Marie Claire Belgique - Mars 2023

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SOMMAIRE 10 ÉDITO 12 CONTRIBUTEUR·RICES 14 L’IMAGE DU MOIS

TENDANCES

16 SUR LA LISTE DE MARS

SUBSTANCE ÉPOQUE

34 REPORTAGE Ces enseignantes

clandestines qui défient les talibans

18 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE 24 DANS LES CARNETS CHICS Photo Jaap Strijker chez Eeagency. Stylisme et production Francis Boesmans. Modèle Daphné de Platform Models. Assistant stylisme Joshua Basubi. Coiffure et maquillage Florence Teerlinck pour Dior. Assistante photo Merel Klaassen.

DE MARIE CLAIRE

CULTURE

42 AGENDA Expos et sorties

44 INTERVIEW Laurence Bibot : « 30 ans

de carrière, c’est une histoire longue »

46 MUSIQUE 47 CINÉMA

48 LIVRES Alia Cardyn, égalité -

Chemise en satin, Charlotte Baude. Robe dos nu avec drapé, Studio Soir. Blazer oversize vert, MM6 Maison Margiela. Sandales ‘Nini’ en cuir verni vert fluo, Morobé.

sororité - liberté

TÊTES À TÊTE(S)

50 RENCONTRE Les Mots d’Andréa

Bescond

MAGAZINE

54 SOCIÉTÉ Papa, où t’es ?

58 MODE Glenn Martens : « Avoir carte

blanche, c’est le rêve ultime »

62 FESTIVAL Le futur est à Hyères

66 PSYCHO La lithothérapie, l’autre

pouvoir des pierres

70 ENTRETIEN Nadège Vanhee-

Cybulski : « Le vêtement est comme un journal intime » 74 MODE La robe fait sa révolution 78 ENQUÊTE Génération « (s)low sex »

p. 34 Ces enseignantes clandestines qui défient les talibans

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STYLE 84

MODE

100 % Belge

96 MODE D’EMPLOI Motifs, la variable

d’ajustement

100 MODE D’EMPLOI Best of des défilés

BEAUTÉ

106 SOINS Retrouver le sourire 110 FONDAMENTAUX Kate Moss

112 TESTÉ Le shampoing solide

114 CONFIDENCES La sélection de

la rédactrice

LIFESTYLE

118 ÉVASION Voguer en mer Égée

122 MASTERCLASS Bénédicte Bantuelle et

Hanna Deroover sur le grill

129 HOROSCOPE

VÉRONIQUE DE VIGUERIE. JAAP STRIJKER.

130 LE QUESTIONNAIRE Drea Dury

Cardigan en coton froissé avec jupe crayon assortie, sac à main en cuir rouge, le tout Prada. Pull polo en laine, Bottega Veneta.

Bague ‘Lotus’ en or avec émail orange, Bare.

p. 84 100 % Belge


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MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

RÉDACTEUR EN CHEF Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COORDINATRICE DE LA RÉDACTION Joëlle Lehrer jle@marieclaire.be DIRECTRICE DE LA MODE & STYLE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ & LIFESTYLE Kim De Craene kdc@marieclaire.be COLLABORATEURS Joshua Basubi, Francis Boesmans, Aurélia Dejond, Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl, Ringo Gomez-Jorge, Etienne Heylen, Marie Honnay, Merel Klaassen, Joëlle Lehrer, Malvine Sevrin, Eva Thurman, Margo Verhasselt, Daphne Simons, Jaap Strijker, Suzanne Verberk. CHIEF DIGITAL MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be rosaalieeb BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Carla Circiello (Campaign Coordinator) cci@editionventures.be Laura Collu (Campaign Coordinator) lco@editionventures.be Marine Petrisot (Junior Campaign Coordinator) mpe@editionventures.be EVENTS Charlotte Villers (Event Coordinator) cvi@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be Print Production Coordinator / Amélie Eeckman aee@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl VENTURES MEDIA CEO Bernard de Wasseige

POUR VOUS ABONNER

9 numéros pour seulement 26,95 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Envoyez un mail à info@viapress.be, viapress.be, téléphonez au 02 556 41 40 (de 8 h à 16 h 30 du lundi au vendredi) ou écrivez à AMP, 451 route de Lennik, 1070 Bruxelles.

VENTURES MEDIA COO Florian de Wasseige fdw@editionventures.be VENTURES MEDIA CMO Lore Mosselmans lmo@editionventures.be DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics

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ÉDITO

LA MODE AVEC UN GRAND M

D

Natan Couture printemps-été 2023.

Par conséquent, j’aimerais ouvrir ce numéro de mode de Marie Claire avec un plaidoyer en faveur d’une consommation réfléchie et raisonnée. Achetez moins, lavez mieux, réparez et recyclez, économisez un peu plus longtemps pour pouvoir investir dans des pièces de qualité. Et aussi : achetez plus souvent localement. Notre shooting 100 % belge et les autres pages dédiées à la mode locale sont autant de sources d’inspiration. En élaborant ce numéro, je me doutais qu’il allait être sensationnel, mais maintenant, en le feuilletant, je constate que nous avons réussi à célébrer la Mode dans ce qu’elle a de plus magique et de plus diversifié. Croyez-moi sur parole : the best is yet to come. Bonne lecture.

Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm

PHOTO PERSONNELLE. PRESSE.

es pantalons à sept euros, des t-shirts encore moins chers et des milliers de nouveaux vêtements disponibles chaque jour. Nombreuses sont les jeunes femmes qui tombent dans le piège tendu par Shein. TikTok regorge d’ailleurs de #SheinHauls et lorsqu’un pop-up de cette enseigne de fast-fashion a ouvert à Anvers il y a quelque temps, les gens ont fait la queue pendant des heures pour pouvoir entrer dans le magasin. Je suis pour ma part réfractaire à cette mode à prix cassés. « Réfractaire » est d’ailleurs un euphémisme. Je suis du genre à faire la morale à ceux, parmi mes amis, parents et collègues, qui se laissent séduire par les campagnes des enseignes de fast-fashion. D’abord parce que je me soucie de notre planète et des ouvriers du textile, majoritairement des femmes, qui cousent ces vêtements pour des salaires de misère. Mais surtout parce que j’aime la mode à la folie. Le talent, la passion, l’artisanat, le savoir-faire et la technique derrière un pantalon parfaitement coupé ou une belle paire de chaussures : voilà ce qui me fait vibrer. J’abhorre le préjugé selon lequel la mode serait superficielle. C’est pourquoi je déteste les chaînes bon marché qui nous incitent à acheter sans cesse du neuf dont on se lasse très vite. Ces enseignes font de la mode quelque chose de vide, de jetable et qui nuit aux gens et à l’environnement au lieu de la rendre plus belle. Or, c’est justement là que réside la grande force de la Mode avec un M majuscule. La mode telle que je la conçois vous révèle tel(le) que vous êtes, devriez, désiriez ou pourriez être.


ELISABETTAFRANCHI.COM


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CONTRIBUTEUR·RICES

STYLISTE

Il a réalisé le stylisme pour notre photo de couverture et notre shooting mode belge. QUEL EST VOTRE PARCOURS ?

« Je suis originaire de Koersel, un petit mais charmant village du Limbourg. Après quatre ans passés à l’internat de HeusdenZolder, je me suis installé à Anvers. » DANS VOTRE MÉTIER, QU’EST-CE QUI VOUS FAIT VIBRER ?

« Adolescent, j’étais fasciné par les shootings mode qui racontent une histoire et multiplient les références culturelles les plus diverses. Désormais, je peux en réaliser moi aussi. Un rêve ! » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT CE SHOOTING ?

« Le jour J, quand on voit tout s’enchaîner après des semaines de préparatifs. De la recherche d’un lieu, à celui du bon photographe, en passant par le choix des mannequins et la composition des looks. » QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE ?

« Certains designers, mais aussi des films et d’autres stylistes. Je pense à Pierpaolo Piccioli chez Valentino. J’adore ses combinaisons de couleurs. Ou le styliste Jacob Kjeldgaard pour ses superpositions et sa narration particulièrement inspirante. »

JOURNALISTE ET PHOTOGRAPHE

PHOTOGRAPHE

Ringo a photographié les trois papas pour l’article sur le congé de paternité.

Il a signé l’image de cette cover 100% belge

QUEL EST VOTRE PARCOURS ?

« Je suis originaire du Limbourg, plus précisément du Maasland, mais je suis désormais installé à Anvers. » DANS VOTRE MÉTIER, QU’EST-CE QUI VOUS FAIT VIBRER ?

« Je suis accro à la liberté. En tant que journaliste indépendant, j’adore être envoyé d’un coin à l’autre du monde en permanence. Mettez-moi dans un bureau et je dépéris comme un ficus mal entretenu. Par contre, j’aime les belles histoires. Mon objectif est de capturer de petites tranches de vie. » VOS MOMENTS PRÉFÉRÉS LORS DE LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

« Mes conversations avec les personnes que j’interviewe. Quand je sens que le courant passe bien dès le début de l’entretien. En fait, je trouve assez difficile de photographier une personne si, entre elle et moi, ça ne clique pas!» QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE ?

« Les gens entiers qui ne se cachent pas derrière des discours formatés ou marketing. Stig De Block, mon ami, photographe documentaire. Mais aussi Saul Leiter et Philip Lorca-Dicorcia, mes photographes préférés de tous les temps. »

QUEL EST VOTRE PARCOURS ?

« Je suis né à Oosterhout et j’ai grandi à Breda. Par la suite, j’ai étudié pendant quatre ans à l’Académie de danse de Tilburg. Depuis dix-sept ans, je vis à Amsterdam, une ville qui n’en finit pas de m’inspirer. » DANS VOTRE MÉTIER, QU’EST-CE QUI VOUS FAIT VIBRER ?

« Dans ma première vie, j’étais mannequin, un job qui m’a donné le goût de la photographie. Il y a sept ans, j’ai pris un appareil pour la première fois en main et je ne l’ai plus lâché. La plupart du temps, je n’envisage pas la photographie comme un travail, mais comme un passe-temps qui me rend heureux et me permet de faire de belles choses avec d’autres créatifs. » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ DU SHOOTING ?

« Quand j’ai senti que tout était en place : le bon modèle, les bons vêtements, le bon spot, la bonne équipe. Tout était parfait et les images : exactement comme je les avais imaginées. Une sensation particulièrement agréable. » QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE ?

« Je reviens tout juste d’un voyage en Inde. J’aime beaucoup les couleurs de ce pays. Partout où vous vous promenez, les rues, les maisons, les vêtements… : tout est coloré. Cette vision me rend heureux et m’inspire. »

Daphne Simons MANNEQUIN

En cover de ce numéro, elle a aussi posé pour notre shooting mode 100% belge. QUEL EST VOTRE PARCOURS ?

« J’ai grandi aux Pays-Bas, à côté d’une immense forêt. Je m’y sens encore chez moi. Quand je m’y promène, j’ai l’impression d’envisager la vie avec philosophie.» DANS VOTRE MÉTIER, QU’EST-CE QUI VOUS FAIT VIBRER ?

« Les gens ! J’aime l’idée que des créatifs se réunissent et transforment un concept en réalité. Chacun y amène sa propre énergie. Le résultat est le plus souvent très beau. J’adore discuter avec les maquilleurs et les photographes. On échange sur le sens de la vie. Dans le secteur de la mode, beaucoup de gens sont assez philosophes, je trouve. » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT CE SHOOTING ?

« La fin de la séance. C’est souvent à ce moment que les meilleures idées surgissent. J’adore la pression qu’on se met tous pour créer des images cool. C’est souvent très puissant. Par exemple, cette fois, je me suis assise à l’envers sur une chaise, les pieds relevés. Pas très confortable, mais drôle. Aucune idée si cette photo a fait partie de la sélection. (rires) » QU’EST-CE QUI VOUS INSPIRE ?

« Mes conversations avec des inconnus, mais aussi la nature et la force qui se dégage de mon amoureux. »

COLLECTION PERSONNELLE.

Francis Boesmans

Ringo Gomez-Jorge Jaap Strijker



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Vivienne Westwood, 1941-2022.

THE QUEEN (OF FASHION) IS DEAD

Alors que 2022 (et son lot d’horreurs) était sur le point de se terminer, on apprenait le décès de Vivienne Westwood. Icône, pionnière et rebelle. Voilà, en substance, comment on peut résumer le profil de cette grande Dame de la mode. Femme de tous les extrêmes, Vivienne Westwood incarnait quelque chose de différent pour chaque génération : elle a donné aux punks leur look bondage au milieu des années 1970, mais elle a aussi été la première créatrice à se mobiliser pour l’environnement. Féministe avant tout, elle s’est exprimée - dans la presse et surtout dans ses collections - sur des sujets tels que les droits des femmes et le réchauffement climatique. Son talent et son engagement la rendent irremplaçable. Rest in power, Viv. Par Elspeth Jenkins

LAUNCHMETRICS SPOTLIGHT.

L’IMAGE DU MOIS


sisley-paris.com


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TENDANCES MARS

SUR LA LISTE DE MARS Par Malvine Sevrin et Timon Van Mechelen

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SUR LES PODIUMS

Quand la lingerie se fait tenue de soirée, ou l’art de se déshabiller sans se découvrir.

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VIBRANT

EXIT LES SEMPITERNELLES TEINTES NEUTRES, PLACE À UNE EXPLOSION DE COULEURS CHEZ &OTHER STORIES. UN DRESSING VITAMINÉ QUI NOUS MET D’HUMEUR JOYEUSE.

Disponible à partir du 2 mars 2023 en boutiques et en ligne sur stories.com.

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BOUFFÉE D’AIR

À défaut de pouvoir s’offrir une virée en montagne, la marque de cosmétiques suisse Valmont propose un bol d’air frais pour le moins original. Ce soin contour des yeux chargé à bloc en oxygène vient libérer les regards fatigués et cernés. Le gros plus ? Son onctueuse texture de crème fouettée. Un petit plaisir pour bien démarrer la journée. Deto2x Eye de Valmont, 196 € sur lamaisonvalmont.com

LAUNCHMETRIC SPOTLIGHT. PRESSE.

Défilé Fendi Couture printemps-été 2023.


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IT-BAG

RÊVEUR

LA NOUVELLE GAMME DE PARFUMS DE SISLEY, LES EAUX RÊVÉES, POURRAIT BIEN ÊTRE EXACTEMENT CE QUE VOUS RECHERCHEZ SI VOUS AIMEZ LES PARFUMS FRAIS, FLORAUX, MAIS AUSSI CHAUDS ET ÉPICÉS. LES SIX PARFUMS PORTENT LE NOM DES HOMMES ET DES FEMMES DE LA FAMILLE, MAIS ILS SONT TOUS UNISEXES.

À partir de 91 € pour 50 ml, sisley-paris.com

Ce n’est pas seulement le défilé de top-modèles, de Gigi Hadid et Paloma Elsesser à Adwoa Aboah, qui a été marquant chez Chloé. Une grande attention a été portée au tout nouveau sac Penelope. À porter comme un sac bandoulière, un sac à main ou une pochette. Sac moyen Penelope, 2400 €, chloe.com

CHLOÉ. PRESSE.

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Après Londres, Amsterdam et Paris, The Hoxton s’installe dans notre capitale, dans le quartier du Botanique. Cet hôtel installé dans une tour de style brutaliste fait écho à son environnement : déco années 70, matériaux bruts, meubles vintage chinés sur les marchés aux puces belges... En plus des chambres rétros, on y trouve un bar feutré, un resto, un rooftop ainsi qu’un espace de coworking. Bref, un nouveau lieu de vie pour les Bruxellois comme pour les visiteurs de passage chez nous. Ouverture le 1er avril 2023 au Square Victoria Régina 1 à 1210 Bruxelles. thehoxton.com/brussels

MIRACLE

Le bakuchiol fait fureur dans le monde de la beauté, après qu’une étude, publiée dans le British Journal of Dermatology en 2018, ait montré que l’application de 0,5 % de cet ingrédient, deux fois par jour pendant douze semaines, réduisait les taches pigmentaires et les rides aussi efficacement que l’application de 0,5 % de rétinol tous les soirs. L’avantage : avec le bakuchiol, il n’y a pas de phase de transition et donc pas d’irritation. Pas étonnant que Rituals ait incorporé cet ingrédient miracle dans sa nouvelle ligne Ritual of Namasté. Sérum anti-âge rechargeable de Rituals, 29,90 €.


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TENDANCES

VIBRATIONS

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QUADRILLAGE

LA PANOPLIE Tendance inspirée des années 70 : l’imprimé carreau dans tous ses états. De préférence de la tête aux pieds, comme on le voit chez Acne Studios. 8

Réalisation Timon Van Mechelen

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LE LOOK PODIUM Défilé printemps-été 2023 Acne Studios. 1. LUNETTES DE SOLEIL Symbole en métal Prada Eyewear, 450 €. 2. ROBE CHEMISE en coton et lin Terre Bleue, 179,90 €. 3. TOP PRÈS DU CORPS en polyester recyclé Baum und Pferdgarten, 89 €. 4. PANTALON FLUIDE en viscose et élasthanne Xandres, 169 €. 5. SAC À MAIN Eclips en tartan deadstock Marine Serre, 850 €. 6. MINIJUPE À POCHES en laine Vivienne Westwood, 640 € via MyTheresa. 7. MOCASSINS en cuir d’agneau et polyamide Burberry, 590 € via Farfetch. 8. BLAZER OVERSIZED en coton mélangé Caroline Biss, 275 €.

PRESSE.

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TENDANCES

VIBRATIONS 2 4

MOODBOARD

UN GRAIN DE FOLIE

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La mode peut-elle être encore plus folle qu’elle ne l’est déjà ? Assurément. Surtout si on va piocher du côté des inspirations surréalistes. De la maestria de Schiaparelli aux robes extravagantes signées Giambattista Valli en passant par les délires de Burberry, le surréalisme domine la mode. Réalisation Elspeth Jenkins

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1. John Kasnetsis, Dorothea Tanning et Max Ernst devant la sculpture “Capricorne”, Arizona 1948. L’exposition Max Ernst en photographies est à voir jusqu’au 23 avril au Max Ernstmuseum de Brühl, en Allemagne. 2. Défilé Schiaparelli Haute Couture printemps-été 2023. 3. Défilé Giambattista Valli Haute Couture printemps-été 2023. 4. Collier en forme de sac Chanel, prix sur demande. 5. Sandales à talons Burberry, prix sur demande. 6. Robe dorée Balmain, 2290 € via mytheresa.com. 7. Lean Lounge Chair Hemp Studio Henk, 1639 €. 8. Gommage corps Les Adorables Dior, 92,40 €. 9. Lalanne, A World of Poetry, aux éditions Assouline, 1200 €. 10. Trench court Gant, 280 €.11. Top croisé Elisabetta Franchi, 335 €.

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VG BILD-KUNST, BONN 2023 FOR MAX ERNST. PRESSE. LAUNCHMETRICS SPOTLIGHT.

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mollybracken.com


TENDANCES

VIBRATIONS

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COMME DRIES...

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LA PANOPLIE Dries Van Noten fait dialoguer un chemisier ample marron et des chaussures blanches avec une jupe mi-longue vert gazon. Une combinaison de couleurs tout en fraîcheur, dont seul notre compatriote a le secret. Réalisation Timon Van Mechelen

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LE LOOK PODIUM Défilé printemps-été 2023 Dries Van Noten. 1. CHINO coupe ballon en coton bio Tommy Hilfiger, 230 €. 2. OR BLANC Boucles d’oreilles avec diamants Maison De Greef, 5 960 €. 3. CARDIGAN COL POLO en viscose et polyamide Gigue, 179 €. 4. BLAZER À CARREAUX en laine mélangée Furore, 519 €. 5. MONTRE Montreux en acier inoxydable avec zircons Rodania, 219 €. 6. JUPE À FLEURS en soie Bernadette, 375 €. 7. SAC À MAIN en cuir pleine fleur Jackie 1961 Gucci, 2 800 €. 8. ESCARPINS À BOUT POINTU en cuir d’agneau Filippa K, 635 €. 9. PULL FIN en laine mélangée CKS, 89,99 €.

PRESSE.

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UNE PEAU REPULPÉE EN 60 SECONDES.*

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TENDANCES

VIBRATIONS

WHATSAPP

VIRGINIE MOROBÉ

Fondatrice de sa marque éponyme

Par Aurélia Dejond

Virginie

TU PORTES QUOI AUX PIEDS AUJOURD’HUI ?

avec ma fille ou pour envoyer des photos plus rapidement que par mail. Je n’y aime pas trop les grands groupes de discussion.

SI TU ÉTAIS UN SOULIER ?

L’ADN DE LA CHAUSSURE MOROBÉ, C’EST QUOI ?

Mes boots texanes plates Hazel, car en mode low energie ce matin Un escarpin à talon haut

DIS-MOI QUELLE CHAUSSURE TU PORTES, JE TE DIRAI QUI TU ES ?

Oui, en fonction du moment ! Chacune d’entre nous vit des situations différentes au fil d’une même journée, on ne cuisine pas en talons de 10 cm, mais on les enfile pour aller à un date. IDEM POUR UN HOMME ?

Yes ! Un homme avec des chaussures moches aura beaucoup moins de points dans mon ranking , difficile d’imaginer un deuxième rendez-vous TU REGARDES D’OFFICE LES CHAUSSURES DE TOUT LE MONDE ?

Ah oui, c’est une maladie ! Ça et les dents ! LES BELGES SONT-ILS PLUS FRILEUX QUE LES PARISIENS OU LES LONDONIENS, QUESTION CHAUSSURES ?

Je trouve les femmes belges assez fashion. On voyage beaucoup, du coup il n’existe plus de grandes différences entre les pays. Les réseaux sociaux contribuent également à unifier davantage nos styles. EN PARLANT DES RÉSEAUX SOCIAUX, TU ES BEAUCOUP SUR INSTAGRAM, C’EST IMPORTANT D’ÊTRE EN LIEN AVEC TA COMMUNAUTÉ ?

Je suis trop sur Insta ! Mais c’est très important pour rendre ma marque visible au plus grand nombre. Insta est l’outil numéro un pour ça.

TES CRÉATIONS SONT TRÈS PHOTOGÉNIQUES ET TES POSTS TRÈS SOIGNÉS…

Féminine, distinguée, authentique.

TU VIENS D’OUVRIR UNE NOUVELLE BOUTIQUE À ANVERS, ANTRE ABSOLUMENT MAGNIFIQUE QUI NE RESSEMBLE À RIEN D’AUTRE.

C’était notre but, à mon mari et moi Que chacun entre dans un espace conçu comme un appartement… Cette dernière adresse à Anvers est la plus belle. PETITE, TU PORTAIS L’UNIFORME ET ÉTAIS DÉSESPÉRÉE PAR LA BANALITÉ AFFLIGEANTE DES CHAUSSURES, TU AS PRIS TA REVANCHE EN CRÉANT TA MARQUE ?

Yeaaah une fameuse revanche . Une belle chaussure a la capacité de changer le comportement de celle qui la porte. Elle se sent plus féminine, ça lui donne de l’assurance et davantage de confiance en elle.

COCO CHANEL A DIT : « UNE FEMME AVEC DE JOLIES CHAUSSURES N’EST JAMAIS LAIDE », D’ACCORD AVEC ELLE ?

À 100 % ! La chaussure a le pouvoir le plus important dans un look. Je choisis ma tenue en fonction, pas l’inverse et c’est le credo de Morobé. TON COUP DE FOUDRE DANS TA COLLECTION PRINTEMPS ?

La Priya. Cinq prototypes pour arriver à la perfectionner. LE PIRE SHOE FASHION FAUX PAS ?

La Buffalo et la Crocs. No way chez les femmes adultes ! morobe.com

Je suis très stricte sur le plan de ces images. Elles doivent refléter exactement la façon dont je vois nos chaussures et l’état d’esprit Morobé. ET SUR WHATSAPP, TU VIENS SOUVENT ?

Yes, mais plutôt pour y régler des choses

PRESSE.

Son credo : la chaussure comme outil de girl empowerment. Au point de choisir sa tenue chaque matin en fonction de ses souliers, et non l’inverse. Frustrée par l’uniforme gris qu’elle devait porter petite fille, elle crée des modèles qui upgradent n’importe quel look.



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TENDANCES

VIBRATIONS

DANS LES CARNETS CHICS DE

MARIE CLAIRE

De New York à Londres en passant par Milan et Paris, les troupes mode de Marie Claire, tant belges qu’internationales, ont assisté à tous les défilés (ou presque) du printemps-été 2023. Revue de détails et coups de cœur de nos journalistes.

Lors du défilé Coperni à Paris, une robe en fibres synthétiques et coton a été propulsée sur le corps presque nu de Bella Hadid. Ce moment de mode est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux.

CRÉDITS.

Réalisation Timon Van Mechelen


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LAUNCHMETRICS SPOTLIGHT. BALENCIAGA. WILLY VANDERPERRE. PRESSE..

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LA SAISON VUE PAR NAOMI SMITH

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DIRECTRICE MODE DU MARIE CLAIRE AUSTRALIE 1. Le décor inoubliable

« Le bain de boue du show Balenciaga. Rien que pour l’odeur atroce et puissante. » 2. La collection ultime

« Celle de Jonathan Anderson pour Loewe. » 3. Le designer qui compte

« Je n’ai pas assisté à son show à

Milan, mais j’ai trouvé le travail du Belge Mathieu Blazy pour Bottega Veneta particulièrement marquant. Après un défilé sublime, il a lancé une collection, en phase avec le riche héritage de la Maison. » 4. La couleur inattendue

« Le show de Valentino était placé sous le signe de la couleur, mais

en visitant le showroom, c’est le jaune solaire qui m’a bluffée. » 5. La mannequin remarquée

« De Coperni à Miu Miu en passant par Stella McCartney, Bella Hadid était partout. Si la top n’est pas une débutante, cette saison a été, en ce qui la concerne, la plus époustouflante de toutes. »

6. L’accessoire essentiel

« Il y aura sans aucun doute une liste d’attente pour les bottes longues Miu Miu en daim et cuir noir et blanc. » 7. La silhouette coup de cœur

« Cette silhouette à crinoline beige monochromatique de Dior. Les détails et la finition sont sublimes ! » •••


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TENDANCES

VIBRATIONS

LA SAISON VUE PAR ELSPETH JENKINS

DIRECTRICE MODE ET STYLE DU MARIE CLAIRE BELGIQUE 1. Le visage de la saison

5. L’accessoire essentiel

« La Néerlandaise Bella Berghoef a fait ses débuts lors du défilé Prada. Je la suis sur Instagram depuis un moment. Quel plaisir de l’avoir croisée sur les podiums des défilés. »

« Les micro-sacs de Chanel. Vous ne pouvez même pas y mettre un rouge à lèvres, mais à une époque où la détox numérique est de plus en plus populaire, un sac aussi minuscule devient un message d’émancipation. »

2. La silhouette culte

« Les chemises de nuit transparentes inspirées des années 50 chez Prada. Elles me donnent envie de travailler depuis la maison pour de bon. »

6. La couleur inattendue

« Oyster Mushroom (ou pleurotes) : une sorte de gris souris repéré, entre autres, chez Fendi. »

3. Le designer incontournable

7. Le décor inoubliable

« Ludovic de Saint Sernin. À la rédac, on est fans de son univers. Quelle fierté qu’il ait été nommé directeur créatif de la Maison Ann Demeulemeester ! »

« La collection Gucci Twinsburg était présentée dans une pièce séparée par un mur. À la fin du show, ce mur s’est levé. C’est là que nous avons découvert qu’une copie exacte du défilé se déroulait de l’autre côté. Les mannequins étaient des jumeaux. Un moment tellement émouvant qu’il m’a fait pleurer. »

4. La collection coup de cœur

« Celle de Max Mara : une ode aux plages ensoleillées des années 1920. Les jupes longues, les culottes taille haute pastels et les bonnets de bain sont tout simplement waouh. »

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PRESSE.

