La Sentinelle
Juillet - Août 2023 - n° 04
Juillet - Août 2023 - n° 04
Il y a trente ans, le gouvernement Dehaene I surprenait amis et ennemis en suspendant le service militaire dans notre pays. En effet, la fin de la guerre froide faisait disparaître le principal argument en faveur du maintien d'une armée permanente de près de 100.000 soldats.
Trente ans d'armée de métier, c'est l'occasion de se pencher sur les conséquences de la professionnalisation des Forces armées. En effet, lors de la disparition du service militaire, des questions se sont posées. Des militaires professionnels seraient-ils en mesure de constituer à eux seuls une force capable de répondre à nos obligations nationales et internationales ? La qualité des volontaires serait-elle suffisante ? Les coûts liés aux nécessaires augmentations de salaire et autres mesures d'attractivité ne seraient-ils pas trop élevés ? Par ailleurs, une armée professionnelle serait-elle vraiment plus juste et plus représentative sur le plan socio-économique qu'un modèle de conscription ? Ces inquiétudes n'étaient pas totalement infondées et certains des défis initiaux, tels que les coûts de personnel relativement élevés et les problèmes de recrutement, sont toujours d'actualité. Mais dans l'ensemble, la transition peut être considérée comme un succès. En effet, ce sont principalement d'autres décisions externes qui ont pesé sur la professionnalisation, en particulier la ronde des douloureuses économies.
La disparition de l'apport ‘automatique’ de jeunes recrues a obligé la
Défense à repenser son recrutement. Sur le marché du travail, elle est devenue un employeur comme les autres, soumise à la même concurrence acharnée, surtout en période de conjoncture favorable. Même lorsqu'il s'agit de postuler pour un emploi, il n'est pas rare que l'approche se réduise aujourd'hui à ‘comparé à...’. Les recrues sont soudain devenues le ‘marché’ et l'armée le ‘produit’ qu'il faut s'efforcer de ‘vendre’.
Si quelqu'un peut gagner un salaire initial dépassant 20 euros de l'heure, souvent complété par une voiture de fonction et un plan de pension, il est difficile de le convaincre de se raser le crâne, de s'inscrire à un entraînement de base difficile, de répondre à des normes physiques rigoureuses, de se lever avant l'aube et de se préparer à passer de longues périodes loin de ses amis et de sa famille, souvent dans des conditions risquées. Un défi permanent pour la Défense. Cette situation a entrainé l’amélioration des conditions de travail (à commencer par les salaires), des conditions de vie et de travail ; les exigences en matière de marketing pour le recrutement y ont grandement contribué. La lenteur des avancées s'explique une fois de
plus par les économies constantes. La professionnalisation a également conduit à une meilleure mixité sociale, comme la présence d'un plus grand nombre de femmes. Elle a aussi accéléré la disparition de certaines pratiques ‘irritantes’, tels que l’appel matinal, les corvées de nettoyage et les inspections quotidiennes des chambres.
La principale avancée concerne toutefois l'amélioration de ce que l'armée ‘produit’ : son rendement opérationnel, à commencer par les compétences et l'état de préparation de chaque militaire. Alors que l'armée belge était un gros traîneau avec un petit moteur pendant la guerre froide, elle est aujourd'hui une voiture compacte mais puissante. Toutefois, 30 ans après sa création, cette force professionnelle est aujourd'hui confrontée à son plus grand défi. En raison de la guerre en Ukraine et de la nouvelle situation géopolitique en Europe, elle doit opérer un autre changement essentiel : passer d'une armée en mode semi-éveillé à une armée ‘prête à se battre ce soir’. Ce nouveau défi sera beaucoup plus difficile et exigeant que la transformation des trois dernières décennies.
La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.
Tirage : 9.400 exemplaires
Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR).
Éditeur responsable : Yves Huwart
Coordination :
Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz
Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem
srt@acmp-cgpm.be
www.acmp-cgpm.be
Tél. : 02 245 72 14
BE32 2100 6234 6602
BIC : GEBABEBB
BE57 0682 3639 9535
BIC : GKCCBEB
2 4 5 6 8 10 12 14 16 17
Une armée professionnelle
Grandes nouvelles pour les BDL !
Le SC3 est mort, vive la PSP !
Sauve qui peut !
Une brique dans le ventre
Frégates : plus grandes, plus chères…
Équipages à distance
Manque de personnel ? Des solutions !
Non, non, rien n’a changé !
Une concertation enfumée ?
De quoi péter les plombs !
Rejoignez-nous sur Facebook
L’ACMP-CGPM a pu prendre connaissance de la nouvelle politique pour les BDL, qui sera menée dès la fin 2023. Elle sera effective lors des Comités de sélection de 2024 en ce qui concerne le recrutement interne.
La Défense recrute sous le statut de carrière à durée limitée (BDL) depuis 2014. Depuis lors, tous les volontaires ont été recrutés comme BDL. À partir de 2015, une grande partie des sous-officiers et quelques officiers ont aussi été recrutés comme BDL. L’objectif majeur (entre-temps atteint) étant de rajeunir les effectifs de la Défense.
Après 5 ans de service comme BDL, des mesures d’accompagnement existent pour ceux qui quittent la Défense, comme une prime de reclassement allant jusqu’à 14 mois de traitement.
Les BDL peuvent aussi se porter candidats pour le passage et/ou la promotion sociale/sur diplôme. En 2023, quelque 48% des candidats ont ainsi été retenus.
Dès l’année prochaine, après un minimum de 5 ans de service les BDL auront le choix de dire ‘je reste’ ou ‘je quitte’.
Si le BDL décide de quitter, il aura le bénéfice des mesures d’accompagnement. S’il reste, la Défense va garantir un nombre de places suffisant. En outre, il recevra un bonus en fonction de son ancienneté lors de l’évaluation de son dossier.
Le recrutement externe en volontaires sera maintenu à 100% sous le statut BDL. Pour les sous-officiers, seule la filière de métiers ‘Emploi des systèmes d’armes terrestres’ (GS) restera ouverte aux BDL. S’il ne désire pas évoluer à terme vers des fonctions d’état-major, d’appui ou d’encadrement, le sous-officier BDL va ‘devoir’ quitter la Défense. S’il décide de rester, suffisamment de places seront prévues pour lui offrir un futur comme sous-officier de carrière.
En ce qui concerne les officiers, il sera question du recrutement normal (Offr de carrière) et auxiliaire. Le recrutement spécial sera maintenu pour les ‘spécialistes’ car le besoin du diplôme reste d’actualité. Le choix existera cependant, à terme, de devenir ou non ‘généraliste’.
Pour les officiers ‘généralistes’, le recrutement comme BDL restera d’application, principalement pour des fonctions ‘plus exigeantes sur le plan physique’, dans des unités opérationnelles.
‘‘Celui qui veut rester, peut rester !”
La Défense a prévu en 2024 et pour les BDL dès 5 ans de service :
- 740 places pour le passage Vol BDL comme Vol de carrière ;
- 330 places de SOffr BDL comme SOffr de carrière ; - 47 places d’Offr BDL comme Offr de carrière.
