/ LA ROTONDE DES TRESOMS /
Au milieu coulent une rivière, un lac et un océan, tant que ça baigne, la cuisine d’Éric Prowalski fait des clapotis. Horizon à perte de vue, depuis la corniche de la Rotonde des Trésoms à Annecy, le Chef, tout juste étoilé, fait de sa nature un vivier gourmand. Du zen, de l’iode et bien des sentiments, l’assiette s’exprime avec piment. PAR MAGALI BUY
e
t si c’est du piment d’Espelette, c’est encore mieux ! Parce que s’il vit ici depuis maintenant 10 ans, ses racines sont plutôt bordelaises et bassin d’Arcachon. Le cœur à califourchon sur les deux régions, il en aura fallu du temps pour trouver l’équilibre et en faire sa recette… Une gastronomie yin et yang qu’il inscrit à la carte du restaurant. Signature originale, associations inattendues, féra, algues marines et piquillos, brochet, salicorne et coques du bassin, sa cuisine
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chante le sud-ouest comme son accent, élégante et directe, enveloppante et relax. Et pour en arriver là, quel parcours du combattant !
NOYÉ ! Parce que les choses n’ont pas toujours été ainsi. “Aujourd’hui, je veux juste être heureux. A l’époque, quand je rentrais chez moi, je ne l’étais pas.” C’est sûr que vu comme ça, il fallait faire quelque chose, chef ! Quand il prend les commandes des pianos de la Rotonde des
Trésoms en juin 2011, Eric Prowalski est un compétiteur dans l’âme. Sportif de haut niveau, il a consacré sa vie aux compétitions de handball et à l’apprentissage de la cuisine, de compet’ elle aussi ! Jean-Marie Amat, Philippe Etchebest ou Alain Sollivares, quand on s’éduque auprès de chefs fonceurs, difficile de ne pas foncer soi-même. Dépassement, rigueur et excellence, il est au taquet, peut-être un peu trop : “Dans ma carrière sportive, on courrait après les championnats, dans mon parcours professionnel, on courrait après une étoile ou un concours de MOF, naturellement, on tend à faire pareil, je ne me suis jamais posé la question. Mais c’est un cercle vicieux, ça s’installe, c’est sournois, je me mettais la pression tout seul. Je savais que les propriétaires Véronique et Pascal Droux la voulaient cette étoile, je voyais l’exigence dans l’assiette, mais plus vraiment tout ce qu’il y avait autour.” Et puis, ce lieu a un goût particulier et ça lui tient
© Denis Pourcher
CUISINE à l’eau de vies