INTRODUCTION « Children are meant to grow up, and not to become Peter Pans. Not to lose innocence and wonder ; but to proceed on the appointed journey that journey upon wich it is certainly not better to travel hopefully than to arrive, thought we must travel hopefully if we are to arrive. But it is one of the lessons of fairystories (if we can speak of lessons of things that do not lecture) that on callow, lumpish and selfish youth peril, sorrow and the shadow of death can bestow dignity, and even sometimes wisdom... » 1
On pense bien souvent que la littérature de jeunesse voit le jour avec la publication des Histoires ou Contes du temps passé avec des moralités 2 de Charles Perrault en 1697. Bien que les enfants aient effectivement choisi d’annexer cette littérature merveilleuse, les contes de fées sont, à l’origine, écrits pour des adultes et récités à des assemblées mixtes comportant à la fois des femmes, des hommes et des enfants de tous âges. La moralité de ces histoires ne semble pas convenir aux enfants d’un premier abord : elles sont sombres et violentes. Néanmoins, le héros de ces contes propose une interrogation sur le rapport de l’enfance au monde qui charme les plus jeunes. Même si Fénelon en est l’un des précurseurs avec Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse 3 en 1699 à destination du duc de Bourgogne, la littérature enfantine semble naître réellement aux alentours de 1750 avec les pensées du philosophe anglais John Locke sur l’éducation, vite suivies par celles de JeanJacques Rousseau concernant le statut autonome de l’enfant. « Désormais, l’enfant n’est plus un être inférieur, irrationnel, dégradé et souillé dès avant sa naissance qu’il s’agit de racheter par une éducation austère basée sur la formation du jugement. » 4 Même si Rousseau exclut la lecture de l’éducation jusqu’à l’âge tardif de douze ans, les auteurs commencent à produire de nombreux ouvrages pédagogiques axés sur le merveilleux, afin de délivrer un enseignement moral et didactique. Après la courte mode des contes de fées, ces dernières sont évincées et sévèrement condamnées au profit d’une présence divine et naturelle surveillant les héros enfantins. Les écrivains de ce type de littérature cherchent à corriger les enfants de leurs mauvais penchants par une morale détournée de la fiction. Ces œuvres utilitaires sont souvent manichéennes, dépourvues d’humour et dénuées de trames narratives. La méfiance envers l’imagination se perpétue jusqu’au siècle du Romantisme. Les initiateurs de ce courant littéraire s’intéressent à la jeunesse et remettent à l’honneur la fiction merveilleuse en tirant de l’ombre les contes appréciés par le public d’autrefois, tels que ceux de Perrault.
1 TOLKIEN, J. R. R., Trea and leaf, dans OTTERVAERE-VAN PRAAG, Ganna, La littérature pour la jeunesse en Europe occidentale (1750-1925), Histoire sociale et courants d’idées, Angleterre, France, Pays-Bas, Allemagne, Italie, Berne, Francfort-sur-Main, New York, Paris, éd. Peter Lang, 1987, p. 112.
2 PERRAULT, Charles, Histoires ou Contes du temps passé. Avec des moralitez, Paris, éd. Claude Barbin, in-12, 1697, 229 p., cf. annexes 1.
3 FÉNELON, François de, Suite du Quatrième livre de l’Odyssée d’Homere, ou les Avantures de Telemaque, fils d’Ulysse, Paris, éd. vve. Claude Barbin, in-12, 1699, 208 p. 4
OTTERVAERE-VAN PRAAG, Ganna, La littérature pour la jeunesse en Europe occidentale, op. cit., p. 71.
BERCEGEAY Marie-Sophie | Diplôme national de master | Mémoire de M1 | juin 2015 Droits d’auteur réservés.
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