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PHOTOS PERSONNELLES. PERS. LAUNCHMETRICS SPOTLIGHT. GETTY IMAGES.

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LA SAISON VUE PAR TIMON VAN MECHELEN

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RÉDACTEUR EN CHEF DE MARIE CLAIRE BELGIQUE 1. Le créateur

« Le défilé d’Issey Miyake à Paris a commencé par une minute de silence en hommage au fondateur de la maison de couture, décédé en 2022. » 2. L’accessoire qui va cartonner

« Épuré et minimaliste, mais pas ennuyeux grâce à sa couleur vert vif, le sac Colorama de MM6 Maison Margiela lancé en 2009 et réédité cette saison. »

3. La couleur inattendue

« En marge de ma couleur préférée, le bleu cobalt, j’ai également repéré de nombreuses nuances de violet sur les podiums, comme chez Christian Wijnants (photo) et Ester Manas. » 4. La silhouette phare

« Les minirobes de JW Anderson, évocatrices de carapaces de scarabée. »

5. La collection la plus marquante

« J’ai essuyé une larme lors de la finale du défilé Dries Van Noten. Le Belge a ouvert le show avec des looks noirs monochromes, suivis de pastels très étudiés et d’une série de silhouettes florales totalement exubérantes. En un mot : magnifique. » 6. La mise en scène inoubliable

« Sans aucun doute le set Loewe à

Paris : entièrement blanc, avec une fleur d’anthurium géante au milieu. » 7. Le visage de la saison

« Hunter Pifer est né garçon, mais a vite senti que son futur était dans le corps d’une femme. Cette saison, elle a fait ses débuts sur le catwalk de Prada (photo) et Valentino. » • • •


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TENDANCES

VIBRATIONS

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LA SAISON VUE PAR JESSICA BOUNNI

1. La collection ultime

« Captivant, surprenant, étincelant… et plus encore : le show et la collection Schiaparelli m’ont complètement transportée. » 2. Le décor le plus magique

« La plante d’anthurium géante vue sur le podium de Loewe, ainsi que

le giga-talon de Thom Browne. Cette saison, j’ai totalement adhéré à la tendance XXL. » 3. Le designer qui monte

« Pierpaolo Piccioli chez Valentino. Ce designer est un maestro de la couleur. Il maîtrise les matières et les textures comme personne. »

4. Le visage de la saison

« Je reste une fan inconditionnelle de Gigi Hadid, mais j’ai aussi envie de saluer l’arrivée de Shahnaz Indira (4b) chez Simone Rocha et de Mary Ukech (4a) chez Valentino ; de nouveaux visages qui célèbrent l’inclusivité dans la mode. »

5. L’accessoire qui va cartonner

« Les boots-sandales de Miu Miu. » 6. La silhouette phare

« Chaque femme qui portera mes pièces fétiches de ce printemps/ été 2023. »

GETTYIMAGES. PRESSE..

FASHION EDITOR DU MARIE CLAIRE ARABIA



34 ÉPOQUE

SUBS

L’AIR DU TEMPS DÉCRYPTÉ GRAND REPORTAGE Comment ces Aghanes bravent l’interdiction d’enseigner et d’apprendre

42 CULTURE

NOTRE SÉLECTION CINÉMA, MUSIQUE, LIVRES... AGENDA Toute la lumière sur Vermeer

INTERVIEW Laurence Bibot en instashow MUSIQUE Le retour de dEUS

CINÉMA Spielberg en mode perso


TANCE 50 TÊTES-À-TÊTE(S)

54 MAGAZINE

LES RENCONTRES DU MOIS

ENQUÊTES, PORTRAITS, TÉMOIGNAGES

PREMIER ROMAN Andréa Bescond s’inspire de sa grand-mère

SOCIÉTÉ Le droit de paterner

INTERVIEW Glenn Martens, prodige de la mode SEXE Ces jeunes qui ne font plus l’amour


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SUBSTANCE

ÉPOQUE

Samina* a ouvert une école clandestine dans sa maison. Elle enseigne deux heures, pas plus, pour ne pas attirer l’attention.


CES ENSEIGNANTES CLANDESTINES QUI DÉFIENT LES TALIBANS En Afghanistan, les nouveaux maîtres du pouvoir interdisent aux filles d’être scolarisées après l’âge de 12 ans. Mais au mépris du danger, de nombreuses jeunes femmes, anciennes lycéennes, ont pourtant rejoint l’une des dix mille structures d’enseignement clandestin que compterait le pays. Dans les maisons, les sous-sols d’un lycée ou à l’arrière d’une mosquée modérée, elles diffusent leur savoir au péril de leur vie. Nos reporters sont allées à leur rencontre.

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Par Solène Chalvon-Fioriti Photos Véronique de Viguerie

IX-SEPT FILLES avancent à petits pas sur l’allée caillouteuse, un petit Coran sous le coude, puis bifurquent à travers le champ de pommes de terre où spirale un vent de diable. À leur vue, les rares paysans interrompent leurs coups de bêche, puis détournent le regard… Tout le monde se connaît dans ce village de quelques centaines d’âmes, quelque part au centre du pays*, alors la procession quotidienne et silencieuse n’est un secret pour personne. Sa destination : la vaste mosquée située derrière le talus en contrebas, entre un rideau de mûriers jaunes et une falaise de roche rouge. C’est ici, avec l’accord tacite du mollah, que Salima*, 18 ans, tient une classe clandestine. Les talibans sont revenus au pouvoir le 15 août 2021 après vingt ans d’insurrection armée. En mars, ils ont édité un décret interdisant aux jeunes Afghanes de poursuivre leur scolarité après l’équivalent de la 6e, privant de facto près d’un million d’entre elles de collège et de lycée. Une décision d’autant plus cruelle qu’elle sanctionne l’un des rares succès occidentaux dans le développement de l’Afghanistan. Selon la Banque mondiale, sous l’éphémère République afghane, la part des filles dans le secondaire était passée de 7 à 40 %. « Le mollah nous a autorisées à étudier ici parce que la maison de Dieu appartient à tous, affirme Salima en desserrant son voile safran. J’ai seulement eu à promettre qu’en cas de contrôle, on aurait chacune un vêtement assez large pour cacher nos cahiers, et qu’on plongerait le nez dans nos Corans, pour que les talibans croient à une école coranique. » En un an de cours, ceux-ci ••• sont venus deux fois déjà.


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SUBSTANCE

ÉPOQUE

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ILS ONT FAIT UN TOUR, PUIS SONT REPARTIS. Ils semblaient «dubitatifs», rapporte-t-elle. Une attitude que pourrait expliquer ce commentaire du porte-parole du ministère de l’Éducation taliban, Aziz Ahmad Rayan, contacté par Marie Claire: «Les écoles pour filles sont interdites après 12 ans et nous ne reconnaissons pas l’existence d’écoles secrètes, qui ne sont qu’une invention occidentale pour malmener la cohésion afghane. » Avant d’ajouter… : « Toutefois, il n’existe pas à ce jour de politique établie par le mouvement contre des structures existantes et nos hommes n’ont pas l’autorisation d’utiliser la force pour leur nuire. » Autrement dit, les talibans ferment les yeux… pour le moment, surtout face aux « classes communautaires », comme celles de Salima. D’après l’Unicef, il y aurait près de dix mille structures de ce type dans le pays, surtout fréquentées par des filles, petites ou grandes. L’agence souhaite en équiper le double d’ici fin 2023, en matériel scolaire notamment, afin de toucher in fine près de six cent mille enfants. Leurs atouts sont inestimables. Souvent situées en dehors des radars talibans, elles n’apparaissent pas comme inféodées au précédent gouvernement. Elles ne sont pas taxées d’avoir servi sa propagande. Organisées le plus souvent à l’intérieur même des maisons, sous la responsabilité du père de famille, la figure traditionnelle du patriarche, elles forment un environnement culturellement acceptable pour les familles, très conservatrices, particulièrement en zone rurale. •••

SAMINA*, ANCIENNE LYCÉENNE DE TERMINALE, s’assied comme ses élèves à même le sol, une grande mer de tapis soyeux, et reprend la leçon de maths inachevée la veille. Elle a conçu sa

1. Dans cette école privée, certaines filles de plus de 12 ans et de 6e année, interdites d’étude par les talibans, sont cachées parmi les plus jeunes. Ici, Ralia*, une ancienne élève, a décidé de prendre le risque d’enseigner aux plus âgées dans la salle obscure du sous-sol. 2. Adiba*, 13 ans, se cache au sous-sol avec d’autres filles pour étudier. 3. Depuis que les talibans ont pris le pouvoir, les femmes doivent être totalement couvertes lorsqu’elles sont en public.

méthode d’enseignement au fur et à mesure, frappée au seul coin du bon sens. « J’essaie de faire un niveau par mois, pour ne pas que les filles s’ennuient, entre les lycéennes qui révisent et les collégiennes qui découvrent, raconte-t-elle. Quand je bute sur quelque chose, par exemple en géographie, je demande à celle qui avait les meilleures notes dans cette matière de donner le cours à ma place. » Entre les miroirs incrustés et les calligraphies murales, l’atmosphère est studieuse. Deux heures de leçon, pas plus, pour ne pas éveiller les soupçons. Tout paraît à l’inverse presque normal dans cette école privée d’un quartier cossu de Kaboul. Pendant la récréation, des rires aigus franchissent le mur épais hérissé de barbelés et emplissent la rue. Il y a bien une affiche placardée sur la porte aux dessins naïfs, mais elle est très répandue depuis quelques mois : la photo d’un voile noir intégral et d’une burqa, assortie d’un décret juridique. Il oblige les Afghanes à recouvrir entièrement leur corps et leur visage, sous peine de sanctions contre un membre masculin de leur famille. Elles sont désormais interdites de voyager seules, de travailler – à d’infimes exceptions près – dans le secteur public, mais aussi de mendier, de faire du sport, de se déplacer sans chaperon masculin ou encore d’étudier certaines matières à l’université… AMER PARADOXE : DEPUIS QUE LA GUERRE CIVILE s’est arrêtée, le pays n’a jamais été aussi sûr, et la demande d’école aussi importante dans les communautés rurales. Dans certaines provinces particulièrement déchirées par le conflit, comme à Ghazni, au sud-ouest de Kaboul, nombre de filles fréquentent ainsi le primaire pour la première fois. Selon la Banque mon-


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“Si les talibans arrivent et que la cloche sonne une fois, on se met sous les tables et on ne fait aucun bruit.”

Une adolescente, élève clandestine dans une école privée de Kaboul

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diale, la moitié des ménages ruraux scolarisent désormais leurs petites filles, contre un tiers l’an passé. Si toutes les écoles secondaires rouvraient, il y aurait vraisemblablement plus d’Afghanes en étude sous les talibans que sous la République soutenue par les États-Unis… À Kaboul, l’école privée visitée par Marie Claire n’a toutefois pas eu le choix. Si les fillettes du primaire ont pu rester, près de soixante-dix collégiennes et lycéennes ont été renvoyées. La direction a également dû se plier à d’autres diktats. Le voile intégral est imposé aux enseignantes, les deux genres sont séparés plus nettement pour qu’ils ne se croisent jamais et les classes sont scindées. Toutes les deux semaines, l’école reçoit la visite des agents du ministère de la Promotion de la vertu et de la Répression du vice, qui veillent au bon respect des nouvelles normes et vérifient que les filles ne dépassent pas l’âge légal. Ils sont reconnaissables à leurs blouses blanches d’infirmiers. Un bon mot de la rue afghane les qualifie déjà de « seuls médecins analphabètes au monde ». Car l’écrasante majorité des talibans est illettrée. « Les toilettes de l’école les obsèdent, comme s’ils imaginaient que les enfants y faisaient des choses sexuelles », commente le directeur, la moue dégoûtée. Nous l’appellerons Samir*, un quadragénaire aux yeux clairs et à l’anglais délicat. Selon lui, les contrôles talibans convergent toujours vers un même but : acter la rupture avec la parenthèse démocratique des vingt dernières années, symbole de dépravation occidentale pour les nouveaux maîtres. Samir admet avoir pris quelques gifles pour • • •


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SUBSTANCE

ÉPOQUE

“Plus les Occidentaux exigent l’éducation des filles, plus les talibans se braquent. Et plus ils marginalisent l’aile libérale de leur mouvement.” Un cadre de l’Onu

non-subordination : il a mis plusieurs mois à chasser la cravate de l’uniforme officiel, quand la police des mœurs considère qu’elle « représente la croix chrétienne ».

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SAMIR N’A TOUTEFOIS PAS ABDIQUÉ. Dans son école, une vingtaine de ses anciennes élèves sont cachées au sous-sol. Courbées sur leur cahier, elles chuchotent au milieu d’une pièce ombreuse et moite, à l’entrée dissimulée sous une pile de cartons. « Voilà ce qu’ils veulent, s’insurge le directeur. Un nouvel ordre islamique où les jeunes filles passent leur journée avec les rats, alors que l’un des

premiers enseignements du Coran est d’assurer l’éducation de nos sœurs et de nos filles. » Seul le sourire éclatant de Ralia* prend la lumière. Encore une lycéenne désœuvrée, transformée en enseignante. Pour ne pas attirer l’attention des élèves du dessus, les gamines sont plongées dans la pénombre. « Elles savent quoi faire si les talibans descendent jusqu’à nous », nous souffle-telle, une pointe de défi dans le regard. « S’ils arrivent et que la cloche sonne une fois, on se met sous les tables et on ne fait aucun bruit, traduit une autre adolescente. Si elle sonne deux fois, c’est qu’ils sont passés par la deuxième entrée, et alors on a le temps de courir se cacher dans la bibliothèque… » Mettre à profit leurs connaissances peut conduire les anciennes lycéennes afghanes au-delà de l’enseignement clandestin. Dans un quartier aux ruelles étroites et ocres, en périphérie de Kaboul, un homme à l’imposante stature passe le râteau dans un cimetière qu’il nettoie pour moins de 1 500 afghanis par mois, environ 17 euros. Le voisinage l’affuble d’un surnom digne d’un conte afghan : « Le croque-mort géant. » Armé de son arrosoir de plastique vert, il baigne aussi d’eau les tombes. Un rite tout en tendresse, qui vise à empêcher la gorge des morts de se dessécher. Mais depuis le 15 août 2021, le Croque-mort géant traîne à sa suite une silhouette toute vêtue de noir aux formes féminines. Sa fille de 17 ans, Soraya*, tient un petit cahier aux feuilles soigneusement quadrillées. Elle y consigne le nom des morts, la date de leur décès, l’emplacement de leur sépulture et la mosquée qui les a

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1. Salima*, 18 ans, dirige une école clandestine cachée dans une mosquée, avec l’accord du mollah qui en est le responsable. Tous les jours, dix-sept filles viennent étudier pendant une heure. 2. Soraya*, 17 ans,

avec son père, qui s’occupe du cimetière et qu’on surnomme le « le croque-mort géant ». Étant la seule de sa famille à savoir écrire et lire, c’est elle qui, sur son cahier, enregistre les morts, note l’emplacement de la sépulture…

3. Cette jeune étudiante a décidé de devenir professeure de « pachto », la langue nationale du pays. Elle donnera ses cours sur Radio Begum, qui devient ainsi un relais pour les femmes interdites d’école.

référés au cimetière. « C’est une activité que j’ai trouvée pour me rendre utile au quartier », dit-elle. Dans son clan, on est gardien de cimetière de père en fils. Aussi longtemps que Soraya s’en souvienne, personne n’a jamais su lire ni écrire. Jusqu’à sa génération, qui a pu briser ce que la jeune femme appelle « une malédiction ». Alors quand, à 9 ans, Soraya a su déchiffrer les lettres sur les bancs de l’école du quartier, cela a signé une petite révolution dans la maison. À L’ABRI DE LEUR MASURE EN PISÉ, devant ses cinq enfants réunis, le patriarche exhibe les piles de devoirs aux commentaires dithyrambiques. Physique, chimie, géographie, anglais… les pages sont si soignées qu’elles ressemblent à « de petites œuvres d’art », commente la mère sans un sourire. Elle-même, vingt ans plus tôt, a appris à lire dans une école clandestine, quand les talibans interdisaient déjà l’éducation aux filles, de 1996 à 2001. La maîtresse de Soraya avait été catégorique, raconte-telle. Celle-ci « serait un jour médecin » et les « sortirait tous de la misère ». En attendant, le régime alimentaire est le même pour tous : du pain trempé dans du thé vert, du riz blanc un soir sur deux. Depuis le retour des turbans noirs, le pays a sombré dans le marasme économique. 70 % de la population ne mange pas à sa faim. Le pays, dont l’économie était sinistrée par quarante ans de guerre, vivait sous perfusion de l’aide internationale. Avec l’arrivée des fondamentalistes, cette assistance a cessé, faisant dégringoler le PIB afghan de 40 %. “LE REFUS DES TALIBANS D’ENVOYER LES AFGHANES À L’ÉCOLE ne per-

mettra pas de relancer la coopération », nous explique un cadre

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de l’Onu, qui requiert l’anonymat. D’après lui, la question de l’éducation des filles est devenue tellement politique qu’elle en est contre-productive : « Plus les Occidentaux l’exigent, plus les talibans se braquent.» Les deux frères de Soraya, anciens travailleurs journaliers, ne trouvent plus d’employeurs. Le coût de la vie a explosé et le propriétaire refuse de baisser le loyer. L’une des solutions serait de marier Soraya, afin d’obtenir une dot conséquente, et soustraire une bouche à nourrir… En évoquant cette option, le père s’attire des regards de foudre. Human Rights Watch (HRW) observe cette année une augmentation des « ventes » de filles afghanes, destinées le plus souvent à combler des dettes, mais aussi des mariages précoces. Pour aider les siens, Soraya souhaiterait ouvrir une école clandestine, elle aussi. Une cousine lui a expliqué le fonctionnement, elle peut espérer jusqu’à 500 afghanis – un peu plus de 5 euros – par mois et par élève. Pour la méthode, Soraya pourrait s’inspirer des cours donnés sur Radio Begum, la radio des femmes, qui dispense le programme collège-lycée six heures par jour depuis un an. Mais, pour le moment, son père trouve l’idée de recevoir des filles sans chaperon chez lui très «inconvenante». À la tombée du jour, une foule de femmes se presse devant la boulangerie attenante, dans l’espoir d’obtenir un morceau de pain. Parmi elles, de très nombreuses jeunes filles, analphabètes. Comme près de 60 % des jeunes Afghanes aujourd’hui. Sans l’espoir d’écoles clandestines, combien seront-elles demain ? (*) Par mesure de sécurité, la plupart des prénoms ont été modifiés et les lieux exacts ne sont pas mentionnés.


x Le Parlement européen

LE PARLEMENT EUROPÉEN SE MOBILISE POUR LES FEMMES EN SITUATION DE PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE Entre 50 et 125 millions d’Européens n’ont pas les moyens de se chauffer en raison de la flambée des prix de l’énergie. Le risque de tomber dans la précarité énergétique touche toujours plus les femmes que les hommes. Le Parlement européen s’est, dès lors, fixé comme priorité d’améliorer la situation des femmes dans l’UE.


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algré l’arrivée du froid, une grande partie de la population n’a toujours pas allumé son chauffage cet hiver. Pas pour faire des économies mais tout simplement par manque de moyens suffisants. Ce sont les mêmes qui, en été, ne peuvent pas se permettre d’acheter des ventilateurs ou des climatiseurs coûteux pendant les vagues de chaleur de plus en plus intenses. Les femmes sont les plus touchées comme le révèlent les statistiques de la Commission européenne. En 2023, elles risquent, davantage que les hommes (22,3% contre 20,4% dans l’UE), de tomber en situation de précarité énergétique, une tendance renforcée par la pandémie de COVID-19. Plus frappant encore, cette différence est plus marquée pour les femmes âgées (en moyenne 37,2% dans toute l’UE), proche de l’âge de la retraite. Il y a plusieurs raisons à cela : la répartition stéréotypée des rôles entre les femmes et les hommes au sein du foyer, toujours bien présente, se traduit par une plus grande difficulté pour celles-ci à trouver un emploi de longue durée. Elles interrompent souvent leur carrière pour s’occuper des enfants et sont beaucoup plus nombreuses à travailler à temps partiel, avec, pour conséquence des pensions sensiblement plus faibles. Elles endossent aussi le rôle de chef de ménage dans la plupart des familles monoparentales, or 40% de celles-ci sont menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale.

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LES FEMMES PEUVENT JOUER UN RÔLE CLÉ

Ces dernières années, l’Union Européenne a pris un certain nombre de mesures pour lutter contre l’accroissement de la précarité énergétique, mais avec des effets limités pour le moment. Au Parlement européen, la Commission des droits des femmes et de l’égalité des genres (FEMM) s’est prononcée pour des mesures plus ambitieuses en matière de précarité énergétique. Les députés insistent sur l’impact disproportionné sur les femmes célibataires, les foyers monoparentaux et les ménages ayant une femme pour chef de famille. L’eurodéputée suédoise du groupe des Verts, Alice Bah Kuhnke, suit ce dossier de près. « Nous savons que les femmes consomment moins d’énergie que les hommes et qu’elles peuvent donc jouer un rôle clé dans la transition vers des modes de consommation plus durables », explique-t-elle. « Nos politiques énergétiques et climatiques doivent tenir compte du fait que le changement climatique et ses causes ont des impacts sur les femmes. Si on abandonne ces politiques qui ne tiennent pas compte de la notion de genre, alors on parviendra à mettre en place des solutions qui permettent de lutter contre les inégalités de

genre et le changement climatique, et ainsi atteindre la justice climatique ». La commission des droits des femmes a également rédigé un rapport sur « La pauvreté des femmes en Europe », qu’a coordonné l’eurodéputée socialiste espagnole Lina Gálvez Muñoz. « Les principales recommandations consistent à proposer une stratégie européenne ambitieuse en matière de réduction de la pauvreté pour 2030, avec des objectifs concrets et un accent sur les femmes en situation de pauvreté », explique Lina Gálvez Muñoz. « La dimension de genre doit être intégrée à tous les niveaux du budget de l’UE. Les législations économique et sociale doivent promouvoir l’égalité de genre en tenant compte du fait que la pauvreté touche les femmes de manière disproportionnée. »

d’une stratégie européenne globale qui tienne compte de l’égalité des genres en matière de précarité énergétique. Nous demandons des lignes directrices spécifiques sur lesquelles nos États membres pourront se baser pour s’attaquer au problème de manière structurelle », déclare Alice Bah Kuhnke. « C’est une bonne occasion de demander à l’UE et aux États membres de mieux mesurer la pauvreté, y compris dans une perspective de genre afin de protéger les femmes vivant dans la pauvreté énergétique. Cela permettra d’apporter une réponse appropriée et coordonnée pour faire face à l’impact à long terme de la crise énergétique, en garantissant des services publics abordables aux ménages à faible revenu, et en particulier aux femmes âgées et aux mères célibataires », conclut Lina Gálvez Muñoz.

TABLE RONDE AU PARLEMENT EUROPÉEN

L’organisation par le Parlement européen d’une table ronde sur cette thématique le 1er mars prochain montre que la précarité et son impact sur les femmes figurent parmi les priorités de l’institution. Des représentants de tous les parlements nationaux et du Parlement européen se réuniront pour veiller à ce que les initiatives en vue de lutter contre la précarité énergétique tiennent compte des besoins et des défis spécifiques des femmes. La réflexion portera notamment sur le soutien à apporter aux mères et aux femmes célibataires et sur les moyens à mettre en œuvre pour accroître leur indépendance économique. L’objectif sera aussi de permettre à un plus grand nombre d’entre elles d’être pleinement impliquées dans les discussions sur ces différents thèmes. « J’espère que nous parviendrons à envoyer un message clair à la Commission européenne afin qu’elle comprenne que nous avons besoin de toute urgence

Lina Gálvez Muñoz

Alice Bah Kuhnke Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec le Parlement européen. www.europarl.europa.eu


42 SUBSTANCE CULTURE

L’INCOMPARABLE VERMEER Combiner quelques jours à Amsterdam avec une visite au prestigieux Rijksmuseum, où se tient actuellement la plus grande exposition jamais consacrée à Johannes Vermeer, voilà la riche idée pour ce printemps ! Veillez à réserver votre billet d’entrée bien à temps, car l’évènement est le must-see de la saison. Par Etienne Heylen

Scènes d’intérieur tranquilles de renommée mondiale, utilisation sublime de la lumière vive et colorée, illusionnisme convaincant… On aime tous Vermeer ! Jamais il n’avait été possible de réunir autant de tableaux du maître de Delft. Dans cette expo inédite, vingt-huit de ses œuvres sont présentées, dont certaines pour la première fois aux Pays-Bas. La Liseuse à la fenêtre, récemment restaurée (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister), Le Verre de vin (Berlin, Gemäldegalerie), La Jeune fille à la perle (La Haye, Mauritshuis), La Dentellière (Paris, Louvre) et La Femme à la balance (The National Gallery of Art, Washington), en plus des quatre tableaux propres, comme La Laitière. On vous recommande également de visiter le site Dichter bij Johannes Vermeer (rijksmuseum.nl/ johannes-vermeer), véritable immersion dans le monde de l’artiste. Grâce aux photos en ultrahaute résolution, vous pouvez zoomer sur les moindres détails de La Laitière ou Soldat et jeune-fille riant et de bien d’autres chefs-d’œuvre. Passionnant ! Johannes Vermeer, La Liseuse à la fenêtre, circa 1657-1659.

Vermeer, jusqu’au 4 juin au Rijksmuseum à Amsterdam. Info et billets : rijksmuseum.nl (également ouvert le soir le jeudi, le vendredi et le samedi).

AGENDA 236 - Land(es) capes from the 20th convoy

Voici 80 ans, le 20e convoi quittait Dossin pour Auschwitz. 236 des 1631 prisonniers ont réussi à sauter du train de la mort. Le photographe Jo Struyven montre des images des paysages qu’ils ont dû voir au moment de leur évasion. Puissant. Jusqu’au 14 août au Musée juif de Belgique, rue des Minimes 21. mjb-jmb.org GRAND-HORNU

Michele De Lucchi & AMDL CIRCLE. Futuro Gentile. A Kind Future.

L’un des plus grands architectes et designers

contemporains et son studio AMDL Circle se penchent sur l’approche humaniste de leurs projets, centrée sur la constante évolution des besoins de l’être humain.

Jusqu’au 28 août au CID, rue Sainte-Louise 82. cid-grand-hornu.be ROTTERDAM

Hafiz, Sabiha Çimen

Ce photographe autodidacte (°1986) dresse le portrait d’élèves d’écoles coraniques turques pour filles. Ils étudient pour le titre de « hafiz », ce qui fait d’eux des « gardiens de l’islam ». Ses portraits percutants sont entrecoupés d’images quotidiennes de la vie scolaire. Jusqu’au 7 mai au Kunsthal. kunsthal.nl

LA LOUVIÈRE

Willy Anthoons, L’esprit de la matière

Première rétrospective consacrée à cet artiste capital de l’avant-garde belge, l’un des fondateurs de la Jeune Peinture belge, collectif au sein duquel il est le seul représentant de la sculpture. Jusqu’au 14 mai 2023 au MILL, Place communale 21. lemill.be

GEMÄLDEGALERIE ALTE MEISTER, DRESDEN.

