Paperjam Juin 2022

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NUMÉRO 224

JUIN 2022

Business zu Lëtzebuerg

Yuriko Backes, raison et sagesse en Place 5 453000 074017 06 5€


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Édito #Élections2023

Mon pays est aussi le tien Toutes et tous aux urnes le 11 juin 2023 pour les élections communales. Le gouvernement a ouvert la voie avec une procédure simplifiée pour les non-Luxembourgeois. La durée de résidence de minimum 5 ans pour être électeur est abolie et le délai d’inscription passe de 87 à 55 jours avant les élections. Tout résident pourra participer aux élections comunales, peu importe sa nationalité et le temps installé dans le pays. Le Luxembourg bouge et évolue enfin, car il était temps de surmonter ce déficit démocratique. Les données du Statec nous apprennent qu’en 2021, le Luxembourg rassemblait notam­ment 94.300 personnes de nationalité portugaise, 48.500 Français, 23.500 Italiens, 19.600 Belges et 12.800 Allemands. Toutes nationalités confondues, 299.400 non-Luxem­ bourgeois vivent au Luxembourg, soit 47 % de l’ensemble de la population. Bon nombre sont des Luxembourgeois de cœur et ne sauraient être réduits à des bras pour faire tourner la Place. Faciliter l’accès au droit de vote, c’est témoigner une considération légitime à celles et ceux qui contribuent pour une part essentielle à la prospérité économique du pays. La vie économique ne pouvant être dis­ sociée de la vie citoyenne et démocratique, cette nouvelle loi constitue une réelle avancée en la matière. Mais une réforme n’annonce pas à elle seule le printemps du renouveau démocratique. Dans son rapport sur les dernières élections communales

de 2017, le Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (Cefis) notait que seuls 23 % des non-Luxembourgeois remplissant les conditions d’accès s’étaient inscrits en tant qu’électeurs. Pour provoquer un changement significatif, il faut aussi stimuler plus l’appétence pour la cause publique et montrer l’intérêt de pouvoir nommer ses représentants locaux en détaillant les missions dévolues aux communes. Et puis, il faudra s’appliquer à mieux expliquer le fonctionnement du scrutin entre vote à la majorité relative et vote à la proportionnelle dans les bientôt 101 communes. Enfin, cette avancée offre une formidable opportunité pour renforcer les rangs des partis. Tout résident pourra briguer un mandat d’élu local s’il est installé depuis au moins 6 mois dans une commune. Le vivier de candidats potentiels est immense. Il peut même encourager des vocations et naturalisations pour redynamiser par après la diversité des profils à la Chambre des députés. Une formidable source de richesse pour peu que l’on soit prêt à construire l’avenir ensemble. En 2017, pour 3.575 candidats, on comptait 270 non-Luxembourgeois, et finalement 15 candidats élus dans les mairies locales, selon le Cefis. Il en va désormais de la volonté et de l’implication du gouvernement et des communes de pouvoir faire mieux dans un an. Directrice des publications BÉRENGÈRE BEFFORT

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Juin 2022

Ristretto 10 #POLITIQUE 12 FRANK ENGEL

« Il y a une façon de faire de la politique autrement » –

Conversations

14 #ENTREPRISES 16 LAURENT ROUACH

« Des promoteurs vont se faire décoiffer ! » –

26 YURIKO BACKES

p. 48 Le Luxembourg, précurseur de la médecine de demain. L’ambition de Jean-Paul Scheuren pour le HE:AL Campus.

18 #PLACEFINANCIÈRE 20 SANDRINE VAN VUYST

« On ne peut pas basculer vers un modèle de banque 100 % virtuel» Data Dada 24 #ALIMENTATION

De la production à l’assiette, des flux déséquilibrés

« Soutenir la compéti­ tivité, assurer la poli­tique sociale, maintenir la transition verte » –

36 PIERRE-ALEXANDRE ROCOUR

« Aldi veut être le discounter du futur » –

40 SOPHIE VIGER

« Changer de vie est toujours possible » –

44 RAOUL MULHEIMS, GEORGES

BERSCHEID ET JONATHAN PRINCE

« Nous avons été plus exigeants pour servir nos clients» –

48 JEAN-PAUL SCHEUREN

« Créer une ‘health valley’ au Luxembourg » –

54 ANGÉLIQUE SABRON

Photos

Guy Wolff et Romain Gamba

ET ROBBY CLUYSSEN

« Le Covid a accéléré la hausse des prix de l’immobilier » –

p. 26 Yuriko Backes est devenue ministre des Finances en janvier 2022. Dans un contexte de crise, elle se multiplie pour défendre la Place, maintenir sa compétitivité, et veille au grain sur la stabilité des finances publiques.

58 LAURENT MOYSE

« Toutes les crises se ressemblent » JUIN 2022

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20.000

NOMBRE D’INSCRITS AU MARATHON DE LUXEMBOURG 15.000

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Enjeux

Le running, un business de fond

10.000

70 COMMERCE

5.000

La chaussure se taille la part du lion

72 LE MARATHON,

0

UNE ENTREPRISE EN SOI « On ne devient pas millionnaire avec ce marathon »

2006

2008

2010

2012

2014

2016

2018

2020

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p. 68 L’ING Night Marathon de Luxembourg avait atteint le seuil de 16.000 coureurs. Ils seront un peu moins nombreux cette année. Ce qui n’enlève rien aux ambitions pour le futur.

74 POURQUOI COURENT-ILS ? Liberté et performance

76 TÉMOIGNAGES

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Businessmen et marathoniens

Lifestyle

78 AXE DE COMMUNICATION

106 108 110 112 114 116

Ce qui fait courir les marques

80 ÉQUIPEMENT

La technologie et le style

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Portfolio

Une jeunesse engagée

Business Club

p. 114 Alysson Delarue nous livre sa recette de brownie, crème matcha.

120

MA MAISON MON ARGENT MON STYLE MA COLLECTION MA RECETTE MON MENTAL

La liste

5 élus représentant la diversité Débat public 08 MYRIAM CECCHETTI 66 NICKI KAYSER

Advertoriaux 22 NAUTADUTILH

A full-service law firm looks to the future

34 ATENOR ET TRACOL IMMOBILIER

Photos

Matic Zorman et Guy Wolff

Un nouveau quartier pour Esch-sur-Alzette

52 SYSTEM SOLUTIONS Garantir la disponibilité des services bancaires

64 SECUREX

S’appuyer sur un HR Business Partner

p. 84 Ils sont 11, ont moins de 30 ans, sont nés ou ont grandi au Luxembourg et ont fait le choix de s’engager.

