« L’enjeu est d’amplifier la recherche »
La recherche contre le cancer est un combat de tous les jours. Chaque jour, on apprend à mieux comprendre les mécanismes qui entourent ces maladies, et à apporter des soins spécifiques à chaque patient.
La recherche contre le cancer a connu des avancées importantes ces dernières années. Pour soigner les tumeurs, on parle aujourd’hui de thérapies personnalisées via lesquelles on cherche à comprendre les voies qui sont déréglées chez les patients, et à trouver des traitements qui visent ces voies précises. En d’autres termes, on essaye d’éviter d’avoir recours à des chimiothérapies qui “tuent” toutes les cellules qui se divisent dans un organe et qui ne font pas la différence entre les bonnes et les mauvaises cellules.
Les exemples sont d’ailleurs nombreux. Par exemple, dans le cancer du sein, il existe des médicaments qui ciblent les oestrogènes pour les cancers du sein exprimant les récepteurs aux oestrogènes. Pour d’autres cancers du sein, surexprimant le gène HER2, des anticorps spécifiques contre cette protéine sont très efficaces dans ce type de cancer. Pour le cancer du poumon, on s’est également rendu compte qu’il y avait beaucoup de patients qui développaient des mutations génétiques qu’on pouvait bloquer via certains médicaments et traitements.
Ce qui représente l’avenir sont ces traitements où on cherche à trouver ce qui a provoqué le cancer. Il n’existe pas encore de traitement spécifique pour chaque type de cancer, mais c’est la direction que l’on prend pour les années à venir. Les
4 Ça bouchonne chez les médecins
6 Continuité des soins
12 Interview • Dominique Demonté
14 Smartlist • L’écosystème des biotechs belges
16 Pourrons-nous venir à bout des maladies de notre époque ?
enjeux sont nombreux et l’industrie pharmaceutique suit cette grande voie pour accélérer le mouvement. Des efforts considérables ont été produits.
Mais ce n’est pas tout. L’autre grande révolution de ces dernières années, c’est l’immunothérapie. Une avancée tellement importante que les chercheurs qui ont contribué à sa création ont reçu un Prix Nobel en 2018. Aujourd’hui, cette technique permet de guérir un certain nombre de patients qui auraient été considérés comme non guérissables il y a encore quelques années. Là aussi, seule une petite partie des cancers sont concernés et l’enjeu est d’amplifier la recherche et de trouver des solutions pour stimuler la réponse à l’immunothérapie et élargir le spectre des cancers pouvant bénéficier de ces traitements. Pour cela, il y a encore deux grandes questions qu’on se pose tous les jours : pourquoi certains patients répondent bien au traitement et d’autres pas, et pourquoi certaines thérapies fonctionnent et pas d’autres.
Enfin, toutes ces recherches permettent de développer un volet essentiel : la prévention. Il y a une science plus fondamentale qui vise à comprendre pourquoi les cancers se développent et il y a déjà eu des avancées très intéressantes dans ce sens. Aujourd’hui, cette meilleure compréhension des mécanismes de la cancérisation permet de détecter très tôt les cancers chez les patients à haut risque de développer des cancers comme pour les cancers du sein ou du colon héréditaires.
20 La véritable force biotech de la Wallonie
22 Caroline Ven : Les défis de la ‘‘Pharma Valley’’
Country manager
Christian Nikuna Pemba
Content directors
Annick Joossen
Bryony Ulyett
Texte
Pierre Lagneaux
Bastien Craninx
Photo en couverture
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Il n’existe pas encore de traitement spécifique pour chaque type de cancer, mais c’est la direction que l’on prend pour les années à venir.
Situé au sein du BioPark de Charleroi, l’Institut de Pathologie et de Génétique (IPG) a vu le jour pour répondre aux besoins du secteur hospitalier. JeanFrançois Ghidetti, Directeur général, explique : « Depuis sa création en 1958, l’objectif de notre institut médical intégré est d’être au service des patients en répondant aux défis actuels, mais aussi aux challenges futurs d’une médecine personnalisée visant le meilleur diagnostic, le meilleur support pour les médecins référents et le confort du patient. »
« L’IPG est composé de 3 secteurs de haute expertise au service de la santé » explique le Dr Jérémie Gras, Directeur médical :
Le Centre de Génétique, un des deux centres agréés pour la génétique humaine implantés en Région wallonne sur les huit en Belgique, propose aux patients une prise en charge multidisciplinaire et des consultations dans plusieurs domaines de la génétique. Il est en connexion étroite avec les deux autres départements de l’Institut, ce qui apporte valeur ajoutée et complémentarité pour certains diagnostics.
Le Département d’Anatomie Pathologique établit un diagnostic sur base de frottis, de matériel de ponction cytologique, de biopsies endoscopiques ou de prélèvements chirurgicaux. Son champ d’action couvre l’ensemble du corps humain et reprend des pathologies multiples et variées. Le diagnostic des médecins anatomopathologistes dans la prise en charge du patient, notamment en oncologie, est très important.
Le Département de Biologie Moléculaire & Cellulaire réalise des diagnostics cytogénétiques et/ou moléculaires de diverses pathologies humaines héréditaires ou acquises et maîtrise parfaitement les techniques de séquençage, offrant une grande valeur ajoutée aux diagnostics.
En outre, suite à la pandémie Covid, l’IPG a repris ses activités en microbiologie moléculaire. « Pendant la pandémie, en tant que centre reconnu de dépistage, nous avons assisté les hôpitaux. Nous continuons de réaliser le séquençage des variants dans le cadre de la plate-forme d’analyse génomique du SARS-CoV-2. Sciensano montre beaucoup d’intérêt pour transposer ce système à d’autres virus ou pathogènes. »
Au sein de l’IPG, 350 collaborateurs réalisent annuellement 350.000 analyses et diagnostics médicaux. Parmi eux, on compte 12 médecins généticiens, 20 médecins anatomopathologistes, 10 médecins spécialistes dont des biologiste cliniques et des oncologues, et plus de 30 experts scientifiques. Jean-François Ghidetti ajoute : « Pour mieux répondre aux demandes croissantes des hôpitaux et des médecins, nous avons élaboré un plan stratégique pluriannuel — Move Up — qui permettra d’aborder avec confiance et enthousiasme l’avenir, comme l’amélioration de notre offre de services aux hôpitaux, l’évolution technologique, le recrutement de talents, le maintien des compétences et la transformation digitale de l’IPG ».
À titre d’exemple, la génomique et la génétique humaine sont des domaines qui bouillonnent scientifiquement et technologiquement, sans oublier les progrès en pathologie digitale. L’IPG doit donc faire les bons choix en matière de recrutements et d’investissements afin de délivrer des diagnostics toujours plus précis dans les meilleurs délais.
Le Dr Jérémie Gras rappelle que l’IPG est aussi un institut de recherche agréé très actif : « Chaque année, nous menons une trentaine de projets de recherche. Nous devons rester à la pointe en développant des projets innovants, notamment de caractérisation de gènes peu connus impliqués dans des maladies rares. En collaboration avec l’Université d’Harvard, un travail de ce type est en cours. C’est la preuve qu’il est possible en Wallonie, depuis Charleroi, de collaborer avec des universités internationales prestigieuses. Nous participons à de nouveaux diagnostics qui permettent de nouveaux traitements. D’où l’importance de nos travaux de recherche qui alimentent des publications que nous diffusons dans de grandes revues scientifiques. »
Dans les développements futurs, il y a des projets sur le diagnostic plus compréhensif dans le domaine de l’oncologie et de l’hématologie. Plutôt que de séquencer certains gènes, la technologie nous permet
un séquençage plus large et simultané de panels génétiques, permettant de déterminer le meilleur traitement pour chaque patient et donc de meilleures chances de succès thérapeutique. Un autre axe est le développement de l’expertise dans les domaines tels que le Whole Genome Sequencing, le RNA-seq ou l’utilisation de séquenceurs de troisième génération, ceci dans un cadre éthique irréprochable.
Précurseur dans ses domaines d’activités, le « business model » de l’IPG, ASBL indépendante en total autofinancement, est unique et exclusivement dédié à sa mission de santé. Les profits dégagés sont entièrement réinvestis dans la recherche, le recrutement et la formation des collaborateurs, dans l’acquisition de technologies dernier cri et dans l’extension des infrastructures informatiques et des bâtiments. Jean-François Ghidetti souligne que : « L’IPG c’est 65 ans d’expertise de très haut niveau au service des hôpitaux avec, aujourd’hui, un chiffre d’affaires de 45 000 000 €. C’est aussi 9000 m² de bâtiments où, chaque année, 350 collaborateurs effectuent plus de 360 000 analyses pour environ 200 000 patients, et dont le Centre de génétique réalise plus de 15 000 consultations. À l’IPG, nous travaillons pour l’Humain avec l’Humain ! ».
L’Institut de Pathologie et de Génétique, au cœur de la Wallonie.©Thomas Blariau ©Thomas Blariau Jean-Francois Ghidetti Directeur Général Jeremie Gras Directeur Médical
Ça bouchonne chez les médecins
Prendre rendez-vous chez le médecin est souvent fastidieux. Les patients s’impatientent et les médecins sont sous pression, mais existe-t-il des solutions ? Pas si sûr…
Notre secteur médical est engorgé. Il est souvent difficile de prendre un rendez-vous chez le médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste. Un constat qui vaut aussi bien en milieu hospitalier que dans les cabinets de proximité.
Dr Margaux Dutat, médecin généraliste à Tubize, le constate : « Il y a clairement un embouteillage, et nous ne sommes pas trop rassurés par la tendance actuelle. Il y a beaucoup de demandes et les patients sont de plus en plus exigeants. Cela nous rajoute de la pression, même si depuis la Covid, nous parvenons plus facilement à traiter certains cas à distance. » Et quand les médecins de proximité sont sous pression, c’est vers le milieu hospitalier que les patients se tournent. « Nous remarquons que notre pratique est saturée par moment, poursuit Docteur Dutat. Dans notre cabinet, les patients se tournent vers les services d’urgences s’ils n’obtiennent pas le rendez-vous qu’ils souhaitent. Les “patients” deviennent des “impatients”. Nous respectons leurs plaintes, mais en retour nous voulons qu’ils comprennent que si nous ne pouvons pas les prendre, c’est parce que nous sommes occupés avec quelqu’un d’autre. Nous ne sommes pas en train de faire la sieste ou du shopping. Nous soignons des gens. »
Se tourner vers les urgences est un phénomène nouveau pour Mme Dutat. Pour elle, ce service n’est plus utilisé à sa juste valeur. Un point de vue que le docteur Gilles Watteuw, chef du service des urgences du CHR Haute-Senne à Soignies, partage volontiers : « Je me refuse à parler de
shopping médical, mais au fil des années, les urgences sont devenues un produit de consommation et leur appellation a perdu tout son sens. Souvent, on n’y vient plus pour une véritable urgence, mais pour être examiné le plus rapidement possible par un médecin. Certains patients se présentent même avec leurs propres exigences ! »
Alors, existe-t-il des solutions pour désengorger le secteur et ainsi améliorer
la santé de la population ? Pour les deux praticiens, la réponse semble être non, même s’ils reconnaissent que des pistes existent, comme l’indique le docteur Watteuw : « En France, ils ont trouvé une solution qui, selon moi, a l’air viable. Il s’agit d’une structure intermédiaire. Un Centre Médical de Soins s’occupe de ce qu’on appelle entre guillemets la petite bobologie, de type entorse, plaie, coupure… Ces petites structures possèdent de petites salles
adéquates qui se situent entre la médecine d’urgences et la médecine générale. Elles prennent en charge les pathologies qui ont tendance à encombrer les services d’urgences. » Seul problème : l’urgentiste doit bien constater que ces structures intermédiaires sont, elles aussi, débordées de travail.