BRUXELLES


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EXPO

Un soupçon de culture au gré des moments de la journée. Par Etienne Heylen et Aurélia Dejond

LE GRAND NORD Pour l’une des premières expositions de l’année, Bozar met à l’honneur la Suède, pays que nous connaissons principalement pour ses ingénieurs et entrepreneurs pragmatiques et pionniers. On pense moins à un aspect pourtant important (mais moins connu) de la vie mentale, qui s’exprime elle aussi à travers l’art et la littérature. Bozar présente le travail d’un certain nombre de figures de proue de cette scène artistique suédoise, inspirées par le spirituel et l’occulte. Le fer de lance de ce mouvement était Hilma af Klint (1862-1944). Avec quatre artistes partageant les mêmes idées, elle forma le groupe De Fem (Les Cinq). Son travail radical et d’avant-garde a été une révélation dans le monde de l’art international ces dernières années. L’expo propose un voyage à la limite du psychédélique. Swedish Ecstasy, jusqu’au 21 mai à Bozar à Bruxelles. Info : bozar.be

Swan, Hilma af Klint, 1914, courtesy of the Hilma af Klint Foundation.

THE MODERNA MUSEET, STOCKHOLM.

REMÈDE CONTRE LA SOLITUDE Melanie Bonajo porte plusieurs casquettes. Artiste, cinéaste, sexologue et coache en sexologie somatique, éducatrice, superviseure d’ateliers de câlins et activiste ! À travers des vidéos, des performances, des photos et autres installations, elle explore comme personne les enjeux actuels du vivre ensemble dans un système capitaliste. Son travail présente des méthodes pour se reconnecter et approfondir des thèmes tels que la sexualité, l’intimité et les sentiments. Dans cette installation vidéo immersive, l’artiste réunit un groupe de personnes genderqueer internationales, dont beaucoup ont une identité biculturelle. Le résultat ? Un enchantement collectif, où le skinship (ndlr : l’acte de créer un lien par contact

physique) est célébré. Avec cette œuvre, Melanie Bonajo a été choisie pour représenter les Pays-Bas à la Biennale de Venise en 2022. Melanie Bonajo, When the body says Yes. Jusqu’au 4 juin au Musée de la photo d’Anvers. Info: fomu.be

When the body says Yes, 2022, Melanie Bonajo. HD video film, installation in coll. with Théo Demans, comm. by Mondriaan Fonds.


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SUBSTANCE

CULTURE

“ 30 ANS DE CARRIÈRE, C’EST UNE HISTOIRE LONGUE”

LAURENCE BIBOT

Son nouveau spectacle, Je playback, n’aurait pas vu le jour sans Instagram. Laurence Bibot y incarne une série de femmes de tous milieux, tous âges et même de différentes époques modernes. Et d’une certaine manière, c’est un « all-women-show ». Interview. Par Joëlle Lehrer

Laurence Bibot possède une collection impressionnante de perruques, vêtements et accessoires pour endosser les personnages de ses capsules vidéo. Son Je playback, titre de son nouveau spectacle, est entièrement basé sur ce concept. Sans Instagram, il n’aurait pu voir le jour.


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de les découvrir ensemble et de rire ensemble. Le spectacle sera constitué de la projection de ces capsules, d’une part et de leur histoire, d’autre part. J’ai réalisé près de deux cents capsules. Et elles seront triées en fonction de leurs thématiques. Ces vidéos disent beaucoup de l’évolution de la condition des femmes comme de leur représentation dans les médias puisqu’elles commencent dans les années 60 pour se terminer en 2008. Avant les réseaux sociaux, vous n’auriez pu imaginer un tel format.

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ais oui, il y a toujours un côté Miss Bricola chez Laurence Bibot… Capable avec quelques bouts d’archives audio de monter des cap sules vidéo, puis, une expo, et même un spectacle entier. On en a donc causé autour d’un divin Earl Grey. Votre nouveau spectacle s’intitule Je playback. Vous avez inventé un verbe ?

Oui, je playback, tu playback, nous playbackons. Tout le monde peut playbacker. En réalité, je fais du lipsync, je mime des personnes en train de parler. Je n’imite pas leur voix. J’incarne leur attitude, leur regard.

PRESSE.

Ce show s’inspire directement des capsules vidéo que vous postez sur YouTube ainsi que sur les réseaux sociaux depuis 2017.

En effet, au début, j’en postais une par semaine. Un peu moins les derniers temps parce que mes sources, les archives de la Sonuma et des interviews sur Auvio, se sont un peu asséchées. J’ai d’abord fait une expo au Musée de la Photographie de Charleroi et puis, j’ai eu envie de les exploiter autrement. La plupart du temps, ces capsules, on les regarde seul.e et on rit seul.e. J’ai pensé que ce serait chouette

Absolument. En fait, c’est venu de deux facteurs. D’abord, celui de l’ennui qui me pousse à chercher, fouiller et créer. Je trouve que c’est vertueux de s’ennuyer. Puis, j’ai découvert Instagram grâce à mon ami Thierry Struvay et à ma fille Angèle. J’ai immédiatement compris le côté ludique de ce réseau. J’ai commencé par un petit playback de trente secondes et j’ai eu de bons retours. Donc, oui, c’est l’outil Instagram qui a permis de diffuser ces capsules. C’est votre art de comédienne qui vous permet d’interpréter ces personnages réels. Et vous ne faites jamais du copier-coller.

Je choisis les moments dans ces interviews, trouvées dans les archives de la Sonuma ou sur Auvio, qui m’amusent, me touchent ou me révoltent. Mon but est d’incarner ces femmes et de leur rendre justice. Je vais mettre une loupe sur ce qu’elles veulent nous dire. Parfois, c’est troublant. Dans mes précédents spectacles, je partais toujours de la réalité pour créer des personnages. Pour ces capsules, j’ai tout tourné chez moi. J’ai exploité chaque pièce et chaque recoin de mon appartement. J’en ai très peu fait à l’extérieur à cause du bruit. J’avais l’impression d’être Méliès. Je bricolais, je m’occupais moi-même de l’éclairage, je faisais mes décors et le stylisme. Et tout ça m’éclate ! Cela vous pousserait-il à imaginer la mise en scène d’un long format ?

Je ne pourrais pas parce que je ne suis pas directive. Je n’aime pas trop recevoir des ordres et je n’aime pas en donner. C’est pour ça que je travaille seule.

Je n’ai pas de problème à être dirigée mais je suis rétive à l’autorité. Ce que vous recherchez encore dans ce métier, c’est de pouvoir faire des choses ludiques ?

Ah oui, si je ne m’amuse pas, je ne peux pas le faire ! Il faut qu’il y ait du plaisir. Et vous avez ressenti cela tout au long de votre carrière ?

Oui, ma chance, c’est que j’ai un public qui m’a suivie. Alors, je ne suis pas du genre à dire : « Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous » parce que le lyrisme, ce n’est pas mon truc. Mais trente ans et quelques de carrière, c’est une histoire longue. Vous êtes également chroniqueuse radio sur La Première et sur France Inter. Comment expliquez-vous que les radios soient aussi friandes de comédien.ne.s ?

Elles sont surtout friandes d’humoristes. Et de beaucoup de gens qui viennent du stand-up et qui sont habitués à un format court. Et ce sont souvent des personnes qui écrivent ellesmêmes leurs sketches. Vous êtes la maman de deux stars, Angèle et Roméo Elvis. Vous devez être super fière !

Je suis très contente que mes enfants fassent ce qu’ils aiment et que ça fonctionne. Ils auraient choisi un autre métier, j’aurais été tout aussi contente. L’idée est que les enfants s’émancipent et partent, même si on se sent très démunis quand ils s’en vont. Je suis contente qu’ils se soient envolés bien haut. Et vous, après ce spectacle Je playback, allez-vous vous remettre à l’écriture d’un one-woman-show ?

Pour l’instant, je n’en ai pas envie. J’ai l’impression d’avoir dit beaucoup. Et puis, physiquement, c’est lourd. Après ce spectacle, je trouverai des choses différentes à faire. Et quand j’aurai des petits-enfants, je crois que je leur écrirais des histoires. Cela me plairait beaucoup. Le 10 mars au Central à La Louvière, le 13 avril au Wolubilis à Bruxelles, le 15 avril à la Sucrerie de Wavre, infos et réservations livediffusion.com


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MUSIQUE

Ce mois-ci, on retrouve de vieilles connaissances et on découvre Yves Tumor, un phénomène venu de Miami qui a bien ce qu’il nous faut pour accueillir le printemps. Par Joëlle Lehrer

ON RETROUVE

La Grande Sophie

Elle craint d’être balayée mais il n’est certainement pas temps de lui dire Dégage ! à La Grande Sophie. Une artiste complète qui a, en plus des chansons, réalisée elle-même la pochette de ce neuvième album intitulé bien justement La Vie moderne. Avec sa poésie, son humour et sa tendresse aussi, La Grande Sophie reste une valeur sûre de la chanson française. La Grande Sophie, La Vie moderne, Universal Music, en concert le 9 mars au Cirque Royal.

ON DÉCOUVRE

Yves Tumor

Oups, on n’avait pas eu de nouvel album de dEUS depuis dix ans ! Bien sûr, il y a eu la pandémie et des projets parallèles mais tout de même. Alors, voici que réapparait l’un de nos meilleurs groupes l’année où la vie semble reprendre des couleurs. Ce huitième album pose la question de savoir comment ne pas changer une marque de fabrique tout en proposant quelque chose de neuf. D’où le titre How To Replace It. Alors, il y a une chose que le groupe ne semble pas trop vouloir mettre en avant, c’est tout de même la présence de Lise Lorquet, une chanteuse flamande que l’on entend, avec Tom Barman, sur deux morceaux, 1989 et Le Blues polaire. Ce dernier titre est entièrement chanté en français, car, d’après Tom, cette langue permet le « parlando ». Ailleurs, pourtant, dans l’intro de Dream Is A Giver, il s’y essaie avec succès. 1989 et Never Get You High font partie des meilleurs moments de ce nouveau dEUS. dEUS, How To Replace It, PIAS, en concert du 14 au 17 mars à l’AB, le 25 juin au Live /s Live à Anvers et le 15 juillet à Dour.

ERRATUM Dans notre numéro de février, page 48, nous avons malencontreusement écrit que YellowStraps était, dorénavant, porté uniquement par Alban Murenzi. Il fallait, bien sûr, comprendre Yvan Murenzi. Qu’ils nous excusent l’un comme l’autre.

Yves Tumor, Praise a Lord Who Chews but Which Does Not Consume (Or Simply, Hot Between Worlds), Warp/V2, sortie le 17 mars.

ON LIT

Stromae

Notre confrère et ami, Thierry Coljon, du journal Le Soir, signe un document reprenant le phénomène Stromae. Soit dix années intensives souvent, dépressives parfois (comme on le sait) et qui représentent un succès belge comme jamais (depuis Jacques Brel) la chanson de chez nous ne l’avait connu. À lire tout en réécoutant le dernier album du Maestro, Multitude et/ou en allant l’applaudir les 16 et 17 mars au Palais 12 ou plus tard sur d’autres dates de sa tournée. Thierry Coljon, Les dessous d’un phénomène, Ed. Mardaga.

JORIS CASAER. 2021 MICHAEL FERIRE. PRESSE.

ON AIME dEUS

Son vrai nom est Sean Bowie, on comprend qu’il ait cherché un pseudo…Cet Américain, de Miami, aime le post-punk, les lyrics et vidéos plutôt explicites, la pop qui se réinvente et les titres d’albums longs comme ses deux bras. Produit par Noah Goldstein (connu pour son travail avec Rosalia et Rihanna), ce nouvel opus sera testé en live sur le public de Coachella. Et il aligne quelques titres puissants et innovants comme Echolalia et Fear Evil Like Fire.


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CINÉMA

Mois des César, des Oscars et aussi des Magritte, Mars est traditionnellement voué tout entier au 7è art. Avec quelques belles nominations dans notre sélection. Par Joëlle Lehrer

ON AIME Steven Spielberg raconte, dans The Fabelmans, comment il est devenu réalisateur de cinéma. Et l’un des plus illustres. Ce film, très autobiographique donc, suit une famille juive américaine libérale, du début des années 50 jusqu’aux années 60, dont le fils (joué par l’excellent Gabriel LaBelle) s’ingéniera, très jeune, à filmer les accidents de son train électrique avant d’imaginer des westerns avec ses potes scouts… Dans sa famille aimante, le subit divorce des parents amènera le gamin à suivre son père (Paul Dano) à Los Angeles, là où une brillante carrière l’attendra. Sa rencontre avec John Ford lui permettra de recevoir une leçon d’art essentielle. Nostalgique mais aussi très amusant par moments, The Fabelmans est nominé à l’Oscar du meilleur film. Verdict le 12 mars. The Fabelmans, de Steven Spielberg, avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams et Paul Dano, en salles.

ON EST ÉMU.E.S

PRESSE.

Sam Mendes rassemble plusieurs thèmes dans Empire of Light. Son amour du cinéma (dans les salles), le problème de la bipolarité, mal dont sa mère était atteinte, le racisme dans l’Angleterre des années 80, l’amour entre personnes d’âge et de couleur différents… Se déroulant sur la côté anglaise, dans le Kent, Empire of Light réunit la magnifique Olivia Colman et le jeune acteur à suivre, Michael Ward. La connexion entre ces deux-là est particulièrement touchante. Ce film est nominé à l’Oscar de la meilleure photographie. Empire of Light, de Sam Mendes, avec Olivia Colman, Michael Ward, Colin Firth et Toby Jones, sortie le 8 mars.

ON PART EN FORÊT

Petite comédie dramatique belge au sujet intéressant, Ailleurs si j’y suis rassemble plusieurs personnages qui ont envie de changer de vie. Et pensent qu’un divorce, une plongée en forêt, une démission ou la vente de leur maison pourraient les conduire à ça et à l’idée du bonheur qu’ils se font. Jérémie Renier, principal rôle masculin, campe celui qui déclenchera une micro révolution autour de lui, en s’enfonçant dans la forêt… Ailleurs si j’y suis, de François Pirot, avec Jérémie Renier, Suzanne Clément et Jean-Luc Bideau, sortie le 15 mars.

ON EST SENSIBLES

Deuxième volet de la trilogie de Florian Zeller, The Son s’attache, une fois encore, à dépeindre un personnage atteint d’une maladie mentale, ici, la dépression, et de dévoiler comment elle modifie la vie de ses parents. Le fils, incarné par Zen McGrath, teenager pas bien remis de la séparation de ses parents, est le personnage pivot de ce drame. Son père, admirablement interprété par Hugh Jackman, va être amené à revoir ses plans professionnels pour s’occuper de ce fiston. Finement observé. The Son, de Florian Zeller, avec Hugh Jackman, Zen McGrath, Vanessa Kirby et Anthony Hopkins, sortie le 1er mars.


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SUBSTANCE

CULTURE

LIVRES Par Aurélia Dejond

À dix-huit ans, elle annonce qu’elle ne prendra, en effet, pas le même chemin que les autres. De façon générale, nous vivons dans une société où les injonctions faites aux femmes sont encore extrêmement clivantes. Oser être pleinement soimême et attentive à ses propres envies reste un chemin jonché d’embuches. Or, chacune devrait être totalement libre de devenir actrice de son existence, plutôt que d’en rester spectatrice. S’autoriser à choisir ne va pas encore de soi, quel que soit le genre. Les hommes, comme les femmes, restent très emprisonnés dans des diktats sociétaux forts, régis notamment par le culte de la performance. Être à l’écoute de soi n’est pas encore assez une priorité.

égalité-sororité-liberté Dans Le monde que l’on porte, son sixième roman, l’ex-avocate, devenue autrice, sonde la sororité et interroge la destinée. Si les injonctions faites aux femmes ne les autorisent pas toujours à être pleinement actrices de leur vie, son héroïne, véritable modèle inspirant, ose briser les règles. La solidarité est un thème transversal dans vos romans, est-elle différente entre femmes ?

Je pense que dans un groupe exclusivement féminin, il existe une sorte de magie impalpable, mais puissante, qui permet d’être davantage soi-même parce que l’on est entre pairs. La sororité est un pilier et un outil vers l’égalité, c’est une sorte de pacte émotionnel et éthique, une complicité sans égale qui peut contribuer à changer le monde. Dans mon roman, on a affaire à un clan de femmes qui en accompagnent d’autres dans leur accouchement, de génération en génération. L’empathie entre femmes est un réel outil sociétal et génératrice de moins d’inégalités. Ce clan a une destinée sans faille, jusqu’au jour où l’une d’entre elle décide de casser les codes…

Complètement. L’introspection que vit l’un de mes personnages est essentielle dans la quête de sens individuelle. Je suis une grande optimiste de nature, je pense que tout est compliqué, mais que tout est possible aussi ! Il était important pour moi de faire passer l’idée que l’on peut prendre sa destinée en main. La connaissance de soi est primordiale pour réussir à se trouver, à comprendre pourquoi on est fait, pourquoi on exerce un métier et pas un autre… Mon héroïne est un modèle inspirant dans une société qui encourage ou soutient encore trop peu les femmes, même s’il est rassurant de constater que les lignes bougent…cela me met en joie ! Un autre grand thème du roman, c’est l’école démocratique. Un idéal ?

Un roman est une formidable tribune pour explorer des thèmes sociétaux majeurs. L’école en est un. La joie d’apprendre se transforme trop souvent en obligation et la valeur d’un enfant reste à mes yeux encore trop souvent associée à ses résultats scolaires. L’enfant devrait avant tout être considéré comme l’égal d’un adulte. On martèle sur les inégalités hommes/femmes et on a raison, mais on a tendance à oublier que l’école peut creuser les inégalités sociales, notamment. L’enseignement est un enjeu majeur et son avenir devrait être au centre du débat. Le monde que l’on porte, Alia Cardyn, 21 €, Robert Laffont Instagram :@aliacardynecrivain

MATHIEU GÉNON. PRESSE.

ALIA CARDYN,

C’est tout le sens de la vie qui en est impacté ?



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TÊTE-À-TÊTE(S)

Les Mots d’Andréa Bescond Avec Les Chatouilles, le seule-en-scène puis le film sur son enfance violée, elle a provoqué un véritable séisme. Guerrière dans l’âme, la comédienne et réalisatrice défend aujourd’hui son premier roman Une simple histoire de famille (1), récit poignant de destins brisés. Écorchée vive mais relax, souvent hilarante, elle nous reçoit chez elle pour évoquer cette colère qui ne la quitte pas, ses batailles mais aussi son quotidien avec un grand sens de la dérision. Et, surtout, sa furieuse envie de vivre. Par Catherine Castro Photos Marguerite Bornhauser

En sonnant à l’interphone d’un immeuble du 15e arrondissement de Paris mieux protégé qu’Alcatraz, on se demande à quoi s’attendre. De l’autrice-actrice-réalisatrice, on connaissait Les Chatouilles, succès choc au théâtre en 2016 et au cinéma en 2018 (2), où elle racontait son traumatisme d’enfant victime d’un pédocriminel. On la suit sur son compte instagram. En termes d’impact, ses posts ont la discrétion d’une pelleteuse dans un jardin à la française. Un cauchemar pour le patriarcat en costard ou en jogging. « Tu es un homme de 25 ans. Le 31 décembre, tu as tué ta compagne de plusieurs coups de couteau. » « Tu es un homme de 44 ans, tu as violé pendant plusieurs mois un garçon de 14 ans. » « Tu es Gérald Darmanin, ton procès en appel pour viol démarre aujourd’hui. » Effarant, nécessaire. Bescond est une cavalerie à elle toute seule. Tous les jours, elle sonne la charge. La femme de 43 ans qui nous ouvre sa porte dix minutes avant minuit le lendemain de Noël affiche une mine avenante de fille trop sympa qui mettrait à l’aise un consortium de notaires. Pieds nus, poids plume, elle embraye direct : « Vous voulez du vin blanc ? J’ai pris des huîtres aussi. » Séparée d’Éric Métayer, metteur en scène et père de ses enfants, elle vient d’emménager en coloc avec son meilleur ami dans cet appartement moderne aux murs presque nus. ELLE REMPLIT LES VERRES, va farfouiller pour chercher un truc, ne trouve pas. « Tu aurais un briquet ? » Et de se mettre à raconter comment elle a arrêté de fumer. « J’ai un train à prendre à Gare de Lyon. Un labrador arrive vers moi en remuant la queue. Je le caresse, trop mignon, bon chien. J’entends : “Madame, ouvrez vos bagages s’il vous plaît !” » Embarquée dans son récit, elle se lève pour se livrer à un vrai sketch. Stand-up à domicile. « Dans ma valise, j’ai de la beuh pour une semaine, pour mon petit pétard du soir sinon je dors pas, • • •



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TÊTE-À-TÊTE(S)

Y avait des gars avec nous, hyper réglos, même bourrés. » Fin des “J’ai beaucoup de années 90, elle est admise au Conservatoire national de musique et de danse de Paris. Son père lui trouve une violence en moi. (…) chambre, rue Petit. « J’ai 16-17 ans, c’est la liberté ! Drogue, castagne. » Sa sphère, c’est la rue, sa dégaine, le grunge Mais je travaille sur moi. picole, et le hip-hop, sa drogue, le shit. Elle se bat beaucoup, avec des du quartier, avec ses petits copains. En guerre. « Ce qui La violence, c’est de la grands me déclenchait, c’était la misogynie. À cette époque, j’étais vive et » La rage protège. Ou pas. « Une fois, j’ai pris la tête fainéantise, c’est facile.” musclée. à un connard qui avait affiché mon meilleur ami dans le métro. Il m’a rétamée. Bam ! Patate, balayette, manchette, la totale. » Elle n’a alors pas d’argent. « Je me faisais de la thune en portant le bédo. Avec ma gueule, j’étais jamais contrôlée. » Son surnom alors : la rouleuse. « J’adorais rouler. »

quatre grammes, une dose homéopathique. Je dis au flic : “Mec, déconne pas, je peux pas rater mon train.” » La danseuse-comédienne a gagné le Molière du Seule-en-scène pour Les Chatouilles en 2016, on comprend pourquoi. « J’ouvre ma valise, le flic commence à tout retourner : “Pas les culottes, le pull vert, je te dis.” “Faut pas que je rate ce train, donne-moi l’amende.” Je lui file ma carte bleue, mais j’ai atteint mon plafond. Le flic, sympa, me dit : “Je vais détruire la beuh devant vous.” “Mais non, gardez-la !” Il est mort de rire : “Je peux pas Madame.” Voilà comment je me suis retrouvée à arrêter de fumer. Serrée par un labrador ! » Les coups de gueule d’Andréa Bescond sont aussi efficaces que son pouvoir comique. Elle fumait encore pendant qu’elle écrivait son premier roman, Une simple histoire de famille. Une fiction à trois voix qui explore la transmission générationnelle de la violence et des secrets. Qui pose la question de la vengeance. Se venger de l’homme qui l’a violée enfant, « le crever, le dépecer », elle en rêve souvent. Dans sa famille, une est déjà passée à l’acte. Son arrière-grand-mère, « Mémé Picard », qui a tué son mari à la suite de violences conjugales. « Avec un gourdin », précise-telle. Le livre est né de cette révélation familiale. « Le transgénérationnel, ce n’est pas qu’un concept. Peut-être que cette colère est arrivée jusqu’à moi depuis que cette femme a dit : “Ras le cul !” » La violence laisse des traces ineffaçables chez ceux qui l’ont subie. Sa mère la tapait, beaucoup, son père ne l’en empêchait pas. Andréa Bescond est au combat, partout, tout le temps. « J’ai beaucoup de violence en moi, je peux crever quelqu’un en deux secondes, je te jure. Mais je travaille sur moi. La violence, c’est de la fainéantise, c’est facile. » Caroline Marson, son éditrice, décode. « Elle n’est pas que colère, pas du tout. Elle a foi en l’être humain. C’est une femme très complexe, une surdouée. »

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ELLE A 8 ANS ET DEMI quand ses parents, marchands de fruits et légumes sur les marchés, quittent le Morbihan pour s’installer à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne. Elle a 9 ans quand le pédocriminel la viole, « n’importe quand, à l’athlétisme, pendant les fêtes entre adultes ». La petite fille passe ses nuits à lire et relire Helen Keller petite fille. L’histoire d’une jeune aveugle, sourde, muette, très en colère, qui découvre la langue des signes. Andréa Bescond, elle, découvre la danse. À 13 ans, elle intègre l’école de danse internationale à Cannes en internat. « On faisait le mur pour aller fumer des pétards sur la plage.

DANSER LA SAUVE. À 22 ans, elle porte plainte contre le pédocriminel qui l’a violée et découvre qu’il a eu d’autres proies. « Il a été jugé en 2006, libéré en 2010. Je continue à le surveiller. À sa sortie de prison, il a travaillé dans une association de cyclisme, t’imagines ? J’ai appelé pour les prévenir. » La création des Chatouilles pourrait être une preuve de résilience. Cela n’a rien réglé. « La cicatrice est là. À certains moments, elle devient une crevasse. » Comme en 2021, quand la loi sur les violences sur mineur·es a été votée. Pour rappel, ce texte n’intègre pas l’imprescriptibilité, les mineur·es violé·es par un adulte ne sont protégé·es que si l’agresseur a cinq ans de plus que sa victime, et en cas d’atteinte sexuelle, preuve doit être faite qu’il y a eu pression sur elle. « Cela, après la sortie de La Familia grande (3) et #MeTooInceste ! J’étais hyper en colère contre le gouvernement. » Elle qui avait cru rallier Brigitte Macron à son combat contre les violences sexuelles dit qu’elle s’est sentie instrumentalisée : « Brigitte, elle était sincère. Mais elle n’a pas le pouvoir. » Elle raconte un dîner à l’Élysée avec la première dame. « J’ai commencé à gueuler sur son mari. Nommer DupondMoretti ministre de la Justice ? L’avocat des filles Mannechez, violées par leur père, mais engagé par le père violeur incestueux ? » Les mots « inceste heureux » prononcés à l’audience et la légèreté de la condamnation, cinq ans de réclusion dont trois avec sursis, révoltent Andréa Bescond. Remontée comme une pendule, elle fait le show, sur le fil du rire et de la fureur. Et d’ajouter que régulièrement, elle envoie ses posts instagram à Brigitte et Emmanuel Macron et Éric Dupond-Moretti. Elle se marre. « Je pense qu’ils m’ont bloquée. » Un coussin de méditation à l’imprimé tropical attend son heure près d’un fauteuil. Elle l’a piqué dans une grande surface. « 75 balles, c’était trop ! J’ai dit aux enfants : “Vous faites pas pareil” et je suis partie avec sous le bras. » Andréa Bescond parle de violence toute la journée, mais elle adore faire la fête, « faire la conne ». « J’aime vivre. » Pendant le confinement, elle regardait les étoiles avec ses enfants et son compagnon. La voûte céleste piquée de points lumineux lui donnait espoir. « Il y avait de l’après, de l’avenir. » Il est 2 h 30. Chez elle, Andréa Bescond était l’enfant qui parlait trop. « Pour être sage, il aurait fallu que je m’éteigne. » Cela ne risque pas d’arriver. 1. Éd. Albin Michel. 2. Après avoir adapté leur pièce au cinéma avec

Éric Métayer, ils coréalisent Quand tu seras grand, avec Marie Gillain, Vincent Macaigne, Aïssa Maïga… En salle le 26 avril. 3. De Camille Kouchner, éd. du Seuil.




