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JANVIER/FÉVRIER 2021
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NIELS RODIN
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LAURIANE.J.CRÉATION
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TENDANCES FOOD
Le rouge sort du noir
Après la pluie (d'étoiles)... Je t'aime, moi non plus
L’après cauchemars en cuisine Tables rases
La faim des haricots ! Acte 1 tomme 1
Pour l'amour du zest Capitaine Brochet
Parce qu'elle le veau bien ! Ventres à terre
Marches à suivre C'est du Baud !
A la forge des bras La terre en l'air
Service gagnant Plats du jour
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MÊME PAS MÂLE
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MÂLE ET DICTION
Le paquet final
Mme & une montagne de plaisirs
M’ENERVE 146 ÇA L'effet poule de neige !
pour la gagne !
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MONTAGNE Plan B
Fast & curious
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Qu'est-ce ski se passe ?
PINTURAULT 106 ALEXIS Slalom de vie d'un géant CHAPPAZ 110 JULES L'âme de fond TAN-BOUQUET 114 ARGELINE La France a un incroyable talon BOCH & C. SÉNÉCHAL 118 M. Glisse en chœur CAVET 124 BEN Des creux & un boss LEDEUX 126 TESS Big little Tess
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OBIOLS 130 JÉRÔME Pics & clics
Food news
LE DROIT D’ABORD 136 J’AI Hôtel ou résidence
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QUOI MA GUEULE ?
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ALLO MAMAN BOBO
138 JURIDIQUE Succession, l'accompagnement
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BON SANG DE BON SENS !
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COIN G
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ESSAIE ENCORE
La lotion qui pulse !
Des repas sous haute surveillance
Ma récup' on s'en occupe ?
de tourisme ?
du notaire
Queue nenni ! Tous les cris, les s. eau s.
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On ne va pas en faire (A toi, papa, tu l’aurais aimé, celui-là…)
J’
étais beau-fort, des pattes d’ours, un cœur de lion, mais, par un caprice des dieux, un soir, j’ai glissé sur la chaussée aux moines. D’égoutté, me voilà déjà emballé. J’étais pourtant pas pressé. Toute la bande des Saints était là pour m’accueillir, Félicien, Marcellin, Moret, Nectaire et même Honoré. “Mmm. Pas sûr que ce soit de bon agur, tout ça…” Ce qui devait être un curé nantais, vu sa tête de moine, s’avança… Il se faisait appeler Petit Billy. J’avais toute une bactérie de questions à lui poser. - Je vous en brie… me dit-il, sans doute enrhumé. - J’ai leerdammer, hein ? - Rouy, on peut le dire. - C’est étrange, moi qui pèse d’habitude une tomme, je me sens tout affiné… - Et oui, ici, corps, emmental, tout est allégé ! - Je savais mon temps comté, je suis un vieux pané de la dernière pluie, mais êtesvous bien sûr que c’était mon tour ? - Appenzeller que c’est la bonne heure, oui. - Ah… et cheddar, là, pour demander un peu de rab ? Le voilà kiri. - Tartare donc… Et où sommes-nous ? - Entremont et maroilles, entrammes et pouligny Saint Pierre, plus exactement au palet du Maursois. - Hum… Salers sympa, cantal la déco, je ne suis pas sûr d’être fan, c’est assez rustique. A vrai dire, ça casse pas des briques, si je peux me permettre, tout ce bleu… - Avec le temps, vous apprécierez le camaieu, bleu de Termignon, de Gex, de Bresse, des Causses, d’Auvergne… - Marbleu, n’en jettez plus ! C’est à cet instant que je reconnus Madame Loïk et sa silhouette rondelé. Elle était pourtant passée soumaintrain, si mes souvenirs sont bons. Elle faisselle qui m’a pas vu… C’est curieux, devant cette belle des champs, moi qu’on surnommait le roquefort, je ne sens plus trop ma bûche… P’tit Louis, face à ce nouveau munster, vint m’éclairer : - Vous verrez, elle est encore mimolette, votre briquette, mais bientôt elle sera toute fondue ! Je lait cru, il avait l’air sancerre. - L’époisses ! Plus de baby’belle… - Banon. Mais vous verrez, il y a d’autres plaisir qu’au (chab)lis, et en abondance ! Ça chaumes pas ici ! - Une vie sans c’edam, c’est pas une vie… - Ça y est… ça rentre… - Mais tout s’explique : il y a erreur sur la personne !!! Sans vouloir vous offenser, moi, je crois en Gouda ! Le per’sillé par le toupin de ce trou du cru, ne trouva rien à r’étorki.
Lara Kette rer Rédactric e en chef
EN COUVERTURE : © Nito / Activmag ACTIVMAG (supplément mensuel d’Eco Savoie Mont Blanc) Les Papeteries - Image Factory - 3 Esplanade Augustin Aussedat - Cran Gevrier - 74960 Annecy - 04 50 05 64 30 I Directrice de la publication, rédactrice en chef : Lara Ketterer - l.ketterer@activmag.fr Secrétaire de Rédaction : Victoire Barrucand - v.barrucand@activmag.fr I Design, maquette, montage PAO : Sophie Caquineau, Pauline Lebeau, Lauren Bodin Commerciales Haute-Savoie : Laetitia Bécret : 06 28 96 83 42 - Blandine Mathieu 06 60 60 24 94 Savoie : Agnès Desplantes 06 51 01 20 58 - Nathalie Attinault 06 47 84 79 86 - Suisse : Corinne Billet 06 89 65 09 09 Coordinatrice commerciale : Elisa Raddaz 04 50 33 35 34 DEVENEZ DIFFUSEUR ACTIVMAG : Direction diffusion et abonnement : Pamela Damaggio 07 82 95 14 81 Rédaction : Victoire Barrucand - Magali Buy - Frédéric Charpentier - Clémentine Delafontaine - Delphine Guilloux - Céline Leclaire - Mélanie Marullaz - Béatrice Meynier Christine Mouez-Gojon - Gaëlle Tagliabue - Fleur Tari-Flon - Marie Vaudage - Maître Laumet Impression Rotimpress I Distribution : Supplément de l’hebdomadaire Eco Savoie Mont Blanc. Marchands de journaux ACTIVES SAS filiale de SOPREDA 2 SA Edition, rédaction, publicité - B.P. 9017 - 74990 ANNECY cedex 9 5
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Esprit es-tu là ?
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pectacle annulé ? Pas de panique ! L’écrivain Bernard Werber et le saxophoniste Geoffrey Secco unissent déconnexion et créativité, et proposent une séance perchée, en toute intimité, unique, interactive et en streaming, le vendredi 19 février à 21h. Un voyage intérieur depuis votre canap’, drivé par la voix de l’un, la musique de l’autre. Entre confort assuré et décontraction totale, il suffira de vous connecter et d’échanger par chat si vous le souhaitez, votre casque audio vissé sur vos oreilles. Partez explorer les recoins de votre esprit, attention, palpitations garanties !
+ d’infos : Vendredi 19 février de 21h à 23h. Contact : spectacles.aixlesbains-rivieradesalpes.com Tarif unique 25 €
e r i a t n e Elém er mon ch ! Watson
L
éco…
’économie et lui, ça fait 2, peut-être même 3… Et ce jargon, oh la la, quel charabia ! Mais Christophe Thollet, alias Papa Vigere, n’a pas dit son dernier mot ! Si « impôts », « PIB » et autre jargon TTC lui donnent des boutons, il n’y a pas 36 remèdes, si ce n’est l’information. Alors depuis le 16 janvier, tous les samedis à 10H45, ce Savoyard, intermittent du spectacle, fait son show et part à l’assaut de Youtube à grands coups de vidéos. Une croisade pour les nuls et par un nul, pour rendre l’éco glamour… Il planche comme jamais pour faire vibrer ses théories déjantées, entre humour et bonne humeur, on s’marre et on se rassure sans compter, et c’est bien joué !
+ d’infos : L’économie pour les nuls par un nul, tous les samedis à 16h45. Chaîne Youtube Papa Vigere Première vidéo : BIT.LY/PAPAVIGERE1
er et prends s l’aventure ? Enfile ton imp u as plus de 6 ans et tu aime d’éditions son mai la et 74 artementales ta loupe, les Archives Dép les preuis Dep . toire l’his de r cœu ent au Courtes et Longues t’emmèn mystère le s dan chives détectives - Enquête mières pages du bouquin « Ar oque d’ép s film et s blasons, cartes, pellicule des Archives », bibliothèques, cy Nan de e plum la s Sou s. à tes investigation donnent du grain à moudre eux qui veill mer de mon un tout t c’es na Griot, Guilbert et les crayons d’An ateur, des trésors imoine, du métier de conserv patr du te uver déco la à part y va ? On ? ssiéreux. Alors t’es prêt cachés dans les souvenirs pou
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lle a été longtemps, et à tort, considérée comme un geste optionnel dans le protocole du démaquillage, utilisée en complément du lait nettoyant. Aujourd’hui, les nouveaux produits nettoyants (huiles, mousses, eaux micellaires, gels...) laissent une place d’autant plus intéressante à la lotion tonique, devenue un « pré-soin » à part entière. Elle apaise, hydrate, purifie, rafraîchit, resserre les pores, booste le teint, lutte contre l’excès de sébum, émousse les rougeurs, les petites imperfections et les peaux mortes. Rien que ça.
FORMULES À LA CARTE Une lotion tonique est un liquide à base d’eau déminéralisée, d’eau de source, de régulateurs de PH pour neutraliser le calcaire de l’eau, de tensioactifs… Elle répond aux besoins de différentes peaux, leur donne un véritable coup de peps, les rendant perméables, ainsi plus réceptives aux produits qui leur sont ensuite appliqués. Pour bien comprendre, prends une éponge sèche, mets un produit dessus, il ne pénètre pas ou mal. Pour qu’il soit absorbé, il faut mouiller l’éponge.
POUR LA PEAU, C’EST PAREIL.
Selon les lotions, le « Tonique » est gorgé d’agents hydratants (glycérine, acide hyaluronique, vitamine E…). Il y a quelques années, il contenait de l’alcool (qui perturbe le film hydrolipidique), aujourd’hui remplacé par des ingrédients d’origine végétale. Pour que perdure Elle n’a pas les la sensation de fraîcheur pouvoirs d’un qu’elle créait, on utilise de démaquillant, mais la menthe. Du coup, pas de ceux d’émousser contre-indications pour les peaux sensibles qui priviléles résidus rebelles gieront les textures lactées pour une « peau ou gélifiées (à masser en zéro défaut ». Elle douceur). Pour les peaux mixtes ou grasses : lotion n’est pas non plus astringente à base d’hamavraiment un soin, mélis. Pour un effet puripourtant elle en fiant, de l’acide salicylique. Les gammes se sont élardistille certains de gies : extrait de camomille, ses bienfaits… La huile de camélia, de réglisse, lotion tonique fait allantoïne pour apaiser les peaux très sèches. Juste partie intégrante pour le plaisir olfactif, lotions du rituel pour un aux eaux florales d’extraits nettoyage parfait d’oranges, de citrons et de roses… ou aux huiles du visage. essentielles. PAR CHRISTINE MOUEZ-GOJON La lotion tonique s’applique soit, à la main, de l’intérieur vers l’extérieur du visage et puis tu tapotes du bout des doigts pour oxygéner l’épiderme, soit avec un coton imbibé en le faisant doucement glisser. Tu peux aussi l’appliquer avec un brumisateur et puis c’est bien de la conserver au réfrigérateur. A utiliser le matin pour nettoyer les toxines secrétées pendant la nuit, et le soir pour faire le plein d’hydratation.
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s a p e Des r C E T U A H S SOU E C N A LL I SURVE
ontrairement au boulimique et à l’anorexique dont le comportement se focalise sur la quantité des aliments ingurgités, l’orthorexique porte toute son attention sur leur qualité et leur provenance. Il s’impose des régimes contraignants, sans contrôle médical. Il croit bien faire, en poussant sa phobie nutritionnelle à des paroxysmes déraisonnables quitte à mettre en péril son équilibre physique et moral. Son angoisse à l’idée d’avaler de la « mauvaise » nourriture a un réel impact sur sa vie sociale. Il passe des heures par jour à choisir méthodiquement de quoi son repas sera composé et refuse toutes invitations chez des amis ou au resto, tant il est miné par l’inquiétude d’une potentielle dangerosité des plats qui lui seraient proposés.
PATHOLOGIE RÉCENTE L’orthorexie souvent assimilée à un TOC, n’est pas reconnue comme une maladie. Pour autant, elle semble en constante progression depuis 1997, date à laquelle elle est décrite pour la première fois par le Docteur Steven Bratmann à l’origine d’un test qui permet, en cas de suspicion, d’évaluer le rapport que l’on peut avoir avec son alimentation. Sont plus précisément à risques les adultes, les femmes et les sportifs. Rien n’échappe à ces « as » du décryptage des étiquettes ! Additifs, conservateurs, colorants, pesticides, produits chimiques… Au secours !
Tu as décidé de ne manger que pur et sain, jusqu’à l’obsession. Te voilà addict aux aliments « parfaits ». Tu es orthorexique. Ce rapport déviant à la nourriture est un trouble qui peut prendre le contrôle sur ton mode de vie, ta santé, ta pensée… Attention danger. PAR CHRISTINE MOUEZ-GOJON
PROTOCOLE MANIAQUE
Evidemment, les consommateurs misent essentiellement sur les produits « bio », à condition de savoir d’où ils viennent, comment ils ont été préparés, et dans quels récipients… Certains s’adonnent à de curieux rituels : mastiquer 50 fois les aliments, ne pas consommer fruits et légumes cueillis depuis plus de quelques heures… Réduire, voire éliminer le sel, le sucre, les matières grasses, les hydrates de carbones… Il reste les légumes à volonté que d’aucuns rincent à l’eau de javel. Il en est, tels « les hygiénistes », qui privilégient les aliments blancs qu’ils qualifient de purs et sains : chocolat blanc, crème fraîche… Et en cas « d’entorse », un fort sentiment de culpabilité conduit, pour purifier l’organisme, à faire diètes et détox excessives. Sous prétexte de préserver sa santé, en suivant, des règles drastiques, souvent mal équilibrées, on observe, chez les orthorexiques, l’apparition de carences qui affectent les os, les muscles, entraînent fatigue, chutes de cheveux, problèmes de peau, défaillances des reins, du pancréas… S’en sortir, c’est possible : thérapies comportementales et cognitives pour réduire les compulsions, on peut consulter un nutritionniste, réintégrer la notion de plaisir du goût et laisser parler ses envies.
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M
’ p u c e r a M ON S’EN OCCUPE ?
ais comme vous n’êtes pas du genre à vous laisser abattre, vous allez reprendre les choses en mains, et vite fait bien fait en respectant ces 3 règles d’or…
Règle n°1 : ton alimentation, tu corrigeras ! Parce que c’est aussi l’occasion d’éliminer le foie gras et la bûche que votre balance n’a pas manqué de vous rappeler, vous allez du même coup reposer votre foie et votre système digestif pour retrouver de l’énergie. On allège la charge en : - protéines animales au profit des légumineuses (lentilles, pois chiches, pois cassés…) - produits laitiers, en se limitant aux fromages de brebis ou de chèvre 2 ou 3 X/ semaine. - gluten en réduisant les pâtes et le pain à remplacer par du riz semicomplet, du sarrasin, du millet, du quinoa, des galettes de sarrasin…. Et on met l’accent sur les légumes & fruits de saison et les oméga 3 (huiles végétales de colza, lin, cameline). Pour les plus motivés, pourquoi pas une Ce n’est pas un monodiète de bouillons clairs de léscoop, la période gumes, ou de banane sur 2 ou 3 jours.
n’est pas folichonne pour notre énergie… On se traîne souvent une grosse fatigue, les fêtes et leur lot de repas chargés sont passés par là, et pour peu qu’un virus se soit incrusté en invité surprise, l’année commence sur les rotules…
© Roi_and_Roi
Règle n°2 : des superaliments, tu mangeras ! Des aliments riches en tyrosine, comme les amandes, avocats, bananes, betteraves, choux, thé vert, haricots de lima, origan, arachides, romarin, graines de sésames et de citrouilles, curcuma, pour la dopamine, cette hormone qui donne la pêche. Côté plantes, une petite cure de rodhiola aura un effet dopaminergique. Les algues bleues comme la Spiruline, riche en fer, et la Klamath, une algue que j’affectionne tout particulièrement pour son incroyable richesse PAR DELPHINE GUILLOUX, en micro-nutriments, anti-oxydants NATUROPATHE ET IRIDOLOGUE et anti-inflammatoires. Mais encore et dans le désordre : les graines germées, la poudre d’herbe de blé, les bourgeons de cassis (gemmothérapie), la gelée royale, les graines de chia et les baies de goji (à condition de les faire tremper !), les baies d’açai, la grenade…
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Règle n°3 : faire de l’activité physique régulièrement, tu t’engageras ! La recette miracle : une activité quotidienne, de préférence en plein air d’au moins 30 minutes, permettra de renforcer votre énergie, votre cerveau, ainsi que les systèmes digestifs, circulatoires, articulaires et cardio-vasculaires ! Choisissez ce qui vous convient le mieux, que ce soit une simple marche pour aller travailler, du vélo, de la randonnée en montagne, des sports de combat, de l’entraînement en salle de sport, du Pilates, du yoga… Dernier point en bonus, prenez soin de vous : mieux s’organiser, dégager du temps pour soi, se débarrasser des choses inutiles, fuir les personnes toxiques, les amours à sens unique… Une nouvelle année, c’est le bon moment de faire le ménage pour soi !
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a fatigue, le manque d’envie, le mauvais timing, l’haleine de poney, ou encore la fameuse migraine, les raisons d’une libido en berne sont multiples.
POUPÉE QUI FAIT NON En 2014, un mari frustré par les 24 refus de son épouse sur ses 27 tentatives en un mois et demi, a même tenu un inventaire des excuses qu’elle a utilisées. Vexée, cette dernière l'a rendu public sur Internet pour humilier son conjoint peu compréhensif. La situation suscite parfois des rires gras. Comme dans cette blague du type qui emmène sa femme au zoo. Il lui demande d’aguicher le gorille, puis une fois que l’animal est bien chaud, la jette dans sa cage en hurlant : “Vas-y, maintenant, explique-lui que tu as la migraine !”. En fait, le râteau dans le couple est plutôt un sujet tabou, que notre Loulou rempli de testostérone a du mal à encaisser. Obligé de dormir sur la béquille, il doit remettre à plus tard son envie de perpétuer l’espèce. Il s’imaginait déjà en pilonneur du lit là, et pas de chance, son gain s’barre. Du coup, à l’instar des 63% des hommes qui aimeraient ken leur Barbie plus souvent (enquête de 2011), il se demande alors, frustré, « à quoi sers-je ? ».
GAZON MAUDIT Attention, même si vos glandes réclament, il n’est pas conseillé d’insister pour transformer en « oui » le refus de votre chérie. Respectez ce non, et oubliez les trucs du style, « l’appétit vient en mangeant », car la faim ne justifie pas tous les moyens. Depuis 2006 en effet, le viol conjugal est sévèrement puni par la loi. Quant à vous, Chouchou, si, par culpabilité, vous cédez à la pression, vous entrez alors dans ce que le sociologue JC Kaufmann, nomme la « zone grise », dans son dernier livre « Pas envie ce soir ». Cette frontière floue qui sépare l’acte consenti de l’acte subi. « Je n’ai pas envie, mais, comme il insiste, je vais lui faire plaisir pendant 5 minutes ». Peur de le blesser ? Du conflit ? Peur qu’il se jette sur la voisine en représailles ? Bref, pour éviter de plomber l’amEn théorie, la vie de couple biance alors que belle-maman vient déjeuner, implique des rapports sexuels et moyennant quelques arrangements avec votre conscience, vous vous dévouez pour un plus ou moins fréquents. royal câlin. « Mari vaut bien une fesse », vous Mais en pratique, la fusion des dites-vous, en songeant à Henri IV, qui a salibidos n’est pas toujours au crifié son protestantisme pour devenir roi de France. top. Comment dire non à votre
Jules sans qu’il le prenne mal ?
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CON-PROMIS, MAIS CHOSE PAS DUE
Pourtant, le principe fondamental d’un rapport sexuel est l'accord explicite des personnes impliquées. Dans le cas d’un refus unilatéral, soit on trahit son désir, soit celui de l’autre. Et même si la vie à deux implique des compromis, on voit bien qu’en l’espèce, il n’y a pas grand-chose à négocier. C’est tout ou rien. Au pire, expliquez la raison si l’esquive est conjoncturelle, ou proposezlui une partie de Uno pour le consoler. En tout cas, soyez claire. Rien ne vous oblige. La « belle au bois dormant » qui se laisse tripoter pendant son sommeil par le prince charmant sans donner son consentement n’est pas un exemple à suivre.
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V
endredi, 11h45, Sévrier, pluie diluvienne, hiver. Ça va piquer ! J’en frissonne, mixe d’excitation et d’inquiétude latente. Dans quoi suis-je encore allée me fourrer ? De la marche aquatique dans le lac, là, maintenant ? Au moment de partir, les trombes d’eau et la température extérieure à un chiffre (et pas le plus haut) auraient presque raison de ma motivation (bizarre ?). Halte préalable dans un magasin de loc pour dénicher la combinaison qui va garantir ma survie dans les prochaines heures. Sur les lieux, j’aperçois quelques silhouettes noires, au rendez-vous amphibien. C’est le moment d’enfiler la panoplie. Oh punaise en voilà une étape qui réchauffe et échauffe. Ouf, pas de caméra pour immortaliser cette scène de tortillement-contorsionnement-arrachage de cheveux qui s’entame dans la voiture, mi « à-poil je me cache comme je peux », mi « je tire comme une dingue sur la satanée combine, pas possible : c’est du 12 ans ? », je sors en nage (c’est de bonne augure) et marche en grenouille jusqu’au bord de l’eau, la cuisse moulée, le boule engoncé, les seins… écrasés ! Et la tête ? Ah la tête, qu’est-ce que je suis contente de ne pas me voir finalement. J’ai la capuche en néoprène qui m’empêche de la tourner, le K-way de Dany Boon en somme.
QUEUE DE POISSON Je rejoins le groupe et Isabelle, mon guide. Infiniment douce et rassurante, elle me permet de redescendre un peu. Et, un pas après l’autre, nous attire vers les eaux grisées. De façon très progressive, à coups de pas chassés et de grandes enjambées, nous nous immergeons à chaque fois un peu plus. L’eau pénètre, un peu sournoisement, m’arrachant quelques petits spasmes de stupeur, mais pas de tremblements. Bon, je n’en suis qu’à micuisses, patience… Respirations profondes, la pluie s’est calmée et de toute façon, mouillée pour mouillée… Les cormorans postés sur leurs poteaux d’observation semblent bien se marrer et le cercle que nous formons pourrait s’apparenter à une secte bien barrée. Pourtant quel pied ! J’ai l’impression d’être une exploratrice follement aventureuse et d’avoir le privilège hors normes de profiter, seule au monde, d’un véritable bain de jouvence. Détente maximale et plein d’énergie en barre. Les mouvements étriqués du début (je vous rappelle l’étape de la combinaison ?) font place à des attitudes plus souples, à des gestes lents, mais amples, et sans même que je m’en aperçoive, j’ai de l’eau jusqu’au cou… Ah si, là je la sens l’eau qui ruisselle dans mon dos… Les nageoires me poussent… Alors, heureux ? Vous l’avez retrouvée la sirène du lac !
Les eaux du lac, fascinantes à la lumière changeante, inexorablement attirantes tout l’été durant et… carrément glaçantes dans la froideur de l’hiver persistant. Comment ça, non ? Eh bien allez, racontez la dernière fois où vous vous êtes baigné en plein hiver… Moi, je l’ai fait ! PAR GAËLLE TAGLIABUE
+ d’infos : la-methode-pilates.com
C’est la saint Valentin et Barry, mon Brésilien, n’a plus un radis. Pour ne pas faire chou blanc et mettre du piment, il a prévu une soirée canap’ et film à l’eau de rose pour entretenir la fane, et quelle carotte !
DANS LE
PO TA G E
PAR MAGALI BUY
I
l est au petit soin, épluche le moindre détail pour que je sois bien, cebette, mais ça datte ce temps où il était moins haut thym, il est plutôt pète noisette depuis, mais soyons clément et in, ce n’est pas ce soir que je vais le mettre à l’amande ! Et puis, il a l’air tout excité, il a une de ces bananes ! Ce serait pêcher. Il lance le film, le générique annonce la pleine maturité : Mara des bois et les joyeux compagnons… Popopo question CULture, j’vais ramasser…
LES RAISINS DE LA COLÈRE En guest, Mara bien sûr, Toto, Basile, Jeanne, Pomme,
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William, Anna, Chantal Goyave dans le rôle de la menthe, Kale dans celui du pape… Ail ail ail, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire !!! Et moi qui pensais à une sag’aromatique, à y regarder de très près, il tient plutôt à moi comme à la prunelle de ses œufs. Aaaahhh, s’il pensait mettre la main au panier, il peut se tâter les noix, coco, il va finir à cran, barry. Parce que ça démarre, et ça démarre fort ! J’en ai les jambes qui flageolent et question cru à couper au couteau, ça m’râpe d’avance. J’aurais dû enlever mes lentilles, c’est sûr, j’vais finir au fond du Puy. Du coup, j’vous la coupe courte.
© sebos / lucky1984 / irina_levitskaya/ toricheks
/ J U ST E P O U R R I R E M Ê M E PAS M Â L E /
BIG HARO Mara travaille dans une cave et ça mâche pas fort. Tout le monde lui raconte des salades, dans l’es poires de tâter ses melons, tandis qu’ils goûtent les pinards… Et visiblement, ça n’la branche pas. Quand je vous dis que c’est juteux le truc ! Bref, ça s’agite quand Kale remarque que Toto mate un peu trop, il a l’air chou kale, il joue l’avocat des diables. Et alors que je m’évade sur le bouquet garni, qu’il tient ferme entre ses mains, soudain banda Basile… Hic ! Il s’enfile le verre cul sec et tente d’équeuter Mara avec son lance roquette, qui pâle comme une endive, lui met un coup de boule d’or ! Ça devient hot !
POTAT’OSE William intervient, mais quel fayot, lui aussi est en rut… Ahhhhh bagatelle, qu’est-ce qu’il ne f’rait pas pour la caramboler ! Allô et verra bien, il appelle un pote au feu pour qu’il l’asperge et demande à Pomme de s’taire, un peu trop bruyante à se faire tailler en rondelle. J’ai chaud. Mais je me laisse prendre…
FRUIT JUICE Et ça continue. Jeanne, kiwi dire que Mara ne fait pas le pois,
commence à ramener sa fraise. Et jeune pouce, pleine de fougue, la pucelle rit. Quelle courge ! De son côté, Chantal, un peu blette, n’a pas l’air dans son assiette. Elle se ferait bien trancher comme Mara déboitée, mais elle s’écrase. Purée, la pauvre, elle est complètement fanée et Laure y est déjà. Quant à Anna… naze. C’est à ce moment précis que Barry décida de récolter les fruits de la passion, ses mains de bouddha sur ma peau d’orange ! Alors Barry ? On a les noix de Brésil qui craquent ? Il est à deux doigts… Mais je le laisse mijoter…
C’EST LA FAIM Je me concentre sur son poireau histoire de regarder ailleurs, c’est quand même pas très beau ce truc avec ses poils hirsutes plantés, ça me botte pas des masses ! Mais j’ai faim ! Et avec les vapeurs que je me tape, quand je passe à la casserole, c’est chaud bouillant. Je pars me rincer à l’eau claire avant de me friser le persil et secouer le prunier, fraîche et dispo pour faire crac crac. Hummmm… je reviens, à point ! Ouhou Barry ? Laitue là ? Oignon… Visiblement la cuisson lente, c’est pas son truc, bien la peine de m’enfiler un navet pour tout ce bric et ce broc… Au lit ! Et oui, Barry comate !