82 BULTHAUP

Donner de l’âme à sa cuisine JUIN 2022

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Débat public Récemment, ma collègue au Parlement, Nathalie Oberweis, a adressé une question parlementaire à la ministre des Finances concernant la prise en compte des droits humains par les acteurs de la place financière. Son questionnement s’appuyait sur une étude de l’ONG luxembourgeoise Action Solidarité Tiers Monde, qui conclut que seuls 3 des 22 acteurs institutionnels analysés mentionnent la protection des droits humains dans leurs statuts, rapports annuels ou actes de gouvernance. Nathalie est une militante des droits humains et elle recherchait surtout une appréciation politique de la nouvelle ministre. Un peu naïvement peut-être, il faut l’avouer. Car, bien évidemment, elle n’a récolté que des slogans marketing en faveur de la finance dite «durable». La réponse de la ministre se référait à des législations européennes en place ou en cours d’élaboration, pour affirmer que la transition vers la finance durable est bel et bien entamée, et que celle-ci intégrera également les droits humains. Incompréhension d’un côté, frustration de l’autre. En appa­ rence, il s’agit d’un dialogue de sourds entre une ministre de la droite libérale et une députée de gauche. Pour autant, je ne pense pas que la droite libérale et la gauche aient une compréhension très divergente de la finance « durable ». Probablement, les deux côtés se mettraient d’accord assez facilement pour affirmer que l’objectif n’est ni de lutter contre

Myriam Cecchetti Députée déi Lénk

le changement climatique, ni de combattre les inégalités sociales, ni de faire cesser les violations des droits humains. Mais qu’il s’agit surtout d’une opportunité économique pour l’industrie des fonds. Qu’au final, les acteurs cherchent uniquement à satisfaire une demande assez lucrative pour une certaine gamme de produits – à l’instar des enseignes de la grande distribution qui mettent en place des rayons bio. Sans pour autant se priver des profits qui accompagnent la commercialisation des produits conventionnels, lesquels par ailleurs ne sont pas dérangés par l’apparition des nouveaux labels. À force de faire la promotion pour cette nouvelle lubie de la place financière, le gouvernement va finir par faire croire que la haute finance sauvera le monde. Et que, par conséquent, nous pouvons tous continuer à faire comme si de rien n’était. Ce qui risque de constituer de sérieux blocages dans la population, qui pèseront lourd quand il s’agira, dans un futur proche, d’instaurer une réelle politique environnementale et sociale, pour éviter in extremis des scénarios qui s’annoncent de plus en plus catastrophiques. Myriam Cecchetti est députée depuis le 19 mai 2021. Elle s’occupe principalement de politique environnementale, d’éducation, de la famille, des égalités des chances et de travail. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne carte blanche aux représentants élus au Parlement. Photo ROMAIN GAMBA

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Ristretto #Politique Sélectionné par MATHILDE OBERT et IOANNA SCHIMIZZI

DUBITATIF

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« Est-ce que c’est normal qu’une ministre de la Justice informe une autre ministre d’une procédure judiciaire qui la concerne ? » Le fait que Carole Dieschbourg (déi Gréng), ministre de l’Environnement démissionnaire, ait été au courant dès le jeudi 21 avril dernier que son dossier était transmis à la Chambre des députés dans le cadre de l’affaire Gaardenhaischen a-t-il violé le secret d’instruction ? Une question que se pose le député CSV Gilles Roth. 2

DÉTERMINÉ

« L’engagement des 48 jours a été pris en 2019 par le gouvernement Michel, il n’y a donc plus rien à étudier ! Qu’on mette en œuvre cet accord ! » Le télétravail des frontaliers belges s’est invité à la Chambre des représentants en Belgique, début mai. Josy Arens (Les Engagés), le bourgmestre de la commune d’Attert, a notamment déposé une demande d’amendement afin que le nombre de jours de télétravail des frontaliers soit porté non pas à 48, mais bien à 55 jours. Amendement qui a ensuite été rejeté par la Chambre. 3

ACCUEILLANT

« Il est important que les Luxembourgeois et les Portugais comprennent qu’il s’agit d’une amitié entre deux peuples, deux pays, mais également entre deux chefs d’État. Nous avons les mêmes points de vue. » Le Grand-Duc et la Grande-Duchesse étaient à Lisbonne pour une visite d’État, du 11 au 13 mai, sur invitation du président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa. Ce dernier a expliqué que cette visite « était un signe de paix, d’amitié, d’espoir ».

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MOTIVÉ

« J’ai grandi dans le DP, et les valeurs qu’il représente, telles que la liberté, la responsabilité et la solidarité, m’ont façonné tout au long de ma vie. » L’actuel ministre des Classes moyennes et du Tourisme, Lex Delles, a officialisé sa candidature à la présidence du DP sur son compte Facebook, le 11 mai. 6

ORGANISÉ

« Le budget que nous avons arrêté pour assurer ces deux mesures de gratuité qui concernent l’éducation non formelle et les repas est de 22 millions d’euros par an. » Le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch (DP), a annoncé, le 10 mai, que l’accueil dans les structures d’éducation non formelle et les repas pour les enfants du fondamental seront gratuits pendant les semaines d’école à partir de septembre prochain, quels que soient les revenus des parents.

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Romain Gamba (archives), Maison du Grand-Duc / Sophie Margue et Matic Zorman (archives)

SOLIDAIRE

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Ristretto #Politique

«Il y a une façon de faire de la politique autrement» Après une année 2021 difficile, Frank Engel se concentre désormais sur son nouveau parti, Fokus, qui veut briser le « plafond de verre » luxembourgeois.

