Paperjam octobre 2021

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3 Paroles d’exportateurs

Bien cibler les marchĂ©s « À partir du moment oĂč vous crĂ©ez votre propre marque, le marchĂ© local et de la Grande RĂ©gion rĂ©vĂšle ses limites. Lorsque vous fabriquez vos propres bijoux et vos propres montres, il faut pouvoir en vendre une certaine quantitĂ© pour ĂȘtre rentable. » Toute la difficultĂ© est de bien cibler les marchĂ©s que l’on veut – et que l’on peut – conquĂ©rir. 88

OCTOBRE 2021

Schroeder

C’est en 1979 que Pierre Rossy, petit-neveu du fondateur de l’entreprise Lambert Schroeder et actuel dirigeant, entre dans l’entreprise familiale. Et c’est sous son impulsion que ­Schroeder Joailliers va se dĂ©velopper Ă  l’international, avec le dĂ©ploiement d’agents et la participation Ă  diverses expositions sur les cinq continents. Travailler Ă  l’international, pour Pierre Rossy, c’est aller au-delĂ  du Luxembourg et de la Grande RĂ©gion pour vendre sa propre production. Et s’il a sautĂ© le pas quelques annĂ©es plus tard, c’est que la maniĂšre « traditionnelle » de travailler ne lui convenait pas. « Quand on est bijoutier-horloger local – ce qui Ă©tait le cas Ă  cette Ă©poque et l’est toujours aujourd’hui –, on attend que le reprĂ©sentant passe, qu’il ouvre ses valises ; on choisit ce que les fabricants nous proposent et on le vend. TrĂšs honnĂȘtement, dĂ©jĂ  il y a 30 ans, cette façon de travailler ne m’intĂ©ressait pas beaucoup. Je voulais que notre maison puisse crĂ©er ses propres bijoux, ses propres montres, et c’est ce que nous avons fait. » En choisissant de dĂ©velopper sa propre production, le besoin d’exporter s’est fait sentir. D’autant qu’outre des bijoux et des montres, Schroeder Joailliers produit Ă©galement dĂ©sormais ses propres foulards, ses propres stylos et des articles de maroquinerie.

