Céline Molitor, psychologue
Le fondement de nos interactions est principalement basé sur des jeux psychologiques que nous pratiquons tous, et ce de manière plus ou moins inconsciente. L’un de ces jeux est comparable à des scènes de théâtre, où inlassablement les mêmes actes se jouent et nous contraignent parfois à endosser des rôles malgré nous. Le psychiatre Stephen Karpman a analysé les jeux psychologiques auxquels se livre l’être humain de manière quasi instinctive. Son analyse a donné naissance à un modèle social d’interactions de l’individu connu sous le nom de « triangle dramatique ».
traits de personnalité vont attirer inéluctablement les deux autres profils complémentaires, le persécuteur et le sauveur. Toute victime a besoin d’un sauveur, mais avant tout, pour avoir le statut de victime, il faut un persécuteur. Si la victime ne trouve pas de « vrai » persécuteur, elle l’inventera (addiction, maladie, institution…), car il est primordial pour elle de continuer de se sentir légitime dans son rôle de victime.
• La victime Les victimes sont des personnes qui ont tendance à prononcer, quelle que soit la situation à laquelle elles sont confrontées, des phrases du type : « ça n’arrive qu’à moi, de toute manière je n’ai jamais de chance, malgré mes efforts vous n’êtes jamais content… ».
• Le persécuteur Les persécuteurs, quant à eux, sont dans la répression, la critique, l’insatisfaction et prononcent souvent des phrases du type : “ Tu fais toujours les mêmes erreurs, tu n’es jamais à la hauteur, tu ne fais décidément rien de bien, qu’est-ce que je vais faire de toi… ». Le persécuteur est reconnaissable par certains aspects physiques : bras croisés, dégaine hautaine, sourcils froncés, regard par-dessus les lunettes, air prétentieux généralisé, etc. Un tel rôle n’est pas le propre d’un supérieur, il peut également se manifester chez vos collègues rabat-joie et moralisateurs.
La victime ne souhaite pas prendre la responsabilité de ce qui lui arrive, défaitiste, fataliste, elle ne fait aucun effort pour reprendre le dessus sur les évènements. La victime se plaint, s’apitoie sur son sort. Ces
Le persécuteur, libère ses pulsions agressives sur une personne disposée à les accueillir et à s’en accommoder : la victime. Il est à la fois exaspéré par la victime, mais
LE TRIANGLE DRAMATIQUE
Personne n’y échappe, nous avons tous tendance à opter, de manière inconsciente ou non, pour l’un de ces trois rôles.
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Mimi Thian | Unsplash
AU TRAVAIL ÊTES-VOUS PLUTÔT : VICTIME, SAUVEUR OU PERSÉCUTEUR ?
également en quête de celle-ci, nécessaire à son équilibre. Il arrive que le persécuteur soit une ancienne victime lui-même, qui prend sa revanche, voire un sauveur qui n’a pas trouvé de victime à sauver et n’a donc pu se réaliser dans ce rôle. • Le sauveur Le sauveur, lui, a besoin de démontrer qu’il fait des efforts pour sa victime au détriment de sa vie parfois : “je vais t’aider malgré la montagne de choses que j’ai à faire, je n’ai pas le temps, mais je vais quand-même venir te chercher, effectivement tu ne peux pas réaliser cela seul je vais t’aider, telle personne s’en prend à toi injustement ou profite de toi… »