Après votre départ du CSV dans des circonstances ­difficiles et un acquittement judiciaire fin 2021, Frank Engel reste-t-il un homme en colère ? Je reste stupéfait devant la méchanceté des instiga­ teurs de cette dénonciation à mon égard. J’étais très en colère à l’époque. Je le suis beaucoup moins maintenant. Je me focalise sur ce qu’il y a à faire, qui n’a plus rien à voir avec le CSV. Vous pensez à votre nouveau parti, Fokus, qui a tenu son premier congrès le 14 mai. Pourquoi en êtes-vous le simple porte-­parole, alors que vous l’incarnez ? Ce parti doit avoir une vie qui ne dépende pas de moi. Je me suis asso­ cié avec des personnes qui ont leurs propres idées. Il s’agit d’une jonction de perspectives, plutôt que d’un rallie­ ment à une personne. Vous avez malgré tout été désigné tête de liste pour les prochaines législatives... Mais ce parti n’est pas que le réceptacle de mes idées. Ce ne serait pas intéressant. Il faut se me­ surer, avec ses convictions et ses expériences, à ce que d’autres pensent, croient, afin de concocter un message politique qui soit suscep­ tible de résoudre ce qui n’a pas pu être résolu par les personnes qui sont là depuis très longtemps. Fokus se veut pragmatique, sans idéologie. Ce que le CSV a aussi affirmé lors de son congrès en mars. Qu’est-ce qui vous distingue ? Eux vont continuer à se perdre dans des lieux com­ muns, comme ils le font avec le succès que nous leur connaissons depuis des décennies. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce n’est pas de l’idéologie, qui n’a jamais rien résolu, mais une volonté politique de briser ce plafond de verre, très présent au Luxembourg, qui empêche que les discussions soient menées jusqu’à leur terme. D’où vient ce « plafond de verre » ? On réussit, dans le pays, à poser les problèmes, mais quand il s’agit de les résoudre, il n’y a plus le courage, car on ne veut pas froisser certaines catégories socio­ professionnelles. Mais veut-on satisfaire 80 % des élec­ teurs ? On ne pourra jamais contenter tout le monde. Le modèle du parti populaire, qui rassemble large, est-il obsolète ?

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C’est une notion amplement entamée. Nous allons formuler nos propositions de façon à rallier une frange des électeurs, que ce soit 5, 10 ou 15 %, je ne sais pas. Et avec l’ambition de dire : il y a une façon de faire de la politique autrement, sans se retrancher derrière des lieux communs dès que je crains qu’il y ait un électeur sur deux qui ne soit pas d’accord. Comment cela se manifeste-t-il ? Par exemple, nous avons proposé le service national obligatoire. Selon une enquête du Tageblatt, 42 % sont en sa faveur, 50 % plutôt contre, et 8 % sans opinion. Donc une personne sur deux est potentiellement d’accord. Personne n’oserait le faire… Où se situe Fokus dans le spectre politique ? Nous sommes une force politique qui représente le mainstream de la société. Et qui n’a aucune relation avec les extrêmes politiques, de gauche ou de droite. Vous êtes donc centriste ? Avec, donc, du social… Par exemple, il n’y a pas, au Luxembourg, de discussion fondamentale sur l’adéqua­ tion entre le coût de la vie et le revenu. Or, trop de gens dans la société luxembour­ geoise ne s’y retrouvent plus. Il faudrait réaliser un bilan de ce qu’il faut faire pour avoir droit à une vie et à un logement décents, ce qui doit être acquis à partir du moment où on se lève le matin pour travailler. Et vous avez des aspects programmatiques plus « libéraux »… Nous sommes des adeptes de l’économie de marché et opposés à des mesures contrai­ gnantes outrancières concernant la propriété privée ou la liberté d’entreprendre. Finalement, nous sommes très comparables à ce qu’a fait M. Macron en France. Fokus est très comparable à ce qu’a fait M. Macron en France, selon Frank Engel. Interview PIERRE PAILLER Photo MATIC ZORMAN



Ristretto #Entreprises Sélectionné par MATHILDE OBERT et CATHERINE KURZAWA

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DÉTERMINÉ

« Nous restons en ville, et c’est bien ici que nous voulons construire notre futur. »

Paul Wurth a profité de la présentation de ses résultats financiers, le 10 mai, pour dévoiler son nouveau siège attendu dans le quartier Nei Hollerich. Dessiné par le cabinet Metaform, le complexe de 17.000 m2 hors sol inclut une tour de 8.000 m2. Le CEO Georges Rassel a fait état, pour 2021, d’un bénéfice après impôts presque quintuplé par rapport à 2020, soit 23,7 millions d’euros. 2

PRAGMATIQUE

« Nous ne prévoyons pas une réduction des prix de l’énergie. Et nous ne pouvons pas exclure une augmentation cette année. » Erik von Scholz, le CEO d’Enovos, a laissé entendre, lors de la présentation du bilan 2021 du groupe, que le prix du kWh pourrait encore croître cette année, mais probablement pas avant la rentrée de septembre. L’énergéticien a réalisé un bénéfice net de 79,3 millions d’euros en 2021, de retour à son niveau d’avant-crise, pour un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros, a-t-il annoncé le 11 mai. 3

INTÉRESSÉ

« Luxembourg a toujours fait partie de nos plans de développement à l’international. » L’entreprise française Colonies veut pénétrer le marché luxembourgeois en y achetant des appartements destinés à la colocation, a expliqué son directeur Benelux Martial Robardet. Elle vient de lever 1 milliard d’euros auprès du fonds immobilier Ares pour déployer son modèle de colocation abordable en Europe. 4

AUDACIEUX

« Réduire notre consommation de carburant d’environ 20 %, réduire de moitié nos nuisances sonores et réduire nos émissions de dioxyde de carbone d’environ 700 tonnes par an. »

Patrick Thierry, Eric Bonafini et Eric Viale dressent les contours de FlyLux Airlines, une nouvelle compagnie aérienne luxembourgeoise qui ambitionne de voler plus vert. Fraîchement immatriculée au Registre de commerce, l’entreprise réunit trois partenaires industriels, à savoir Airbus, Aviation Capital Group et Pegasus Services. 5

RÉPROBATEUR

« Les clients ne s’en rendent pas compte, mais en faisant des achats en grande quantité, ils aggravent la situation. »

AMBITIEUX

« Cette nouvelle implantation est un outil d’industrie 4.0. très flexible. » Goodyear a inauguré début mai sa nouvelle usine de Dudelange, dédiée aux pneus premium à haute valeur ajoutée. Xavier Fraipont, vice-président Product development EMEA chez Goodyear, a expliqué que le site utilise les principes de l’impression 3D pour la fabrication de pneus automobiles. 90 salariés sont actifs à Dudelange sur les 3.500 du géant américain des pneumatiques, qui a investi 77 millions de dollars pour ce nouveau site.