rain inconnu, le joaillier y ayant dĂ©jĂ  fait des expositions et s’y Ă©tant constituĂ© une clientĂšle fidĂšle. Suite Ă  sa dĂ©cision de participer Ă  l’Exposition universelle de DubaĂŻ en tant que co-sponsor du pavillon luxembourgeois, la sociĂ©tĂ© est passĂ©e Ă  la vitesse supĂ©rieure en signant un accord de distribution de ses produits dans les pays du Golfe « Il faut garder en tĂȘte que, dans notre mĂ©tier, avec la compagnie Istana, Ă©galement une sociĂ©nous sommes tout petits. Nos concurrents sont tĂ© familiale. Ce nouveau partenaire va d’aildes grands groupes internationaux comme leurs, en marge de l’Exposition, organiser une ­Richemont ou LVMH. Ce sont des acteurs qui exposition privĂ©e pour ses clients. La collecont une puissance phĂ©nomĂ©nale par rapport Ă  tion emblĂ©matique « Rose de Luxembourg » nous, petite sociĂ©tĂ© familiale. Donc nous devons sera prĂ©sentĂ©e dans le lounge VIP du pavillon parfaitement bien cibler le marchĂ© dans lequel luxembourgeois, « mais ce n’est pas lĂ  que les nous entrons. » Et si, « jusqu’à prĂ©sent », cela fonc- affaires se font ». tionne bien, c’est que Pierre Rossy est extrĂȘmement rigoureux au moment de sĂ©lectionner les L’ouverture sur le monde en prime agents qui commercialiseront ses produits. « Le Se lancer sur le marchĂ© de l’exportation force partenaire est primordial pour moi. » Ses critĂšres les entreprises Ă  Ă©voluer, Ă  innover. « Le mĂ©tier au moment du choix ? « Des amoureux du mĂ©tier, de bijoutier exportateur est trĂšs diffĂ©rent de celui comme nous, qui sont heureux de collaborer avec exercĂ© localement, dans votre magasin, oĂč vous une sociĂ©tĂ© familiale flexible et rapide dans ses attendez que le client vienne jusqu’à vous. À dĂ©cisions et qui acceptent que l’on travaille comme l’international, il faut se faire connaĂźtre. Les une sociĂ©tĂ© de niche. » rĂ©seaux sociaux sont incontournables pour cela. Le premier marchĂ© ouvert Ă  l’exportation le Il faut y ĂȘtre extrĂȘmement dynamique. II ne se fut lors du lancement de la collection « Pas de passe pas un jour oĂč S ­ chroeder ne publie pas un Deux », en 1989. Et c’est le Japon qui fut ciblĂ© nouveau post sur Instagram. Il faut aussi fourpar Pierre Rossy. Pourquoi ? « Parce que le mar- nir du soutien Ă  nos agents dans les diffĂ©rents chĂ© japonais est connu pour son sĂ©rieux. Lorsque pays, qui doivent avoir une personne de contact l’on travaille avec des Japonais, on est sĂ»r que vers laquelle se tourner lorsqu’il y a des demandes tout ce qui aura Ă©tĂ© nĂ©gociĂ© sera bien exĂ©cutĂ© et spĂ©cifiques ou des renseignements Ă  fournir. » que les paiements seront faits Ă  temps. » Sur ce Tout cela mis l’un dans l’autre, ce sont entre marchĂ©, Schroeder Joailliers travaille avec trois et quatre emplois Ă  temps plein qui ont ­Uchihara Group, « un groupe d’une certaine Ă©tĂ© crĂ©Ă©s et qui ne l’auraient pas Ă©tĂ© si Schroeimportance qui a aimĂ© travailler avec une mai- der Joailliers Ă©tait restĂ© dans son prĂ© carrĂ©. son familiale comme la nĂŽtre ». Ces efforts produisent des rĂ©sultats : l’entreprise rĂ©alise dĂ©sormais « un bon tiers » de son Émotion et histoire chiffre d’affaires Ă  l’exportation. « Une proporSi la qualitĂ© de la production est un Ă©lĂ©ment tion qui a tendance Ă  augmenter rĂ©guliĂšrement. » dĂ©terminant pour les partenaires de la maison Au-delĂ  des aspects purement Ă©conomiques, luxembourgeoise, il en est un autre qui tient Pierre Rossy voit un autre aspect positif de l’exune grande place : l’histoire de la maison. portation : « L’exportation a rendu mon mĂ©tier « ­Schroeder a plus de 140 annĂ©es d’existence. Durant beaucoup, beaucoup plus intĂ©ressant – je dirais cette pĂ©riode, nous avons dĂ©veloppĂ© des liens avec mĂȘme fascinant – et m’a ouvert au monde. J’ai la famille grand-ducale. Nous sommes fournis- fait la connaissance, dans notre mĂ©tier, de perseurs de la Cour depuis plus de 100 ans et nous sonnalitĂ©s tout Ă  fait exceptionnelles que je n’autravaillons avec des maisons royales dans d’autres rais pas rencontrĂ©es si je n’avais pas fait de voyages. pays. Toute cette histoire est un vrai plus pour L’exportation conduit Ă  une plus grande ouvernous. Beaucoup de groupes Ă©trangers recherchent ture d’esprit, Ă  une plus grande ouverture sur le cela. Une montre ou un bijou, c’est aussi une his- monde. C’est antisclĂ©rosant. Nous sommes en toire que l’on achĂšte. S’ils sont anonymes, une concurrence permanente trĂšs forte, et donc nous montre ou un bijou restent aujourd’hui trĂšs dif- dĂ©veloppons et amĂ©liorons constamment nos ficiles Ă  vendre. Notre mĂ©tier est fait d’émotion collections, ce qui est Ă©videmment bĂ©nĂ©fique pour et d’histoire. » nos ventes locales. » En plus du Japon, Schroeder Joailliers est particuliĂšrement actif en Chine et aux É ­ mirats arabes unis, Ă  DubaĂŻ. DubaĂŻ n’était pas un ter- Auteur MARC FASSONE

Photo

Schroeder Joailliers s’est tournĂ©e vers l’exportation il y a prĂšs de 30 ans. Pierre Rossy, actuel dirigeant de l’entre­ prise, revient sur cette expĂ©rience qui, selon ses termes, l’a « ouvert au monde » et a rendu son mĂ©tier « beaucoup plus intĂ©ressant ».

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