Par ailleurs, les docteurs Dutat et Watteuw font remarquer que l’informatisation des dossiers doit encore être améliorée.
« L’informatisation facilite les choses quand tout fonctionne, indique Docteur Dutat. Cependant, si le logiciel plante, on n’a plus la possibilité de se tourner vers un dossier papier. Par ailleurs, c’est une perte de temps lors des visites à domicile, car nous devons tout retranscrire par la suite. » Le docteur Watteuw ajoute : « En termes de recherche d’informations, le Réseau Santé Wallon fonctionne très bien quand le dossier est bien complété. Nous y retrouvons les antécédents, le dernier traitement… » Les deux médecins se rejoignent également sur l’importance d’éduquer les patients pour éviter l’engorgement du secteur.
« De véritables solutions, il n’y en a pas », conclut avec fatalité le docteur Watteuw. Il faut que tous les médecins participent à une éducation de la population, ce qui, malheureusement, est plus ou moins bien accepté par les patients. »
Nous ne sommes pas en train de faire la sieste ou du shopping. Nous soignons des gens.
— DOCTEUR MARGAUX DUTAT
Les urgences sont devenues un produit de consommation et leur appellation a perdu tout son sens.
— DOCTEUR GILLES WATTEUW
Paiement à la prestation ou non ?
Exonération de la TVA ou non ? New Deal, oui ou non ? Et quid de la réglementation relative aux applications de santé en ligne ?
Ceux qui affirment qu’un syndicat de médecins n’est pas nécessaire aujourd’hui ne croient pas en leur propre avenir. De nombreux défis s’accumulent. C’est à chaque partie concernée de décider si et comment relever ces défis. À l’ABSyM, nous avons déjà posé certaines conditions. Vous pouvez les consulter en toute clarté sur notre nouveau site Internet.
Il faut que le respect guide notre action syndicale. « Je constate que nous devons de plus en plus prendre la défense de la profession », déclare Johan Blanckaert, président de l’ABSyM. « Il suffit de penser à la vaccination lors de la crise du coronavirus, par exemple. Mais d’autres enjeux similaires nous donnent aussi l’occasion de défendre l’activité des médecins généralistes et spécialistes. Par exemple, nous nous engageons fermement à affiner et à améliorer le New Deal pour les médecins généralistes. »
« Dans le débat social, les gens sont plutôt prompts à pointer les médecins du doigt », poursuit le président. « Nous exerçons notre métier par vocation, mais il ne faut pas exagérer non plus. Des figures publiques dénoncent les médecins qui se déconventionnent ou qui ont une pratique extra-muros. En même temps, les hôpitaux demandent aux médecins de les aider financièrement parce que le secteur va mal et que certains hôpitaux risquent de passer dans le rouge. Nous le faisons, bien sûr, mais il y a peu de transparence. Où va le produit de nos honoraires ? La demande de l’hôpital pour plus de ressources est-elle justifiée ?
Assistance (juridique)
L’ABSyM s’engage pour les médecins généralistes, les médecins spécialistes et les médecins en formation. La façon de procéder de l’organisation est à chaque fois le fruit d’une démarche ascendante. « Nous partons de la base. Un membre est confronté à un problème ? Une assistance
(juridique) solide est alors fournie. « Il peut également s’agir de questions très banales », explique M. Blanckaert, « car il y a de fortes chances qu’un autre médecin soit tôt ou tard confronté à la même situation. »
Les modalités de soutien du syndicat sont très vastes. « Il nous incombe de défendre les intérêts des médecins. Et nous ne ménageons pas nos peines pour le faire ». Les non-membres profitent aussi indirectement de notre action. Mais, souligne le président, « les membres bénéficient d’avantages particuliers. Un plus grand nombre de membres donne plus de poids à l’organisation. C’est essentiel pour pouvoir peser sur la sphère politique ».
L’organisation campe sur ses positions quand c’est nécessaire et va de l’avant pour permettre des ajustements et des améliorations quand c’est possible. « Nous sommes favorables au progrès au sein de notre profession. La révolution des applications de soins de santé en ligne, comme les dispositifs portables, est passionnante. »
Un nouveau site web !
Les positions de l’organisation sont on ne peut plus claires. Elles ont récemment été explicitées en détail sur le nouveau site web. Vous pouvez également y consulter les réalisations de l’ABSyM. Pour rappel, lors des discussions concernant la protection du secret médical et l’élaboration du nouveau statut des MSF, l’ABSyM était présente à la table des négociations. Le syndicat des médecins a également été étroitement impliqué dans le maintien du paiement à la prestation et de l’exonération de la TVA.
« Nous invitons tout le monde à jeter un coup d’œil à notre tout nouveau site web ( absym-bvas.be/fr ). Il donne un aperçu clair de nos engagements et met en évidence les grands défis à venir. Les autres parties prenantes sont également invitées à prendre connaissance de nos positions ». En un clic devenez membre de l’ABSyM !
Les élections syndicales approchent. En tant que plus grand syndicat de médecins du pays, l’ABSyM invite tous les médecins généralistes et spécialistes à voter. Il est d’ailleurs possible de voter sans être membre.
« La santé n’est pas une idéologie. Ce n’est pas non plus une économie. Les gens confondent parfois les deux. C’est surtout le cas des politiciens qui ont des visées à court terme. En tant que syndicat, il est essentiel que nous défendions la santé et le bien-être. Nous devons continuer à enfoncer le clou pour éviter que le gouvernement, aveuglé par une posture idéologique, ne prenne des décisions importantes susceptibles de gravement impacter notre système de santé. »
Vous pourrez voter pour les élections syndicales entre le 6 et le 26 juin.
Nombreux enjeux pour les médecins, mais surtout pour l’ensemble du secteur de la santé
« J’invite tous les médecins généralistes et spécialistes à voter en juin »
— Dr. Johan Blanckaert
Dr. Johan Blanckaert président de l’ABSyM
L’équivalence de diplôme Une des idées pour solutionner la pénurie d’infirmiers en Belgique serait de recruter dans d’autres pays. La Turquie et la France (3 ans d’études) regorgent de talents en soins infirmiers. Cependant, l’équivalence des diplômes pose problème. Il serait donc intéressant de dispenser aux candidats les heures de formations qu’ils n’ont pas eues en Belgique. Une mesure qui n’a malheureusement pas encore vu le jour.
Bien que la pandémie soit derrière nous, le secteur infirmier peine encore à s’en remettre. De nouvelles mesures de fond doivent voir le jour, et ce dès la formation des nouveaux infirmiers.
La guerre des talents
Comme dans tous secteurs en pénurie, la guerre des talents fait rage. Les institutions ont bien compris qu’elles devaient rivaliser d’ingéniosité pour attirer les jeunes. Et parfois, cela peut même déraper et occasionner une perte d’éthique. Selon les experts, il n’est ainsi pas rare de constater des débauchages de personnes déjà en fonction dans d’autres institutions.
S’il y a bien un secteur qui a subi de plein fouet la pandémie de Covid-19, c’est le secteur infirmier. Les infirmiers et infirmières ont encore du mal à s’en remettre. La pression sur le métier est toujours bel et bien présente. « Après deux années de crise, il y a une véritable fuite généralisée de la profession », explique Adrien Dufour, directeur général de la Clinique Saint-Luc à Bouge. « Le marché de l’emploi ne parvient pas à compenser les pertes, car l’offre est bien inférieure à la demande ». Candice De Windt, l’ambassadrice des soins de santé, annonçait ainsi fin 2022 qu’il manquait pas moins de 25.000 à 30.000 infirmièr.e.s en Belgique.
La pression se fait sentir au sein des services hospitaliers, mais également dans les maisons de repos et les maisons
À la CNDG, l’essentiel C’est toi!
de soins. Même si tout est mis en place pour garder la tête hors de l’eau. « Nous faisons appel à des jobistes qui peuvent prester 600 h. de travail par an », poursuit Olivier Gendebien, président de l’Association Belge des Praticiens de l’Art Infirmier-acn-asbl. « Une mesure mise en place par le gouvernement qui nous permet également de fidéliser les jeunes et de leur donner une première expérience professionnelle ». De son côté, le personnel soignant peut également bénéficier d’heures supplémentaires défiscalisées (jusqu’à 120 h. par an) ou encore d’un renfort de la part de pensionnés ou d’indépendants. « Nous essayons également de développer le binôme infirmier / aide soignant et le basculement des compétences ». Chaque décision doit être réfléchie et organisée. Les institutions doivent jongler entre la fermeture de lits et la fermeture de services. « Cela met également une pression importante sur les managers de proximité comme les chefs de service qui doivent poursuivre la continuité des soins à tout prix », ajoute Adrien Dufour.
Mais alors, comment sortir de ce marasme ? Selon les experts, ce n’est malheureusement pas en injectant de l’argent dans le secteur comme l’a fait le gouvernement après la crise sanitaire. « Injecter une enveloppe dans un marché vide ne sert à rien. Il faut viser l’attractivité et améliorer la visibilité ainsi que la reconnaissance professionnelle du secteur », insiste Adrien Dufour. « Et tout commence dès les études ! ». Il faudrait également améliorer l’équilibre vie professionnelle / vie privée des infirmiers, mettre plus en avant les compétences du métier, et rationaliser les services et le réseau hospitalier. « Et enfin, chercher à fidéliser les employés à tout prix ». Un vaste plan donc, qui exige qu’on s’y attèle dès aujourd’hui pour espérer voir les effets des premières mesures dans 4 ans minimum.
Rejoins nos équipes dès aujourd’hui !
PÉNURIE D’INFIRMIERS :
« L’offre est bien inférieure à la demande »
Par Bastien Craninx
Le marché de l’emploi ne parvient pas à compenser les pertes, car l’offre est bien inférieure à la demande.
— ADRIEN DUFOUR DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA CLINIQUE SAINT-LUC À BOUGE
A Tournai, le Centre Hospitalier de Wallonie picarde finalise son ambitieux projet de regroupement des activités cliniques sur un seul site, au cœur de la ville. Ancré dans son environnement, il peut se targuer d’infrastructures flambant neuves, bien pensées et modernes qui favorisent le développement des compétences médicales, de l’offre de soins, des technologies de pointe, de la digitalisation et des partenariats académiques. Cette dynamique positive s’appuie sur le premier pilier de l’hôpital : les ressources humaines. 2700 collaborateurs représentant une centaine de métiers différents mais complémentaires, tous au service de la santé et de l’humain
Qui dit hôpital en plein redéploiement dit nouveaux métiers. Une quinzaine de profils différents ont déjà fait leur apparition ces dernières années pour répondre aux besoins actuels. Et ce n’est pas terminé, comme le confirme Pauline Garnier, du service recrutement : « Nous développons de nouveaux profils de fonctions dans l’optique du Site Unique. Par exemple, un chef de production pour le restaurant, des bio-techniciens, un acheteur senior spécialisé en marchés publics, des employés spécialisés pour la logistique, des spécialistes en électronique médicale, des informaticiens spécialisés, notamment en cybersécurité, etc. »
Le Centre Hospitalier de Wallonie picarde sans
cesse à la recherche de nouveaux talents
L’hôpital évolue et, avec lui, les métiers qui s’y déploient. Le service des Ressources Humaines du CHwapi mise sur de nouveaux profils variés, créatifs, innovants, au service de la santé et de l’humain.
