLANTES AVEC LE PROJET DE COOPÉRATION CARIBSAN Piloté
par l’Office de l’Eau
Martinique
et mis en œuvre par l’Office international de l’eau
(OiEau) et l’INRAE 1, le projet INTERREG Caraïbes 2 CARIBSAN vise à préserver l’environnement et la santé des personnes par la valorisation des filtres plantés de végétaux, comme technique de traitement des eaux usées adaptée au contexte tropical .
La majorité de la population caribéenne vit sur les zones côtières, aux abords d’écosystèmes sensibles où les infrastructures d’assainissement sont souvent insuffisantes. Pour traiter ces eaux usées, le projet de coopération Caribsan utilise une technologie à la fois écologique, sans béton ni produits chimiques, et économique, car ses coûts de construction et d’exploitation sont inférieurs à ceux des stations d’épuration classiques. De plus, cette technologie est résiliente au changement climatique. Les stations de filtres plantés ont par ailleurs une valeur esthétique paysagère en produisant des champs de fleurs. Elles favorisent ainsi la biodiversité et ne posent aucun problème d’odeur.
CARIBSAN, QUELS ACTEURS ? L’inauguration officielle et virtuelle du projet CARIBSAN s’est tenue en septembre 2021 devant de hauts responsables politiques de Sainte-Lucie, la Dominique, Cuba, Guadeloupe et la Martinique. La mise en œuvre de la programmation de l’OiEau et l’INRAE s’appuie sur les opérateurs des services d’eau et d’assainissement de Sainte-Lucie (WASCO), de la Dominique (DOWASCO), de Cuba (INRH) et sur la CAWASA (Association caraïbéenne de l’eau et de l’assainissement), les Offices de l’Eau Guadeloupe et Martinique. L’Europe et l’AFD sont les financeurs majoritaires.
CARIBSAN EN QUELQUES CHIFFRES 5 îles de la Caraïbe, 7 acteurs, plus de 20 ingénieurs mobilisés, 4 financeurs (Europe, AFD, Offices de l’eau Martinique et Guadeloupe), 1,7 M€, 18 mois de programmation
1
« L’oiseau de paradis » a été sélectionné comme plante locale idéale pour la technologie employée par CARIBSAN.
« Les végétaux permettent de maintenir les conditions nécessaires aux processus épuratoires » LA TECHNOLOGIE EN QUESTION Cette technologie d’assainissement fondée sur la nature existe depuis longtemps dans les zones au climat tempéré, comme l’illustre le traitement à l’aide des filtres plantés de roseaux. L’adaptation au climat tropical a fait l’objet d’un programme de recherche aux Antilles françaises impliquant un large consortium d’acteurs. Après 3 ans d’expérimentation en Martinique et en Guadeloupe (2012-2014), Heliconia Psittacorum, encore appelé « oiseau de paradis », est choisi comme plante locale tropicale idéale. Une adaptation par la recherche qui a reçu le 1er prix du génie écologique du ministère de l’Écologie et qui est utilisée en Martinique et Guadeloupe en routine.
Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. | 2 Programme européen favorisant la coopération dans la Caraïbe.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
L’équipe projet CARIBSAN en mission à Sainte-Lucie, pour promouvoir le traitement des eaux usées par des filtres plantés de végétaux.
LE FILTRE PLANTÉ DE VÉGÉTAUX (FPV), COMMENT ÇA FONCTIONNE ? Le procédé est relativement simple. Les eaux usées arrivent dans de grands bassins qui contiennent des couches successives de graviers de différentes tailles. À l’intérieur de ces lits de matériaux, se trouvent les bactéries qui digèrent la pollution organique contenue dans les eaux usées circulant à travers les graviers. Les racines des plantes permettent une aération, au moyen de trous dans le lit de sable, pour la circulation des eaux usées. Les bactéries ayant besoin d’oxygène pour mener à bien leur travail d’épuration, les racines d’Heliconia Psittacorum contribuent aux échanges gazeux avec les micro-organismes. Elles jouent aussi un rôle mécanique en évitant le colmatage du gravier en surface.
LES TEMPS FORTS DE CARIBSAN… • Une mission de terrain réalisée à Sainte-Lucie et à la Dominique en janvier dernier a permis la tenue de riches discussions entre homologues français et services en charge de l’eau et de l’assainissement de la DOWASCO, la WASCO et la CAWASA. • Par ailleurs, une série de webinaires de formation a été organisée avec l’aide de la CAWASA. Les Caraïbéens anglophones, francophones et hispanophones ont ainsi pu recevoir des connaissances spécifiques sur
le procédé d’épuration des filtres plantés de végétaux. •La journée mondiale de l’Eau du 22 mars a été l’occasion pour les partenaires CARIBSAN de sensibiliser le public aux problématiques locales de l’assainissement. • À venir, une mission institutionnelle et technique est programmée en mai à Cuba (partenaire INRH). La délégation internationale composée de tous les partenaires permettra la tenue d’échanges institutionnels sur les politiques de coopération dans la Caraïbe dans le domaine de l’eau et de l’assainissement.
CARIBSAN, LA SUITE ! La première phase de CARIBSAN consacrée aux études et au lancement des formations s’achèvera fin 2022 avec une conférence régionale en Martinique. Une phase 2 du projet est en réflexion (construction de stations d’épuration à FPV). Cette phase intégrera une composante d’acceptation sociale en impliquant les usagers dès la conception du projet. Ce sera aussi l’occasion d’étendre les missions de CARIBSAN 1 à d’autres pays volontaires de la Caraïbe. + d’info ici : https://www.caribsan.eu/fr/ https://www.facebook.com/CARIBSAN Le projet CARIBSAN est cofinancé par le programme INTERREG Caraïbes au titre du Fonds européen de développement régional, par l’Agence française de développement (AFD), ainsi que par les Offices de l’Eau Martinique et Guadeloupe.
17
18
OUTRE-MER
grandeur Nature
GUADELOUPE RESTAURATION D’UNE ZONE HUMIDE REMBLAYÉE ILLÉGALEMENT : QUELS ENSEIGNEMENTS EN TIRER ? Dans
la commune des
A bymes,
le
Conservatoire
du littoral a restauré une zone humide,
dont une importante superficie avait été dégradée par des travaux de remblaiements.
Retour
sur cette affaire épineuse et les conclusions à en retenir.
En Guadeloupe, le Conservatoire du littoral protège près de 6 000 hectares de zones humides constituées de mangroves, de forêts marécageuses ou prairies humides, principalement sur les pourtours du Grand Cul-de-Sac marin. Ces zones humides jouent un rôle majeur pour la protection du littoral, la prévention des inondations, l’épuration des eaux en provenance du bassin versant ou encore la conservation de la biodiversité. Cependant, elles font l’objet de pressions multiples : dépôts de déchets, pollutions, modifications du fonctionnement hydraulique, remblaiements… C’est ainsi qu’en novembre 2019, des agents du Parc national de la Guadeloupe constatent que d’importants travaux de remblaiement d’une zone humide à partir d’un mélange de terre, de tuf, de gravats et de déchets sont en cours sur la commune des Abymes. Le remblai s’étend sur environ 10 000 m² à cheval sur une propriété privée et sur la parcelle limitrophe acquise par le Conservatoire du littoral en 1999. En décembre 2019, le Conservatoire met en demeure l’auteur des faits de stopper
les travaux et de supprimer le remblai déjà réalisé. Constatant un mois plus tard que les travaux n’ont pas cessé, le Conservatoire décide de poursuivre le contrevenant devant le Tribunal administratif pour occupation illégale du domaine public. Il met en œuvre pour cela une procédure dite de « référé mesures utiles » permettant d’obtenir une décision rapide du juge en raison de l’urgence à agir. Par ordonnance du 6 avril 2020, le juge condamne l’auteur des faits à libérer les lieux et à supprimer le remblai illégal dans un délai de 30 jours. Faute d’avoir pu obtenir l’exécution du jugement par le contrevenant lui-même, le Conservatoire du littoral procède en janvier 2022 à l’évacuation des remblais installés illégalement sur sa propriété, soit environ 10 000 m3 répartis sur 3 000 m². Le coût, de l’ordre de 200 000 €, sera refacturé au contrevenant. À titre de comparaison, ce coût de la restauration de la zone humide, encore susceptible d’augmenter s’il s’avère nécessaire à l’avenir d’intervenir pour contrôler le développement d’espèces invasives, est déjà plus de 100 fois supérieur à celui de l’acquisition !
© Conservatoire du littoral
À gauche : situation avant le début du remblaiement (2017). En bleu : propriété du Conservatoire du littoral relevant du domaine public. Au centre : situation lors de la saisine du tribunal administratif en janvier 2020. Le remblaiement commence à s’étendre sur le domaine public sur environ 1 000 m². À droite : situation en juin 2020 : le remblaiement s’est poursuivi sur le domaine public malgré la mise en demeure de décembre 2019 et la décision de justice d’avril 2020. Il atteint 3 000 m² sur plus de 3 mètres de hauteur.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
À gauche (© BMJ), ci-dessus en et bas (© Alain Brondeau) : le chantier d’enlèvement du remblai illégal en janvier 2022.