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Papa, où t’es ? « Tout le monde sait comment on fait des bébés, mais personne ne sait comment on fait des papas », chante Stromae. Le congé de paternité, c’est un bon début pour l’apprendre. Et en bonus, il améliore l’intimité et le sexe au sein du couple. Voici pourquoi. Par Marie Geukens et Aurélia Dejond. Photos Ringo Gomez-Jorge

“ Un bébé a besoin de soins en permanence. Comment communiquons-nous à ce sujet? ” HAMED 31 ANS,PÈRE DE SAHAR, 9 MOIS Lorsque Sahar est née en mai 2022, Hamed comblait un fort désir d’enfant. Il a pris deux des trois semaines de congé de paternité. « À cette période, ma fonction ne me permettait pas de m’absenter trois semaines d’affilée. J’ai pris la dernière semaine plus tard. C’était important, le travail ne doit pas avoir d’impact négatif sur la famille et l’éducation des enfants. Mon patron de l’époque, aujourd’hui mon associé, était très content pour moi et ne m’a pas mis de bâtons dans les roues. » Hamed a estimé qu’il était primordial de vivre les premiers jours de Sahar, non seulement pour

apaiser ses incertitudes en s’occupant du bébé, mais surtout pour soutenir sa femme. Elle avait accouché par césarienne et avait besoin de se reposer. « La relation est mise à l’épreuve pendant cette période, un bébé a besoin de soins en permanence. Comment communiquons-nous à ce sujet l’un avec l’autre, et qui fait quoi ? Heureusement, nous avons eu de bonnes conversations. On apprend à interagir. Nous sommes toujours ensemble, donc ça a marché. (Rires). Ce serait un bon signal du gouvernement de rendre le congé de paternité obligatoire. Mais alors l’allocation devrait être de 100 %. »

Dans les années 90, le modèle du soutien de famille a progressivement été remplacé par le modèle à deux revenus, dans lequel l’homme et la femme contribuent financièrement au ménage. Mais ce modèle a omis la redistribution du travail non rémunéré et invisible au sein de la cellule familiale. La raison est simple : les femmes se référaient encore à leurs mères et grands-mères au foyer, attentionnées, et elles se sont mises à nettoyer, laver, récurer, cuisiner, ranger mais aussi organiser les loisirs et les repas, penser aux cadeaux et aux activités, conduire les enfants à l’école, etc. Vous avez déjà entendu parler de la charge mentale ? De plus, ces tâches sont chronophages, souvent répétitives et, surtout, non rémunérées. De quoi se sentir, au minimum, sous-estimées. Pourtant, selon la sociologue Riet Ory, il ne faut pas nécessairement le percevoir ainsi. Avec Eva Brumagne, elle a écrit le livre Het is hier geen hotel! Hoe je samen het huishouden aanpakt. (Ce n’est pas un hôtel ici. Comment aborder le ménage ensemble. Non traduit en français) « L’exécution de ces tâches s’accompagne en effet de multiples émotions. Mais ceci montre aussi notre humanité et notre attachement pour nos proches. Pour de nombreux parents, une maison est un havre de paix. Le ménage sert souvent à mettre de l’ordre dans ses idées. Il peut donc aussi être fait avec amour et se révéler bénéfique. Il devient une source de frustration et d’épuisement par manque de temps, et quand il faut l’assumer seule. Une source de stress aussi. Le travail non rémunéré est essentiel à la vie de famille, aux relations humaines et donc à la société, et il faut y consacrer beaucoup plus de temps. Or, disposer de plus de temps peut transformer le ménage en une expé- • • •


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rience complètement différente. Mais le temps nécessaire aux charges familiales est justement devenu une denrée rare dans le modèle à deux revenus. Ça signifie que nous devons non seulement considérer le temps de chacun comme équivalent, mais aussi l’inclure dans les modèles économiques. » Il faut donc oser envisager de nouveaux modèles sociaux, comme une économie des soins, dont le congé de paternité obligatoire constitue une part très importante.

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LES BASES DE LA FAÇON DONT LE COUPLE VA SE PARTAGER LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS ET DE LA MAISON SONT JETÉES AU COURS DES PREMIERS JOURS DU CON GÉ D E PATE R N ITÉ. ÇA E NTRAÎN E D E S CON SÉQUENCES PROFESSIONNELLES, RELATIONNELLES ET

SEXUELLES. « Il y a les disparités entre les sexes, mais aussi entre les mères », reprend Riet Ory. « Avec le congé de maternité, la mère reste à la maison pendant au moins trois mois. On constate aujourd’hui que les hommes travaillent encore plus pendant cette période, tandis que la femme apprend à s’occuper du bébé à la maison, à reconnaître ses émotions et à évaluer ses besoins. Au cours de cette période, les modèles de soins stéréotypés liés au genre apparaissent et s’enracinent. Il est donc préférable que le congé de paternité soit pris pendant les premiers mois suivant la naissance. Alors seulement, il peut constituer un véritable levier pour ne pas figer immédiatement ces modèles de prises en charge. Après trois mois, sans avoir donné au père la possibilité de paterner, il est très difficile de rétablir l’équilibre. Il est dès lors presque logique que ce soit la femme aussi qui prenne un congé parental ou reste à la maison lorsque le bébé est malade. Une absence de trois mois ne devrait pas affecter la suite d’une carrière, mais c’est le mode de fonctionnement qui s’installe qui détermine l’orientation professionnelle. Le travail est-il compatible avec un enfant à aller chercher à la crèche ou à l’école ? Une femme va négocier beaucoup plus souvent qu’un homme une combinaison de facilités au travail parce qu’elle est stimulée, dès le départ, dans ce rôle de prise en charge. Ce rôle stéréotypé est également renforcé dans les magazines, les médias, l’enseignement, l’interaction avec les autres, l’éducation. Résultat : les femmes s’identifient beaucoup plus comme celles qui s’occupent en priorité de l’enfant. En effet, elles sont évaluées et s’autoévaluent sur leur maternité. C’est aussi pourquoi elles évoluent moins et optent pour des secteurs qui paient moins bien. De quoi creuser l’écart salarial. Les congés d’aidant, comme le congé de maternité long pour les femmes, renforcent leurs choix économiquement plus faibles. Le congé de paternité constitue donc un signal important des autorités au père : celui-ci a un rôle tout aussi important dans la parentalité, d’autant plus à la naissance du bébé. Dès le départ, l’homme a l’opportunité de paterner, d’apprendre à prendre soin de

“ Ce congé permet de trouver ses marques et de nouvelles dynamiques de couple ” THOMAS, 33 ANS, PÈRE DE ATHANASIOS, 3 MOIS « Prendre le congé de paternité était une évidence à mes yeux, pour nous permettre un temps d’adaptation, à ma compagne et moi. Athanasios est né en décembre et j’ai couplé ce congé avec la fermeture annuelle de mon restaurant. S’il était né en été, la question se serait posée autrement, il est vraisemblable que je n’aurais sans doute pas pu me l’autoriser. Les conditions manquent de flexibilité et sans doute, en amont, de réflexion profonde, les parents devraient être davantage valorisés et accompagnés dans leur nouveau statut. Cette vision sociétale du couple reste extrêmement genrée et creuse les inégalités… Ce congé nous a beaucoup apporté. Sur le plan émotionnel, d’abord, il nous a permis de réaliser et d’atterrir,

de trouver nos marques et de nouvelles dynamiques de couple, sur le plan pratique, aussi, on a pu bétonner une nouvelle organisation. Mais cela reste très insuffisant pour se découvrir à trois, ça reste très frustrant pour moi de me dire que je n’ai pas le droit de m’occuper plus de mon fils et de devoir déléguer à sa maman, ce n’est pas une vision moderne de la parentalité, cela manque de volonté politique réelle ! »


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son enfant et de découvrir à quel point ça peut être agréable et spécial. Ça crée un lien plus étroit entre le père et le bébé, tout en permettant à la mère de respirer. En soi, ce ne serait pas un gros investissement pour un gouvernement. » Les répercussions de cet investissement peuvent être considérables. En somme, de nombreuses femmes se sentent seules et non respectées. Elles sont fatiguées des éternelles disputes. Alors elles se résignent et exécutent elles-mêmes les tâches. Mais à ce moment-là, le couple a déjà commencé à se fissurer depuis longtemps. « Je suis convaincue qu’une répartition plus équitable des tâches ménagères dépend aussi d’une cohabitation respectueuse et qu’un couple a plus de chances de se retrouver ou de rester ensemble quand chacun sait pertinemment ce que fait l’autre. Il s’agit de considérer que le temps de chacun a la même valeur, peu importe l’argent qu’il rapporte, ce qui nécessite un changement de mentalité.» L’appropriation partagée du ménage et une répartition plus égale du travail rémunéré et non rémunéré contribuent à des relations plus saines et des enfants plus autonomes. Et à davantage de sexe. Des études montrent que les couples qui se

répartissent mieux les tâches mènent une vie sexuelle meilleure. Riet Ory n’en est pas surprise : « En soi, ce n’est pas si étrange. L’impression d’être l’esclave ou la bonne à la maison, la fatigue et la colère intérieure n’aident pas à se sentir attirante. Sans parler du fait de devoir avoir des relations sexuelles avec ce partenaire qui est souvent un poids mort dans le ménage et du coup, souvent aussi, un poids mort au lit. La tâche de trop. C’est dommage. » De quoi motiver les troupes. Eva Brumagne et Riet Ory, Het is hier geen hotel! Hoe je samen het huishouden aanpakt, éd. Pelckmans Ragna Heidweiller, Werkboek voor de ideale rolverdeling, éd. Nijgh & Van Ditmar

CHIFFRES

Le congé de paternité s’est élevé pendant très longtemps à dix jours. En 2022, il a été porté à 15 jours et depuis le 1er janvier 2023, il atteint 20 jours. Les trois premiers jours sont obligatoires et sont payés par l’employeur. À partir du quatrième jour, le père est couvert par la mutualité et touche 82 % de son salaire brut. Le Portugal applique 25 jours de congé pour les hommes, dont les 15 premiers sont obligatoires. L’allocation est de 100 %. L’inégalité du congé d’aidant en termes de durée, d’indemnité et de caractère obligatoire renforce l’inégalité entre les sexes.

“ Ce congé obligatoire, avec une allocation de 100 %, est tout à fait normal ” JACQUES, 27 ANS, PÈRE DE SIEL, 4 MOIS Les jours de congé légaux d’une année entière en plus des 15 jours de congé de paternité en 2022 ont permis à Jacques de vivre pleinement les premiers jours de son bébé à la maison. « La première couche, le premier biberon, la première fois que vous lui enfilez des vêtements, le premier bain, ce sont autant d’étapes où il faut être présent. » Son employeur a accepté sans broncher ces six semaines. « On a droit à ces jours de congé. J’ai veillé à prévenir mon employeur. » Mais cette période lui a également donné l’occasion de réfléchir à cet engagement de toute une vie. La compagne de Jacques terminait ses études de sage-femme. « Elle m’a très bien montré comment prendre soin de notre bébé. Chaque fois que je la touchais, je pensais

que j’allais la casser. (Rires). Ça a également créé un lien spécial. L’émancipation de la femme est un fait, et il est donc logique que l’homme soit aussi plus actif dans le ménage. Le congé de paternité est le moyen par excellence d’y parvenir. Je pense que ce congé obligatoire, avec une allocation de 100 %, est tout à fait normal. Je ne sais pas si les femmes reçoivent ça. On ne doit pas être puni parce qu’on a des enfants. La vie, c’est la famille, et le travail est là pour soutenir cette famille. C’est là que notre génération diffère peut-être de la précédente. ». Il est en tout cas rassuré de savoir désormais comment s’occuper correctement de sa fille sachant que sa compagne sage-femme sera absente de nombreuses soirées.


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GLENN MARTENS

“ AVOIR CARTE BLANCHE, C’EST LE RÊVE ULTIME ” Y a-t-il quelque chose que Glenn Martens ne sache faire ? Depuis 2013, le créateur belge de trente-neuf ans œuvre pour la griffe conceptuelle française Y/Project. Il a aussi réveillé, en qualité de directeur artistique, la marque italienne Diesel et conçu une collection haute couture pour Jean Paul Gaultier. Entretien avec un prodige de la mode. Par Kim De Craene

À la trinité Dries-Raf-Ann (pour Dries Van Noten, Raf Simons et Ann Demeulemeester), nous pouvons désormais ajouter Glenn à la liste des Belges célèbres dans le monde de la mode. Glenn Martens, Brugeois de naissance, a été formé à l’Académie de la Mode d’Anvers. Il est la force créatrice de Y/Project et le directeur artistique de Diesel, la maison de denim italienne. Un Belge jusqu’au bout des ongles : modeste, créatif et, tout comme ses compatriotes, maître dans l’art de mixer histoire et streetwear, avant-garde et glamour. Son travail chez Diesel, depuis 2020, l’a catapulté du statut de conceptualiste de niche au sommet de la mode. Ce n’est pas un hasard s’il a remporté le prix du Designer of the Year aux Belgian Fashion Awards 2022.

Glenn Martens


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Quelles qualités un styliste doit-il avoir ?

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« Nous sommes soumis à énormément de stress. Il faut avoir une vision d’ensemble de l’industrie et apposer sa griffe sur l’aspect créatif global. Il ne s’agit pas seulement de vêtements, mais aussi de licences, de marketing et d’aménagement des boutiques. De plus, il faut être son propre public relations. Un créateur doit trouver sa propre voie : les labels qui suivent et répondent aux tendances disparaissent au bout d’un moment. Ceux qui restent, en revanche, apportent des réponses à ce que les consommateurs recherchent. Mon conseil ultime aux créateurs débutants : “ Do your own thing ”. Ne regardez pas trop ce que font les autres, et soyez indépendant. Il ne s’agit pas de changer le monde, mais bien de l’interpréter à sa manière. » Vous le dites vous-même : après un an à peine, Diesel a renoué avec le succès. Comment avez-vous fait ?

2E BUREAU. LAUNCHMETRICS SPOTLIGHT. DIESEL.

Vous êtes un homme fort occupé. Comment gérez-vous tous ces projets ?

Defilé Diesel printemps–été 2023. 1. Un détail de la collection printempsété. 2. Une image de campagne du photographe David LaChapelle.

« Je le fais, c’est tout. J’ai signé un contrat de cinq ans avec Diesel, donc je ne peux pas bouger pour le moment. (Rires) Quand j’ai commencé chez Diesel, les objectifs étaient ambitieux. Mais après un an à peine, nous avions déjà répondu aux attentes : le label s’est offert une cure de jouvence et le chiffre d’affaires a augmenté. Il me reste trois ans chez Diesel, après je verrai. En attendant, je continue à travailler pour Y/Project. Je fais la navette entre Paris et la Vénétie : du lundi au mercredi je suis en Italie, le reste de la semaine à Paris. Ce sont deux mondes complètement différents, tant en termes de créativité que de public. J’aime vendre des denims et des tee-shirts chez Diesel tout en développant une approche plus conceptuelle pour Y/Project. Comme il s’agit de deux jobs différents, je ne mélange pas les équipes pour ne pas m’embrouiller. Chez Diesel, j’endosse plus le rôle d’un chef d’orchestre. Du côté de Y/Project, je suis entouré de vingt-cinq personnes qui me connaissent bien. Nous sommes très proches. Le travail d’équipe est sans aucun doute le secret pour pouvoir mener à bien ces deux jobs. En fait, je ne reviens en Belgique que pour Noël.»

« Je me souviens de quelques publicités Diesel de ma jeunesse, notamment la campagne de 1994 où l’on voit deux hommes qui s’embrassent. Diesel a été l’une des premières marques à imaginer des campagnes retentissantes et socialement engagées. Elle prend ses valeurs de base au sérieux, ses messages ont un impact, mais elle sait les véhiculer de manière ludique. C’est la force de la marque. Quand j’ai commencé, j’avais envie de revenir aux fondamentaux et de donner un second souffle à son patrimoine. Diesel représente la jeunesse et reflète ce qui se passe dans le monde. Diesel est diversifié, fluide et innovant. Ce n’est pas pour rien que son slogan est For Successful Living. Rien ne marche mieux que le sexe. C’est pourquoi tout, dans la marque, tourne autour du sexe. Vous êtes libre d’être qui vous êtes. Le denim est très démocratique et va à tout le monde. Les jeans ne sont pas faits pour un groupe cible en particulier : la matière convient à tout âge, peu importe l’origine ou le budget. » Est-ce la raison pour laquelle vous travaillez autant avec le denim ?

« C’est une matière bon marché, et chaque marque, même les plus chères et les plus luxueuses, doit faire des économies. Le jean est donc un choix intéressant • • •


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tait pas consciente de la mine d’or sur laquelle elle était assise. Heureusement, Renzo Rosso, le propriétaire du label, possède une collection de toutes les pièces produites à ce jour. En fouinant dans les archives, j’ai découvert des centaines d’objets exceptionnels datant de l’âge d’or de la marque et dont personne ne se préoccupait. Je voulais les dépoussiérer. Nous avons le savoir-faire et les créations qui constituent l’essence même de la marque : pourquoi devrions-nous changer d’identité ? Le succès actuel de Diesel montre que renouer avec l’ADN d’origine était une bonne décision. La boucle est bouclée. » En plus d’être créateur, vous êtes désormais aussi manager. Ce rôle vous convient-il ?

en termes de prix. C’est pourquoi nous confectionnons tant de pièces en denim chez Y/Project et les jeans sont devenus notre signature. La création de patrons et la confection me plaisent, et ce tissu s’y prête bien. Chez Diesel, je passe plus de temps sur les traitements et la recherche de matière. »

Depuis que vous avez rejoint la marque, les jeunes veulent à nouveau porter Diesel. Comment expliquez-vous cela ?

« Les consommateurs perçoivent la liberté d’esprit et l’approche no-bullshit. On fait ce qu’on veut, on ne se soucie de rien ni de personne. L’humour est très présent dans la marque, ce qui est rafraîchissant en cette période problématique et sombre. La marque contribue à apporter du plaisir dans la vie de tous les jours. » Diesel a connu son apogée dans les années 90. Cette période vous inspire vous aussi…

Defilé Y/Project printemps-été 2023.

« Je ne suis certainement pas nostalgique, mais quand on commence à travailler pour une marque en tant que créateur, il est important d’étudier son ADN et les raisons de sa réussite. Mon travail, c’est de comprendre les ingrédients du succès. Chez Diesel, ces ingrédients sont la liberté et le plaisir. Malheureus ement , au b out d’un moment, les gens qui travaillent pour une marque oublient la recette du succès. J’ai constaté que mon équipe n’é-

« Il n’existe pas de formation pour devenir directeur artistique d’une multinationale. On n’est jamais vraiment prêt pour ce job. J’ai été présenté au CMO lors de mon premier jour chez Diesel. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’était un CMO. J’ai pris des notes, acquiescé et feint de tout comprendre. Le soir, j’ai cherché sur Google ce qu’était un CMO : un Chief Marketing Officer. Mes débuts ont été pénibles mais heureusement apprendre et s’adapter font partie de notre nature. Le plus difficile est de faire passer clairement mon message à l’équipe. Parfois, je ne vois mes collaborateurs que tous les deux mois et je dois leur expliquer en dix minutes ce que j’attends précisément d’eux dans les mois à venir. Je dois répéter les choses constamment et communiquer intelligiblement pour obtenir l’adhésion de tous. J’ai découvert qu’une entreprise était une démo cratie et qu e je devais apprendre à faire confiance aux gens et à lâcher du lest. » Comment voyez-vous l’avenir de Y/Project ?

« Bizarrement, tout se déroule plus facilement depuis que je suis moins présent. (Rires) Avant Diesel, Y/Project m’occupait cinq jours par semaine, maintenant seulement deux. En raison de cette distance, je gère moins et je ressens donc moins de stress. Grâce à mon travail chez Diesel, nous fabriquons désormais aussi des pièces un peu plus commerciales chez Y/Project. Ça surprend

LAUNCHMETRICS SPOTLIGHT.

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parfois mon équipe, mais ça marche. Et nous continuons à produire suffisamment de choses originales. » Quel regard portez-vous sur la collection haute couture pour Jean Paul Gaultier ?

« La haute couture signifie travailler sans se soucier du budget. Avoir carte blanche, c’est le rêve ultime, on peut réaliser une collection sans penser à l’argent. Je pouvais dépenser des milliers d’euros pour une seule robe, sans que personne ne s’en plaigne. La mode n’est pas un art, mais la haute couture l’est : les pièces sont uniques, elles ne sont pas produites en série. Une robe de haute couture est faite pour être portée une seule fois, lors d’un événement comme les Oscars. Souvent, on ne peut même pas marcher ou s’asseoir avec. La haute couture permet de créer des pièces superflues, belles et surprenantes. Ce n’est pas propre à l’homme, les oiseaux font ça aussi avec leur plumage coloré. Avec un seul objectif : le sexe. »

Vous avez imaginé neuf collections l’an dernier, pour trois marques différentes. Qu’est-ce qui rend une collection spéciale ?

« Si vous demandez à mon CEO : l’argent. Si vous me posez la question : l’honnêteté et l’intégrité. En soi, l’esthétique n’a pas d’importance. Qu’elle soit minimaliste ou extravagante, une collection doit avant tout être unique et authentique. Et transmettre une émotion. » Comment démarre-t-on une collection ?

« La conception est assez stressante et oppressante, car ce que l’on dit est vrai : votre talent est jugé à l’aune de votre dernière collection. Je n’y pense pas trop et je laisse le processus se dérouler naturellement. Bien sûr, je ne peux pas dessiner toutes les silhouettes moimême, j’ai une équipe pour ça. Surtout, je ne pense pas à l’impact global que peut avoir une collection, sinon je commence à paniquer. »

“ Nous savons tous que le monde va mal et que la mode est l’une des industries les plus polluantes. Les priorités de chaque créateur devraient être la durabilité et l’environnement. ” La collection haute couture SS22 de Glenn Martens pour Jean Paul Gaultier, l’a catapulté au sommet de la mode.

Quel message souhaitez-vous faire passer ?

« En fait, je n’ai pas grand-chose à ajouter : la jeune génération sait très bien quoi faire et planche sur les thèmes adéquats. Nous savons tous que le monde va mal et que la mode est l’une des industries les plus polluantes. Les priorités de chaque créateur doivent être la durabilité et l’environnement. Je prends mes responsabilités au sérieux. Chez Diesel, nous utilisons 40 % de coton recyclé ou organique, ce qui n’était pas le cas auparavant. Je mets également l’accent sur la durabilité sociale : tout doit être fait avec amour et respect mutuel. Nous diffusons ce message à travers nos campagnes et nos défilés notamment : nous montrons des couples en train de faire l’amour, sans se focaliser sur le genre, l’âge et la race. Diesel est une grande fête prônant l’amour sans entrave. Je suis conscient de mon rôle de créateur. Pour moi, ces sujets sont normaux, mais beaucoup de gens qui me suivent sur Instagram vivent dans des endroits où ces choses ne vont pas de soi. Peut-être que ces followers n’achètent pas mes créations, mais grâce à mon compte Instagram, ils restent informés de ce qui se passe dans le monde. Ce que j’aime avec la nouvelle génération de créateurs, c’est qu’ils mettent en avant des thèmes tels que la liberté d’expression et la durabilité. Ça me rend heureux, et ça m’émeut aussi. »


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REPORTAGE MAGAZINE Jenny Hytönen a remporté le concours de mode avec une collection remplie de références au sadomasochisme.

LE FUTUR EST À HYÈRES Où se révèlent les talents qui feront la mode de demain ? À Hyères ! Ce prestigieux Festival International de Mode, de Photographie et d’Accessoires est suivi par la fashion sphère avec énormément d’attention. Nous nous y sommes rendus pour voir cela de près. Par Kim De Craene Adaptation Joëlle Lehrer


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epuis 1986, le festival d’Hyères célèbre, chaque année, les talents émergents de la mode et de la photographie. À l’occasion de sa 37ème édition qui s’est déroulée en octobre dernier, les créatifs du monde entier se sont réunis pendant quatre jours pour présenter leur travail devant un jury composé de figures clés du secteur. Avec un grand défilé en point d’orgue. Cette fois, c’était le Belge Glenn Martens (voir p.58) qui, en tant que président du jury, a sélectionné dix finalistes parmi six cents candidats. « J’aime l’atmosphère chaleureuse, conviviale et anti-snob du festival. Les finalistes que j’ai choisis apportent une vision éclectique et personnelle de la mode », explique-t-il. Selon Pieter Mulier, directeur artistique d’Azzedine Alaïa et membre du jury, présenter une collection à Hyères a plus d’impact que si elle était montrée à Paris. « Le calendrier de la fashion week parisienne, qui compte parfois neuf défilés par jour, ne laisse pas de place aux créateurs émergents. Ici, vous voyez tout et tout le monde en deux jours. L’importance du festival est évidente. » Pour sa part, Glenn Martens estime que le secteur de la mode est basé sur les chiffres et l’argent à l’inverse du festival qui veut offrir une plateforme, des budgets et une aide à la conception des collections.

VANNI BASSETTI. ANTOINE HARINTHE. OLIVIER AMSELLEM. BENJAMIN HOHNER. KAAT PYPE. INEZ & VINDOODH. PRESSE.

Un look de la créatrice franco-danoise Alix Habran Jensen, l’une des dix finalistes.

THE BELGIANS CETTE ANNÉE, LES ÉTUDIANTS BELGES ISSUS DE L’ACADÉMIE D’ANVERS ET DE LA CAMBRE N’ONT, MALHEUREUSEMENT, PAS REMPORTÉ DE PRIX. D’AUTRES ÉDITIONS LEUR ONT DAVANTAGE PORTÉ CHANCE DANS LE PASSÉ. ON SE SOUVIENT NOTAMMENT DE :

LA VILLA MODERNISTE

CHRISTIAN WIJNANTS

TOM VANDER BORGHT

ANTHONY VACCARELLO

La collection de fin d’études de ce designer belge sorti de l’Académie d’Anvers a été récompensée au festival en 2000. En 2023, sa marque est distribuée dans des boutiques propres à Anvers et à Berlin et ses collections sont en vente dans le monde entier. Depuis le début de cette année, il est le nouveau directeur artistique de la marque belge Maison Ullens.

Huit ans après la fin de ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Sint-Niklaas, le créateur a remporté le Grand Prix et le prix du public à Hyères en 2020 pour son projet 7 Ways to be TVDB. Il travaille désormais comme artiste indépendant et se concentre sur des sujets variés : mode, textile, graphisme, vidéo, installation et scénographie.

En 2006, peu de temps après avoir décroché son diplôme à la Cambre, le Belge a remporté le Grand Prix du Festival de Mode de Hyères. Il a brièvement collaboré avec Fendi avant de lancer sa propre marque en 2009. Parallèlement, il a dessiné plusieurs collections pour Versus, la griffe bis de Versace. En avril 2016, il est devenu le directeur créatif de Saint Laurent, un label prestigieux auquel il est toujours associé.

La Villa Noailles est l’une des résidences modernistes les plus remarquables de France. Non seulement à cause de sa gigantesque piscine intérieure qui surplombe la Méditerranée, mais aussi parce que le jeu infini de cubes et de lumière, imaginé par l’architecte Rob MalletStevens, n’a pas pris une ride. Dans leur maison construite entre 1924 et 1928, les propriétaires Charles et Marie-Laure de Noailles ont reçu de nombreux hôtes illustres tels que Man R ay et Pablo Picasso. Laissée à l’abandon pendant quelques années, la villa a retrouvé sa superbe lorsque l’organisation du festival d’Hyères y a installé son siège dans les années 1980. En 2023, la villa moderniste, désormais reconnue comme centre d’art contemporain d’intérêt national, reste ••• l’épicentre du festival.