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Matic Zorman (archives) et Goodyear

La ruée sur l’huile de tournesol donne du fil à retordre aux enseignes de distribution, comme La Provençale, dont l’associé-gérant Georges Eischen ne mâche pas ses mots.



Ristretto #Entreprises

«Des promoteurs vont se faire décoiffer!» L’ambassadeur de la proptech au Luxembourg, Laurent Rouach, organisera, le 9 juin prochain, le premier événement autour de ce secteur. Décodage.

Avec 880 millions d’euros levés au premier trimestre, soit cinq fois plus que l’an dernier, la proptech s’affole. Mais de quoi parle-t-on ? De toutes les technologies liées à l’immobilier. De l’identification du foncier au financement, en passant par la construction – tellement énorme qu’on a rebaptisé les « contech », qui vont des robots sur les chantiers aux imprimantes 3D pour construire une maison en trois jours. Vient ensuite la commercialisation, un secteur complètement bouleversé.

Reste l’utilisateur, de plus en plus pressé et de plus en plus informé... L’utilisateur demande un peu plus. Au Luxembourg, on est à l’âge de pierre. Il faut signer. Il faut aller choisir ses portes chez un menuisier à 30 km dans le Sud, puis aller chez le chauffagiste du côté d’Ettelbruck, et chez l’électricien... Tout ça peut être entièrement digitalisé. Ensuite, il y a la domotique. Là encore, on est à l’âge de pierre. Ce n’est pas la faute des développeurs-promoteurs, mais les enjeux sont tels qu’on n’a jamais réussi à avoir des standards qui pouvaient rassembler tout le monde.

Pas au Luxembourg, pays du business as usual… Le marché est tellement juteux que les agences immobilières sont un peu en retard par rapport à certains pays, sans même parler des États-Unis où tout le monde fonctionne avec des multiple listing services. Tous les agents ont accès aux mêmes biens, et on discute de la manière de répartir une commission. Ou même évoquer les high buyers, qui n’existaient pas il y a cinq ou six ans, et qui valent plus de dix milliards de dollars.

Les millennials ne sont pas du tout comme leurs parents… On ne peut plus se permettre de mettre sur le marché du mètre carré une brique et du béton. Les millennials ne veulent plus de processus extrê­ mement rigides, mais une expérience dynamique, plus importante parce que la possession devient moins importante. Ils attendent des locaux sociaux, par exemple, à la limite du coliving et de la possession. Il y a une tendance de fond : vous achetez un petit appartement de 35 m2,mais vous êtes dans un espace où vous avez une salle de cinéma privative qui appartient aux 15 propriétaires de la résidence, une salle de sport, une chambre d’amis... Il est même possible d’avoir un grand salon avec de la vaisselle et de la décoration, voire un véhicule électrique qui est posé là, une voiture, une trottinette ou un vélo.

Éclairez-nous… Sur la base de 160 critères, comme l’ensoleillement, l’acoustique ou les données de criminologie et de surface, ces agents estiment précisément votre appartement du troisième étage gauche. Ils vous le rachè­ tent pour le prix, moins 5 %, en 24 heures, alors que la durée pour vendre un bien est de quatre à six mois, selon les régions. Eux-mêmes s’adressent à d’autres acteurs pour le rénover et le remettent sur le marché avec une marge. De quoi prendre 7 à 8 % en trois ou quatre mois. Les biens sont-ils de plus en plus « connectés » ? Plus la technologie et plus la législation évoluent, plus les biens commencent à être équipés. Imaginez que vous êtes un bailleur social et que vous avez 400 ou 500 appartements à traiter… vous ne pouvez pas envoyer un technicien vérifier chaque appartement. L’internet des objets dans l’immobilier suscite les plus grosses levées de capitaux. Il permet de faire remonter les informations et d’agir vite et efficacement.

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Selon vous, le Luxembourg aurait trois ou quatre ans de retard dans ce domaine, d’où l’idée de la conférence le 9 juin prochain sur ces proptech ? Il faut montrer les technologies disponibles. À l’étranger, des sociétés proposent ces produits ou ces services. Quand ceux-ci vont arriver au Luxembourg, ils vont séduire les gens, et nous aurons des promoteurs immobiliers qui vont se faire décoiffer.

Pour Laurent Rouach, la technologie va bouleverser le secteur immobilier.

Interview THIERRY LABRO Photo MATIC ZORMAN



Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par MARC FASSONE

SATISFAIT

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« Cela a été une mission passionnante qui m’a pris beaucoup de temps ces deux dernières années, et que je suis content d’avoir pu mener à bien. » Hugues Delcourt tire le bilan des deux années passées à la tête du conseil d’administration de Kneip, société désormais filiale à 100 % de Deutsche Börse. Un changement d’actionnaire, qu’il avait pour mission de mener à bien. PARTANT

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REVENDICATIVE

« Sophistication n’est pas nécessairement synonyme de risque. »

Pour la présidente de l’Alfi, Corinne Lamesch, l’accès du grand public aux fonds d’investissement alternatifs réservés aux investisseurs institutionnels et avertis devrait être facilité, comme elle l’a déclaré dans le dernier supplément de Paperjam consacré aux fonds d’investissement. MOTIVÉE

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« Je suis une vraie fan de la Place financière, de ce que l’on a réussi à y faire, du positionnement sur les fonds, et j’aimerais me mobiliser sur les sujets de finance verte, qui me tiennent à cœur depuis plus de 15 ans déjà. » Après bientôt trois ans en tant que conseillère économique du Premier ministre, Xavier Bettel (DP), Anouk Agnes a décidé, le 29 avril, de revenir dans la finance en tant qu’administratrice indépendante de sociétés.

« Nous nous engageons à contribuer à l’égalité des sexes. »

La Bourse de Luxembourg et UN Women ont signé un protocole d’accord, le 10 mai, visant à renforcer leur coopération et à promouvoir des initiatives conjointes pour faire progresser la gender finance. Améliorer le lien entre finance et genre est l’objectif de Julie Becker, CEO de la Bourse. 6

INQUIET

« En 2021, 23 banques auront affiché des pertes. C’est un risque pour toute la Place. »

Présentant le rapport d’activité annuel de l’ABBL le 28 avril dernier, Guy Hoffmann, le président du conseil d’administration, se dit préoccupé de l’évolution de la rentabilité du secteur bancaire, qui s’érode d’année en année. Ce sont les banques privées et les banques dépositaires qui souffrent le plus de cette érosion.