Ce dossier fait apparaître les limites des dispositifs de protection et de contrôle qui auraient dû éviter cette destruction d’une zone humide patrimoniale. D’une part, la protection règlementaire des zones humides peine à s’appliquer en outre-mer dans l’attente de la publication d’arrêtés permettant d’en donner une définition juridique précise. D’autre part, le défaut d’autorisation d’urbanisme n’a pas été poursuivi. Enfin, le remblai a été constitué au moins pour partie (et à moindre coût !) à partir des déblais du chantier de construction du nouvel hôpital de Guadeloupe situé à proximité, sans que les contrôles sur la destination de ces déblais n’aient permis d’éviter qu’ils aboutissent en dehors d’un site dûment autorisé. Une combinaison de facteurs favorables a cependant permis une intervention efficace bien que partielle (puisque seule la partie publique de la zone humide
patrimoniale détruite a pu être restaurée) : la maîtrise foncière et la forte protection juridique conférée par la domanialité publique des acquisitions du Conservatoire du littoral, la surveillance de terrain et la capacité à constater l’infraction – ici par le Parc national de la Guadeloupe – et la capacité opérationnelle et financière du Conservatoire à intervenir en justice puis à exécuter d’office l’ordonnance rendue par le tribunal administratif. Cet exemple, qui n’est malheureusement pas un cas isolé, vient confirmer l’adage selon lequel, en matière de protection des espaces naturels, « mieux vaut prévenir que guérir ». Au-delà de la valeur d’exemple, ce type d’intervention difficilement reproductible à plus grande échelle met en lumière la nécessaire sensibilisation à réaliser auprès des propriétaires ou occupants des espaces naturels. Rédaction : Alain Brondeau
19
PUBLI-COMMUNIQUÉ
20
OUTRE-MER
grandeur Nature
MOBILITÉ ET ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DANS LES RÉGIONS ET DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER La loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe pour les départements d’outre-mer un objectif d ’ autonomie énergétique à l ’ horizon 2030, y compris sur la mobilité . R encontre inédite avec un élu d’intercommunalité de chaque région et département d’outre-mer (DROM) , pour en savoir plus sur cette transition en cours dans les 5 territoires ...
TÉMOIGNAGES D’ÉLUS MARTINIQUE DIDIER LARGANGE, DÉLÉGUÉ À LA MOBILITÉ, COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION ESPACE SUD DE LA MARTINIQUE (CAESM)
GUYANE SERGE SMOCK, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU CENTRE LITTORAL (CACL) « Je me suis engagé dans une véritable politique en faveur des modes de transport alternatifs à la voiture et pour la promotion des transports en commun. Le réseau Agglo’bus de la CACL sera réorganisé et modernisé avec la mise en service en 2024 de 2 lignes de transport collectif en site propre (TCSP) – bus à haut niveau de service 1 – et d’un réseau de navettes fluviomaritimes. L’objectif étant d’avoir un réseau multimodal, interconnecté et proposant une alternative de déplacements en mode doux avec des pistes et bandes cyclables le long du tracé du TCSP. En outre, notre plan vélo prévoit à terme 192 kilomètres de voies et pistes cyclables sur les 6 communes du territoire. Nous allons ainsi favoriser l’usage du vélo, à travers notamment des dispositifs d’aide à l’achat déployés en juin ! » 1
« Nous préparons actuellement une consultation des élus locaux sur leur vision de la mobilité. Il est important que chaque municipalité projette sa vision, même si ensuite, une cohérence et une synergie devront être mises en œuvre à l’échelle communautaire. Nous croyons aux projets qui créent du lien social, dans une démarche chère à notre Président Lesueur, celle de la « prospérité partagée ». En matière de mobilité, notre territoire est sujet à de fortes contraintes topographiques, foncières, et aussi climatiques. De nombreuses personnes aimeraient ainsi voir s’améliorer les trottoirs et voies piétonnes, mais aussi s’abriter plus efficacement de la pluie ou du soleil ! Par ailleurs, en Martinique l’habitat étant très diffus, sans véhicule personnel il est difficile de se déplacer hors des lignes et des horaires des transports en commun. Pourquoi ne pas imaginer déployer le modèle de nos « taxi-co » – ces minibus qui assurent les liaisons entre Fort-deFrance et les communes – pour assurer un transport à la demande au cœur de nos quartiers ? Nous pourrions aussi rendre les arrêts de bus plus conviviaux... Les petites attentions au service de la population ont toute leur importance dans l’optique d’une amélioration du quotidien. »
C’est-à-dire empruntant des voies qui lui sont réservées, une alternative entre le bus traditionnel et le tramway.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
GUADELOUPE JEAN BARDAIL, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU NORD GRANDE TERRE (CANGT) « En matière de transport, premier émetteur de gaz à effet de serre en Guadeloupe, la CANGT a déployé en dépit d’un contexte contraint, sa délégation de service public. Dans cette perspective, une navette urbaine de bus électriques verra le jour au Moule et le schéma directeur des modes actifs – vélos et marche à pied – sera également élaboré. De plus, la communauté d’agglomération lancera son schéma directeur des bornes de recharge pour voitures et vélos électriques avec, dans l’immédiat, une journée de sensibilisation en direction des agents et élus communautaires et communaux. À terme des parkings relais donneront accès à des bus interurbains pour limiter l’usage de la voiture en ville, où tout converge. À ce sujet, il y a lieu d’œuvrer à décentraliser les activités pour rééquilibrer le territoire. Tout ceci suppose un changement de paradigme et d’habitudes. Une vraie transition dans laquelle il convient d’accompagner l’humain. »
MAYOTTE SAÏD MAANRIFA IBRAHIMA, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU CENTRE-OUEST (3CO)
RÉUNION MICHEL FONTAINE, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ INTERCOMMUNALE DES VILLES SOLIDAIRES (CIVIS) « À la CIVIS, nous portons la conviction que nous ne pouvons pas nous contenter de voir le train passer, mais qu’il faut agir. C’est pourquoi nous nous sommes engagés à améliorer et transformer durablement les modes de déplacements de nos administrés. Depuis bientôt un an, nous proposons des vélos en libreservice, une première dans les outre-mer. Intégralement financé par la CIVIS, ce déploiement de plus de 80 vélos à assistance électrique répartis sur 12 stations représente l’un des maillons de la stratégie de mobilité durable, douce et moderne que nous portons. Parking relais, bus électrique, covoiturage, TCSP 1, location de vélos longue durée, c’est un maillage innovant et réfléchi que nous installons sur notre territoire. »
« Nous avons la volonté d’anticiper les problématiques d’embouteillages, de difficultés de stationnement et de pollution de notre environnement. Force est de constater que sommes encore très loin de la mobilité décarbonée... Notre Plan de mobilité n’a qu’un an, il est encore très récent, alors dans un premier temps, nous essayons de mettre en œuvre de petites actions. Le projet « Rezo Pouce » par exemple vise à organiser l’auto-stop, une pratique courante, mais qui a été freinée par l’insécurité grandissante à Mayotte : les habitants ont peur aujourd’hui de prendre en stop des personnes qu’ils ne connaissent pas. D’où l’idée de restaurer la confiance dans ce moyen de transport original qui s’appuie sur l’entraide, ou la musada, un aspect culturel ancré sur le territoire. Nous souhaitons mettre en place une application qui nous permettra d’améliorer notre réseau, de produire des données et d’offrir des arrêts conformes à nos besoins. »
21
22
OUTRE-MER
grandeur Nature
GUYANE AGISSEZ POUR L’ENVIRONNEMENT, DEVENEZ SENTINELLE !
Un dépôt de déchets signalé à la Pointe du Mahury, dans la commune de Rémire-Montjoly. © Sentinelles de la Nature
Piloté par France Nature Environnement, le dispositif Sentinelles de la Nature est porté en Guyane par la fédération Guyane Nature Environnement (GNE). La Guyane est le premier territoire ultramarin à intégrer la communauté des Sentinelles. Rejoignez le mouvement ! Avec Sentinelles de la Nature, devenez acteur de la préservation de l’environnement en signalant près de chez vous, en week-end ou en vacances, les dégradations environnementales dont vous êtes témoins. Par exemple : une décharge sauvage, un véhicule hors d’usage (VHU), un cours d’eau pollué, la destruction d’une zone humide, l’atteinte à une espèce protégée, etc. Comment faire ? C’est simple, il suffit de vous rendre sur le site internet « sentinellesdelanature.fr » rubrique « signaler » ou de télécharger l’application « sentinelles de la nature » disponible sur Androïd et Iphone.
Sentinelles de la Nature, c’est aussi partager de belles initiatives en faveur de l’environnement. « L’objectif est également d’inciter les citoyens à faire connaître les actions en faveur de la protection de l’environnement, de les valoriser grâce à la cartographie interactive, de proposer des pistes d’actions aux acteurs du territoire en montrant des cas concrets de réalisations innovantes, de favoriser la mobilisation et la motivation à agir par l’exemple », conclut Anar. À vous de jouer ! Rédaction : Sandrine Chopot
« Le citoyen a ainsi la possibilité de devenir un acteur engagé dans la protection de l’environnement en assurant au quotidien une veille écologique. À ce jour, nous avons enregistré 150 signalements sur l’ensemble du territoire dont près de 50 % concernent des dépôts sauvages de déchets et 30 % des VHU. Les signalements se situent principalement sur le littoral, mais des atteintes ont été observées à Saül au cœur de l’Amazonie, et dans l’Ouest de la Guyane. L’application fonctionne dans des secteurs sans connexion internet », explique Anar Valimahamed, chargée du projet Sentinelles de la Nature à GNE.