La Défense tient ainsi à donner un signal fort : ‘‘Celui qui veut rester, peut rester !”
Le seuil des 5 ans dont il est question est une opération ‘win – win’. Pour la Défense, assurer avoir un rendement du militaire pendant 5 ans et pour l’individu, s’il ne désire pas rester à la Défense, avoir accès aux mesures d’accompagnement.
De nouvelles dispositions du statut BDL ont aussi été négociées et acceptées en juillet : la prolongation de 4 x 1 an disparaîtra pour une prolongation de plein droit de 4 ans ‘en une fois’. Il a aussi été convenu que l’impossibilité d’obtenir une prolongation si une mesure statutaire a été prononcée à l’encontre du BDL, sera assouplie. Ainsi, une prolongation pourrait quand même avoir lieu sur proposition des chefs hiérarchiques.
En 2021, la Défense présentait le concept ‘SC3’ : l’opportunité pour certains volontaires d’accéder à la catégorie des sous-officiers. L’ACMP-CGPM a rapidement mis le doigt sur de multiples problèmes. Manifestement, nous avons été entendus. Le SC3 est désormais remplacé par la Promotion Spécifique (PSP).
Le SC3 aurait dû créer une façon pour les volontaires de devenir sous-officiers… mais limités au grade de sergent ! Le groupe-cible était constitué de volontaires sans diplôme, rebutés par la procédure de promotion sociale ou de passage, qui ne désiraient pas suivre une longue formation et qui voulaient éviter le train des mutations. Ce projet nécessitait l’élaboration d’un nouveau statut et n’était plus en phase avec les besoins initiaux. En outre le recrutement nécessitait une procédure compliquée et une charge administrative très lourde pour les unités. Le sort des postulants reposait entièrement entre les mains des autorités locales.
La ministre de la Défense n’est pas restée sourde à nos remarques quant à cette ‘fausse bonne idée’. Elle a remplacé le SC3 par la ‘Promotion Spécifique/Specifieke Promotie’ (PSP).
L’objectif reste d’ouvrir pour les volontaires une nouvelle voie vers la catégorie des sous-officiers. Les conditions pour y prendre part sont celles de la Promotion Sociale ou de la Promotion sur diplôme mais avec des conditions spécifiques liées à la qualification professionnelle initiale.
Le Comité de sélection PSP est dans les mains de la DG HR, selon les procédures actuelles. L’élément essentiel reste la proposition d’avancement. L’ouverture des fonctions est centralisée et la désignation de l’unité n’est pas effectuée lors du Comité de sélection. La période de candidature est de 18 mois.
De nouveaux codes professionnels ‘BHK’ existent pour les PSP, identifiables par le nombre 39. Il s’agit de 10 nouvelles fonctions génériques. Par exemple : GS39X, Sous-Officier Administration & Appui ; GS39R, Sous-Officier ISTAR Administration & Appui ; NS39X, Sous-Officier Marine Administration & Appui ; AS39X,
Sous-Officier Air Administration & Appui ; … Soulignons que la Composante Médicale n’ayant aucun problème de recrutement, aucun BHK ‘39’ n’y est actuellement prévu. La Composante Terre a détecté quelque 230 postes potentiels, la Composante Air environ 35 postes et la Composante Marine une vingtaine. Il y a aussi une dizaine d’autres postes. Pour le recrutement interne 2024, sur ces 300 postes, au moins 60 seront ouverts à des PSP. Leur candidature de 18 mois se déroulera en 2025 et les premiers sous-officiers issus de la PSP seront nommés vers la mi-2026. Des ‘Roadshow’ DG HR au profit de tous les volontaires de la Défense seront organisés d’ici la fin de l’année. Nous recommandons aux collègues intéressés et concernés d’y prendre part.
Notez que le volontaire devenu sous-officier via la PSP pourra évoluer en restant dans son BHK ‘39’. L’objectif reste donc le trajet de carrière classique, pourquoi pas jusqu’au grade d’adjudant-major. En d’autres termes, la PSP permet au volontaire de devenir un sous-officier de carrière à part entière.
Le rapport annuel de la DG HR pour 2022 était attendu avec impatience, surtout en ce qui concerne les chiffres du recrutement et de l’attrition. En effet, la ministre de la Défense tablait sur l’engagement de 3.000 nouveaux militaires pour renflouer les effectifs de l’armée.
Au 1er janvier 2023, la Défense belge comptait 23.987 militaires en service actif, bien en-dessous des prévisions les plus pessimistes. Une partie importante de ces collègues sont indisponibles pour diverses raisons. Ainsi, plus de 5.400 d’entre eux sont des candidats. Si on ajoute leurs instructeurs et encadrants, cela signifie qu’un quart des effectifs en uniforme n’est pas réellement ‘engageable’ par notre organisation. 625 collègues occupent un poste international et 529 militaires sont absents de longue durée pour raison médicale. Concernant ce dernier groupe, on constate un triplement au cours de l’année 2022 mais cette évolution à priori inquiétante s’explique selon la DG HR par un meilleur recensement des absences. Un rapide décompte indique que le nombre de militaires ‘d’active’ ‘utilisables’ dans les unités est largement inférieur à 20.000. Et encore, on ne parle ici que d’individus, pas de ‘temps plein’. Retirons encore les temps partiels, les congés de fin de carrière, de vacances, de maladie, les dispenses de service et autres raisons normales d’une absence justifiée à la caserne et on comprend mieux que trouver le personnel nécessaire aux missions quotidiennes devient un vrai casse-tête pour les Chefs de Corps.
De plus en plus de militaires se plaignent de l’impossibilité de prendre leurs congés ou dispenses de service. Dernièrement, un jeune volontaire affecté depuis deux ans dans une unité d’appui nous expliquait qu’à force de missions et manœuvres, il avait déjà accumulé plus de 900 heures d’absence du domicile (DS UTH). Or, le règlement prévoit qu’il est impossible de ‘récupérer’ plus de 152 heures sur une période de 24 mois pour les DS UTH ! Bien sûr, les heures accumulées pourront in fine toujours être payées, mais beaucoup de collègues ne veulent pas de cette solution, qu’ils jugent financièrement défavorable. Par ailleurs, un tel rythme d’engagement n’est pas tenable à long terme. Dans de
nombreux services, le manque de personnel cause en outre un stress important. De plus en plus souvent, on nous rapporte qu’il devient impossible de travailler, faute de collègues : chauffeurs, armuriers, magasiniers, ... manquent à l’appel. Certains militaires, surtout parmi les jeunes temporaires, optent alors pour un retour à la vie civile, dans un métier plus compatible avec une vie sociale et familiale normale. Cette attrition s’ajoute à celle en cours de formation, que ce soit suite à un échec ou à la demande du candidat, déçu par la réalité de la vie militaire. En 2022, 1.307 militaires ont choisi de quitter la Défense (5,3%, soit cinq fois plus qu’il y a dix ans) et 375 ont été dégagés par l’armée elle-même. Quant à la ‘vague des pensions’, elle déferle toujours puisque 1.337 collègues ont été rattrapés par la limite d’âge. À ce petit jeu, c’est de loin la Marine qui est la plus touchée, avec une perte de 5% de ses effectifs en seulement un an.