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N'oeufDEadresses CHEFS Ahhhh les chefs et leurs secrets !!! On les a cuisinés, ils ont craqué. Et sans même nous faire d’histoire. Ils nous ouvrent leur répertoire. D’éleveurs en vignerons, De producteurs en forgeron, Veaux, vaches, cochons, Tanche ou jambon, Au nom du terroir, On a couru partout ! Mais pour les marathons, Les chefs sont les champions, Potager ou bonnes actions, Tout est bon Pour une constellation. Sauf que l’heure est au placard, Ils laissent le rouge au noir, De popote solidaire, En vogue la galère, Difficile d’être à la fête, Quand on est à la diète…
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© Zamurovic Brothers
DOSSIER
/ GWENDAL POULLENNEC /
Au lendemain de la cérémonie des étoiles Michelin, Gwendal Poullennec, directeur international des guides Michelin, revient sur une année millésime, qui fait déjà les gros titres.
Le rouge sort du PROPOS RECUEILLIS PAS MAGALI BUY
NOIR
Activmag : Pourquoi avoir maintenu le millésime ? Gwendal Poullennec : C’est une année vraiment noire pour la profession et les difficultés sont loin d’être terminées. Mais il n’était pas question de faire un millésime blanc ! Cela aurait été injuste pour les professionnels, les chefs et leurs équipes qui se sont battus au quotidien et qui n’ont pas démérité, bien au contraire. Pour preuve, ces étoiles décernées aux établissements qui ont encore franchi une étape dans leur qualité de prestation. Notre objectif est aussi de commencer à préparer l’après. Ce qui fera le succès du restaurant et la reprise économique, ce sera l’envie des clients d’y retourner, dès qu’ils auront la possibilité d’être accueillis et régalés par les chefs. Mais comment avez-vous pu maintenir un scan des restaurants ? Nous nous sommes ajustés de façon à être sur le terrain, chaque jour d’ouverture, sans congé sur cette période. De ce fait, nous avons maintenu le même nombre de repas que les années précédentes. Les inspecteurs ont mis les bouchées doubles, si je puis dire.
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Et cette première étoile qu’on décerne aux jeunes chefs, dont Mory Sacko pour le Mosuke à Paris, juste après son ouverture en septembre 2020. Ce n'est pas un peu rapide ? Dans la scène gastronomique française, et de façon générale, les choses s’accélèrent, les concepts évoluent de plus en plus vite, les équipes bougent et on s’adapte dans la durée, de façon à fournir des recommandations les plus à jour possibles. Dans des cas comme celui du Mosuke qui obtient une étoile après quelques semaines d’ouverture, il faut savoir que, comme les autres, l’établissement a été testé à de nombreuses reprises. Et si on a attribué une étoile, c’est qu’il la mérite ! Ce n’est pas parce qu’un chef est jeune qu’il doit attendre longtemps pour être étoilé. Au Mosuke, on a tout de suite trouvé un niveau de cuisine à l’étoile, une belle émotion gastronomique, de la maturité, une vraie signature et de la régularité. Même sur une période courte, si vous voyez que le niveau est assuré à tous les services, c’est que l’établissement est rodé, ce n’est pas du hasard ! On avait eu les mêmes questions pour Stéphanie Le Quellec
l’an dernier. Ce sont des chefs et des artisans de talent, qui ont fait un gros travail de fond avant de se lancer ou se relancer. Quand ça débouche, on se doit d’être là et de le faire savoir aux lecteurs du guide. Dans notre dossier, nous parlons « consommer local ». C’est cette tendance de fond que vous distinguez avec l’étoile verte depuis l'an passé ? Avec 33 étoiles vertes de plus cette année, ça bouge, et oui, c’est en partie lié à un vrai respect des producteurs, qui, plus que fournisseurs, deviennent des partenaires. Les chefs répondent aussi à une attente de la clientèle de plus en plus exigeante. Des produits de saison, frais, une traçabilité, une transparence, une tendance qui peut prendre diverses formes, comme le durable qui s’exprime dans des dimensions différentes. Entre le sourcing et le recyclage des déchets, on est quasiment aux deux bouts de la chaîne. Et les chefs sont souvent limpides sur ce plan : ils donnent accès à leurs producteurs, ce qui était, il y a encore quelques temps, inconcevable, développent les cuisines ouvertes… Tout ça va dans ce sens.
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/ GWENDAL POULLENNEC /
La stratégie du yoyo HUMEUR DE FLEUR TARI FLON
Le Guide avait pourtant annoncé publiquement, quelques jours avant sa sortie, une sélection pleine de bienveillance et d’encouragements, pour un secteur en grande souffrance. On aurait dû se méfier. Gwendal Poullennec ne prônet-il pas, depuis son arrivée,
Cela ne va-t-il pas un peu à l’encontre d’une gastronomie plus traditionnelle qui sert du homard à Paris ? On est loin du produit de proximité? Je n’opposerai absolument pas la cuisine traditionnelle à la cuisine respectueuse. C’est d’ailleurs pour cela qu’on travaille sur 2 dimensions. Les étoiles, c’est la qualité de la table, abstraction faite du concept. Il y a des tables veganes, de la cuisine traditionnelle, du sushi et ça reste le cadre du guide. Dans les promus, vous avez un établissement comme Hélène Darroze qui va être terroir, l’Alsace avec La Merise dans la tradition alsacienne. Quels que soient votre cuisine et vos moyens, vous pouvez être plus proches de vos produits et très respectueux des démarches environnementales. Chacun peut s’engager dans une gastronomie durable, à son niveau. C’est une tendance, mais surtout une réflexion. Parce que sourcer des producteurs de proximité, c’est très dur. Il faut établir des relations qui prennent du temps, de la confiance, trouver des personnes avec lesquelles vous puissiez travailler de façon fiable, avec un approvisionnement constant, en fonction de la saisonnalité et c’est un défi ! Et une table de qualité moyenne peutelle avoir l’étoile verte juste pour un engagement de chaque instant ? Le guide Michelin ne référence que des
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bonnes tables, sélectionnées parmi les quelques 100 000 restaurants français. Et ce sont donc 3300 adresses, étoilées ou pas (assiette, Bib gourmand…), qui sont susceptibles d’obtenir cette étoile verte. Seuls les plus engagés sont récompensés sur la base de l’expérience des inspecteurs, qui ont pu vivre cette éthique durable au cœur de l’établissement, dans l’assiette, dans la pédagogie faite par le service de salle, Qu’on en ressorte nourri, invité à le mettre en pratique dans notre quotidien. Depuis que vous avez pris la direction du Michelin, vous avez eu des moments houleux, des destitutions chocs aussi, vous le vivez comment ? J’ai fait le choix de ce métier par passion. Ce milieu est aussi par nature passionnel, toute décision déclenchera forcement des commentaires, des critiques et des préférences. Mais les recommandations du guide Michelin ne sont que des recommandations. Il appartient à chacun de les suivre ou pas. Je dis cela très sereinement et dans le contexte actuel, le sens de cette révélation des classements est aussi de parler des restaurants. De toujours susciter le désir de découvrir des tables. Polémiques ou pas, au final, plus on parle des restaurants, mieux c’est.
+ d’infos : guide.michelin.com
la volatilité des étoiles, allant jusqu’à faire voler celle de Mr Paul, l'icône. Stupeur et tremblements, en cette année terrible, c’est à 45 rétrogradations qu’on a assisté ! En terme de bienveillance, on a fait mieux !! Des changements de concept ou des départs de chefs, certes, mais aussi des décisions injustes et incompréhensibles qui désorientent la profession. Pourquoi de telles sanctions, alors que les chefs se démènent pour ne pas couler ? Jean-François Piège, pour ne citer que lui, perd une étoile obtenue en 2019, pour « La Poule au Pot ». Etonnant rétropédalage. Comment expliquer la double peine des 2 Ateliers Robuchon de Paris quand les autres « Ateliers » sur la planète, qui ont exactement le même concept, ont 3 étoiles au Guide Michelin ? Outre la déception, les conséquences économiques sont désastreuses pour eux. Le Michelin n’a pas tenu ses promesses. En jouant au yoyo avec les nerfs de la profession, ne va-t’il pas se décrédibiliser ? A trop vouloir en faire, le torchon brûle dans la profession. A bon entendeur…
/ ÉTOILES DES NEIGES
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VIENDRA LE BEAU TEMPS
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@ S.Couchet
a sélection 2021 a finalement bien été annoncée le 18 Janvier depuis la tour Eiffel, après une « annus horribilis » pour les restaurateurs. Publier alors que les restaurants restent fermés est certes une position difficile, mais attendre la fin de la pandémie, c’est prendre le risque d’une durée de vie raccourcie pour l’édition 2021 qui contiendrait, de plus, des visites d’inspecteurs datées de plusieurs mois. Ce guide a au moins le mérite de redonner le moral à nos restaurateurs éprouvés. Et pour tous ceux qui pensent qu’il s’agirait d’une mouture illégitime, le Michelin se défend derrière le renfort d’inspecteurs de 15 nationalités, qui
lément Jean-Michel vi&er C Bou
LES PROMUS 2 lauréats sur 11 de la promotion « Passion Dessert » sont en pays de Savoie : Max Martin (chez Yoann Conte à Veyrier-du-Lac) et Sébastien Paris (Les Morainières à Jongieux). L’Etoile verte, qui récompense un restaurateur pour son action en faveur du développement durable a été décernée à deux étoilés : Alain Perillat (Atmosphère au Bourget du Lac) et Florian Favario (Auberge de Montmin à Talloires). Et un coup de chapeau à une petite auberge café/concert, sans prétention, qui a eu le plaisir d’accrocher à sa porte cette fameuse étoile verte : le Toi du Monde à Flumet.
LES ÉTOILÉS Vincent Favre Felix, formé chez Marc
ky E r ic P r o w a ls
Veyrat à l’auberge du Père Bise (entre autres) a ouvert son propre restaurant éponyme, à Annecy-le-Vieux et décroché une étoile en un an et demi (fermeture comprise). Une belle table créative qui mérite amplement la reconnaissance du Michelin. C’était la quête du graal pour Eric Prowalsky, formé par Philippe Etchebest et installé depuis dix ans aux Tresoms à Annecy. Des années que le chef, Véronique et Pascal Droux, les propriétaires, espèraient… L’évolution et la maîtrise de sa cuisine depuis un an et demi sont enfin récompensées par une très belle étoile. A Tignes, la famille Bouvier a décroché une étoile pour le Panoramic, perché à 3032 mètres. C’est le tout premier restaurant d’altitude et l’unique table étoilée qui a été primée en montagne en 2021. En cuisine, c’est le duo père-fils, Jean-Michel et Clément Bouvier (également Chef étoilé depuis 2019 à l’Ursus) qui régalent de leur cuisine généreuse. Un véritable exploit quand on sait que le restaurant est uniquement accessible par funiculaire ou par les pistes. Des étoiles à découvrir ou redécouvrir très vite dès leur ouverture !
© Maude Girard Sogo Com
PAR FLEUR TARI FLON
ont visité des milliers d’adresses sur les rares périodes d’ouverture. 57 nouvelles étoiles ont ainsi été décrochées et d’autres… perdues. Le 1921, à Megève, perd ses 2 étoiles, mais c’est dû au départ du chef Julien Gatillon qui ouvre son propre restaurant. En revanche, notre région gagne cette année 3 fois 1 étoile et des distinctions.
Cellard ©Matthieu
Le Guide Michelin a beaucoup hésité avant de publier sa sélection le 18 janvier dernier. Ecartelé par un choix cornélien : sortir ou pas le guide 2021, un rendezvous essentiel pour le monde de la gastronomie.
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/ PIERRE GAGNAIRE /
Elu meilleur chef du monde par ses pairs en 2015, 12 étoiles au compteur, 25 adresses dans le monde entier, Pierre Gagnaire a de quoi impressionner. Mais entre franche rigolade et cœur ouvert, c’est de l’humilité en cocotte qu’il nous a finalement servie. Et qu’est-ce qu’il parle…
©Stéphane de Bourgies
PROPOS RECUEILLIS PAS MAGALI BUY
Je t'aime
MOI NON PLUS pour le retour… Biscuit imbibé à l’amaretto, poires et coings, chantilly montée au mascarpone et noisettes torréfiées, le TGV a tout de suite une autre saveur ! Ça valait bien tous les mots du monde. Activmag : 55 ans que vous cuisinez… incroyable ! Vous vous souvenez de vos débuts ? Pierre Gagnaire : Bien sûr ! J’ai démarré l’été de mes 14 ans comme stagiaire chez Nelson, une excellente pâtisserie stéphanoise, puis chez Paul Bocuse l’été suivant, en 65. C’était dur, il venait d’avoir sa 3e étoile et comme dans toutes les maisons qui obtiennent cette distinction, soufflait un vent de folie terrible. Je me suis senti un peu déstabilisé par l’homme qu’il représentait déjà à l’époque. Sa cuisine ne me passionnait pas, mais il était extrêmement attachant. Pierre Gagnaire avec la toque à côté d'un de ses frères
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n aurait pu papoter des heures. Il choisit ses mots comme il dépose dans l’assiette, le détail singulier d’une poésie culinaire. D’une virgule acidulée à quelques notes corsées en suspension, sa cuisine est une improvisation bavarde qu’il partage à tout va. Et quelle générosité ! Derrière ses yeux qu’il ferme pour refouler l’intime, c’est toute une sensibilité pudique qu’il retient de ses années galère, où la cuisine n’était pas sa copine, celle qu’on ne dit pas mais qu’on raconte aux fourneaux. Et quand il nous laisse quelques instants autour d’un café, à l’étage de son resto parisien Piero, quelle surprise de le voir revenir avec un dessert sur mesure à emporter
Sacrée motivation pour un départ ! Pas vraiment en réalité. C’est un métier que je n’ai pas choisi et je n’avais aucune appétance pour cet univers. Mon père, ancien enfant de la guerre, orphelin, est tombé dans la cuisine tout à fait par hasard, parce qu’il fallait vivre. Pas bien grand, je me suis retrouvé sur une photo, avec une petite toque sur la tête : mon sort était scellé. Mais je suis très respectueux de ce qu’étaient mes parents. Des gens honnêtes, juste un peu butés, bornés et maladroits. C’en est suivi mon apprentissage avec Jean Vignard, à Lyon. C’était un homme fermé avec beaucoup de souffrances, il était en fin de course, j’étais son dernier apprenti et ça a été un peu bâclé. Je n’ai jamais trouvé un maître qui m’éclaire, me conseille et me fasse rêver. Ce métier, j’y suis rentré à reculons.
Pourquoi avoir persévéré ? Par loyauté ! A 26 ans, j’avais tourné pas mal et je suis rentré au bercail à SaintEtienne, avec une femme que j’avais épousée à Paris, la mère de mes enfants. En décembre 1976, j’ai pris la suite de mon père au Clos Fleuri. Et ça s’est mal passé. J’ai bien tenté de composer, mais j’ai pris conscience que si j’insistais, j’allais crever. Vous savez quand vous êtes dans un lieu, sans en être le maître, c’est une prison totale ! Vous en êtes sorti comment ? 3 ans après, j’en suis parti… Et ça a été un vrai drame pour ma famille. Dans la vie, je n’ai pas pris beaucoup de décisions, mais elles ont été radicales. Et quelques mois plus tard, en 81, j’ai ouvert mon restaurant dans la même ville. Des années difficiles, mais durant lesquelles je me suis construis sur le plan culinaire, je voulais donner du sens à un métier que je n’aimais pas, à ma vie aussi. Je devais en faire autre chose qu’un commerce, je voulais en faire une œuvre d’art. C’était la grande époque du Gault et Millau, on parlait beaucoup cuisine ! Et ces types, malins comme des singes et très talentueux, ont fait leur gloire sur des cuisiniers, dont Bocuse, Trois gros, Guerard et compagnie. Ils en ont parlé comme du théâtre, d’un film, de la peinture. Ça me parlait. Je me suis inscrit dans ce format. Et puis, il y a eu ce papier de Jean-François Abert dans Lyon Poche. Quelle plume ! C’était ciselé, très cultivé. il a écrit sur mon travail et décrit, comme personne, l’un de mes plats, une pochette de saint-pierre au poivron doux, et finalement, ces mots retranscrits, c’était ça, la cuisine. Des émotions, de l’humour, un moyen d’aller vers
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©Marco Strullu
/ PIERRE GAGNAIRE /
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Je n’ai jamais trouvé un maître qui m’éclaire, me conseille et me fasse rêver. Ce métier, j’y suis rentré à reculons.
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© J. Gavard
les gens, d’aimer, de se faire aimer. Et au bout du compte, ses mots m’ont donné le courage et l’envie d’avancer. 18 années durant lesquelles j’ai bataillé dans mon affaire. Mais plus j’étais connu au plan national, avec mes 3 étoiles, et moins, localement, les gens me comprenaient. Je n’étais ni au Rotary, ni franc-maçon, je n’allais pas au foot ou à la chasse, les 4-5 trucs qu’il faut faire en local pour vraiment s’implanter et moi je n’avais pas le temps ! Ça ne m’intéressait pas. J’étais dans ma cuisine. Alors je me suis sabordé. En 1996, 3 ans après la 3e étoile, je me suis mis en faillite personnelle. Les banques me suivaient, mais ma survie n’aurait été que financière. Il aurait fallu que je fasse des concessions pour que ça change, faire des compromis à la con, mais pour moi c’était mourir. Aujourd’hui, ce qui fait ma cuisine, c’est ma part de féminité, la douceur, la tendresse, le détail. Je ne suis pas un grand technicien, mais il y a un petit truc que j’arrive à sortir, cette flamme que j’essaie de garder au fil du temps, malgré l’âge ou la fatigue. Je suis toujours enthousiaste et naïf. Comme tout le monde, j’ai des déceptions, mais je pense que la pire chose qui puisse arriver à un homme, c’est de devenir cynique. Pas question que je tombe là-dedans.
Š Marco Strullu
LĂŠgumes et racines d'hiver
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/ PIERRE GAGNAIRE /
Clin d’œil aux nouvelles tendances d’une cuisine ultra locale ? A mon époque, il ne fallait pas tomber dans la copie, dans les effets de mode. C’était la course à l’échalote ! Aujourd’hui, c’est la grande mode de la nouvelle cuisine. Et hop, on envoie les pâté-croûtes, les daubes et les quenelles à la poubelle ! Il y a toute une frange de cuisiniers de talent et d’artisans qui ont disparu, parce que la presse n’a d’yeux que pour cette nouvelle cuisine ! C’est comme pour la cuisine moléculaire. Pendant 10 ans, il fallait faire des bulles et des mousses, maintenant, notre salut est dans le potager maison ! Moi, je me sens profondément d’une culture française et j’aime mon pays, mais je défends mon histoire de cuisine ! Et même si, comme tout le monde, des choses me traversent l’esprit, en aucun cas je ne vais m’amuser à planter un jardin sur le toit de mon immeuble ou y installer une ruche ! Je ne vais pas m’inventer aujourd’hui agriculteur jardinier vigneron ! Chacun son job. Et d’autres le font très bien. Il faut avant tout de la sincérité, de l’honnêteté et un peu de talent quand même en cuisine, ça ne se mesure pas juste en termes de
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tradition ou de modernité. On doit y lire la tendresse du cuisinier. Dans mon cas, elle m’a sauvé. Pour autant, si je ne sais pas encore si je l’aime, ce métier... Allez, avouez… c’est quand même bien d’être cuisinier, chef ? Quand je cuisine, je suis dans une espèce de transe, un autre monde qui m’échappe complétement et là, je deviens adroit, subtil. Mais ça prend du temps et la difficulté est de ne pas me laisser bouffer par des trucs à la
noix, des problèmes basiques ou des questions existentielles sur le monde. Et c’est tout l’enjeu de ma vie. Au bout du compte, j’ai du plaisir à faire ce que je fais et c’est un formidable moyen de vivre. On touche à tellement de choses et on fait de si belles rencontres, c’est formidable. Mais je n’irais pas dire non plus que c’est le plus beau métier du monde, c’est un métier de chien, de con ! On n’a jamais fini ! + d’infos : pierregagnaire.com
© Jacques Gavard
Et vous avez gagné le « Paris », si je puis dire ? Paris a été un succès fou ! J’ai dû bosser, bosser, bosser, la tête dans le guidon pour refaire surface après SaintEtienne. Et avant d’accepter des projets extérieurs, j’ai assis ma cuisine. Il aurait été inconcevable d’aller créer ailleurs, sans être sûr de mon coup. Jusqu’à 54 ans, je n’ai eu qu’un seul restaurant, rue Balzac dans le 8e et encore aujourd’hui, j’en suis gérant locataire. Je suis chez moi, mais il ne m’appartient pas. C’est une toile de tente et c’est ce qui fait la force, la fragilité de ce que je suis. Ce lieu m’a permis de revenir très vite et d’avoir une équipe solide pour exprimer ce que j’avais envie de dire en cuisine. Une cuisine très dépensière en hommes, parce que je suis très bavard ! J’ai privilégié l’amour et l’humanité à la rentabilité. Alors j’accepte tout ce qu’on peut me dire, les leçons aussi parfois, mais même si ne n’ai pas de jardin, je sais que je suis honnête dans ce que je fais ! Même avec du lait de coco et un petit homard !
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/ TO C TO Q U E S M E R C ATO /
L’APRÈS sine i u c n e s r a m e h c u a c
2021 promet une sortie de crise pour les restaurateurs, cafetiers et hôteliers, durement touchés, même si elle tient pour l’instant d’un mirage qui ne cesse de reculer. Si de nombreux établissements ne s’en relèveront pas, 1 sur 3 dit-on dans la profession, les chefs surprennent encore par leur créativité. PAR FLEUR TARI FLON
LA GÉNÉROSITÉ DES CHEFS Impossible de ne pas citer l’initiative des 30 chefs et métiers de bouche qui,
Chefs Solidaires
aidés de Dalila Saadi et Alexis Sbriglio,
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© MCBG Conseil
se sont mobilisés bénévolement, en octobre, pour préparer 2 100 repas destinés aux SDF et personnes dans la précarité et à la totalité du personnel soignant. Yoann Conte a ouvert ses cuisines, mis à disposition sa brigade et accueilli ses pairs (Georges Paccard, Marc Veyrat, Benjamin Schwab…).
Sylvestre Wahid
ETOILES CHANGEANTES On ne sait pas encore quand commencera la saison en montagne - si elle commence un jour -, mais la valse des chefs étoilés a bien débuté en stations. A Courchevel, cette saison marque le retour d’un grand chef : Sylvestre Wahid qui retourne dans ses montagnes, là où il avait décroché 2 étoiles au Strato en 2012, avant de passer 5 ans à Paris. Pour la première fois chez lui, il ouvre un restaurant au cœur de l’Hôtel Grandes Alpes 1850. Une table intimiste pouvant servir de 8 à 20 couverts. Les Airelles, Hôtel Mademoiselle, à Val d’Isère, voit le départ d’Hélène Darroze, après à peine une saison. Elle est remplacée par Loulou, la table festive de Saint-Tropez, décorée par JeanCharles de Castelbajac. Julien Gatillon, à Megève, ex-deux étoiles du 1920, ouvre avec sa compagne Sonia Torland, une table dans son propre chalet « Nous ». Il y servira
© DR
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n ne compte plus leurs initiatives généreuses et innovantes. Certains chefs ont quitté la région, d’autres sont arrivés. L’histoire continue et l’on se régalera à nouveau entre amis au printemps, fêtant les évènements heureux, l’essence et les sens de la vie, dans des commerces dits non-essentiels… mais totalement indispensables. Vivement !
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ses plats signatures dans ce chalet qui fonctionnera en mode privatisé de 2 à 12 couverts uniquement. Une vraie nouveauté dans la restauration.
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BONNE TABLE, TOUT SIMPLEMENT Toujours à Megève à l’emplacement de la Sauvageonne, l’ex-chalet festif de Nano laisse place à trois types de restauration, imaginés par le groupe Yeels. Le « Verde Tribe » avec sa grande salle à manger, ses 150 couverts, sous la houlette d’un duo de chefs tropéziens, Yannick Plassart et Christophe Giorgi ; le « Verde Paradis », au rez-de-chaussée, dans une ambiance de bar chaleureux et cosy ; enfin, le lieu le plus secret et le plus gastronomique, le « Verde Chef’s Table », où Paolo Boscaro, exétoilé aux belles références (AnneSophie Pic à Lausanne et chez Kei Kobayashi à Paris) cuisinera « sur mesure » pour 15 couverts. A La Folie Douce Val d’Isère, Luc Reversade entend nous en mettre plein la vue et l’assiette avec la Cucùcina, au décor de théâtre époustouflant s’inspirant des ateliers d’artistes de la Renaissance italienne et de Léonard de Vinci en particulier. Des sculptures
dont certaines de plus de 4 mètres de haut ponctueront les lieux, avec vue sur les montagnes. C’est le chef Francesco Ibba, un ancien du restaurant étoilé El Lago à Genève, qui orchestrera les cuisines de cette Cucùcina, contraction de cucina (la cuisine) et cucu (fou). A Chamonix, Pierre Maillet, le chef 2 étoiles du Hameau Albert 1er, reprend le Bistrot des Sports, une institution. C’est Laurent Travagli qui sera aux fourneaux. Ensemble, ils souhaitent pratiquer une véritable cuisine traditionnelle française, loin des étoiles et plus authentique. Yoann Conte, devant le succès de son restaurant Côté Jardin, au bord du lac d’Annecy, ouvrira Le Roc, une bonne
table, dans une annexe de son restaurant gastronomique. Pas encore étoilés, mais prometteurs, deux jeunes chefs, Antoine CeyvozMamy, chef de l’Incomparable à Tresserve, et Nicolas Roux, chef du tout nouveau Château Brachet, sont à découvrir dès que possible. Enfin, une arrivée pleine d’avenir, elle aussi : Valentin Marin, le fils de MarieChristine et Pierre Marin, à la tête du restaurant étoilé Lamartine (depuis plus de trente ans), sur le bord du lac du Bourget, a rejoint ses parents en cuisine, après un passage chez les plus grands chefs. De quoi se dire que les pays de Savoie auront de beaux jours étoilés dans le monde d’après…
Ce ©Matthieu
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Yoann Conte
Pierre & Valentin Marin 34
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NOUVEAU PROGRAMME DU T2 AU T4
SUR LES HAUTEURS DE SALLANCHES
À DÉCOUVRIR SUR LESHAUTSDELACOLLEGIALE.COM
/ COÛT DE FOURCHETTES /
Tables
RASES I
PAR MÉLANIE MARULLAZ
ls représentent plus de 30 000 emplois sur les 2 départements savoyards (source Savoie Mont-Blanc - chiffres clés 2019). A l’arrêt depuis le 30 octobre, certains ont essayé de trouver des solutions, comme la vente à emporter pour ouvrir a minima, d’autres se sont résignés. Sébastien Buet est vice-président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) des Savoie. Il gère aussi l’hôtel-restaurant Les Cygnes à Evian, véritable institution locale, dans laquelle il emploie près de 40 salariés, tous au chômage. Il nous fait part du ras-le-bol d’une profession qui se sent injustement stigmatisée.