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La créatrice finlandaise Jenny Hytönen a remporté le concours avec une collection pleine de références au sadomasochisme. Elle y mêle dureté et douceur, tradition et futurisme, art de la maroquinerie et cristaux. Sa fiancée cyborg en costume et voile décoré de lumières LED rouge est un tour de force technologique. Jenny Hytönen aura notamment le privilège de créer une collection en collaboration avec les studios Chanel, sponsor principal du festival depuis 2014. (1)

GRAND PRIX ACCESSOIRES

GRAND PRIX PHOTOGRAPHIE

PRIX LE19M MÉTIERS D’ART DE CHANEL

Pour sa collection de maroquinerie Static, le Français Joshua Cannone s’est inspiré de son enfance dans le Lower East Side de New York, et plus particulièrement du côté sombre et violent de la ville. À travers sa vision sinistre et pessimiste du futur, il questionne les dérives de la société contemporaine. La pièce maîtresse de la collection était le sac mortuaire, utilisé et porté comme un sac à main classique. (2)

La Sud-Coréenne Rala Choi a remporté le Grand Prix du Jury Photographie, présidé cette année par le photographe belge Pierre Debusschere. La photographe qui s’est vu attribuer une bourse de 20.000 € utilise des couleurs riches et saturées. Les couleurs et les textures de ses images font souvent douter le spectateur : regardons-nous une photographie ou une peinture ? (3)

Chanel a décerné ce prix pour la quatrième année consécutive. Le nom 19M fait référence au nouveau lieu inauguré l’an dernier à la porte d’Aubervilliers à Paris, regroupant onze maisons. En 2022, le jury a choisi de l’attribuer à l’Allemand Valentin Lessner pour sa collection masculine Resurrectio. En marge de la bourse de 20.000 €, le lauréat aura l’opportunité de réaliser un projet créatif avec une Maison d’art de son choix. (4)

CHANEL. RALA CHOI.

GRAND PRIX MODE

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ETIENNNE TORDOIR/CATWALKPICTURES.

AND THE WINNERS ARE…


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Un look de la collection Croisière 2022-2023 Chanel.

Collection Métiers d’art 2022-2023 de Chanel.

Collection Métiers d’art 2022-2023 de Chanel. Aska Yamashita

SAVOIR-FAIRE ET FAIRE SAVOIR

ETIENNNE TORDOIR/CATWALKPICTURES. CHANEL.

PRIX L’ATELIER DES MATIÈRES DE CHANEL Récompensée par Le Prix L’Atelier des Matières, la collection Unwearable de la Finlandaise Sini Saavala présente des sous-vêtements décolorés et ensanglantés. La designer s’est inspirée du camélia emblématique de la Maison Chanel. En collaboration avec le fleuriste Lemarié, elle a imaginé des fleurs de soie blanches et noires. Le bouquet accompagnait le dernier look de sa présentation et décorait une paire de chaussures. (5)

En marge de la bourse qui lui est attribuée, le gagnant du festival a l’opportunité de travailler avec les onze ateliers d’artisanat de Chanel. Depuis 1985, dans le but de préserver un savoir-faire fragile et inestimable, la maison de couture rachète, en effet, les ateliers avec lesquels elle travaille depuis longtemps. Présente à Hyères cette année pour présenter ce projet, Aska Yamashita travaille pour le spécialiste de la broderie Montex. En 2017, elle a été nommée à la tête de l’atelier. Elle a présidé le jury Accessoires, donné une masterclass, monté une expo et animé un atelier de broderie. Hyères lui a également donné l’occasion de découvrir mais aussi de sélectionner de futurs collaborateurs. « Montex est constamment à la recherche de matériaux, de techniques et de technologies innovants pour porter son savoir-faire unique à un niveau supérieur », explique-t-elle. « Rencontrer de nouveaux designers avec peu ou pas d’expérience en broderie pousse mon équipe et moimême à repousser nos propres limites. » Car si Chanel est incontournable, la griffe est confrontée à une concurrence féroce. Aska Yamashita est toujours à la recherche du juste équilibre entre un héritage presque centenaire et la nécessité de s’inscrire dans le futur de la mode. Son ultime conseil aux jeunes talents : « Restez vous-même et faites tout avec passion. »


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LA LITHOTHÉRAPIE,

l’autre pouvoir

GETTYIMAGES.

des pierres


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propriétés, celui de l’œil-de-tigre porté par Lisa serait de calmer les nerfs. Attention toutefois à ne pas confondre avec la médecine traditionnelle : les pierres ne soignent en aucun cas, mais font éventuellement du bien à celles et ceux qui les portent. « Partant du principe que chaque pierre détient des vibrations énergétiques spécifiques, la lithothérapie vise à apporter un soutien pour rééquilibrer et harmoniser le corps et l’esprit. Elle s’appuie sur la composition, la couleur et l’aspect des minéraux, qui leur confèrent des vertus particulières. Selon son postulat, les pierres portées sur soi, ou placées à proximité immédiate par exemple, sont à même de transmettre leurs bienfaits », peut-on lire en avant-propos de Légendes et messages des pierres thérapeutiques *. AU POINT QUE BEAUCOUP DE CRÉATEURS DE BIJOUX SE SENTENT EN VÉRITABLE OSMOSE AVEC LES PIERRES QU’ILS CHOISISSENT.

Leurs vibrations énergétiques respectives auraient des bienfaits apaisants sur beaucoup d’entre nous. Adulés par les stars et sublimés par les créateurs, les cristaux et les pierres semiprécieuses fascinent autant qu’ils interpellent. On ne les choisirait d’ailleurs pas par hasard, attirés par l’énergie particulière de chacun. Décryptage d’un langage issu de la nature. Par Aurélia Dejond

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n mardi matin, 8h30 : comme avant chaque rendez-vous important, Lisa opte pour son pendentif en œil-de-tigre. « C’est mon rituel ! Cela fait un peu sourire mon mari, mais je me sens beaucoup plus apaisée quand je l’enfile, à la manière d’un porte-bonheur qui me déstresse avant un événement. Ce n’est pas le cas avec mes autres bijoux, c’est comme si celui-ci avait le don de me tranquilliser », sourit la jeune maman de trente-trois ans, sur le point de passer un entretien d’embauche dans un cabinet d’architectes. Et elle est loin d’être la seule à être réceptive aux vertus des pierres. Hyper popularisée avec l’émergence du New Age dans les années septante et quatre-vingt, la lithothérapie, ou cure par les pierres, aurait des bienfaits spécifiques en fonction de ses

« Le premier contact est très instinctif. Décisif, aussi. C’est une matière minérale issue du cœur de la Terre, habitée d’énergie et de vibrations. Il s’agit d’un langage implicite et d’une rencontre à part entière, d’un véritable face à face entre elle et moi, dans lequel on s’apprivoise : sa forme, sa taille, sa luminosité… ce qu’elle dégage est déterminant. Le toucher est extrêmement important : entrer en contact avec une pierre fine n’est pas anodin, chacune a un côté psycho-émotionnel qui me parle énormément », explique Fabienne Kriwin**, créatrice solaire et passionnée. Ce jour-là, elle porte une Indigolite au doigt, ou Tourmaline bleue, dont les caractéristiques électriques en font une source de protection contre les ondes nocives environnantes. « C’est un véritable bouclier. C’est notamment une pierre à déposer à côté d’un modem, de votre ordinateur ou de la télé. Porter un bijou ou placer une pierre sur un meuble, c’est porter et placer du vivant. Certains y sont plus sensibles et réceptifs que d’autres, tout dépend évidemment des êtres. Je crois profondément en ces vertus et aux multiples propriétés des pierres, qui peuvent s’avérer de véritables alliées selon les moments. Choisir une pierre n’est pas purement esthétique, c’est aussi une question de feeling.» Et l’engouement pour ces matières minérales et solides, fines ou non, semble prendre de l’ampleur aussi chez les people. ON S E SOUVI E NT D E LA CHANTE US E ADÈ LE ET D E S CR I STAUX

ROUGES « ANTI TRAC » qu’elle tenait au creux de sa main lors du concert qui signait son fameux retour sur scène, ou de Victoria Beckham qui expliquait son attirance pour le quartz rose et la tourmaline noire et l’énergie des cristaux en général dans la maison. Le magazine Vogue France rappelait d’ailleurs en juillet 2018 que la nouvelle obsession de l’ex-Spice Girl, devenue la très talentueuse créatrice que l’on connaît, était de coudre des cristaux dans les poches de tous ses pantalons, valeur ajoutée en mode good vibes dans les créations de cette inconditionnelle de la pratique. Même si leurs bienfaits potentiels ne sont pas scientifiquement prouvés, les cristaux sont utilisés depuis des millénaires et la lithothérapie n’en est pas à son premier engouement. Qu’elles énergisent, protègent ou apaisent pour les uns, ou soient simplement jolies à porter et avec un évident effet placébo pour les autres, les pierres sont plus à la mode que jamais et sont surtout une façon de se faire plaisir, de s’entourer de cou- • • •


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leurs et de jeux de lumières plus fascinants les uns que les autres, sortes de gri-gri énigmatiques qui font rêver dès que le regard s’y pose, pour leur côté « vivant », notamment. « L’univers des pierres et des cristaux est envoûtant et enchanteur, je reste complètement subjuguée, année après année, mon émerveillement est constant pour ces minéraux qui vibrent de la même façon que tout ce qui fait partie de notre univers. Certains préfèrent une pierre lisse, je suis personnellement très attirée par celles qui présentent des inclusions, petites impuretés ou fissures à l’intérieur, qui rendent chacune d’elle unique et leur confèrent une nuance supplémentaire, une certaine magie et un charme très particulier. Les textures, les reliefs, les couleurs… la nature est à la fois fascinante et bouleversante, on touche à l’univers du merveilleux et c’est ça, la vraie féérie, à une époque où tellement de bijoux sans personnalité sont produits en série, alors que chaque pièce peut être unique », sourit Fabienne Kriwin, captivée par chaque pierre qu’elle montre et qu’elle met en avant sans que la monture ou le sertissage lui vole

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QUATORZE PIERRES DÉCRYPTÉES PAR FABIENNE KRIWIN

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L’INDUSTRIE COSMÉTIQUE AUSSI S’EST ENTICHÉE DES PIERRES

dont elle prône certaines des vertus sur la beauté de la peau. On pense notamment aux rituels ancestraux dont s’inspirent aujourd’hui les beautystas, qui ne jurent plus que par les rouleaux de jade ou de quartz rose qui décongestionnent et lissent les traits, en plus d’atténuer les cernes… quartz qu’utilisait déjà la déesse Isis dans l’Égypte ancienne pour éclaircir son teint et préserver sa peau du vieillissement. « Avant d’aller dormir, je porte un bracelet en améthyste ramené du Brésil, j’ignore si son pouvoir sur la qualité de mon sommeil est réel, mais c’est finalement le prolongement d’un doudou d’enfance, il a la même vertu : il m’apaise, c’est le principal », conclut joliment Blandine, 38 ans. * Arthémisia et Véronique Barrau, éd. Jouvence, 2022. ** fabiennekriwin.com

1. LE WATERMELON, tout en

SOUS FORME DE BIJOUX OU EN TOUCHE DÉCO, CES PIERRES AUX VERTUS DITES APAISANTES SERAIENT DE VRAIES ALLIÉES POUR ADOUCIR LE QUOTIDIEN.

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jamais la vedette. « Tous ces bijoux, réalisés à la main et en Belgique, racontent une histoire. Et ça, c’est infiniment précieux », se réjouit leur créatrice.

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transparence, fascine par ses deux couleurs, le rose et le vert. Délicate à souhait, cette pierre permettrait de surmonter la tristesse.

2. LA TOURMALINE NOIRE, ou Schorl,

connue pour sa très grande capacité à emmagasiner les énergies négatives, absorbe les ondes électromagnétiques et les énergies électrostatiques. Idéal à poser dans son environnement dès qu’on allume son ordinateur, par exemple. La tourmaline multicolore agit sur la bonne humeur.

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4. LE QUARTZ FUMÉ, se décline en

camaïeu de différents bruns, transparents ou translucides. Ce serait la pierre la plus énergisante au monde, elle serait efficace contre les baisses de moral et autres déprimes passagères.

6. L’AIGUE-MARINE, de couleur bleu

clair et transparente (du latin ‘aqua marina’, eau de mer), contribuerait à calmer les colères et les peurs. 7. L’AMÉTHYSTE, souvent de couleur

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ou jaune, contribuerait à l’optimisme et serait une formidable alliée contre la nostalgie.

11. LA PRASIOLITE, de couleur pâle ou d’un vert profond, contribuerait à mettre de la clarté dans ses pensées et aiderait à communiquer plus aisément.

quartz ou de l’améthyste qui a chauffé. Hyper lumineuse, c’est une pierre gaie, qui met en joie. Elle favoriserait l’estime de soi. 11

9. LA PRÉHNITE, le plus souvent verte

3. LE QUARTZ ROSE clair peut être

5. LA CITRINE, jaune à ocre, vient du

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8. LE PÉRIDOT, d’un vert gazon transparent fascinant, permettrait de dépasser sa jalousie.

10. LE LAPIS LAZULI, bleu clair à bleu profond et parsemé de paillettes dorées, aiderait à dire ce que l’on a sur le cœur.

transparent, translucide ou carrément opaque. Il apaise les angoisses et diminue le stress. Il favorise le sentiment de paix et apaise.

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qualité du sommeil et calmer les cauchemars. Elle favoriserait aussi la concentration.

mauve, permettrait de dissiper l’anxiété et serait idéale pour une meilleure

12. LE GRENAT, organe, rouge, framboise, caramel et parfois brun jaune, serait un bon allié pour surmonter les difficultés. 13. LA CALCÉDOINE, bleue, mauve pâle

ou gris laiteux, diminuerait les troubles du sommeil ou les risques de nuits agitées, elle rendrait davantage paisible et serait vectrice de douceur.

14. LA LOLITE, ou saphir d’eau, permettrait de développer la confiance en soi et d’évacuer les terreurs nocturnes. GETTYIMAGES.

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La créatrice dans le show-room Hermès, à Paris.


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NADÈGE VANHEE-CYBULSKI “Le vêtement est comme un journal intime” Directrice artistique du prêt-à-porter féminin de la maison Hermès depuis maintenant huit ans, la créatrice y déploie une mode subtile et sensible. Amoureuse du vêtement, curieuse insatiable, cette adepte du “temps long” revient avec nous sur le parcours qui l’a menée d’Anvers à Paris en passant par New York. Et évoque son travail, ses enthousiasmes et ses projets pour l’année. Par Nathalie Dolivo Photos Vincent Ferrané

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e matin même de notre rencontre, elle avait décidé de troquer sa chevelure préraphaélite pour un carré affûté. Nadège VanheeCybulski n’a pas la main qui tremble et semble savoir ce qu’elle veut. Peut-être est-ce là l’un des secrets de sa formidable réussite comme directrice artistique du prêt-à-porter féminin de la maison Hermès, où elle officie depuis plus de huit ans avec succès mais dans une relative discrétion. Sans tambour ni trompette, à l’image du chic de la maison faubourienne qui n’a nul besoin d’effets de manche pour susciter le désir, elle a imposé son langage. Affirmé une esthétique toute en nuances et en profondeur, faite de détails précieux, d’épure, d’une sensualité qui se révèle crescendo mais certes pas par à-coups. Son parcours de mode, impeccablement cohérent, l’a emmenée d’abord chez Martin Margiela du temps du maître invisible, puis auprès de Phoebe Philo chez Céline – deux icônes. Un passage par New York pour concevoir The Row avec les sœurs Olsen, et

puis enfin Paris et Hermès. Tout juste de retour de voyage, elle nous a reçu·es p o u r u n e co nve rsat i o n à b âto n s rompus. Votre collection printemps-été 2023 mettait en scène des mannequins convergeant vers une rave party au pied d’une dune, dans le désert. Quelles étaient vos intentions en plantant ainsi ce décor spectaculaire ?

Lorsqu’on a conçu cette collection, on venait à peine de revivre après la période de Covid. L’idée, c’était de pouvoir raconter ce retour au rassemblement, au collectif et que tout était de nouveau possible… Vous souhaitiez aussi évoquer la nature, sa fragilité ?

Il s’agissait plutôt de célébrer notre capacité d’adaptation. La dune bouge sans cesse, elle est tout sauf stérile. Et il y a dans cette collection un esprit d’aventurière, un désir de communion avec la nature, de plein air. Tout cela se traduisait dans les vêtements par des références au camping, au bivouac…

Cela met en lumière la question du sens du vêtement. Quel est-il pour vous ?

Pour moi, le vêtement est un portail. Bien sûr, il doit tenir chaud, protéger du soleil. Mais il permet aussi de façonner l’identité féminine. Et puis il recèle des souvenirs, quelque chose de très intime, presque de psychanalytique… Il permet la projection identitaire, la projection de genre. Il a toujours cette double valeur, fonctionnelle et symbolique. Dans votre travail, êtes-vous poreuse aux grandes questions de société ?

Quand on a la chance de pouvoir s’exprimer par la création, on devient une caisse de résonance de ce qui se passe autour de soi. Donc, bien sûr, je suis sensible aux questions écologiques, à la distorsion des rapports humains… Deux choses mises en lumière par l’épidémie. L’idée de s’échapper, à travers la mode par exemple, ce n’est pas lâche. C’est un moment de respiration pour se retrouver et prendre du recul. On vient y chercher du plaisir, une certaine légèreté. •••


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“Le corps féminin a souvent été fustigé, étouffé, porteur de tous les maux de la terre. C’est paS mal de pouvoir le libérer, non ?” nourrit, en somme. Les gens qui y habitent aussi, tout cela est fertile. Dans tous les cas, j’essaie d’être libre. J’ai toujours peur de la somnolence créative. Mais il est difficile de rester toujours en éveil, non ?

C’est une nature ! Je suis curieuse. Et nourrie par tout, tout le temps… Même pendant les confinements, je suis restée active. J’ai aussi la chance d’exercer un métier qui est pour moi une passion.

Comment, abordez-vous les défis écologiques ?

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C’est une question passionnante. Au XIXe siècle, il y a eu la révolution industrielle, l’électricité… Aujourd’hui, nous devons faire un inventaire de nos modes de production… Cela amène à de nouveaux processus de créativité, de « sourcing »… C’est constructif. Et la maison Hermès est engagée dans cette voie depuis longtemps. Par essence, elle est durable…

Oui, car c’est l’idée même du modèle de l’artisan, de la matière exceptionnelle, du temps long… À chaque étape, on est attentifs à notre empreinte carbone, à la façon de concevoir un vêtement. C’est compliqué de gérer de front la dimension logistique, réglementaire, législa-

tive… Ce sont de nouveaux réflexes à avoir avec les équipes. La révolution doit être systémique : ce n’est pas juste la mode qui doit changer. C’est la façon dont on consomme, dont on produit. C’est la société dans son ensemble. Comment se déroule votre processus créatif ? Où puisez-vous vos idées et comment vous renouvelez-vous ?

Comme la dune du défilé, ce processus n’est jamais à l’arrêt. Il n’y a pas de page blanche, c’est un mouvement perpétuel. Certaines choses sont latentes et soudain se réveillent. Il y a sans cesse de nouvelles découvertes. Et puis il y a la maison elle-même : Hermès a un terroir profond, riche en histoire, en techniques, en savoir-faire… Il y a toujours quelque chose à révéler. La maison me

Êtes-vous aussi inspirée par les artistes, les œuvres d’art ?

Ce qui m’inspire, avant tout, c’est le vêtement. La façon dont il est interprété dans une époque, ou alors une proportion, une matière, une technique… Je n’aime pas l’idée d’être dans le mimétisme d’un artiste. Par contre, avoir un dialogue avec une personnalité créative, une œuvre d’art, c’est différent. J’ai beaucoup d’admiration, par exemple, pour la peintre anglaise originaire du Ghana Lynette YiadomBoakye. J’adore ses tableaux et son sens de la couleur. Nous sommes dans une époque d’affirmation des corps et de remise en question des codes traditionnels de la féminité. Que pensez-vous de tout cela ?

Il était temps ! Je pense que le corps


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Défilé Hermès printemps-été 2023.

féminin a souvent été fustigé, étouffé, jugé porteur de tous les maux de la terre. C’est pas mal de pouvoir le libérer, non ? Il est important que les femmes puissent se réapproprier leur corps, leur féminité et dire elles-mêmes ce qui est acceptable ou pas. Comment définiriez-vous votre style ? On dit souvent de votre mode qu’elle est sobre, épurée, subtile…

La subtilité me définit le mieux. J’espère être subtile dans la sensibilité. La féminité que je projette dans mes vêtements peut ne pas nécessairement être immédiate. C’est quelque chose de plus diffus, mais réel, qui se distille avec le temps, comme une personne qui se découvre par étapes.

ESTHER THEACKER (X3).

Être une femme influe-t-il sur vos créations, votre vision de la féminité ?

Je suis toujours très mitigée par rapport à cette question. Il y a tout de même des femmes qui excellent à créer des vêtements pour homme et vice versa. Bien sûr, une femme pourra dire : « Je ne peux pas bouger, je ne peux pas m’asseoir… » Mais il n’y a pas que ça dans la mode. De nombreux vêtements créés par Yves Saint Laurent sont très fonctionnels, par exemple. Et puis un vêtement est toujours le fruit d’un collectif : le créateur, mais derrière lui la super modéliste, la cheffe d’atelier… Bref, il y

a du monde derrière une chemise blanche épurée ! Justement, vous aimez travailler en équipe ?

J’adore ça ! Je suis une grande partisane de la diversité des points de vue. Je trouve impor tant de comprendre jusqu’où on peut aller seul, et de savoir demander son avis à un expert. Comment la mode s’est-elle imposée à vous ? Vous avez grandi dans le nord de la France, quel a été votre déclic ?

Vous allez croire que c’est une obsession mais mon rêve, ça a été très tôt de pouvoir être, tous les jours, avec des vêtements. Enfant, j’étais toujours dans l’armoire de ma mère, de ma grand-mère. Le vêtement, pour moi, relève du journal intime, il évoque des émotions. Donc très tôt, vous avez su que c’était ça, votre voie ?

Ça a été un accouchement difficile. D’ailleurs, la mode est plus accessible aujourd’hui que quand je me suis lancée. C’était un milieu un peu underground, assez fermé, très parisien. Pour moi qui venais de province, c’était comme une tour d’ivoire… C’est en allant en Belgique et en entrant, notamment, à l’Académie des BeauxArts d’Anvers, que j’ai eu mon épipha-

nie ! Là-bas, la mode était expérimentale, identitaire. On mettait moins en avant l’idée de la technique ou de l’élégance que l’expression d’une individualité, une expression plastique. Ça m’a plu. Dans une industrie obsédée par l’image, vous êtes une personnalité très discrète sur les réseaux sociaux… Pourquoi ?

Il y a assez à voir sur les réseaux sociaux, vous ne pensez pas ? Pour autant, j’y trouve des choses intéressantes : c’est un porte-voix pour de nouveaux créateurs, de nouveaux messages, une visibilité nouvelle pour certaines communautés… Il y a une jeune génération de créateurs qui émergent, engagés dans l’upcycling notamment, qui m’impressionne. C’est ça la mode, on doit l’encourager ! Quels sont vos projets pour cette année 2023 ?

En octobre, nous sortirons pour la troisième fois une collection spéciale baptisée Hors-série, en production réduite. On utilise ce que nous appelons des « sleeping beauties » – ou tissus inutilisés – et on les travaille avec des savoirfaire exceptionnels. On réinvente ainsi des pièces essentielles. C’est un exercice de réconciliation entre tradition et modernité, quotidien et exceptionnel. Très Hermès, en fait !


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Défilés printemps-été 2023 1. Molly Goddard. 2. Nensi Dojaka. 3. Marine Serre. 4. Marques’Almeida. 5. Gabriela Hearst. 6. Ester Manas.

MANUEL LASTIRI/COURTESY OF MARQUES’ALMEIDA. LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. ALESSANDRO LUCIONI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

COURTESY OF MOLLY GODDARD. DANIELE OBERRAUCH/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. COURTESY OF MARINE SERRE.

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LA ROBE FAIT SA RÉVOLUTION Sur-érotisée dans les années 90 puis renvoyée au placard par l’avènement du “comfort wear”, elle fait son grand retour chez les créateur·rices. Et s’impose, moulante, transparente ou ultra-courte, comme un nouveau symbole d’affirmation de soi. Décryptage. Par Charlotte Brunel

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n septembre dernier, le duo de Coperni, alias Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer, signait le happening le plus viral des défilés printemps-été 2023. L’objet de tous les désirs ? Une robe vaporisée en direct sur le corps de Bella Hadid grâce à la technologie du Spray-on mise au point par la société Fabrican. Un simple « body painting » ? Non, car au contact de l’épiderme, le liquide – mélange de coton, de fibres synthétiques et de polymères – se transformait peu à peu en tissu, puis en fourreau blanc qui épousait au plus près l’anatomie de la mannequin. La robe spray de Coperni n’est pas la seule à flirter avec l’immatériel. Des « naked dresses » légères comme des souffles aux nuisettes incrustées de détails empruntés à la corseterie, en passant par des secondes peaux fendues de « cut-out »,

cette saison, la robe n’en finit pas de se déshabiller pour accompagner au plus près de la peau la libération des corps. Et ce ne sont pas les chiffres qui diront le contraire. S elon le moteur de recherche Tagwalk, 59 % des 247 créateur·rices ayant défilé cette saison ont utilisé dans leurs collections des références à la lingerie, et 77 % d’entre eux des effets de transparences… UNE TENDANCE QUE L’ACHETEUSE STAR de Bergdorf Goodman, Linda Fargo, a déjà baptisée « body-pride dressing ». N’y voir que l’effet de la nostalgie actuelle pour les années 90 – décennie de la « naked dress » et du porno chic – et pour les très festives et délurées Y2K serait une erreur. Le retour du sexy, comme le chantait si bien Justin Timberlake, s’inscrit dans un mouvement plus général de célébration du corps féminin post-Covid. « Pendant la pandémie, nous nous sommes enfermés dans le “comfort wear”, l’“athleisure”, dans un vestiaire de survie dans lequel la robe n’était pas essentielle, explique Maud Pupato, responsable du marché mode femme luxe et designers au Printemps Hausmann. La sortie de la crise sanitaire a créé un désir pour une mode plus sexy avec des formes moulantes, des jupes très, très courtes comme chez Miu Miu et, cette saison, beaucoup de transparences, qui ont investi jusqu’à l’univers du mariage et de la cérémonie. Aujourd’hui, les femmes

ont envie de montrer leur corps mais de manière différente. C’est-à-dire pour elles-mêmes comme l’expression de leur force et de leur féminité. » Il y a peu, pourtant, l’image de la robe sexy était loin de faire l’unanimité. Trop vulgaire, antiféministe… les mots n’étaient pas assez durs pour dénoncer ce symbole de l’oppression des corps et des esprits. En pleine vague #MeToo, on se souvient des robes noires et austères portées lors de la cérémonie des Oscars 2018 en signe de solidarité au mouvement. « À un moment, les codes de la féminité comme les décolletés, les talons hauts ont été relus comme quelque chose de subi, d’imposé par la société patriciale, analyse Thomas Zylberman, expert mode chez Carlin International. Mais depuis, beaucoup d’artistes, de chanteuses, d’actrices ont œuvré dans le sens d’une féminité exacerbée en retournant l’arme en son contraire : le sexy a changé de statut, il est devenu une forme d’affirmation de soi. » Les créateur·rices ne boudent pas leur plaisir à explorer ce nouveau territoire d’expression et de liberté. Même ceux et celles auxquel·les on s’attendait le moins… Invitée à défiler à Paris en septembre dernier, Victoria Beckham, plus connue pour ses très sages jupes midi et blouses à col lavallière que pour ses robes sulfureuses, présentait ainsi dans l’église du Val-de-Grâce un festival de modèles en mousseline de soie transparente, de • • •


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Défilés printemps-été 2023 1. Coperni. 2. MM6.

nuisettes en maille ajourées et des drapés « ouverts » sur la peau portés avec de longs gants en latex… « Soudainement, cela ne me semblait plus moderne d’être enterrée sous toute cette garderobe », confiait récemment la créatrice au journal The Guardian. Mais qu’est-ce qui fait justement la modernité de ce néo-sexy ? Une réalisation subtile et sophistiquée et une absence de charge érotique, selon Nensi Dojaka, prix LVMH 2021 et ambassadrice de ce mouvement qui a signé certaines des plus belles « slip dresses » de la saison, tel ce modèle final rouge en soie incrusté d’un soutien-gorge en tulle porté par Emily Ratajkowski. Montrer le corps « a commencé plus comme une tendance puis est devenu, au fil du temps, un manifeste d’“empowerment” qui rend le corps des femmes “acceptable” », explique la créatrice londonienne.