Toutes causes confondues, on note le départ de 3.066 militaires en 2022, contre l’arrivée de seulement 2.432 nouveaux. Un bilan toujours largement déficitaire, malgré tous les efforts et les investissements consentis pour le recrutement, la sélection et la formation ainsi que l’amélioration des conditions de travail et la
revalorisation salariale. On voit bien que les nouveaux bâtiments poussent comme des champignons dans la plupart des casernes, surtout les centres d’instruction. Par ailleurs, l’alignement des salaires sur ceux de la Police et l’arrivée des chèques-repas ont apporté une bouffée d’oxygène à l’attractivité de notre métier.
Mais la faute n’incombe pas seulement à la Défense. Le nombre record de postulants en 2021 (8.250) ne s’est pas confirmé l’année dernière (seulement 6.456). Peutêtre parce que le vivier des garçons et filles intéressés s’épuise tout doucement mais aussi parce que notre pays jouit d’un taux d’emploi très élevé, surtout dans les domaines qui intéressent la Défense. Aujourd’hui, un jeune en très bonne forme physique et mentale qui se passionne pour la technique, n’a aucune difficulté à trouver un job à durée indéterminée dans le privé. Or, en 2022 le salaire brut moyen en Belgique était de 3.832€ par mois. Difficile de rivaliser avec un marché du travail en si bonne santé financière. Sans oublier que les jeunes privilégient aujourd’hui les emplois de proximité permettant de maintenir une riche vie sociale et des loisirs, par le biais du télétravail, d’horaires flexibles, de jours de congés supplémentaires, ... Enfin, il ne faut pas se voiler la face : l’attaque russe en Ukraine a refroidi certains jeunes et surtout leurs parents. À choisir, un job au Colruyt du coin est certainement moins risqué…
Il n’y a pas que des chiffres négatifs dans le rapport 2022. Ainsi, le nombre de civils augmente sensiblement. Il passe à 1.722 (+149), avec une quasi-parité entre hommes et femmes. La Composante Médicale parvient à tirer son épingle du jeu. C’est la seule force qui s’agrandit, avec désormais 1.687 militaires (+39).
Le nombre d’officiers supérieurs croît aussi et sans surprises, nous ne manquons toujours pas de généraux, deux catégories pour lesquelles il ne semble y avoir ni pénurie, ni difficultés de recrutement.
On constate enfin le succès croissant des PVE, qui passent de 883 à 1.041 sur le courant de l’année, une augmentation de presque 18% ! Une victoire amère puisqu’elle est aussi le témoin de la panique qui règne à Evere, où l’on cherche par tous les moyens possibles à maintenir le navire à flot en termes d’effectifs … Pour la CGPM, le constat est clair : l’objectif de 29.000 militaires en 2030 est un mirage. C’est très simple : il faudrait chaque année 1.000 collègues supplémentaires alors que pour le moment nous en perdons 640. Bien sûr, la crête des départs à la pension est passée, mais il reste la ‘queue’ de la vague, qui durera encore sept ans. Pendant encore une dizaine d’années, la Défense sera vidée de sa substance vitale : ses militaires.
C’est bien connu, le Belge a une brique dans le ventre. Les militaires aussi, sauf que faute de moyens, au cours du demi-siècle passé, on leur a servi des WC bouchés et des containers définitivement temporaires. L’infrastructure s’est décomposée, à l’image de tout le reste. Une tendance désormais inversée, comme l’indique le dernier rapport de la DG MR.
Si l’armée utilisait des ‘smileys’, la ‘brique’ virtuelle de 50MB publiée par la DG MR C&I-Infra en serait farcie. Il faut dire que les collègues de ce service n’ont pas chômé
. Dès les premières pages, on sent un vent de renouveau, voire d’euphorie. Prenons ce graphique illustrant l’évolution des investissements dans le patrimoine existant. On apprend qu’ils sont passés de 14 millions d’euros en 2015 à 139 millions l’année passée �� . Il est vrai qu’à l’armée, la grande majorité des bâtiments et quartiers datent de la Guerre froide et ne sont plus du tout aux normes de sécurité, d’hygiène ou d’ergonomie. Aujourd’hui, pour la première fois on parle même sérieusement de critères environnementaux et de neutralité carbone ; on croit rêver ! En ce qui concerne les nouveaux projets, 2022 est l’année des superlatifs, avec 1,2 milliards �� engagés principalement dans l’infrastructure F-35 à Florennes et Kleine-Brogel ainsi que dans le nouvel état-major de la Défense à Evere.
Ces dernières années, celui qui avait le malheur de travailler ou de
simplement se rendre à l’état-major d’Evere ne pouvait se défaire d’un sentiment de délabrement. Le Centre des Opérations (COps), avec ses murs décrépits, ses sanitaires en panne et ses plafonds bancals faisait ainsi partie de ces endroits honteux qu’on évitait de montrer aux visiteurs étrangers. Bon, après il ne faut pas non plus recevoir ces éminences à bord d’un yacht de luxe mais le Bloc H était quand même devenu un peu craignos, même dans les hautes sphères. C’est donc avec des étoiles plein les yeux �� qu’on découvre les plans du nouveau QG, avec ses grandes baies vitrées et ses nombreux espaces verts stratégiquement plantés face aux arches de l’Otan, de l’autre côté du boulevard. Le marché a été attribué pour un montant de 499 millions à un groupement d’entrepreneurs belges dénommé logiquement ‘Be Defence’, selon le principe ‘DBM’. ‘Design, Build and Maintain’ désigne une forme de contrat dans lequel le partenaire privé se charge de la conception, de la construction mais aussi de l'entretien de l'infrastructure. De cette façon, pas de risque de voir les nouvelles installations pourrir sur place faute d’entretien, comme
ce fut trop souvent le cas auparavant. Le projet comprend la réalisation d’un nouveau site hautement sécurisé composé de différents bâtiments, pouvant accueillir près de 4.000 employés de la Défense. Le bâtiment principal abritera 2.800 postes de travail pour les services de l’état-major, le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) et le Cyber Command. Le quartier prévoit aussi un centre de conférence accessible au public ainsi qu’un bâtiment séparé avec une crèche et les bureaux de l’OCASC. Le rapport ne dit pas si la Défense aura encore assez de militaires pour remplir cet écrin fin 2027 lors de son inauguration, mais ça, c’est une autre histoire…
Pas de doute en revanche en ce qui concerne l’arrivée des F-35. En 2022, la Défense a signé un contrat ‘DBM’ (593 millions d'euros d'investissement) pour deux complexes F-35 quasi-identiques : l’un à Florennes, l’autre à Kleine-Brogel. Chaque nouveau site comprendra l'infrastructure opérationnelle, logistique et administrative nécessaire à la mise en œuvre des nouveaux
chasseurs-bombardiers. Dans chaque cas, cela inclut un espace pour quatre simulateurs de vol, un hangar de maintenance pour 6 avions et une ligne de vol avec 16 abris. Livraison partielle prévue en 2024 (Florennes) et 2026 (Kleine-Brogel). La base de Florennes accueillera en outre les drones MQ-9B, avec entre autres deux stations de contrôle au sol, le simulateur de vol ainsi qu'un hangar. ��
Le rapport ne dit pas où la Défense trouvera les techniciens et le personnel spécialisé qui doivent occuper les nouvelles bases, mais ça, c’est une autre histoire…
À côté de ces projets phares, la DG MR énumère une kirielle de nouvelles constructions inaugurées en 2022, en cours ou en voie de construction : 6 millions à Brasschaat, 12 à Beauvechain, 36 à Marche-en-Famenne, 15 à Saffraanberg, 7 à Marche-les-Dames, …
Citons encore la rénovation des pistes de Beauvechain, la mise à jour de nombreuses facilités sportives partout dans le pays et un mystérieux projet de 11,4 millions financé par l’Otan et les USA à Kleine-Brogel et dénomé ‘MUNNS Ops Center and Security Control Center’. On vous laisse deviner à quoi il servira. ��
Côté Horeca aussi nous serons gâtés, avec presque 20 millions investis dans le nouveau mess de Peutie, 11 pour celui de Beauvechain et 15 à Marche-en-Famenne ��. Bourg-Leopold ne sera pas en reste puisque les travaux de renouvellement de tout le réseau d’adduction (conduites et évacuation des eaux) ont débuté, pour une durée de cinq ans en 11 phases successives (22,5 millions tout de même !) ��. Ah, il y a aussi un gros demi-million pour enfin rénover la résidence de l’amiral à Den Helder. Merci pour lui ! Les chantiers poussent donc comme des champignons dans de nombreuses casernes, à notre
plus grande satisfaction. En effet, le syndicat militaire ACMP-CGPM revendique depuis de très nombreuses années un environnement de travail et d’hébergement décent et sécurisé pour le personnel, en particulier les candidats-militaires. Hé oui, même la tristement célèbre salle de cinéma de Saffraanberg, avec ses sanitaires à l’abandon et son toit percé, sera totalement rénovée (pour 3,5 millions d’euros).