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Activmag : En écartant la date du 20 janvier pour la réouverture des bars et restaurants, est-ce qu’on vous a donné une autre échéance ? Sébastien Buet : Non. On nous dit février, mais c’est complètement fantaisiste. Fausse ou vraie nouvelle, la date du 6 avril a aussi été évoquée, mais pas confirmée par le gouvernement. Ça nous ferait encore deux mois et demi à attendre… sans certitude. La seule chose à peu près sûre, c’est que les cafés et les bars ne rouvriront pas en même temps que les hôtels et restaurants. Comme pour les discothèques, ce ne sera pas avant l’été. Le problème, c’est qu’on est toujours dans le tâtonnement, de 15 jours en 15 jours. Si on nous disait : “voilà, la situration est catastrophique, vous n’ouvrirez pas avant Pâques”, on serait les premiers à comprendre, mais au moins, il y aurait une perspective, on pourrait s’organiser. Parce qu’un hôtel ou un restaurant, ça ne s’ouvre pas d’un coup de baguette magique, c’est long ! Mais on s’en fout, on vous dira la veille pour le lendemain quand vous pourrez rouvrir. C’est une méconnaissance complète de nos métiers. Qu’en est-il des aides ? On a de la chance en France d’avoir ces aides, il faut le reconnaître. Même si parfois, elles ne sont pas adaptées. Le chômage partiel, par exemple, était nécessaire, mais il ne correspond pas à
nos professions, parce que nos salariés sont plutôt à 40 ou 42h, et là, ils ne sont payés que sur 35, voire 39h. Ils perdent donc beaucoup sur leur salaire. Et puis les mesures, comme les dates, changent tout le temps. Quand une a été donnée le lundi, on reçoit le texte le vendredi, mais entre temps, le Premier Ministre a donné une conférence de presse qui le désavoue, donc on est obligé d’attendre la modification du décret, etc… On est dans une espèce d’imbroglio franco-français qui est épouvantable. Celles qui ont quand même été mises en place vous permettront-elles de tenir ? Le gros hic, c’est qu’on crée de l’endettement. Le Prêt Garanti par l’Etat (PGE) a bien fonctionné, c’était très rapide pour obtenir l’argent, mais quand il va falloir le rembourser, ce sera au taux que la banque va bien vouloir nous faire. Et pour ce qui est des frais fixes, le gouvernement a commis une erreur, il n’a pas voulu re-négocié le fait de proroger nos prêts, alors que c’est tout ce qu’on demandait. Du coup, on nous propose de prendre un autre PGE pour rembourser des prêts qu’on n’a pas prorogés, donc de rajouter de la dette à la dette… On marche sur la tête ! Connaissez-vous déjà l’étendue des dégâts, des risques de fermeture ? Nous avons lancé des enquêtes
© Vladimir
Ouverts. Fermés. Ouverts. Fermés… Après une année 2020 en pointillés, les bars, restaurants et un grand nombre d’hôtels attaquent cette nouvelle année rideaux baissés. Sans perspective datée et confirmée d’un retour à la normale. Dur de garder le moral.
économiques, re-coupées avec différents organismes dont l’INSEE, et on s’est aperçu qu’au premier confinement, un établissement sur trois n’allait pas s’en relever. Aujourd’hui, on est davantage à un sur deux. Des établissements qui étaient déjà fragilisés avant la crise ? Les économistes du gouvernement expliquent que même si c’est très triste, ça va faire une sélection, seuls les meilleurs vont rester, mais ça n’est pas la réalité ! Il y a des gens très pro avec des entreprises qui fonctionnaient bien qui ont fait des investissements, et donc des prêts pas prorogés. Ils se retrouvent maintenant à refaire un prêt pour pouvoir assurer le remboursement de leur emprunt. Bon ou pas bon, ce n’est pas la question… Quelle est la part des établissements
qui ont mis en place un service de vente à emporter ? Grosso modo, 40% des entreprises ont décidé de faire tout ce qu’elles pouvaient pour ouvrir et 60% ont baissé les bras parce que ce n’était pas rentable. Ceux qui ont proposé de l’emporté ont bricolé, et même si ça ne couvre pas les frais, il l’ont fait pour garder un lien avec les clients. Avec les stations qui ne rouvrent pas, c’est un nouveau coup dur pour la région ? D’autant qu’un tas de fournisseurs dépendent de nos activités, de l’hôtellerie, de la restauration, des remontées mécaniques… Tout s’imbrique. Les agriculteurs de la région sont nos premiers fournisseurs… Eux aussi sont impactés par nos fermetures. En decembre, les stations ont connu un peu l’effet « crèche de Noël », les gens sont venus au moins
pour prendre l’air. En février, ils veulent skier. Sans eux, les répercussions seront encore plus importantes. Qu’est-ce que vous espérez aujourd’hui ? On aimerait un peu de considération, ne plus être stigmatisés, et qu’on nous permette de travailler, avec une date fixe d’ouverture sans un énième protocole sanitaire. On l’a déjà modifié deux fois, STOP ! Ça suffit. On sait garantir la sécurité, on est constamment contrôlé par les services vétérinaires. Il n’y a pas eu de clusters de tout l’été alors qu’il y a eu beaucoup de monde dans nos établissements. Les foyers de covid viennent principalement du milieu privé, de l’entreprise, pas de la restauration. On ne prend rien à la légère, on sait avec les réseaux sociaux, la vitesse à laquelle une réputation peut être démolie. On a intérêt, à 200%, d’être vigilant.
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/ LOC'AMOR /
LAFAIM
D
! s t o c i r a des h
ans cette mouvance, il y a les restaurateurs puristes qui se fixent un périmètre borné pour sourcer leurs producteurs, et les flexi, qui s’accomodent avec « la règle »… Pommes de Pringy, fera du lac ou safran de Driant, rares sont ceux qui, au bout du compte, ne font pas d’entorses. Laurent Petit, chef du Clos des Sens*** à Annecy-le-Vieux, est de ceux-là, une éthique tirée au cordeau : “J’ai réduit le spectre à 100 km autour de chez moi. Et je n’en sors pas. Le produit est placé au centre de la réflexion, de l’histoire de son producteur et c’est ce que je mets en avant dans ma cuisine. Un focus qui m’ouvre le champ des possibles. Plus on ressert, plus on se doit d’être créatif. ”
CHAUD LES MARRONS !
PAR MAGALI BUY
visibilité constante sur la matière, sur la qualité, profiter d’un échange de culture et de savoir-faire, miser sur l’appartenance à un sol commun, sur l’humain, tout ça est bien vertueux. C’est même du bon sens. Et puis partir du brut, pour en faire une exception, c’est signer une authenticité, une identité.
AU VERT ! Et cette signature, parlons-en. Punchline du Michelin, elle pousse chaque jour nombre de chefs dans l’introspection, en quête d’un atypisme de l’assiette jusqu’à l’établissement tout entier, dans l’espoir de voir planer une constellation… Et quelle pression ! Avec l’étoile verte, symbole de gastronomie durable, depuis un
an, ils enfoncent le clou. Sourcing de proximité, recyclage, antigaspi, permaculture et tutti quanti, dur de ne pas croire que certains, par obligation plus que par conviction, ne tombent dans le panier que pour être consacré.
C’EST CHOU S’il en est un que le guide ne fait plus vibrer, c’est bien Marc Veyrat, chef de la Maison des Bois** à Manigod, et lui, le local, il l’a vu sous tous les angles, surtout les siens. Connu pour son amour des fleurs et plantes des montagnes, pour son héritage familial paysan et les secrets de la terre, il reste sans conteste, le pionnier surdoué de l’autosuffisance culinaire autodidacte, porteur d’un environnement brut de décoffrage, jusque dans ses plats, message passé dans le monde entier. Entre carvi et reine des près, conservatoire alimentaire, poules, vaches et biquettes à domicile, jardin botanique ou cave d’affinage, tout y passe. Mais « vivre naturellement, pour vivre mieux » comme il dit, tous les chefs ne peuvent se le permettre, faute de place, de temps et de compétences. Le potager, par contre, est un premier
© Jess rodriguez
Viser les circuits courts, bien sûr, c’est écolo et bon pour la planète ! Et par chance, framboises de Machilly, champignons de la Motte-Servolex ou Beaufort d’Arêches, le garde-manger des Savoie est riche, tous l’ont bien compris. Cuisiner son terroir, travailler avec les locaux, avoir l’assurance d’une
Produits made in ici, potager maison et cueillette des montagnes, les chefs ne jurent plus que par ça : LE-LO- CAL. Entre philosophie culinaire, effets de mode et sujets de discordes, on n’en voit pas la faim...
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pallier : Emmanuel Renaut, chef du Flocon de Sel*** à Megève y a goûté depuis belle lurette : “On a toujours eu un jardin, mais il était beaucoup plus petit avant. Aujourd'hui, c'est une une grosse production aromatique l'été, 100% de ce que nous utilisons comme salade, chou, betterave, chou-rave... Et ce n’est pas lié à une question de provenance, mais à une identité, un plat composé d'une cinquantaine de salades différentes et d’aromatiques, que je ne pourrais pas avoir dans le commerce. Et ce n'est pas une question d'économie non plus, ça nous coûte plus cher que si on les achetait, c’est juste que le résultat est sans comparaison…”
TIRER DANS LES BOTTES Mais cette tendance main verte n’estelle pas paradoxale en fin de compte ? Les restaurateurs installés en plein centre ville ou économiquement à couteaux tirés, comment font-ils ? C’est carton rouge pour eux ? Et c’est moins
bon dans l’assiette ? Et si le Michelin se dit tolérant, se pose quand même la réflexion de l’équitable. Parce qu’un cuisinier n’est pas agriculteur, vigneron ou apiculteur et à chacun son métier ! Et si tout le monde se met à cultiver, que reste-t-il des producteurs et du terroir, de ces agriculteurs qui peinent à survivre ? Ce qu’on produit soi-même, on ne l’achète pas, non ? “Aujourd’hui, si on n’a pas un jardin et qu’on ne fait pas ses 2 litres d’huile d’olive maison, on n’est pas dans le coup ?! Attention aux effets de mode !”, prévient Pierre Gagnaire le célèbre chef*** parisien. Evidemment, la qualité en cuisine est indéniable, l’émotion culinaire palpable, chacun s’ajuste et y va de sa perception, tant qu’il est fidèle à sa sensibilité, là est l’essentiel. Mais le consommateur, il en dit quoi?
SOIS PAS BETTE Il dit que pour apprécier à sa juste mesure une telle ligne directrice, il faut être un peu de la partie, jouer dans la cour des fins gastronomes. Mais assis à sa table, les genoux sous la nappe - quand l’écologie ne l'a pas virée -, le client ne veut-il pas voyager ailleurs que chez lui, redécouvrir toute la diversité de ce qui a fait la singularité de la cuisine française, pourquoi pas avec un homard bleu ou du foie gras poêlé… Et quand il n’y trouve que des écrevisses
ou de l’abondance déclinée, il se demande si la gastronomie traditionnelle devient tabou. Pierre Gagnaire tempère : “Le local, c’est un piège terrible. La cuisine ne peut pas être que ça. Il ne faut pas renier notre héritage et jeter les pâtés croûtes, les daubes et les quenelles à la poubelle ! Alors bien sûr, on doit être vigilant à ne pas acheter n’importe quoi, et n’importe comment, c’est indéniable. Et pour Annecy, il serait suicidaire de ne pas utiliser les produits du lac par exemple, sans pour autant s’en faire une vérité absolue. D’autant que tout le monde n’a pas le même accès à cette richesse pointue du terroir, pour des raisons de quantité, de prix et d’autres…” Et Marion Romand, jeune restauratrice au Madéluce à Aix-les-Bains de conclure : “On utilise la truite de l’Isère, des aromates de La Biolle, ou du bœuf de Corbas. On essaie de faire local quand on peut, mais quand vous démarrez et que vous n’avez qu’une petite notoriété, difficile de trouver des professionnels qui ne tapent pas sur les prix, il faut aussi que le producteur joue le jeu ! Mais pour rester fidèles à notre carte tour du monde, on ne s’interdit pas de se fournir ailleurs, pour le meilleur.” C’est sûr que s’il faut prendre la voiture pour manger des saint-jacques à Granville, l’empreinte carbone… Ouh la la !
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/ CAROLINE JOGUET
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1 e t c A TOMME 1 Me voilà au pays d’Heidi, petite fille des montagnes. Plantée au milieu des chalets d’ArêchesBeaufort, Caroline Joguet, 28 ans, pourrait débouler des alpages avec ses caprines dans la foulée, qu’elle n’en serait pas moins fraîche ! Et cette allégresse… A en devenir chèvre !
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PAR MAGALI BUY
C’est aussi et surtout la personnalité du producteur qui fait un produit d’exception. C’est en tout cas ce que je recherche. Et Caroline est aussi passionnée que passionnante.
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Elle a cette fraîcheur, cette capacité à s’émerveiller, à se concentrer sur la ressource qu’elle a pour la sublimer et je trouve ça génial”, confie Jean Sulpice chef deux étoiles de l’Auberge du Père Bise à Talloires. Ça y est, on en
a déjà l’eau à la bouche… Bandeau rose dans les cheveux, tenue de sport collée au corps, la chevrière a une pêche d’enfer et ça se voit ! Cet amour pour ses bêtes, elle le caresse depuis toujours. 7 jours/7, elle saute du coq à l’âne, de la traite aux biberons des cabris, des soins à l’affinage de ses fromages qu’elle bichonne comme personne. Pause oblige, on s’installe autour d’un café pour parler biquette, tandis qu’Aya, Merveille et leurs 110 copines badinent dans le foin, à l’étage du dessous. Très vite, quelques confidences fusent, emballé, c’est pesé et hop, on en fait tout un fromage !
COUP DE MEULE C’est que Caroline a du mordant… “J’ai grandi dans le milieu agricole, avec mes parents éleveurs de vaches laitières. Depuis toute petite, je voulais suivre leurs traces, mais dans les chèvres. Mon oncle avait un troupeau, je le rejoignais sans arrêt. Et au collège, même si mes professeurs trouvaient que c’était un beau gâchis, je n’en ai jamais démordu.” Aaah… les a priori sur le monde agricole, déjà à l’époque, ça la mettait en rogne : “Ma mère assistait aux réunions d’école et elle entendait ça ! Quelle indélicatesse ! Elle ne sortait pas de nulle part non plus !” Caroline est fière de ses origines, elle veut en faire son métier et c’est tout. Un petit tour en lycée agricole, une formation en transformation fromagère et un stage aux US pour enfoncer le clou, à 22 ans là voilà prête, troupeau dans les starting blocks.
PÂTUR’AGE… Mais les banques sont frileuses, la chambre d’agriculture aussi. “Quand ils m’ont vue arriver avec ma tête de gamine, ils faisaient de ses yeux ! J’ai dû créer un GAEC – Groupement Agricole d’Exploitation en Commun – avec mes parents et le projet s’est enfin dessiné. Je suis rentrée en novembre 2015, avec mes chèvres, dans un bâtiment tout neuf, construit pour l’occasion.” Fini de se cailler le lait et au boulot ! Même si elle en a déjà sous le capot : “A 12 ans, mes parents m’avaient pris des chevrettes, à 17, j’avais une quarantaine de laitières. Dans un hangar agricole transformé en chèvrerie, un coin était organisé et aux normes, pour la transformation. C’est là que j’ai fait mes premiers fromages !”
CAPRI-CIEUX Alors forcément, elle en connait un rayon. Parce que la passion, c’est bien, mais c’est un boulot de fou ! “C’est H24, oui ! Et encore, dans le Beaufortain, on est en secteur prospère, protégé par les appellations, où l’agriculture est très dynamique et bien lotie. Mais en dehors de ça, il faut un savoir solide en alimentation, en élevage, en transformation fromagère et en véto aussi. Ça permet de cibler immédiatement l’origine, si problème il y a. Et quand on fait tout de A à Z, je crois que c’est un plus.” Parce
que fabriquer du fromage, c’est un peu comme le vin, à la différence que c’est du vivant, rappelle la jeune femme. Tout joue. La nourriture des chèvres, ici principalement faite d’herbe et de fleurs des montagnes. La qualité du lait, la traite… En moins de deux, tout peut basculer : “La chèvre est un animal très sensible. Il ne faut pas la stresser et être pointilleux sur les gestes. Quand j’ai des stagiaires, elles ont toujours besoin d’un temps d’adaptation.” Et c’est ce pack complet qui fait un bon fromage, j’en suis témoin !
FROMAG’ÈRE ! Dans son emballage façon sépia, le grataron d’Octavie, pâte pressée cuite au lait de chèvre, parle onctuosité, gourmandise et histoire précieuse : “Ici, nos grands-mères le faisaient toutes, pour nourrir la famille. Ma grand-mère Octavie, que j’admirais beaucoup, aussi. Une femme de la terre, passionnée, une vraie bibliothèque ! Elle me parlait toujours de son grataron, c’est mon fromage fétiche.” Et cette culture régionale et française, elle la défend bec et ongle, surtout depuis son titre de miss
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/ CAROLINE JOGUET
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Le mot du chef
France agriculture 2017 : “En France, on a de moins en moins de jeunes prêts à travailler dans ce domaine. Du coup, on exporte notre savoir-faire à l’étranger, notamment en Afrique du Nord où ils font un super boulot. Malgré tout, c’est effrayant de voir que notre patrimoine se perd peu à peu. Sans parler de toutes ces idéologies qui font du mal au métier. Je n’ai rien contre le véganisme ou le végétarisme, mais ça devient de la folie la pression mise sur les élevages. J’ai ouvert les portes de ma chèvrerie pour que les gens se rendent compte. Ça se remarque de suite des animaux abattus, et il ne faut pas être experts pour voir leur bien-être non plus !”
Jean Sulpice
“En mettant intelligence et naturel dans son travail, Caroline part à la recherche d’un bonheur simple et c’est aussi ce qui anime ma cuisine. Elle s’occupe de ses bêtes comme une mère de ses enfants, il n’y aucun stress chez ses chèvres et toute cette notion de respect et d’amour qu’elle porte donne une continuité au produit incroyable. Je suis amoureux du fromage et son plancherin est à la fois subtil et plein de caractère. Il a toute sa place en Pays de Savoie. Avec son originalité, l’ambition de son jeune âge et toute son élégance, Caro a su faire le seul vacherin de chèvre de France, un produit fabuleux. Et pour un chef comme moi, ça permet de rester hyper local, d’accroître le panel de mes recettes. Et avec de l’exception, c’est top !”
ÇA PLANCHE CRU !
© Franck Juery
Depuis les alpages où elle monte seule avec ses chèvres, aux caves où elle passe des heures, Caroline est bien dans ses bottes et c’est l’essentiel. Elle fabrique une tomme traditionnelle, ses gratarons bien sûr et le plancherin d’Arêches, petit bijou d’exception. Pour ce vacherin de chèvre au lait cru, cerclé d’aubier, elle travaille avec Hervé Mons, célèbre MOF fromager roannais. “Quand je suis allée aux US, j’ai fait la connaissance de Laure Dubouloz, la fille de Jacques et sœur de Marc (la crémerie des Marchés à Poisy). Elle travaillait avec Hervé et j’ai voulu le rencontrer. Le feeling est bien passé. Je cherchais l’excellence, on a alors attaqué direct ! Très vite, il m’a lancé sur un mont d’or de chèvre au lait cru ! Ça a pris des années parce qu’au niveau bactério, c’est très pointu. Depuis 3 ans, c’est enfin validé, je fabrique et apporte les premiers soins pendant 10 jours, et il les affine dans ses caves.” Et c’est aussi par Hervé que Jean Sulpice a atterri chez elle, un jour de randonnée beaufortaine. Il a goûté, gastronomie et amitié ont matché et il a de suite voulu en faire quelque chose. “Il m’a dit qu’il fallait impérativement mettre ce produit en avant. Il l’a cuisiné au départ en rissoles pour finalement le servir aussi au couteau ou à la louche, mais surtout au plateau, pour ne pas le dénaturer”. Aaahhh… excellence quand tu nous tiens. A quand l’acte 1, tomme 2 ?
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+ d’infos : facebook : GAEC Les Deux Laits
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/ NIELS RODIN /
© Philip Frowein
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© Jeanne Martel
Les agrumes ? Niels Rodin, en connaît un quartier, et c’est peu dire ! Depuis sa campagne suisse, il nous emmène en voyage à la découverte du citron caviar, oranges amères et autres bombes vitaminées du monde entier… Prêt pour une croisière sur le Niels ? Pas un zeste, on vous raconte. PAR MAGALI BUY Niels Rodin
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j’ai décidé de les cultiver moi-même !” Ben voyons Niels… Fastoche, non ? Il achète son premier arbuste et squatte son balcon pour l’occasion. “J’ai pris un très joli citronnier, mais aucun mérite, les fruits étaient déjà dessus. Arrivé l’automne, je le rentre à côté de la cheminée pour qu’il ait bien chaud. C’était une catastrophe !!! Pauvre plante : paix à son âme !” C’était pas gagné !
UN PEU DE PIQUANT
© Sara Thom Studio
Niels est un besogneux, un intellectuel, quasi un historien de l’agrume ! Il a su donner un sens à sa vie par passion, compris qu’il ne faut pas faire pour faire, mais faire pour être”, explique Laurent Petit, chef 3 étoiles du Clos des sens à Annecy-leVieux. Et quand on sait d’où il est parti, ça fait écho : “J’étais banquier, j’avais une trentaine d’années et tous les ans à Noël, avec les copains, c’était cravates ou boutons de manchettes. A la longue, c’était ennuyeux. Une année, j’ai eu envie de leur offrir du limoncello maison. Je n’y connaissais rien aux agrumes, alors je me suis renseigné.” Et comme le citron, c’est rengaine, youhouuu, voilà le yuzu. “J’ai eu un coup de cœur pour cet agrume japonais, encore peu connu à l’époque. Du cédrat à la main de Buddha, je suis tombé dans un monde incroyable avec bien plus que les 6 agrumes !” Il part alors en quête du graal : “j’ai fait des pieds et des mains pour en dénicher. Dans une boutique japonaise de Genève, j’ai demandé à la patronne si elle pouvait m’en trouver. Elle est revenue quelques mois plus tard d’un voyage au Japon avec des yuzus dans sa valise, c’était pas très légal, mais j’ai pu les déguster et faire un limoncello avec. Et tout a démarré.”
LE ZESTE DE TROP Vie de banquier d’un côté, nouvelle passion de l’autre, il n’a qu’une obsession, trouver des fruits. Mais la qualité n’est pas au rendez-vous, et si ça ne lui fait pas pousser la peau d’orange, on n’est pas loin. “Il y avait des problèmes de transports, ou ils n’étaient pas à parfaite maturité comme je voulais. Alors
Niels arpente les forums, récolte des infos, il veut des fruits du monde entier et s’y tient. Semis de pépins, graines et greffes sont au rendez-vous, le pep aussi ! “Une petite collection d’agrumes est née et je suis allé voir Michel Baches, pionnier de l’agrumiculture pour en récupérer. Je partais avec des listes longues comme le bras et je rentrais avec 3 branches, parce qu’il ne voulait pas me les donner tout de suite. Et il avait bien raison ! Des gens qui produisent des agrumes, il y en a pas mal, mais ceux qui cherchent la particularité, une poignée.” Et si c’est pour faire de l’orange Navel, autant se faire la belle !
DANS LE JUS Alors, le temps, il l’a pris pour proposer des agrumes venus de
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Citron caviar
J’ai fait des pieds et des mains pour dénicher du yuzu ! Une connaissance est revenue quelques mois plus tard du Japon avec des spécimens dans sa valise, c’était pas très légal...
partout. En 2013, il choisit de bosser avec la bistronomie et l’exception des grands chefs. Un joli coup de poker ! Et même s’il faut présenter un max pour peu de succès, il préfère l’aventure acidulée, à l’écorce viciée. “Le moment parfait de la récolte, c’est quand le fruit vert commence à mûrir. On dit qu’il est vert tournant ! Mais comme le marché ne veut que des produits colorés, ça pose problème ! Ceux qu’on trouve en grande distribution ont été récoltés trop tôt à cause du transport, mis en chambres froides avec gaz éthylène pour le déverdissage, leur donner des couleurs, quoi. Ils sont ensuite cirés pour leur éviter de transpirer. Entre la récolte et la conso, il peut se passer entre 6 et 8 semaines. Ça donne des fruits pas terribles et des arômes sousdéveloppés, mais qui vont se conserver plus longtemps. Alors qu’un agrume récolté chez moi, va tenir 10 jours max. Et en même temps, si tout le monde en voulait, je serais bien embêté !”
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PUR JUS Il faut dire que c’est du boulot ! Niels a couru après les serres d’abord pour l’hivernage, puis pour le développement de son activité, parce que c’est joli, mais ça pousse ! Et s’il propose des variétés olé olé, histoire de taquiner les chefs, c’est en 2015, que Laurent Petit débarque dans sa plantation. “On a fait le tour de la serre et une connexion s’est créée. Je lui faisais goûter un fruit, une feuille, on était tous les deux sur la même planète à discuter, décrire le produit, le goût, comment le travailler et c’était hallucinant ! Un chef étoilé qui m’écoute, moi l’amateur, c’était exceptionnel ! Il m’a fait découvrir son univers. C’était un pur échange, ça m’a marqué et depuis est née une très belle amitié. Je goûte à chaque fois qu’il utilise un de mes produits, c’est une reconnaissance ultime qui m’a convaincu.” Et c’est suite à la crise financière de 2017 que Niels, encore banquier et le citron pressé, décide de tout lâcher pour ses cultures, après 10 ans de mijotage bien emmené.
DÉ-GREFFÉ Citron rose
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Il s’associe, s’agrandît encore et fait de la greffe son joujou préféré. Mais c’est long, 4-5 ans pour récolter
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Main de Bouddha
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/ NIELS RODIN /
© Corinne Spoerer
et convaincre les autorités phytosanitaires : ce n’est pas du tout cuit. Alors il développe en priorité ses agrumes d’ailleurs, quand ils ne lui font pas faux bon ! “J’avais lu pas mal de trucs sur un fruit croisé entre un yuzu et une mandarine. J’ai eu la plante, je l’ai cultivée, ça a mis 3 ans. Elle ne m’a fait qu’un fruit que je cachais avec les feuilles. Au moment de la maturité, je le ramasse, rentre à la maison, mets le chat dehors, débranche le tèl et sors l’appareil photo, la totale ! Je goûte et c’est le néant ! Toute cette énergie pour… ça !” Question de terroir ! Alors oust !
RÉCOLTER LES FRUITS Et en dehors de ces plantes qui ratent ou poussent de façon sporadique, rebondir, il sait faire. Après avoir failli tout perdre avec la Covid, il continue ses greffes bien sûr, mais propose surtout, plus de 150 variétés de fruits azimutés. De l’original d’un Kaiser citron au combawa, plus répandus, il suffit de frotter l’écorce pour kiffer. Bruts, natures et d’une couleur d’exception, ses fruits mixent patience et sensibilité d’artiste. Et cette précision du zeste... + d’infos : nielsrodin.com
Citrus Isole di Brissago
“Ce que j’aime surtout, chez Niel, c’est sa philosophie. L’idée que ce gars est un véritable historien de l’agrume. A chaque fois qu’il vient, on apprend quelque chose. Il est parti chercher la matière, il nous emmène ailleurs et ça c’est chouette. Je ne pourrai pas donner un nom d’agrume en particulier, simplement qu’il y a la lecture folle d’un produit qui vient de l’autre bout du monde et que depuis ses balbutiements, il a été capable de faire une synthèse de toute une civilisation qui, peut-être un jour, sera démocratisée grâce à lui. Avec Niels, le débat est de suite élevé et cette intelligence, il l’a jusqu’au bout des doigts. Il m’a fait découvrir que dans un agrume il y a le zeste, le ziste et la chair et ça colle totalement à ma philosophie, la façon que j’ai d’écouter un produit, de le scanner, de l’exploiter de A à Z. J’adore ces approches surprise et j’aime être cueilli, comme j’aime que les gens se laissent cueillir chez moi.”
f e h c u d t o m e L Laurent Petit
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Baba aux agrumes & safran par Laurent Petit
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/ ERIC JACQUIER /
Une force de la nature dont la carrure aurait pu faire un sportif professionnel. Une ingéniosité et un parcours qui auraient dû l’enfermer dans un bureau d’études parisien. Mais son destin, c’était le grand air, l’eau claire, les embruns et… la pêche, à Lugrin. TEXTE & PHOTOS PAR MÉLANIE MARULLAZ
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e n i a t i p a C
BROCHET
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Allez voir mon ami pêcheur, Eric Jacquier, sur le Léman”. Emmanuel Renaut, le chef triplement étoilé du Flocon de Sel, à Megève, n’a même pas réfléchi deux secondes. “Plus qu’un producteur, c’est quelqu’un de valeur. Il a un respect total du poisson.” Qui se transmet de génération en génération. Parce que les oncles d’Eric étaient pêcheurs. Son grand-père aussi. Et son arrière-grand-père évidemment. “On retrouve nos traces aussi loin que les archives remontent”, plaisante-t-il. “Il y a bien 400 ans ! J’aime dire qu’ici, quand les glaciers se sont retirés, les Jacquier sont arrivés.” Et ils ont toujours remonté des filets. Dans les années 70 cependant, à l’époque où son père pourrait, lui aussi, s’embarquer professionnellement sur le lac franco-suisse, les temps sont durs pour les pêcheurs. Malgré sa passion pour le poisson, il choisit l’ébénisterie. Eric, lui, écrit déjà, dans ses rédactions de CM2 que quand il sera grand, il enfilera le ciré. Il se rêve aussi handballeur professionnel. Mais dans le sillage paternel, il commence un apprentissage du bois, qu’il complète ensuite par des études de design industriel à Paris. “La
première fois que je me suis assis dans le métro, je me suis dis : ils sont fous ces gens-là ! Et quand, au bout d’une semaine, je me suis retrouvé à courir pour être le premier en haut des escaliers, je me suis dit que c’était moi qui devenait fou. J’ai compris que dans une grande ville j’allais mourir. J’aurais été riche, parce que les grandes boîtes faisaient les yeux doux aux étudiants comme nous, mais j’ai appris tout ce que j’ai pu, je me suis cultivé et je suis rentré dans mes pénates.”