Contact : sentinellesdelanature@federation-gne.fr | 06 94 27 14 25
À réception du signalement, la fédération GNE se charge d’analyser et de publier les atteintes à l’environnement sur une carte participative. « Selon le type de dégradation, la fédération propose aux sentinelles d’agir par elles-mêmes ou informe directement les acteurs concernés. Une fiche détaillée permet le suivi de chaque dégradation, même pour celles qui ne seraient pas rendues publiques immédiatement par manque d’informations », poursuit Anar. Véhicule hors d’usage et déchets signalés dans la Réserve naturelle des marais de Kaw-Roura. © Sentinelles de la Nature
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Un singe capucin photographié par une bénévole des Sentinelles de la Nature sur les Îles du Salut. © Céline Amoravain
L’anse de Rémire vue depuis le sentier du Rorota, qui offre une approche facile et agréable de la forêt guyanaise. « Sentinelles de la Nature » est une intitiative citoyenne faisant de chacun de nous des acteurs de l’environnement au quotidien. © Céline Amoravain
23
PUBLI-COMMUNIQUÉ
24
OUTRE-MER
grandeur Nature + d’info ici : www.cirad.fr
DE JEUNES CHERCHEURS AU SECOURS DE LA BIODIVERSITÉ RÉUNIONNAISE… Conserver le patrimoine naturel exceptionnel « Péi » est certes une ambition affichée, mais ce n ’ est pas un vain mot . L es équipes de recherche de L a R éunion , dans un partenariat original et affirmé , sont au chevet de cette biodiversité qui est menacée . « La diversité des projets menés illustre l’ampleur et la complexité de la tâche et l’importance des résultats attendus en termes d’impact, de calendrier et de durabilité », déclare Éric Jeuffrault, directeur régional du Cirad Réunion-Mayotte-océan Indien. Grand angle sur quelques exemples de ces travaux conduits en collaboration avec l’ensemble des gestionnaires locaux de la nature comme le Parc national de La Réunion, les équipes de la Région et du Département, la DEAL, l’Office national des forêts (ONF) et le Conservatoire botanique national de Mascarin.
HÉLÈNE BLEY-DALOUMAN, DOCTORANTE AU CIRAD « Originaire d’Australie, Acacia Mearnsii a été introduit à La Réunion pour favoriser la culture du géranium. Or cet arbre, dont les graines s’activent au feu, est aujourd’hui très représenté sur l’île, notamment dans les Hauts de l’Ouest, où il menace la flore endémique du Parc national, comme le tamarin des Hauts. Des réflexions sont menées pour évaluer l’impact environnemental et économique d’une filière qui permette de gérer les peuplements de l’acacia hors du Parc et de valoriser le bois en énergie renouvelable. Ma thèse, encadrée au Cirad par Annelise Tran (UMR TETIS) et François Broust (UR BioWooEB), vise à identifier dans l’espace les gisements d’Acacia Mearnsii et à comparer différents scénarios d’organisation.
La thèse d’Hélène Bley-Dalouman vise notamment à protéger de l’acacia la flore endémique de La Réunion comme le tamarin des Hauts (ci-dessus), une espèce patrimoniale au cœur du projet CREME sur lequel travaille Nicolas Cuenin. © Clara Grondin | Université de La Réunion
Il s’agit concrètement de modéliser les étapes d’exploitation et de transformation du bois en forêt ou plateforme – coupe, broyage, séchage, combustion – et d’évaluer les meilleures combinaisons en intégrant le transport. »
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
BENOÎT JOBART, DOCTORANT À L’UMR PVBMT 1 « J’étudie la biologie de l’abeille indigène Apis mellifera unicolor et les problématiques liées à un acarien parasite : Varroa destructor. Le but est de mieux comprendre la dynamique des pathogènes – en fonction de la saison, des conditions environnementales... – et les comportements de tolérance de notre
Nous savons que certaines colonies d’abeilles sont résistantes naturellement au varroa et j’essaie de voir si ces mécanismes de défense sont présents ici à La Réunion. Cela permettrait à terme d’élaborer des plans de sélection d’abeilles naturellement résistantes, en remplacement des traitements chimiques employés aujourd’hui pour lutter contre le varroa. La recherche sur ce thème est une première à La Réunion ! ». + d’info ici : Vidéo de la thèse de Benoît Jobart en 180 secondes !
Sans mesure de contrôle de Acizzia uncatoides, cet impact sur les tamarinaies pourrait engendrer une modification drastique des forêts et des paysages de La Réunion. Mon rôle est ainsi d’évaluer l’état de santé du tamarin dans différentes zones de l’île et de déterminer l’impact du psylle sur la reproduction et la croissance du tamarin des Hauts dans le but d’œuvrer pour sa conservation. »
NICOLAS CUENIN, INGÉNIEUR DE RECHERCHE À L’UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION « Après avoir réalisé ma thèse à l’UMR PVBMT 1 (Cirad - Université de La Réunion), je suis aujourd’hui accueilli au Pôle de protection des plantes (3P) du Cirad en tant qu’ingénieur de recherche sur le projet CREME, “ Conservation & restauration des espèces & milieux endémiques ”, mené par l’Université de La Réunion et cofinancé par l’Union européenne et la Région Réunion. Depuis quelques années, le psylle Acizzia uncatoides, insecte ravageur originaire d’Australie, s’attaque au tamarin des Hauts, un arbre endémique de La Réunion L’Unité mixte de recherche Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical. | Ci-dessus : tamarin des Hauts au stade juvénile.
Photos : © Clara Grondin | Université de La Réunion
à fort intérêt patrimonial et économique. Le psylle provoque une forte mortalité du tamarin des Hauts, ce qui pose problème pour la régénération et le maintien des écosystèmes de tamarinaies.
1
Photo : © Université de La Réunion
“ abeille Péi ” face au varroa. Ce parasite, dont la première observation sur l’île date de 2017, est une grande cause de mortalité biologique des abeilles dans le monde avec les pesticides, la raréfaction des ressources alimentaires, etc.
25
26
OUTRE-MER
grandeur Nature
ÎLE DE LA RÉUNION
JONATHAN PAYET, AU CŒUR DE L’ÎLE INTENSE Panorama sur le cirque de Mafate depuis la Roche Verre Bouteille.
Jonathan Payet, photographe spécialiste d’images par drone, émerveille les internautes tout au long de l’année par ses clichés du volcan, des cirques et remparts... 109 000 abonnés le suivent sur sa page Facebook ! Rencontre avec un « influenceur » qui n’a pas fini de nous étonner... • Quel regard portez-vous sur la nature que vous photographiez et quel message voulez-vous transmettre aux personnes qui vous suivent ? - Je porte un regard admiratif sur la nature réunionnaise. Nous avons ici des paysages remarquables inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco ou en tant que zones protégées, notamment par la Réserve marine. L’île de La Réunion héberge l’une des plus importantes biodiversités de France. Le spectacle de cette nature nous apprend à être humbles, car on se rend compte en la côtoyant de sa puissance insoupçonnée, lors d’un cyclone par exemple ou d’une éruption du volcan qui nous replonge vers nos racines, là où l’île est née.
INTERVIEW JONATHAN PAYET, PHOTOGRAPHE ET « SOCIAL MEDIA INFLUENCER »
Mon message serait de faire prendre conscience que la nature est là et qu’elle n’a pas besoin de nous pour exister, mais qu’en y mettant du nôtre, nous pouvons faire en sorte de peu l’impacter lors de notre passage sur Terre. Admettons que nous détruisions la nature.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
La rivière des Remparts vue depuis le lit de la Ravine Creuse.
L’humanité ne serait alors plus là mais la nature, elle, reprendrait le dessus, les graines des arbres regermeraient, le volcan refaçonnerait le paysage, les cyclones finiraient par détruire ce que nous avons fait, il y aurait toujours une suite... Sauf bien sûr si des espèces déjà rares et menacées venaient à disparaître, ce qui serait alors pour elles irréversible. En fait si nous ne prenons pas soin de ce qui nous entoure, c’est notre qualité de vie que nous mettons en danger. On se pénalise nous-mêmes, on pénalise notre prochain et les générations futures en ayant des actions négatives envers l’environnement. C’est comme si l’on sciait la branche sur laquelle on était assis ! La nature est notre garde-manger, notre eau, notre air. Elle est un deuxième organisme pour l’être humain.
