ÉDITO Une scène de La servante écarlate, une série qui montre comment un groupe d’hommes décide de ce qu’il advient du corps des femmes.
A
lors que je venais d’entrer à l’université, une amie m’a demandé de l’accompagner dans une clinique spécialisée dans l’IVG. Son compagnon l’avait quittée au moment où elle apprenait qu’elle était enceinte. Seule, elle ne pouvait pas subvenir aux besoins financiers d’un enfant. Moi, qui suis âgé d’une trentaine d’années, j’ai eu la chance de grandir dans une société où l’avortement est un droit évident. Pour quelques euros, ma copine a pu subir cette intervention à temps. Par la suite, tout le monde a essayé de la soutenir au mieux sans jugements, ni questions embarrassantes. Le combat pour le droit à l’avortement a été mené par les générations précédentes. Je n’ai jamais pensé que dans notre société occidentale, les femmes le perdraient un jour. Et puis d’un coup, il y a quelques mois à peine, la Cour suprême des États-Unis a décidé que le
droit à l’avortement garanti au niveau national - le très controversé Roe vs. Wade - allait être aboli. Je trouve hallucinant de voir comment les États-Unis, un pays pionnier dans la lutte pour nos libertés fondamentales, font marchearrière sur des droits acquis. En Europe aussi, de plus en plus de positions extrêmes émergent. Le fait que des politiciens (principalement des hommes) sans aucune empathie et sans tenir compte des conséquences psychologiques et physiques que leurs décisions occasionnent, puissent décider du sort d’autres personnes, me laisse un sentiment amer. Le fait que des partis d’extrême-droite s’attaquent au mariage homosexuel et à la contraception aux États-Unis rend cette situation encore plus effrayante. Dans ce numéro, nous accordons à nouveau une attention toute particulière à la lutte pour l’égalité et l’autodétermination. Des valeurs fondamentales, chères à Marie Claire et que toute notre rédaction tient à défendre avec ferveur. Ce mois-ci, nous
nous rendons dans le Texas ultra-conservateur pour recueillir des témoignages de patients, d’infirmières et de militants qui se battent pour le droit à l’avortement (p. 30). Nous avons également interrogé six femmes sur les questions de racisme et de discrimination à l’égard des minorités (p. 52). Nous vous expliquons enfin pourquoi les filles sont beaucoup moins susceptibles de recevoir un diagnostic de TDA/H que les garçons et comment cette réalité impacte leur futur sur le plan psychologique. Si ce numéro de Marie Claire se veut, comme à son habitude, très engagé, nous n’oublions pas de vous parler mode, beauté et art de vivre. Juste de quoi rêver. Un peu ou beaucoup. Bonne lecture !
Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm
EVA THURMAN. GETTYIMAGES.
Un droit fondamental