QUI VIVRA, FÉRA… Quand il revient en Haute-Savoie, fin juin 1987, Eric a 20 ans. Dès le début du mois suivant, il est à l’eau avec son grand-père. “De toute sa vie, il n’a pas passé une journée sans descendre au bord du lac. Il a travaillé avec nous jusqu’à 82 ans, et puis il nous a demandé de lui laisser un bateau, d’enlever le moteur, mais de lui donner une bonne paire de rames. On le voyait passer tous les soirs avec deux filets sur l’épaule, et il les levait à 6h le lendemain matin. Avec lui, j'ai pris de vraies leçons de vie, il avait tout compris.” Mais s’il adhère à la philosophie de ses aïeux, la version 2020 du marin de Lugrin ne
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/ ERIC JACQUIER /
boude pas pour autant la technologie, bien content d’avoir une cabine quand il fait -3°C, un pilote automatique ou une machine à relever les filets, qui fait “moins mal aux épaules”, et dont il a lui-même conçu les plans. Comme il a imaginé ceux de sa pêcherie, mettant à profit ses années de design. Il bénit aussi le rempoissonnement effectué sur le lac par la pisciculture de Thonon, qui permet de “lisser les creux”, et a appris à observer les cycles. “Entre 2012 et 2014, les féras ont proliféré. Il nous arrivait régulièrement de remonter des filets de 500 kg, mon grand-père n’avait jamais vu ça… Certains jeunes pêcheurs se sont basés là-dessus pour se lancer, et l’année d’après ? Très forte chute. On a tout entendu, parlé de surpêche. Mais depuis un moment, ma femme, qui filète les poissons, avait remarqué des tâches blanches sur certains poissons… Il n’y a pas de secret, c’est une règle naturelle immuable, si une espèce n’est pas régulée par un prédateur, c’est soit une bactérie, soit un parasite qui le fait. Les survivants forment ensuite une génération saine. ”
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TANCHES DE VIE Et pour réguler sa clientèle ? Ni prédateur, ni parasite, ni bactérie, mais une très forte exigence. Caractère bien trempé - forcément, quand on vit sur l’eau… -, convivialité à quai et bonnet rouge vis-sé sur le chef, Eric choisit ceux avec qui il travaille. Comme il l’a fait pour Emmanuel Renaut. C’est par l’intermédiaire de Michel Rostang, fondateur de la maison éponyme à Paris, que les deux hommes se sont rencontrés. Le grand cuisinier parisien s’attable un jour au Flocon de Sel et s’étonne de ne trouver aucun poisson de lac à la carte. Il recommande donc au Mégevan d’aller faire un tour à Lugrin. Mais il ne suffit pas de montrer patte blanche et recommandations étoilées pour pouvoir mettre les perches, truites, lottes ou autres brochets d’Eric dans son assiette. “Si vous voulez mon poisson, il faut venir le chercher avec moi !” impose le pêcheur alpin. “Sur le bateau, c’est un moment de révélation”, expliquet-il, “si vous lui donnez un couteau et que le gars ne sait pas vider un poisson, ce n’est pas un chef. Et puis
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/ ERIC JACQUIER /
j'ai besoin de sentir la flamme !” Celle d’Emmanuel Renaut brille visiblement plus qu’il ne faut. “On a 6 mois d’écart, deux filles un garçon, il a épousé une grande blonde, moi une grande brune, et on aime tous les deux le sport, le ski surtout.” Bref, bonne pêche et véritable coup de foudre amical.
OMBLE AU TABLEAU ? Lourdeurs administratives, prolifération de la moule quagga qui menace depuis cinq ans la biodiversité du Léman ou remise en question, par la pandémie, d’un modèle économique… Si son métier charrie son lot de tracas, Eric ne l’en aime pas moins pour autant. Les yeux rivés sur la côte Vaudoise et le vignoble de Lavaux, la naissance des Alpes Suisses ou même le Mont-Blanc, il goûte tous les jours “la liberté d’aller à droite ou à gauche, sans croiser personne, au pied d’un panorama exceptionnel”. 33 ans après avoir fui le tumulte citadin, il ne regrette pas d’avoir préféré “prendre 12 mois de vacances… Parce que tous les jours, je vais à la pêche, je ne vais pas « au travail »”.
“Eric vient ici goûter mes plats, ça lui permet de savoir ce qu’on fait de sa pêche, c’est important. Moi, je ne lui demande pas un produit en particulier, je dis juste que je veux ce qu’il y a de meilleur et je l’adapte à ma carte. J’aime tous les poissons, mais je trouve que la féra, qui a pourtant été mal utilisée, qui n’a pas toujours eu une belle image, est un poisson noble, délicat, goûteux. Il faut faire attention à la sur-cuisson, à quelques degrés près, il peut passer de quelque chose de moelleux et fabuleux à une feuille de papier ! Les féras d’Eric, je les travaille souvent légèrement fumées, à l’épicéa, la pomme de pin ou le genièvre, un fumage à froid très doux, pour ne pas laisser d’enveloppe, et je les agrémente avec des herbes sauvages qui donnent un peu d’acidité, comme l’égopode ou l’oseille sauvage, pour avoir quelque chose de vif.”
Le mot du chef Emmanuel Renaut
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/ VÉRONIQUE IANNUZZI /
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49 hectares de prairies, des veaux de lait à croquer… Le décor est posé. Véronique Iannuzzi, petit bout de femme de 38 ans, peut entrer en scène. Le pas décidé, boucles d’oreilles et mascara pour punchline, cette Savoyarde dans l’âme drive son étable comme elle brille de féminité : elle n’en fait pas tout un foin. TEXTE & PHOTOS MAGALI BUY
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J’ai visité son élevage en Chartreuse, la façon dont elle s’occupe de ses veaux est juste magique. Elle en prend tellement soin… On ne peut que craquer !” confie Pieter Riedjik, chef étoilé du Montgomerie à Courchevel. Et c’est bien vrai. Chez Véronique, à peine une botte posée au sol que la bienveillance tape de plein fouet, la délicatesse à fleur d’âme et le courage enfoncé sous son bonnet blanc. Ce matin-là, aux Echelles, j’ai reçu une leçon de vie à m’embrumer les yeux : il avait beau faire -1000°C, il est des moments si doux, qu’ils font fondre, même le verglas.
ÇA VEAU LE DÉTOUR L’agriculture, c’est un vieux rêve. Une enfance campagnarde dont elle garde des souvenirs heureux : “Mes parents
ont toujours eu des chevaux. Il arrivait souvent qu’on donne des coups de main aux agriculteurs voisins. A 12 ans, je faisais les foins et conduisais les presses pour former les bottes carrées. Je me disais souvent : plus tard, si tu trouves un mari disposé, tu pourras peut-être exercer ce métier. Parce qu’on m’avait bien fait la leçon. En 1998, au lycée, je voulais des vaches et faire du Beaufort. Quelle idée farfelue, m’avaiton répondu ! Une femme agricultrice et puis quoi encore ? Alors j’ai étudié de longues années et travaillé comme psychologue, puis chef de service dans le handicap.” Quand un choc a réveillé tout ça : “certaines épreuves de la vie, parfois douloureuses, aident aussi à se construire. On se dit que finalement, on ne vit qu’une fois et qu’on peut y arriver ! Mon quotidien s’est écroulé, mais je
me suis découvert une force insoupçonnée. Et si aujourd’hui, j’arrive à maîtriser mes taureaux toute seule, alors, rien ne peut m’arrêter, non ?” Ça c’est sûr !! Surtout quand on voit le balaise, là-bas au fond : ça calme.
TERRE HAPPY ! En apprivoisant ses bêtes, c’est une dose incroyable de confiance en elle qu’elle s’est injectée. “Regardez, les vaches sont calmes, patientes et sages. Elles m’obéissent maintenant, j’ai réussi à être au milieu et à les contrôler. Pour autant, l’agriculture, c’est un défi quotidien. Et parfois, je me demande comment surmonter tout ça, c’est si dur. Mais en fait, je n’ai pas le choix. Je le fais. Et après, je suis fière de moi !” Il y a de quoi. Car il en a fallu, des tripes, pour quitter un métier confortable et venir s’installer à la rudimentaire, dans un monde masculin. Et avec 3 enfants ! “Ça faisait 5 ans que je m’y préparais. Je voulais élever des veaux de lait comme dans le centre de la France, et ce n’était pas rien. J’ai épargné, suivi des formations, enchaîné les stages, je devais être sûre de mon choix. Et je me suis lancée ! J’ai été aidée par la Région comme jeune agriculteur, sans ça, je n’aurais jamais pu.” En 2019, Véronique rachète le bâtiment, une partie des bêtes et investit tout ce qu’elle a pour réaliser son rêve, un peu fou quand même…
OH LA VACHE ! Parce que c’est un boulot de dingue, de 7 heures à 21 heures, quand tout va bien ! Et comme elle n’est pas mécanisée, c’est toute sa volonté qui y passe. Alimentation des vaches, tétées des veaux, curage des stabules - nettoyage du fumier - gestion du foin, les soins et on recommence ! Sans compter les vêlages ! “J’ai 12 à 15 veaux en permanence, 4 naissances par mois. C’est très rude comme rythme, et certains jours, je n’en peux plus ! Alors les vaches me filent un coup de main pour rentrer leurs petits, elles sont très protectrices, même envers moi et ressentent les choses. On dit qu’elles sont à l’image de leur éleveur…”
VEAU’LUPTÉ ! Et il n’y a qu’à la regarder gratouiller la tête de Joconde ou câliner
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/ VÉRONIQUE IANNUZZI /
Rembrandt pour comprendre. La tendresse, l’humour d’un p’tit mot ou cette façon très psy de calmer les plus têtues, comme Mercotte, vache laitière au caractère bien trempée. En gros, c’est la fête quoi ! Ici, ce sont les veaux qui font tourner la maison : Liberté, Sauvage, Paris, Hanovre, Louna ou encore Lady, pas de jaloux. Et c’est sans doute cette attention si particulière qu’elle leur prodigue qui donne des vaches cool, du lait au top et des veaux relax, pour une viande d’exception. L’amour est certes dans le pré, mais derrière, il y a la vérité nourricière. Et malgré leurs
bouilles craquantes, les veaux de lait seront consommés. “On s’attache, c’est sûr. Mais mon boulot d’éleveuse est de leur donner la meilleure vie possible. Ils partent à 5 mois, ils sont toujours au propre, en bonne santé et ne manquent de rien. On ne s’y habitue jamais, mais il faut que ça tourne, et personne ne vient voir un zoo de vaches ! J’aimerais bien les élever et les garder comme ça, mais c’est impossible. Sans compter que je ne me verse pas de salaire encore.”
C’EST BEAU, VAIN… Si au départ, Véronique tâtait le terrain,
elle a repris le cahier des charges Label Rouge et fait en sorte que ça bouge. En choisissant les veaux de lait, elle a sans le savoir ouvert la porte à l’exception, servie sur de grandes tables étoilées et c’est bien la plus belle des revanches : “Stéphane Milleret, boucher à Chambéry, me prend tous mes veaux et les dispache ensuite. Je voulais un produit qualitatif tendre, juteux et avec du goût. Ça fait aussi partie de l’estime que j’ai pour mes animaux, je leur donne tout et je veux le top du top pour eux, même après.” Comme quoi, être agricultrice, ça vaut le coup, non ?
“C’est incroyable cette énergie qu’elle met ! Et la connexion qu’elle a avec ses bêtes, c’est magique et un boulot de fou. Avec la viande provenant de son élevage, je fais un paleron de veau confit avec des choux blancs de chez Allemmoz (maraîcher à Albertville, que je retrouve sur le marché de Moutiers) - et des girolles, que j’ai ramassées, en pickles, le tout servi avec un jus de veau à l’orange. Ce sont des veaux de lait, qui ont une chair assez blanche, très juteuse et très tendre, avec un goût extraordinaire. Il y a 2 semaines, j’en ai fait une blanquette, rien que le bouillon donnait déjà envie !"
Le mot du chef
Pieter Riedjik
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/ JULIEN TOURNIER /
Ventres
À TERRE
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Il me semble naturel de trouver tous les éléments qu’on cuisine autour de nous”, explique Mickaël Arnoult, le chef du restaurant les Morainières** à Jongieux. “Alors, quand ce jeune éleveur d’escargots s’est lancé juste à côté, à Billième, je me suis dirigé vers lui, par envie et par curiosité…”. Curieuse, c’est mon deuxième prénom. J’ai donc voulu, moi aussi, voir ce que Julien Tournier avait dans le ventre, justement. Comme le
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Ventre à terre ? Celui qui a inventé cette expression n’était sûrement pas un escargot. Vous iriez vite, vous, si vous n’aviez d’autre option, pour vous déplacer, que de glisser sur votre estomac ? Pas suffisamment, en tous cas, pour échapper à Julien Tournier et éviter de finir en bouchée… PAR MÉLANIE MARULLAZ
mollusque qu’il élève, ce jeune quadra était de nature plutôt réservée, mais la promotion de son activité l’a fait sortir de sa coquille. Quand il achète ses 5000 premiers naissains - œufs juste transformés en bébé escargots - il travaille encore dans une usine de fibre de verre à Chambéry, mais il a envie d’air frais, d’extérieur, d’un retour à la terre. Dans sa famille, on a quelques terrains, mais pas de tradition agricole. Il regarde alors du côté des élevages « décalés »,
autruches, grenouilles, escargots… Escargots ? Sa grand-mère en a toujours cuisiné, sa mère en a longtemps rêvé, il en fera son métier : héliciculteur. En 2012, il s’inscrit alors dans l’un des deux centres de formation en France, qui se trouve à la Motte-Servolex, soit à 20 km de chez lui… Coup de chance.
METS TA CAGOUILLE ! Il y découvre que tout paisible et lent qu’il soit, le Gros-Gris - la taille du Bourgogne et la chair fine du Petit-Gris -
n’est pas si facile à élever. Mais en stage dans l’Ain, auprès de Gilbert Goyet, un des pionniers en la matière, il apprend à le faire le plus sainement possible. Pour qu’il soit heureux, il faut, au bivalve, de l’espace, avec des endroits où se coller, un arrosage tous les soirs pour le stimuler et de la végétation haute pour le protéger de la chaleur ou des intempéries. Dans ses parcs de 100 m2, Julien laisse donc pousser liseron, ortie, mauve et lamier, il plante aussi des courges, des côtes de blettes et de la consoude. “Tout ce qui veut bien pousser, je le laisse !” Il faut également le protéger de ses prédateurs : rongeurs, oiseaux, crapauds, scarabées… vers luisants ! “Très peu d’animaux ne mangent pas d’escargots…” Quand il les ramasse, entre la fin août et la mi-octobre, Julien a perdu en moyenne 30% de son cheptel. Ce qui lui laisse quand même plus de 200 000 mollusques commercialisables. “Je les récupère juste avant la ponte pour qu’ils soient plus tendres, on y va avec nos seaux, en famille. On
les met ensuite sur des palettes, à une température qui fait qu’ils entrent en estivation, ils s’endorment et ne se réveillent pas quand on les ébouillante, 15 jours plus tard.”
MÊME PAS BEURRE ! Ramassage, « abattage » - le terme est cruel, mais il est technique -, décoquillage, nettoyage et transformation, l’automne représente la haute saison pour la famille Tournier. En ligne de mire, les fêtes de fin d’année, car c’est souvent là que la coquille nous titille, même si Julien insiste sur le fait qu’on peut en manger n’importe quand. C’est d’ailleurs ce que fait ce gourmand. Passé expert dans l’art du court-bouillon, il maîtrise aussi le beurrage, réalisé avec les produits de la coopérative voisine de Yenne et au-delà des classiques, imagine ses propres recettes : bouchées à l’ail des ours, aux cèpes et trompettes, ou encore escargotine à tartiner, au chèvre, roquefort ou reblochon… Ça y est, vous bavez…
“On a tout intérêt à défendre les jeunes producteurs, qui cultivent notre territoire, notre terroir. On a de la chance de les avoir surtout quand ils travaillent bien, sainement, comme le fait Julien Tournier. Pour sublimer ses Gros-Gris, les faire découvrir différemment, mettre en avant leur goût et leur texture, aux Morainières, on s'éloigne du classique beurre persillé et on les travaille dans l’esprit du diotpolenta : on fait donc un diot à base de farce fine de volaille de Bresse et d’escargots, servi avec une polenta à l’ail des ours.”
Le mot du chef Mickaël Arnoult
/ DOMAINE BLARD
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S’ils font un Apremont canon, une Mondeuse gracieuse et une Roussette de compèt’, les Blard père et fils ne sont pas du genre jet-set et paillettes. Aux Marches, juste à côté de Montmélian, ils mettent la Savoie en bouteille avec honnêteté, précision et un sacré carafon. PAR MÉLANIE MARULLAZ
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© Louise Oligny
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Avec sa grosse barbe blanche, Jean-Noël, c’est le Père Noël !” s’amuse Emmanuel Renaut. “Son fils et lui sont des gens entiers, vrais, qui font le vin comme ils l’aiment, ne trichent pas avec le produit et sont de gros travailleurs !” Sur les chaleureuses recommandations du chef du Flocon de Sel*** et celles de Peter Riedjik, son ancien second, actuel chef du Montgomerie** à Courchevel qui a fait les vendanges aux Marches, nous sommes donc allés rencontrer Thomas et Jean-Noël, fortes personnalités et tignasses volontaires de père en fils. Depuis cinq générations, les Blard font du vin sur ces terres que leur famille travaille depuis bien plus longtemps et qui portent encore les traces de l’histoire. La cave qui abrite leurs cuves était d’ailleurs un avant-poste de l’ancienne douane entre le Duché de Savoie et la France, et entre les parcelles de vignes, on distingue les murets de pierres montés à bras d’hommes, il y a plus
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À SUIVRE
/ DOMAINE BLARD
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d’un siècle. “Avant moi, il y avait de la vigne, après moi, il y aura de la vigne”, constate Thomas Blard, “je suis juste de passage, mais j’ai beaucoup de chance d’hériter du travail de mes aïeux, ils ont fait avec les moyens qu’ils avaient, ils se sont tués à la tâche… S’ils y sont arrivés, je dois y arriver moi aussi.”
CHAMPAGNE ! Ça sonne un peu grave comme ça, mais il faut l’imaginer dans la bouche d’un trentenaire énergique et jovial, les chaussures et le pantalon couverts de boue, parce qu’il a été interrompu en pleine taille. “Quand j’étais plus jeune et que je voyais mon père tout fatigué et tout sale, comme je le suis aujourd’hui, je rêvais d’un boulot plan-plan, avec une voiture de fonction et des Tickets Restaurants !” Mais le jeune Blard veut aussi être son propre patron, n’avoir de compte à rendre à personne. S’il commence par suivre des études d’agronomie - pendant lesquelles il se perfectionne surtout en… ski ! -, il enchaîne assez naturellement avec l’université du vin à Suze-la-Rousse, et une formation professionnelle en Champagne. “Il me fallait une expérience mécanique, et c’est un peu la même topographie qu’ici, avec des lignes étroites, en coteaux. Et puis la Champagne, c’est la Mecque des vignerons ! La vigne est omniprésente dans les familles, tout le monde est hyper compétent, qualifié, diplômé… Et ils ont tous un pied-à-terre en Savoie, j’ai donc eu droit à un super accueil !”
BONNES ÉTOILES En 2012, Thomas rejoint le domaine familial. C’est Jean-Noël qui l’avait fait définitivement passer de la polyculture à la spécialisation dans la vigne, après avoir appris et lui-même enseigné la viticulture à Beaune. “Mais dans les années 70, on vendait le vin de l’année”, re-situe son fils. “C’était confort, les stations descendaient et prenaient tout, le négociant faisait l’intermédiaire, la vinification se faisait dans ce sens, on ne pensait pas vins de garde.” Ce qui change, c’est d’abord l’AOP Vin de Savoie créée en 1973 : elle valorise la Jacquère, utilisée pour l’Abymes et l’Apremont, incitant les vignerons à délaisser les autres cépages.
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/ DOMAINE BLARD
Ce qui bouleverse ensuite le vignoble savoyard, c’est, vingt ans plus tard, la baisse dramatique de consommation, “peutêtre à cause de la qualité quand même…”, reconnaît Thomas. “Mais mon père n’a pas fait le dos rond, il a agrandi le domaine, re-diversifié, en plantant de l’Altesse, du Pinot, du Chardonnay, et il a élevé les vins différemment.” C’est peu de temps après, que débarque un jeune chef, ancien second de Marc Veyrat, qui vient de s’installer à Megève. “Emmanuel Renaut est venu ici pour une dégustation et il a eu un coup de cœur, depuis, il ne nous a jamais lâchés. Quand un chef de Megève vous suit, c’est bien, mais quand, en plus, il prend un col tricolore et trois macarons, je vous dis pas… Il a toujours une bouteille de Roussette sur lui quand il sort, c’est un super ambassadeur. Et un excellent goûteur, il nous a bluffés plus d’une fois.”
SOIF DE NATURE Aujourd’hui, les Blard sont en cours de conversion bio. “Après cinq ans d’essais, là, c’est officiel et c’est sur tout le domaine !” se réjouit le jeune vigneron. “Ça s’est passé en douceur, mon père avait
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toujours laissé les vignes enherbées, griffé un peu les sols. Il avait la connaissance, les outils et il m’a laissé faire. En ce moment, je me forme aussi à la biodynamie.” Leurs vins, les Marcherus - et non pas les Marcheurs… - ils les veulent fins et désaltérants. “Depuis le début, mon père s’est démarqué en ne laissant pas de sucres résiduels. Même si on essaie toujours de viser des choses plus complexes ou plus pointues, on fait toujours des vins de soif, pas alcooleux, de par le cépage déjà, et donc gouleyants !” Thomas, lui, qui avait passé son brevet d’accompagnateur en moyenne montagne, mais a dû délaisser la rando pour les tonneaux, a trouvé dans la vigne un nouveau terrain de jeu : “Avant, je signais des pentes, des faces, des voies, maintenant, je mets mon nom sur une bouteille. Avec six cépages, on a au moins six modes d’expressions différents, mais en fait, c’est sans fin. Après 43 vendanges, mon père ne sait pas encore tout expliquer. Rien n’est acquis, on n’a jamais complètement raison, mais jamais totalement tort non plus. C’est un champ d’expression incroyable !”.
Le mot du chef Emmanuel Renaut
“Ça fait 20 ans qu’on travaille ensemble, j’ai vu ce que faisais Jean-Noël, et c’est génial, avec l’arrivée de Thomas, de voir qu’il peut compter sur du sang neuf, une nouvelle vision de la vinification, de l’élevage, la conversion en bio… Je suis très friand de leurs vins, ils reflètent leur terroir. J’aime particulièrement leur Roussette, mais leur pétillant brut alpin est superbe. Et même sur le Pinot, qui n’est pourtant pas un cépage d’origine, ils arrivent à faire quelque chose d’extraordinaire. Le savoir-faire des vignerons de Savoie ne fait que se confirmer !”
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PAR MAGALI BUY
Ils travaillent dans la tradition et la typicité artisanale, et c’est toute cette particularité que j’aime chez eux. Je n’ai rien trouvé de semblable ailleurs.” confie Anthony Bisquerra, chef doublement étoilé de la table de l’Alpaga à Megève. Salage, étuvage, fumage… tout un art ! Parce qu’à sec, la charcut’ s’affine comme un bon fromage. Et entre coppa et lonzo, y’a le choix ! Gourmandise quand tu nous tiens… Blouse blanche de rigueur pour arpenter les dessous du labo : allez hop, c’est par là, allons tailler le bout de gras !
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st du C’eBAUD !
LE MONDE EST BAUD
Parce qu’à l’époque, entre ambiance champêtre et bonne franquette, tout le monde préparait la cochonnaille autour de la bête. Et si la production se limitait au jambon et sa noix, c’est toute une variété gourmande qui est suspendue aux rails aujourd’hui. Les procédés de fabrication ont subi un relooking technologique dans l’air du temps, mais la tradition, n’y pensez pas ! “A la base, notre métier, c’est la boucherie. Joseph a ouvert en 1928 sa boutique rue Carnot, à Annecy. Son frère, notre grand-père, Fernand, négociant en bestiaux, lui emboîte le pas à Villaz, 4 ans plus tard, avec une boucherie et un abattoir. La génération suivante, celle de mon père et de ses frères, de l’abattage à la découpe, fournissait une grande partie des bouchers charcutiers
et restaurants annéciens… 400 porcs par semaine, c’était énorme ! Ils bricolaient bien quelques jambons blancs et de la salaison dans un vieux fumoir, mais leur boulot était d’alimenter les pros en matière première.” Mais avec l’arrivée des supermarchés dans les années 80, l’activité bouchère prend du plomb dans l’aile. La salaison tente alors de sauver la maison.
NOTE SALÉE “La salaison, c’est ce qui est salé, séché, comme le jambon sec ou la poitrine fumée. Tout ce qui se conserve que par déshydratation et salage. On fait du cochon en majorité, mais ça marche aussi pour le bœuf, le canard ou le veau.” Et c’est pour cette raison, qu’il y a 30 ans pile poil, son père Daniel, prend ses quartiers, lui aussi, à Villaz, dans de
Daniel et Maxence Baud
nouveaux locaux. Jambon fumé, lard paysan, il donne le max, se débrouille, mais c’est galère. Mais pour les grosses noix de jambon, entre la préparation et la livraison, passent 15 mois, et niveau tréso, c’est chaud ! Sans compter la taille de l’atelier : “Mon père était dans un format un peu bâtard, il ne s’en est jamais sorti, on vivotait comme on pouvait”. Alors Maxence met un pied dedans, le deuxième va suivre.