L’ADN de l’hôpital reste bien évidemment le soin aux patients. Dans les secteurs médicaux, infirmiers et paramédicaux les offres sont également multiples. Elles concernent entre autres les infirmiers spécialisés (gériatrie, psychiatrie, pédiatrie, bloc opératoire, dialyse)
Chez nous, il est permis d’oser Trouver les perles rares dans des secteurs en pénurie, un défi de chaque jour pour les recruteurs. « Nous sommes effectivement sur un marché tendu ! Les modes de recrutement évoluent », confirme Pauline Garnier. Pour répondre aux besoins de manière optimale, le service des ressources humaines du CHwapi intensifie ses relations avec les écoles, participe à des Jobs day, étoffe ses partenariats avec des organismes spécialisés, etc. « Nous adoptons une stratégie dynamique en lien avec la gestion des stages des soignants dans le but d’obtenir un vivier de recrutement »
Le CHwapi propose des opportunités de carrière à tous ceux qui souhaitent un travail de service, précis, varié, dénué de routine. Chez nous, le travail des collaborateurs est soutenu par des projets technologiques, par le partage d’un savoir scientifique, par une culture du travail en projets, de la créativité et de l’innovation. Chez nous, il est permis d’oser !
Nous construisons l’hôpital de demain, nous cherchons les talents aujourd’hui ! Au CHwapi, chacun a son rôle à jouer quelle que soit sa place sur l’échiquier.
Venez rejoindre nos équipes et adhérer à notre ambitieux projet, postulez dès maintenant pour l’une de nos nombreuses offres d’emploi sur le site emploi.chwapi.be
Suivez-nous sur www.chwapi.be
« Nous développons de nouveaux profils de fonctions dans l’optique du Site Unique. »Photos : Roger JobArchipelago
Le défi du recrutement dans les Life Sciences
Pour maintenir son statut dans les Life Sciences, la Belgique fait face à des défis comme la pénurie de talents et l’obsolescence des compétences. Le recours à une agence de consulting est souvent bienvenu.
S’il y a bien une chose pour laquelle la Belgique est connue dans le monde entier, c’est son écosystème vif et enrichissant dans le domaine des Life Sciences. Pourtant, malgré cette dynamique positive, le secteur se heurte à plusieurs défis en termes de recrutement. À commencer par la fidélisation des talents sur un marché des plus compétitifs et la pénurie persistante de candidats qualifiés. « La guerre des talents est réelle » poursuit Diane Liegey, Head of Real Life Sciences & Engineering Belgium chez Real Staffing. « D’un côté, il existe une demande forte des entreprises pour attirer les profils et se développer. Mais, de l’autre, le nombre d’étudiants sortant des filières techniques et scientifiques reste très faible », explique David Ponsaerts, Key Account Manager. L’obsolescence des compétences inhérente au secteur cristallise également les tensions. Dans un domaine en constante évolution, les
compétences demandées changent à très grande vitesse. « L’investissement dans des plans de formation devient donc tout autant important que celui réalisé dans le recrutement ». Enfin, le ciblage des candidats passifs est un autre point d’attention majeur. Une étude Linkedin récente a ainsi révélé que 70% des candidats potentiels sur le marché de l’emploi étaient des candidats passifs. « Tout le monde se dispute pour les avoir. L’objectif est de créer un pool avec ces candidats potentiels et de leur proposer l’offre qu’ils ne pourraient pas refuser ».
Face à de tels challenges, il est donc primordial pour les entreprises du secteur d’avoir une approche réfléchie. Une stratégie souvent confiée à des agences de recrutement et de consulting. Le recours à leurs conseils permet aux entreprises de se concentrer sur leur core business. Etant en permanence en contact avec le marché, elles offrent une expertise factuelle en répondant aux besoins et en proposant des alternatives plus réalistes à leurs clients. Elles limitent également les doutes sur les prises de risque à l’embauche. « Elles peuvent notamment prendre en charge les
payrolls avant qu’une entreprise n’engage réellement un candidat ». En plus d’identifier et d’évaluer leurs compétences, elles flexibilisent les critères de certains candidats. Enfin, elles assurent une sécurisation des données personnelles pour un environnement de travail plus inclusif et un raccourcissement des processus d’embauche.
En tant qu’acteur clé de l’industrie pharmaceutique, Catalent est une organisation mondiale de développement et de fabrication sous contrat (CDMO), et un leader permettant aux partenaires pharmaceutiques, biotechnologiques et de santé grand public d’optimiser le développement, le lancement et la production de produits, tout au long de leur cycle de vie, aux patients du monde entier. Notre campus Catalent à Gosselies est spécialisé dans le développement et la production de thérapies cellulaires et de plasmides, tant à l’échelle clinique que commerciale. Le site comprend 5 bâtiments avec des installations de pointe qui sont complétées par les meilleures technologies et l’expertise nécessaire pour aider nos clients à développer des thérapies qui changent souvent la vie pour traiter et potentiellement guérir les patients. Catalent est très heureux d’être situé à Gosselies, à proximité des grands axes routiers et de l’aéroport, ce qui est un atout important pour nos employés et pour l’entreprise.
La thérapie cellulaire et la production de plasmides étant des activités nouvelles et de niche, nous avons développé des partenariats solides avec les universités et les écoles supérieures de la région, à la fois pour promouvoir le secteur en général et pour attirer les scientifiques de demain, par le biais de programmes de stages par exemple. Nous nous attendons à un avenir très prometteur où nous aurons besoin de plus de capacités scientifiques, d’expertise et de personnel. Nous tenons à promouvoir le recrutement local dans la mesure du possible, tout en accueillant des employés du monde entier qui possèdent des compétences spécialisées. Nous nous efforçons d’accroître la diversité de nos équipes, que nous considérons comme une force et une dimension importante de la main-d’œuvre mondiale de Catalent, qui compte plus de 18.000 personnes.
Real Staffing est une agence de recrutement et de consulting spécialisée dans l’industrie des sciences de la vie. Nous proposons des opportunités d’emploi et nous recrutons des talents dans les domaines suivants : Pharma, Biotech, Dispositifs médicaux, Chimie. Avec plus de 13 ans d’expérience, l’accès à une vaste communauté de professionnels et un placement toutes les 45 minutes environ dans le monde entier - nous vous aidons à trouver les bons candidats ou à développer votre carrière.
Le secteur des sciences de la vie est en pleine croissance et, grâce à notre expertise, nous servons d’accélérateur de science et d’innovation à nos partenaires, en les aidant à mettre plus rapidement sur le marché des médicaments importants et, ce faisant, en contribuant activement à l’exceptionnel écosystème belge. C’est un élément clé que nous apprécions au BioPark, car l’une de ses missions est de faire connaître les entreprises qui y sont implantées, par le biais d’activités telles que les journées de l’emploi.
Je suis convaincu que le BioPark de Gosselies a un bel avenir devant lui et qu’il deviendra encore plus attractif pour devenir le lieu privilégié où les gens voudront travailler et où les entreprises scientifiques choisiront de s’implanter et de se développer.
Luca Russo General manager, Catalent GosseliesÀ propos de.
Les agences peuvent notamment prendre en charge les payrolls avant qu’une entreprise n’engage réellement un candidat.
— DIANE LIEGEY
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PROFILS MÉDICAUX PROFILS SOIGNANTS
Infirmier spécialisé en pédiatrie et néonatalogie
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Infirmier bachelier ou infirmier breveté pour le service de Médecine interne et de Gériatrie
AUTRES PROFILS
Biotechnicien
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Médecin spécialiste en néonatologie / pédiatrie
Médecin spécialiste en pédopsychiatre
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WALLONIE SANTÉ, CRÉATEUR D’UN FUTUR
MEILLEUR POUR LES SOINS DE SANTÉ EN WALLONIE
Unique fonds d’investissement public en Belgique dédié au secteur de la Santé et de l’Action sociale, WALLONIE SANTÉ intervient dans les projets d’infrastructures en soins de santé en Wallonie. Il est le premier investisseur du LégiaPark et soutient notamment le financement d’institutions dans le secteur des Aînés et du Handicap.
WALLONIE SANTÉ est née du besoin de soutenir le secteur de la Santé et de l’Action sociale (15,7% de l’emploi et 197.000 postes en Wallonie), qui génère 8.10% du PIB Wallon. « Un outil dédié était plus que nécessaire étant donné les défis colossaux de notre système de soins pour les années à venir », explique Philippe Buelen, CEO & Président du Comité de direction de WALLONIE SANTÉ. « Nous faisons office de catalyseur pour le financement des projets d’infrastructures et de transition énergétique ».
Bien que devenue primordiale dans le domaine de la santé depuis début 2019, WALLONIE SANTÉ n’en reste pas moins une start-up. Mais une start-up en constant développement. « Nous complétons continuellement notre offre de produits en fonction des besoins ». Et pour cause, dans son plan de croissance, elle a déjà réservé une place importante à des points phares et prometteurs tels que l’accompagnement des structures, le financement des infrastructures en lien avec les besoins d’infrastructures en matière de santé mentale et de soins ambulatoires de même que tout ce qui touche aux critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance).
« Nous nous positionnons comme créateurs d’un futur meilleur pour le secteur des soins en Wallonie ».
UNE STRATÉGIE SOLIDE ET RÉFLÉCHIE
Son succès, WALLONIE SANTE le doit sans aucun
doute à sa stratégie dessinée autour de différents axes majeurs. A commencer par le développement des infrastructures de soins modernes et durables aux côtés des porteurs de projets et de ses partenaires financiers. « Ce premier axe nous permettra d’améliorer l’accès et la qualité des soins de santé, de renforcer les systèmes de santé, de créer des emplois et de stimuler l’économie ». La société a d’ailleurs déjà décidé des investissements pour plus de 134,6 M€.
Le deuxième axe se focalisera sur les écosystèmes de recherche des sciences de la vie qui conçoivent les molécules de demain. « C’est pour cette raison que nous avons co-financé le LEGIAPARK, qui reste à ce jour, notre investissement le plus important et ce, grâce à notre partenariat privilégié avec NOSHAQ ». Ce biopark prometteur de par sa proximité avec l’hôpital du CHC MontLégia, constitue également un vecteur de connexion essentiel entre chercheurs et praticiens sans lequel aucun projet de R&D ne pourrait aboutir.