- Les endroits que j’arpente sur l’île sont globalement bien préservés, parce que souvent ce sont des lieux retirés, avec très peu de passages d’êtres humains. En ce qui concerne les zones fréquentées, elles sont assez bien entretenues grâce aux actions des collectivités, des communes et des associations pour gérer
La majestueuse cascade de Grand Galet à Saint-Joseph.
les déchets. Mais c’est vrai qu’aux abords des villes, dans les ravines, il y a beaucoup de dépôts sauvages. Récemment, j’ai découvert une grotte sous-marine du côté de Saint-Leu qui, à mon avis, est inconnue du public. Eh bien, même cette grotte renferme un amas de déchets. On voit bien qu’ils n’ont pas été déposés là directement par l’homme, mais qu’ils ont été ramenés par la mer. Ce qu’on jette disparaît peut-être de notre vue, mais pas de la surface de la planète...
• Quand vous découvrez un site naturel magnifique et encore inexploré, communiquez-vous sa localisation à vos abonnés ? - Quand une cascade, un point de vue ou tout autre bel endroit n’est pas connu, je n’en divulgue jamais la position exacte, pour éviter qu’il ne soit ensuite pollué. Les charmes du lieu seront dévoilés aux personnes qui le trouveront par elles-mêmes... Les réseaux sociaux peuvent créer des phénomènes de « buzz » et donc une surfréquentation des sites. Les personnes ont envie de se rendre là où est allé le photographe ou l’influenceur pour s’y afficher, faire des selfies... Et on risque vite de retrouver sur place des plastiques, résidus de pique-niques, etc.
© Images de l’article : Jonathan Payet
• Dans quel état de préservation vous apparaissent les milieux naturels que vous sillonnez ?
27
28
OUTRE-MER
grandeur Nature
L’arche du Quai de l’Église à Saint-Rose avec, à l’arrière, une vue dégagée sur les coulées de lave du Piton de la Fournaise.
« Cette sensation d’être seul au monde qui fait du bien ! », J. Payet
C’est dommage quelque part de ne pas dire où se trouvent ces endroits. Cela ferait le bonheur de personnes responsables. De plus, l’immersion dans un cadre naturel sauvage est d’après moi un moyen très efficace de sensibilisation. Mais certains ne sont pas toujours respectueux...
© Images de l’article : Jonathan Payet
• Un photographe peut-il jouer un rôle moteur dans la sensibilisation à l’environnement ? - La photo sert de support pour entrevoir ces sites qui restent difficiles d’accès. C’est un art qui permet de montrer le beau, et cette beauté doit encourager à ne pas dégrader la nature et à conserver notre patrimoine local, une notion à laquelle les Réunionnais sont d’ailleurs très attachés. Vis-à-vis de toutes les personnes qui me suivent, notamment chez les moins de 30 ans, j’ai sans doute un rôle à jouer, car j’ai cette chance de véhiculer des messages qui sont lus et partagés. J’espère que mon travail photographique pousse à adopter de petits gestes écoresponsables dans le quotidien... Pour moi, une image est bien plus parlante qu’un texte quand il s’agit de sensibiliser. Je pense en particulier aux textes réglementaires. Il faut connaître les lois bien sûr, mais les consignes moralisatrices sur l’écologie peuvent rebuter. L’image via les réseaux est un nouveau vecteur de communication et d’influence, qui a cette capacité de toucher les gens et, ce qui est formidable, de les connecter entre eux !
L’une des innombrables images du Piton de la Fournaise de Jonathan Payet (ici en décembre 2021). À l’aide de son drone, le photographe réunionnais parvient à illustrer au plus près les éruptions de ce volcan parmi les plus actifs du monde.
Près des cascades éphémères du Tremblet, une image aérienne du Tresta Star, ce pétrolier mauricien qui s’est échoué dans la nuit du 3 au 4 février sous les assauts du cyclone Batsirai. Les services de l’État ont assuré la dépollution de l’épave dont les soutes contenaient, heureusement, peu d’hydrocarbures.
+ d’info ici : https://www.facebook.com/DroneCopters
Propos recueillis par : Stéphanie Castre
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Coucher de soleil sur le Piton des Neiges au bord du cratère Commerson, sur lequel le petit promontoire, au centre, offre une vue vertigineuse.
29
PUBLI-COMMUNIQUÉ
30
OUTRE-MER
grandeur Nature
SURVEILLER LA QUALITÉ DE L’ENVIRONNEMENT À PORT RÉUNION GRÂCE AUX ABEILLES ! Nous
vous avons présenté dans le précédent e-mag les
« Maisons des ingénieurs », bâtiments historiques qui vont être réhabilités par le Grand Port Maritime de La Réunion, de même que leurs jardins. Dans ces espaces où une restauration végétale innovante a commencé, des ruches ont été installées pour mesurer la qualité de l’environnement. Le Grand Port Maritime de la Réunion – ou Port Réunion – a pour ambition phare la volonté d’être un port responsable, c’est pourquoi l’une des grandes orientations de son Projet stratégique 2019-2023 est la préservation de la biodiversité et de l’environnement. Le projet de « biosurveillance apicole » proposé par la société Utopio répond pleinement aux attentes des salariés du Grand Port Maritime et aux besoins de suivis environnementaux inscrits dans son Projet stratégique, mais aussi dans son Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PA2D) et son Schéma Directeur du Patrimoine Naturel (SDPN). La « biosurveillance » désigne un ensemble de méthodes utilisant des espèces vivantes pour définir et mesurer les pollutions environnementales et leurs impacts sur les écosystèmes. Dans le cadre de la biosurveillance apicole mise en place par Utopio pour Port Réunion, des abeilles domestiques vont être les « capteurs » permettant de mesurer les pollutions présentes dans l’air, l’eau et le sol, jusqu’à 3 kilomètres
autour des ruches positionnées dans les jardins des « Maisons des ingénieurs ». Des prélèvements seront réalisés plusieurs fois par an pour caractériser les pollutions aux hydrocarbures et aux métaux lourds et évaluer l’état de santé des abeilles et leur alimentation. Ces mesures feront l’objet d’un suivi dans le temps et seront ensuite comparées à des « valeurs repères » relevées sur des ruches témoins situées sur un site éloigné de toute source de pollution. Cette démarche a pour enjeu de mesurer l’impact des activités portuaires sur la qualité de l’air. En veillant à la bonne santé de ces pollinisateurs, le Grand Port Maritime participe pleinement à la reconquête de la biodiversité de la zone. Ce projet innovant, d’un montant d’environ 14 000 euros cofinancé à parts égales par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et Port Réunion, s’accompagnera d’actions de sensibilisation autour des ruches et de la préservation de l’environnement à destination de l’ensemble des usagers du site.
L’équipe d’Utopio et des agents et responsables du Grand Port Maritime le jour de l’installation des ruches, le 24 février 2022. © Utopio
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
La biosurveillance apicole, une solution fondée sur la nature pour mieux connaître la qualité de l’air et de notre environnement. © Port Réunion
TÉMOIGNAGES PRISCILLE LABARRÈRE, RESPONSABLE DU SERVICE ENVIRONNEMENT ET AMÉNAGEMENT DE PORT RÉUNION
« Nous souhaitions installer des ruches depuis un moment dans l’enceinte portuaire avec l’équipe PA2D pour contribuer à préserver la biodiversité du site, et aussi avoir du miel made in Port Réunion ! J’ai rencontré Marie-Jo Payet d’Utopio qui m’a parlé de biosurveillance par les abeilles, ces formidables indicatrices de la qualité de l’environnement. Nous avons été séduits à l’idée de mener ce projet apicole au sein des jardins des Maisons des ingénieurs, que nous restaurons selon une démarche innovante de « laboratoire du vivant » (e-mag n°9). Les ruches vont nous renseigner sur la qualité de l’air, nous aider à savoir s’il y a assez de nourriture et de fleurs à proximité pour les abeilles. Parallèlement, nous avons lancé un partenariat avec Atmo Réunion (e-mag n°7) pour évaluer la qualité de l’air à l’aide de capteurs. Il sera intéressant de comparer les résultats enregistrés par les capteurs et ceux obtenus par les abeilles. Ce projet inédit a par ailleurs un volet de responsabilité sociétale, puisque nous convierons les écoles à visiter les jardins et, en même temps, les ruches. Cette action s’insère totalement dans notre démarche environnementale (SDPN et PA2D) ».