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LaLa La Photo (archives), Matic Zorman (archives) et Mike Zenari (archives)

MOBILISÉE

Photos

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SUSTAINABILITY

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Appel à candidatures : du 20 avril au 24 juin 2022 CAT ÉGO R I ES

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Ristretto #PlaceFinancière

«On ne peut pas basculer vers un modèle de banque 100% virtuel» Digitalisation, critères ESG, crédit hypothécaire : Sandrine de Vuyst, head of retail and private banking chez ING Luxembourg, balise les thèmes de l’actualité du secteur bancaire.

À quoi ressemblera, selon vous, la banque de demain ? Aujourd’hui, on regarde davantage les besoins des clients que l’offre de produits et de services, comme c’était le cas il y a encore quelques années. Le point de départ, c’est le client et sa satisfaction. La banque de demain sera avant tout celle des clients. À nous de satisfaire ces besoins de manière facile et rapide. Facilité et rapidité seront les maîtres-mots.

Notre politique est de donner accès au plus grand nombre de services possible via le digital. Pour faire un changement d’adresse ou bloquer une carte, il n’est plus nécessaire d’aller en agence. Il y a toujours des gens qui voudront le faire physiquement. C’est pour eux que nous avons gardé quelques agences ouvertes classiquement de 9 heures à 17 heures. Mais nous avons d’autres agences qui fonctionnent sur rendez-vous, de 8 heures à 19 heures, pour des services à valeur ajoutée qui ne peuvent pas se faire aujourd’hui au travers d’une application mobile, et pour lesquels je crois que, même dans le futur, on souhaitera toujours avoir du relationnel.

Comment cela se traduit-il sur le terrain ? D’abord par un recours accru à la digitalisation. Mais sans que cela ne fasse perdre la nécessaire personnalisation de la relation avec le client.

Les agences ne sont donc pas condamnées à disparaître ? Je crois que les agences ont encore de beaux jours devant elles. Le Luxembourg n’est pas prêt pour un modèle exclusivement digital.

La digitalisation est une tendance lourde dans l’industrie. Les banquiers de demain seront-ils des développeurs en baskets ? Personnellement, j’ai au départ une formation plus orientée « ventes », mais il est vrai que pour améliorer l’expérience de nos clients, il faut s’intéresser soi-même de près à la digitalisation et à tout le développement informatique qui se cache derrière. Et l’on peut d’ailleurs très bien être une développeuse en talons, il n’y a pas de contre-indication !

L’autre grande attente des clients concerne les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Comment cela se retrouve-t-il dans votre fonctionnement et dans votre offre aux clients ? Le groupe ING travaille là-dessus depuis de très nombreuses années. Dans la banque de détail, formaliser une telle offre de crédit est plus compliqué. Notamment pour les prêts hypothécaires. Prenons l’exemple de l’environnement. On pourrait envisager de faciliter les prêts pour équiper les maisons de panneaux solaires. Mais ces prêts vont profiter à des ménages qui ont les moyens de se lancer dans ce type de travaux. Les ménages à plus faibles revenus vont alors se voir octroyer des taux plus élevés parce qu’ils n’ont pas la surface financière.

Que recouvre le mot digitalisation chez ING ? Le fil directeur est la facilité avec laquelle on apporte les informations à nos clients. Des informations pertinentes. Cela passe par notre application mobile, que l’on fait évoluer en permanence.

Restons sur le marché hypothécaire. Comment le voyez-vous évoluer avec la hausse actuelle des taux ? La hausse spectaculaire et rapide des taux ces derniers mois se répercute de manière limitée, pour l’instant, sur le volume des crédits. Cela devrait se voir plus nettement dans les mois qui viennent.

Tous les services sont-ils par essence « digitalisables » ? Tout dépend du segment dans lequel on se trouve. Dans la banque de détail et dans le service aux petites entreprises, l’accessibilité est le mot-clé. Mais dans certains segments comme la banque privée ou le wholesale banking, le relationnel reste très important. Il peut y avoir toute une série de choses qui peuvent se faire à distance, mais on ne peut pas basculer vers un modèle 100 % virtuel. C’est pour cela aussi que nous avons revu le mode de fonctionnement de nos agences. Justement, quelle est la place des agences bancaires dans le modèle opérationnel de la banque aujourd’hui ?

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Pensez-vous qu’il y a une bulle immobilière prête à éclater ? La hausse des taux engendre des incertitudes, c’est certain. Mais la demande est toujours supérieure à l’offre. Tant qu’il y aura de nouvelles personnes qui viendront s’installer au Grand-Duché, je ne pense pas que l’on pourra parler de bulle.

Sandrine de Vuyst ne constate pas de signes d’une bulle immobilière.

Interview MARC FASSONE Photo GUY WOLFF


S AV E

THE

DAT E

TOP 1OO Les décideurs économiques les plus influents au Luxembourg

13.12.22 Mardi, 17–23h —

Rockhal, Esch-Belval

Plus d’informations : www.paperjam.lu/club


Legal

A full-service law firm looks to the future Contenu sponsorisé par NAUTADUTILH

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In such a competitive market, how do you attract and keep talent? We keep our people by offering personal and professional growth as well as a safe and inspiring workplace. NautaDutilh

is a closely knit firm where partners work alongside juniors. For someone just starting out, this is invaluable because you quickly gain expertise, experience and confidence. We also highly value our support staff, some of whom have been with us since the beginning and are a key to our growth and success. What makes you stand out in the market? We are responsive, and we challenge the obvious and adapt quickly to change. In this, we strive to be like Luxembourg: flexible, dynamic and adaptable. What also really makes us stand out is high partner involvement. Our partners work on deals and are present throughout their lifecycle. As our growth is tied to the growth

of our clients, we do everything we can so they succeed, and we are always on the lookout for new opportunities for them. What does the future hold for the legal sector in Luxembourg? We will see more securitisation transactions on the EU securitisation regulation and an increased number of bond listings on the EU MTF market of the Luxembourg Stock Exchange. With the continuous growth in the alternative investment funds market, we foresee a significant development in fund finance transactions. We also expect a wave of restructuring work. It’s likely there will be more demand for pre-litigation advice with respect to data

EVa Krins (Maison Moderne)

NautaDutilh is an international law firm specialising in Luxembourg, Belgian and Dutch law. Founded in 1724, it first set up shop in Luxembourg in 2002 and has grown from a small tax advisory into an international full-service law firm that offers proven legal expertise and is strongly committed to its clients as well as its staff.