En guise de troisième axe, la start-up veut miser sur l’innovation. « Nous avons à cœur d’accompagner des projets porteurs de changement ». De ce fait, un panel de thématiques ont vu le jour telles qu’une approche novatrice en périnatalité et dans le monde des maisons de repos avec des structures plus inclusives. Mais également des projets originaux dans l’encadrement adapté pour les personnes porteuses de handicap, pour concevoir les maisons médicales qui misent sur une approche plus globale ou encore avec des centres pluridisciplinaires qui couvrent différents types de soins.
Enfin, en termes de quatrième axe de sa stratégie, WALLONIE SANTE veut être un guichet unique pour tous les acteurs du secteur des soins de santé.
« C’est le one-stop-shop pour tous les acteurs de la Santé et de l’Action sociale. Nous avons une expertise pointue du secteur, nous accompagnons et nous finançons ses acteurs ».
DES DÉFIS À HAUTEUR DE SES AMBITIONS
Au sein de WALLONIE SANTÉ, on est bien conscient des nombreux défis à relever. Mais ce qui apparaît prégnant reste le besoin en matière de transition énergétique. « Nous avons déployé dans notre politique ESG plusieurs produits pour soutenir les structures dans leurs besoins d’investissements ». Ce n’est pas pour rien que la start-up a déjà décidé de soutenir des investissements « verts » à hauteur de 33 M€. Une autre urgence, c’est la santé mentale. « Après trois ans de pandémie qui ont laissé les citoyens avec des difficultés, ce volet mérite une attention toute particulière comme celui des soins ambulatoires. Il faudra y consacrer rapidement plus de moyens ».
UN AVENIR OPTIMISTE
Quand on demande à Philippe Buelen comment il entrevoit l’avenir, il se veut résolument optimiste tout en restant réaliste. « Pour que l’écosystème développé par WALLONIE SANTÉ gagne encore en puissance et en impact, il faudra que les moyens financiers soient renforcés ». Et pour ce faire, l’une des priorités du dirigeant est de continuer à développer les partenariats. « C’est la meilleure manière de créer les effets leviers pour faire émerger davantage de projets d’avenir et innovants ». Il souligne, d’ailleurs, que les bénéfices de WALLONIE SANTÉ sont systématiquement réinvestis dans le secteur des soins de santé notamment via la fixation de taux d’intérêts planchers au bénéfice des Institutions.
PHILIPPE BUELEN CEO & PRÉSIDENT DU COMITÉ DE DIRECTION DE WALLONIE SANTÉLIÈGE, LA FORCE D’UN ÉCOSYSTÈME
Référence européenne pour le développement des biotechs, la région liégeoise présente de nombreux avantages susceptibles d’attirer et d’accompagner les sociétés life sciences vers la croissance. Des atouts humains, immobiliers et financiers uniques, auxquels vient s’ajouter la mission de synchronisation de Bridge2Health, qui œuvre à la bonne cohérence d’ensemble. Rencontre avec Amel Tounsi, CEO de la plateforme.
En quoi consiste la mission de Bridge2Health ?
A.T. : Nous sommes le trait d’union entre les 140 sociétés liégeoises actives dans le secteur des sciences de la vie, l’ULiège, ses centres de recherche et les hôpitaux de la région, ou encore les acteurs immobiliers et financiers qui en constituent le tissu. En connectant les bonnes personnes au bon moment, on s’assure que chacun puisse mettre son énergie là où il en a le plus besoin.
À qui s’adresse la plateforme ?
A.T. : Bridge2Health est une plateforme qui vise à synchroniser les efforts de l’ensemble des acteurs life sciences liégeois, tout en offrant une porte d’entrée unique à destination de ceux qui souhaitent la rejoindre. Un soutien qui va de l’aide à l’installation et à la définition de vos besoins à la mise en relation avec des investisseurs dans le cadre d’une levée de fonds en passant par la mise en contact avec des médecins et des centres de recherche spécialisés. Inversement, nous visons aussi à donner de la visibilité à l’expertise dont dispose la région.
C’est notamment l’objectif de notre événement « Connect » qui rassemble les CEO et les directeurs de départements de recherche dans le secteur des life sciences ou de notre présence à l’international, comme à BioEurope, aux côtés de l’AWEX.
Quels sont les atouts de l’écosystème life sciences liégeois ?
A.T. : Au cœur d’une région européenne déjà particulièrement favorable aux life sciences, Liège offre une concentration tout à fait unique
d’expertises, d’infrastructures et de ressources, toutes présentes en même temps et au même endroit. L’écosystème life sciences liégeois, ce sont des compétences en R&D, des entreprises et des spin-off, mais aussi une offre de financement adaptative soutenue par des acteurs spécialisés comme Noshaq, eux-mêmes en contact avec des fonds européens de grande envergure et susceptibles de répondre à l’ensemble des besoins (Kurma, Fund+, EQT, Mérieux, Andera Partners, Newton…). C’est aussi une offre immobilière vaste et spécialisée. Nous avons non seulement les m2 nécessaires, mais aussi et surtout des propositions innovantes qui sont le fruit d’une veille attentive des besoins en amont. À ce titre, le LégiaPark, avec ses 30.000 m2 disponibles et ses nombreuses solutions en termes de salles blanches et d’espaces de production, constitue une magnifique illustration. Enfin, c’est l’expertise de tout un secteur, notamment dans l’analyse et l’accompagnement des projets, où l’écosystème est appuyé par une équipe de premier plan, composée de profils financiers et scientifiques aguerris au monde de l’entrepreneuriat et de la gestion d’entreprise dans différents secteurs des sciences du vivant. C’est un atout précieux.
Peut-on parler d’une ‘health valley’ à Liège ?
A.T. : On peut être fier du chemin parcouru, bien que les défis ne manquent pas. Un des plus grands challenges, c’est d’assurer l’apport de ressources humaines, physiques et financières en vue d’alimenter la croissance des 140 entreprises présentes, comme de celles qui s’installent. D’où notre attention portée sur la formation, notre implication dans l’intégration de la nouvelle antenne d’aptaskill à Liège, ou encore nos efforts de coordination avec des acteurs immobiliers comme la SPI ou Noshaq Immo. En œuvrant au développement d’une vision commune, nous nous assurons d’avancer dans la bonne direction tout en collaborant plus largement avec nos voisins. C’est en travaillant avec le reste de la Wallonie, la Flandre et les pays limitrophes que nous ambitionnons de faire de Liège une ‘health valley’ dans un ‘health country’.
Liège Life Sciences
• 140 entreprises
• 30.000 m2 d’infrastructures dédiées +300M€ levés en 2021 (portefeuille Noshaq)
• 4.000 emplois directs
• 12.000 emplois indirects
• +3.000 chercheurs à l’ULiège
• 250M€ pour la recherche/an
• 4.500 publications par an
EyeD Pharma, illustre bien le parcours d’une société qui est née en décembre 2012 et qui a grandi dans l’écosystème sciences du vivant de la région liégeoise grâce aux expertises scientifiques, aux financements, aux infrastructures ainsi qu’à la bonne coordination de toutes ces ressources. Aujourd’hui, EyeD Pharma ce sont 100 personnes œuvrant au développement et la production de micro-implants oculaires pour des besoins cliniques au niveau mondial.
LégiaPark © Philippe PirauxDominique Demonté
« Nous devons rester ambitieux »
Après quatre ans au sein d’Agoria, la fédération de l’industrie technologique, Dominique Demonté reprend les rênes du BioPark de Charleroi. L’occasion de voir avec lui quels sont les enjeux du secteur des biotechnologies en Wallonie.
Vous êtes depuis peu le nouveau CEO du BioPark de Charleroi. Comment se porte le secteur des biotechnologies ?
« Entre 2005 et 2020, on est passé de 9000 à 19 000 emplois en Région wallonne. Et en termes d’investissement, le chiffre d’affaires du secteur a progressé de 1,5 à 8,5 milliards. Point très important, un tiers de celui-ci est réalisé à l’exportation. Notre marché intérieur est trop petit et la majorité de ce qu’on fait est donc destiné à l’international. Il y a eu une phase de ralentissement post-Covid à l’international, mais la machine redémarre. Il ne faut donc pas s’inquiéter pour ce secteur en Wallonie.
Aujourd’hui, la Wallonie fait partie des acteurs de niveau mondial. Nous sommes reconnus et n’avons plus rien à prouver, mais nous devons rester ambitieux. Nous avons tous les atouts en main. Nous possédons de grosses entreprises. Ce sont des moteurs essentiels. Nous avons développé un tissu de PME innovantes. Nous avons alimenté un pipeline, structuré l’incubation, tissé des liens avec des fonds d’investissement… Tout a été mis en place pour développer cette croissance et ça a marché. »
Ça à l’air simple comme ça, mais comment y parvient-t-on ?
« Il faut jongler avec trois facteurs importants : articuler différents échelons, différents acteurs et différentes fonctions.
Trois échelons composent le premier axe.
D’abord le sous-régional où on peut nucléer et structurer une organisation comme le BioPark. Ensuite, il y a le niveau régional avec BioWin et une indispensable concertation pour éviter de gaspiller l’argent public. Enfin, il faut voir au niveau national comment on peut se connecter aux autres acteurs. À chaque changement de niveau, il faut aussi considérer les niveaux de compétition. Ensuite, pour développer un campus comme celui-ci, il est primordial de conserver l’alignement entre trois acteurs : les universités, le secteur privé et les pouvoirs publics. Le troisième axe, c’est de travailler sur les différentes fonctions : la recherche, l’incubation, la création d’entreprise et la formation. Si on veut avoir une stratégie de développement, il faut aligner ces différents éléments. On a réussi à le faire de façon relativement efficace en Wallonie et le BioPark en est la preuve. »
Dans cette stratégie, la recherche est primordiale mais elle nécessite des talents. N’est-ce pas difficile de trouver des personnes qualifiées ?
« Effectivement, un des gros enjeux est le manque de talents. Au sein du BioPark, nous avons créé notre propre centre de formation d’où sortent mille personnes par an. C’est aussi un enjeu impliquant plusieurs acteurs et nous avons conclu des partenariats avec le Forem et Aptaskil. Par ailleurs, dans un avenir proche nous accueillerons sur notre campus l’Euro Biotech School, pilotée par des grandes entreprises BioWin et Essenscia. La recherche de talents, la formation et la mise en place de parcours permettant à davantage de personnes
d’intégrer le biomédical font partie de mes priorités. Si on va dans les rues de Charleroi et qu’on demande aux jeunes s’ils savent qu’il y a un BioPark dans leur commune, ils répondront probablement : “Ah ! On un zoo à Charleroi ?”. Il y a donc tout un travail d’information à faire en amont. Le talent est un levier indispensable. »
Le BioPark exerce une grande attractivité. Quelle est la recette de ce succès ?
« En 2000, le BioPark employait une centaine de chercheurs. Aujourd’hui, on compte trois mille deux cents travailleurs. Nous avons développé des capacités de recherche, mais nous avons également mis en place une politique de création et d’attraction d’entreprises. Il y a eu différentes phases. Nous avons développé un système d’incubation pour les premiers spins off de l’ULB que nous avons accueillis. Ensuite, des sociétés d’autres universités ont réalisé que le site était propice à leur développement. Enfin, nous avons accueilli des entreprises internationales. Elles y trouvent un intérêt : elles profitent d’un environnement scientifique et elles ont accès aux compétences de l’IBMM et du CMMI. Nous avons alors mis en place des mécanismes de consolidation avec des investisseurs. Aujourd’hui, grâce à cette dynamique, nous accueillons une soixantaine d’entreprises sur le site et le réseau BioPark en regroupe une centaine. »
A vous entendre, la biotechnologie est en plein développement. D’où vient son financement ?
