Contes de ma mère l’Oye
personnages de Perrault pour constater que sa Belle au bois dormant, sa Cendrillon, son Petit Chaperon Rouge, son Petit Poucet et son Chat Botté appartiennent à cette vivante galerie des personnages de tous les temps et de tous les pays, aux côtés de Don Quichotte, Don Juan, Hamlet ou Faust » 405.
Brève description des contes Les contes vont ici être présentés dans l’ordre du recueil. Nous y inclurons au début de cette présentation les contes en vers. Bien qu’ils ne fassent pas partie du corpus de la première édition publiée et du manuscrit original de 1695, ces récits sont aujourd’hui considérés comme une partie intégrante du recueil, et ceci depuis 1881, où l’ensemble des contes a été regroupé. La marquise de Salusse ou la patience de Griselidis 406 est adressée à la nièce de Louis XIV, dans le but de l’instruire des vices de la cour. Charles souhaite lui enseigner la patience et l’humilité par le biais de son héroïne, qu’il donne comme modèle. Cette histoire est considérée par l’auteur comme une nouvelle, « c’est-àdire, comme lui-même l’explique dans la préface des contes en vers, « un récit de choses qui peuvent être arrivées et qui n’ont rien qui blesse absolument la vraisemblance. » » 407. Selon la classification d’Antti Aarne et Stith Thompson, il porte le numéro huit cent quatre-vingt-sept, et est classé dans la catégorie des preuves de fidélité et d’innocence. Dans une province italienne, un prince possédant toutes les qualités requises pour gouverner (habileté guerrière, amour des arts et bonté envers son peuple) refuse le mariage car il a peur et il hait la gent féminine. Ses conseillers le pressant d’avoir un héritier, il accepte l’hymen, à condition que sa future femme n’ait ni orgueil, ni vanité, qu’elle soit patiente et obéissante. Il découvre cette perle rare au détour d’une chasse. Il s’agit d’une jeune bergère qu’il s’empresse d’épouser. Après qu’elle ait enfanté d’une petite fille, le prince désire la mettre à l’épreuve. Il cache l’enfant dans un couvent, la fait passer pour morte et enferme la mère dans sa chambre, la privant de compagnie et de ses parures. Au bout d’une quinzaine d’années, la jeune héritière tombe amoureuse d’un chevalier vu à travers la grille du monastère. Le prince, désirant montrer les qualités de sa femme à tous imagine un stratagème alambiqué. Il répudie son épouse et fait mine de vouloir épouser sa fille. Griselidis, obéissante et ignorant la réelle identité de la promise prie le prince d’être moins dur avec cette dernière. Face à cette preuve de bonté, il rend publiquement hommage à sa femme et offre la main de sa fille au jeune seigneur amoureux. La nouvelle évoque le faste de la cour. C’est un miroir de la société aristocratique. Perrault propose ici une réflexion sur le pouvoir : le peuple se réjouit des caprices et de la cruauté du prince envers sa femme. Ce dernier se livre à un discours satirique contre les femmes, blâmant les dévotes et les coquettes comme les précieuses et les joueuses. Néanmoins, la description vertueuse de Griselidis transforme le conte en une véritable apologie du “sexe faible”. Les Souhaits ridicules 408 font partie des contes religieux et de la classe sept cent cinquante A : Dieux récompense et punit. La matière de cette histoire est une
405
BARCHILON, Jacques, Le conte merveilleux français, op. cit., p. 27.
407
DEULIN, Charles, Les contes de ma mère l’Oye avant Perrault, op. cit., p. 52.
406
PERRAULT, Charles, Griselidis. Nouvelle, Paris, éd. vve J.-B. Coignard et J.-B. Coignard, in-12, 1694.
PERRAULT, Charles, Griselidis, nouvelle avec le conte de Peau d’asne, et celuy des Souhaits ridicules, 2° éd., Paris, éd. vve. J.-B. Coignard et J.-B. Coignard, in-12, 1694. 408
BERCEGEAY Marie-Sophie | Diplôme national de master | Mémoire de M1 | juin 2015 Droits d’auteur réservés.
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