L’ART FUMÉ Il quitte son boulot dans le génie civil et succède à son père en 2004, emploie son cousin à plein temps et relève ses manches. Formation, agrandissement et démarchage à foison, il entérine les méthodes ancestrales et assoit la maison. “A l’époque de mon grand-père, on fumait à la branche de genièvre, uniquement du résineux pour fumer à froid, avant le séchage, juste après le salage. C’était vraiment typique des Aravis, de ce qui se faisait à la ferme, l’hiver, quand on tuait le cochon. Et on a gardé cet ordre, à la différence des autres, qui fument à la fin.” Pour l’assaisonnement, c’est pareil, c’est à leur manière et c’est secret…
SIGNAUX DE FUMÉ Un magret fumé par ici, un pulled
pork par là, les morceaux défilent et à chacun sa particularité. Pour qui aime manger, c’est la caverne d’Ali baba ! Et ils agrandissent encore : “On ne pouvait plus répondre à la demande, on était les uns sur les autres. Je viens d’investir dans une ancienne scierie à 300 mètres de là. On a gardé la charpente, les caves et les pierres apparentes, c’était l’endroit où mon père et mon grand-père récupéraient la sciure pour le fumage.” Et les caves… Maxence y tient ! “J’ai toujours laissé une partie de ma production vieillir en cave dans un château proche d’Avernioz appartenant à des cousins. C’est là que mon grand-père faisait sécher ses jambons. Quand j’étais gamin, tous les mercredis on les montait là-bas.” Et après, il faut laisser du temps au temps… “Un produit standard, il faudra patienter 8 mois, un produit d’exception 16, 24, 36 mois au plus ! Avec la maturité et l’affinage, on développe des arômes et toute une palette de textures…”. Et cette recherche du bon, c’est aussi ce qui fait croustiller les chefs. Il n’est d’ailleurs pas rare de les voir traîner dans l’atelier. “Tout ce que je fabrique, une cinquantaine de salaisons différentes, s’adapte à eux. J’ai eu créé de la pancetta de veau fumée pour un restaurateur qui voulait cuisiner une
tartiflette sans porc. Aujourd’hui, c’est un produit phare. Et le sur mesure est l’essentiel de notre job !” Pastrami, bresaola, carron ou noix au piment d’espelette, tout est bon dans le Baud. “Aujourd’hui, j’ai fait un carré de cochon farci au pormonier, une viande issue de la Roche sur Foron. Les pormoniers sont fait à l’ancienne avec des blettes et des épinards, un fumage au bois de genévrier, qui fait la signature de la Maison Baud. Ils s’inscrivent vraiment dans un terroir, une cuisine de proximité vers laquelle je tends de plus en plus, où les producteurs locaux sont mis en avant. Chez eux, j’utilise la noix de jambon fumée ou non avec un affinage intermédiaire et le fait de m’y rendre régulièrement, permet de rester au plus proche du produit et de définir celui qui me convient le mieux. J’y retourne dans 15 jours pour couper des cochons, travailler directement avec des bouchers charcutiers, avoir un accès direct à la production, c’est précieux.”
mot du chef LeAn thony Bisquerra
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Dans son atelier biscornu accroché Aux Chapelles, Stéphane Thomat forge ses couteaux, comme on forge un homme. Le regard perdu dans les reliefs de La Plagne, libre comme l’air, il vit à sa manière, entre inspiration hasardeuse et charbons ardents, chaud devant !
Stéphane Thomat
© Cécile Bouchaye
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© Julien Gaidet
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L’artisanat, l’humain et l’art de vivre, Stéphane représente tout ça à la fois. Ses couteaux ont vraiment une âme, quelque chose de différent…”, lance Maxime Meilleur, chef triplement étoilé de La Bouitte à Saint-Martin-deBelleville en Savoie. De quoi aiguiser notre curiosité… C’est en forgeant qu’on devient forge-ron, dit le diction. A 45 ans, les coups d’épée dans l’eau, il a donné. Stéphane sait aujourd’hui ce qu’il veut. Battre le fer, là, en pleine nature, marteler et griffer à l’envi, tailler son métier sur mesure et jouir de la vie. Et c’est depuis sa forge, à quelques lacets de Bourg-Saint-Maurice, qu’il m’accueille, le visage encore griffonné à la suie.
s e d e g r o f A la BRAS
/ L A F O R G E D E S M O N TAG N E S /
ETATS DE L’ÂME Et il entame direct. Il ne peut pas dire d’où lui vient cette passion, elle transpire depuis toujours. “J’ai été très proche de l’univers médiéval fantastique quand j’étais gamin. Conan le Barbare, les dragons, les jeux de rôles... La forge y est au centre, le lieu où on fabrique les armes aussi. C’était emblématique pour moi et ça l’est toujours.” Alors Stéphane bricole très tôt, un peu comme tous les intrépides. Il se confond dans un imaginaire qu’il chérit, mais n’en oublie pas le pragmatique
m’épanouissais pas. A cette époque, je faisais déjà des couteaux pour la famille, pour des amis, à mes heures perdues, et puis je me suis dit que tout ce temps passé devant l’écran, pourquoi ne pas le passer à forger, dans un atelier.” Son lieu de vie s’y prête, alors feu !
pour autant. Il s’oriente dans la com’ et la trentaine pointant, quitte Toulouse, sa ville natale, pour s’installer en 2009, aux Chapelles, en Savoie. “Ici, c’est la maison de mes grands-parents où je passais tous mes étés. Je ne me suis pas foulé en fait, je suis venu vivre sur mon lieu de vacances ! J’y ai des souvenirs forts, des grands moments de bonheur…” Et si les montagnes réchauffent son quotidien désormais savoyard, quelque chose lui manque. “A mon arrivée, je me suis occupé de la communication digitale de La Plagne, mais je ne
AU CHARBON ! Il prend alors un congé sabbatique de 11 mois pour trancher dans le vif du sujet et tente le tout pour le tout : “J’avais déjà fait une formation diplômante sur la forge médiévale, pour appréhender les bases, sa conduite et l’utilisation du charbon. J’ai appris à faire des pointes courtes - pour les clous -, des pointes longues, torsades, carreaux d’arbalète, pour finir avec un petit couteau celtique (une lame dont l’acier se prolonge pour former le manche). Mais en dehors de ça, j’ai tout appris tout seul, en forgeant…” Comme quoi… les dictons ont du bon. Enclume, forge et coup de marteau et go, go, go.
ESPRIT BIEN FORGÉ
© Cécile Bouchaye
Stéphane achète son matériel petit à petit, se familiarise avec le travail du bois pour ses manches et du cuir pour les lanières. Il forge encore et encore et
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La maison bois aspire au bien-être par la noblesse. Architecte Atelier-S
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© Julien Gaidet
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inonde les marchés artisanaux. “J’ai fait mon stock et je suis allé partout, tester mon produit. J’avais 11 mois pour me décider, et ça a marché ! ”. La communication digitale peut accrocher son tablier, la Forge des Montagnes est née. Il vend alors ses couteaux, dagues et lames en tous genres par bouche à oreille et dans quelques boutiques du coin. Le forgeron trouve ainsi son équilibre entre un imaginaire fantastique qu’il martèle sur l’enclume et la liberté de s’évader en pleine nature dès que ça lui chante. Et c’est en 2018 que la vie lui sert un joli cadeau, quand sa route croise celle du chef Maxime Meilleur : “ j’étais passé livrer une boutique et il était là, un de mes couteaux entre les mains. Il a demandé au commerçant à me rencontrer… Ça tombait plutôt bien ! J’étais là… Il a aimé mon travail et voulait des couteaux de table pour son restaurant. Je ne savais même pas qui il était, et je lui ai répondu que de toute façon, je ne faisais pas de série ! Mais il a tellement insisté qu’il a fini par éveiller mon esprit créatif. Alors on s’est mis à travailler sur le sujet à la condition de me laisser honorer les commandes en cours, j’en avais bien pour deux ans ! Aujourd’hui, sur les 80 pièces commandées, il en reste 30 à livrer… J’ai mis un an à développer le prototype, pas moins de 9 essais avant d’arriver au bon ! Maxime et René Meilleur ont une grande culture de l’objet local traditionnel et on partage cette passion. Leur couteau a beaucoup de détails et porte leur griffe…”
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© Cécile Bouchaye
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LAME D’UN GUERRIER Et si Stéphane y passe beaucoup de temps et d’énergie, le plaisir se lit sur son visage. Avec son côté brut, nature et un peu écorché vif qu’il cache sous son bonnet de laine, le forgeron s’éclate à prendre le contre-pied des finitions industrielles et très lissées et c’est sûrement ce qui donne autant de consistance à ses lames. Et même si sa patte est indéniable, la différence est là : “au
niveau de la forme, de la taille, on voit tout de suite que c’est un travail artisanal et je crois que c’est ce qui a plu à Maxime. Pour moi, le luxe ne se mesure pas à l’argent, mais à cette liberté de vivre comme on veut, face aux montagnes, un luxe nature, une inspiration insatiable. Ce qu’on trouve à la Forge des Montagnes, on ne le trouve pas partout... ” + d’infos : laforgedesmontagne.com
Le mot du chef
“Dès notre première rencontre, on a parlé de sur mesure, de pièces uniques. Je voulais un couteau savoyard haute couture, il n’avait jamais fait ça, alors on a travaillé ensemble. Ces couteaux racontent toute notre vie. Il y a la griffe de la Croix de Savoie, des incisions qui représentent la montagne et ses 3 vallées, le pied, évocateur de la patte de chamois et le bois bien spécifique, issu de charpente de fumoir en chêne vert, symbole de notre métier de cuisinier. Quand vous croisez le chemin de personnes comme ça, qui ont la passion et l’exigence du travail bien fait, c’est vertueux. Et nous, ambassadeurs, on se doit de mettre en valeur ces artisans. Au final, c’est un vrai plaisir d’apporter notre territoire unique sur table !”
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© Cécile Bouchaye
Maxime Meilleur
Belle année 2021 !
On reste serein... On boit du Chignin ! CHIGNIN BERGERON
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© Delambora Production
CHIGNIN
/ DESIGN LA POTERIE DU GRAND PONT
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R I A ' L e N r E r e t La I
l m’attend au bout du chemin, non loin d’un vieux corps de ferme accroché au village de Seythenex. Enroulé dans son grand tablier, il a ce petit côté feng shui qui met tout de suite à l’aise, et ça, c’est du bol ! Une tasse de café pas lisse dans mes mains plus loin et voilà qu’il lance les festivités, entre Higelin, Brassens ou Gainsbourg qu’il entonne sans arrêt, tourner autour du pot ? Ça va pas, non !
LES PIEDS DANS LE PLAT
Jean-Pol Bozzone
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Alors quand je me mets à lui parler vaisselle... Banzaï ! : “Je ne suis pas fabriquant de vaisselle ! Je suis potier. Il faut comprendre mon métier pour choisir des pièces chez moi. On est dans la slow poterie, une poterie zen. C’est une poterie, sans poterie, c’est la
matière, le geste, le rythme. C’est pour ça qu’on est très proches des cuisiniers. Parce qu’ils sont fascinés par l’art de la coupe. Et moi, je suis dans cette démarche. Enlever et enlever encore, pour arriver à l’essentiel. Aucune virtuosité technique, mais du ressenti, la mémoire de la main, l’amélioration par la pratique en continu.” Inspiré pour par le raku -technique d’émaillage japonais utilisé pour les bols de la cérémonie du thé- son travail est avant tout une communion entre l’homme et la nature, une médiation profonde avec les énergies, celles qui poussent, portent et guident les esprits réceptifs dans une tasse, une coupelle et même une assiette, mais sûrement pas un service entier sérigraphié !!! Hug, partage et calumet de la paix ! C’est ça ?
Certains passent du coq à l’âne, Jean-Pol Bozzone, lui, plutôt de la coupe au bol. Aucun rapport, me direz-vous et pourtant, jeux de mots et calembours s’entrechoquent gaiement dans son atelier de poteries zen. Entre pots, plats et coupelles, un vase tintinnabule façon carillon japonais, l’heure est aux confidences infusées. PAR MAGALI BUY - PHOTOS : MARC DUFOURNET
MISE À PLAT “Le Raku, c’est accueillir le hasard. Mais c’est aussi maîtriser les matières avec respect. Aucune ne réagit de la même façon. Il y a les terres du petit feu, celles du grand feu. Les premières restent ouvertes post cuisson et ont besoin d’une couverture vitreuse qu’on appelle l’émail, pour être étanches et utilisées dans l’alimentaire. Les autres, sont auto cérames et fermées après cuisson. On ne cuit pas une terre cuite comme on cuit une porcelaine. On ne fera jamais de fines tasse à thé dans la brique !” C’est sûr ! Mais bon, s’il y a la méthode, le reste est dans vos mains, si je comprends bien : “Pour faire de la poterie, les fondamentaux sont les mêmes. Avoir une terre homogène pour éviter les tensions, bien la préparer, la faire sécher et tirer, laisser les énergies
se rééquilibrer avant la cuisson. Il faut comprendre la terre, son rythme, savoir être à l’écoute de son évolution. Avant l’heure, c’est pas l’heure. Après l’heure, c’est trop tard ! C’est du ressenti. Savoir à quel moment s’arrêter de la travailler. C’est comme un aliment en cuisine, comme du sucre, un caramel. C’est un terrain de jeu, un moyen d’expression.” A croire qu’il fait ça depuis toujours. Et pourtant.
COUP DE BOL 40 ans à Charleville-Mézières, un boulot de VRP qui l’emmène partout. Il atterrit en Rhône-Alpes il y a 22 ans, où il achète, par hasard, son premier bol raku : “Il a des émaux d’une secte Chan, à l’origine des codes du raku japonais. Pour mon boulot, je parcourais la France profonde et quand je voyais une
poterie, je m’arrêtais. J’ai une culture d’amateur en quelque sorte.” En 2009, les premiers changements s’opèrent, il bosse de la maison et devient graphiste, mais l’envie de créer fait déborder le vase. Il rencontre Thierry Sivet, céramiste de renom : “On écoutait du rock et on parlait poterie, sans jamais en faire. Lui, c’est un Mozart, un surdoué. C’est un peu mon Jiminy Cricket ! C’est chez lui que j’ai fabriqué mon petit four, le grand, c’est l’ancien de son père, c’est affectif et one again... Rien de mieux que ça !” Et s’il a tant d’attache, c’est aussi parce qu’il sort d’un épisode torturé et qu’il s’en va chasser ses maux avec des pots, comme on le ferait avec des mots.
APPRENTI-SAGE Il glane du b.a.-ba chez Marie-Noëlle
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/ DESIGN LA POTERIE DU GRAND PONT
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Laurent Petit et Jean-Pol Bozzone
Leppens, sculptrice, et s’enferme dans son atelier pour penser : “Tout plaquer pour devenir potier et donner le meilleur de moi-même, quel sens ça pouvait bien avoir ? Je devais comprendre qui je voulais devenir. C’est là que je me suis consacré à la cérémonie du thé, avec l’intuition que ça aiderait à nourrir ma pratique. Elle consiste à faire le meilleur thé possible, avec simplicité et équilibre, respect et humilité, un moyen de tout dire dans la matière, le geste le rythme... Et le premier maillon, c’est le potier. Donc le bol, comme le Graal, prend une valeur spirituelle absolue.” Et c’est peut être ce subliminal qui a touché Laurent Petit - chef 3 étoiles du Clos des Sens à Annecy - un lundi de juin 2016. “Il faisait un temps pourri, j’étais grippé et j’en avais marre quand j’ai vu arriver 4 zozos en anorak,
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complètement trempés. Je les accueille et leur présente mon raku. Il y en avait un plus curieux que les autres, il n’avait pas l’air de m’écouter et pourtant, dès qu’il posait une question, il était dedans ! Au bout de 10 minutes, j’ai vu l’enfant dans ses yeux, ça lui parlait !” Ipso facto, ils commencent à travailler ensemble : “Je suis allée chez Laurent, il a tourné un artichaut dans son jardin avec son couteau japonais pour me montrer le geste, je lui ai exposé comment faire un décor. J’ai invité toute son équipe chez moi, pour dresser les assiettes, c’est important d’entendre la démarche. On se pose la question de l’espace quand on décore aussi...”
l’ingrédient principal des pièces de Jean-Pol est avant tout sa communion avec la matière et avec la vie, le moment où il décide de faire un vase strié, une coupelle granulée, un plat alambiqué, un soliflore éraillé... Tant que c’est équilibré et que ça raconte, me direzvous ! Poterie de l’émotion, du hasard et de l’humilité, attention pas de bévue, rien ne naît de ses mains dans le superflu : “On est dans la méditation, la pleine présence. Quand on dit l’essentiel, on n’a pas besoin d’autre chose. Le reste c’est de la convention sociale.” Alors quand il sent qu’il a tout donné, il s’arrête, met un poinçon pour dire « j’admets. J’ai donné tout ce que j’avais à donner ». Inutile de tourner autour du pot...
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/ DESIGN MYRIAM MONACHON
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ervice S GAGNANT Peintre créative, Myriam Monachon est bien dans son assiette ! sans en faire tout un plat, elle remet sans cesse le couvert pour ranimer des objets du passé et décorer la vie. PAR BÉATRICE MEYNIER - PHOTOS : MYRIAM MONACHON
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es dizaines d’assiettes en piles, côté face, dans l’atelier de peinture, des palmiers stylisés quasi grandeur nature sur les murs de l’espace couture et trônant au cœur du garage, un four à poterie qui carbure ! A Challes-les-Eaux en Savoie, la maison que Myriam Monachon tient de sa grand-mère a été agrandie et transformée au fil des années pour laisser place à l’univers de la créatrice. Un monde peuplé d’œuvres artistiques variées, qui envahit peu à peu l’existence de cette éducatrice de profession.
ARTS ET MÉTIERS C’est acquis, c’est inné, depuis toujours, la quarantenaire porte en elle l’amour de la création au sens large. “Petite, j’adorais les bijoux et je peignais des coquillages avec le vernis à ongles de
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ma mère ! J’ai aussi appris à tricoter et à coudre avec des femmes de mon entourage. Je suis une dyslexique contrariée par le système scolaire et l’art m’a toujours permis de m’en sortir, même si je n’ai pas pu en faire mon métier. Je voulais devenir décoratrice d’intérieur, mais il y a 35 ans, avec ce choix, on n’était pas pris au sérieux…” Une vocation contrariée, mais le choix d’une profession intimement liée à l’histoire familiale et aux convictions bien ancrées de Myriam : “Je ne supporte pas l’injustice, la bienveillance est pour moi indispensable. Mes deux grands-mères sont issues de la DDASS, c’est sans doute ce qui m’a donné envie d’aider les gens mis de côté. Et en tant qu’éducatrice, je suis dans la relation, qui est aussi une forme de création dans le lien, au final.”
Myriam Monachon
rage m’a suggéré u to en n o m f, ti o m ce c Ave au niveau sé eu cr i a j’ rs lo A ! sy p n d’aller voir u de mort te tê la e u q vé u o tr i a j’ symbolique et Ça m’a rassurée... . ce n sa is a n re la it a u q évo
/ DESIGN MYRIAM MONACHON
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OS… ER !
Un artiste qui vit seul dans son coin ne grandira pas. Il est nécessaire de partager. Tout seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin…
AU PIED DU MUR… Dans le domaine pictural, Myriam est venue à la création par un de ces petits détours dont le destin a le secret. “Quand j’ai restauré la maison de ma grand-mère, je voulais une fresque murale. Comme je n’avais pas les moyens de me la payer, j’ai décidé d’apprendre à peindre pour la faire moi-même ! Et c’est comme ça que tout a commencé. Pendant plus de 20
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ans, j’ai pris des cours de peinture avec Bernadette Rosaz-Grange, qui est devenue une amie. Elle m’a permis de me former à la technique et à la pratique avec des peintres du monde entier. Elle m’a fait gravir les échelons, les uns après les autres, en m’encourageant à toutes les étapes de mon évolution”. 2014, c’est le tournant. Cette année-là, Myriam participe avec Bernadette à une exposition à Chambéry…
Formée à la peinture sur porcelaine, la créatrice relooke un service de vieilles assiettes avec un dessin de squelette. Et l’ouvrage ne passe pas inaperçu ! “En voyant ce motif, des personnes de mon entourage ont trouvé cela morbide. Beaucoup ont pensé que je n’allais pas bien, on m’a même suggéré d’aller voir un psy ! Alors je suis allée creuser au niveau symbolique et j’ai trouvé que la tête de mort évoque la renaissance. Ça m’a rassurée, et comme le service a été tout de suite vendu, je me suis dit que j’avais bien fait de créer ce que je sentais, qu’il fallait que je me lâche. Jusque-là, je n’aurais pas osé, j’étais dans la retenue. Maintenant je me sens stable émotionnellement. Un mélange de maturité manuelle et intellectuelle m’a permis d’arriver à ce résultat”.
MÉMO’ART Confortée par ce premier succès public, Myriam se met à peindre différentes illustrations et inscriptions
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sur de la vaisselle ancienne qu’elle chine ici et là. Têtes de mort, Playmobil®, palmiers, pins parasol, remontées mécaniques, « vieux à la plage » et autres proverbes revisités s’immiscent dans les motifs préexistants des porcelaines anciennes. Ses créations sont peu à peu exposées et commercialisées dans la boutique de créateurs Métropole B à Chambéry, puis chez des brocanteurs, dans des magasins de déco un peu partout en France. En parallèle, la créatrice répond aussi à une demande de sur-mesure. “On m’amène, de temps à autre, le service reçu de la grand-mère pour lui donner une seconde jeunesse à l’occasion d’un mariage ou pour tous les jours. Ce que je fais avec la vaisselle, c’est la restauration du souvenir, une transmission d’histoire, en somme.”
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Une histoire, ou plutôt des histoires, que cette « curieuse de tout et de tous » raconte aussi sur d’autres types de matériaux. Murs, vêtements, tissus, tableaux… aucun support ne l’arrête ! Myriam envisage même de se lancer dans la peinture sur linge de maison. Et si elle est aujourd’hui à titre individuel « tout ce qu’elle a toujours voulu être », la peintre n’en occulte pas pour autant l’importance du collectif. “Mon rêve serait d’ouvrir dans le coin un concept store avec d’autres créateurs. Un artiste qui vit seul dans son coin ne grandira pas. Il est nécessaire de partager. Tout seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin…” Avis aux art-mateurs… + d’infos : Insta : myriammonachon Facebook : Myriam Monachon
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PLATS du jour
Quand Lauriane met le couvert, elle touche du bois la perfection… De ce qui allait être jeté, une assiette renaît ; de ce qui allait être brûlé, un saladier apparaît. Epurés et parés à être utilisés, ses objets du quotidien sortent de son atelier en deux (ou trois) coups de cuillère à pot… PAR CÉLINE LECLAIRE - PHOTOS : LAURIANE.J.CREATION
L
a révélation, Lauriane Josselin, 35 ans, originaire de Lyon et désormais installée à Aime en Savoie, l’a eue lors d’un stage en menuiserie il y a 4 ans. “Avant, je travaillais dans la vente et le spectacle,
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et puis je me suis lancée dans un CAP en menuiserie, mais il me manquait le côté artistique dans cette formation. Quand mon père, qui travaille le bois depuis toujours, m’a emmenée avec lui sur un stage de tournage, j’ai vraiment
eu le sentiment que c’était cela que je voulais faire : réaliser des objets utiles et beaux, décoratifs, mais que l’on peut utiliser tous les jours.” Même si les artisans qu’elle a rencontrés à l’époque lui disent : “la vaisselle en bois, ça ne se vend pas !”, Lauriane n’en démord pas et n’a pas l’intention de faire tout un plat de ces remarques... Ah si, en fait ! Sa première pièce : un saladier qu’elle a gardé précieusement. A travers son travail artisanal, elle aimerait changer l’image que l’on peut avoir de la vaisselle en bois, traditionnelle, savoyarde… et montrer qu’elle peut être jolie et design.
UN PETIT TOUR… À BOIS Une des bases de son projet : travailler uniquement avec des chutes de menuiserie, du bois destiné à être brûlé ou jeté. Quand il est question d’environnement, Lauriane n’y va pas avec le dos de la cuillère. “C’était important, pour moi, de donner un sens écologique, travailler avec du déchet. J’ai eu la chance de rencontrer Matthieu, de la menuiserie ETS Chevalier, qui partage les mêmes valeurs que moi. Beaucoup de bois récupéré vient de son entreprise et il m’a même fait une petite place pour que j’installe mon atelier dans sa cave.” C’est dans cette grotte presque douillette que Lauriane crée ses pièces : bols, assiettes, plats, cuillères à miel, planches, bougeoirs, bientôt des couverts mi-bois mi-céramique et aussi des luminaires sur mesure pour des chalets. Utilisant du bois non
traité, elle n’est parfois pas au bout de ses surprises : “je peux travailler un long moment sur une pièce et me rendre compte que le bois est mangé, mal séché et fendu… ce sont les aléas du métier !” Chêne, frêne, cerisier, tilleul, noyer… chaque essence a ses caractéristiques et dévoile ses secrets en plein tournage. Recouvert d’une couche d’huile spéciale, homologuée contact alimentaire, l’entretien à la maison est simple, juste avec de l’huile de colza et un petit chiffon. “J’ai aussi commencé à travailler le bois brûlé pour des objets de décoration, cela fait ressortir ses caractéristiques et donne du relief aux pièces.”
SECONDE VIE Toutes ces pièces sont uniques, et elle le revendique : ras le bol de la série ! “Ce qui me plaît, c’est l’idée de fabriquer un objet utile et le côté
déco. La vaisselle, on peut la mixer, la changer, la voir ou pas, c’est un bel objet en bois, qui se garde à vie…” Des projets plein la tête, elle bûche dessus pour des architectes et autres restaurateurs… La passion de la déco chevillée au corps, elle a à cœur d’échanger, partager… Mais pas question pour autant de finir ramassée à la petite cuillère. Quand elle n’est pas dans son assiette, elle se ressource dans son cocon familial, change les meubles de place, invite des copains… Un petit tour et c’est reparti, direction son atelier. Chouette, de nouvelles chutes ! Chut… Il est temps de passer à la création. Entre authenticité et naturel, décoration et écologie, Lauriane n’a pas fini de plancher… + d’infos : lj-creation.com instagram : lauriane.j.creation
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FNEoWodS / TENDANCES FOOD /
2020, bien sûr, laissera des traces dans nos modes de consommation. En manque de restaurants, d’apéros terrasse, nous avons trouvé des substituts qui pourraient bien marquer nos palais, et nous conduire vers d’autres tendances de restauration… PAR FLEUR TARI-FLON
er-aliments Dopé aux supseront sans conteste, en 2021, ces ali-
ines et de s des rayons ents, de vitam Les super héro rés de nutrim ur bo t, ue nt les défo e, ils renforce ments coup de s par excellenc nt da xy le vieillistio nt An se tis probiotiques. tifatigue, ralen font office d’an . Bref, se s, es ire di ita ala un m m s fenses im contre certaine r te lut de nt c’est marmette nne santé, ça sement et pe ur rester en bo po ts en t au pallim en r-a es de chia figur nourrir de supe e et autres grain lin gousier iru ar sp d’ ji, ies go lin. Baies de l’acerola, les ba ents ». L’acaï, année. lim ra tte pe ce su ns « s yo s ra marès de nt les stars de ro se n, lo uil en bo en poudre ou
Chiche ou pas chiche ?
y » (sain), de consommer moins Avec le besoin croissant de manger « health its de meilleure qualité, les légumide viande et de se diriger vers des produ partition sur nos pianos. Ainsi, le leur neuses parfois oubliées reviennent jouer ment une montée en flèche des notam avec pois chiche fait un retour en force, t destinée aux falafels et houmous. ventes de farine. Elle n’est pas uniquemen pois chiche se retrouve en tofu, en Bourré de protéines et riche en fibre, le faba, l’eau de cuisson de pois chiche céréales, et surtout en dessert avec l’aqua e je l’ai déjà entendu). Utilisé en comm triel (et non pas l’eau du bocal indus les cakes, galettes et autres gâteaux. pâtisserie végane, il met du peps dans redécouvrir des recettes du bassin La farine de pois chiche permet aussi de niçoise. socca méditerranéen comme la calentica ou la
S’ENIVRER AU KOMBUCHA « Boisson au champignon de longue vie », « élixir vivant », « boisson d'immortalité », le kombucha a fait son apparition en 2018 dans nos magasins bio. En Chine, en Mongolie et en Russie, cette boisson fermentée est consommée depuis plus de 2000 ans. Ce mélange composé de bactéries et de levures macérées dans un mélange de thé vert ou noir et de sucre aurait des vertus quasi miraculeuses sur la santé. Les consommateurs y croient à tel point que le marché global de cette boisson a atteint 1,8 milliard de dollars en 2020 contre 0,6 milliard en 2015, selon la dernière étude de Markets and Markets. Légèrement pétillant, dont le goût acide rappelle le vinaigre, le cidre ou encore le thé amer, il revient en force dans une version alcoolisée. Une occasion de trinquer sainement avec cette alternative à la bière, gluten free, très tendance pour nos prochains apéros.