« Il se fait à plusieurs niveaux, à l’aide d’investissements publics et privés pour soutenir la recherche et les entreprises. Il y a un rôle majeur joué par des acteurs publics régionaux mais aussi par des Fonds européens comme les Fonds FEDER ou le plan de relance. Ils apportent des moyens permettant de lancer des projets ambitieux. Ces projets FEDER associent universités et entreprises pour développer de nouvelles compétences de recherche utiles à la fois à la recherche fondamentale et au développement du tissu industriel. Ils ont joué un rôle majeur dans le développement du BioPark. Des réseaux d’investisseurs privés nationaux et internationaux se sont aussi développés. Ceci étant indispensable pour le développement des entreprises. »
Mais ne faudrait-il pas des fonds d’investissements plus importants en Belgique ?
« En effet, on se retrouve avec des entreprises qui, pour pouvoir continuer leur croissance, sont rachetées par des groupes internationaux. Ça peut être positif, mais il y a aussi un risque de délocalisation. Il nous faudrait des capacités de financement un peu plus importantes afin de maintenir un ancrage régional/national dans la stratégie de ces entreprises. »
C’est donc la combinaison de plusieurs ingrédients qui permettent un développement comme celui du BioPark de Charleroi ?
« Oui, et tout ces mécaniques se retrouvent sur tous les campus scientifiques. Il faut de la recherche, des infrastructures, du capital, des talents, et enfin, il faut animer la communauté. J’aime me définir comme un joyeux organisateur. Comme en cuisine, si on a tous les ingrédients on peut faire une bonne mayonnaise, mais idéalement il faut un bon cuisinier. C’est ce que je m’efforce d’être. C’est un travail de longue haleine : il a fallu vingt ans pour développer le campus du BioPark. »
Smart Fact.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
« Personne ne m’inspire en particulier. Le BioPark est une histoire collective. Après, ce sont aussi les individus qui peuvent faire la différence. Pour donner un exemple, Jean Stéphenne a joué un rôle clé dans le développement de la biotech en Wallonie. Ce qui me motive, c’est la mise en place de stratégies de développement socio-économique. Le développement économique doit être un levier pour mettre en place des conditions de vie confortables. Je suis à la fois très libéral et très social. »
Le LabHotel, un deal win-win
Le LabHotel est un concept original. Au sein du BioPark, l’Institut d’immunologie médicale permet à une entreprise en phase de démarrage de louer un bench afin de déjà réaliser un certain nombre d’expériences avant de faire ses propres investissements. Un deal win-win qui évite à la jeune société de débourser des sommes importantes en équipement tout en assurant une rentrée financière au laboratoire.
L’IBMM, là où tout a commencé
L’histoire du BioPark commence en 1999 avec l’Institut de Biologie et de Médecine Moléculaires (IBMM), le premier bâtiment que l’ULB a installé à Gosselies avec le soutien de fonds wallons et européens. Une vingtaine d’équipes de recherche y travaillent. Leurs travaux portent, entre autres, sur le trypanosome, responsable de la maladie du sommeil, sur le virus du SIDA ou sur des levures qui sont de très bons modèles pour faire de la génétique.
acteurs secteur
La Wallonie fait partie des leaders mondiaux du secteur des biotechnologies. Celui-ci repose sur un écosystème favorable mais complexe mêlant formation, financement et recherche. Pouvoirs publics, milieux académiques, investisseurs, fédérations, entrepreneurs et Invests, ces six acteurs, aussi bien issus du public que du privé, sont primordiaux au bon équilibre de ce secteur en pleine croissance.
Par Pierre LagneauxLe soutien des pouvoirs publics
Dans le domaine des biotechnologies, les pouvoirs publics, qu’ils soient régionaux ou fédéraux, ont un rôle important à jouer. La Région wallonne apporte un soutien fort à ce secteur qui emploie environ 30 000 personnes et compte plus ou moins 200 entreprises.
Au niveau national, la Belgique s’est dotée au fil du temps d’outils de fiscalité qui ont permis le développement d’activités R&D bénéficiant d’un cadre fiscal intéressant. C’est notamment le cas de la défiscalisation des chercheurs. De plus, le pays investit depuis de nombreuses années dans la R&D, mais aussi dans la création d’un écosystème permettant de relier les différents acteurs : industries, PME, universités et pouvoirs publics.
Porte-parole de tout un secteur
Le secteur des biotechnologies est un levier socio-économique important. Il a donc besoin d’une caisse de résonance. bio. be/essenscia est la fédération belge des entreprises actives dans les biotechnologies et les sciences de la vie. Elle joue un rôle important dans la stratégie de développement économique du secteur. Elle permet d’avoir une vision nationale, mais aussi internationale. Son rôle est de représenter et de défendre les intérêts de ses membres.
En tant que représentante des différents secteurs biotechnologiques au niveau régional et fédéral, la fédération est reconnue comme porte-parole de la communauté biotechnologique du pays pour stimuler l’innovation et l’industrialisation en Belgique et au-delà. En effet, bio.be/essenscia est également membre d’EuropaBio, l’association européenne des bio-industries, et de l’ICBA, le conseil international des associations biotechnologiques.
La maîtrise des sciences du vivant
Dans un domaine comme les biotechnologies, l’expertise vient des universités. La création de toutes les entreprises technologiques naît de cette expertise développée dans les milieux académiques. De plus, la présence de cet acteur au sein de l’écosystème des biotechnologies permet un accès aux hôpitaux académiques, aux laboratoires et aux compétences des différents instituts.
La Wallonie peut se vanter de la maîtrise des sciences du vivant de ses universités. Sans ces connaissances, il n’y aurait pas de BioPark et de grosses entreprises comme GSK ne se seraient pas implantées en Région wallonne. Les u niversités sont, avec les pouvoirs publics et le secteur privé, un des trois pieds nécessaires pour maintenir debout le tabouret des biotechnologies.
Des
joueurs de niveau international
En Wallonie, on compte environ 200 entreprises dans le secteur des biotechnologies, que ce soit des PME ou de grosses entreprises. Ces acteurs font de la Wallonie un des leaders mondiaux dans le domaine.
Même si le processus pour en arriver là a mis du temps, ces entrepreneurs ont eu le nez fin et ont fait preuve de beaucoup d’ambition. Visionnaires, ils ont vu qu’il était possible de créer des entreprises de dimension internationale en Wallonie.
Les nombreuses success-stories du nord du pays ne sont certainement pas étrangères à ce phénomène. Comme le souligne Dominique Demonté, CEO du BioPark de Charleroi, en Wallonie, il y a la capacité de créer ce genre d’entreprise et d’être des joueurs de niveau international.
Le nerf de la guerre
Dans le domaine de la recherche, le financement est le nerf de la guerre. Le secteur des biotechnologies ne fait pas exception, d’autant plus que la Wallonie dispose d’entreprises figurant parmi les plus performantes d’Europe.
Si le secteur bénéficie d’aides européennes, régionales et fédérales pour financer ses recherches et son développement, il doit aussi s’orienter vers le privé. Selon le Centre de Recherches en Économie Régionale et Politique Économique (CERPE), le financement privé de la R&D tourne autour des 72 à 73 % pour la période 2002-2015, en Wallonie comme en Flandre1. Des fonds d’investissement permettent à des investisseurs privés, au niveau national ou international, de participer au financement d’entreprises.
Accompagner start-up et PME
Présents sur l’ensemble du territoire wallon,et au nombre de neuf, les ‘‘Invests wallons’’ comme Sambrinvest à Charleroi, sont des sociétés d’investissement et de financement à capital mixte (public/privé). Ils donnent accès à des solutions de financement diversifiées, flexibles et adaptées aux besoins de l’entreprise : prêts, investissements dans le capital, leasing...
Ces partenaires financent une partie du projet ou recherchent des partenaires financiers, comme des banques ou des fonds d’investissement. Ils sont donc des acteurs importants dans un secteur comme les biotechnologies. En effet, ils proposent, en partenariat avec les universités et les centres de recherche wallons, des fonds d’investissement spécialisés pour les spin-off, spin-out et autres entreprises innovantes. Leur avantage réside dans leur structure financière solide. Ce sont des partenaires durables et fiables, complémentaires du secteur financier privé.
La propriété intellectuelle : un vecteur indispensable de développement
Dans le secteur des Bioet Medtechs, il existe une variable que toutes les entreprises doivent prendre en compte : le développement d’une stratégie de propriété intellectuelle viable.
“La propriété intellectuelle est un outil qui permet principalement de lutter contre le plagiat et la contrefaçon. Les droits de propriété intellectuelle sont les droits conférés à un individu par une création intellectuelle. Ils donnent généralement un droit exclusif sur l’utilisation de sa création pendant une certaine période”, explique Anne Savoye, Mandataire en brevets européens et belges chez ICOSA Europe. Dans un système économique où la concurrence est rude, la propriété intellectuelle prend tout son sens. Et c’est particulièrement le cas pour les PME. “Ces dernières contribuent grandement à la création de technologies de même qu’à leur amélioration”. La propriété intellectuelle va donc avoir une influence positive sur ce traitement de la part des PME et, par conséquent, sur l’emploi. Et c’est d’autant plus important dans le domaine des bio- et
des medtechs. Cela joue en effet un rôle majeur dans une levée de fonds potentielle. Enfin, c’est également une source de développement pour l’entreprise. “En s’intéressant aux brevets et en consultant les bases de données existantes, l’entreprise peut identifier des partenaires ou des concurrents potentiels”.
Réfléchir à une stratégie personnelle en termes de propriété intellectuelle est donc vital pour l’ensemble des entreprises du secteur. De même, penser propriété intellectuelle, ce n’est pas uniquement s’intéresser aux brevets. On comprendra dès lors l’importance de bien s’entourer. Et ce, dès la création de son entreprise.
Le rôle des pouvoirs publics est également capital vu les incitants fiscaux et financiers qu’ils déploient pour les entreprises en demande. “La Région wallonne et le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional), par exemple, proposent des chèques entreprises. Ils interviennent pour 75 % des coûts hors TVA d’un certain nombre de prestations en amont ou en parallèle de la protection par brevet”. Le panel de possibilités est assez large entre les études de brevetabilité ou encore les
Le CMMI repousse les limites du visible
Le BioPark de Charleroi accueille divers services de R&D, dont le CMMI (Center for Microscopy and Molecular Imaging) qui a vu le jour en 2011 grâce au soutien financier de l’Union européenne et de la Région wallonne (fonds FEDER).
