a C ULT U RE — 2 5 e A N N IV ERSAIRE Jean-Luc Fournier
Marc Zwierkowski
GALERIE RITSCH-FISCH DEPUIS VINGT-CINQ ANS, À LA RECHERCHE DE LA PIÈCE EMBLÉMATIQUE, CELLE QUI COMPTE… Soixante et onze ans et une passion intacte, telle qu’au premier jour. Rencontre avec Jean-Pierre Ritsch-Fisch dont la galerie fête son quart de siècle et qui compte aujourd’hui parmi les toutes premières galeries mondiales spécialisées dans l’art brut : un itinéraire rare et pavé de passion…
On imagine que, comme un peu tout le monde qui se retourne sur le chemin parcouru, vous vous dites aujourd’hui que ce quart de siècle est passé vite, au fond… C’est exactement ça, en effet. Il y a vingt-cinq ans, quand tout a débuté, j’étais à des années-lumière de m’imaginer arriver là où j’en suis maintenant. Et je ne parle pas seulement de la galerie en ellemême, je pense surtout à là où en est mon œil pour découvrir les artistes. Je pense que ça vient du fait que j’ai toujours été un peu obtus et un peu têtu dans ma tête dès que j’ai commencé ma collection de figuration narrative. Au moment où j’ai abordé l’art brut, cette première démarche m’a convaincu qu’il fallait absolument que je monte cette collection avec les pièces que moi, je trouvais intéressantes ou importantes pour tel ou tel artiste afin que je puisse assez vite bénéficier des échos de certains collectionneurs qui se diraient : « Tiens, il opère une sélection assez drastique ». Ça a été ma démarche initiale et elle ne m’a jamais quitté depuis. J’ai encore pu vérifier son bien-fondé lors de la foire Art Paris à laquelle j’ai participé à la mi-septembre dernier : on a fait un véritable tabac, on a réaménagé notre stand à quatre reprises lors des quatre jours. Il faut dire que je n’avais pas hésité à réaliser un premier accrochage très dense, juste façon de pouvoir montrer à ceux qui ne me connaissaient pas que j’occupais une place assez importante dans l’univers de l’art brut, depuis tout ce temps. Tous les collectionneurs importants qui étaient les clients de la galerie ces dernières années sont bien sûr venus, j’y ai même retrouvé des clients qui avaient pris leurs distances aussi ce qui est un comportement tout à fait normal… L’art brut a longtemps été étiqueté comme un secteur de l’art assez étroit, susceptible de n’intéresser que quelques collectionneurs bien ciblés. Les choses ont changé ? D’autres regards se sont posés sur ces œuvres presque inclassables ? C’est vrai, oui, les choses ont changé. Beaucoup de collectionneurs d’art contemporain ont fini par s’intéresser fortement à l’art brut, bien conscients que nombre d’artistes qu’ils plébiscitaient s’en étaient, à l’évidence, inspirés depuis longtemps. Partis à la recherche des ori-
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№43 — Décembre 2021 — Splendeurs