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TUER L’INSÉCURITÉ DE NOS CORPS. Telle est la mission que s’est confiée Nix Lecourt Mansion. Sa collection prin-

temps-été 2023 est une ode à tous les physiques et à la sensualité exacerbée par des fourreaux coupés en biais, des matières stretch, des jeux de boucles ou de laçages qui sculptent les anatomies et s’adaptent à toutes les mensurations. Cette saison, la créatrice parisienne, lauréate du prix Pierre Bergé de l’Andam, qui habille Lady Gaga, Aya Nakamura ou Yseult, a également travaillé le thème de la transparence pour révéler la silhouette, les courbes. « Porter une “naked dress”, c’est une manière de se confronter à son propre corps puisque la robe est tellement légère qu’on a tendance à l’oublier, on se sent nue, explique-t-elle. C’est une tenue que l’on porte bien sûr dans la vraie vie mais plus généralement dans les endroits où l’on se sent bien. » Et de citer comme exemple l’influenceuse Camille Charrière qui avait arboré pour son mariage en 2021 un simple fourreau de dentelle griffé Harris Reed sur une culotte La Perla. Portée par les célébrités sur tapis rouge (de Megan Fox à Olivia Wilde), la

« naked dress » lancée par Kate Moss en 1993 lors d’une soirée à Londres serait-elle presque devenue… banale ? « Aujourd’hui, elle n’est plus vue comme une atteinte à l’ordre public, note Thomas Zylberman. Les règles du jeu entre les hommes et les femmes sont plus claires, la génération actuelle ose donc davantage. » Question de confiance en soi aussi. « Les femmes s’assument mieux, peu importe leur morphologie, confirme Maud Pupato. Les effets de lingerie, les “cut-out”, le court… le sexy s’adresse à tout le monde, sachant que les créateurs adaptent généralement leurs modèles pour celles qui ont plus de poitrine, couvrent certaines parties du corps pour plus de confort. La démarche est vraiment démocratique. » Certaines font même du sexy à tout prix un acte de résistance et d’éducation. C’est le cas de l’actrice britannique Florence Pugh, dont les « haters » avaient moqué les petits seins visibles sous la robe en mousseline de soie rose Valentino qu’elle portait lors du défilé haute couture de la maison romaine en juillet dernier. « J’ai de la chance d’avoir grandi dans une famille de femmes fortes, puissantes et pulpeuses. Nous avons été éduquées pour trouver de la force dans les plis de notre corps », écrivait-elle sur son compte instagram en réponse aux attaques. Depuis, l’actrice enchaîne les apparitions… toutes en transparences. Car loin de l’érotisme provoc et agressif des nineties, le sexy 2023 n’est pas dans le spectaculaire, mais dans le plaisir, le jeu. À L’IMAGE DES DÉSHABILLÉS DE RIHANNA,

qui ont redéfini cette année le plaisir d’être enceinte et de se sentir en même temps belle et sensuelle. Ou comme le confiait récemment Stefano Gabbana au magazine Vogue : « Aujourd’hui, le mot “sexy” est le même, mais il ne recouvre pas la même valeur. Dans les années 90, vous vous habilliez sexy pour les autres. Maintenant, la nouvelle génération s’habille sexy pour elle-même, parce qu’elle aime ça. C’est une sorte de nouvel hédonisme. » Le vêtement tisse donc un nouveau dialogue autour de l’identité des corps, de la féminité et du désir. Une période d’émancipation et de tolérance où la robe entend bien jouer son plus beau rôle. Celui d’un espace de liberté à habiter.

SALVATORE DRAGONE/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. ISIDORE MONTAG/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

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Nouvelle collection

w w w. s p a r to o. c o m @ s p a r to o g r a m


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a gratuité des préservatifs pour les moins de 26 ans depuis le début de l’année fait des heureux. « C’est une excellente nouvelle, se réjouit Eliott, 22 ans. Parce que les capotes, ça finit par faire un budget. » Afin de ne pas trop grever ses finances, cet étudiant parisien connaissait tous les bons plans pour s’en procurer à l’œil dans la capitale. Désormais, il se fournit sans

débourser un centime à la pharmacie en bas de chez lui. Sa mère, qui a connu les ravages du sida au début de l’apparition de la maladie, se félicite aussi de cette mesure qui vise à encourager la prévention chez les jeunes : « Chez nous, la discussion sur la sexualité a toujours été très libre, sans tabou. » Mais cette femme de 62 ans constate que les copains de son fils sont loin d’être aussi décomplexés qu’Eliott. « J’en discute facilement lorsqu’ils sont à la maison et on dirait que c’est un sujet compliqué pour eux, raconte Véronique. Il faut qu’ils

soient épilés, ils ont les poils en horreur, ils ne veulent pas d’odeur. Le porno les a également complètement terrorisés sur la taille de leur sexe. Bref, je les trouve très coincés par rapport à notre génération au même âge. » LE SEXE EST OMNIPRÉSENT dans notre société contemporaine et cette visibilité en est même un des traits distinctifs. Sur les écrans publicitaires dans le métro, sur les bus, dans la rue, des corps dénudés s’imposent aux regards. Porno, sites de rencontres, sex-toys,


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GÉNÉRATION “(S)LOW SEX” Omniprésent dans notre société, le sexe semble pourtant ne pas être une priorité chez les 15-24 ans, qui sont 43 % à ne pas avoir eu de relations sexuelles au cours des douze derniers mois. Alors, réel désintérêt ou profond bouleversement des envies et des pratiques ? Décryptage et témoignages. Par Laure Marchand Illustrations Melek Zertal

envois de « nudes » : en tant qu’offre, il semble n’avoir jamais été si accessible. Avec une telle promesse d’accès illimité, on pourrait s’attendre à un rush comme au buffet ouvert d’un restaurant. Mais ce n’est pas si simple. Tout le monde ne se rue pas dessus et des indicateurs tendent même à montrer une certaine modération chez celles et ceux pour qui on s’y attend le moins. Plus de quatre jeunes sur dix (43 %) n’ont pas eu de relations sexuelles au cours des douze derniers mois, selon un baromètre de l’Ifop réalisé pour Sidaction.

En moyenne, les 15-24 ans interrogés ont déclaré 1,3 partenaire l’année écoulée. Trois ans avant, ils en annonçaient 1,9. Ces résultats rejoignent une tendance observée sociologiquement dans plusieurs pays occidentaux depuis quelques années : les jeunes d’aujourd’hui font moins l’amour que celles et ceux de la génération précédente. Des études creusent diverses pistes pour l’expliquer : temps d’écran qui grignote la rencontre physique « in real life », stress, image dégradée de la sexualité véhiculée par le porno…

Sursollicitée, la libido de la génération Z n’en sort pas toujours indemne. Pour le documentaire No Sex (1) consacré à l’abstinence sexuelle, Didier Cros s’est plongé dans le rapport à la sexualité de ses contemporains. « Notre époque produit un paradoxe : nous vivons dans une société de services, dans une sorte de supermarché de la rencontre et du sexe. D’un côté nous avons gagné en liberté, de l’autre nous avons transformé le sexe en produit comme un autre. Et ce n’est pas parce que la société nous dit que tout est possible, tout est permis, que • • •


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une légitimité. « Aujourd’hui, le fait “La plus grande diversité de que l’on inclut une plus grande diversité sexuelles dans la sexualité, pratiques que l’on inclut aujourd’hui dequ’ilpratiques s’agisse des caresses ou même d’une absence de contacts physiques, permet de dans la sexualité permet se retrouver dans des formes de sexualités alors qu’auparavant celles-ci poude se retrouver dans des formes diverses vaient faire l’objet de stigmatisation et/ ou de marginalisation », ajoute l’autrice jadis stigmatisées et/ou de Les Filles du coin – Vivre et grandir en milieu rural . En résumé, dans les marginalisées.” représentations sociétales, la qualité de (2)

Yaëlle Amsellem-Mainguy, autrice et sociologue à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire

la sexualité ne serait plus indexée sur la quantité, moins en tout cas. CHLOÉ A 18 ANS, UN SEX-TOY ET UNE AMOU-

nous sommes plus à l’aise avec notre sexualité. Cet aspect a été oublié en cours de route. »

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C O M M E N T R E N C O N TR E-T-ON L’AUTR E ?

Comment se rencontre-t- on soimême ? Comment trouver l’harmonie avec sa sexualité ? Nous sommes toujours seuls pour répondre à ces questions existentielles. « Dans la mesure où tout est désormais possible, je ne peux plus me men tir. Où s ui s-je là- dedans ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? Il me semble que ces questionnements s’accompagnent aussi de beaucoup d’angoisses et j’ai senti une certaine fragilité chez les jeunes », ajoute le réalisateur. Entre injonction à la performance et ultralibéralisation des relations, les jeunes adultes tâtonnent. Lina a 20 ans, de grands yeux bleus et de longs cheveux blonds bouclés. L’été dernier, pendant ses vacances en Italie, elle a rencontré un « magnifique » Brésilien. Amours éphémères. De retour à Paris, elle a bien entendu raconté son histoire à ses copines. Puis elles ont discuté d’autre chose. « Dans ma vie, mes ami·es et ma sœur arrivent en premier, j’y suis très attachée, j’ai grandi avec eux, raconte cette jolie étudiante. Le sexe est bien derrière, c’est le dernier truc auquel je pense. » Entre les sorties avec ses copain·ines, sa double licence à la fac et le baby-sitting, son emploi du temps déborde : « Je dois étudier, travailler pour gagner de l’argent, voir mes potes. Un mec me prendrait 50 % de mon temps, ce n’est pas possible. » Faire des rencontres via Tinder pour gagner du temps, justement ? « Certaines copines

le font. Mais franchement, je trouve les mecs sur les applis ridicules. Ils posent torse nu pour montrer leurs abdos, j’en suis gênée pour eux. » Mireille, sa grande amie d’enfance, acquiesce : « La sexualité n’est pas du tout une priorité dans notre quotidien. » Le sentiment qu’elles placent au-dessus de tous les autres est l’amitié. L’été dernier aussi, la jeune femme a eu une belle relation avec un Italien sur une île grecque : « C’était bien, mais c’était les vacances, ça ne rentre pas en ligne de compte dans ma vie de tous les jours. » COMMENT, À QUELLE FRÉQUENCE, AVEC QUI

FAIT-ON L’AMOUR ? De grandes enquêtes démographiques sur la sexualité des Français·es sont en cours. Leur analyse, attendue à la fin de l’année, permettra de dresser un tableau précis des us et coutumes des jeunes adultes en matière de sexualité. Sur le terrain, Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), constate une plus grande diversité d’entrées dans la sexualité : « Il y a trente ou quarante ans, il n’y en avait qu’une, c’était celle de l’hétérosexualité. Y compris pour celles et ceux qui étaient attirés par les personnes de même sexe. » La libération de la parole des femmes sur le sujet, les représentations plus ouvertes dans les médias, la réflexion sur la construction du genre remodèlent l’imaginaire collectif et individuel. Ces bouleversements donnent la possibilité de s’interroger sur ses désirs profonds. Les expériences sexuelles qui ne collent pas aux discours dominants acquièrent

REUSE. Elle raconte très spontanément les liens qui l’unissent à Louise. Cette dernière écrit « des lettres d’amour » à Chloé et lui offre des fleurs. L’autre jour, elle est arrivée avec une rose rouge. Chloé a mis la photo de Louise sur le fond d’écran de son ordinateur et passe souvent la réveiller chez elle le matin. Les deux se font des câlins tendres, des sorties entre elles, « un peu comme des rendez-vous amoureux ». « La dernière fois, elle m’a emmenée dans un petit club de jazz », confie Chloé. C’est beaucoup plus qu’une histoire d’amitié classique. « Je décrirais notre relation comme celle d’un couple mais sans le sexe. » Et sans la jalousie. Les deux jeunes filles ont une vie sexuelle satisfaisante en dehors de leur relation. « J’ai des rapports réguliers car je ne résiste pas à la tentation. Mais vu la technologie à disposition de nos jours, je me dis souvent que je pourrais n’avoir que Louise dans ma vie sans qu’il s’en passe plus physiquement entre nous et que cela me suffirait », précise en souriant la jeune fille. Cheveux très courts et traits du visage très fins, Chloé chérit « cette relation qui correspond à ses besoins » : « Lorsque quelqu’un vient vers moi, je dis tout de suite que le sexe n’est pas le principal pour moi. L’essentiel, c’est l’amour. Et je vois l’amour comme une énergie à donner aux autres, bien au-delà de l’amour dans un couple qui serait au-dessus de tout le reste. » En revendiquant de nouvelles combinaisons entre amour et sexualité, c’est bien aussi le modèle du couple traditionnel et son cortège d’injonctions que la nouvelle génération bouscule. 1. Diffusé sur arte.tv 2. Éd Les Presses

de Sciences Po.



84 MODE HISTOIRE(S) DE MODE SHOOTING 100% labels belges MOTIFS Étranges mélanges

TENDANCES Repérées dans les défilés


STYLE

106 BEAUTÉ

118 LIFESTYLE

NOUVEAUTÉS, CONSEILS, CONFIDENCES

DÉCOUVERTES ET SENSATIONS

DOSSIER Tout pour un beau sourire BANC D’ESSAI Le shampoing solide

INTERVIEW Les secrets beauté de Kate Moss

VOYAGE Sur les flots de la mer Egée FOOD Chez Flamme, on grille tout

INTERVIEW La devise de Dréa Dury


100% Mais qu’elle est belge, la mode ! Ne se limitant pas aux créateurs œuvrant sous leur propre nom, elle peut aussi compter sur les artistes belges travaillant pour des maisons légendaires. Ce shooting est 100% dédié à leur talent. Photos Jaap Strijker de Eeagency Production et stylisme Francis Boesmans

BELGE


Collants jaunes en guise de haut, pull en laine grise et ceinture à la taille, manchette jaune Skeleton, le tout Raf Simons. Collants jaune pâle, Falke.


Chemise en organza de soie couleur pêche avec sarouel assorti, large caftan à capuche et collier à franges, le tout Christian Wijnants. Bottines rouge rouille à talon aiguille, Morobé. Droite T-shirt oversize en jersey à fleurs et jupe crayon grise fendue à volants, les deux Dries Van Noten. Pull en laine fine, Caroline Biss. Cuissardes violettes ‘Giulia’, Morobé.



Robe en taffetas de soie jaune, Bernadette. Clous d’oreilles en or et 3 diamants blancs 0,15ct, boucle d’oreille Maxenxe Bar et diverses bagues en or, le tout Elliot & Ostrich. Bracelet ‘TV’ en or, Van Esser. Droite Chemise en satin bleu Yves Klein, Scapa. Maille fine bleue, Essentiel Antwerp. Gilet en cuir turquoise avec blouson bomber oversize assorti, les deux Filles à papa. Pantalon cargo en coton laminé, Botter. Mocassins carrés en cuir bleu clair, MM6 Maison Margiela. Lunettes de soleil, Bottega Veneta via Mytheresa. Sac Tempête en cuir de veau Alpina bleu azur, Delvaux.



Chemise en satin, Charlotte Baude. Robe dos nu avec drapé, Studio Soir. Blazer oversize vert, MM6 Maison Margiela. Sandales ‘Nini’ en cuir verni vert fluo, Morobé. Droite Blazer, Christian Wijnants. Chemise lilas à manches volumineuses, Walter Van Beirendonck. Top tube, pantalon large en taffetas et bijoux d’oreilles en plexi lilas, le tout Véronique Leroy. Sandales à talons en cuir lilas, Morobé.



Manteau de laine surdimensionné, Alaïa. Top bordeaux en cuir sans manches, Enes. Collants en satin, Wolford. Bottines rouge rouille à talon aiguille, Morobé. Droite Spencer en laine violette, Julia June. Top bustier fuchsia en soie avec des manches surdimensionnées, Natan Couture. Blazer en velours côtelé marron, Meryll Rogge. Pantalon large rose clair, Maison Ullens. Bracelet en émail rose, Van Esser.



Col roulé en laine fine écru, Toos Franken. Chemise dorée à manches volumineuses, Walter Van Beirendonck. Marcel en jersey en guise de ceinture, appartenant au styliste. Jupe crayon en satin de soie avec fente, Rhúne. Sandales jaunes ‘Meg’, Morobé. Sac à main, Kaai. Bagues en or, Elliot & Ostrich. Droite Blazer oversize marron foncé en coton ciré avec jupe longue assortie et haut en jersey noir, le tout Ann Demeulemeester. Escarpins en cuir noir à talon graphique, Raf Simons.


Assistant stylisme Joshua Basubi. Modèle Daphné chez Platform Models. Coiffure et maquillage Florence Teerlinck pour Dior. Assistante photo Merel Klaassen. Remerciements à MVRDV Architectes.


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STYLE

MODE D’EMPLOI

UN PARDESSUS À CHEVRONS SUR UN SEMIS DE FLEURS Manteau en laine Musier, 340 €, T-shirt en jersey Paco Rabanne, 420 €, jupe en coton Acne Studios, 490 €. Chaussettes en laine Falke, 18 €, escarpins en cuir Prada, prix sur demande.

UNE CHEMISE RAYÉE ET DES TOUCHES LÉOPARD Chemise en coton mélangé Molly Bracken, 40 €, pantalon en cuir Sessùn, 225 €. Collier en argent et oxyde de zirconium APM Monaco, 550 €, manteau en fausse fourrure et sandales en polyester Camille x Mango, 240 € et 60 €. •••


Motifs,

la variable d’ajustement Cinq façons d’associer rayures, tweed, pois, fleurs ou imprimé panthère pour faire vibrer son look. Photos Denis Boulze Réalisation Agathe Gire


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STYLE

MODE D’EMPLOI

DU TWEED CONSTELLÉ DE CHARMS AVEC UN COLLANT FLASHY Manteau en laine à ornements Loewe x Howl’s Moving Castle, prix sur demande, nuisette en soie Intimissimi, 60 €. Collant en polyamide recyclé Falke, 24 €, sandales en cuir verni Made by Sarenza, 119 €.

UN MANTEAU “TAPISSERIE” SUR DES LIGNES BLANCHES Manteau en laine Rouje, 420 €, chemise en coton Comptoir des Cotonniers, 95 €, jean en coton Levi’s, 130 €. Bagues en or plaqué Daphine, 75 € à l’index, et 90 € chacune au majeur et à l’auriculaire, bottines en cuir Maison Margiela, 950 €. Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Ksenia Mango/Mademoiselle Agency. Casting Brice Compagnon. Coiffure et maquillage Axelle Jerina.


UNE VESTE À RAYURES TENNIS SUR DES POIS Veste en laine Giuliva Heritage, 1 800 €, chemise en rayonne et viscose Five, 139 €, T-shirt en coton organique et ceinture en cuir Refine, 140 € et 220 €, jean en coton Levi’s, 130 €. Collier City Hardwear, en argent Tiffany & Co., 3 550 €.


100

STYLE

MODE D’EMPLOI

BEST OF DES DÉFILÉS Couleurs, looks, matières, pièces phares : voici quatorze grandes tendances repérées par la rédaction lors des derniers défilés printemps-été 2023.

LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. COURTESY OF ALEXANDER MCQUEEN

LE COBALT INTÉGRAL

Après le rose, emblématique d’un certain retour à l’optimisme, cette saison printemps-été 2023 a puisé dans une autre couleur vibrante tout aussi riche de sens : le bleu profond. Derrière cette teinte, une histoire particulière puisque ses pigments à base de lapis-lazuli coûtaient si cher aux temps anciens qu’ils étaient utilisés avec parcimonie, réservés notamment à la représentation de la Vierge Marie. Puis le premier bleu de cobalt est créé en 1802, fruit des expérimentations du chimiste français Louis Jacques Thénard. La couleur n’a cessé de fasciner, jusqu’au peintre Vincent Van Gogh qui aurait écrit à son frère : « Le bleu de cobalt est une couleur divine et il n’y a rien de plus beau pour installer une atmosphère. » Les créateur·rices l’ont bien compris et en ont habillé leurs déclinaisons de robes : fluide chez Akris, à découpes chez Alexander McQueen, texturée chez Cecilie Bahnsen, effet boule chez Loewe. Off-White et Rokh l’utilisent pour réveiller leurs silhouettes plus urbaines, apportant ainsi de la modernité à cette couleur profonde.

SPOTLIGHT (X2). LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. SALVATORE DRAGONE/

Loewe

1

Akris

COURTESY OF CECILE BAHNSEN. DANIELE OBERRAUCH/LAUNCHMETRICS.COM/

Alexander McQueen

Cecilie Bahnsen

Off-White

Rokh

Par Vicky Chahine Réalisation Alexandra Conti et Julie Cristobal


101 Prabal Gurung

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LES BOUCLES EN LONGUEUR

Acne Studios

LA FRANGE LIBRE

Jason Wu

C’est un élément décoratif qui évoque à la fois les cow-boys, les uniformes religieux, le charleston et pour les plus érudits, la Mésopotamie où les franges sont nées des milliers d’années avant Jésus Christ. Elles rappellent également une certaine esthétique bohème, les tenues de scène d’Elvis Presley mais aussi les vestes de biker de Johnny Hallyday. C’est toute cette riche iconographie dans laquelle les créateurs ont puisé cette saison puisque les franges étaient de tous les défilés. Certaines terminaient les silhouettes, jouant à découvrir délicatement les jambes comme chez Victoria Beckham ou Jil Sander. Matthieu Blazy chez Bottega Veneta en a intégré ici et là, notamment sur une jupe architecturale au jaune poétique. Cet effet effilé joue aussi avec une image plus grunge, dont s’est saisi Ports 1961 pour animer ses ••• longues vestes.

Dries Van Noten

3

Rejina Pyo

Ferrari

Jil Sander

Victoria Beckham

Bottega Veneta

Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood

Ports 1961

SPOTLIGHT. LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X3). SALVATORE DRAGONE/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. PAOLO LANZI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. FILIPPO FORTIS/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. ANDREA ADRIANI/LAUNCHMETRICS.COM/

ARMANDO GRILLO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. ALESSANDRO VIERO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT X 2. MATTEO SCARPELLINI/

Est-ce le « deuxième effet Kiss Cool » de toutes ces réunions Zoom où l’on n’apercevait que notre visage ? En tout cas, les boucles d’oreilles imposantes et tombantes ont dominé les podiums. Perles XL chez Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood et Prabal Gurung ou coquillages chez Acne Studios ont fait du lobe le nouveau terrain de jeu de la mode.


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STYLE

MODE D’EMPLOI

4

LES SACS DOUDOUS

Après les microsacs bijoux, les créateur·rices ont jeté leur dévolu pour le printemps-été 2023 sur de grandes pochettes moelleuses aux couleurs acidulées, orange chez Sportmax, rose chez Giambattista Valli et vert émeraude chez Loewe. Des accessoires qui se portent sous le bras, en les agrippant comme on le ferait avec un duvet doudou.

Loewe

Stella McCartney

Giambattista Valli

Jil Sander

Sportmax

FILIPPO FIOR/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. COURTESY OF ATLEIN. ARMANDO GRILLO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. ALESSANDRO VIERO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT

Atlein

DANIELE OBERRAUCH/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X5). ALESSANDRO LUCIONI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

Loewe Balmain

5

Saint Laurent

Givenchy

franges, imaginées à l’origine pour apporter de la souplesse et de la flexibilité aux tissus, les fronces ont habillé des versions couture de l’incontournable robe de soirée de nos vestiaires post-Covid. Le choix de cet effet stylistique sophistiqué prisé par la mode est porté par cette féminité assumée et un certain goût pour le vêtement architectural, réponse au loungewear adopté pendant les confinements. Certain·es créateur·rices ont associé les fronces à des épaulettes saillantes comme ce top chez Givenchy. D’autres les ont choisies pour marquer et orner les découpes des vêtements à l’image de Balmain, Atlein et Loewe. Enfin, Anthony Vaccarello chez Saint Laurent les utilise pour moderniser l’une des pièces signature du fondateur de la maison : une longue et sculpturale robe capuche.

Ester Manas

LES MISES EN PLIS Plus techniques que les


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A.W.A.K.E.

Jason Wu

Balmain

6 LES CERCLES D’INITIÉ·ES

Comment se réinventer saison après saison ? En piochant notamment dans des formes que l’on exploite de nouvelles façons. Pour le printempsété 2023, les créateur·rices ont joué avec les formes rondes, les ovales ou encore les cylindres. Du chapeau auréole de Thom Browne au bracelet système solaire de Balmain en passant par le sac sculptural d’A.W.A.K.E., ça tournera en rond la saison prochaine.

Thom Browne

LES TONS SOLEIL COUCHANT

Marni

GCDS

Etro

Zimmermann

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Salvatore Ferragamo

LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X4). LUCA TOMBOLINI. DANIELE OBERRAUCH/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

GIANLUCA CARRARO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X3). ALESSANDRO VIERO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

Courrèges

Est-ce le besoin d’une certaine douceur ? L’envie de partir loin, dans un pays exotique au bord de la mer ? Le retour à la simplicité de la beauté de la nature ? Toujours est-il que le coucher de soleil et sa fascinante palette de couleurs chaudes passant du rose pâle à l’orangé jusqu’au rouge vif ont inspiré les créateur·rices. Courrèges a imaginé une robe au lumineux dégradé, tout comme Salvatore Ferragamo avec sa longue chemise fluide ouverte. Les vibrantes teintes de la fameuse heure qu’on dit entre chien et loup drapent également les corps chez GCDS et Etro dans une version plus urbaine. Pour leur première présentation parisienne, les sœurs australiennes de Zimmermann s’en sont inspirées pour une robe à froufrous et Francesco Risso chez Marni a choisi de dédier tout son défilé à ses souvenirs de couchants ••• dans sa campagne italienne. Hypnotisant.


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STYLE

MODE D’EMPLOI

Undercover

Loewe

Miu Miu

Sacai

SACS 9 LES SAGES

Ne serait-ce pas une tendance qui signe la fin du télétravail et le retour au « présentiel » ? On ressort ainsi la version dame de la mallette : minimaliste chez Prada, à rabat avec fermoir chez Louis Vuitton et Miu Miu, elle signe une allure plus formelle. De là à s’attendre au retour du tailleur ?