IN VINO VERITAS La consommation d’alcool a fortement augmenté dans notre pays en 2020. 46% des Français déclarent avoir consommé plus d’alcool pendant la crise du Covid-19 et le confinement. A la grande satisfaction des cavistes, brasseurs et vignerons, les Français, à défaut de se défouler dans une salle de gym, pratiquent la discipline du lever de coude. + 42 % pour la bière, + 66% pour le vin et + 75 % pour les alcools blancs. La consommation de champagne, beaucoup plus festive, a reculé, elle, de 60 %. Boire pour oublier, un remède à la morosité.
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Vous prendr ez du cannabid bien iol ?
Le CBD, dé rivé du chan vre, est souv bis, mais n’en ent associé a pas les ef au cannafets psycho sants très pr tropes. Avec otéinés, il dé ses compoba rq ue en force sous forme dans nos as de graines, siettes, de fa rin e, d’huile, et co 3 et 6. En 20 ntient des om 20, les café s Season à ega ter un peu de Paris propos cannabidiol aient d’ajou dans leurs bo Philippe Co issons chau nticini, un de des. Même nos plus gr gâteau à la an ds pâtissiers, a saveur de CB sorti un D. De quoi in prochaines spirer Merco émissions du tte, pour se Meilleur Pâtis s sier.
Et bao dis donc…
© Shotprime Studio
Epicez votre vie ! Fini le règne du basilic, curcuma, cumin et fève de tonka dans tous les plats. De nouvelles saveurs viennent épicer nos assiettes. Nouvelles ? Pas tout à fait. L’estragon fait son grand retour y compris dans les desserts, de même pour les baies rouges, le paprika fumé, l’ail noir (ail fermenté). L’huile de graines de courge donne une belle couleur à nos vinaigrettes, l’huile de noix remplace la sempiternelle huile d’olive. L’huile de colza n’a plus la cote, elle non plus, au profit des huiles de pépins de citrouille, bourrées d’oméga 3 et de vitamine E.
Le baozi, appelé aussi bao, est LA star de la street food asiatique. Ces petites brioches chinoises cuites à la vapeur et garnies de viandes, crevettes ou légumes déferlent dans les assiettes françaises tel un raz de marée. Le Baozi, « petit sac » en chinois, a plus d'un tour, il pourrait bien menacer les fast foods américains et autres sushi bars.
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/ JUSTE POUR RIRE MÂLE & DICTION /
ME A D NE G MA A NT O M UNE ET
DE
S R I IS A L P
Monsieur s’approche, un sourire de triumph sur la calandre : “chérie c’est officiel, les stations de ski seront ouvertes pour les vacances de février ! tu peux enfiler ta culotte fourrée…” Madame lui jette un regard glacial et répond froidement : “les stations oui, mais les remontées ? Si je fais mes valises, ce sera pour aller là où tu sais… !” PAR FRÉDÉRIC CHARPENTIER - ILLUSTRATION SOPHIE CAQUINEAU
L
oulou n’a pas l’intention d’aller voir Vierzon, Vesoul, Honfleur, Hambourg et de finir chez sa belle-mère, comme toujours ! Il a trop envie d’aller se les geler à la montagne, retrouver la féerie des arbres enneigés et la subtile caresse d’un doux flocon sur son visage (c’était notre minute de poésie, et c’est kdo !). Il ne comprend pas : “Mais te rendstu compte que justement, c’est l’occasion de pouvoir découvrir toutes les activités géniales dont malheureusement ton addiction pour les télésièges et les pistes noires nous a toujours privés ! Enfin surtout moi, vu que pour toi l’extase passe par un bon planté de bâton !”
MADAME, HONNÊTE COMME (PRESQUE) TOUJOURS LE CONFESSE MODESTEMENT : “Oui effectivement, c’est vrai, j’aime tracer de supeeerbes arabeeeesques dans 50 centimètres de peuff, et dompter avec panache et élégance les hors-pistes les plus bosselées, ne me surnomme-t-on pas GrossePironne ? Je te le redis : skier, c’est excellent pour mon karma et pour ciseler le galbe de ces magnifiques jambes épilées que tu adores couvrir de baisers quand je les enduis de miel bio… Que pourrais-tu me proposer que je puisse kiffer autant ?” Loulou sait que les 2 prochaines minutes vont s’apparenter à un SuperG dans la Face de Bellevarde, il faudra la bonne trajectoire pour chacune de ses suggestions ! Il attaque haut sur la porte : “Toi qui aime les fourrures, je t’emmènerai danser avec les huskys aux yeux bleus qui feront glisser ton traîneau de Reine des Neiges à la vitesse du vent…”. Elle rétorque : “Tu veux dire choper des puces et risquer de se faire mordre, tout ça pour s’exploser contre un sapin en y laissant mes incisives ?” Pour Loulou, c’est plutôt les dents de l’amer ! Il reste calme : “J’ai mieux : tu vas pouvoir démontrer ton toucher et ta finesse avec le curling !” Elle ricane : “Ah oui, la pétanque
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avec les bouilloires… Aarghh ! Pour finir vautrée avec le bide collé à la glace… Le ridicule ne tue pas, mais je connais des gens à l’UBA, j’ai une réputation, moi, j’ai fait la Full Boules !”
UNE FEMME FRUSTRÉE C’EST COMME LE TÉNIA, ELLE RESTE AVEUGLE DANS SON TUNNEL … Lui : “Ok, ok, tu veux du fun ? Viens affronter la pente sur une luge gonflable, ou dré dans le pentu sur un fat bike ! Tu vas t’éclater !” - Elle : “Oh yes, m’éclater ! Bonjour les urgences ! Et pourquoi pas chevaucher un paret-le-Monial ?” Oui, elle est comme ça, Madame, la saillie rigolote jaillie de nulle-part ! Loulou tenace : “Allez ! Une nuit de pleine lune, une motoneige qui t’emmène dormir dans un igloo perdu dans la forêt !” Elle : “Et me faire agresser par un british bourré, porteur du variant du Covid ? Ça sent le sapin, ton truc !” Il joue son joker : “Toi qui aime les étalons, je t’inscris au ski-joëring, la glisse en liberté, et la griserie du galop !” Fléchirait-elle ? Ce n’est pas son genre : “C’est alambiqué tous tes trucs : moi, je love la simplicité ! Tu n’as même pas évoqué les raquettes ou le ski de fond, ni la trilogie raclettetartiflette-fondue ! Tu crois que je vais me nourrir d’une pomme de pin, et sucer de la glace ? Pourquoi tu ne commences jamais par l’essentiel ?” Loulou excédé souffle et la vérité jaillit : si le Père Noël avait été gay, sûr qu’il serait parti avec ! A ses côtés : une vie simple, des cadeaux et des Rennes des Neiges faciles à comprendre !
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! e n g a g a l r pou DOSSIER
LA
MONTAGNE
Raides dingues de planches, accros à la poudre et au planté de bâton, Pour cet hiver, on parle substitut, saison par procuration ?
En attendant de glisser, Activmag vous propose donc de mater… Tête en l’air, pupilles écarquillées, Autorisez-vous un coup de speed avec les riders, mi-skieurs, mi-voltigeurs. Billes grandes ouvertes devant les sommets, A l’heure où ils tutoient la voie lactée, prenez-en plein les cieux et l’obturateur. Rivés sur le chronomètre, le palpitant presque arrêté, Suivez celles et ceux qui, de podiums en médailles, visent l’or et les honneurs, Les brillants en géant, les génies du free, les pros des sauts, Les canons du talon, bref, tous ces champions qui portent nos couleurs ! Allez, hauts les cœurs !
On ne va pas faire une fixation, mais cette fois, c’est sûr, ce n’est pas en février qu’on affinera notre planté de bâtons. Alors pour remonter la pente et nous consoler, les stations passent aux plans B, rivalisent de créativité et se fartent les idées pour proposer une avalanche d’activités. PAR MÉLANIE MARULLAZ
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PLAN B
Dans le contexte sanitaire actuel, les activités sélectionnées ci-dessous dépendent d’arrêtés préfectoraux. A l’heure où nous écrivons, tous ne sont pas tombés, et les choses peuvent encore changer… N’hésitez donc pas à contacter les O.T pour vérifier !
Ainsi fond, fond, fond… // Haute-Savoie A défaut de glisser alpin, glissons nordique ! C’est pareil, mais différent : le même plaisir de la neige, les mêmes grands espaces, les mêmes joues rouges… à un autre rythme et sans carres. C’est le discours du Conseil Départemental de Haute-Savoie, qui soutient à fond, à travers Haute-Savoie Nordic (HSN), la pratique du ski… de fond donc. HSN fédère 24 domaines, qu’elle accompagne dans la promotion de l’activité, l’aménagement et la modernisation de leurs installations. C’est le cas notamment du stade Sylvie Becaert, au Grand-Bornand, seul site français homologué pour organiser des compétitions internationales, qui devait accueillir, en décembre, une étape de la Coupe du Monde de biathlon, et dans lequel le département prévoit 250 000€ de travaux. La collectivité locale instille également le goût du fond aux plus jeunes skieurs, en finançant le dispositif « savoir skier », grâce auquel 220 classes de 5e s’initient au skating chaque année. + d’infos : hautesavoie.fr
© Savoie Mont Blanc-Lansard
/ AUX ALPES CITOYENS /
// Les Houches
A circonstances exceptionnelles, ouverture exceptionnelle ! Cet hiver, voyez donc grand et visez carrément le Parc de Merlet, aux Houches, pour vous tout seul… ou presque. Accompagné du guide Philippe Gaubert, et en petit comité (6 pers. max.), il est donc possible, 2 fois / semaine, de se promener dans la réserve animalière pour un moment plutôt exclusif : si vous êtes sages, mais surtout discrets, vous pourrez en effet, raquettes aux pieds, approcher mouflons et bouquetins, alpagas, cerfs ou daims… Le tout avec une vue imprenable sur la chaîne du Mont-Blanc… Tentant ! Par contre, ne comptez pas trop sur les marmottes, tout le monde croit qu’elles hibernent à cette époque-là, mais pas du tout : elles sont en train de faire briller l’alu pour emballer le chocolat. + d’infos : parcdemerlet.com
Et au milieu coule une rivière… gelée // Samoëns
©Nunayak
© Parc de Merlet
Tour particulier
Mais navigable ! Alors pourquoi faudrait-il attendre absolument qu’il fasse beau et chaud pour se jeter à l’eau ? Bien couverts, avec une première couche de vêtements techniques, deux épaisseurs de néoprène, des moufles et des bottillons, on peut affronter n’importe quel torrent de montagne ! Allons-y donc pour le Giffre, au départ de la base Nunayak à Sixt-Fer-à-Cheval et direction Samoëns. Le parcours peut varier en fonction de la hauteur d’eau, qui déterminera aussi votre type d’embarcation : canoé, kayak ou paddle sur petit débit, raft sur flux plus profus. Il n’y a pas que sur la neige qu’on peut glisser… + d’infos : haute-savoie-rafting..com
A vue de non-initiés, des roues de vélo sur le verglas, c’est pas gagné… Et pourtant, que les adeptes de la // Val d'Isère petite reine soient rassurés, ils peuvent à présent vivre leur passion même quand il a neigé, avec moufles et cache-nez. Et à Val d’Isère, même les moins sportifs peuvent s’y essayer, car il s’agit de bécanes électriquement assistées (VAE) : des VTT ou des Fat Bikes ces vélos aux pneus 2 fois plus gros, deux fois moins gonflés et dont l’adhérence sur la neige va vous bluffer - pour aller s’enfoncer dans la vallée. Pour éviter tout problème de cohabitation avec d’autres types de glisse, des secteurs spécifiques ont effectivement été aménagés, en direction de la cascade de glace ou du vieux village.
©Yann Allègre pour Val d'Isère
(Petite) Reine des Neiges
+ d’infos : valdisere.com / bicycles-concept.jimdosite.com
Do you snooc ? // Morillon Vous croyiez avoir tout vu, tout essayé ? Et bien, avez-vous déjà snooc-qué ? Ah, ah… Mais le snooc, qu’est-ce que c’est ? Allez, direction Morillon pour se faire briefer : inventé par un moniteur de voile et de glisse, le snoooc est donc une paire de tout petits skis qu’on équipe de peaux de phoques pour la montée, et qui se superposent pour ne former plus qu’une seule spatule sur laquelle on pose, pour la descente, un siège équipé d’un frein. Un ski-luge, quoi. Au ras du sol, on dérape avec ou sans les mains, en utilisant les bras comme balancier… C’est un peu technique, assez physique, mais on finit addict ! + d’infos : grand-massif..com
Les coulisses de la glisse // La Clusaz Et si on profitait de cette saison particulière pour aller voir ce qui se passe en coulisses, derrière ? C’est en tous cas ce que propose La Clusaz : découvrez, avec un conducteur de télécabine, les rouages de son installation ; avec un pilote de dameuses, le fonctionnement de ces impressionnantes machines ; avec les
pisteurs, les secrets de l’équipement d’urgence à l’occasion d’une formation avalanche ; et avec les experts en fart, la préparation et la réparation de ski, tout un art ! Tous ces professionnels de la montagne sont exceptionnellement disponibles et ravis de partager leur passion pour leurs métiers, ce serait dommage de ne pas en profiter ! + d’infos : laclusaz.com
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/SPEED RIDING /
T S FA S U O I R CU
PAR MÉLANIE MARULLAZ
Ç
a ne « vole » pas cet hiverlà à Val Fréjus. Comme souvent en cette saison, le vent est trop fort pour que les parapentistes déploient leurs ailes. Mais il en faut plus pour couper celles de Fred Fugen. On est en 2001. Celui qui deviendra bientôt champion du Monde de Freefly - la discipline de parachutisme la plus
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radicale - et rejoindra Vince Reffet au sein des Soul Flyers, sort sa petite voile de chute libre et convainc son comparse Frank Coupat de s’envoyer en l’air, mais skis aux pieds. “C’était deux jours après la naissance de ma fille”, se rappelle Frank. “Fred me dit : « si j’y vais, tu viens avec moi ! » J’y suis allé… A l’atterrissage, j’avais les mains qui tremblaient, comme après être monté sur une moto
trop puissante : t’aimes bien, mais t’as un peu peur… C’est ça qui est grisant !” A part les plumes peut-être, Frank a pourtant décollé avec tout ce qui est en mesure de planer, motorisé ou non. Mais dans cette nouvelle pratique, il trouve un mélange d’adrénaline, de maniabilité et de vitesse… Des descentes à près de 100km/h contre une moyenne de 40 en parapente. “Les premières années, on était très peu à pratiquer, tout le monde attendait qu’on se tue. Mais on ne se tue pas, on défriche : matos, cadre pratique, limites…”
DR. VOLTIGE ET MR. RIDE L’hiver suivant, à l’occasion du Planet’air Festival, Frank Coupat réunit tous
©stefcervos
Il y a souvent plus de voiles que d’étoiles dans le ciel de Val Fréjus. Depuis 20 ans tout juste, la station accueille en effet les meilleurs voltigeurs de la planète et autres accros au speed-riding. Retour sur la naissance d’un sport hybride, entre vol et sol, neige et air, glisse et kiffe… ou quand les spatules ont des ailes.
© François Bon
/SPEED RIDING /
les phénix du vol libre dans la petite station de Haute-Maurienne et leur inocule le virus. “Tous les parapentistes et chuteurs ont adoré !”, raconte David Eyraut, alors instructeur et pilote acrobatique, militant auprès de la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) pour la reconnaissance de la voltige au niveau mondial. “C’était une activité qui se détachait, très adaptée à la montagne, avec des engins qui planaient très peu, en rase-motte le long de la pente… Ça nous rappelait les débuts du parapente. Mais c’était beaucoup plus simple, pas de dépliage et re-pliage, on mettait la voile en boule dans le sac, ça prenait 20 secondes et on remontait au décollage, c’était presque comme faire du ski ! On est devenus complètement accros. J’ai passé l’hiver à Val Fréjus, la mère de Frank tenait la Bergerie sur le plateau, on avait donc des locaux pour stocker toutes les voiles que nous avaient laissées les chuteurs. Dès que
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le vent était trop fort ou qu’on n’avait pas de clients, on y allait, et on a commencé à former les copains qui voulaient essayer.” Parmi eux, Antoine Montant. Avec son frère Val, les deux Hauts-savoyards sont des figures incontournables des sports extrêmes, pionniers notamment du base-jump. Ils sont aussi d’excellents skieurs. “Antoine était champion de France de voltige parapente à l’époque”, précise Frank Coupat, “et très fort en ski free-ride. On lui montre alors ce qu’on sait faire - on avait 10 000 vols dans les pattes -, et lui en 2 heures, il fait le lien entre les deux pratiques, nous fait comprendre comment exploiter ski et voile.” “Il m’a dit : Je ne regarderais plus jamais une pente de la même manière”, complète David Eyraud. “Ça lui a ouvert tout un univers en tant que skieur. Et il a été le premier à penser que la voile, c’était comme les bâtons de ski, qu’il fallait décoller
de temps en temps et se poser, pour skier, « rider », plutôt que voler. C’est là que le nom de speed-riding est né.” Quelques années plus tard, Antoine Montant sera d’ailleurs sacré champion du Monde de la discipline.
ENTRER DANS LES CORDES ET PRENDRE LA VOILE Mais plus qu’une activité réservée à une élite de parapentistes, David Eyraud, lui, y voit un vrai sport à enseigner. Comme il l’a fait pour la voltige, il monte alors le dossier auprès de la Fédération Française de Vol Libre (FFVL) : autorisations dans les stations, zones de pratique, règles, pédagogie… “Il a légiféré tout ça, défini ce qui était dangereux ou pas, et heureusement !”, s’amuse Frank Coupat. “C’est probablement un des plus grands pilotes de tous les temps, son surnom, c’était « il Prodigio », mais en matière de sécurité, il place le curseur plus bas, il a décidé de ne
© David Eyraud
/SPEED RIDING /
pas faire les figures trop dangereuses. Un jour, il m’a dit : « mieux vaut travailler sa technique sans engager, qu’engager sans technique ». Je suis sûr que je serais mort si je ne l’avais pas connu !” Et son sérieux paie : l’acte officiel de naissance du speed-riding est signé en 2006, les premiers moniteurs commencent à être formés, des écoles se montent. Mais le matériel, lui, n’est pas encore spécifiquement adapté. Depuis Les Arcs, François Bon, pilotetest pour un fabricant de parapente, suit tout ça. Quand il découvre le speed-riding, sur trois minutes furtives d’images “toutes pourries mais folles !”, il est déjà en train de fabriquer des prototypes de petites voiles. Il y voit de nouvelles perspectives. Il y a tout à faire, mais quelle direction prendre ? S’inspirer du parachute ? Du kite ? “Je cherchais le juste milieu, le meilleur compromis, une voile bien à piloter, précise et sûre, car on était convaincus que ça allait attirer du monde. On est
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donc partis sur l’ajustement de matières parapente pour faire quelque chose qui se gonfle bien, mais avec les formes et la géométrie de quelque chose qui ne vole pas, ça a donné la « Nano », la première voile adaptée à la pratique.” Avec laquelle François Bon deviendra le premier champion de France de speed-riding.
ANTI VOL ? Après une période d’euphorie, de compétitions et de médiatisation, notamment des exploits d’Antoine Montant et François Bon - face nord du Mont-Blanc en intégral, Grandes Jorasses, Eiger ou Aconcagua -, le speed-riding subit un coup dur en 2012 : suite à une revendication de l’ESF, les nouveaux instructeurs doivent être diplômés d’un monitorat de ski. La formation se complique, les compétitions se raréfient. Mais la pratique amateur et les grands rassemblements conviviaux persistent. “Le speed permet à tout le monde de s’exprimer
en free-ride”, résume Frank Coupat, qui forme entre 150 et 200 élèves par an, au sein de son école Ataka. “On en voit qui enchaînent des virages de Coupe du Monde, alors que si on leur enlève la voile, ils sont en chasse-neige. Et c’est très familial. Chacun y met l’engagement qu’il veut. C’est comme le sel dans un plat. Et c’est parfait si on aime la neige et se mettre la tête dedans, si on aime s’amuser et si on a une âme d’enfant...” Comme celle de Pierre Bonifé, 88 ans, qui vient tous les hivers jouer sur les pentes de Val Fréjus. Aujourd’hui, les speed-riders représentent environ 10% des forfaits vendus par les remontées mécaniques de la station du Mont Cenis, “un des trois plus beaux spots français” pour cette pratique. Alors, on se fait un petit ride ?
+ d’infos : www.levelwings.com www. haute-maurienne-vanoise.com www.ecole-speedriding.com www.pilotage-parapente.com
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/LES BRONZÉS FONT PLUS D'SKI /
Qu’est-ce ski Activmag : Quel est l’impact de la crise sanitaire sur la saison 2020-2021 ? Fabien Saguez : Il y a eu un peu plus de 20% d’annulations sur l’ensemble des disciplines. En temps normal, on est plutôt sur 10%, liées essentiellement à la météo. On est donc à peu près au même nombre d’épreuves que la saison dernière, qui s’était arrêtée
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PROPOS RECUEILLIS PAR MÉLANIE MARULLAZ
fin mars avec l’arrivée du Covid. Mais là, je parle essentiellement des Coupes du Monde et d’Europe, du très haut niveau. Pour ce qui est des autres courses de la filière, notamment les jeunes, les courses régionales ou départementales, les annulations sont de 100% : l’impact est majeur sur nos clubs et comités régionaux. D’ailleurs,
ce n’est pas que pour le ski, mais le sport en règle générale. Nous, nous avons l’autorisation d’encadrer nos jeunes en club et certaines stations ont ouvert un téléski ou un télésiège, on est donc globalement privilégiés. Mais j’ai beaucoup de contacts avec mes collègues d’autres disciplines, comme les sports de combat, les
© Aleksandar
SE PASSE ?
Si la planète tourne au ralenti, les remontées mécaniques, elles, ne tournent pas du tout… Qu’en est-il du ski de haut niveau, vitrine d’une montagne en souffrance ? Réponses avec Fabien Saguez, Directeur Technique National auprès de la Fédération Française de Ski.
sports collectifs ou la natation, et ils sont en énorme souffrance. On risque d’avoir des trous de génération, ça paraît assez évident. Les épreuves de Coupe du Monde américaines notamment ont été annulées, mais est-ce que les sportifs nord-américains, eux, ont pu participé aux compétitions qui se tenaient en Europe ? Les Américains et les Asiatiques, oui, car ils se sont installés en Europe. Mais c’est déjà le cas sur une saison normale : la plupart du temps, ils ont des bases en Autriche ou en Italie. Une seule nation a souhaité faire un grand break cette année, et dans une seule discipline, c’est la Norvège, en ski de fond. Elle a décidé mi-décembre de ne plus participer aux compétitions pendant plus d’un mois.
Certaines disciplines sont plus touchées que d’autres ? Il y a un traitement assez disparate en fonction de l’importance des marchés, des droits télé, du marketing et des contraintes d’organisation. Un ski cross ou un snowboard cross implique énormément de production de neige, beaucoup d’heures de préparation. Pas mal de fédérations ont donc préféré annuler les épreuves, plutôt que d’engager des coûts très importants. En snowboard cross par exemple, pour le moment, il n’y a plus que deux week-ends de Coupe du Monde programmés. On espère qu’il y en aura un 3e. Est-ce que cette pandémie, qui va avoir un impact profond sur le monde de la montagne, peut amorcer aussi des changements dans le ski de haut niveau ?
Il y a encore quelques semaines, on était dans la gestion d’urgence. Maintenant, on commence à réfléchir sur les conséquences de cette crise sur l’ensemble du milieu sportif, du milieu associatif et par déclinaison, sur la Fédération et les Equipes de France. On sait que nos partenaires institutionnels, les Domaines Skiables de France ou l’ESF par exemple, sont, malgré les aides, très fortement impactés. Et nos partenaires privés, qui jusqu’à présent nous ont pourtant suivis, comme les institutionnels, de manière impeccable, vont eux aussi être touchés. Il y a donc de fortes chances pour que, dans les prochaines semaines, on engage des discussions avec eux afin de trouver des solutions pour continuer à soutenir le ski français, trouver la bonne jauge pour que l’ensemble du monde économique s’y retrouve, nous y compris.
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© Renaud Corlouer
/ A L E X I S P I N T U R A U LT
SLALOM DE VIE En 10 ans de carrière, il compte 33 victoires mondiales, 3 médailles olympiques et 4 « Petits globes de cristal ». A l'orée de ses 30 ans, Alexis Pinturault surfe sur un succès gagné de haute lutte, entre ascensions fulgurantes et difficultés formatrices.
D'UN GÉANT
Cédric entre Menthon-SaintBernard et Courchevel, où la PAR BÉATRICE MEYNIER famille possède un hôtel 5*. Hyperactif, le gamin trouve dans le sport un exutoire à son énergie débordante et a récente victoire à deux dévoile déjà son caractère de batépreuves consécutives tant : “Avec mon père, on faisait des de Slalom Géant dans la matchs de foot à un contre un, sur des mythique station d'Adelpetits terrains, avec des cages d'un boden a déclenché une avalanche mètre. Il était en pleine force physique d'enthousiasme. Ce doublé historique et ne me faisait pas de cadeaux ! J'étais vient compléter le palmarès du premier tout petit, je ne courais pas vite. J'ai skieur alpin à compter des victoires pris des roustes ! Pourtant, à chaque dans 6 disciplines différentes : Slalom, fois qu'on attaquait le match, j'étais Slalom Géant, Super-G, Combiné Alpin, convaincu que je pouvais gagner !”. City Event et Géant Parallèle. La preuve Une conviction si ancrée chez l'enfant - si besoin en était - qu'Alexis Pinturault qu'elle esquisse déjà un avenir dans le en a sous la spatule, en un parfait comsport de haut niveau : “Je ne me disais biné d'atavisme familial et de tempérapas « je veux devenir un champion ». ment hors pair. Mais je sentais que j'aurais ma place dans le milieu du sport, plus particuliè(A)DROIT AU BUT rement comme athlète professionnel.” Un papa très sportif et une maman PIEDS AUX PLANCHE(R)S norvégienne peuvent laisser présager Egalement passionné de ballon d'un destin lié aux pistes enneigées. rond, Alexis hésite à l'adolescence En attendant, Alexis partage son enfance avec sa sœur Sandra et son frère entre une carrière de skieur ou de
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footballeur. “Même si j'aime le foot que j'ai pratiqué sans discontinuer de 5 à 15 ans, le côté individuel du ski me correspond beaucoup mieux au final. Et venant de la montagne, cette discipline m'inspirait naturellement plus”. Outre ses aspirations, ce sont les résultats encourageants du skieur de 15 ans qui lui ouvrent les portes de la réputée section ski étude du lycée Jean Moulin d'Albertville en 2006. Deux ans plus tard, Alexis intègre l'équipe de France. Dans la foulée, il obtient un titre de champion du monde junior (2009). De quoi générer une certaine pression ? “Je ne sais pas si on peut dire ça. Mais ce qui est sûr, c'est que beaucoup de gens attendaient énormément de moi et très vite. En raison des blessures des uns et des autres, j'ai été parfois mis aux avant-postes comme si je devais absolument faire des résultats, alors que c'était peut-être un peu trop tôt. Même si je fais plutôt partie des « rapides », je pense qu'un athlète a besoin de temps.” Mais à défaut d'en avoir et nature oblige, Alexis donne le maximum à chaque fois.