Logements, bureaux, classes, mess, ateliers, … tout cela devrait être terminé dans les cinq à dix ans. Sans parler des tout nouveaux ‘quartiers du futur’, qui doivent encore sortir de terre à Charleroi et Geraardsbergen. Cerise sur le gâteau, on parle maintenant d’une seconde école des sous-officiers, à Tournai, pour un montant de 63 millions ! Le rapport ne dit pas où la Défense trouvera les recrues pour occuper ces superbes constructions, mais ça bien sûr, c’est une autre histoire…
Le dossier des nouvelles frégates ‘ASWF’ avance. Les marchés sont attribués et on en sait plus sur leurs dimensions, leur armement… et leur coût estimé, qui n’arrête pas de gonfler. Celui-ci dépasse maintenant le milliard d’euros…
Le 22 juin, la Belgique et les PaysBas ont officialisé l’achat de nouvelles frégates pour remplacer le Leopold I et le Louise-Marie, acquis d’occasion chez nos voisins en 2006. Mis à l’eau en avril 1988, le Leopold I (ex ‘Karel Doorman’) devait être mis au rebut après 25 ans de service. Si tout va bien, le navire prendra sa retraite après 42 ans... Même s‘il a entre-temps été modernisé, la Belgique ne peut pas se permettre de retarder son remplacement. Pourtant, le dossier a déjà connu de nombreux rebondissements, surtout pour ne pas dépasser le devis initial, curieusement estimé à 730 millions (pièce) aux Pays-Bas mais à seulement 500 millions chez nous. Au point qu’une version ‘light’ a dû être inventée : moteurs diesel-électrique moins puissants, longueur rabotée, logements limités, … Il était question d’équiper les frégates belges avec 8 tubes de lancement Mk41 sur les 16 prévus. Quant aux missiles antibalistiques SM-3, ils s’avéraient incompatibles avec le budget disponible. En 2021, le politique propose même d’armer une seule de nos deux frégates : tant que l’ennemi ne sait pas laquelle il a devant lui, il n’osera certainement rien faire !
Pour diminuer les coûts, le grosœuvre des frégates (‘casco’) sera réalisé en Roumanie. Ce qui ajoute
une inconnue dans l’équation car personne ne sait comment les salaires évolueront dans ce pays en plein développement. La facture pourrait donc encore enfler, avant même les finitions aux Pays-Bas…
La récré est finie
Autre son de cloche en mai 2022, peu après l’attaque russe sur l’Ukraine. D’un coup, les plans ‘light’ s’avèrent techniquement irréalisables : les navires seraient trop petits pour ce qu’ils doivent contenir ! Il faut allonger la coque, mais cela implique aussi d’opter pour des moteurs plus puissants. En fin de compte, une version proche des plans originaux émerge, mais avec quelques caractéristiques ‘édulcorées’. Entretemps, la récré est finie et on arrête de délirer dans les rangs politiques belges : nos deux navires seront armés comme leurs homologues néerlandais. Ouf !
Tout cela a un coût, un milliard d’euros par navire à ce stade mais dans les couloirs de la Marine un montant de 1,3 milliards circule déjà, alors qu’ils n’existent encore que sur papier ! En contrepartie, les Pays-Bas se sont engagés à passer des commandes pour une valeur de 355 millions d'euros auprès de l'industrie belge.
Le prix de nos nouvelles frégates est un multiple du haut de gamme produit ailleurs dans le monde. Au Japon, la nouvelle classe Mogami est soldée à 356 millions (en 2019) et au Danemark, la classe Iver Huitfeldt est bradée à 300 millions (en 2013). En Corée du Sud, la classe Sejong vaut 850 millions, mais il s’agit d’un destroyer ultramoderne de 12.000 tonnes possédant 128 lanceurs verticaux ! Nos navires formeront un système d’armes novateur, unique au monde, avec l’usage extensif de drones mais cela n’explique qu’en partie la facture exorbitante. Il est évident que le coût très (trop ?) élevé des nouveaux navires dérive aussi de choix politiques. Produire aux Pays-Bas une série de seulement 4 navires sert surtout l’industrie. Ce n’est un secret pour personne que ce programme, sous direction néerlandaise, n’aurait jamais abouti si la Belgique n’avait pas obtenu le remplacement des chasseurs de mines belgo-néerlandais. Un projet lui aussi coûteux mais cette fois au profit de l’industrie belgo-française.
Si nos élus avaient donné la priorité à la Défense, notre pays aurait probablement joint un grand projet européen existant. La Frégate
Européenne Multi-Mission développée par la France et l’Italie par exemple (seulement 600 millions, sans parler des économies pour la maintenance et la formation). Ce design a même convaincu les États-Unis, qui en ont commandé vingt pour leur nouvelle classe ‘Constellation’. Une version surpuissante, armée de 32 lanceurs Mk41 pour un prix bien inférieur à celui de nos frégates… Hélas, notre caste politique voit trop sou-
vent les deniers de l’Etat comme une manne servant à ‘arroser’ copieusement ses intérêts ou ceux de ses amis. On se souvient du désastre du système HRM, un investissement dont la Défense n’avait pas vraiment besoin et qui a ‘par hasard’ été octroyé à Capgemini, une firme dirigée par un mandataire d’un des partis de la majorité ‘suédoise’ de l’époque(1) Le fait que l’opposition ne bronche quasi jamais montre bien que ce
genre de pratiques est ancré dans la culture politique de notre pays… et tant pis pour les contribuables !