Louis Vuitton

Tory Burch

Miu Miu

Prada

LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X9). FILIPPO FIOR/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

Stella McCartney

Louis Vuitton

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LES POCHES À EFFETS

Si le loungewear du confinement semble avoir quitté – temporairement ? – les podiums, le workwear s’y est, lui, durablement installé. Il évoque plusieurs thèmes chers à l’époque comme la durabilité, la fonctionnalité et la simplification de nos vies. Cette saison, il prend une autre forme que la classique veste de travail puisqu’il est question de poches. Ou plutôt de multipoche qui, en plus de faciliter le quotidien, donne de l’allure aux vêtements. Certaines épousent la silhouette comme sur la combinaison de Stella McCartney, le blouson d’Undercover, mais aussi la veste de campagne anglaise réinventée par Jonathan Anderson pour Loewe. D’autres en ont fait un élément aussi fonctionnel que décoratif, qui donne une dimension architecturale au vêtement, comme dans ces versions exagérément grandes de Louis Vuitton et Miu Miu.


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LE VOILE AÉRIEN

Rokh

Michael Kors Collection

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Givenchy

Paco Rabanne

LES MANCHETTES MAGISTRALES

Comme une façon d’habiller le poignet, le bracelet « statement » s’impose sur les silhouettes pour le printemps-été prochain. La manchette en argent minimaliste de Michael Kors, la sangle de cuir chez Paco Rabanne marquent sculpturalement les attaches.

Prada

Tory Burch

Acne Studios

Victoria Beckham

Fendi

Miu Miu

ALESSANDRO LUCIONI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. GIANLUCA CARRARO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

ANDREA ADRIANI/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. FILIPPO FIOR/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT. LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT (X6).

Miroir de la société, la mode continue d’accompagner l’émergence d’un nouveau sexy, assumé, affirmé, maîtrisé. La transparence qui inspire les podiums ces dernières saisons en est l’un des attributs. Et pour jouer un peu sur les codes, elle s’invite sur des pièces longues, comme des tuniques translucides qui habillent autant qu’elles déshabillent. La saison prochaine, les savants jeux de construction sont mis au service d’une transparence parfois juste suggérée comme la combinaison d’Acne Studios ou la robe logotypée de Fendi. D’autres fois, elle dévoile franchement les sous-vêtements faisant voler les frontières entre vêtements d’intérieur et extérieur, comme les voilages de Miu Miu, Prada, Tory Burch et la robe poétiquement déconstruite de Victoria Beckham. Certain·es ont même choisi de révéler le corps, comme un pied de nez à la politique d’Instagram qui interdit le dévoilement des tétons féminins.



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Retrouver le sourire Il est l’un de nos plus beaux atouts, et un puissant levier pour le mental. C’est pourtant une habitude que l’on a tendance à perdre, surtout si l’on n’est pas satisfait·e du sien. Méthodes de brossage, de blanchiment, soins de la bouche ou make-up : voici nos meilleurs conseils pour le mettre en valeur et le garder éclatant.

MANTEAU DRIES VAN NOTEN.

Par Céline Mollet et Kim De Craene Photo Sabine Villiard Stylisme Agathe Gire

Selon une étude OpinionWay pour SmileDirectClub qui vient de paraître, 47 % des Français·es sourient plus de dix fois par jour. Une bonne chose car le sourire aurait de nombreuses vertus. « C’est une énergie renouvelable qui augmente au fur et à mesure qu’on la partage », analyse Delphine Besset-Derynck, conférencière sur le #SmilePower et autrice de Comment sourire peut changer le monde*. « Sourire stimule la dopamine, l’ocytocine, la sérotonine et les endorphines, hormones du bonheur, ce qui permet de doper l’humeur et la confiance en soi, de faire baisser le stress, de favoriser les connexions humaines… », souligne l’experte. Pourtant, c’est une habitude que l’on perd lorsque l’on avance en âge puisqu’un enfant sourit quarante fois plus qu’un adulte. Mais cela s’apprend : « Si vous avez l’intention d’être souriante dans votre esprit, c’est déjà bien ! Vous pouvez aussi vous exercer dans le miroir pendant quelques secondes, pour laisser le temps à votre cerveau de ressentir un message positif. Quand on sourit, on peut appréhender les choses avec plus d’optimisme. Le sourire n’est pas seul, c’est l’arbre qui cache la grande forêt de l’énergie positive », conclut Delphine Besset-Derynck. D’où l’intérêt d’en prendre soin et de le sublimer, pour qu’il soit aussi solaire que celui de Jennifer Aniston, l’actrice remportant la palme du sourire préféré des Françaises. (*) Éd. YouStory. Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Kristin Drab/IMG Models. Casting Arthur Méjean. Coiffure Tomoko Ohama/Wise & Talented. Maquillage Ania Grzeszczuk/Open Space Paris. Manucure Philippe Ovak/Marie-France Thavonekham Agency.

Adopter une hygiène irréprochable Pour éliminer les bactéries et résidus alimentaires, il est essentiel de se brosser les dents au moins deux fois par jour pendant deux minutes, avec une brosse à poils souples, voire une brosse à dents chirurgicale très douce et un dentifrice qui ne soit pas trop abrasif. Si vous êtes fumeuse, accro au thé ou que vous avez beaucoup de tartre, privilégiez les dentifrices au charbon actif, un peu plus abrasifs. Mais le lavage en surface n’est pas suffisant. Les espaces interdentaires ne doivent pas être oubliés car ce sont des nids à bactéries. Pourtant, en 2019, seulement 13 % des Français·es* complétaient le brossage en nettoyant ces interstices. Pour les débarrasser des résidus et impuretés, misez sur le combo fil dentaire et brossettes. Si vos dents sont très serrées, préférez un hydropulseur dont la puissance du jet permet de déloger ••• facilement les indésirables. (*) Source : Neopulse. LES BONS ALLIÉS 1. Précis Hydropulseur de Panasonic, 80,93 €. 2. Green Dentifrice Blancheur Naturelle de Respire, 6,79 € les 75 ml. 3. Innovant Brosse à Dents iO5 de Oral-B, 189,99 €. 4. Design Brosse à Dents Tann de Hay, 5 €. 5. Douce Issa 3 de Foreo, 169 €. 6. Tech Jet Dentaire Power Flosser de Philips, 99,99 €. 7. Vegan Dentifrice Cap Ferrat Mood Menthe Fraîche de Lebon, 12,90 € les 75 ml. 3 1

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Purifier son haleine Retrouver une haleine fraîche passe forcément par un brossage régulier, mais pas seulement. En effet, la langue peut aussi être responsable des odeurs gênantes. En cause, toutes les bactéries qui sont présentes à sa surface. « Les aliments et cellules mortes sont dégradés par les bactéries, ce qui engendre des composés volatils soufrés, responsables de la mauvaise haleine », explique le Dr Pierre-Marie Voisin, dentiste et responsable médical Oral Care Pierre Fabre. D’où l’intérêt de se nettoyer la langue. Si vous le pouvez, utilisez votre brosse à dents pour éliminer les bactéries, cellules mortes et résidus alimentaires. Allez suffisamment loin, même si cela n’est pas très agréable. Sinon, inspirez-vous de la médecine ayurvédique en utilisant un gratte-langue. Pensez aussi aux produits qui captent ces composés volatils soufrés : bains de bouche, gommes ou sprays…

produit pénètre dans l’émail et oxyde les pigments de dent. « C’est un peu le même principe qu’avec une décoloration pour cheveux à base d’eau oxygénée », observe le Dr Pierre-Marie Voisin. « Ce procédé éclaircit les dents, mais ne les blanchit pas », rappelle l’expert. Ne vous attendez donc pas à retrouver le sourire de votre enfance. Et pour que le résultat dure, il faut limiter la consommation des aliments et boissons qui jaunissent. En complément, utilisez des soins qui agissent sur les taches et la couleur de l’émail. Au choix, dentifrices, produits régénérants ou top coat à appliquer au quotidien. LES BONS ALLIÉS 1. Slow-aging New White Enamel Anti-Aging Serum de Vardis, 149 € les 2 ml. 2. Nettoyant Bain de Bouche Expert de Regenerate, 12,90 € les 50 ml sur cultbeauty.com. 3. Traditionnel Dentifrice Amarelli Licorice Mint de Marvis, 8,99 € les 85 ml. 4. Purifiant Dentifrice au Charbon Blancheur Active d’ Ecodenta, 4,49 € les 100 ml.

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LES BONS ALLIÉS 1. Ayurvédique Gratte-langue 100 % cuivre de Cosmic Dealer, 21 € sur teintteint.com. 2. Frais Dentifrice Total Classic de Colgate, 3,29 € les 75 ml. 3. Solide Dentifrice Fraîcheur à Croquer de Coslys, 8,28 € les 120 pastilles. 4. Mentholé Baume Gingival de Weleda, 7,99 € les 30 ml. 5. Rafraichissant Bain de Douche de Aesop sur De Bijenkorf, 21 € les 250 ml. 6. Naturel Rituel Bain de Bouche Gandusha d’Holidermie, 39 €

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les 200 ml.

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Gagner en éclat Avec le temps, les dents ont tendance à jaunir car la dentine se modifie avec l’âge. Un phénomène accentué par la consommation de café, thé, soda, fruits colorés, vin rouge, tabac. Pour faire le point sur la couleur de l’émail, direction Toulouse. Dans son Lab, le groupe Pierre Fabre a installé un miroir connecté qui établit un diagnostic blancheur. Il prend une photo des dents puis une des yeux et compare leur blancheur afin de définir la teinte idéale et proposer des solutions, à domicile ou chez le dentiste. En phase de test, ce concept pourrait être étendu à certaines pharmacies. Pour éclaircir les dents de plusieurs tons, il faudra passer par un blanchiment en cabinet. Au choix, le dentiste pose un produit éclaircissant à base de peroxyde de carbamide, pendant une heure. Autre option, il réalise des gouttières et vous appliquez, chez vous, quotidiennement, pendant deux semaines, une formule plus light. Le temps de pose varie selon le dosage de peroxyde de carbamide (une heure ou toute la nuit). Dans les deux cas, le

La demande est en augmentation depuis l’apparition des aligneurs, qui assurent une discrétion absolue et ont supplanté les traitements multi-attaches (que l’on appelle plus communément « les bagues »). Mais attention, leur utilisation doit se faire sous le contrôle d’un orthodontiste et avec des gouttières sur mesure. Pas question d’acheter des aligneurs sur le Net. « Avant de déplacer une dent, un examen clinique et radiologique s’impose, explique le Dr Gérard Motto, orthodontiste et président du Syndicat français des spécialistes en orthodontie. Il faut prendre des précautions et vérifier qu’il n’y a pas de kyste, de problèmes parodontaux ou un manque d’os. » Seul·e l’orthodontiste est capable de faire un diagnostic, puis de prendre vos empreintes dentaires et de faire réaliser des gouttières parfaitement ajustées. Vous pourrez visualiser en 3D le résultat escompté. Le traitement dure en moyenne d’un an et demi à deux ans si vous suivez les recommandations, à savoir porter les aligneurs invisibles au moins vingt heures par jour. À la fin, le spécialiste pose des fils de contention pour que les dents restent stables. Le port de gouttières de nuit est parfois également recommandé. Comptez environ 5 000 € le traitement, comprenant le suivi et si nécessaire, un réajustement dans les cinq ans qui suivent.

PRESSE.

Retrouver des dents bien alignées


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Sublimer grâce au make-up Le maquillage est le meilleur moyen de révéler le sourire, à condition de bien le choisir. « Misez sur un rouge à lèvres qui donne de l’éclat à la mine et flatte la dentition », recommande Magali Marx, make-up experte Clarins. Privilégiez les rouges qui donnent de l’assurance, les roses éclatants, mais aussi les bordeaux… dans les tons plutôt froids. Évitez les tons chauds et orangés (leurs pigments jaunes ne contrastent pas assez avec la teinte des dents). Oubliez aussi les mauves, le violet étant une couleur complémentaire du jaune. Choisissez votre produit en fonction de la morphologie de votre bouche. Fine ? Optez pour des textures satinées, brillantes ou glossy dans les tons clairs, le mat et les teintes foncées affinant les lèvres par effet d’optique. Pulpeuse ? Vous pouvez tout porter. Avec une préférence pour les tons veloutés et mats, les nude. Enfin, si le contour des lèvres est marqué, optez pour des textures longue tenue. Comblez rides et ridules avec une base comblante pour éviter que la couleur ne file. Le conseil : pour les teintes très pigmentées, utilisez un pinceau à lèvres, le résultat sera plus précis. Et pour des lèvres toujours nettes : éliminez les cellules mortes avec un gommage, appliquez un baume la nuit et un rouge hydratant le jour. LES BONS ALLIÉS 1. Express Lip Wrap Hydrating Mask d’Ilia, 29 € les 10 ml. 2. Seconde peau Baume Confort Extrême Lèvres de Sisley, 66 €. 3. Hydratant Dior Addict Lip Maximizer de Dior, 44,10 €. 4. Lissante Soin Extrême Lèvres et Contour de Annayake, 83 € les 15 ml. 5. Lumineux KissKiss Bee Glow 409 Fuchsia Glow de Guerlain, 38,50 €. 6. Rechargeable Rouge à Lèvres Le Baume Naturel de Kure Bazaar, 38 €. 7. Réparateur Hyaluronic Acid + Peptide Lip Booster de Paula’s Choice, 27 € les 10 ml. 7

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PRESSE.

Rééquilibrer son microbiome « On dénombre pas moins de dix mille espèces de bactéries différentes dans la bouche, souligne le Dr Pierre-Marie Voisin. C’est un écosystème particulièrement complexe, où cohabitent bactéries, virus, parasites. » Il ne faut surtout pas éliminer la totalité des bactéries, sinon vous tuez aussi les bonnes bactéries et créez un déséquilibre… Cela peut engendrer de l’hypersensibilité, une mauvaise haleine, des inflammations, davantage de plaque dentaire. « De plus, il y a un lien entre bonne santé orale et bonne santé générale. Une bouche saine est indispensable

pour un corps sain. » La solution ? Des formules douces, qui ne décapent pas et préservent la flore bactérienne grâce à des probiotiques et des ingrédients soft triés sur le volet. LES BONS ALLIÉS 1. Revitalisant Dentifrice Régénérant Fraîcheur de The Smilist, 17,90 € les 75 ml. 2. Rééquilibrant Compléments Alimentaires Bouche & Microbiome de Gallinée, 17 € les 30 comprimés. 3. Bio Dentifrice Peppermint de Dr.Bronner, 13 € les 150 ml. 1

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Rectifier avec des injections La médecine esthétique peut offrir un bon coup de pouce. « En cas de déshydratation, lors d’une séance de mésothérapie du visage, le médecin peut injecter aussi les lèvres, pour les réhydrater sans effet de volume. Si la déshydratation est plus marquée, un acide hyaluronique fluide sera plus adapté pour apporter peu de volume et beaucoup d’hydratation », note la Dre Marilyne Plasqui, médecin esthétique. Si vous avez perdu du volume, les injections d’acide hyaluronique plus épais, à la canule ou à l’aiguille, redonnent du galbe à la bouche pour six à huit mois en moyenne. Il faut se masser dans les jours qui suivent pour une bonne diffusion du produit. « Enfin, l’apparition d’un œdème est inévitable, si bien que la première injection peut paraître un peu chargée. Mais après 48 à 72 heures, le volume s’estompe. » Pour celles complexées par un sourire gingival, le médecin injecte de la toxine botulique de part et d’autre des ailes du nez, afin d’éviter que les muscles ne relèvent trop la bouche. Enfin, en cas de lèvres tombantes, le « lip lift » a le vent en poupe. Cette technique chirurgicale consiste à prélever un peu de peau de la lèvre blanche, sous les ailes du nez, pour faire remonter la lèvre rouge. Elle peut aussi cibler les commissures.

LE SOURIRE EN QUELQUES CHIFFRES Chaque année, 4,4 tubes de dentifrice par personne sont vendus. (Source : What Matters.) Une étude de l’organisation de consommateurs Test Achat montre que seuls six des dix-sept dentifrices testés répondent aux exigences de base en termes d’efficacité. Avec un dentifrice contenant 1 450 ppm (parties par million) de fluorure, vous êtes toujours dans le bon. Remplacez votre brosse à dents tous les trois mois, ou dès que les poils perdent leur forme. Le dentifrice contient cinq ingrédients principaux : fluorure, abrasifs, arômes et parfums, agents hydratants et détergents.


STYLE

BEAUTÉ

LES FONDAMENTAUX DE

KATE MOSS La top britannique a abandonné les nuits blanches pour lancer Cosmoss, sa marque de produits de bien-être. Elle évoque avec nous ses nouvelles habitudes de “wellness”, entre yoga du visage, méditation, Pilates et jus vert. Par Aurélie Lambillon À QUELLE HEURE VOUS LEVEZVOUS LE MATIN ?

Idéalement à 7 h 30-8 heures, pour faire du yoga et méditer. J’ai longtemps détesté aller me coucher et me lever. Aujourd’hui, bizarrement, c’est l’inverse. Et je n’aime plus traîner au lit. SORTEZ-VOUS SANS MAQUILLAGE ?

Jamais ! Une femme très sage m’a dit un jour : « Tu ne sais jamais sur qui tu peux tomber. » FAITES-VOUS DU SPORT ?

Oui, du Pilates. En complément du yoga qui m’a beaucoup assouplie, c’est le renforcement musculaire idéal. J’ai pris une prof pour travailler sur le Cadillac à la maison. J’adore le look de cette machine. SUIVEZ-VOUS UN RÉGIME PARTICULIER ?

Je me suis sentie incroyablement bien après une retraite ayurvédique en Inde. Je trouve pourtant ce régime compliqué à suivre au quotidien. Mes protéines préférées – le fromage, le poisson, la viande – me manquent. Je ne suis donc pas végétarienne mais je fais attention et je ne mange plus de « merde ». Et je commence la journée avec un jus vert qui me donne bonne conscience.

Ses 3 essentiels 1. Eau de Parfum Sacred Mist de Cosmoss, 140 € les 100 ml, à La Samaritaine et sur cosmossbykatemoss.com 2. Masque de Nuit pour les Lèvres de Laneige, 23 € les 20 g, sur sephora.fr

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3. Crème Corps Anti-Âge Hydratante Body 24 Hour de Valmont, 165 € les 200 ml, sur 24s.com

UN GESTE GREEN ?

J’ai des terrains à la campagne que j’ai transformés moitié en sanctuaire pour les abeilles, moitié en exploitation de blé par un ami qui fait ensuite du pain pour offrir aux plus démunis. Il confectionne jusqu’à vingt mille miches par an. COMMENT SOIGNEZ-VOUS VOTRE PEAU ?

Je viens de commencer le yoga du visage. La pratique ressemble un peu à un « freak show » mais il me semble logique de tonifier les muscles du visage comme ceux du corps. QUE DISENT VOS CHEVEUX DE VOUS ?

Qu’il vaut mieux que je les porte longs. Je les avais fait couper court avant ma grossesse et ça ne m’allait pas. J’aurais d’ailleurs dû en profiter pour jouer avec la couleur, comme les teindre en rose, plutôt que ce blond-châtain clair que j’avais à l’époque. PORTEZ-VOUS DU PARFUM TOUS LES JOURS ?

Oui et mes deux préférés sont Fleurs d’Oranger de Serge Lutens et L’Heure Bleue de Guerlain. J’ai eu la chance de rencontrer Monsieur Lutens, qui m’a fait visiter sa maison incroyable au Maroc. C’est un homme hors du commun. LA PLUS BELLE FEMME QUE VOUS AYEZ RENCONTRÉE ?

Au risque de paraître narcissique, c’est ma fille, Lila, qui devient une femme magnifique. Petite, elle était très timide. Aujourd’hui, elle a 20 ans et les pieds bien sur terre. Elle trace son chemin. Elle a quitté la maison pour partir étudier la photo à l’école Parsons, à New York. Je la comprends tellement. J’y ai également habité à la fin de mon adolescence et c’est le bon âge pour y vivre. Cette ville dégage une telle énergie !

PRESSE.

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Rendez-vous sur www.lesoir.be


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STYLE

BEAUTÉ

TESTÉ ET (AP)PROUVÉ

LE SHAMPOING SOLIDE Le shampoing solide constitue une alternative écologique à son cousin liquide, conditionné en flacon plastique. Mais est-il efficace ? Nous avons essayé. Par Kim De Craene

SHAMPOOING DOUCEUR RÊVE DE MIEL DE NUXE 13,50 € les 65 g

SHAMPOING SOLIDE AU CHARBON DE ORIGINAL & MINERAL 28,08 € les 70 g via De Bijenkorf

MOISTURE & SHINE NO PLASTIC SHAMPOO DE WEDO/ 14,90 € pour 80 gr

★★☆☆☆

★★★★☆

MARIE GEUKENS RÉDACTRICE FINALE

TIMON VAN MECHELEN RÉDACTEUR EN CHEF

AURÉLIA DEJOND JOURNALISTE

SOPHIE BREVERS DIRECTRICE ARTISTIQUE

POURQUOI ? « Un shampoing solide laisse souvent les cheveux secs et emmêlés. Mais le message sur l’emballage du shampooing Douceur Rêve de Miel est clair : “ démêlage facile ”. Vu le succès de Nuxe en Belgique, nous voulions absolument le passer au crash test. Le shampoing solide dure jusqu’à trois mois pour une utilisation bihebdomadaire. »

POURQUOI ? « Ce shampoing solide est 100 % naturel et remplacerait quatre bouteilles de shampooing. Bref, c’est tout bénef pour l’environnement et le portefeuille. La formule enrichie à la prune de Kakadu et au charbon actif élime les résidus de produit, pour un cuir chevelu frais et propre. La formule soignante est exempte de sulfates, de parabènes, de PEG et de parfums synthétiques. »

POURQUOI ? « La promesse de ce shampoing est double : sans sulfate ni silicone, à l’huile d’argan bio, d’argile minérale rouge et composé à 99,8 % d’ingrédients biodégradables, il rendrait la chevelure douce, brillante et hydratée, tout en préservant le cuir chevelu des agressions dues aux lavages répétitifs. Un seul shampoing solide équivaut à 8 bouteilles en plastique et permet 80 lavages. Un produit éco-responsable pour installer une nouvelle routine durable. »

POURQUOI ? « Un 2 en 1 tout doux pour laver les cheveux et le corps de toute la famille, à partir de 3 ans. Avec 94 % d’ingrédients d’origine naturelle et enrichi en huile d’avocat et d’olive bio, il promet des cheveux soyeux et brillants et une peau souple et confortable. »

INCONVÉNIENTS ? « Il n’y a pas grand-chose à redire. Mais soyons honnêtes : les cheveux gagnent en volume et en douceur avec l’application d’un après-shampooing traditionnel… et donc après le lavage avec le shampooing solide. » APPROUVÉ ? « Au royaume des shampoings solides, celui-ci est sans doute le roi. Il dégage un agréable parfum de miel et offre une mousse généreuse. Il laisse par ailleurs une sensation de propreté sur le cuir chevelu. L’huile de cameline rend les cheveux soyeux et facilite le démêlage. Ce shampoing solide tient ses promesses. »

INCONVÉNIENTS ? « Le charbon actif agit comme un aimant, en débarrassant les cheveux et le cuir chevelu des impuretés. Mais il a tendance à en faire trop, comme un toner ou un shampooing colorant. Alors méfiez-vous ! » APPROUVÉ ? « Le shampoing libère un parfum délicieusement épicé, mais il assèche malheureusement mes cheveux. À défaut d’un masque nourrissant, mes cheveux sont rêches comme de la paille. Efficace pour un nettoyage en profondeur occasionnel, pas pour un usage quotidien. »

INCONVÉNIENTS ? « Passer d’un

shampoing liquide à un shampoing solide demande un peu d’entraînement. Il faut l’humidifier et réussir à déterminer quelle quantité est celle qui correspond vraiment à vos besoins, pas toujours évidente à calculer du premier coup. » APPROUVÉ ? « Une fois le rituel installé, l’utiliser est un jeu d’enfant. Facile à transporter, écologique et une brillance réellement marquée après dix jours d’utilisation. Le rapport qualité/prix est imbattable. »

★★★☆☆

INCONVÉNIENTS ? « Dommage, il ne sent rien. “ L’odeur Mustela ” de mon enfance m’a manquée. Je reste avec une pointe de nostalgie pour l’odeur de bébé. » APPROUVÉ ? « Oui et non. Oui parce qu’il tient ses promesses : peau et cheveux doux et souples. Il est aussi vegan et biodégradable. Non parce que à l’usage, il diminue rapidement. Peut-être est-ce dû à sa mousse onctueuse et agréable mais abondante ? Je l’utilise également pour le corps, ce qui me fait évidemment utiliser davantage de produit. »

PRESSE.

★★★★

SHAMPOO & BODY CLEANSING BAR DE MUSTELA 8,30 € pour 75 gr



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STYLE

BEAUTÉ

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTRICE CONFIDENCES

Des produits tendances aux classiques updatés, notre rédactrice beauté propose un tour d’horizon des nouveautés qui l’ont impressionnée.

POUR LES FANS

La célèbre huile capillaire Moroccanoil a fait l’objet d’un relooking arty : l’artiste Asia Pietrzyk a habillé le flacon d’un design joyeux et audacieux. En plus d’être joli à regarder, ce produit rend les cheveux brillants et sans frisottis. Soin Moroccanoil Edition Spéciale, 49 € les 100 ml.

Par Kim De Craene EFFET WOAW

À première vue, un produit composé d’acide salicylique et azélaïque ne donne pas vraiment envie. Pourtant, les ingrédients de ce masque tiennent leur promesse. À la fois correcteurs et illuminateurs, ils donnent un véritable coup de fouet à la peau terne.

Kim De Craene, journaliste beauté.

FLASH FLUO

À en croire M.A.C. Cosmetics, Limelight (un citron vert vibrant, presque fluo) est l’une des couleurs phare de la saison. « Ce look s’inspire de l’esthétique ‘ weird-girl ‘ », précise la maquilleuse Hannah Bennett. « L’idée, c’est de mélanger et d’assortir des couleurs qui ne vont pas ensemble mais qui, au final, fonctionnent quand même. Un flash fluorescent sur l’œil crée un effet choc. Le résultat n’a rien de bizarre. Je dirais que c’est plutôt décalé et exubérant. » MATISSE

RENDEZ-VOUS

ON PASSE AU VERT

Cette année, mettons-nous au défi de rendre le contenu de notre salle de salle de bains encore plus durable. Pour y parvenir, on attend avec impatience l’arrivée des cosmétiques certifiés B Corp : le label garantit, entre autres, les efforts sociaux et environnementaux des marques – comme Aveda - qui affichent cette certification. Scalp Solutions Stimulating Scalp Massager d’Aveda, 34 €.

Une bougie qui sent bon les vignes provençales ? La meilleure idée qui soit, selon nous. Clin d’œil au plus beau des rendez-vous amoureux, le nouveau parfum de Maison Margiela est le fruit d’une collaboration entre le nez Carlos Benaim et le sommelier Manuel Peyrondet. On a Date de Maison Margiela Replica, 56,65 €.

Envie d’autres idées parfumées pour sublimer votre salle de bains ? Guerlain rend hommage au peintre Henri Matisse. L’iconique flacon abeille peint à la main a été réalisé en quatorze exemplaires seulement. De quoi justifier son prix : 16 000 €. Si cette version est plutôt réservée aux vrais collectionneurs, une version classique et une bougie parfumée plus accessibles complètent la ligne. Jasmin Bonheur de Guerlain, 565 € les 200 ml.