Le CMMI répond au souhait de l’UMONS et de l’ULB de mutualiser des équipements de pointe et des compétences remarquables afin d’offrir une plateforme d’imagerie biomédicale préclinique intégrée. Celle-ci propose aux chercheurs, services et formations en imagerie préclinique de la protéine au petit animal. Entourées d’experts académiques et cliniques de renommée internationale, les équipes du CMMI proposent des développements techniques et méthodologiques à haute valeur ajoutée. La Pr Isabelle Salmon, Directrice scientifique, explique : « Ce n’est pas cloisonné. Il n’y a pas des patients et médecins d’un côté, et des chercheurs et industries pharmaceutiques de l’autre. Il y a un continuum. Nos médecins et scientifiques spécialisés travaillent ensemble au service de la recherche. »
Ce centre a participé à la formation de centaines d’étudiants et à la réalisation de dizaines de mémoires de fin d’étude ou de thèses de doctorat. Dr Natacha Lourette, Directrice Opérationnelle indique : « Lieu d’échange entre les mondes académique et industriel où les étu-
cartographies de brevets. D’autres incitants sont encore envisageables jusqu’à 50% des coûts pour les dépôts de brevets et les procédures d’examen.
De plus, la Région wallonne peut également intervenir pour d’autres types de chèques en dehors de la propriété intellectuelle, qui auront tout de même un impact sur cette thématique comme les chèques “Accompagnement, Croissance et Développement de l’entreprise”.
ICOSA est un cabinet de propriété intellectuelle principalement dédié au secteur de la santé et spécialisé en Biotech et Medtech.
Nous participons à la création d’Actifs de Propriété Intellectuelle qui assurent à nos clients la protection efficace de leur identité et de leurs innovations. Nous consacrons nos compétences techniques, juridiques et business à l’élaboration de Stratégies de Propriété Intellectuelle qui sont alignés avec la stratégie d’entreprise. Ces actifs sont créateurs de valeur pour les actionnaires et les investisseurs.
diants peuvent côtoyer au CMMI les équipes R&D de nos partenaires industriels et nos experts. Ces jeunes pourront enrichir le tissu économique de la région et devenir les experts mondiaux reconnus de demain. »
Le moteur des chercheurs du CMMI est bien entendu le patient. Le chemin est long avant l’application clinique. Les chercheurs testent leurs hypothèses sur des cellules en culture, ensuite sur des modèles animaux et enfin sur du matériel humain biobanqué. Le CMMI, dont le cœur de métier est l’image, propose l’accès à tout ce spectre depuis la molécule jusqu’au tissu humain. Cette imagerie est générée grâce à un matériel de pointe unique en Wallonie qui comprend notamment un CryoEM (unique en wallonie), une IRM de 9.4T et un micro-CT. Les sociétés viennent chercher au CMMI un allié pour valider des hypothèses concernant des outils diagnostiques, thérapeutiques ou des dispositifs médicaux. La proposition intégrée du CMMI crée un écosystème dynamique et attractif, tourné vers l’extérieur au service de l’innovation.
Ces collaborations se soldent par des » succès story » conduisant à l’obtention de brevets pour des sociétés. Isabelle Salmon explique : « Pendant la pandémie du Covid, il y avait beaucoup d’interrogations sur la présence du virus dans certains organes comme le cerveau. Nous avons développé rapidement des outils diagnostiques
de détection du Sars-Cov 2. Nous avons pu prouver que celui-ci était peu présent dans le cerveau, contrairement aux poumons, apportant ainsi des informations importantes pour la compréhension de la maladie. Plus récemment le projet BIOWIN AEROVID, soutenu par la Région wallonne, réunit les sociétés Aquilon Pharma et Radiomics, le CMMI et l’ULiège. Ce projet de 2 300 000 € entend améliorer l’efficacité des traitements par inhalation et prévenir l’augmentation exponentielle des patients souffrant de maladies respiratoires.
Interview réalisée avec Natacha Lourette et Isabelle Salmon. Mme Isabelle Salmon est Professeure à l’ULB, cheffe de service du Laboratoire d’anatomie pathologique de l’hôpital Érasme, Directrice Stratégique de CurePath.
Plus d’informations
www.cmmi.be
info@cmmi.be
Le panel de possibilités est assez large entre les études de brevetabilité ou encore les cartographies de brevets.
Pourrons-nous venir à bout des maladies de notre époque ?
Certaines maladies sont plus fréquentes que d’autres. Le cancer du poumon, le burnout et la maladie de Crohn ont ainsi acquis une forte incidence. Quelle est la situation et que peut-on espérer pour l’améliorer ? Réponse ci-dessous.
Par Bastien Craninx Dr Thierry BerghmansProfesseur en oncologie thoracique
Institut Jules Bordet, Hôpitaux Universitaire de Bruxelles
Stéphanie Delroisse
Psychologue du travail et professeure Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’UCLouvain
Dans quelle mesure les maladies que vous traitez sont elles si répandues en Belgique ?
« Le cancer du poumon est le second cancer chez l’homme et le troisième chez la femme en Belgique. C’est la première cause de mortalité par cancer au niveau mondial dans les pays industrialisés. Les taux restent d’ailleurs relativement constants même après la pandémie, peu importe l’âge et le sexe. Cela reste une pathologie du sujet plus âgé (médiane entre 65 et 67 ans) avec une augmentation chez les gens plus jeunes étant donné qu’on fume de plus en plus tôt. Ce cancer est principalement lié au tabac. En 2020, 23% de patients ont été considérés comme guéris. Il est également important de noter qu’il existe plusieurs types de cancers bronchiques. »
« Les arrêts maladies pour raisons professionnelles concernent entre 4 et 7% de la population. C’est le mal de notre époque. Le monde du travail est sous pression. Il y a d’abord une pression temporelle chez les travailleurs pour répondre aux exigences du marché. Ensuite, les nouvelles technologies ont envahi notre vie quotidienne en faisant disparaître les barrières entre vie privée et vie professionnelle. Enfin, le collectif a tendance à laisser place au « chacun pour soi » dans les entreprises. Or, quand les exigences professionnelles excèdent nos ressources pendant une longue période, on risque le burnout. »
Quels ont été les progrès récents dans les traitements de ces maladies ?
« Il y a eu de belles avancées en termes de connaissance de la biologie du cancer. Les nouveaux traitements vont cibler certaines anomalies moléculaires, souvent liées à des récepteurs cellulaires. Le deuxième gros changement concernant d’abord les malades métastatiques sont les immunothérapies. Ça a beaucoup changé les choses. On a réussi à contrôler la maladie sur de longues périodes. Les approches chirurgicales moins invasives et les radiothérapies très ciblées sont également des avancées. »
« La connaissance scientifique du burnout (p.ex., les causes, l’impact sur la santé, etc.) et le fait qu’on en parle dans les entreprises. Pouvoir en parler rassure et isole moins le travailleur qui est stressé. On ne le faisait pas il y a 15 ans. On sait également mieux comment traiter la maladie. Le sommeil, par exemple, est essentiel pour aider à récupérer. Il faut prendre soin de soi, être attentif à son corps, mieux réguler ses émotions. Il faut se reconnecter à soi, savoir qui on est et ce que l’on veut dans son travail et dans sa vie de manière générale. Tout ce qui touche à la pleine conscience peut également fortement aider à réguler les émotions ainsi qu’en termes de prévention. »
Quels traitements ou avancées peut-on espérer dans les années à venir ?
« Il est primordial d’arrêter de fumer tout ce qui contient du tabac : cigarette, pipe, cigare, chicha… Le dépistage a montré son intérêt pour détecter des cancers à des stades précoces et devrait être intensifié. Les traitements ciblés tout comme les immunothérapies sont dans un continuum et s’adressent désormais à des stades moins avancés de la maladie. Ces traitements se complexifient et nous avons donc besoin de médecins spécialisés dans le domaine. Il y a également toute une série de nouvelles modalités thérapeutiques en cours d’études qui ne sont pas disponibles dans le commerce. Ce sont de potentiels traitements que nous espérons voir disponibles dans un avenir proche. »
« La réalité virtuelle promet de belles avancées dans le traitement du burnout. Elle permet de travailler les compétences émotionnelles, cognitives et relationnelles. Le patient s’expose à des situations qu’il redoute, ce qui lui permet d’augmenter sa confiance en lui. C’est utile dans la phase de réintégration au travail, mais également dans la prévention du burnout qui est un aspect essentiel en matière de santé. Il faut également s’interroger sur les questions de sens du travail. Et aussi penser aux aspects de déconnexion pour trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. En ce sens, les entreprises vont également devoir revoir leur manière de fonctionner. »
Denis Franchimont DirecteurClinique des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, HUB - Hôpital ERASME
« La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse sont des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Elles affectent un ou plusieurs segments du tube digestif et concernent le plus fréquemment des adultes jeunes dans la deuxième et troisième décade, en impactant durablement leur qualité de vie. Ces maladies affectent 1,5 fois plus les femmes que les hommes. Il s’agit de maladies des pays occidentaux industrialisés. L’incidence de ces maladies n’a cessé d’augmenter de manière exponentielle (facteur de 2 à 10) au cours ces 50 dernières années. La prévalence des MICI est actuellement de 0.3 à 0.5% selon les régions du monde occidental. Il s’agit d’une réelle épidémie mondiale. »
« Les progrès sont liés à une meilleure compréhension de la maladie, au développement continuel de nouveaux traitements mais aussi à une approche plus centrée et globale du patient. La compréhension de la maladie suggère qu’il s’agit d’une réponse inappropriée du système immunitaire digestif vis-à-vis du microbiote intestinal chez une personne prédisposée génétiquement à ces maladies. Il n’existe pas encore de traitement curatif mais il existe de nombreuses stratégies de traitements dont l’objectif est la cicatrisation complète de la muqueuse intestinale. L’organisation des soins aujourd’hui adopte une approche de plus en plus multidisciplinaire et centrée sur le patient. »
« L’enjeu est toujours une meilleure compréhension du déclenchement/développement de la maladie. L’objectif aujourd’hui est de comprendre le facteur environnemental à l’origine de la maladie, et donc de commencer par une compréhension et caractérisation complète du microbiote intestinal chez une personne en bonne santé ou malade. Il s’agit d’un réel défi en raison de la complexité inouïe du microbiote. Celui-ci est extrêmement dynamique, influencé par énormément de paramètres, dont l’alimentation, et contient, outre des bactéries, des virus, des levures (champignons) et parfois des protozoaires (êtres unicellulaires), ainsi que de nombreux produits bactériens et alimentaires. »
Un portail pour les études cliniques
Grâce aux progrès en médecine, de plus en plus de personnes sont guéries de leur maladie ou peuvent conserver un état de santé optimal, comme pour le psoriasis. Lorsqu’un nouveau médicament est en développement, il est testé dans ce que nous appelons des « essais cliniques ». Ceux-ci examinent très soigneusement, étape par étape, les effets du nouveau médicament. Sans essais cliniques, il est impossible d’étudier ces nouveaux médicaments…
Manque d’informations sur les études cliniques
Peu d’informations sur les études cliniques sont disponibles de manière compréhensible pour les patients. Seuls 16 % des organisations de patients et 15 % des hôpitaux fournissent des informations à propos des études cliniques sur leur site web. Les informations disponibles sur les études cliniques ne sont en outre souvent disponibles qu’en anglais, dans des termes complexes et avec du jargon professionnel.
Pourquoi participer à une étude clinique ?