Le syndicat militaire ACMP-CGPM revendique un assainissement des marchés militaires. La priorité doit revenir aux performances au combat, afin d’améliorer notre défense mais aussi de donner les meilleures chances de survie aux militaires et à ceux qu’ils protègent : vous et moi.
Dimensions : 145 x 17m, 6.400 tonnes (contre 3.300 tonnes pour le modèle actuel et 2.300 tonnes pour les frégates belges de classe Wielingen)
Équipage : 117 marins et 34 passagers
Armement : 8 missiles NSM, 16 lanceurs verticaux Mk41, 21 missiles RIM-116, torpilles Mk-54, un canon 76mm, deux canons 40mm
Capteurs : sonar LFAPS, sonar de proue, détecteurs Thales AWWS
Systèmes embarqués : hélicoptère NH-90, drones aériens, mécanisme de lancement/récupération de drones marins
Les nouvelles frégates seront spécialisées dans la lutte anti sous-marine, mais avec une capacité antiaérienne car elles doivent pouvoir combattre en-dehors du ‘parapluie’ protégeant les forces alliées. La Belgique envisage de les équiper de missiles SM-3 pour abattre des cibles en orbite basse. Il s’agirait de la seule protection belge contre une attaque balistique. Elles pourront aussi mener des attaques terrestres et antinavires. Les lanceurs ‘Mk 41 Baseline VII’ peuvent en outre embarquer des missiles de croisière Tomahawk. Pour en savoir plus, consultez (en néerlandais) : https://marineschepen.nl/schepen/aswf.html
Le premier de nos six navires de lutte contre les mines a été mis à flot en mars. Ce géant de 83 mètres, bardé de drones dignes de la science-fiction, n’est que la partie émergée des ambitions navales de notre pays. Pour construire la base de son incroyable iceberg, la Marine compte sur des solutions ‘exotiques’, surtout sur le plan du personnel.
Le sobriquet de ‘Tupperware’ donné à nos anciens chasseurs de mines ne s’appliquera pas à leurs remplaçants. Jugez-en vousmême : avec un déplacement de 2.900 tonnes, un seul des nouveaux navires pèsera autant que les cinq chasseurs de notre flotte actuelle ! La classe ‘City’ doit propulser notre Marine au top mondial de la technologie navale. Nous serons ainsi les premiers à entreprendre un engagement contre les mines totalement ‘stand-off’, dans lequel l’équipage et le navire délèguent les actions opérationnelles à des robots sous, sur et au-dessus de la surface.
Cette évolution est déjà fort ambitieuse mais dans une récente interview pour la Revue Militaire Belge, l’amiral De Beurme, ancien ‘patron’ de notre Marine, met la barre encore plus loin : « La décision de n’acquérir que deux navires, en ce qui concerne à la fois les frégates et les patrouilleurs, ne tient pas compte de l’approche à trois volets (formation/opération/entretien) et a pour conséquence qu’un navire n’est pas toujours disponible. D’où la nécessité d’un troisième patrouilleur. Une troisième frégate devrait également être envisagée. En outre, la Marine […] doit accorder
plus d’attention à sa capacité de s’inscrire dans la durée […]. En effet, les stocks de munitions sont insuffisants et la chaîne d’approvisionnement n’est pas assurée. Il est urgent d’y travailler en coopération avec d’autres nations et avec l’industrie. »
L’infrastructure de la Marine doit elle aussi être entièrement renouvelée. Parce que les bâtiments actuels ont plus de cinquante ans et qu’ils ne répondent plus aux nouvelles réalités opérationnelles. Selon l’amiral, il faudra également créer de toutes pièces une solide capacité dans les domaines des communications, ‘Cyber’ et ‘Space’.
Seabed Warfare
« Nous devons commencer par mettre en place un centre d'opérations maritimes (MOC). L'équipe qui en sera chargée est déjà opérationnelle. Nous espérons pouvoir bientôt accueillir ce personnel dans un nouveau bâtiment à Zeebruges. Il s'agit maintenant de disposer d'outils informatiques et de communication sécurisés pour la transmission et le traitement des données de lutte contre les mines. C'est là qu'il est important d'acquérir une expertise interne. Ainsi, dès la création du Cyber
Command au sein de la Défense, nous avons immédiatement affecté des personnels de la Marine à ce service ainsi qu'au Space Service qui sera créé au sein de la Composante Air. »
L’amiral De Beurme entend en outre créer un nouveau Corps : « Nous n'avons plus de défense portuaire digne de ce nom. Nous souhaitons donc reconstituer un régiment de Fusiliers marins et recruter 500 nouveaux militaires d'active ou de réserve. Ils seront chargés de la protection des installations portuaires à terre et sur l'eau. La ‘Seabed Warfare’ (guerre sur les fonds marins) requiert également une attention particulière : nous devons réfléchir à la manière de protéger les infrastructures critiques situées plus loin en mer, telles que les pipelines, les câbles de données et les câbles électriques. »
Pour le personnel, l’amiral avance des solutions pour le moins ‘exotiques’ : « Nous pouvons recruter nos ingénieurs par l'intermédiaire de l'École Royale Militaire (ERM) mais en tout état de cause il n'y aura pas assez de personnel techniquement qualifié disponible […] à bord des navires. L'opérateur sera donc désormais responsable du suivi technique du
système. […] Cela ne sera possible que si le soutien technique est assuré à partir du MOC - c'est-à-dire à distance - pour effectuer l'entretien et les réparations à bord. Ce qui n'est pas faisable à bord devra être fait après coup dans l'industrie. »
En d’autres termes, les spécialistes du MOC dirigeront les marins depuis la Belgique pour pallier le manque de personnel navigant. Un peu comme les dizaines de techniciens de la NASA qui 'pilotent' depuis Houston les actions d'une poignée d'astronautes en orbite. Pour alimenter les ‘équipages à quai’, l’amiral a aussi une solution : « La mise en commun de la maind’œuvre avec l’industrie […] est l’avenir, répond aux besoins de mobilité et de flexibilité des jeunes et nous permet, ainsi qu’à l’industrie, d’employer ces compétences rares de manière appropriée. »
Question subsidiaire
À ce stade, ce concept de ‘Workforce Sharing’ n‘existe pas
plus que les budgets nécessaires pour réaliser les ambitions de l’amiral. La Marine a perdu 5% de ses effectifs en 2022. Elle compte aujourd’hui à peine 1.500 militaires pour 8.600 tonnes de navires. Question subsidiaire : même si les nouveaux vaisseaux seront partiellement automatisés, combien de marins seraient nécessaires pour évoluer vers une flotte de 38.000 tonnes à l’horizon 2035 ? L’amiral De Beurme affiche un optimisme qu’on pourrait qualifier d’insubmersible…
Dimensions : 83 x 17m, 2.900 tonnes
Équipage : 29 au minimum pour manœuvrer, une soixantaine en opération et 92 places au maximum
Armement : Canon Bofors 40mm, 2x 12,7mm FN
Herstal Sea deFNder, 4x 7,62mm MAG, 2x canons à eau, 2x armes acoustiques LRAD
Capteurs : Radars Terma Scanter 6002, Thales NS54 et 2x de navigation. 2x caméras Chess Dynamics Sea
Eagle FCEO, conduite de tir, pilotage UAV, iXblue Mine avoidance sonar
Systèmes embarqués : 2x drones aériens Skeldar
Pour l’ACMP-CGPM il est clair qu’au lieu d’ajouter des navires et des systèmes d’armes toujours plus grands, plus complexes et plus coûteux dans le ‘panier d’achats ‘ de la Défense, il faudrait s’inquiéter d’abord de trouver, former et garder les militaires devant servir à leur bord. Car ce ne sont pas les navires qui combattent l’ennemi, mais les marins.