EVA THURMAN. @ALEJANDROMIRALLA. MANNEQUIN @ANGELESSVIL. MAKE-UP ARTIST @HANNAHROSIEB. CHEVEUX @BALTASAROFICIAL. PRESSE.

Masque Bouncy Bright par Drunk Elephant, 68 € les 50 ml.


PIAGET

ODE À LA FÉMINITÉ

On habille son cou de cette pastille de luxe ludique avec ce pendentif Possession d’or rose 750/1000 serti de diamants taille brillant et d’un cabochon en malachite. Un magnifique bijou Piaget, à porter de deux façons. Des créations qui allient héritage précieux et glamour raffiné. Pour une touche forcément sublime. 5.000 €. En vente chez Tollet. tollet.com

Actu des marques Page réalisée par le service commercial

LILY’S

THE NEW PLACE TO BE

ROCHAS

MYTHIQUE

En 1970, Rochas créait une eau fraîche et vive unique, fragrance d’élégance à la française devenue culte ! Cet été, la Maison lance une eau de toilette inédite dans son design et ses compositions olfactives, la première d’une nouvelle gamme ultra moderne. L’originalité : retranscrire à chaque saison l’esprit et l’atmosphère si particuliers de la Riviera.

La nouvelle adresse de Lutvine Society a tout pour plaire : du caractère, un peu de eighties et beaucoup de modernité, un petit air romantique sous des allures kitsch. Un bar, un restaurant, une pergola, un speakeasy. Du velours, du marbre, du bordeaux, du vert, de la musique…le nouveau hotspot bruxellois par excellence ! Restaurant & Club, IT Tower, Avenue Louise 480, 1050 Bruxelles. lilys.be

79 €/100 ml, chez APRIL, IPXL, INNO et dans les parfumeries indépendantes

GRIET VAN MALDEREN. PRESSE. @YOURCOMMUNICATIONSUCKS. AURÉLIA DEJOND.

BAYU THE LABEL

SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT !

Fortement inspirée par l’âge d’or envoûtant des années septante, la nouvelle collection de Bayu The Label sublime les formes féminines dans une déclinaison de tons captivants, tandis que les accents dorés et les détails contemporains donnent une esthétique particulière à chaque bikini. Pour un style estival comme nul autre ! Collection Azure été 2023 bayuthelabel.com

WILD SOULS

UN GOÛT DE VOYAGE

37 photographies originales de la photographe animalière belge Griet Van Malderen exposées à la galerie « Studio Naegeli ». Une sélection parmi ses clichés récents sur des thèmes comme l’Afrique sauvage et les emblématiques ours polaires de Churchill. Des tirages de grandes tailles, des formats panoramiques et des tirages au collodion. By Griet VAN MALDEREN, à GSTAAD, du 28 janvier au 31 mars 2023. studionaegeli.com


x Voyage Hotels

VOYAGE BELEK GOLF & SPA : L’EXPÉRIENCE DÉTENTE ULTIME Services haut de gamme, architecture intégrée à la nature, restaurants réputés, plage sublime et hôtes aux petits soins, Voyage Belek Golf & Spa – à 45 km du centre-ville d’Antalya – propose d’incroyables vacances de luxe.

Bungalows de rêve, villas exceptionnelles, chambres spacieuses et confortables ne constituent qu’une partie du décor de vacances de rêve. Voyage Belek Golf & Spa, c’est aussi des services exclusifs et des options culinaires variées, avec 7 restaurants à la carte incluant la gastronomie chinoise, japonaise, mexicaine, grecque, ottomane ou italienne, un buffet pour enfants, une pâtisserie et 15 bars. Et comme son nom l’indique : un golf et un spa incontournables. UN SPA D’EXCEPTION

Espace bien-être avec piscine intérieure, saunas, bains turcs, lits de pierres chaudes et douche tonique, le Sense Spa dispose de toutes les commodités propres aux lieux haut de gamme. Dans son large éventail de soins sont proposés, des traitements individuels innovants, exclusifs et inspirés des rituels et secrets de beauté traditionnels.


Soins de la peau hydratants et spécifiques, traitements de beauté issus de marques de renommée mondiale ou massages relaxants soulagent la fatigue et le stress, apaisent les tensions et améliorent la circulation sanguine. Les muscles se relâchent, le corps se purifie, une sensation de calme et de fraîcheur vous enveloppe. De quoi renouveler énergie et vitalité dans un environnement paisible en pleine nature. Un bar à vitamines et des boissons détox sont proposés pour compléter l’expérience de remise en forme et de sérénité. Envie de bouger ? Fitness, aérobic, yoga, tir à l’arc, volley de plage, tennis de table, tennis, ou sports nautiques sont également proposés.

compétitions de golf les plus prestigieuses (comme la phase finale du Turkish Airlines Open pendant 4 ans). Il propose une expérience unique aux amateurs et amatrices de golf, avec un parcours de 18 trous, dont 9 sont éclairés pour jouer la nuit. COUPLES, AMI·E·S ET FAMILLES BIENVENUS

Voyage Belek Golf & Spa accueille toutes celles et tous ceux qui rêvent de vacances distrayantes, ressourçantes et relaxantes. Des zones de jeu pour les enfants sont aménagées pour leur confort et leur sécurité tandis que les adultes choisissent leurs propres activités. Animations amusantes ou repos feutré, c’est vous qui choisissez.

PRESSE.

UN GOLF 18 TROUS RENOMMÉ

Le Montgomerie Golf Club de 104 hectares au design conçu par Colin Montgomerie (golfeur de légende) accueille les

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Voyage Hotels. voyagehotels.com


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LIFESTYLE

Voguer en mer Égée Surnommée « la mer des îles », la mer Egée relie l’Occident à l’Orient. La variété des paysages et des sites y est stupéfiante. À bord d’un navire luxueux, nous avons découvert un chapelet d’îles connues ou moins connues. Et même posé le pied en Turquie… Par Julie Rouffiange Adaptation Joëlle Lehrer

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remière étape, l’embarquement au port du Pirée. De là où toutes les croisières et les ferries partent d’Athènes vers les archipels grecs. Celle-ci, en plus du full luxe, prévoit de s’attarder quelque peu dans des endroits inaccessibles pour le tourisme de masse. Avec aussi l’avantage que de chaque cabine, la promesse d’une vue superbe soit tenue. AGIOS NIKOLAOS, LA BALNÉAIRE

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PATMOS, L’ÎLE SAINTE

Abandonnée pendant des siècles en raison des raids incessants des pirates et des Turcs, cette petite île aride fut colonisée pour la première fois en 1088 lorsque l’empereur de Constantinople en fit don au moine Christodoulos Latrnos afin qu’il y érige un monastère en l’honneur de Saint Jean. Aussi appelée « la Jérusalem de la mer Égée »,

PRESSE. JULIE ROUFFINAGE.

En fin d’après-midi, le bateau largue les amarres et prend la direction de la Crète. Le lendemain matin, il est à quai à Agios Nikolaos, à l’est de l’île. Cette bourgade, très touristique, possède l’un des ports les plus charmants du pays. Construite sur plusieurs collines, elle entoure un lac protégé par une paroi rocheuse, autour duquel se trouvent d’innombrables restaurants, bars et boutiques. Accostant au centre de la ville, la promenade est on ne peut plus aisée. Et l’on a tout le temps de goûter à l’atmosphère de cette station balnéaire, la plus éminente de Crète. À moins que l’on ne préfère découvrir la région environnante et faire halte au monastère byzantin de Kera ou partir en excursion à Heraklion pour l’immanquable palais du roi Knossos et le fameux labyrinthe du Minotaure.


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1. Coucher de soleil

Patmos est depuis lors un lieu de pèlerinage tant pour les orthodoxes que pour les catholiques. Le gouvernement grec l’a déclarée « île sainte » en 1983. À l’inverse d’autres îles grecques, Patmos passe pour être calme et paisible. Il est vrai qu’on ne peut la rejoindre que par la mer. On ne manquera pas les visites à Chora, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, de même qu’au monastère de Saint-Jean et à la grotte de l’Apocalypse où l’apôtre aurait rédigé son Apocalypse. Au port de Skala, on goûtera les pâtisseries locales, surtout la spécialité de Patmos, la « pougia », faite à base d’amandes, de noisettes et de sirop de sucre.

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À quelques encablures de Patmos, les côtes turques apparaissent. Et précisément Kusadasi dont le nom signifie « île aux oiseaux ». Située dans un superbe golfe connu pour ses eaux cristallines, ses jolies plages de sable et son port de plaisance, la ville a réussi à conserver une certaine authenticité tout en accueillant les touristes du monde entier. Le quartier historique se présente comme un enchevêtrement de rues sinueuses, bordées de maisons ornées de fleurs et de cages à oiseaux. Au centre se dresse un caravansérail du XVIIe siècle, ainsi que le Grand Bazar. Mais Kusadasi est également la porte d’entrée vers d’importants sites archéologiques comme Éphèse, l’un des hauts lieux de l’Antiquité. Aujourd’hui, c’est l’un des sites les mieux préservés. En y entrant par la porte de Magnésie, on découvre l’agora (Ier siècle avant J.-C.), les bains, l’odéon, les vestiges du temple d’Artémis, l’une des sept merveilles du monde antique… On descend ensuite la rue des Courètes, une grande avenue qui va de la place de Domitien jusqu’à la bibliothèque de Celsus. On ne manquera pas les maisons en terrasses, de riches demeures occupées du Ier au VIIe siècle, dont on peut encore admirer certaines fresques et mosaïques. Après Kusadasi, cap est mis sur Cesme, une petite ville de la province d’Izmir. Destination de vacances et de villégiature populaire, elle se situe sur un promontoire à l’extrémité d’une péninsule qui porte le même nom. La ville, elle-même, est dominée par un château médiéval.

sur la mer vu du restaurant extérieur Earth & Ocean. 2. Les célèbres moulins à vent de Mykonos. 3. Place de Skala à Agios Nikolaos.

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PLONGÉE DANS L’ANTIQUITÉ

MYKONOS ET LES PLAGES DE SKIATHOS

Véritable île de carte postale, Mykonos, la mythique, est réputée pour ses maisons blanchies à la chaux, aux portes, volets et châssis bleu vif rappelant la couleur du ciel et de la mer, ses églises en forme de dôme, ses moulins à vent, son labyrinthe de ruelles sinueuses conçues à l’origine pour désorienter les pirates, ses plages magnifiques et… sa vie nocturne. Au port, des bateaux de pêche • • •


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STYLE

LIFESTYLE

1. Ruelle de Skiathos bordée de maisons blanches. 2. La bibliothèque de Celsus à Éphèse.

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colorés sont amarrés, les vendeurs de poisson et les locaux côtoient les touristes dans les cafés décontractés du bord de mer. Si l’animation ne vous tente pas, vous pouvez prendre un ferry depuis l’embarcadère jusqu’à l’ancienne île de Délos, le lieu de naissance d’Apollon et de sa sœur jumelle Artémis. Elle est aujourd’hui inhabitée, mais ses ruines sont nombreuses et importantes pour l’histoire grecque car il abritait l’un des sanctuaires les plus respectés de l’Antiquité. Après Mykonos, la jet-setteuse, le bateau navigue vers sa dernière escale : Skiathos. Très différente de la précédente, cette petite île est surtout connue pour ses plages. Elle en compte une soixantaine le long de ses 44 km de côtes. Parmi elles, celles de Koukounaries, l’une des plus belles de la mer Égée et Lalaria avec son arche rocheuse pittoresque, accessible uniquement par petits bateaux. La ville principale de l’île qui porte son nom s’enroule autour d’un joli port dominé par le campanile de l’église Panaghia Limnia.

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EN PRATIQUE LE BATEAU

Le Seabourn Encore peut accueillir 600 passagers maximum, dans ses 300 suites, sur la base d’une occupation double. Modernes et luxueuses, elles comprennent toutes une salle de bains avec douche et baignoire, une chambre, un coin salon et un balcon extérieur avec vue sur la mer. Dans les suites Spa Penthouse, plus spacieuses,

on peut profiter de soins et d’articles de spa exclusifs. Un majordome privé est à votre disposition pour satisfaire le moindre de vos désirs. Le bateau dispose, en outre, d’une salle de remise en forme, d’un espace bien-être, d’une boutique, d’une salle de spectacle, de plusieurs bars et aussi de deux piscines et plusieurs jacuzzis. Cinq restaurants dont deux gastronomiques et un japonais proposent tous les jours une

cuisine variée et raffinée. Diverses activités sont proposées ainsi cours de Pilates, yoga et Tai Chi, sports nautiques, blackjack au casino, animations, concerts et soirées dansantes. Vous avez également la possibilité de réserver une demi-journée de « Retreat », un espace privé, avec des tentescabines individuelles, qui dispose de sa propre piscine, son propre jacuzzi et sert des plats exclusifs.

LA CROISIÈRE

Ephesus & Greek Islands Gems (Éphèse et les perles des îles grecques), croisière de 7 jours, du Pirée au Pirée, en Véranda suite de luxe avec balcon et vue mer, àpd 4699 €/pp sans transport. Pourboires, boissons et repas inclus, excursions non comprises. Seabourn.com

PRESSE. JULIE ROUFFIANGE.

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Enfants au club de 4 mois** à 17 ans

Parents aux anges ! UN SÉJOUR ENFANT

*

JUSQU’AU 5 AVRIL INCLUS Club ‘‘Les Criques’’ PRESQU'ÎLE DE GIENS - HYÈRES

I N F O R M A T I O N S E T R É S E R V A T I O N S U R B E L A M B RA .B E *Un séjour enfant est offert pour toute réservation effectuée avant le 5 avril inclus, sur une sélection de sites, périodes et logements. Offre non cumulable. **Clubs Poussins disponibles selon les clubs et sur réservation. Belambra Clubs au capital de 10.000.000€. RCS Nanterre : 322 706 136. Siège social : Centralis, 63 avenue du Général Leclerc - 92340 Bourg-la-Reine. Crédit photo : Interaview


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LIFESTYLE

MASTERCLASS

BÉNÉDICTE BANTUELLE ET HANNA DEROOVER SUR LE GRILL Leur nouvelle adresse bruxelloise fait des étincelles et enflamme les foodistas. Leur credo? Remettre une technique ancestrale au goût du jour. Ou comment le feu de bois sublime des produits locaux et saisonniers triés sur le volet. Un concept inédit qui réhabilite une méthode qui peut tout se permettre. Par Aurélia Dejond

Côté pile, Bénédicte Bantuelle, gastronome hédoniste et associée historique du chef Damien Bouchéry, côté face, Hanna Deroover, experte en saveurs et spécialisée dans la sociologie alimentaire. Initialement appelée « Saucisse », en hommage à l’un des produits stars de leurs assiettes, il a fallu rebaptiser l’enseigne qui créait la confusion avec une autre. Qu’à cela ne tienne, le nouveau nom est pile en phase avec la vedette du concept : le feu de bois. Et quand ce duo de designeuses culinaires, très épicuriennes, décide d’aborder la cuisine en remettant cette méthode de cuisson au goût du jour, ça donne Flamme, la nouvelle adresse bruxelloise dont tout le monde parle.


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UNE RECETTE TOUT FEU TOUT FLAMME Les ingrédients 4 sucrines

Pour la sauce César 1 jaune d’œuf 1 càs de jus de citron 1 gousse d’ail finement hachée 180 ml d’huile végétale 2 càs de câpres hachées 2 filets d’anchois réduits en purée 15 g de parmesan fraîchement râpé

Pour la finition 1 belle poignée de noisettes grillées ¼ de bottes de persil haché 4 càs de parmesan fraîchement râpé 1 càs de zeste de citron

La recette ultime Dans un bol, mélangez au fouet le jaune d’œuf, le jus de citron et l’ail. Ajoutez le premier tiers de l’huile goutte à goutte, en fouettant continuellement. Lorsque la mayonnaise commence à prendre, ajoutez le reste de l’huile en filet, puis les câpres, la pâte d’anchois et le parmesan. Huilez légèrement les sucrines. Salez et poivrez. Faites-les griller des deux côtés au barbecue ou sur un grill en fonte bien chaud. Dressez chaque sucrine dans une assiette. Étalez une belle cuillère à soupe de sauce César. Parsemez de parmesan râpé, de zeste de citron, de noisettes torréfiées et de persil haché.

LES DEUX AMIES, À QUI L’ON DOIT AUSSI LE STUDIO LA BOUCHE, GRILLENT, RÔTISSENT,

PRESSE.

FU M E NT, CARAMÉ LI S E NT OU FLAM B E NT,

selon leurs inspirations, au gré de ce qu’offrent la nature, les saisons et les artisans locaux. « On parfume des produits de grande qualité en priorisant la saisonnalité et les circuits courts. Les légumes viennent de la coopérative locale et bio Terroirist, la viande est signée Dierendonck », précise Bénédicte. Côté spécialités, leurs fameux « miamiches » ont déjà la cote parmi les afficionados des néo-burgers, dont le pain des buns est élaboré par Boulengier, la boulangerie des fins gourmets. Et gare à ceux qui resteraient bridés par un imaginaire collectif où les stéréotypes ont encore la dent dure : non, le feu n’est définitivement pas un truc d’hommes. « On a parfois tendance à oublier qu’historiquement, la femme au foyer a longtemps été la gardienne du feu. L’homme qui s’occupe du barbecue est un concept assez

récent, qui n’a que quelques décennies. On casse donc les stéréotypes genrés et on se réapproprie la cuisine au feu de bois. C’est une formidable manière de mettre en valeur les produits, très peu utilisée en Belgique. C’est une véritable exploration des goûts, des textures et des associations et une toute autre façon d’aborder et d’envisager les aliments », explique Hanna. ET POUR TOUS CEUX QUI AURAIENT PEUR D’UN REPAIRE DE « VIANDUS », L’ADRESSE SE VEUT ÉGALEMENT L’ANTRE DES LÉGUMES

TRAVAILLÉS SOUS TOUS LES ANGLES. « On réalise nos propres pickels et légumes lacto-fermentés maison, on fume les topinambours, on brai s e les ch oux de Bruxelles, on grille le poisson et les feuilles

de chicons…les flammes permettent tout ! » Côté ambiance, l’adresse ne ressemble à aucune autre. Le feu de bois, magistral, y trône et donne au lieu une atmosphère inimitable. Les sièges, signés Bruno Rey, le très talentueux designer suisse connu pour sa fameuse « Rey Chair », habillent un magnifique sol en mosaïque d’époque et on admire la superbe cave à vins sur-mesure, qui abrite des nectars naturels. « On a eu un véritable coup de cœur pour le lieu, on voulait vraiment un endroit authentique, qui dégage quelque chose de vrai. L’équipe s’y sent bien, le cuisinier y fait des merveilles ». Il nous suggère d’ailleurs une recette qui allumera vos papilles pour fêter le printemps !


CRÉATION ENVOÛTANTE

Découvrez le parfum plein de vie et d'euphorie 4711 Acqua Colonia Poivre Rose & Pamplemousse. Une composition édifiante qui vous plonge dans le monde de la forêt tropicale d'Amérique du Sud. Le pamplemousse fruité et vif offre un contraste saisissant, se combinant avec l'épice fruitée du poivre rose pour former une eau de Cologne passionnante. https://www.4711.com/


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LES MEILLEURS HITS BELGES ET INTERNATIONAUX S’ÉCOUTENT TOUTE LA JOURNÉE SUR NRJ !


LIFESTYLE

Bélier 21.3 – 21.4

ÉMOTIONS Après un début

de mois un peu brumeux, Vénus va vous réveiller. Une histoire naissante pourrait passer un cap. En bonus : un pouvoir de séduction irrésistible (dès le 21). AMBITION Le climat est très favorable aux activités intellectuelles et transactions commerciales. Votre atout secret : une intuition de sorcière.

Taureau 22.4 – 21.5

ÉMOTIONS Vénus exalte le côté romantique de l’amour. À deux, vous serez sur le même nuage. En solo, une relation amicale pourrait devenir plus ambiguë. AMBITION Les efforts produits en amont vont commencer à payer, comptez sur des retours valorisants mais gare aux prises de bec à partir du 12 !

Gémeaux 22.5 – 21.6

ÉMOTIONS L’amour sera passionnel, sauvage mais parfois orageux. Une rencontre pourrait mettre vos sens dans tous les sens (vers le 8). AMBITION Le climat est propice aux activités intellectuelles et à la communication. Un projet en collaboration s’avérera motivant (à partir du 12). À surveiller : une humeur à fleur de peau.

Cancer 22.6 – 22.7 Par Carole Vaillant

POISSONS

19.2 – 20.3

Touchée par la grâce de Vénus et Neptune, vous êtes l’amoureuse du mois. Au menu : bonheur partagé, romantisme assumé et séduction envoûtante. ÉMOTIONS

Vous amorcez une période valorisante. En revanche, gare aux malentendus à partir du 12, vos propos pourraient être déformés ou mal interprétés.

GETTYIMAGES.

AMBITION

ÉMOTIONS Vénus fait battre votre cœur plus vite. Une nouvelle situation amoureuse pourrait enflammer votre imagination (vers le 13). À deux, vous serez dans le même besoin de fusion. AMBITION Valorisez votre créativité et vos idées, mais mettez les choses à plat à cause de rivalités larvées. Des négociations en suspens vont reprendre à partir du 12.

Lion 23.7 – 23.8

ÉMOTIONS Grâce à Vénus et Jupiter, tout devient possible : les rencontres, les projets, l’amour toujours. À deux, vous allez voir plus grand et plus loin (à partir du 21). AMBITION C’est une bonne période pour explorer de nouvelles options, voyager ou entreprendre une formation. En bonus : un climat favorable aux questions d’argent.

Vierge 24.8 – 23.9

ÉMOTIONS À vous émois troublants et sublimation romantique. Ce mois-ci, l’amour s’envole dans les hautes sphères. Une rencontre pourrait vous faire chavirer (vers le 8). AMBITION Gare au burn-out ! Entre enjeux stressants

STYLE

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et humeurs à cran, vous risquez d’être un peu sous pression. Triez vos priorités.

Balance 24.9 – 23.10

ÉMOTIONS Grâce à Vénus, amour et quotidien font bon ménage. À deux, vous serez dans le même désir d’harmonie (jusqu’au 21). En solo, la fin du mois promet d’être excitante. AMBITION Mercure favorise l’expression personnelle et dynamise votre pensée. Un rendez-vous aura des retombées positives (à partir du 12).

Scorpion 24.10 – 22.11

ÉMOTIONS Vénus crée les conditions idéales au frisson amoureux. Une relation naissante pourrait prendre une tournure romantique (jusqu’au 21). AMBITION C’est le moment de faire bonne impression et de valoriser votre fibre artistique ou créative. En revanche, attendezvous à batailler pour imposer vos arguments à partir du 12.

Sagittaire 23.11 – 21.12

ÉMOTIONS Vénus et Mars se défient dans votre ciel. Résultat : beaucoup de passion mais pas mal d’étincelles et de débordements. Retour à l’harmonie prévu à partir du 21. AMBITION Le climat est un peu agressif et pas forcément fiable, prudence donc, ne vous engagez pas sans garantie. Ce qui fonctionne : le dialogue. N’hésitez pas à mettre les choses à plat.

Capricorne 22.12 – 20.1

ÉMOTIONS Grâce à Vénus, l’amour redevient une promesse de bonheur. Vous pourriez vous découvrir des affinités troublantes avec quelqu’un de votre entourage (jusqu’au 21). AMBITION Mars vous rend efficace et Mercure, persuasive, c’est un moment idéal pour faire passer un message ou présenter un projet (jusqu’au 12).

Verseau 21.1 – 18.2

ÉMOTIONS Le Soleil vous aide à être en phase avec vous-même et cela rejaillit sur vos relations. En mode rencontre, comptez sur des avancées concrètes vers le 5 ou le 10. AMBITION Mercure fait frétiller vos neurones, vos idées séduisent et vos réparties font mouche. Bref, c’est le moment de briller (à partir du 12). En bonus : une créativité inspirée.


STYLE

LIFESTYLE

AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?

SORTEZ-VOUS DANS LA RUE SANS MAQUILLAGE ?

Oui, je pense qu’il est très expressif et m’aide à communiquer avec les gens.

Sans souci. Je pense que le monsieur qui tient le Night, dans ma rue, m’a déjà vue dans les pires tenues ! (Rires).

ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?

Je me sens femme depuis mon arrivée en Belgique, en 2014. DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

Je dors bien, au moins sept heures par nuit. C’est cela qui me donne l’énergie dont j’ai besoin pour travailler. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT PORTÉ SUR VOUS ?

Celui de mon chien. Son regard est le plus pur. Il s’appelle Bambibo, c’est un teckel. CITEZ UN.E AMANT.E RÊVÉ.E AU COURS DE VOTRE VIE ?

Petite, je suivais un dessin animé japonais qui s’appelait Inu Yasha. J’étais amoureuse du personnage mi-homme, mi-loup. Je suis attirée par le côté sauvage des gens.

VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

Regarder des documentaires sur des enquêtes criminelles me détend. (Rires).

POUVEZ-VOUS PRENDRE UN SELFIE ?

VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

Les sorcières de Salem.

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

Mes parents m’ont donné trois prénoms : Andrea, Maria, Rosa. Je les détestais. Et puis, on m’a dit qu’Andrea était un prénom de reine. Mon nom de scène, Drea me faisait penser à Dr Dre. DANS LA VIE, FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

D’être un peu égoïste et d’essayer de me recentrer.

S’adapter. C’est ce que la vie m’a appris à faire. Et cela permet de s’ouvrir à de nouvelles expériences.

LE MENU DE VOTRE DERNIER REPAS ?

LA PREMIÈRE FOIS QUE VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?

J’adore manger des nouilles avec de la mozzarella.

VOTRE PLAISIR COUPABLE ?

La première fois que j’ai chanté devant un public. J’avais quatorze ans et le public était constitué de mes camarades de l’école de musique.

LA PLUS GENTILLE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?

LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

Du riz, des œufs et des haricots.

À une certaine époque, j’enchaînais les jobs alimentaires. J’ai travaillé, un moment, dans un restaurant turc. Une cliente s’était montrée désagréable mais j’ai conservé mon calme. Au moment de partir, elle m’a offert un pot de miel pour s’excuser et m’a dit que j’étais très patiente.

Importante. Pour moi, le sexe n’est pas un tabou. QUELLE EST VOTRE DEVISE ?

« Si tu ne crois pas en toi, personne ne croira en toi ».

QUELLE EST VOTRE CHANSON PRÉFÉRÉE ?

Man Down de Rihanna.

LES COULEURS DE VOTRE PAYS IMAGINAIRE ?

Le vert me régénère, le jaune me fait penser aux bons moments et le bleu.

DREA DURY LE QUESTIONNAIRE

Cette Belgo-Colombienne de vingt-sept ans est la nouvelle bomba latina de la pop. Après le succès de ses deux premiers singles, Tellem et Lick, la chanteuse et autrice sortira, pour l’été, un premier E.P. Signée sur le label français Wagram, Drea compte bien que son projet musical s’étende à l’international et pas qu’en Amérique latine. Depuis peu, elle est l’ambassadrice de New Balance. Par Joëlle Lehrer

DREA DURY.

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THE WILTCHER’S un hôtel de légende depuis 1913 Steigenberger Icon Wiltcher’s Avenue Louise, 71 1050 Bruxelles www.wiltchers.com



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