Tout d’abord, il se peut que pour une maladie, il n’y ait pas de médicament sur le marché et que seul un médicament expérimental soit disponible. Pensez aux personnes qui n’ont pas d’alternatives, comme dans certains cas de cancer. Une autre motivation peut être que le traitement actuel d’un patient ne convienne pas car il provoque des effets secondaires désagréables ou qui limitent considérablement la qualité de vie. Il se peut également que le médicament actuel ne fonctionne pas très bien et que les symptômes ne peuvent être que partiellement contrôlés. Une troisième raison qui peut motiver à participer à une étude clinique est l’altruisme.
Clinicaltrial.be: un nouveau portail en langage simple
Afin d’informer les patients de manière plus efficace, Esperity a mis en place un portail visant à fournir des informations accessibles
Seqalis veut devenir un partenaire clé pour les acteurs de l’industrie pharmaceutique et des biotechnologies.
Créée en 2004, Seqalis (anciennement Bio.be), filiale de l’Institut de Pathologie et de Génétique situé à Gosselies, compte une quinzaine d’employés hautement qualifiés et aguerris aux techniques d’analyse de pointe en médecine humaine et dans les sciences de la vie. « En devenant Seqalis, indique Jean-Luc Henrioul, Chief Operating Officer, nous avons adopté un nom porteur de trois concepts qui nous sont chers : séquençage, service de qualité, et Life Sciences. »
Seqalis veut devenir un partenaire clé et à long terme dans les biotechnologies et le pharmaceutique. « Nous pouvons moduler nos services de routine pour satisfaire au mieux les besoins de nos clients. Nous les adaptons aussi au regard des évolutions technologiques et scientifiques. Les différentes analyses pointues sont issues du partage et de la collaboration entre tous les acteurs médicoscientifiques présents au sein du Groupe IPG, réunissant Seqalis et l’Institut de Pathologie et de Génétique. »
Un savoir-faire qui a permis à Seqalis de lancer, en juin 2022, une plateforme unique de séquençage et d’analyse quantitative des répertoires de récep-
teurs de lymphocytes T, appelée qTCR Seq. Ceux-ci jouent un rôle essentiel dans la réponse immunitaire des patients souffrant notamment du cancer.
« L’étude détaillée de ces cellules grâce à notre plateforme va concourir à développer de nouvelles approches thérapeutiques dans le domaine en plein essor de l’immunothérapie/l’immuno-oncologie. ». Un service à la pointe puisque des collaborations et des contrats ont déjà été mis en place avec plusieurs sociétés européennes pionnières dans les biotechs.
Seqalis propose aussi un accès à de nombreuses plateformes analytiques : « En anatomopathologie, nous proposons des analyses avec les colorations de base, mais aussi des analyses d’immunohistochimie très utiles pour le diagnostic en oncologie. En cytogénomique, nous proposons le caryotypage classique, la FISH, la SNP array et le Shallow Whole Genome Sequencing. Enfin, nous offrons l’analyse de l’ADN, de l’ARN et de certains panels de gènes importants dans le diagnostic du cancer grâce à notre service de biologie moléculaire. Celui-ci exploite l’approche du séquençage à haut débit NGS (Next Gen Sequencing,) et de la PCR (Polymerase Chain Reaction). »
sur les études cliniques, mais également à permettre aux visiteurs de pouvoir rechercher des études par eux-mêmes. Le portail explique ce que sont les études cliniques, pourquoi elles sont importantes, mais aussi quelles sont les questions à poser à votre médecin. Quelques mythes sont également dissipés.
Plusieurs associations de patients et hôpitaux ont exprimé leur intérêt pour soutenir ce projet car il apporte une valeur ajoutée aux patients et aux professionnels de la santé. Il existe également un portail pour les hôpitaux et les organisations de patients, afin qu’ils puissent avoir une meilleure vue d’ensemble des études en cours dans leur domaine de maladie ou leur hôpital.
Le portail peut être consulté sur clinicaltrial.be.
Jean-Luc Henrioul envisage le futur de Seqalis avec enthousiasme et confiance : « Grâce à notre service phare, le qTCR Seq, nous allons déployer une grande partie de nos efforts à court terme sur le marché en plein développement de l’immuno-oncologie. Notre offre analytique qTCR Seq permet de nous différencier de la concurrence dans ce marché très compétitif, mais aussi de générer un effet de levier sur nos autres services. Pour les marchés futurs, notre intérêt se portera sur les maladies infectieuses (vaccins), les transplantations et rejets d’organes ainsi que les microbiomes/micro-organismes liés aux cancers et aux maladies auto-immunes. Ces marchés constitueront une excellente voie de valorisation notamment pour notre plateforme qTCR Seq. Globalement, nous espérons que Seqalis contribuera ainsi à l’amélioration du bien-être futur des personnes souffrant de ces pathologies. »
Jean-Luc Henrioul Chief Operating OfficerSeqalis, une expertise et des services analytiques de haute qualité en sciences du vivant.
La biotech est un secteur qui compte en Wallonie. Notre région contribue à inscrire la Belgique dans le top européen. Petit tour d’horizon des forces que nous déployons au quotidien.
La Belgique figure aujourd’hui à la troisième place du classement européen du secteur biotech. Un secteur qui, chez nous, représente 37.000 emplois, 5 milliards d’euros d’innovations et 83 milliards d’euros d’exportation. La Wallonie joue un rôle fondamental dans ce développement avec un investissement global de plus de 300 millions d’euros répartis dans 60 sociétés.
« Ce qui fait surtout notre force, c’est cette richesse en termes de diversification », explique ainsi Philippe Degive, coordinateur Life Sciences et Investment Manager chez WE. « Sur un si petit territoire, nous avons à la fois des sociétés qui développent des médicaments, de la MedTech, des sociétés de services ainsi que les grandes entreprises comme GSK, UCB ou IBA ». L’expérience de ces dernières fait également la différence en Wallonie. Leur taille et leur dimension internationale en font des références dans le secteur. Mais elles forment également un certain nombre de cadres qui vont apporter leur savoir-faire dans les PME et Start-ups naissantes. « Ces experts ont acquis des standards de qualité au sein des majors du secteur et les ont ensuite importés dans les nouvelles structures qu’ils ont rejointes ».
Son expansion, la Wallonie Biotech la doit aussi à la qualité de sa recherche académique. « L’ULB, l’UCLouvain et l’Uliège ont fait naître et ont soutenu
La véritable force biotech de la Wallonie
de nombreuses sociétés spin-off qui ont stimulé la recherche et le développement ». Sans oublier l’apport des nombreuses infrastructures telles que le BioPark à Gosselies, ou plus récemment le LegiaPark à Liège. Des lieux facilitateurs qui permettent d’ancrer la pratique dans notre pays et de faire naître de nombreuses
13.000 patients sont ainsi impliqués dans 1.500 essais cliniques sur notre territoire. Des partenariats qui pèsent évidemment dans la balance en termes de recherche et développement.
Face à tout ceci, il n’est pas étonnant que certains aient rebaptisé notre
à l’UCLouvain. « On recherche des profils de tous niveaux de qualification ». Une problématique qui pousse les entreprises à se rapprocher physiquement des universités. « C’est ce que l’on constate notamment au sein du LLN Science Park. Et pour cause, l’Université de Louvain-la-Neuve est l’une des universités où l’on a le plus de chance de capter directement les étudiants fraîchement formés ». Sans surprise, les défis de demain pour la BioTech se résument donc au développement de nouvelles
synergies. Enfin, rappelons également que le réseau hospitalier et les autorités belges soutiennent largement le développement de la recherche clinique en Wallonie.
« Avant qu’un médicament n’arrive sur le marché, il passe par une série de tests en laboratoire. S’ensuivent les tests sur les animaux et puis les tests cliniques sur les patients ». Annuellement, pas moins de
pays “la Silicone Valley de la Biotech”. « Proportionnellement à sa taille, la Wallonie se situe particulièrement bien par rapport à d’autres acteurs », poursuit Philippe Degive. « Le revers de la médaille étant qu’aujourd’hui notre région manque de talents dans le secteur des BioTech », explique Nathalie Burteau, coordinatrice des financements régionaux et fédéraux
infrastructures qui favoriseront l’innovation et à l’investissement massif dans des formations pour le secteur. Un message déjà bien reçu à Charleroi qui lance le biotech Campus, son nouveau campus dédié aux biotechnologies et à la pharma technologies. Un nouveau carrefour d’emplois et de formation pour maintenir la Wallonie et la Belgique au top du secteur biotech.
Ce qui fait surtout notre force, c’est cette richesse en termes de diversification.
— PHILIPPE DEGIVE
Ce qui fait surtout notre force, c’est cette richesse en termes de diversification.
— PHILIPPE DEGIVE
Le CER Groupe, centre d’excellence de la recherche
Installé au sein du parc scientifique Novalis en province du Luxembourg, le CER Groupe est un acteur incontournable dans le secteur de la santé. Olivier Vanloocke, CEO, nous présente ce centre d’excellence.
Qu’est-ce que le CER Groupe ?
« Le CER Groupe est un centre d’excellence dans divers domaines, reconnu en Wallonie, en Belgique et en Europe. Nous soutenons la recherche dans le domaine de la santé humaine et animale. Deux cents personnes, expertes dans leurs domaines de compétence, œuvrent à cette mission. »
Pourquoi pousse-t-on la porte du CER Groupe ?
« Notre offre est intégrée : nous réalisons en un seul lieu des analyses précliniques de A à Z sur, par exemple, des anticorps, des vaccins ou de nouvelles classes de thérapies (ATMP). Nous avons affaire à un certain nombre d’entreprises jeunes, issues de la biotechnologie, mais pas seulement. Les Big Pharmas, belges ou étrangères, cherchent chez nous de l’aide pour leurs recherches. Ces entreprises progressent dans leur développement grâce aux résultats d’analyses qu’elles génèrent en nos murs. »
Quelle est la marque de fabrique du CER Groupe ?
« La plupart des jeunes entreprises qui viennent chez nous ont besoin d’aide dans la construction de leurs projets. C’est un peu la cerise sur le gâteau que nous offrons et que nos clients ne trouveraient pas ailleurs. Nous proposons une forme de flexibilité, de customisation de la réponse et d’accompagnement dans le montage du projet. »
Le CER Groupe est un Centre de Recherches Agréé (CRA) par la Région wallonne. Qu’implique cette agréation ?
« Nous avons la chance d’être les seuls à avoir cette agréation dans le secteur de la santé. Pour soutenir sa politique de recherche, la Région a défini différents axes stratégiques et confie aux centres agréés une mission de soutien à la recherche. Les entreprises soutenues par la Région wallonne dans leur programme de recherche sont orientées vers le CER pour accéder à la plateforme technologique dont elles ont besoin. Nous bénéficions à ce moment indirectement des fonds publics mis à disposition de la politique de la recherche. Le retour sur
investissement est important pour la Région, tant sur le plan économique que sur le plan du développement technologique. Le CER est à ce titre un bon exemple de retour sur investissement. »
Dans le secteur, il y a aussi d’autres acteurs comme les universités et les entreprises. Quelle est votre place dans cet écosystème ?