V-200, drones marins USV Inspector 125, Seascan ROV pour l’identification des mines, K-STER C ROV pour l’élimination des mines, drone autonome A18-M AUV, drone tracté T18-M, drone dragueur de mines Patria Sonac ACS, plongeurs, 2x embarcations SOLAS Viking RHIB de 7m.
Pour en savoir plus, consultez (en néerlandais) : https://marineschepen.nl/schepen/vlissingen.html
Il est clair que les budgets de la Défense devront encore augmenter. Certains préconisent déjà l’achat massif d’encore plus de systèmes d’armes. Ils feraient mieux de se demander comment trouver les militaires nécessaires à leur emploi.
L’ACMP-CGPM sait quoi faire de ces nouveaux moyens…
Notre pays va devoir augmenter ses investissements dans la Défense. La trajectoire menant à 1,54% du PIB en 2030 prônée par le gouvernement n’est plus tenable face aux exigences de nos alliés, pour qui 2% du PIB sont maintenant considérés comme un minimum. On parle d’une augmentation substantielle, en plus des différents plans déjà engagés par notre pays. Si la Belgique appliquait immédiatement les critères de l’Otan, comme l’Allemagne semble vouloir le faire dès l’année prochaine, notre budget devrait passer à 9,5 milliards, soit un bond de presque 4,5 milliards (!).
Dans le camp politique, deux sons de cloche s’opposent. Les uns disent qu’on a déjà fait beaucoup et que des montants aussi élevés sont impossibles à dépenser de façon raisonnable. D’autres balaient l’argument : cet argent sera vite dépensé. Dans leur panier d’achats, on trouve plein de munitions, des bataillons de chars, davantage d’avions de combat, des missiles antiaériens, …
Il est navrant de constater que dans toute cette histoire, personne ne pense à régler le problème principal auquel l’armée est
aujourd’hui confrontée : le manque de militaires. Car à quoi bon acheter plus de navires, de blindés ou d’avions si on n’a ni marins, ni canonniers, ni aviateurs ?
Il est bon de rappeler que la récente revalorisation salariale n’a requis aucun budget supplémentaire pour la Défense. La ministre Ludivine Dedonder a dégagé les moyens nécessaires au sein de l’enveloppe budgétaire existante. Il est probable que le gouvernement n’aurait jamais donné son feu vert s’il avait fallu puiser dans les caisses de l’État. Pour plus d’armes et de services, c’est bien plus simple, les milliards coulent facilement vers l’industrie. Si demain notre pays est ‘contraint et forcé’ d’investir encore plus dans l’armée, nos politiciens mettront la main sur un vrai pactole. Que vont-ils en faire ? Nous craignons qu’ils l’emploient pour ‘arroser’ encore plus le secteur privé. Car de tous temps les budgets militaires ont été considérés comme une ‘vache à lait’ qu’on peut traire au profit de ses ‘amis’, sous la forme de juteux contrats : équipement, logiciels, infrastructure, logistique, services, … en négligeant le
personnel, car dans ce domaine il est difficile d’écrémer quoi que ce soit.
Le syndicat militaire ACMP-CGPM n’a pas besoin de chercher bien longtemps comment employer des moyens additionnels…
Dès 2024, les salaires des militaires seront alignés sur ceux des policiers. Le salaire n’est cependant qu’une partie de la motivation des militaires. Pour attirer et garder du personnel, d’autres pistes doivent être reconnues. À commencer pas de solides garanties d’emploi. Finis les statuts précaires qui coûtent une fortune en formations parce que la majorité des recrues s’en vont après quelques années. Cette seule mesure permettrait de contrer le manque d’instructeurs, qui travaillent actuellement en grande partie ‘pour rien’. En effet, le rendement dans les unités d’un militaire ‘de carrière’ est bien meilleur, tant en termes de durée que de qualité. Il ne faut pas pour autant sacrifier les formules modernes de flexibilité dans la carrière et promouvoir les trajets mixtes ou à la carte, en partenariat avec l’industrie et le privé. D’autres mesures simples peuvent
aussi convaincre les jeunes Belges à s’engager et à rester à l’armée :
- L’accès au logement dès la nomination, via des locations et des prêts avantageux pour l’acquisition et la rénovation du domicile. Le militaire pourrait par exemple bénéficier automatiquement d’une sorte de prêt social financé par la Défense.
- Des soins de santé vraiment gratuits et sans tracasseries administratives pour les militaires et leurs proches.
- Une priorité à l’emploi pour les conjoints non militaires, comme civil à la Défense ou auprès de partenaires.
- Une aide à la mobilité, par exemple la prise en charge de la TVA pour l’achat d’un véhicule électrique et la gratuité de la recharge sur le lieu de travail.
- Plus de crèches, garderies, camps et animations pour les enfants des militaires, même dans les petites garnisons.
- Des avantages et réductions exclusives pour les militaires, à l’image de ce qui se faisait pour les Forces Belges en Allemagne.
- Une mobilité garantie vers la
Fonction publique pour les militaires devant quitter la Défense suite à des soucis de santé ou qui choisissent de terminer leur carrière en-dehors de l’armée.
- La revalorisation de l’image des militaires par des campagnes dans les écoles, auprès de la population et surtout de nos dirigeants.
On peut aussi rendre le métier plus attrayant en améliorant le contenu du travail. Sous la forme d’exercices encore plus réalistes par exemple, surtout pendant la formation. Il est d’ailleurs affligeant que nos écoles ne reçoivent toujours pas de moyens suffisants et modernes. Comment motiver les recrues si on les ‘droppe’ d’un camion, au lieu d’un hélicoptère ? Si elles n’ont jamais vu un char de près ? Si les cours sont projetés sur le mur, faute d’écran ?
La Défense pourrait en outre donner à chacun la possibilité de suivre des formations de qualité en milieu militaire ou civil. On peut également favoriser les échanges avec nos alliés et minimiser les
périodes d’inaction, car beaucoup de jeunes militaires se plaignent de l’ennui entre deux missions, voire pendant les déploiements ! Le métier des armes doit redevenir passionnant et le rester pendant toute la carrière.