For clients, this commitment means a can-do attitude and the drive to find pragmatic solutions to complex problems. For employees, this means a nurturing workplace where hierarchy is minimal – just one of the reasons why the firm is attractive to young talent. Paperjam sat down with Romain Sabatier, a young partner with NautaDutilh and a member of the firm’s corporate team, to learn more about their growth and how they see the future.

Photos

This year marks two decades since NautaDutilh opened an office in Luxembourg. It has since grown into a fullservice law firm.


BRAND VOICE

KEY FIGURES

2002

YOUNG PARTNERS DESCRIBE WHAT THEY LOVE ABOUT WORKING AT NAUTADUTILH

NautaDutilh opened its Luxembourg office 20 years ago, adding to its offices in Amsterdam, Rotterdam, Brussels, London and New York. The roots of the firm can be traced back nearly 300 years.

400

With over 400 legal experts, NautaDutilh is the largest independent law firm in the Benelux. The Luxembourg office has 50 lawyers, including nine partners, with an equal number of men and women at all levels.

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NautaDutilh Luxembourg specialises in six main practice areas: Banking & Finance, Corporate M&A, Investment Funds, Tax, IP & Tech, and Litigation & Arbitration.

protection and compliance with the EU General Data Protection Regulation. As a side note, we now have an entire IP & Technology practice, headed by Vincent Wellens. This is a critical and dynamic legal area because companies increasingly need to protect their technology, tools and data. Vincent’s team has tremendous expertise in this area. What challenges does NautaDutilh face? They are threefold: new techno­logies, fee pressure and increased regulation. For years, the legal sector seemed immune to technological disruption. This is no longer true. Nowadays, there are so many new legal technologies introduced every year that it is difficult to determine which are the best fit for which firms. AI and automation are going to change the way we practice law. Also, there is increased pressure for firms to stand out through their online sales pitch. This results in considerable pressure on legal fees, driving down clients’ fee expectations and the perceived value of legal expertise. This forces lawyers to become more specialised and focus on high-end, real added-value services, which is the only way to increase margins in our profession. Finally, we have seen a global increase in regulation. Law firms have to digest these new rules and adapt.

“The firm is openminded and has a good spirit at every level. Once I joined, I quickly felt at home.” Sara Gerling Partner and member of the firm’s Banking & Finance team

Sara advises primarily institutional ­clients on all types of international and domestic financing transactions, involving real estate, fund, acquisition and asset finance, as well as structured finance and securitisations.

“The firm offers personal and professional growth as well as a safe and inspiring workplace.”

“There is no real distance between partners and young lawyers. It’s a big family with something of a Dutch approach.” Antoine Laniez Partner and member of the Litigation & Arbitration team

Antoine represents a wide range of institutional clients in complex arbitration and litigation in the areas of commercial, corporate and insolvency law.

“NautaDutilh is humanoriented. We pay attention to people, so they feel good and flourish.”

Romain Sabatier Partner and member of the Corporate team

Caroline Notté Partner and member of the Corporate team

Romain provides corporate, securities and insolvency advice on financial restructuring matters, typically for hedge funds, private equity firms and financial institutions.

Caroline assists Corporate and Private Equity clients with a wide range of complex cross-border M&A transactions, corporate governance, divestitures, leveraged buyouts, financial restructurings, takeovers and listing issues.

about more t at u o Find rvices and se m ir f r ou m

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nauta

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Data Dada #Alimentation

De la production à l’assiette, des flux déséquilibrés Avec une spécialisation très forte de la production agricole dans l’élevage, et en particulier le lait, le Luxembourg doit importer une grande partie de ses autres produits alimentaires, comme les fruits et légumes. La transition vers une agriculture biologique, complexe pour les producteurs laitiers, sera d’autant plus difficile – Auteur PIERRE PAILLER même si la demande du consommateur est présente.

12

IMPORTATIONS Le pays doit importer une grande partie de ses fruits et légumes.

37

71 72 164

PRODUCTION ALIMENTAIRE La production agricole luxembourgeoise se caractérise par un degré très élevé de spéciali­sation dans l’élevage, et en particulier dans l’élevage laitier.

32

159

424 223

30

141

86 QUANTITÉS DE DENRÉES ALIMENTAIRES PRODUITES, IMPORTÉES, EXPORTÉES ET CONSOMMÉES AU LUXEMBOURG, EN MILLIERS DE TONNES Boissons alcoolisées

Céréales

Poissons, crustacés

Fruits et légumes

Autres

Viandes

Sucres et édulcorants

Laits

Source

24

Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 2019

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21 130


ÉVOLUTION DE LA PART DE SURFACES AGRICOLES BIO AU LUXEMBOURG En pourcentage de surfaces agricoles utiles

PLUS DE DEMANDE DE PRODUITS BIO QUE D’OFFRE La part de la surface agricole consacrée au bio se situe à un niveau faible dans le pays (5,18 %). Le gou­vernement souhaite attein­ dre 20 % d’ici 2025, ce qui semble peu réaliste. Quant aux ménages, ils consacrent en moyenne jusqu’à 12 % de leurs dépenses alimen­ taires aux pro­duits biologiques.

Sources Ministère de l’Agriculture, Statec, 2020

20

38

PART DES DÉPENSES ALIMENTAIRES CONSACRÉE AUX PRODUITS BIO En pourcentage des dépenses alimentaires totales

22

2,9

3,3

3,5

4

4,5

2010

2012

2014

2016

2018

5,2

2020

20

12

2025

Moyenne Alimentation Miel pour bébé

Œufs

15

12

Farine et céréales

Laits

10

Fruits et légumes

EXPORTATIONS La forte production de lait est en majorité dédiée à l’exportation.

63

99

62 19

PRODUITS CONSOMMÉS Les résidents luxembourgeois consomment finalement peu de produits laitiers. Mais ils sont les plus grands consommateurs de viande de bœuf de l’UE (26 kg / an / personne).

