c D O S S I E R – E X P OS TGV PARIS Aurélien Montinari
Adagp, Paris 2021 – Julien KNAUB/Musée de Montmartre
ormand de naissance, on connaît l’artiste Raoul Dufy pour ses aquarelles colorées, tout en « abréviations graphiques », comme le disait avec justesse le critique d’art Pierre Cabanne, figurant très souvent des scènes portuaires, au Havre, mais aussi à Deauville, Nice ou Marseille. Le peintre au style bien personnel et qui emprunte aussi bien à l’impressionnisme (pour sa notation rapide, sa douceur, ses couleurs explosives et ses sujets en plein air), qu’au fauvisme (pour son dessin simplifié et ses couleurs posées par taches ou aplats), a cependant vécu et travaillé la majeure partie de sa vie à Paris, très exactement au 12 de la rue Cortot, là-même où se situe aujourd’hui le Musée qui lui rend hommage…
N
Fasciné par le panorama qui lui est offert du haut de la Butte, Raoul Dufy n’aura de cesse de croquer la Capitale, s’inspirant de son esthétique, mais aussi de son énergie.
UNE EXPLOSION DE COULEURS
Le Paris de Raoul Dufy C’est au sommet de la fameuse butte que se cache, dans une discrète ruelle, le Musée de Montmartre Jardins Renoir, dans une bâtisse du xviie siècle, la Maison du Bel Air, entourée de jardins et de vignes, et qui abrite, jusqu’au 2 janvier prochain, des œuvres méconnues du peintre Raoul Dufy.
L’atelier de l’impasse Guelma, 1935-1952
28
c D OS SI E R — Expos TGV
Genèse d’un peintre Comme souvent, l’œuvre est indissociable de la biographie. Raoul Dufy a 22 ans lorsqu’il quitte le Havre pour Paris, il s’inscrit à l’École nationale des Beaux-Arts et loge dans plusieurs ateliers avant de s’établir à Montmartre. Le jeune peintre s’exerce, crée et commence à établir son réseau dans le monde parisien de l’art. Le début de l’exposition Le Paris de Dufy donne ainsi à voir une œuvre-clé, inspirée par l’un de ses premiers ateliers, celui de l’impasse Guelma. Repeint d’un bleu vif, qui pour Raoul Dufy, « est la seule couleur, qui à tous ses degrés, conserve sa propre individualité », cet atelier symbolise toute la poétique à l’œuvre chez le peintre. On trouve ainsi dans cette sorte d’autoportrait, et malgré un lieu clos comme sujet, toutes les lignes de force du style de Raoul Dufy, ses couleurs vives, ses motifs floraux, l’énergie du trait, mais aussi l’ouverture vers un extérieur au travers d’une fenêtre ouverte. On comprend alors que si Raoul a pu devenir Dufy, il le doit à Paris. №43 — Décembre 2021 — Splendeurs