JULIE COCHARD, CHARGÉE DES OPÉRATIONS MARKETING ET COMMERCIALES À UTOPIO
« Utopio est une jeune start-up réunionnaise, qui vise à développer des solutions technologiques appropriées aux territoires insulaires tropicaux. Le partenariat avec le Grand Port Maritime nous a permis de mettre en œuvre pour la première fois une action de biosurveillance apicole. Il s’agit d’une technologie de pointe, développée dans l’Hexagone et dans certains territoires d’outre-mer, qui n’était pas encore présente dans l’océan Indien ! L’installation des ruches a eu lieu en février et les premiers prélèvements sont en cours d’analyse, mais il faudra attendre une année complète pour avoir des résultats consolidés, pour mesurer l’impact des travaux de réhabilitation, et émettre des préconisations, notamment en matière d’aménagement. Ce projet nous anime particulièrement car il permet de fournir une offre scientifique pointue pour une meilleure protection de l’environnement, tout en accompagnant le développement économique de la filière apicole professionnelle de La Réunion. » + d’info ici : https://reunion.port.fr/fr/le-sdpn/
31
PUBLI-COMMUNIQUÉ
32
OUTRE-MER
grandeur Nature
UN PROJET PIONNIER DE CLIMATISATION ÉCOLOGIQUE PAR L’EAU MARINE PROFONDE
Un projet financé par :
L’essor des énergies renouvelables à travers le monde a impulsé l’émergence de nombreux projets d ’ énergies marines en F rance métropolitaine , mais également en outre - mer . Ainsi La Réunion, via son objectif d’autonomie électrique en 2030, est un territoire précurseur dans le domaine puisque des travaux sur l’énergie thermique des mers y sont menés, entre autres, depuis plusieurs années. Ces travaux et cette volonté ont notamment débouché sur des objectifs de développement de SWAC (Sea Water Air Conditioning – climatisation marine) afin de réaliser de conséquentes économies d’électricité. En juillet 2019, Value Park, par le biais de sa filiale BD5, a remporté le contrat de fourniture de froid d’origine renouvelable pour les besoins du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sud Réunion. L’atteinte de ces objectifs permettra au CHU Sud Réunion une réduction de 30 % de sa consommation électrique annuelle, soit une économie de près de 10 GWh/an correspondant à la consommation de la commune de la Plaine-des-Palmistes. Ce beau projet permet également une économie d’environ 6 500 tonnes de CO2 évité soit, plus concrètement,
l’équivalent de 1 000 tours de l’île en voiture par jour. Le principe d’un SWAC est de pomper de l’eau de mer froide en profondeur, de la ramener à terre et de la faire passer dans un échangeur thermique afin qu’elle transmette une partie de ses frigories à un réseau de climatisation. L’eau de mer est ensuite rejetée dans son milieu naturel à une profondeur suffisamment importante (50 mètres) pour que la modification du milieu soit sans conséquence pour l’écosystème local, sans modification notable de sa composition biologique ou chimique. Cette technique permet par conséquent de s’affranchir des « groupes froid » traditionnels, qui s’avèrent extrêmement énergivores.
Ci-dessus : le Lys au large de Saint-Pierre pendant la mission de ID OCEAN. Près de 12 heures de navigation dans la houle ont été nécessaires pour effectuer le relevé bathymétrique et ainsi améliorer les connaissances des fonds marins pour la pose du SWAC du CHU Sud Réunion.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
UTILISER LA TEMPÉRATURE DE L’EAU PROFONDE POUR FAIRE DU FROID : LE SCHÉMA DU PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT D’UN SWAC Échangeurs thermiques d’eau / air
3
2
Pompe Pompe d’eau de mer
4
1
Conduite de rejet d’eau tiède
Conduite d’entrée d’eau froide
Dans le cadre de ce projet, les conduites, permettant d’aller chercher l’eau à 5 °C à 1 000 mètres de fond, mesurent près de 8 kilomètres. Il est essentiel pour l’installation de ces conduites de connaître la nature et la topographie des fonds sous-marins. Pour cela, Value Park a mandaté la société réunionnaise ID OCEAN, membre du Cluster maritime de La Réunion spécialisé en cartographie et inspection sous-marine, qui a ainsi effectué un levé bathymétrique multifaisceaux haute résolution de la zone côtière. La mission de cartographie a eu lieu les 19 et 20 janvier depuis le navire le Lys de la société TSMOI au large de Saint-Pierre, dans le sud de La Réunion. Cette zone est réputée pour ses conditions de mer particulièrement difficiles. L’équipe d’ID OCEAN a su appréhender correctement la météo afin de se positionner juste avant une période cyclonique et obtenir une bathymétrie détaillée de la future zone de pose des conduites entre -20 et -400 mètres. De 20 à 80 mètres de profondeur, un nuage de points de 1x1 mètre a été obtenu, puis de 2x2 mètres jusqu’à 150 mètres de profondeur et de 5x5 mètres jusqu’à 400 mètres de profondeur. La résolution et la précision obtenues pour ce relevé dans de telles profondeurs, et dans ces conditions avec un sonar léger adapté aux levés à faible fond, relèvent de l’exploit technique.
- 100 m
Rédaction : Steven Le Bars
- 1 000 m
1
L’eau profonde glacée (5-7 °C) est pompée vers le processus via des conduites.
2
Cette eau est ensuite utilisée pour refroidir une boucle d’eau glacée via des échangeurs de chaleur.
3
La boucle d’eau glacée fournit alors du froid aux bâtiments connectés via des échangeurs eau/air.
4
L’eau de mer réchauffée (11-12 °C) est enfin rejetée dans l’océan sans aucune altération de sa composition chimique et biologique.
Aucun fluide frigorigène n’est utilisé dans ce processus. Relevé bathymétrique réalisé au large de Saint-Pierre. © ID OCEAN
33
34
OUTRE-MER
grandeur Nature
MAYOTTE Cet atelier a fait découvrir un habitat traditionnel, le banga, construit avec des matériaux naturels.
L’A ssociation départementale des pupilles de l’enseignement public de M ayotte (ADPEP 976) a été créée en 2014. Parmi ses missions en cours, cet acteur de l’action sociale et solidaire sensibilise les jeunes vivant avec un handicap à la protection de l’environnement. Affiliée à la fédération nationale des PEP (Pupilles de l’enseignement public), l’ADPEP 976 accompagne des enfants et adolescents de 6 à 16 ans en situation de handicap. « Certains ont été abandonnés ou maltraités et placés dans des familles par la Direction de la protection de l’enfance 1. Notre rôle est de transformer ce sujet douloureux en projets valorisants », confie Halima Houzali, responsable du pôle médico-social. Grâce à l’association, de nombreux jeunes partent notamment à la découverte de la biodiversité locale. « Nous avons organisé des sorties en bateau à fond de verre au départ de Mamoudzou. La plupart des enfants ont vu des tortues pour la première fois ! Ce type d’activité permet de ne plus se focaliser sur le handicap, mais d’apprendre à respecter la nature par le biais d’expériences nouvelles. On a aussi créé des ateliers ludiques », annonce Halima. Dernièrement, les jeunes se sont en effet adonnés à la confection de petites maquettes de bangas, ces cases en bois, torchis et feuilles de palmiers bâties traditionnellement à Mayotte à la lisère des villages. Hamila poursuit : « Les enfants fabriquent également toutes sortes d’objets à partir de déchets ramassés. De cette façon, ils réalisent qu’on peut redonner vie aux choses cassées, et ils prennent conscience de l’impact des déchets qui finissent dans le lagon. C’est une satisfaction de voir nos jeunes s’intéresser à la nature et participer aux ateliers de leurs mains. On voit qu’ils sont heureux de prendre part à toutes ces activités. Ensuite, ils en parlent à la maison. » 1
Ici, des dessins de fleur d’ylang-ylang ont été découpés pour faire un collage sur la flore de l’île. Tortue fabriquée à partir d’objets ramassés, tableau sur la faune locale... L’ADPEP 976 prévoit d’exposer les productions des jeunes au mois de juin.
Rédaction : Stéphanie Castre
D’autre part, le Dispositif innovant d’accueil temporaire (DIAT) accueille des enfants en situation de handicap vivant au sein de leur famille.
© ADPEP 976
ADPEP 976 : SENSIBILISER À LA NATURE LES ENFANTS EN SITUATION DE HANDICAP
PUBLI-COMMUNIQUÉ
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
35
MAYOTTE NATURE ENVIRONNEMENT FÊTE SES 10 ANS
© MG | MNE
L a fédération d ’ associations mahoraises M ayotte N ature E nvironnement réunit un réseau de plus de 1 000 adhérents engagés dans la protection de la nature. Son action repose sur 3 piliers : l’éducation à l’environnement, la production de connaissances et la réparation de l’environnement. Appelée communément « MNE », la fédération, soutenue notamment par le Département de Mayotte, est affiliée à France Nature Environnement au niveau national. Voici des exemples de ses réalisations : • le camion pédagogique sillonne Mayotte depuis 2018 à la rencontre des écoliers et du public. « Il met à disposition des outils pédagogiques conçus par MNE et ses partenaires », explique Twabrane Damir, chargé de communication de la fédération. Le camion permet d’aborder de nombreuses thématiques : gestion des déchets, protection de la forêt, du lagon... Il touche en moyenne 6 000 personnes par an. • le réseau EEDD 976 est le réseau d’éducation à l’environnement et au développement durable de Mayotte. Coordonné et animé depuis 2015 par MNE, il accompagne la population vers des changements de comportements pour préserver l’environnement et atteindre un développement local durable. Il organise également la fête de la Nature à Mayotte. • la création d’un pôle juridique, avec le recrutement d’une juriste, Pauline Guillaume, qui permet à MNE de mener des actions en justice et d’agir concrètement contre les infractions environnementales.