Des solutions éprouvées
Beaucoup de ces recettes ont prouvé leur efficacité pendant les années ’80, quand l’armée parvenait à motiver de nombreux jeunes à s’engager pour servir en Allemagne. Par ailleurs, leur coût peut souvent être assimilé à un investissement ou à une dépense de fonctionnement. C’est un critère important pour l’Otan et nos dirigeants politiques, pour qui augmenter la rémunération ou le budget dédié au personnel reste difficile. Il existe de nombreuses pistes pour contrer le manque de militaires. Aujourd’hui, il semble que des budgets seront débloqués. Reste à espérer que nos dirigeants en feront bon usage, pour que la Défense ne devienne pas un immense parking pour armement de pointe.
Récemment, le gouvernement a dévoilé sa réforme des pensions, causant un vent de panique auprès des (ex)-militaires. Heureusement, la ministre de la Défense (MOD) a rapidement diffusé un communiqué assurant que l’effet de la revalorisation salariale sur nos pensions restera garanti. Alors, rien n’a changé ?
Ils nous ont bien fait peur ! Le 10 juillet à l’aube, la nouvelle éclatait telle une bombe : contre toute attente, le gouvernement était parvenu à un accord sur une réforme des pensions. Comme un projectile à sous-munitions, cette attaque risquait de causer de vastes dégâts. Nous avons donc immédiatement recherché les conséquences pour les (ex-)militaires. Avec d’autant plus de fébrilité qu’à l’ACMP-CGPM nous sommes nous-mêmes tous des (ex-)militaires...
Première cible évidente, déjà visée par le passé : l’âge de la retraite, une sacro-sainte spécificité défendue sans pitié par les militaires belges. Ouf ! Cet objectif stratégique nécessitant une riposte nucléaire immédiate est intact. La pension, à savoir ce qu’elle vaut en euros, alors ? Non plus, pas de
changement. L’indexation peutêtre ? Rien à signaler. Auraient-ils osé s’en prendre à la péréquation bisannuelle ? Hélas, nous découvrons celle-ci littéralement décapitée : elle est plafonnée biannuellement à 0,6% ! Le coup est dur à encaisser. Car suite à la récente augmentation salariale, la majorité des militaires mis à la retraite avant le 1er janvier 2025 peuvent espérer une augmentation significative de leur pension…
Face au désarroi de ses troupes, Ludivine Dedonder a rapidement contre-attaqué en informant son personnel que les coupes sombres dans la péréquation n’auront lieu qu’à partir de 2027, pour la péréquation bisannuelle résultant des années 2025 et 2026. Par conséquent, les (futurs) ex-militaires bénéficieront pleinement de l’augmentation de leur pension suite à la récente revalorisation salariale.
Yesss !!!
Alors, rien n’a changé ? Presque. La réforme pourrait quand même avoir des conséquences à long terme en cas d’augmentation des salaires, mais seulement après 2024. Notez que la revalorisation précédente datait de presque vingt ans. Attention, ceci n’a rien à voir avec l’indexation, qui continue à lier les pensions au niveau du coût de la vie. Le pouvoir d’achat des ex-militaires restera donc préservé.
Les pensions des militaires peuvent augmenter selon deux mécanismes :
- L’indexation, qui consiste à adapter régulièrement le montant de la pension pour suivre l’évolution du coût de la vie. Il s’agit chaque fois d’augmentations de 2%.
- La péréquation bisannuelle, qui ne survient que lorsque les salaires du personnel actif sont augmentés. En cas d’augmentation des salaires, le mécanisme de la péréquation fait qu’après un ‘petit’ délai, les pensions des ex-militaires augmentent elles aussi. Suite à l’augmentation de 2024, la péréquation bisannuelle (portant sur les années 2023 et 2024) fera que les pensions augmenteront donc de 5% en 2025 et encore de l’ordre de 3,78% en 2026
Alors que la Défense s’est engagée à promouvoir la santé et le bien-être de ses travailleurs en matière de tabagisme, la mise en œuvre de cette politique ressemble plutôt à un nuage de fumée sans une approche globale et réaliste tout en essayant d’y associer les syndicats.
Ce n’est un secret pour personne que le tabac est un problème majeur de santé publique. Récemment en 2021, la Défense a décidé de mettre ce point au Plan Global de Prévention afin que des actions soient prises sur plusieurs années aussi bien au niveau national qu’au niveau des unités. Parmi celles-ci, la publication d’une politique en matière de tabagisme était une étape cruciale avant l’élaboration d’une campagne de sensibilisation. Et c’est malheureusement ici que la Défense est repartie dans ses travers dans la concertation : une seule réunion préparatoire en janvier 2023 pour une politique aussi importante, un haut comité de concertation bien-être début mars sans document définitif et finalement une publication en avril sans réellement tenir compte des seuls commentaires fondamentaux issus de l’ACMP-CGPM. Le sommet a par la suite été atteint en diffusant une note d’implémentation avec l’éternelle phrase magique « après récolte des avis des organisations syndicales » pour se donner bonne conscience alors que nous n’avions exprimé aucun avis, encore moins favorable.
Lassée de la tournure des événements, l’ACMP-CGPM a été très claire lors du dernier haut comité de concertation bien-être de début
juin car le code pénal social interdit de fumer dans les espaces de travail, les équipements sociaux ainsi que dans les moyens de transport mis à la disposition du personnel pour le transport collectif du et vers le lieu de travail. Ajouter à cela l’interdiction de fumer à l’extérieur des bâtiments dans tous les quartiers (sauf dans des espaces fumeurs désignés) serait irréaliste – voire contre-productif – sans une approche globale et normative avec de réels moyens budgétaires au niveau de l’infrastructure. Il faudrait investir aussi non seulement dans la prévention mais aussi dans les soins. Malheureusement, la survie des cellules spécialisées dans les addictions au sein du Département n’a pas été la réelle priorité de la Défense ces dernières années. De plus, la nouvelle procédure spécifique (DGHWB-SPS-FHPROT-001) est actuellement en contradiction avec le règlement de service inté-
rieur. Notre expérience démontre que l’application de telles directives est souvent à géométrie variable si elles sont sujettes à de possibles interprétations. Les procédures disciplinaires pleuvent dans la foulée même si nous ne doutons pas (ou presque) que les plus hautes autorités fumeuses ne manqueront pas de montrer l’exemple.
C’est ainsi que la mise en œuvre de cette politique est déjà gelée dans les faits car une réelle concertation avec les organisations syndicales est plus que nécessaire, sans y voir le moindre combat retardateur de notre organisation. L’ACMP-CGPM attend avec impatience de futures réunions techniques afin de réellement aider nos collègues militaires dans la question délicate du choix personnel du tabagisme. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’évolution de ce dossier fumant.
Comme nous vous l’expliquions dans La Sentinelle de mai 2022, la mise en place de bornes de recharge électriques s’amorçait au sein de la Défense. La timide vague de l’époque ne s’est toujours pas réellement concrétisée en une réelle opportunité.
L’Etat-major attend quoi ?
