Le conte
Dans cette partie, nous essayerons de catégoriser les auteurs des contes littéraires, à la fois en fonction de leur type et de leur époque approximative. Ce classement, ainsi que les auteurs et œuvres présents n’est pas exhaustif, et est bien loin d’être complet. Ne seront citées et évoquées en effet que les figures majeures de conteurs et conteuses, ayant marqué leur genre correspondant.
Conteurs et conteuses La mode des contes de fées Les contes de fées voient le jour dans les salons littéraires et précieux. Les contes oraux deviennent des récits littéraires « nourri des mœurs, pratiques et valeurs de leurs temps » 34, celui des premières conteuses au temps de Louis XIV et de la Querelle des Anciens et des Modernes. Créés et élaborés dans les salons, l’art de la conversation et de la bienséance y sont particulièrement importants, car ils correspondent aux codes mondains. D’ailleurs, « plus les contes sont soumis aux règles de la conversation, plus ils sont ornementés et acceptés dans le discours dominant » 35. Ces récits permettent d’inculquer les bonnes croyances et les bons comportements aux jeunes mondains. Cette mode est néanmoins très inattendue, d’autant plus qu’elle est principalement portée par des femmes, qui profitent de leurs écrits pour revendiquer et dénoncer les abus liés à leur condition féminine. « Ce qu’on a l’habitude d’appeler la première mode des contes de fées fut un des rares mouvements littéraires à avoir été initié et dominé par des femmes. Sept conteuses (Marie-Catherine d’Aulnoy, Louise d’Auneuil, Catherine Bernard, Catherine Bédacier Durand, Charlotte-Rose de la Force, MarieJeanne Lhéritier de Villandon et Henriette Julie de Murat) ont écrit près des trois quarts des contes publiés pendant la période allant de 1690 à 1715. Même s’il est vrai que le nombre de textes publiés par les femmes – écrivains monte de façon remarquable pendant les années 1690 (un tiers de tous les romans publiés entre 1687 et 1699 sont attribués à des femmes, par exemple), ce phénomène n’explique pas à lui seul l’activité parfois prolifique des conteuses. Pour ce faire, il faut tenir compte à la fois du contexte de cette fin de siècle et du statut du genre lui-même. » 36 Le conte, en effet, est très peu considéré par l’élite littéraire, et sera mis en exergue par le biais de la Querelle des Anciens et des Modernes. Marie-Catherine d’Aulnoy (1651-1705) est la première conteuse. Bien qu’elle ait mené une vie sulfureuse, accusant son mari de crimes non commis afin de s’en débarrasser, puis espionne à Londres au service de Louis XIV, son salon, ouvert en 1685, compte de nombreuses personnalités. C’est elle qui publie le premier conte de la période : L’île de la Félicité, dans Histoire d’Hypolite, comte de Duglas 37. Par la suite, elle publie chez Barbin les Contes Nouveaux, ou les Fées
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VELAY-VALLANTIN, CATHERINE, L’histoire des contes, op. cit., p. 30. Idem, p. 33.
PERROT, Jean, Tricentenaire Charles Perrault. Les grands contes du XVII e siècle et leur fortune littéraire, Paris, éd. Press Edition, coll. Lectures d’enfants, 1998, p. 192. 36
37 AULNOY, Marie-Catherine Le Jumel de Barnevillle d’, Histoire d’Hypolite, comte de Duglas, Paris, éd. Loüis Sylvestre, in-12, 1690.
BERCEGEAY Marie-Sophie | Diplôme national de master | Mémoire de M1 | juin 2015 Droits d’auteur réservés.
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