37 385

129

100 28 41 78 218

46 42 43

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Conversation

« Soutenir la compétitivité, assurer la politique sociale, maintenir la transition verte » Interview AURÉLIE BOOB

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Yuriko Backes

Nommée en janvier, Yuriko Backes a succédé à Pierre Gramegna comme ministre des Finances. Gestion de crise, maintien de la compétitivité du secteur financier, implémentation des réglementations, respect de l’orthodoxie budgétaire... Ses priorités sont multiples.

Photo GUY WOLFF

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Conversation

BIO EXPRESS

Votre ministère et la place financière attendent la visite du Gafi à partir du 2 novembre, après deux reports. Tout est prêt pour passer cet examen avec brio ? Le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est évalué et actualisé en permanence au Luxembourg. Il y a une vraie prise de conscience de l’importance de cela, bien sûr au niveau du gouvernement et de l’administration, mais surtout au sein du secteur financier, et je le prends bien évidemment très au sérieux. Nous avions demandé au Gafi d’effectuer sa ­prochaine évaluation sur place. Le m ­ inistère de la ­Justice en est le coordinateur, et nous ­travaillons ­ensemble. Au cours des dernières années, de nombreuses initiatives ont été prises pour lutter contre des dérives qui peuvent ­potentiellement porter atteinte à l’intégrité de la place financière.

Études Yuriko Backes est Luxem­bourgeoise, née au Japon en 1970. Elle obtient un bachelor en relations internationales à la London School of Economics and Political Science en 1992 et deux masters successifs en 1993 et 1994. Diplomatie Elle a occupé divers postes à la représentation permanente du Luxembourg auprès de l’Onu (New York) et de l’UEO (Bruxelles), ainsi qu’à l’ambassade du Luxembourg au Japon. Politique Conseillère diplomatique et sherpa des Premiers ministres luxembourgeois Jean-Claude Juncker (CSV) et Xavier Bettel (DP) jusqu’en 2016, elle a été représentante de la Commission européenne au Luxembourg jusqu’en 2020. Elle était maréchale de la Cour avant de devenir ministre des Finances pour remplacer Pierre Gramegna en janvier 2022, tout en s’encartant au DP.

la prévisibilité… Monsieur ­Saint-Amans a ­ otamment dit que la Place avait su s’adapter n aux nouvelles réalités.

Quelles sont les vulnérabilités de la Place par rapport au Gafi ? Et comment affronter Pascal Saint-Amans s’entendait particu­ d’autres Places moins « régulées », donc lièrement bien avec Pierre Gramegna, votre plus attractives pour certains investisseurs ? prédécesseur. Vous le connaissez bien ? Ce qui sera surtout évalué en novembre, ce J’ai fait sa connaissance quelques jours seulesera l’efficacité de nos systèmes. Pour certains, ment après ma prise de fonctions. Nous avons cela prendra du temps. Sans doute bien plus de pu nous entretenir en janvier, et nous avons 6 mois (cette interview a été réalisée le 13 mai 2022, eu d’autres entrevues lors des réunions de ndlr), donc les résultats se feront sentir dans la printemps du Fonds monétaire i­ nternational (FMI) en avril à Washington. durée et au-delà de la visite du Gafi. Les directives Atad 1 et Atad 2 ont été Peut-on imaginer une issue revues en 2021 en deux piliers qui défavorable pour le Luxembourg prévoient une harmonisation des taxes à cette visite du Gafi ? On aura tout fait pour éviter cela ! La place sur les entreprises à l’international, ­financière et la réglementation ont beaucoup mais aussi plus d’équilibre sur les bénéévolué ces dernières années, et le Luxembourg fices finaux des entreprises. Quand ce n’est plus sur des «listes grises»… J’ai débuté système sera-t-il effectivement mis en mon mandat en janvier dernier, et l’arrivée du place au sein de l’OCDE ? Gafi est prévue en novembre: il se sera ­passé Le pilier 1 de cette réforme vient réviser les moins d’un an. Ma marge de manœuvre aura règles relatives à la répartition des bénéfices ­ onner été effectivement assez limitée dans ce laps de des entreprises multinationales afin de d temps. J’ai confiance dans notre système, dans plus de droits d’imposition aux pays dans lescette prise de conscience qui existe a ­ ujourd’hui, quels les consommateurs finaux sont situés. Le et dans tous les efforts déployés au cours des pilier 2 vise à combattre les problèmes Beps dernières années. restants, c’est-à-dire le transfert des bénéfices Mais il faut comprendre que la réglementation par les entreprises vers des pays à fiscalité basse. constitue un facteur important d’attractivité pour Un seuil d’imposition minimum effectif de 15% les investisseurs internationaux. Un cadre doit au niveau de chaque juridiction a été décidé être donné avec la réglementation, et nous soute- en octobre dernier. Le Luxembourg a soutenu nons ce cadre, que ce soit au n ­ iveau international cela depuis le début, mais les pourparlers au ou simplement européen. En ce qui concerne la niveau européen ne progressent pas comme fiscalité, par exemple, il y a a ­ ujourd’hui un level prévu. Aujourd’hui, ce qui bloque pour que ce playing field (pied d ­ ’égalité concurrentiel, ndlr) soit transposé en directives, c’est l’adhésion au ­niveau de l’OCDE, et je crois que c’est plutôt de la Pologne. La présidence française (qui une bonne chose. D ­ ’ailleurs, le feed-back que se terminera le 30 juin 2022, ndlr) veut tout l’on reçoit de ­l’OCDE, ­notamment via Pascal faire pour que ce dossier soit bouclé dans les Saint-Amans (directeur du Centre de politique meilleurs délais. et d’administration fiscales de l’OCDE, ndlr), est très positif. Les ­investisseurs viennent ­aussi pour On reproche encore souvent au Luxemla renommée de notre réglementation, parmi bourg de faciliter le montage de structures d’autres raisons: la stabilité politique, le triple A, juridiques diverses, par exemple dans 28