« Notre centre agréé, les universités et les entreprises forment le cœur de la recherche en Région wallonne. Les universités sont des moteurs, mais nous sommes complémentaires. Elles créent de la connaissance et enseignent. Elles mettent aussi cette connaissance à disposition du réseau industriel pour contribuer au développement économique de la région. Nous nous positionnons en relai dans ce transfert de technologies et de savoirs. Ce partenariat avec le monde académique est un maillon important de contribution à l’économie wallonne. »
Êtes-vous actifs dans d’autres domaines ?
« La santé ne se limite pas qu’aux médicaments et aux vaccins, nous sommes aussi actifs dans la sécurité de la chaîne alimentaire. Le CER est un laboratoire national de référence actif aussi bien en Région wallonne qu’à l’échelle européenne. Nous sommes un laboratoire détaché de l’AFSCA. »
En Belgique, la recherche bénéficie d’un régime fiscal attractif pour les investissements dans le secteur. Est-ce important pour une société pour le CER Groupe ?
« La recherche coûte cher. La Belgique est extrêmement attractive pour les entreprises travaillant dans le secteur de la santé. Nous disposons d’un régime fiscal avantageux pour les produits développés et dont la propriété intellectuelle a été créée en Belgique. Il y a un intérêt fiscal pour les grands groupes, mais aussi pour les petites boîtes.
Il y a aussi des discussions autour du système de la réduction du précompte professionnel prélevé sur la rémunération des chercheurs.
Si on touche de manière significative à ce régime, on va priver les centres de recherche, les universités et les entreprises de moyens pour faire avancer la recherche. »
Quels sont les grands projets du CER ?
« Nous évoluons en parallèle du développement des secteurs biotech, medtech et agrotech, en Belgique et en Europe. Ces secteurs sont en forte demande de nouvelles technologies et en croissance rapide. Nous œuvrons au travers de consortiums rassemblant entreprises, universités et centres de recherche au développement de nouvelles technologies avec le soutien financier de la Région wallonne et de l’Europe via les programmes FEDER. Nous attendons des décisions importantes et espérons obtenir les fonds nécessaires.
La forte demande nous incite aussi à penser à un projet d’agrandissement en partenariat avec Idelux. L’idée est de construire un nouveau bâtiment pour la recherche préclinique au sein du parc scientifique de Novalis. Ici aussi nous attendons des décisions de financement importantes. »
Aujourd’hui,
Par Bastien CraninxLe concept d’“empowerment” du patient fait son chemin, mais pouvoir considérer le patient dans une relation plus équilibrée avec un spécialiste de la santé demande encore des aménagements essentiels.
Un concept prend de plus en plus d’ampleur dans le domaine de la santé : l’empowerment (ou autonomisation, ndlr) du patient, qui vise à modifier la relation verticale actuelle entre le patient et le soignant. « Aujourd’hui, il faut dépasser la notion du médecin qui sait et du patient qui subit », explique Geneviève Aubouy, responsable du Centre d’Education du Patient asbl. « Les soignants ont une expertise scientifique des maladies. Les patients, eux, ont une expertise profane au quotidien ». Ils ne doivent donc plus être uniquement considérés comme de simples bénéficiaires de soins, mais également comme les dépositaires d’une connaissance et de compétences. « Cette idée du patient partenaire développée depuis le Canada pour ensuite atteindre l’Europe a entraîné une amélioration de la qualité de vie des patients ainsi que de leurs symptômes ». Et ce, en grande partie, pour faire face au défi des maladies chroniques.
Cette visée d’évaluation passe inévitablement par le fait de rendre les patients plus compétents : il serait important de valoriser une approche plus éducative à leur encontre. Cela les amènerait à faire des choix raisonnés et positifs pour leur santé. Malheureusement, en Belgique, la mise en pratique de l’empowerment se réduit souvent à de la simple information. « De plus, les spécialistes sont peu
Aujourd’hui,
ouverts aux aspects psychosociaux de la santé. Or, c’est fondamental dans le contrôle de cette dernière », insiste Benoît Pétré, chargé de cours en Éducation Thérapeutique du patient à l’Université de Liège. Ainsi, pour un diabétique par exemple, on insistera sur ce qu’il peut ou non manger, plutôt que sur la manière de communiquer ses besoins de santé à son
entourage. Ceci serait notamment dû à l’hyperspécialisation par pathologie. « On s’intéresse parfois plus à l’organe ou à la maladie qu’à la personne qui souffre ». Un biais qu’il s’agirait de dépasser en faisant notamment évoluer la formation des professionnels vers des aspects de communication, d’éthique et d’éducation au patient.
— GENEVIÈVE AUBOUY RESPONSABLE DU CENTRE D’EDUCATION DU PATIENT ASBL
Bien entendu, cette approche a ses limites. L’automédication abusive est un phénomène connu, mais il ne faudrait pas non plus risquer l’hyper responsabilisation des patients. « La crainte est qu’on en vienne à faire porter toute la responsabilité des soins sur le patient et ses habitudes de vie », explique Benoît Pétré. « Dès lors, les institutions pourraient refuser d’intervenir pour les patients si ces derniers ne changent pas leurs comportements ». Un niveau de littératie insuffisant (capacité à interpréter les informations pour opérer des choix de santé) est également à craindre. « L’accessibilité de l’information de qualité au patient est capitale. Si ce n’est pas le cas, ce dernier ira chercher les informations concernant sa maladie sur les réseaux sociaux par exemple. Ce qui n’est pas toujours une bonne idée », poursuit Geneviève Aubouy. Pour l’experte, la bonne littératie en santé reposerait sur quatre dimensions : l’accès à l’information par le patient, sa capacité à la comprendre, la manière de la mettre en pratique dans sa vie quotidienne et la possibilité d’évaluer les coûts et les bénéfices de cette information. Pour la favoriser, il serait donc nécessaire d’avoir des professionnels de première ligne et des relais particulièrement fiables. « Rien ne peut remplacer un lien de confiance avec un professionnel. À partir du moment où cette relation d’égal à égal se crée, c’est plus facile d’aborder des sujets, même tabous ». On le voit, si le concept d’empowerment est intéressant, il doit encore être mûrement réfléchi au sein des institutions médicales.
L’avènement d’un nouveau type de médecine
il faut dépasser la notion du médecin qui sait et du patient qui subit.
il faut dépasser la notion du médecin qui sait et du patient qui subit.
Caroline Ven
Les défis de la ‘‘Pharma Valley ’’
Ces derniers temps, la pénurie de médicaments a suscité l’inquiétude et les entreprises pharmaceutiques ont été pointées du doigt. Mais il ne faut pas se méprendre : pour l’industrie aussi, chaque indisponibilité est une indisponibilité de trop.
En Belgique, de nombreuses initiatives existent déjà pour garantir l’accès des patients aux médicaments dont ils ont besoin. Les complications qui se produisent parfois peuvent avoir plusieurs causes.
Les prix des médicaments subissent, tout d’abord, une forte pression à la baisse en raison des interventions gouvernementales. Il n’est pas non plus aisé d’ajuster les prix des médicaments pour refléter la hausse des coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre, ce qui exerce une pression sur les fabricants. Il arrive donc que les entreprises ne puissent plus maintenir le médicament sur le marché, ce qui entraîne une indisponibilité pour les patients.
Ensuite, les médicaments en Belgique doivent pouvoir circuler conformément à la libre circulation des marchandises dans l’Union européenne. Comme le prix d’un médicament est déterminé par le gouvernement de chaque pays, on observe un transfert depuis les pays où les prix sont peu élevés, comme la Belgique, vers les pays où les prix sont plus élevés. On appelle cela des exportations parallèles. Malgré le système de quotas qui permet aux entreprises pharmaceutiques de conserver un stock pour aider les patients, il leur est souvent impossible de fournir un approvisionnement adéquat suffisamment rapidement en cas de fuite à l’exportation. Car il n’est pas facile d’augmenter la production.
Les processus de fabrication des médicaments prennent beaucoup de temps et sont extrêmement complexes et fragiles. Les vaccins, par exemple, ont souvent un processus de fabrication de plus de 18 mois. De nombreux médicaments biologiques sont développés à partir de cellules vivantes. Il est parfois impossible de détecter immédiatement ou facilement un événement inattendu dans l’une ou l’autre étape de ce processus, ce qui peut entraîner des retards importants dans la livraison du lot suivant, pour le marché belge mais aussi pour d’autres pays. Augmenter la production lorsque la demande augmente ne peut se faire du jour au lendemain. Les matières premières sont souvent rares et doivent être manipulées avec beaucoup de précaution. Le maintien de stocks de réserve importants n’est donc pas justifié et pourrait entraîner une forte pression à la hausse sur les prix, voire une pénurie d’autres médicaments utilisant les mêmes matières premières.
Le gouvernement belge veut consolider la position de la Belgique comme “Pharma Valley”. Notre secteur est heureux de collaborer à la concrétisation de cette ambition. Afin de mettre et de maintenir les médicaments à la disposition des patients belges dans le futur, nous devrons procéder aux ajustements nécessaires à long terme pour rendre notre système de distribution moins sensible à une série de facteurs externes. Mais il faut veiller à ce que les médicaments ne soient plus considérés comme un coût, mais plutôt comme un investissement pour la santé des personnes.
Les processus de fabrication des médicaments prennent beaucoup de temps et sont particulièrement complexes et fragiles.
— CAROLINE VEN CEO DE PHARMA.BE
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L’ENDOSCOPIE, UNE TECHNIQUE MÉDICALE EN PLEINE ÉVOLUTION
La Fondation Cremer contribue à améliorer et à développer cette forme de médecine peu invasive.
Créée en hommage à celui qui fut le pionnier de l’endoscopie thérapeutique, la Fondation Michel Cremer soutient des recherches entre médecins et ingénieurs, pour la conception et la mise au point de dispositifs médicaux innovants pour le bien-être du patient.
Les recherches portent notamment sur le développement d’instruments permettant de mieux détecter et traiter des patients souffrant de pathologies digestives comme des cancers digestifs précoces, mais aussi des maladies telles l’obésité, le diabète, le foie gras (NASH) qui sont les 3 pandémies de notre siècle. Elle aide à concevoir des traitements pour des maladies rares pour lesquelles les instruments spécifiques ne sont pas disponibles.
Qu’est-ce que l’endoscopie ?
De manière générale, l’endoscopie thérapeutique est une intervention pratiquée par voie naturelle à l’aide d’un tube souple - l’endoscope -, qui contient des fibres optiques, au bout desquelles se trouvent une lampe et une petite caméra d’exploration.
Quels sont les avantages pour les patients ?
L’invasivité minimale de l’endoscopie réduit de manière importante la douleur liée au traitement et raccourcit les durées d’hospitalisation ainsi que la durée de revalidation
L’endoscopie flexible a généré une véritable révolution dans la précision du diagnostic et le traitement de pathologies diverses du tube digestif, des voies biliaires ou du pancréas.
Votre aide est précieuse
L’endoscopie nécessite un développement permanent d’instruments permettant des interventions de plus en plus complexes et c’est là que la recherche est essentielle.
Aider financièrement ces projets, c’est accélérer la mise à disposition de nouveaux traitements pour le mieux-être de tous.
Pour plus d’informations : michelcremerfoundation.eu 0475 53 16 38