+ d’info ici : lettre ouverte au Garde des Sceaux
TÉMOIGNAGE HOULAM CHAMSSIDINE, PRÉSIDENT DE MAYOTTE NATURE ENVIRONNEMENT « Les 2 principales problématiques auxquelles nous devons faire face sont la déforestation et les défaillances de notre réseau d’assainissement. Sur le premier point, nous nous sommes beaucoup mobilisés pour que soit créée la Réserve naturelle des forêts de Mayotte. Une bonne partie de la biodiversité terrestre de l’île va ainsi être maîtrisée. Mais d’importantes difficultés persistent, dont les défrichages illégaux de parcelles agricoles par une partie de la population en quête de moyens pour survivre. Concernant l’assainissement, notre île est très en retard. Elle demeure très peu raccordée au système collectif de traitement des eaux usées, et cela génère une pollution incessante dans le lagon. » + d’info ici : www.mayottenatureenvironnement.com
36
OUTRE-MER
grandeur Nature
Le camion pédagogique de MNE sillonne les villages de Mayotte afin de sensibiliser la population aux enjeux environnementaux. Il permet de mettre en place des actions ciblées, via une animation ludique, à la rencontre directe des habitants. © MNE
Mayotte Nature Environnement a lancé un concours photo pour collecter les plus beaux clichés mettant en valeur la nature mahoraise. Ces créations seront exposées le 21 mai à l’occasion de la fête de la Nature au jardin botanique de Coconi. © MNE
Une animation pendant la journée internationale des Forêts du 21 mars. Des activités éducatives sont régulièrement proposées aux enfants par la fédération. Ce parcours sensoriel par exemple leur a permis d’en apprendre beaucoup sur les forêts. © HA | MNE
PUBLI-COMMUNIQUÉ
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
LE « VILLAGE NATURE NOMADE » EST LANCÉ ! F orte d ’ une première expérience réussie en 2018, l ’ association L es N aturalistes de M ayotte a pour ambition d ’ élargir son dispositif d ’ animation pédagogique à l ’ ensemble des collèges et lycées de l’île. Ce nouveau projet innovant a pour nom « le Village Nature Nomade ». Dans le contexte particulier de Mayotte, la dégradation de l’environnement est une problématique majeure pour la biodiversité, qui affecte également la santé publique. Afin de pallier la méconnaissance du rôle de la biodiversité et de l’urgence de la préserver, l’association Les Naturalistes de Mayotte a élaboré en 2018 un premier projet de sensibilisation conçu à l’attention des élèves de CM1 et CM2. L’AFD, l’ARS et l’ADEME ont accompagné le rectorat de Mayotte dans ce défi pour un montant de près de 400 000 euros. « Les résultats : 7 676 élèves – soit 340 classes, 62 établissements – ont été sensibilisés à la biodiversité et au rôle des mangroves, à la gestion des déchets et la protection des rivières pour lutter contre l’insalubrité et les maladies vectorielles », se remémore François Beudard, directeur des Naturalistes de Mayotte. Lors de cette première action, les thèmes de la mangrove et de la santé environnementale ont été à l’honneur des deux demi-journées organisées par classe. De plus, 1 455 élèves ont pu participer au petit festival pédagogique « Village Mangrove », qui s’est déroulé près de sites de mangroves. Les élèves ont été invités à suivre ce fil rouge : devenir un ami de la mangrove et de Moinaïsa (l’esprit de la mangrove). Au programme notamment : une épreuve sportive de tri des déchets, un jeu de plateau visant à recréer une mangrove, des panneaux retraçant le parcours de Fatima et Saïd dans cette zone humide, une bande dessinée, des diplômes d’ambassadeurs de la mangrove... Un T-shirt aux couleurs du projet, distribué à tous les élèves, a également contribué à ancrer le projet à l’échelle du territoire.
Le projet «Village Nature Nomade » s’inscrit dans la continuité des animations proposées en 2018. © Naturalistes de Mayotte
Cette formule d’animation novatrice à Mayotte a connu un franc succès et les retours des enseignants se sont avérés très positifs. C’est dans une optique de continuité que l’association souhaite reproduire ce dispositif à l’ensemble des collèges et lycées de Mayotte, à travers le projet « Village Nature Nomade ». Dans chaque établissement scolaire, le village dressera pendant 3 jours ses chapiteaux thématiques : naissance de Mayotte, aléas naturels, érosion, eau et santé, climat et énergie, biodiversité. Des maquettes et vidéos interactives viendront illustrer l’érosion des bassins versants, la formation d’un tsunami, d’un volcan, ou encore le réchauffement climatique. Les élèves auront accès à des démonstrations en microscopie électronique et en sismologie. Quant à leurs enseignants, ils bénéficieront de supports pédagogiques utilisables en amont ou en aval du village. En plus des 33 collèges et lycées, l’association souhaite proposer des événements similaires dans les 17 communes de l’île afin de toucher les agents communaux et le grand public. Avec 4 100 heures d’animations réparties sur 2 ans de mise en œuvre, ce nouveau projet a pour espoir de valoriser la sensibilisation vers un développement durable à Mayotte, en inculquant aux jeunes en particulier les savoirs leur permettant d’agir pour la défense de leur environnement.
37
38
OUTRE-MER
grandeur Nature Rédaction : Stéphanie Castre
© DMSOI
TAAF
LA SURVEILLANCE DES PÊCHES DANS LES ÎLES ÉPARSES PAR LA DIRECTION DE LA MER SUD OCÉAN INDIEN (DMSOI)
Dans les eaux françaises de l’océan Indien, la DMSOI pilote et coordonne les politiques maritimes de l’État en encadrant les marins, les navires et les activités en mer. Parmi ses missions, elle assure la surveillance des zones économiques exclusives (ZEE) des îles Éparses. En parallèle de ses autres missions dans les TAAF, comme l’immatriculation des navires ou le contrôle de la qualification des marins, la DMSOI exerce une mission de surveillance pour le compte du préfet de La Réunion, qui supervise l’action de l’État en mer dans la zone Sud de l’océan Indien. « Nous identifions les enjeux de surveillance des pêches et coordonnons les moyens, en lien notamment avec la Marine nationale et les gendarmes qui sont détachés sur place, pour que notre vision de la police des pêches soit partagée, et notre présence dans ces secteurs la plus dissuasive possible vis-à-vis des comportements irréguliers », indique Jérôme Lafon, directeur adjoint de la DMSOI. La DSMOI favorise les activités vertueuses pour l’environnement dans les îles Éparses, à travers notamment le Conseil maritime ultramarin de bassin Sud océan Indien qui permet de définir une stratégie commune. La DMSOI embarque par ailleurs des scientifiques sur ses missions de police – Ifremer, CNRS, Globice, Université de La Réunion... – afin de soutenir la recherche et de mutualiser les moyens à la mer. « C’est intéressant, car nos équipes voient que leur travail contribue à préserver la biodiversité, et les chercheurs constatent les efforts que nous déployons. Mais la première condition de la durabilité, c’est la suppression
des comportements préjudiciables à la collectivité, en particulier la pêche illégale non déclarée et non réglementée », ajoute Jérôme Lafon. Dans les îles Éparses, cette pêche est pratiquée depuis longtemps par de petites unités provenant de Madagascar, des Comores ou de Mayotte, et attirées – parfois au péril de la vie des équipages – par ces eaux abritant une biomasse bien plus abondante que les zones côtières surpêchées. « La tentation est grande. Régulièrement, on arraisonne dans ces eaux des embarcations qui n’ont rien à y faire. On confisque alors les engins et les captures de pêche, ainsi que les équipements de plongée utilisés par exemple aux Glorieuses sur l’île du Lys pour prélever des holothuries. Une procédure pénale est ensuite déroulée », développe le directeur adjoint de la DMSOI. À la faveur du renouvellement du moyen de surveillance L’Osiris II entré en flotte en 2019, mais aussi d’une plus grande disponibilité des outils de surveillance satellitaire – « On fait aujourd’hui des photos satellites tous les jours pour voir s’il y a du monde » – et d’une meilleure formation des gendarmes sur place, davantage d’opérations sont réalisées, une trentaine par exemple dans les îles Éparses en 2021. L’objectif affiché de la DMSOI est de patrouiller environ la moitié du temps sur zone pour qu’à tout moment un bateau puisse surprendre les contrevenants. Une surveillance aérienne, via les Casa ravitaillant le district et de petits avions basés à Mayotte, renforce le dispositif. « Entre les moyens maritimes, terrestres, satellitaires et aériens, nous avons une coordination qui permet, en cas de détection d’une irrégularité, une réponse rapide et dissuasive », conclut Jérôme Lafon.
L’Osiris II aux Glorieuses. Cet ancien palangrier austral a subi des transformations pour répondre à sa nouvelle fonction de contrôle des pêches dans l’océan Indien, afin de contrer la pêche illicite. Ce navire de 59 mètres est géré par l’armement réunionnais Cap Bourbon.