Parallèlement à l’obligation légale de la Défense de disposer de points de recharge selon certaines normes, la pression politique se fait plus que sentir pour que nos militaires – comme tout citoyen – optent dans un futur proche pour l’achat d’un véhicule électrique. Nous vous expliquions déjà les démarches afin de disposer d’une concession contre un montant forfaitaire annuel pour pouvoir brancher son véhicule personnel à l’aide d’une carte de rechargement. L’ACMP-CGPM avait également répertorié les futures complexités liées à la priorité de recharge des véhicules militaires, la nécessité d’une contactabilité permanente pour débrancher son véhicule, la distance entre le bureau et la borne, etc. Plus d’un an plus tard, un black-out semble régner au bloc de l’état-major de la Défense à Evere. Les autorités ne mesurent pas les multiples conséquences pour les militaires qui en moyenne doivent déjà réaliser plus du double de déplacement par rapport aux travailleurs civils.
Une spécificité militaire électrique ?
Les questions justifiées de nos membres ne se sont pas fait attendre : la concession est-elle valable pour plusieurs quartiers ?
Les opérations, exercices, formations et autres contretemps
permettent-ils une suspension du paiement forfaitaire ? Quelle garantie peut-on avoir de pouvoir ‘faire le plein’ et rentrer chez soi le soir ? Autant de questions dont les réponses devraient se retrouver dans une directive nationale quant à la politique d’emploi de ces fameuses bornes de recharge. Malheureusement, à cette heure, seuls les Chefs de Corps à travers un document nommé « ABC » et le personnel de certaines unités ayant improvisé proactivement des lignes de conduite ont certaines réponses qui, espérons-le, seront cohérentes avec la politique de la Défense. Comparativement aux autres secteurs publics et privés, il semble déjà y avoir malheureusement une « spécificité militaire électrique » qui déroge à la règle générale : un manque de souplesse d’utilisation entre les différents quartiers, un montant forfaitaire à payer sans certitude de résultat, le nombre de
points de recharge ridicule (si pas nul) dans des quartiers avec des centaines – voire des milliers – de militaires sont autant d’obstacles qui portent une fois de plus préjudice à l’attractivité de la Défense. Nous imaginons déjà bien nos pauvres collègues obligés d’être célibataires géographiques non seulement par la distance du lieu de travail mais également par l’impossibilité d’alimenter leurs chevaux électriques. L’ACMP-CGPM attend avec impatience d’être consultée avant la publication d’une directive qui se fait plus qu’attendre. Celleci devra s’inspirer de l’approche des autres employeurs belges, au risque de décevoir nos militaires et au pire de les faire fuir. Sans parler des candidats-militaires déjà équipés d’un véhicule électrique et pour qui la possibilité - ou non - de recharger sa voiture est un réel critère déterminant dans le choix d’un emploi.
LEA – 31/07/2021
Dans la famille de Consuelo GERS (Soignies)
MALIA – 29/05/2022
Dans la famille de Kevin JANKOWSKI (Liège)
NINA – 24/05/2023
Dans la famille de Thijs SCHEPERS (Hasselt)
LEA – 11/06/2023
Dans la famille de Grégory GENET (Liège)
ALESSIO – 19/06/2023
Dans la famille de Lodewijk SMET (Furnes)
ELISABETH – 06/07/2023
Dans la famille de Kevin NICAISE (Sambreville)
MATIS – 12/07/2023
Dans la famille de Dimitri GRUNEWALD et Isabelle BLOMME (Ostende)
ABBY – 02/08/2023
Dans la famille de Ludovic FÉNA (Namur)
10/09/2022
RÖSLER Dorian et PIRARD Vanina (Soumagne)
01/04/2023
LAGNEAUX Myron et GERMAUX Shanaël (Mouscron)
22/04/2023
DUPONT Jean-Louis et LEMBRÉE Marianne (Soumagne)
28/04/2023
DELEYE Robin et BUSSCHAERT Kiara (Kuurne) (Par cohabitation légale)
26/05/2023
SOTTIAUX Céline et VANHAELEWYN Jean-François (Les Bons Villers)
03/06/2023
CALDERS Dieter et VAN BUGGENHOUT Caroline (Alost)
10/06/2023
BUILLES Marion et THIEBAUT Wilfried (Saint Christoly de Médoc – France)
24/06/2023
CASADEI Thomas et DOLIMONT Chloë (Charleroi)
05/06/2023
CHALET André et DOUCET Stéphanie (Gedinne) (Par cohabitation légale)
09/08/2023
RE Roberto et DEPUTTER Emilie (Manage)
BOUCHER ERIC
1961 - 08/05/2023 (Bastogne)
SCHOUTEN GEERT
1971 - 08/05/2023 (Bruges)
STANDAERT MARCEL
1931 - 28/05/2023 (Eeklo)
DE CLOEDT JOSEPH
1933 - 28/05/2023
(Blankenberge)
JADOUL OLIVIER
1973 - 28/07/2023 (Hotton)
- Mai : 127,30 points
- Juin : 127,11 points
- Juillet : 128,14 points
Indice santé
- Mai : 127,35 points
- Juin : 127,09 points
- Juillet : 128,22 points
L’indice santé lissé s'établit à 124,79 points en juillet, sous l’indice pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales (fixé à 125,60 points).
Les allocations sociales et les pensions ainsi que les salaires du secteur public seront donc probablement indexés de 2% fin de cette année.
Le prochain indice-pivot après ce dépassement s’élèvera à 128,11 points.
Tous les cinq ans, le syndicat militaire ACMP-CGPM organise son Congrès national. Cette échéance indispensable est prévue pour le samedi 2 décembre 2023. Tous les membres sont les bienvenus, vous aussi !
Le sens de notre action syndicale est défini par un document appelé Programme général. Pendant les cinq prochaines années, l’ACMP-CGPM suivra ce Programme général, comme un fil rouge, pour atteindre ses objectifs syndicaux.
Pendant ce Congrès, les responsables de votre syndicat militaire exposeront aux membres présents les thèmes principaux du Programme général pour le quinquennat à venir. À cette occasion, vous pourrez donner librement votre avis sur l’engagement de l’ACMP-CGPM. Le nouveau Comité Directeur, responsable du bon fonctionnement de syndicat militaire, sera également nommé à cette occasion.
Si vous souhaitez assister à la présentation du Programme général et à la présentation du prochain Comité Directeur de l’ACMP-CGPM, inscrivez-vous via le formulaire suivant : http://tinyurl.com/ACMP-CGPM-2023 ou scannez le QR code
Si vous ne disposez pas d’internet, inscrivez-vous auprès du Secrétariat permanent : Romboutsstraat 1 Bus 021 à 1932 ZAVENTEM
Adresse du jour : Elewijt Center
Tervuursesteenweg 564
1982 ZEMST
Programme du samedi 2 décembre 2023 :
08h15 : Accueil + café
09h00 : Début du Congrès
- Ouverture officielle
- Nomination du nouveau Comité Directeur
- Vote du Programme général (partie 1)
10h30 : Pause
11h00 : Vote du Programme général (partie 2)
12h30 : Discours de clôture
12h45 : Lunch
14h45 : Fin du Congrès
La participation est gratuite (lunch inclus) pour chaque membre en ordre de cotisation.