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REMONTE-PENTE Après son entrée chez les seniors, il enchaîne les titres de champion de France, une première victoire en Coupe du Monde à l'âge de 21 ans, des médailles olympiques... Le jeune skieur de Courchevel bataille dur face à des ténors comme Marcel Hirscher, son rival historique, mais ne lâche rien. Et fait même un atout de ses difficultés : “L'un des plus mauvais souvenirs de ma carrière, ce sont les championnats du monde de Saint-Moritz en 2017. A ce moment-là, j'étais parfaitement capable d'aller chercher un titre et j'ai fait complètement chou blanc. Mais cela m'a énormément appris. Après ces épreuves, j'ai presque tout changé dans ma manière de m'entraîner, de fonctionner. Cela a été une étape importante qui m'a permis de me remettre en question, d'ajuster tout ce qui avait besoin de l'être, de prendre une nouvelle direction permettant de faire face aux problèmes auxquels j'étais confronté. Je pense que les difficultés sont
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indispensables pour nous permettre d'aller encore plus haut, de prendre le recul nécessaire, de se construire. Elles te rendent plus fort.” Et la formule semble fonctionner pour l'athlète. Deux ans après ce passage délicat, Alexis devient champion du monde en Combiné, et ce, pour la première fois à titre individuel.
DES PISTES POUR L'AVENIR Particulièrement épaulé par son épouse Romane, notamment chargée de sa communication, le skieur de génie envisage tranquillement son futur. Aujourd'hui en lice pour l'obtention du « Grand Globe de Cristal » - distinction attribuée au vainqueur du classement général de la Coupe du monde -, il se projette déjà vers les Mondiaux de 2023 qui se tiendront dans son fief, à Courchevel et Méribel. Et puis, « si l'envie est toujours là », Alexis envisage de poursuivre jusqu'aux J.O. de 2026. “S'il faut aller encore plus loin, mon rêve serait de continuer l'histoire familiale.
Je pense que les difficultés sont indispensables pour nous permettre d'aller encore plus haut... Elles te rendent plus fort.
Slalom Géant - Sölden, Autriche - Janvier 2021
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Palmarès saison
2018/2019
Ma sœur s'occupe de l'hôtel que mon grand-père a construit et légué à mon père. Et moi j'aimerais me lancer dans la construction d'un nouvel hôtel, respectueux de l'environnement, idéalement en France dans nos montagnes”. Histoire de continuer à tutoyer les sommets autrement... + d’infos : www.alexispinturault.com
© Karin Creuzet - Stéphane de Bourgi
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Département de la Haute-Savoie. Photo ©LR Photographie.
Argeline Tan-Bouquet
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L’âme DE FOND
On dit des montagnards qu’ils sont tenaces, persévérants, accrocheurs. Originaire des Aravis, Jules Chappaz ne fait pas mentir cette réputation : il ne lâche rien, surtout pour décrocher, à 20 ans, un titre de champion du monde Junior de ski. Une belle mise de fond… PAR MÉLANIE MARULLAZ
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ahti, Finlande, 22 janvier 2019. Il reste deux kilomètres avant l’arrivée. Sur le bord de la piste, Olivier Michaud lui crie
qu’il joue la médaille. L’émotion dans la voix de son coach fait comprendre à Jules que ce n’est pas qu’un encouragement, que l’or est là, à portée de skis. Il y en a à qui ça couperait les pattes.
Pas Jules. “Ça m’a donné envie de donner encore plus, j’en ai remis, remis, remis… et quand j’ai passé la ligne, j’ai vu le vert sur le grand écran, j’avais 21 secondes d’avance et plus personne derrière moi, j’étais le dernier dossard.” Ce jour-là, il est donc champion du Monde junior de ski de fond sur 10 km, une première française sur cette longue distance. “Beaucoup de médias l’ont repris, mais ça n’a jamais été mon ambition, j’étais là pour tout donner et je suis content d’avoir pu tout aligner ce jour-là, mais quand j’y repense, je revis juste l’émotion en passant l’arrivée, avec mes parents dans les tribunes.” Deux jours plus tôt, il avait terminé
4e du sprint, “j’étais déjà super content, car j’étais le seul Européen de la finale”. En ski de fond, les Scandinaves ne sont pas comptés comme Européens, histoire de laisser un peu exister les autres. Pourtant, et ça peut paraître surprenant, le fondeur de La Clusaz insiste : il n’est pas là pour la performance. “Le sport de haut niveau est un défi contre soi-même, plus que contre les autres. Je fais vraiment ça pour moi, je suis là pour jouer, pas forcément pour gagner, c’est peut-être pour ça que je garde une certaine fraîcheur par rapport aux résultats, que j’encaisse.”
UNE VRAIE TÊTE DE JULES Encaisser, se relever, travailler… C’est à l’adolescence que Jules bifurque sur le fond. Son père est moniteur de la discipline, les places en alpin sont chères et de toute façon, il n’aime pas trop s’ennuyer seul sur un téléski entre deux slaloms. Ce n’est pas vraiment son choix, “mais ce n’est pas un mauvais choix”. Dans la pratique nordique, il découvre des sensations, une équipe soudée, apprend à aller plus loin dans l’effort et à aimer le défi physique. Tant et si bien qu’il vise le pôle Espoirs du Comité Mont-Blanc. Mais s’il est « techniquement en place », à 15 ans, sa morphologie n’est pas encore celle d’un adulte, il est encore un peu petit et se voit refuser l’accès au haut niveau. Qu’à cela ne tienne. Avec le soutien du Club de La Clusaz, il s’inscrit au CNED pour suivre sa scolarité à distance afin de se concentrer sur l’entraînement. Pendant 2 ans, il ne fait que ça et rattrape un niveau de ski qui lui permet d’intégrer le Comité, puis, en 2017, le graal : la « Fédé ». “En s’accrochant, en travaillant dur, ça paie…”
Alors il s’accroche, Jules. Aux spatules des meilleurs fondeurs français, en équipe nationale, dans laquelle il évolue avec ses potes Cluses (de La Clusaz, ou Chaves en patois) Hugo Lapalus et Théo Schely. Au top 30 du circuit senior dans lequel il a fait des premiers pas à la suite de
© Baptiste Gros
RETOMBER COMME UN CHAVE SUR SES PATTES
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son exploit finlandais. Ou encore à Alexander Bolshunov, le « patron », lors du 15 km individuel de Toblach (IT) fin 2019. Une de ses plus belles courses. Le Russe, quadruple médaillé olympique, part juste derrière lui et avale rapidement les 30 secondes qui les séparent, mais le Haut-savoyard ne lâche pas l’affaire et se met dans son sillage jusqu’au bout. “J’étais très content de ça, c’était très dur, mais j’ai eu un déclic sur le fait d’aller encore plus loin, j’ai fini 13e et engrangé mes premiers points en Coupe du Monde”. Cette première saison dans la cour des grands prend pour Jules des allures d’ascenseur émotionnel, puisqu’il a été sélectionné en Coupe du Monde, et c’est plutôt rare, mais finit sur une disqualification litigieuse pour faux départ, en mars, chez les moins de 23 ans. “J’étais peut-être le meilleur ce jour-là et je n’ai pas eu le droit de jouer. J’ai fini ma saison là-dessus et n’ai pas réussi à me re-mobiliser. Mais ça fait partie de ma carrière, ça m’apportera quelque chose de positif pour la suite, plus de niaque, plus d’envie, de dépassement.”
Encaisser, se relever, travailler, encore et toujours… et profiter aussi ! De la montagne, de ses copains, des plaisirs de la table… mais après l’hiver. “Les fondeurs sont connus pour être très pros toute l’année, mais bien lâchés au mois d’avril !” C’est aussi à cette période de l’année qu’il reprend sa licence STAPS à Annecy, parce que dans une autre vie, il se verrait bien entraîneur ou gardien de refuge. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, Jules avance course après course, comme s’il n’y en avait qu’une et pour laquelle il se donne totalement. “C’est ma philosophie pour avancer”, conclut-il avec le large sourire qui quitte rarement sa bouille brune, “et ça marche pour ma carrière, pour le bilan d’une année, ou à l’échelle d’une course : mon objectif quand je prends le départ, ce n’est pas d’être 1er, 2e ou décrocher une sélection, mais de me lancer en faisant le mieux possible, pour ne jamais avoir de regret.”
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J’étais peut-être le meilleur ce jour-là et je n’ai pas eu le droit de jouer... Ça m’apportera quelque chose de positif pour la suite, plus de niaque...
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n-Bouquet Argeline Ta rythme, a le sens du cieuse, elle est gra rienne sur fluide et aé danse ? la piste… de c’est Aussi, mais lémark, surtout en té rtillons, que entre les po e Morillon la skieuse d t si elle chaloupe. E parmi les compte déjà mondiales, meilleures t, elle en a évidemmen s le talon… encore sou LAZ IE MARUL PAR MÉLAN
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L’alpin, c’est facile, on se met sur nos skis et on se laisse glisser, on peut ne pas faire de gros efforts – même si c’est différent en compèt’ ! – En télémark, c’est beaucoup plus fin, on est un peu funambule, sur le fil, et on part plus vite à la faute, du coup, c’est plus physique aussi, on est toujours en train de travailler. Et ce mouvement qui fait
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A E C N A R F LA E L B A Y O UN INCR N O L TA qu’on est très proche de la neige, c’est grisant.” On ne peut pas en vouloir à Argeline Tan-Bouquet de prêcher pour sa paroisse : la discipline d’origine nordique a révélé son talon. Ça s’est passé à Samoëns quand elle avait 14 ans. Car cet alpin qu’elle trouve facile, elle le pratiquait jusqu’alors. Mais à l’adolescence, si elle aime s’entraîner, elle apprécie de moins en moins l’ambiance
du club, sait qu’elle ne percera pas. Elle change donc de fixations et finit sa saison avec les télémarkeurs. “Il y avait tous les niveaux, on skiait avec les plus grands et ça m’a trop plu ! Au début, on chute, et quand ça fait plus de 10 ans qu’on fait du ski, on a un petit stade débutant, on se fait avoir et on ne comprend pas trop pourquoi, mais on se prend vite au jeu.”
©Agence Zoom
MARK SANS TÉLÉ Dès le premier hiver, son expérience en géant, combiné à son habitude de l’entraînement à un rythme soutenu, lui donne un avantage sur les autres filles, pratiquantes en loisir. Et comme il n’y a pas d’autre circuit, elle débarque rapidement en Coupe de France, vit la compétition comme une « école de la vie » : “dès 16 ans, il a fallu gérer pas
mal de choses en même temps : savoir se vendre, se mettre en avant, pour trouver des partenaires.” Pas toujours facile de se faire accompagner financièrement dans ce sport assez peu médiatisé, il est d’ailleurs quasiment impossible de voir des retransmissions télévisées, même de grands événements. “Quand on fait ça depuis des années, c’est bizarre d’avoir
à expliquer tout le temps, on doit justifier ce qu’on fait, car ça reste plutôt confidentiel. Ça demande pourtant de gros investissements, en temps et en argent. Mais à l’exception de quelques coureurs, on n’est pas professionnel, on a une double vie.” Argeline, elle, travaille comme kiné et s’organise pour faire des remplacements entre-saison, d’avril à octobre.
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concrétiser. Et là, je termine 2e en sprint et gagne en classique. C’était un accomplissement d’être arrivée là, en France, devant ma famille et mes proches. Et la Marseillaise, c’est vraiment quelque chose de particulier… J’ai même fait tomber mon trophée, parce que j’avais trop de choses dans les mains !” Ces triomphes, elle les partage avec le reste des Bleus : “on est une sacrée équipe, on a cette chance-là. On se tire la bourre, on regarde, on apprend. Même si en course, je ne veux pas voir quelqu’un devant moi, parfois, heureusement que l’autre fait un résultat, ça sauve notre journée !” Comme ce fut le cas aux Mondiaux de 2019, les derniers de Phil Lau, un des plus grands coureurs français. “On fait une médaille en équipe, mais globalement, ce n’est pas une grande réussite pour nous… et puis je finis 3e en parallèle, Noé Claye aussi, pour son premier podium, et Phil gagne ce jour-là la toute dernière course de sa carrière, sur une manche de folie. J’en ai encore des frissons.”
EN PISTE ?
Argeline Tan-Bouquet
AU TOUR DU GLOBE Une organisation qui ne l’empêche pas de frayer avec le haut du panier. En tête du classement général à la fin de l’hiver 2018, la skieuse du Grand Massif devient même, à 24 ans, la première Française à décrocher le Globe de Cristal en
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télémark. Sa victoire en Coupe du Monde à Pralognan quelques mois plus tôt lui avait permis d’acquérir une belle avance : “c’est la course qui m’a le plus marquée. L’année d’avant, j’avais fait trois médailles d’argent, mais je n’étais pas assez régulière, je n’arrivais pas à
Frustrée par un hiver 2019-20 interrompu par le Covid, Argeline attend avec impatience le début de cette nouvelle saison, dont certaines compétitions ont déjà été annulées. Alors elle ronge son frein, rêve de portillons, d’adrénaline et de podiums. Comme tous les sportifs de haut niveau, elle veut toujours aller plus loin, plus vite, plus fort, repousser ses limites par tous les moyens physiques possibles. “Ça demande de la rigueur et de l’engagement, en sachant que ça ne va pas forcément payer… La compétition apprend à gagner, mais surtout à perdre, à gérer la frustration, à être patient, mais pas inactif. Avec l’expérience, j’ai moins tendance à m’énerver, j’arrive à rester calme et concentrée, mais je peux aussi être explosive, quand je suis trop dans mon truc, hurler parce qu’il s’est passé quelque chose de bien ou mal, il faut que ça sorte ! Il y a des moments où on se bat contre nous-mêmes et puis il y a un déclic. Et quand ça marche, c’est tellement génial, ça paraît tellement facile, qu’on oublie le reste et qu’on se dit qu’on veut faire ça toute sa vie !”
/MARGOT BOCH & CARLA SÉNÉCHAL /
E S S I GL
R U Œ EN CH
Jusqu’à 130 km/h et 5 G encaissés, le bobsleigh est une discipline… engagée. Comme le sont Margot Boch, 21 ans, et Carla Sénéchal, 24 ans, le tandem savoyard qui porte haut, mais surtout très très vite, les espoirs tricolores. Et ce n’est qu’un début. Alors, en piste ? PAR MÉLANIE MARULLAZ - PHOTOS : DAVID MALACRIDA
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Carla Sénéchal et Margot Boch
rois ans d’écart, les mêmes reflets blonds, le même regard clair et déterminé, Margot Boch et Carla Sénéchal pourraient être sœurs. Elles le sont presque devenues, liées par l’effort, l’amour du sport et l’envie de gagner. Leur histoire commence à l’été 2018. Margot, ancienne gymnaste au pôle France à Aix-les-Bains, s’est convertie à la glisse carénée quatre ans plus tôt, sur les conseils de Bruno Mingeon, bronze olympique de bob à 4 en 1998 (aux J.O. de Nagano). Question d’âge, elle a dû commencer par la luge, mais cherche alors une « pousseuse », quelqu’un d’explosif, fort et rapide, pour changer de véhicule, monter en gamme. On lui suggère plusieurs noms, dont celui de Carla. La Chambérienne est en vacances à Bali quand elle reçoit l’invitation de Margot à venir la rencontrer à La Plagne. Elle use ses pointes sur les pistes d’athlé depuis plus de 15 ans, sur 100m et relais 4x100m en compétitions nationales, mais voudrait bien passer à autre chose : “je ne m’y attendais pas du tout, mais c’était vraiment le bon moment pour moi ! Et le bob, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu essayer, c’est un sport de montagne, de vitesse, d’adrénaline, tout ce que j’aime ! Mais je ne savais pas comment m’y prendre, qui contacter…” A croire que certaines trajectoires sont tracées…
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DREAM TEAM Dès le footing d’échauffement, les filles se trouvent des points communs, une même philosophie de vie : “on est curieuses et passionnées de sport toutes les deux, c’est notre priorité et on fait tout pour réaliser notre objectif”, résume Carla. “Si on marche toutes les deux dans le même sens, ça ne peut que fonctionner.” Derrière le chariot sur rail qu’elle pousse pour la première fois, l’ancienne coureuse sait qu’elle doit acquérir toute la technique, mais éprouve tout de suite les bonnes sensations, trouve vite ses repères. La plus grosse difficulté finalement, au moment de s’engager, c’est d’accepter d’être loin de chez soi pendant les cinq mois de compétitions, dont très peu se déroulent en France. Mais Carla est accrochée, elle signe. Pendant deux ans, le duo n’a pas d’entraîneur français, elles récupèrent juste les vidéos de leurs descentes par le
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biais d’un entraîneur de la fédération internationale. Alors quand elles arrivent sur leur toute première compétition, en Coupe d’Europe à Königssee (Allemagne), c’est l’épreuve du feu. “C’était compliqué moralement, on devait décharger le bob toutes les deux - il pèse près de 200 kg -, on était épuisées”, se rappelle Margot. “Mais nos familles sont arrivées et on a retrouvé la motivation.” “C’est un super souvenir”, complète Carla. “Le résultat n’est pas incroyable - elles terminent 15e -, mais on s’est fait plaisir et on était très fières de porter les couleurs tricolores alors qu’il n’y avait pas eu d’équipe féminine française en bob depuis 10 ans.”
VŒUX OLYMPIQUES A cette époque, on parlait d’Eunice Barber, championne du Monde d’heptathlon et de saut en longueur, pour devenir la pousseuse de l’unique pilote de la fédération : la Canadienne Les
Mayes-Springer. Mais cette dernière n’obtient pas la naturalisation française et les résultats insuffisants de l’équipe des bleues en Coupe du Monde ne leur ouvrent pas les qualifications pour les J.O. de Vancouver (2010). Les Françaises quittent le circuit pendant une décennie. De quoi mettre un peu de pression sur les épaules de celles qui reprennent le flambeau. “C’est une bonne pression ! Avant, on n’y pensait pas trop, mais plus on avance, plus on nous en parle. On le prend comme un challenge, c’est que du positif”, sourit Carla. Le binôme savoyard est donc gonflé à bloc pour atteindre SON grand défi : amener cette équipe aux J.O. ! Car des bobeuses françaises en Olympie, pour une discipline qui ne s’y est imposée qu’en 2002, ce serait carrément une première. Leur départ pour Pékin dépendra d’abord de leur tournée de compétitions sur différentes
/MARGOT BOCH & CARLA SÉNÉCHAL /
pistes, “pas de voyage, pas de qualif !”, mais aussi, évidemment, du classement général de l’année prochaine. Et pour l’instant, les filles se défendent plutôt bien. Elles se sont parées d’argent en Coupe d’Europe l’année dernière et se confrontent aux 12 meilleures équipes du Monde en championnat. Pour 202021, elles ont d’ailleurs enchaîné une 5e et une 6e places aux épreuves de début de saison. Puis une 10e, quand Carla, testée positive au coronavirus, a dû être remplacée.
A PLEIN TUBE Preuve s’il en est qu’on ne se lance pas avec n’importe qui à 130 km/h sur une piste sinueuse, étroite et glacée. “La force de notre binôme, c’est notre complicité”, explique Carla. “On se dit tout, même quand ça ne va pas, sinon, ça peut exploser et on n’a pas besoin de ça. Margot m’apporte son expérience de la pratique, et moi un peu plus âgée, je la rassure.” “On se complète physiquement et mentalement”, ajoute Margot, “à la veille de chaque compétition, au repas, elle me dit : « ça y est, t’es déjà stressée », et le simple fait qu’elle me le dise, ça me fait dé-stresser. Elle sait trouver
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les mots, elle est généreuse.” Avant de se lancer dans le tube givré, sur la planche qui fait office de starting-block, les filles ont un rituel, deux tapes dans le dos, une dans la main quand le feu passe au vert et le cri de
Carla : “ALLEZ MARGOT !” Dopé à l’adré’ et à l’amitié, déterminé à glisser le plus loin possible. Fin janvier, Margot est d'ailleurs devenue championne du monde junior U23, le renouveau du bobsleigh féminin français est donc bien lancé !
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Une pente au relief tourmenté, des tremplins dont il faut s’envoler en toute légèreté et 2 fois 20 secondes pour montrer l’étendue de ses capacités : le ski de bosses est rapide, exigeant et impressionnant à regarder. Ça tombe bien, le Haut-savoyard Ben Cavet, N°3 mondial de la discipline, l’est tout autant. PAR MÉLANIE MARULLAZ
DES CREUX
n 1994, quand il fait ses premiers pas à Tunbridge Wells, petite ville du sudest de Londres, Ben Cavet a plus de chance de devenir champion de cricket ou de foot que de ski de bosses. Sauf que l’un de ses oncles était membre de l’équipe anglaise de ski acrobatique et qu’il a participé aux J.O. d’Albertville. Sauf que son père,
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accro aux sports outdoor, enseigne le ski sur la piste synthétique du coin. Et sauf que ce paternel a décidé, après plusieurs hivers en tant que moniteur en Haute-Savoie, d’installer toute sa famille dans les Portes du Soleil. Voilà comment Benjamin n’est pas devenu champion de foot ni de cricket. Il a dix ans quand il débarque dans le Chablais et même si son patronyme
sonne tout à fait local, il ne parle pas un mot de français. “C’était très dur. Ça ou du chinois, c’était pareil, on ne distingue pas les mots. Je me souviens d’être super fatigué, parce qu’hyper concentré en cours et hyper concentré à la récré aussi pour comprendre les potes, mais je me suis intégré grâce au ski-club, grâce au sport où la langue est moins une barrière.”
©Agence Zoom
&E UN BOSS
EMPORTÉ PAR LE FULL* *saut avec vrille complète
Comme tous les petits gars du cru, Ben se met donc au ski, mais il est déjà attiré par les sauts et penche rapidement vers le free-style. A Châtel, on attaque la discipline par les bosses, histoire d’acquérir des bases solides. De backflips en 360, le jeune Franco-britannique godille rapidement vers les podiums. “J’ai toujours aimé la compétition, mais il y a eu comme un gros déclic vers 13 ans, après une très bonne course qui m’a marqué : j’ai vraiment éprouvé les sensations que je recherche encore aujourd’hui, j’étais comme transcendé. La compétition me fait du bien, c’est là que j’ai fait toutes mes meilleures descentes. Après, on n’a jamais vraiment trop à réfléchir, tout suit son cours tranquillement, avec le groupe, les coaches, les équipiers… Moins on rencontre de changement, mieux c’est pour un athlète, parce qu’on arrive en Coupe du Monde comme si c’était un Critérium.” La sérénité qui se dégage de ce grand blond aux joues roses - son 1,80m le place en haut de la courbe moyenne des free-stylers, un désavantage pour les sauts, mais une plus grande capacité à « absorber » les bosses - contraste avec le rythme effréné et l’intensité de sa discipline. Parce qu’un « run » de ski de bosses est en effet noté sur la technique, les sauts, mais aussi la vitesse : “c’est un sport que tu es obligé de faire à fond. Plus tu vas à fond, plus tu es engagé vers l’avant, mieux tu es et moins ça secoue !”
PRIS AUX JEUX Secoué, Ben l’est pourtant, quand il débarque sur le circuit seniors. Jusquelà, il a accumulé les succès, il aborde donc cette nouvelle étape avec beaucoup de potentiel et d’ambition. “Je pensais que, pour un champion, les choses étaient faciles, naturelles, zéro difficulté. Du coup, quand je suis arrivé en Coupe du Monde, que c’est devenu difficile, je me suis remis en cause. Peut-être que je n’en étais pas un, de champion, finalement…” Déstabilisé, le Châtellan d’adoption passe à côté de ses deux premières saisons, envisage même de tout abandonner, mais se qualifie de justesse pour les J.O. de 2014 à Sotchi. Et c’est là, quand les
Ben Cavet
enjeux sont les plus importants, qu’il fait, en se plaçant 8e, le meilleur résultat de son début de carrière. Cet électrochoc le remet dans la course. En 2017, il monte 19 fois sur le podium et finit 5e du classement général. “J’ai dû beaucoup travailler sur moi-même pour continuer à progresser et m’imposer. J’essaie de ne pas éviter les émotions, même négatives et d’apprécier la pression. Si je l’ai, c’est une bonne chose, c’est que j’ai tout mis en place depuis le printemps pour bien faire.”
APRÈS-SKI ? Tout pour bien faire ? En 2021, c’est visiblement le cas : après avoir terminé l’hiver dernier sur la troisième marche du podium mondial, il entame en décembre sa 10e saison en Coupe du Monde avec une victoire à Idre Fjäll, en Suède, pour un doublé français aux côtés de l’Ariégeoise Perrine Laffont. “Toutes les compétitions hommes et femmes se déroulent au
même endroit, ça donne une dynamique encore plus sympa. Le groupe est hyper important pour moi, ça fait partie de mes valeurs. Parce qu’une victoire en Coupe du Monde, on a envie de la savourer en équipe.” Pour se donner les moyens de revivre ces émotions, aujourd’hui, Ben est donc entièrement focalisé sur son ski. “C’est comme ça que ça doit être. Mes deux principaux concurrents ne font que ça, si je veux suivre, je dois donc m’aligner et faire des heures d’entraînement. J’ai encore 6 ans de ski à fond, et même si les gens me disent que c’est dur d’arrêter jeune, je vois ça comme une chance, à 32 ans, une autre vie s’offrira à moi. Mais pour le moment, je n’y réfléchis pas trop pour essayer de rester investi à 100%. Après, je prendrai toute la passion que j’ai, toutes les leçons que j’ai apprises, pour les transférer dans autre chose.” Golf ? Cuisine ? Photographie ? Après le champ de bosses, Ben explorera celui des possibles.
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BIG LITTLE
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Petite, je suivais beaucoup de skieurs, mais le premier qui m’a mis des étoiles dans les yeux, c’est mon cousin, Kevin Rolland ! Toute la famille se réveillait au milieu de la nuit pour suivre ses compétitions.” Forcément, quand on a des gènes communs avec un champion du Monde de half-pipe, on est naturellement plus excitée par l’idée de défier les airs que celle de toucher du piquet. “On nous obligeait à faire deux ans d’alpin avant de passer au freestyle, et ce n’était pas du tout mon truc, je n’étais pas à ma place. C’était quand même un bon terrain de jeu, mais je regardais tous les
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1,58m d’explosivité, un mélange d’audace et de légèreté. Depuis 5 ans, Tess Ledeux squatte les podiums mondiaux de free-style en enchaînant les figures les plus haut-dacieuses. Et quand elle s’envole, difficile de ne pas être scotchés… PAR MÉLANIE MARULLAZ
matin les freestyleurs partir à l’entraînement et je n’attendais que d’intégrer leur groupe.” Une petite tête de Gretel, de la détermination jusqu’au bout des tresses et un sacré carafond, les coaches de La Plagne n’ont pas le choix : à 9 ans, soit deux ans avant l’âge requis, Tess est exaucée, elle rejoint le côté « libre » du ski. Avec Charlie, sa sœur aînée, elles ne sont que deux filles dans un groupe de
garçons, plus âgés, qui les tirent vers le haut, sans les ménager. “Je me rappelle très bien mon jour de test. On est parti en free-ride, en dehors des pistes, et tout le monde a sauté un rocher. Moi, je ne suis pas allée assez loin, à l’atterrissage, je me suis pris un genou dans le nez !” Mais il faut plus qu’un nez cassé pour l’effrayer. “Pour commencer, il faut être un peu insouciant. Après, on a besoin d’une part de
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© Louis Garnier
© Louis Garnier
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peur pour canaliser les choses, ne pas faire n’importe quoi. En grandissant, on réalise qu’on n’est pas invincible, qu’on peut se blesser, c’est là que l’adrénaline s’installe. Mais jamais personne ne m’a dit « fais attention, tu vas te faire mal !»”.