PUBLI-COMMUNIQUÉ
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DE LA RECHERCHE DANS LES ÎLES ÉPARSES Quasi indemnes de pressions anthropiques directes, les îles Éparses sont des sites de référence pour l’étude de l’évolution de la biodiversité et du climat. À ce titre, la France affirme sa volonté de renforcer la recherche scientifique dans le district tropical des
TAAF, en donnant notamment à ces activités une portée internationale. Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India, Europa et Tromelin : les îles Éparses forment depuis 2007 le 5ème district des TAAF aux côtés des archipels Kerguelen et Crozet, des îles Saint-Paul et Amsterdam, et de la terre Adélie. L’administration des TAAF bénéficie de plusieurs décennies d’expérience dans le soutien à la science en milieux isolés dans le cadre de la gestion de ses territoires austraux et polaire. Elle s’est engagée à étendre son rôle d’appui à la recherche dans les îles Éparses. Un consortium interorganismes constitué en 2010 a tout d’abord permis de soutenir 18 projets de recherche sur l’écologie de ces îles entre 2010 et 2014, puis 14 projets de 2014 à 2021. Lors de sa visite aux Glorieuses en 2019, Emmanuel Macron exprimait la volonté de relancer la recherche terrestre et maritime dans le district. Les TAAF et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation se sont ainsi vus confier la mise en place d’un dispositif pérenne de soutien à la recherche, ayant une dimension plus internationale et encourageant des collaborations avec d’autres territoires de la zone.
Les acteurs nationaux de la recherche, dont l’AFD, ont été mobilisés pour poursuivre la structuration et l‘essor de ces missions scientifiques basées sur un large panel de disciplines, et il a été convenu d’établir une stratégie de recherche couvrant la période 20222026. Cette feuille de route en préparation a vocation à devenir le cadre de référence pour les chercheurs désireux de développer des programmes dans ces « sanctuaires océaniques de la nature primitive ».
Mission sur l’île Juan de Nova pour étudier la distribution spatiale des colonies de sternes fuligineuses. © Louis Doremus
Ci-dessus : le programme pIOT à Europa en 2019 lors de la rotation du Marion Dufresne dans les îles Éparses. Ce projet porté par l’Ifremer a permis de tester de nouvelles balises pour les tortues marines afin d’identifier les habitats fonctionnels de ces espèces. © Hugues Evano
39
PUBLI-COMMUNIQUÉ
40
OUTRE-MER
grandeur Nature
© TAAF
ÉVALUER LES STOCKS HALIEUTIQUES, UNE CONDITION ESSENTIELLE À L’EXPLOITATION DURABLE DES RESSOURCES
La
pêche australe s’exerce au sein de la
Réserve
naturelle nationale des
Terres
australes
, l’une des plus importantes aires marines protégées au monde. En cohérence avec le plan de gestion de la Réserve, l’évaluation des stocks exploitées dans ces eaux est un élément indispensable pour guider la gestion durable et responsable des pêches. françaises
1
Évaluer un stock halieutique 2 consiste à examiner le niveau exploitable d’une ressource – légine, langouste... – dans une zone donnée. Cette « photographie » du stock fournit aux gestionnaires des TAAF un point de repère essentiel pour adapter les mesures à prendre – quotas de pêche, taille minimale des prises pour préserver les juvéniles... – le but étant de s’assurer que la pression de pêche n’affecte en rien la capacité de reconstitution naturelle de l’abondance des stocks. Cet objectif imposé à la pêcherie australe vise à protéger la biodiversité marine et, d’un point de vue économique, apporte aux armements une visibilité à long terme de leur activité. Évaluer un stock halieutique n’est cependant pas chose aisée, car les ressources restent difficilement observables de manière directe, surtout à grande échelle. Comment alors les évaluations des stocks halieutiques sont-elles réalisées ? C’est ici qu’intervient la modélisation, un travail nécessitant l’acquisition de grandes quantités de données
– taille des prises, âge, sexe... – qui sont recueillies par le contrôleur des pêches et observateur présent lors de chaque marée, ainsi que par les scientifiques à l’occasion de campagnes en mer. « Plus on obtient de données détaillées, mieux le gestionnaire peut poser des règles de gestion efficaces », déclare Delphine Ciolek, secrétaire générale de la Fondation des mers australes. À partir de ces jeux de données, différents modèles mathématiques sont utilisés pour estimer l’état des stocks et prédire leur statut de durabilité. Au-delà de l’évaluation des stocks, la meilleure compréhension des écosytèmes marins est devenue un outil majeur d’aide à la décision des gestionnaires. Félix Massiot-Granier, chercheur au MNHN, est spécialiste de l’évaluation des stocks de légine au large de Kerguelen et Crozet : « Je développe des outils méthodologiques nouveaux afin de permettre une meilleure évaluation de ces stocks et la mise en place d’une gestion écosystémique des pêches. »
Ci-dessus : navire de la Sapmer, le Mascareignes III est un palangrier à la légine opérant dans les eaux de Crozet et Kerguelen. | 1 Hors zones de protection renforcée marine. | 2 Ne comprend ni les œufs, ni les larves et ni les juvéniles dont la taille est insuffisante pour être capturés.
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Capture de légine australe à bord d’un palangrier. © Christophe Delpont | Langouste marquée dans le cadre d’un suivi des populations. © Marc Leménager | Contrôle de pêche à Amsterdam : remise à l’eau des langoustes juvéniles ou portant des œufs. © Cédric Marteau
TÉMOIGNAGES ALAIN FONTENEAU, CHERCHEUR À L’IRD, EXPERT SCIENTIFIQUE DE LA FONDATION « Je suis spécialiste des pêcheries thonières tropicales, mais quelle que soit l’espèce de poisson pêchée, l’approche de l’évaluation reste la même : on estime d’une part les prises par âge et d’autre part les efforts de pêche, c’est-à-dire le nombre de bateaux, d’hameçons, de casiers, etc. selon la technique employée. Une première règle qui prévaut dans la dynamique des populations halieutiques est que plus on exploite un stock, plus son rendement diminue, ce qui est logique. Par ailleurs, les captures stables visées par la gestion des stocks et les modèles doivent être proches de la “ prise maximale équilibrée ”, qui est un niveau de capture rationnel propre à chaque stock et rendant l’activité structurellement stable. Pour cela, on se base sur des modèles mathématiques qui intègrent les prises par âge et les efforts de pêche, en les complétant par des données d’environnement, de génétique, etc. Quand, en plus, des campagnes sont réalisées en mer pour connaître la biomasse au moyen de quadrillages, cela est très utile pour affiner les évaluations. Avec tous ces outils, et à la faveur du net recul de la piraterie dans la zone, dû en particulier à la surveillance satellitaire, la pêche australe bénéficie aujourd’hui d’évaluations des stocks très précises. »
JULES SELLES, POSTDOCTORANT AU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE « J’étudie la dynamique des populations halieutiques au large de Saint-Paul et Amsterdam et ses implications en termes de gestion. Au sein du Programme d’observation écosystémique des pêcheries de l’UMR BORÉA, j’établis les protocoles permettant d’évaluer les stocks de langoustes pêchées dans la zone. Pour cela, je m’appuie sur les contrôleurs des pêches qui mettent en œuvre le suivi scientifique au cours des campagnes de pêche commerciale. Il s’avère bien plus difficile de connaître l’âge d’une langouste que celui d’un poisson, c’est pourquoi nous mesurons leur taille pour estimer ensuite les prises par âge. Une taille limite de capture est imposée à la pêcherie notamment pour permettre aux jeunes géniteurs de se reproduire. Nos recommandations visent à assurer un maintien des ressources à un niveau biologique et d’exploitation durable, mais également à limiter l’impact des prélèvements sur le fonctionnement des écosystèmes marins. »
Le Bulletin scientifique des pêches australes (numéro 4) vient de paraître. Ce bulletin, qui est publié 3 fois par an, présente les activités de recherche conduites par l’équipe australe du MNHN (dont BIOPAC de BORÉA) et leurs collaborateurs. © MNHN + d’info ici : Bulletin
41
42
OUTRE-MER
grandeur Nature
NOUVELLECALÉDONIE
La devanture de l’entreprise Éco Recycle à Nouméa.
ÉCO-RECYCLE, QUAND SOLIDARITÉ RIME AVEC ENVIRONNEMENT ! L’entreprise familiale Éco-Recycle est l’unique opérateur de traitement de déchets électriques et électroniques de toute la Nouvelle-Calédonie. À sa tête, la famille Pasqualini, opposée à la société du jetable depuis toujours, a mis en œuvre une logistique d’économie circulaire fondée sur la récupération et le reconditionnement d’appareils électroménagers. Opérateur de traitement de déchets électriques et électroniques (DEEE) agréé depuis 2014, Éco-Recycle exerce sur le territoire calédonien dans le cadre de la directive européenne DEEE, transposée par un décret imposant en particulier la reprise gratuite et sans obligation d’achat des petits équipements par
les magasins disposant de plus de 400 m² dédiés à la vente d’équipements électriques et électroniques. Composée de seulement 9 employés, l’entreprise Éco-Recycle travaille à grande échelle en couvrant l’ensemble de la Province Sud, avec pour mot d’ordre « rien ne se perd, tout se transforme » !