UNE GRANDE PARMI LES GRANDS Pour être sûre de sa vocation et s’occuper à la fonte des neiges, Tess s’essaie quand même à d’autres sports : danse classique, escalade, tennis… mais elle n’a que le ski en tête. Et dans le sang. Très rapidement, ses résultats confirment qu’elle a trouvé sa voie. Elle a tout juste 15 ans quand elle prend son envol au
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niveau international. “Je venais d’entrer en équipe de France, tout était nouveau, les sponsors, la pression… Pour ma 1re Coupe du Monde, je pensais que j’étais à la ramasse, je n’attendais rien. Mais finalement les conditions étaient horribles, il neigeait, il y avait du brouillard. C’était à celle qui arriverait à poser son run du haut en bas, et j’ai gagné. J’ai vu que j’avais des qualités, que je pouvais prendre les choses au sérieux, que mes rêves pouvaient devenir réalité.” A peine quelques mois plus tard, elle est la première Française à participer aux XGames, l’événement mythique qui concentre, à Aspen aux Etats-Unis, tout ce que la glisse extrême compte de surdoués. Elle y décroche une médaille
d’argent en slopestyle – descente sur une piste aménagée avec des tremplins et des rampes sur lesquels les skieurs ou snowboardeurs peuvent réaliser des figures –, avant de finir la saison 2016-2017 couronnée du titre de championne du Monde. Alors oui, à ce niveau-là, on peut dire que les choses deviennent sérieuses.
ENTRE CIEL ET TERRE Un peu trop peut-être. “Tout se passait super bien, je m’impressionnais de compétition en compétition. Je suis donc arrivée aux J.O. de PyeongChang sur petit nuage, en mode « c’est acquis ». Mais je me suis rendu compte que même avec de bons résultats, tout
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pouvait basculer...” Tess est en effet éliminée dès les qualifications, après une chute. C’est sa première défaite. Son monde s’écroule. “Après ça, j’ai eu une espèce de dégoût, je n’ai participé à aucune compétition pendant 6 mois.” Elle fait alors un gros travail sur ellemême, avec son coach, pour retrouver sa confiance en elle, réussir à dédramatiser, gérer le surplus de pression et garder les pieds sur terre. Sans réfréner son incroyable élan. Elle se remobilise donc, de la pointe des bâtons jusqu’au bout des spatules, pour devenir, l’année suivante, la toute première championne du Monde de Big Air, ce tremplin sur lequel il faut « plaquer » les plus belles figures et
qui sera discipline olympique en 2022. Mais n’en parlons pas trop tôt. Non pas que la Plagnarde soit superstitieuse. En début de carrière, c’est vrai, elle portait les mêmes sous-vêtements à chaque compétition, mais aujourd’hui, le petit cochon en peluche qui l’accompagne partout n’est pas un gri-gri, c’est un doudou qui lui rappelle ses premiers coaches et la rassure. Elle n’est donc plus superstitieuse, mais veut, tout en avouant avoir de « gros objectifs » pour Pékin, rester concentrée sur le moment présent.
FAIM DE LOOP* Après une blessure au genou qui l’a privée des dernières compétitions de
2019-2020, Tess aborde donc cette nouvelle année à la manière d’une bouteille de champagne qu’on aurait sabrée, prête à pétiller après avoir projeté son bouchon haut et fort. C’est en effet un double « cork » (bouchon en anglais), série de rotations désaxées qu’elle n’avait jamais réussi à poser en slopestyle, qui lui vaut son premier or de la saison en Coupe du Monde en novembre. La belle 2e place qui a suivi début janvier ne l’a pas tout à fait contentée. Issue d’une famille de restaurateurs, Tess est une vraie gourmande, elle adore la pâtisserie, mais cet hiver, si elle est affamée, c’est de victoires qu’il faudra la rassasier. *Lincoln Loop, rotation à 360° désaxée sur le côté
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Pics CLICS Elles lui ont littéralement tapé dans l’œil, bousculé la focale et imprimé la rétine. Depuis que le photographe lyonnais Jérôme Obiols a découvert les Alpes, il convoite leurs sommets, lorgne sur leurs courbes, a des vues sur leurs aiguilles et n’attend que de les capturer, avec ou sans philtre. PAR MÉLANIE MARULLAZ
J
érôme Obiols n’était pourtant pas le premier monchu venu. Depuis tout petit, il arpentait, avec parents et fratrie, les chemins du Capcir, au-dessus de son Aude natale. Il connaissait la pêche à la mouche dans les torrents, les feux de camp, le zip de la tente qui révèle le soleil et son incroyable lumière. Mais les plateaux pyrénéens ne l’avaient pas préparé au choc alpin. En 2001, après des études d’ingénieur, il accepte un premier poste à Lyon, et c’est à l’occasion d’un week-end entre copains qu’il découvre la vallée de Chamonix. “On avait fait la route de nuit, je n’avais rien deviné du paysage, et je me revois le lendemain matin, sur la terrasse du chalet à Argentière, au pied de l’Aiguille Verte recouverte de neige, avec le glacier, tout ça... Un vrai choc ! On a fait une petite randonnée sur les Aiguilles Rouges, et
ma mâchoire tombait, je ne savais plus où donner de la tête. Ça a été le déclic. J’y suis retourné dès que je pouvais.” C’est à force de revenir qu’il découvre aussi que la montagne, ce ne sont pas que des chemins et des sentiers, mais aussi des faces, des couloirs, des cordées. “Je savais marcher, lire une carte, me repérer, mais je ne connaissais pas l’alpinisme, je n’avais aucune idée de comment on grimpe, comment on descend… Alors j’ai commencé à me documenter, à lire pour connaître les bases.” Jusqu’à s’inscrire pour un stage et, à 25 ans, faire ses premiers pas sur un glacier. “C’était la 1re fois de ma vie que je montais au-dessus de 3000 mètres, ça reste gravé. Bien sûr, on peut prendre le téléphérique pour s’immerger, voir de beaux paysages depuis l’Aiguille du Midi, mais ça n’a pas la même saveur que quand on a fait un effort pour mériter la vue, ce sont des images qui marquent.”
EXTÉRIEUR, NUIT Les images, à cette époque, ça fait déjà quelques années que Jérôme essaie de les fixer. Etudiant, il avait d’ailleurs transformé sa salle de bains en chambre noire : avec du scotch pour calfeutrer la porte, une grande planche et trois bacs sur la baignoire, il développait les clichés pris avec son premier Reflex. “Même si je me disait que ça resterait un hobby, j’ai toujours essayé de faire « comme les pros » : bien.” Mais il découvre le numérique en même temps que le piolet et pendant presque 10 ans, sa passion dévorante pour les sommets réduit son activité photographique à la simple collection de souvenirs, « un peu accessoires ». Jusqu’à ce qu’il s’offre LE matos, à la naissance de son fils en 2012. Avec l’hyper-sensibilité de cette technologie de pointe, et les conseils d’Eric Courcier, un ami photographe chamoniard, il commence à voir des choses que les autres ne voient
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pas encore… Il voit la nuit ! “Ce qui m’a plu, c’est qu’on montrait la montagne différemment, pas avec un grand ciel bleu, mais un grand ciel noir ! Je ne savais même pas que c’était possible. L’appareil, avec un objectif adapté, perçoit beaucoup plus de choses que l’œil humain.” Et c’est là que sa connaissance de la montagne s’avère précieuse. “Quand on fait de l’alpinisme, on part très tôt le matin, à la frontale, ce ciel incroyable, c’est quelque chose que j’avais déjà vu. Je savais donc où me placer, parce que la nuit, comme on ne voit strictement rien, il faut avoir tout repéré d’avance. Et ça ne sert à rien de regarder dans le viseur ! Quant à la mise au point, à l’aveugle, ce n’est pas simple…”
JOURS DE NEIGE Jérôme passe donc beaucoup de temps à dénicher des points de vue depuis lesquels capturer la voie lactée. Car elle ne se donne pas au premier venu, elle impose sa saison, ses conditions, une direction… et de la patience. “Je me souviens de sessions qui ont duré jusqu’au lever du jour. Pour la photo de la voie lactée au-dessus de la Mer de Glace, par exemple, on allait dormir au refuge du Couvercle
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après 4 heures de marche assez technique. On arrive, il pleut, on se dit que c’est fichu. Mais vers minuit, quand les premiers alpinistes se lèvent pour repartir, j’ouvre la fenêtre et tout s’était éclairci. La pluie avait rincé l’atmosphère, il n’y avait plus une particule en suspension. On est sorti faire des photos pendant 2 ou 3 heures, il ne faisait pas froid, alors on est resté là, et en fin de nuit, on a réussi à prendre le jour qui se lève, avec les étoiles. Quand on a le temps, on voit des choses différentes.” Mais le photographe alpiniste n’est pas qu’un animal nocturne. Et il sait aussi être extrêmement réactif, saisir l’instant. Comme pour cette photo de l’Aiguille des Deux Aigles, enveloppée de brume, prise en dix minutes depuis la vallée, après trois jours de tempête. “J’étais au bon endroit au bon moment. C’était il y a 8 ans maintenant, mais je l’aime toujours autant, elle représente la pureté de la montagne après les premières neiges, son côté inaccessible, et on dirait un peu une estampe japonaise.” Une esthétique qui lui parle. “J’aime beaucoup le travail de celui qu’on considère comme le maître incontestable de la photo de paysage en noir et blanc, l’Américain Ansel Adams, ses compositions sont absolument parfaites, hyper soignées. J’aime aussi les clichés épurés d’Emmanuel Boitier. Quand on les regarde, on pense que c’est très simple, mais on s’aperçoit vite que c’est très compliqué de faire de belles photos simples, et c’est ce que je cherche.” + d’infos : www.jeromeobiols.com
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OU RÉSIDENCE DE TOURISME ? Vous imaginiez ouvrir un établissement de tourisme au bord du lac, alors pensez bien à mettre à jour vos connaissances du code de l’urbanisme. Ça peut aider.
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PAR MAÎTRE LAUMET, AVOCAT AU BARREAU D’ANNECY
n est d’accord, ce code, qui n’a jamais eu de secret pour vous (ou si peu), règlemente notamment les constructions sur le territoire national dont celles en zone de montagne, régies par la Loi Montagne, et celles à proximité du littoral, régies par la Loi Littoral, applicable aux communes du Lac d’Annecy, mais aussi du Bourget et du Léman côté France. Cependant, le code a longtemps réglementé les constructions sans nuancer suffisamment leur diversité et donc sans tenir compte de la vie économique et touristique. En effet, le code de l’urbanisme prévoit différentes destinations de constructions, dont celles qui nous intéressent « l’hébergement hôtelier et touristique » ; les communes ou intercommunalités ont toute liberté pour organiser les règles propres à cette destination, via leurs plans locaux d’urbanisme (PLU), règlementant ainsi les constructions destinées à l’hébergement temporaire de courte ou moyenne durée proposant un service commercial. Les bouleversements opérés par l’arrivée rapide et puissante d’AirBnB, et les conséquences qu’elle a engendrées sur l’offre de logements dans les villes touristiques ont obligé les pouvoirs publics à réglementer cette nouvelle offre, et à affiner les règles urbanistiques pour qu’elles correspondent aux réalités du monde du tourisme.
CHACUN SA RÈGLE ET LES TOURISTES DORMIRONT MIEUX ! Pour ce faire, un décret et un arrêté du 31 janvier 2020 ont modifié les sous-destinations des constructions dans les
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HÔTEL
Plans Locaux d’Urbanisme, et ont distingué juridiquement les « hôtels » et les « autres hébergements touristiques » qui auparavant ne nuançaient pas les types de constructions et étaient regroupés au sein des mots « hébergement hôtelier et touristique ». Si vous hésitez encore sur la nature de votre projet, sachez que cet arrêté définit « l’hôtel » comme les constructions destinées à accueillir des touristes, et concernent des établissements commerciaux offrant à une clientèle de « passage » qui, sauf exception, n'y élit pas domicile, des chambres ou des appartements meublés en location, ainsi qu'un certain nombre de services (en plus des prestations d’hébergement : le petit-déjeuner, le nettoyage quotidien des locaux, la fourniture du linge de maison et la réception de la clientèle). Ainsi en pratique, s’agissant d’une location meublée de courte durée, elle appartiendra soit à la sous-destination « hôtel » soit à la sous-destination « autre hébergement touristique » en fonction des services qui lui sont associés. L’arrêté définit encore les « autres hébergements touristiques » comme des constructions autres que les hôtels destinés à accueillir des touristes (exemple : les résidences de vacances) ainsi que les constructions dans les terrains de camping et dans les parcs résidentiels de loisirs. Vous l’aurez compris, cette distinction est essentielle pour les stations balnéaires et de montagne, car elle permettra de répondre à la multiplicité et l’hétérogénéité des types d’hébergements touristiques. Concrètement, cette distinction permettra aussi aux communes et intercommunalités dans leurs futurs PLU de définir des règles différentes pour ces deux types de constructions à vocation touristique. Surtout, en permettant de différencier les règles, le code de l’urbanisme qui n’a plus de secret pour vous, va permettre aux collectivités de mieux encadrer les différents projets immobiliers dans le respect de nos paysages montagneux et lacustres, cette sauvegarde étant essentielle.
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Avec un décès s’ouvre une période de transition délicate, pendant laquelle le notaire se fait, plus encore qu’à l’accoutumée, le conseil des familles. Attentif au respect des volontés du défunt et à l’équilibre entre les droits des héritiers, il mène à bien sa mission tant sur le plan administratif que juridique et humain.
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PAR CLÉMENTINE DELAFONTAINE
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Y a-t-il un délai obligatoire pour contacter le notaire après un décès ? Il n’y a pas de délai particulier, mais les héritiers disposent de six mois à compter du décès pour déposer la déclaration de succession aux services fiscaux ; à défaut et si des droits de succession sont dus, ceux-ci pourront être majorés d’un intérêt par mois de retard. Il est donc vivement conseillé de ne pas trop tarder afin d’évaluer le patrimoine transmis et de constater ou non l’obligation au paiement de ces droits de succession. Les héritiers peuvent contacter le notaire de leur choix. S’il existe un testament, et s’il a été rédigé ou déposé dans un autre office, le notaire pourra se le faire communiquer sans difficulté.
Comment se passe habituellement la première rencontre ? Lors du premier rendez-vous, le notaire interrogera les membres de la famille ou les proches du défunt ayant qualité qui se présenteront à lui. Ces questions permettent d’avoir un premier aperçu général de la situation familiale et patrimoniale du défunt. Viendra ensuite la collecte auprès des banques et des administrations des documents essentiels au traitement du dossier.
Quelles informations le notaire doit-il réunir ? Elles sont très nombreuses et dépendent de chaque situation. Le notaire doit identifier avec précision les droits et qualités des personnes qui seront appelées à la succession. Ce travail nécessite parfois des recherches approfondies et le recours à un généalogiste. Il doit faire un bilan du patrimoine du défunt au jour de son décès, actif et passif, ce qui peut l’amener à dresser un inventaire. Il doit ainsi reconstituer les opérations de transmission faites du vivant de
la personne (donations, donation-partage… ) et s’assurer d’avoir connaissance de l’ensemble de ses dispositions de dernières volontés. Ces renseignements lui permettront de préparer les actes civils et administratifs de la succession.
Qu’est-ce que l’acte de notoriété ? Cet acte authentique établit qui sont les héritiers, avec leur état civil, et dans quelle proportion ils vont hériter. Ce rendez-vous permet aussi de faire un point sur l’avancement du dossier. Le notaire pourra notamment apporter son conseil sur l’acceptation, ou non, de la succession, ainsi que sur les formalités urgentes à effectuer (traitement des assurancesvie, vente de la maison familiale… ).
A quoi sert la déclaration de succession ? Cette déclaration adressée aux services des impôts informe officiellement l’administration du décès du défunt, du nom et de la qualité des ayants droit et permet d’établir la liquidation fiscale de la succession. Cette déclaration fiscale permet aussi de connaître le montant des droits de succession éventuellement dus. L’impôt est généralement versé en même temps que la déclaration, mais un étalement dans le temps ou un report peuvent être demandés sous certaines conditions fixées par la loi.
Comment se passe le partage ? A moins que les héritiers ne s’accordent pour demeurer sous le régime de l’indivision, le notaire va préparer un acte de partage, qui répartira les biens entre les ayants droit en respectant les droits de chacun. Une fois cet acte signé par tous, chacun entre en possession de sa part dans l’héritage. + d’infos : notaires.fr
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/ LIRE & OFFRIR /
A LA TABLE DES PRESIDENTS À la table des présidents célèbre les plaisirs liés au repas, tant il est vrai que la gastronomie participe pleinement aux relations des présidents avec leurs invités. Ce bel ouvrage nous invite à un festin d'histoires et de mots et chaque menu, contextualisé, modernisé, nous donne le désir d'aller plus avant dans la découverte de ce que sont les réceptions au palais présidentiel. Guillaume Gomez raconte cette épopée avec sensibilité et suggère, pour chaque menu, sa propre interprétation d'un plat par des recettes plus personnelles. De Guillaume Gomez, Ed. du Cherchemidi, 224 pages, 39 €
JEAN SULPICE - LE CHEF, L’AUBERGE & LE LAC On fait beaucoup plus que manger chez Jean Sulpice à l’Auberge du Père Bise à Talloires. On s’immerge dans son univers peuplé d’eaux vives, de montagnes, de forêts. Car ce chef est le passeur hors normes de tout ce que la nature nous offre : plantes et fleurs sauvages, champignons, poissons, fruits et légumes sont les hôtes privilégiés de ses fourneaux. Il les traite avec le respect et le talent de celui qui sait depuis l’enfance tout ce que l’homme doit à sa terre. Sans jamais se fourvoyer car Jean Sulpice aime trop la nature pour la travestir..
& LIRE S’INSTRUIRE
De Jean Sulpice, Jacky Durand et Thomas Dhellemmes, Ed. Glénat, 224 pages, 49 €
ENCYCLOPEDIE DE LA VIENNOISERIE MAISON Plus gourmande que le pain, plus quotidienne et accessible que la pâtisserie, la viennoiserie est synonyme de moments doux, souvent partagés en famille, et d’un certain art de vivre à la française. Cet ouvrage vous invite à mettre la main à la pâte pour réaliser vos croissants, vos brioches et ces gâteaux de tous les jours que l’on ne se lasse pas de redécouvrir. De Marie-Laure Fréchet, Valérie Lhomme et Bérengère Abraham, Ed. Flammarion, 448 pages, 35 €
LES SECRETS DE LA MERE BRAZIER Orpheline élevée dans les fermes de la Bresse, puis bonne à tout faire chez des bourgeois lyonnais, la mère Brazier fait ses armes dans les cuisine de la Mère Filloux, avant d'ouvrir son premier restaurant rue Royale, puis un second à quelques kilomètres, au Col de la Luère. Consacrée par les trois étoiles du Michelin, en 1933, année de création de cette distinction, elle reste surtout la seule femme à les avoir obtenues ; et ce deux fois, pour chacun de ses restaurants. Celui de la rue Royale, repris en 2009 par le chef étoilé Mathieu Viannay, obtient sa deuxième étoile au printemps 2009. De Roger Moreau, Ed. Solar, 288 pages, 29 €
PATISSERIES DE SAISON Comme l’on mordrait à pleine bouche un fruit gorgé de soleil, on croque à belles dents les pâtisseries de Philippe Rigollot. Ce champion du monde et MOF installé à Annecy nous emmène en balade gourmande au fil des saisons et de 40 recettes. C’est le goût de l’enfance et celui de l’excellence qu’il restitue dans ce livre, au fil des saisons et de leurs couleurs. 140
De Philippe Rigollot, Ed. Glénat, 208 pages, 29 €
ROSIE Gaëtan Dorémus signe un troisième album destinés aux plus petits. Dans une narration très linéaire, Rosie la petite araignée, part à la recherche de son fil. Dans cette quête, elle va de surprise en surprise et fait son apprentissage du monde et de toutes les sensations qu’il procure : peur, joie, tristesse, rire et désespoir… De Gaëtan Dorémus, Ed. Rouergue, 48 pages, 13 €
DOUCEMENT PALOMINO C’est la veille de Noël et tout le monde dort profondément, excepté Souriceau qui vit seul au pied de la pendule du salon. Lorsque le Père Noël arrive, c’est une telle tempête que Souriceau va l’aider à sa distribution dans le quartier qu’il connaît par cœur. En partant, le Père Noël va lui laisser un cadeau… De Michaël Escoffier et Matthieu Maudet, Ed. Ecole des Loisirs, 32 pages, 12,20 €
LIRE & CONTER IL Y A UN MONSTRE DANS MA CHAMBRE Il y a un monstre dans ma chambre ! J'ai beau lui dire de s'en aller, il s'est bel et bien installé. Quand je vais me coucher, je marche sur la pointe des pieds. Je ne dois pas le réveiller... Un album sur l'arrivée d'un bébé. De Sandra Nelson et Isabelle Maroger, Ed. Père Castor, 32 pages, 12 €
ROIS ET REINES DE BABEL Dans un pays sauvage et lointain, alors qu'il traque depuis des jours un cerf blanc, le prince Nemrod découvre un immense rocher qui domine la mer. Il décide d'y bâtir une tour gigantesque pour abriter sa ville et son palais : la tour de Babel. Ce sera, dit-il, la tour la plus haute du monde ! Mais la vie d'un prince est-elle assez longue pour un aussi vaste projet ? De François Place, Ed. Gallimard Jeunesse, 48 pages, 20 €
LEUR ETAT C’est quoi l’État ? À quoi ça sert ? Qui le dirige ? Qui le contrôle ? Qui finance l’État ? À travers 5 grands chapitres qui reprennent les grandes missions de l’État : protéger, éduquer, soigner, servir et anticiper, il nous permet d’avoir une vision globale de l’État, cet inconnu qui nous veut du bien. Saupoudré d’une touche d’humour et sans aucune vocation partisane, le président détaille les bons et les mauvais fonctionnements. Les illustrations de Laure Monloubou aideront les plus jeunes à s’imprégner du texte et des concepts expliqués. Expliqué aux jeunes et aux moins jeunes De François Hollande et Laure Monloubou, Ed. Glénat, 80 pages, 15 €
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Ingrédients 8 grandes feuilles de chou 5 portions de 150 g de poisson blanc 1 œuf 1 petit bouquet de persil 1 gousse d’ail 1 échalote 2 cm de gingembre 1 c. à soupe de concentré de tomate 1 c. à soupe d’huile 4 c. à soupe de crème liquide légère Sel, poivre
/CHOU ET POISSON en papillotes/ Préparation • Porter à ébullition une grande casserole d’eau salée et y faire cuire les feuilles de chou pendant 5 minutes. Egoutter et passer sous l’eau froide. • Mixer 150g de poisson avec l’œuf, les herbes, 1 c. à café de sel et le poivre. Etaler cette farce sur les 4 filets de poisson restants. • Disposer deux feuilles de chou à plat en les superposant légèrement. Poser un filet de poisson au centre,
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rabattre les feuilles et ficeler. Faire de même pour les trois autres papillotes. • Chauffer l’huile dans une grande poêle et faire revenir l’échalote, le gingembre et la gousse d’ail finement émincés. • Ajouter le concentré de tomate, 150 ml d’eau, saler, poivrer et poser les papillotes de chou. Laisser cuire 15 minutes à couvert. • Ajouter la crème et laisser cuire encore 5 minutes.
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aux pralines / 20 min 16 à 20 pièces 25 min
Ingrédients 200 g de chocolat riche en cacao 4 œufs 150 g de sucre en poudre 120 g de farine + un peu pour le moule 120 g de beurre mou + un peu pour le moule 1 bonne pincée de vanille en poudre
©Cultures Sucre
100 g de pralines roses
Préparation • Préchauffer le four (thermostat 6 – 180°). • Beurrer et fariner un moule carré de 20 centimètres de côté. • Casser le chocolat en morceaux dans un saladier et le faire ramollir 4 à 5 minutes au micro-ondes, position décongélation (ou au bain-marie), sans le laisser fondre complètement. • Dans une terrine, travailler le beurre ramolli à température ambiante avec le sucre en poudre au fouet électrique, jusqu’à consistance de pommade. Incorporer alors la vanille, puis les œufs, un à un, toujours au fouet électrique. • Lorsque la pâte est homogène, incorporer la farine
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tamisée, puis le chocolat ramolli. • Battre vigoureusement la pâte au fouet électrique. • Broyer grossièrement les pralines au robot (ou les envelopper dans un torchon et les écraser au rouleau à pâtisserie), puis les incorporer à la pâte. • Verser la préparation dans le moule, en lissant la surface avec le dos d’une cuillère. • Enfourner à mi-hauteur et laisser cuire 20 minutes. • Laisser tiédir 10 minutes hors du four, démouler sur une grille et laisser refroidir complètement. • Couper alors le biscuit en 16 (ou 20) carrés égaux et les disposer sur un plat.
ANNONCEURS DU MOIS
Lara Ketterer
Mélanie Marullaz
Magali Buy
Victoire Barrucand
Emmanuel Allait
Béatrice Meynier
Delphine Guilloux
Frédéric Charpentier
A LA PLUME...
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/ JUSTE POUR RIRE ÇA, C’EST DIT /
ÇA
M’ÉNERVE L’effet ige e n e d poule cruche
Non parce que chaque année, elle ou une autre, c’est kif-kif bourricot. Les premiers flocons tombent et c’est panique à bord. Mais comment est-il possible de vivre à la montagne et e t de ne pas savoir conduire sur la neige ? Hein ??? Ça m’hort e c st quoi s ’e e s c ripile !!! Regardez : moi, en descente, en pente, virage ou , , n is o a p Non m t à pom es t e pas, hop, embrayage, dérapage, tout est UNDER CONTROL. t n e n n o lu b n ses t e s Et pourtant, j’ai pas inventé l’eau chaude paraît-il. Alors là, e avec so e é is c pare-br s engon le le f f pour quelques centimètres, c’est n’importe quoi ! Et admie r u t o n m ollée co querait rez-moi ce bazar ! C’est opération escargot sur l’autoroute, C n ! a m is , r ia de b pteu elle bloque toute la voie de gauche avec son air de phoque ! au com h / m k chaînes 0 s le à2 hagard, cramponnée au volant, la langue de travers, concene t t ’elle me trée comme pas deux à ne pas bouger d’un cil, sait-on jamais plus qu Y qu’elle décolle. ALI BU G A M R PA J’ai pas le droit de doubler par la droite, alors je la serre pour qu’elle se décale, appel de phares, regard d’ahurie et hyperventilation, je me désordonne, mais j’en peux plus, je baisse la musique plein tubes et je sors l’artillerie lourde. Dans un effort surhumain, elle percute enfin et descend sa fenêtre… Je déboule : “Oh, la Reine des neiges, tu passes la seconde ou tu te rabats. Ras le bol là oh !!!!” Elle a blablaté un truc dans son labello moche, j’ai rien pigé, mais ouf, son cerveau a arrêté de patiner. Sous une avalanche de klaxons reconnaissants, elle s’est rangée, j’ai remis la musique à fond et appuyé sur le champignon, clignotant, déboitage et cheveux au vent, je n’ai pas pu m’empêcher de la narguer au moment de la dépasser, en chantant le doigt pointé devant… I believe I can flyyyy !!!! C’est là que j’me suis prise pour Isabelle Duchesnay !!! Oh mais ça glisse là, aaaaahhhhhh je pars en luge, mais c’est quoi ces pneus qu’il m’a mis, le mécano ??? Et le chasse-neige, il cueille les pâquerettes ??? J’ai vu le bas côté arriver à vitesse grand V, un coup de volant à gauche, un p’tit contre braqué à droite en hurlant : baisse ta culotte, c’est moi qui piloooote, pour redresser la barre !!! Quand soudain. Pof. Je me suis tassée net. J’ai eu beau crier toute ma mauvaise foi en revue, j’ai fini le cul dans le talus, coincée comme une cruche avec un bonnet à pompon, des mouffles et les lunettes de biais, la reine des neiges m’a doublée un fuck à la main, elle a baissé sa fenêtre en chantant I believe I can touch the sky !!!! C’est bon, la diva. Phoque you.
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