Chaque jour, Éco-Recycle propose de nouveaux articles rénovés sur sa page : https://www.facebook.com/ecorecyclage
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
L’entreprise collecte, trie, répare et nettoie le matériel électroménager et électronique des grandes chaînes de production, des hôtels et des commerces de la moitié de l’île pouvant être encore utilisé. Du réfrigérateur à la cafetière en passant par le four à micro-ondes, le grille-pain, l’aspirateur ou l’extracteur de jus, chacun s’offre une nouvelle vie grâce au savoir-faire transmis au sein de la famille Pasqualini de génération en génération. Le matériel une fois réparé et nettoyé, est proposé à la vente. Le tout est effectué approximativement en cinq heures, incluant la récupération de la machine sur le site. En bout de chaîne, ces équipements reconditionnés sont redistribués sur le marché de l’occasion à un prix moyen de 40 % à 60 % inférieur à leur prix initial. Mais avant d’en arriver là, c’est une charge de travail colossale à laquelle fait face Éco-Recycle depuis 2014 puisque l’entreprise est passée de 50 tonnes de déchets traités cette même année à près de 300 tonnes en 2021 ! En ce qui concerne les objets en fin de vie qui ne peuvent plus du tout fonctionner, leurs pièces détachées réutilisables sont extraites et conservées chez Éco-Recycle. Le reste est envoyé à l’opérateur de démantèlement Recy’gem basé à Nouméa, qui va en dépolluer les matériaux et en transférer ensuite une partie aux Établissements métallurgiques calédoniens (ECM), autre maillon essentiel du secteur du traitement des déchets en Nouvelle-Calédonie.
Un dépôt de matériels en fin de vie en attente de recyclage.
Éco-Recycle assure aussi des travaux de dépannage à domicile et forme ses employés à devenir experts dans la réparation de certains types d’électroménager : « Nous essayons de recruter des personnes qui ont du potentiel et les formons aux différents ateliers. On va ainsi sectoriser l’apprentissage étant donné qu’un grand nombre de compétences se rencontrent chez Éco-Recycle, dans les domaines de l’électricité, de la mécanique, de l’électrotechnique... ». Finalement, c’est par le partage et la passion que la petite entreprise calédonienne met à profit un savoirfaire de plus en plus rare dans cette lutte contre le gaspillage, et qu’elle fait front contre l’omniprésence de l’obsolescence programmée. Rédaction : Camille Caumette
43
44
OUTRE-MER
grandeur Nature
© Tetiaroa Society | Blue Climate Initiative
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Rédaction : Lucie Labbouz
LE « BLUE CLIMATE SUMMIT » PROMEUT LES SOLUTIONS BASÉES SUR L’OCÉAN CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE O rganisé par la « B lue C limate Initiative », le premier « B lue C limate Summit » se tiendra du 14 au 20 mai en Polynésie française. C e sommet international vise à créer des synergies et à encourager les projets innovants permettant d’apporter des solutions concrètes , basées sur l’O céan, pour répondre au défi climatique actuel. Depuis plus de 10 ans, un laboratoire de recherche basé sur l’atoll de Tetiaroa, à 33 milles nautiques (53 kilomètres) au nord de Tahiti, héberge des scientifiques du monde entier dont les travaux portent sur l’océan et la protection de la biodiversité. Dans la lignée de ces actions de recherche, le programme « Blue Climate Initiative » (BCI) a été élaboré avec la volonté d’agir à une échelle plus globale, et de réunir un maximum d’acteurs – chercheurs, décideurs, investisseurs, société civile… – autour de la protection de l’océan, et de la lutte contre le changement climatique. Cette initiative, approuvée parmi les programmes phares de la « Décennie des Nations Unies des sciences océaniques au service du développement durable » (2021-2030), a réussi à impliquer plus de 60 experts de renommée mondiale pour identifier les meilleures « opportunités de transformation pour les Peuples, l’Océan, la Planète ». « Après toutes ces dernières années en distanciel, nous avons pensé qu’il serait opportun de réunir physiquement l’ensemble des partenaires afin de
poursuivre les travaux. Et quel meilleur endroit que le cœur du Pacifique pour se rencontrer autour de la protection des océans ? » explique Stan Rowland, PDG de « Blue Climate Initiative ». Le sommet international « Blue Climate Summit » réunira ainsi plus de 250 acteurs le temps d’une semaine de travaux, d’échanges et de prises de décisions. Pour la BCI, ce sommet sera également l’occasion d’annoncer les vainqueurs du Prix de l’innovation océanique, d’un montant d’un million de dollars, et de repérer de nouveaux projets novateurs à soutenir. Organisé en partenariat avec le gouvernement polynésiens, le sommet mettra par ailleurs à l’honneur les cultures du fenua autour de temps de partage entre communautés scientifiques et civiles, lors du concert de clôture à Papeete, ou de l’accueil de la pirogue Hokule’a sur le site sacré de Taputapuatea, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Une manière pour les organisateurs de rendre hommage aux savoirs traditionnels autochtones, et à ce lien ancestral qui unit la Polynésie française à l’Océan. + d’info ici : Blue Climate Summit
Ci-dessus : l’atoll de Tetiaroa, où vécut régulièrement l’acteur Marlon Brando de 1970 à 1990, va accueillir le « Blue Climate Summit ».
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
WALLIS-ET-FUTUNA Rédaction : Romy Loublier
LES CHALLENGES ENVIRONNEMENTAUX ET CULTURELS DE L’ARCHIPEL Aux
côtés des institutions officielles de la
R épublique, Wallis- et-Futuna
a conservé une
organisation coutumière traditionnelle basée sur une gestion communautaire des ressources naturelles.
Dans
le contexte mondial actuel, ce système participatif résonne comme un axe
stratégique de développement durable exemplaire à préserver.
INTERVIEW ATELIANA MAUGATEAU, CHEFFE INTERIM DU SERVICE TERRITORIAL DE L’ENVIRONNEMENT (STE) DE WALLISET-FUTUNA • Sur quels principaux projets le STE travaille-t-il actuellement ? - Des opérations de restauration des écosystèmes littoraux sont menées dans le cadre de notre Stratégie Biodiversité, avec des appuis techniques et financiers nationaux et européens 1. Par ailleurs, nous souhaitons programmer l’amélioration énergétique des bâtiments administratifs et avons pour cela initié des audits. Côté eau, la réhabilitation des assainissements non collectifs a été lancée pour améliorer la qualité de la ressource. Le STE a aussi l’ambition de développer une filière locale de traitement des déchets métalliques. Enfin, nous réalisons des ateliers de sensibilisation et démarrons cette année un projet d’aire marine éducative avec une école.
• Dans l’archipel, quels sont les enjeux spécifiques de la gestion environnementale ? - Compte tenu de nos contraintes, notamment notre situation insulaire tropicale, l’enjeu est de mettre en réseau les acteurs clés et les structures innovantes pour tendre vers un développement vertueux et intégré. L’objectif est de disposer de filières économiques adaptées à des ressources locales limitées et d’assurer la résilience du territoire face au déclin démographique et au changement climatique.
• Quelle relation la population de Wallis-et-Futuna entretient-elle avec l’environnement ? - Du fait des mutations sociologiques liées à la mondialisation, il existe des conflits intergénérationnels en matière de perception de l’intérêt des écosystèmes naturels. Au cours de leur vie, les vieux sages ont appréhendé concrètement les enjeux liés à la nature, aux ressources, puisqu’ils en dépendaient directement. Aujourd’hui, le développement économique incite à la production intensive et génère des impacts négatifs sur le milieu. Le STE renoue avec notre organisation coutumière qui permet de meilleurs contacts avec la population, dans le respect de cette hiérarchie d’antan. Chaque projet est travaillé en coconstruction, ce qui est fructueux pour l’environnement comme pour l’Humain !
Ci-dessus : plantation de palétuviers à Kanahe pour restaurer la mangrove. | 1 BEST 2.0, Office français de la biodiversité, Ifrecor.
45
OUTRE-MER
grandeur Nature
Fédérer l’outre-mer, favoriser les échanges, mettre en lumière les acteurs de terrain, les initiatives pour la protection de la nature et le développement durable
MARS | AVRIL 2022
E-MER OUTR deur Nature gran
L’E-MAG ULTRAMARIN
OcéIndia
DE L’ENVIRONNEMENT
n°9
arz,
PDg De Météo-France
ÉDITO | Virginie Schw e terr e rVe DeS îleS De Petit GUADELOUPE | la réSe aVec c razy bee Prot éger leS abei lleS | ION RÉUN LA DE ÎLE
SOMMAIRE
UNE
: REN POLYNÉSIE FRANÇAISE
2 3 5 8 9
édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Martin Saint-Barthélemy
CONTRE AVEC L’ARTIST
10 14 17 19 24
Guadeloupe Martinique Guyane Île de La Réunion Mayotte
E TITOUAN LAMAZOU
30 34 36 40 41
TAAF Nouvelle-Calédonie Polynésie française Wallis-et-Futuna Clipperton
L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT SUPPORT D’INFORMATION BIMESTRIEL GRATUIT ADRESSÉ AUX : décideurs publics acteurs ultramarins de l’environnement académies d’outre-mer internautes via de nombreux sites web et réseaux sociaux
Page Facebook « Outre-mer grandeur Nature » Un support proposé par OcéIndia aux Éditions Insulae 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion Stéphanie Castre, directrice de publication | oceindia@icloud.com Rédaction : Stéphanie Castre, Lucie Labbouz, Romy Loublier, Sandrine Chopot, Alain Brondeau, Camille Caumette, Sylvie Allen-Mahé, Caroline Marie, Steven Le Bars Conception graphique : Océindia