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le secteur de la gestion immobilière, qui rapportent peu à l’État, mais font courir un risque préjudiciel énorme. Faut-il à nouveau faire le ménage ? Notre système fiscal comprend des ­mécanismes permettant une certaine optimisation dans le domaine immobilier, qui ne sont plus adaptés à la situation actuelle. Sur l’amortissement accéléré, le gouvernement a mis en place des mesures: le taux d’amortissement a ­ ccéléré a déjà été baissé de 6 à 5%, et la ­durée d’amortissement, de 6 à 5 ans. Par ailleurs, il est passé à 4 % sur 5 ans pour un investissement dans l’immobilier locatif au-dessus d’un million ­d’euros. Ces mesures sont en application d ­ epuis janvier 2021. Nous avons également pris des mesures pour parer aux abus potentiels des fonds ­d’investissement spécialisés (FIS). Depuis le 1er janvier, les détenteurs de véhicules issus de ces fonds ont l’obligation de signaler aux inst­ances fiscales de leur pays de résidence qu’ils détiennent des immeubles ­luxembourgeois, et sont imposés s’ils perçoivent des revenus directs ou indirects à hauteur de 20% du m ­ ontant brut, sans possibilité de déduction des frais. L’autre dimension est la spéculation. ­Prenons l’exemple de l’application du taux de faveur sur la plus-value immobilière à partir de ­seulement deux ans de détention : c’est un ­système qui a été introduit en 1978. Or, avec la crise immobilière, il me semble qu’il doive être adapté, car il peut, dans certains cas, ­alimenter la spéculation. Il apparaît donc ­envisageable de considérer, par exemple, un allongement de ce délai. Je ne veux toutefois pas détailler, à ce stade, un élément isolé d’une réforme dans ce domaine, car d’autres réformes sont en cours, notamment une nouvelle loi sur l’impôt foncier, et tout est lié. Je veux continuer à rassembler toutes les pièces pour avoir une meilleure vue d’ensemble avant de prendre des décisions. Je suis tout à fait consciente que le système actuel peut mener à des dysfonctionnements, et nous devons aborder ces problèmes. Les sociétés financières ont besoin de réglementation. Cependant, l’abondance de règles et mises à jour finit par coûter cher aux petites sociétés, qui doivent créer des postes et recruter des profils pointus pour rester en conformité avec la loi. Comment éviter la sclérose réglementaire et l’échec d’un système qui se voulait au départ vertueux ? On travaille dans un contexte européen, voire international. On a vu, par exemple, pendant la crise du Covid, que la réglementation en place a finalement aidé le pays à conserver ses ­fondations pour éviter que tout ne s’écroule. Le secteur financier a pu jouer son rôle en ­sou­tenant l’économie. Un cadre r­ églementaire solide et robuste est tout à fait nécessaire, mais


Yuriko Backes

INITIATIVES AML ET LUTTE CONTRE LE FINANCEMENT DU TERRORISME il faut effectivement trouver le bon équilibre pour maintenir la compétitivité du secteur ­financier en Europe. Il faut éviter de créer une forteresse Europe: c’est important vis-à-vis du reste du monde. Mon choix est celui d’avoir un dialogue permanent avec les représentants de la place financière et les parties prenantes qui nous font remonter leurs avis, ce qui nous aide ensuite à mieux comprendre les enjeux sur le terrain. L’équilibre est parfois difficile à trouver. Mon défi est alors d’y parvenir!

Photos

Guy Wolff et Matic Zorman

Le déficit public s’élève à -0,7 % du PIB en 2022. Le Programme de stabilité et de croissance envisage un rétablissement graduel des finances publiques à l’horizon 2026. Une situation qui n’est pas ­alarmante, mais qui laisse présager des ­difficultés pour 2022. Qu’est-ce qui impacte le plus les dépenses de l’État ? Les mesures anti-inflationnistes ­sont-elles les seules en cause ? Il faut mettre tout cela en perspective. Nous sommes l’un des rares pays qui respectent les règles de Maastricht avec un déficit de moins de 3% et une dette nettement en d ­ essous de 60 % du PIB. La dégradation de la ­situation budgétaire en 2022 s’explique évidemment, d’une part, par les mesures de la tripartite et de l’Energiedësch, et, d’autre part, par la ­situation économique détériorée, ce qui risque d’avoir des répercussions sur les recettes ­fiscales. Il ­est ­important pour moi, dans tous les cas, d’assurer la stabilité de nos finances et la bonne gestion des deniers publics. C’est de mon r­ essort. Je prends cela très au sérieux, en tant que «bonne mère de famille»…

Ces dernières années, de nombreuses initiatives législatives et réglementaires ont été prises pour perfectionner le système LBC/FT.

Un Registre des fiducies et des trusts a été instauré en 2020 ; Un système électronique central de recherche de données con­cernant des comptes de paiement et des comptes bancaires a été institué en 2020 ; Le cadre légal relatif à la mise en œuvre de mesures restrictives en matière financière a davantage été renforcé en 2020 (sanctions financières internationales) ; La directive anti-blanchiment dite AMLD5 a été transposée, tout en tenant compte des dernières évolutions des recommandations du Gafi (qui, parfois, vont au-delà des prescriptions de la directive) ; Des efforts sont en cours pour attribuer des pouvoirs de surveillance et de sanctions au gestionnaire du Registre de commerce et des sociétés.

Revenons au déficit public et aux complications que cela peut créer à l’avenir… Nous sortons – enfin, nous l’espérons – de la pandémie, nous sommes venus en aide aux ­entreprises et aux ménages pendant cette ­période, et cela a coûté très cher à l’État, mais c’était notre Vous pensez que l’on peut gérer un budget rôle. Mon prédécesseur a fait le nécessaire pour public comme on gère celui de la maison ? que les finances publiques soient bien gérées C’est évidemment un tout autre niveau, mais et que les investissements publics qui ont été c’est toujours une question de priorités… ­Est-ce réalisés soient les bons. J’ai présenté les chiffres sur l’exécution qu’on mange sain? Quid de l’éducation des en­ fants ? C’est aussi applicable aux choix poli­ ­budgétaire au début de cette année, et on était tiques au niveau d’un pays. Sachant qu’il y a vraiment sur une excellente trajectoire. Ensuite, un accord de coalition qu’il faut respecter, la situation a fondamentalement changé le ­trouver le bon équilibre entre les différentes 24 février, avec le début de la guerre en Ukraine… priorités est nécessaire pour pouvoir réaliser ses objectifs, aussi face à de nouvelles situations. C’était d’ailleurs le sujet majeur de votre dernier voyage à Washington, au FMI… Oui, parce que la crise est mondiale, et que tout est lié. La croissance régresse partout, aux niveaux mondial, européen et luxembour­ geois. Le Statec prévoyait, en début d’année, une croissance autour de 4% pour 2022, r­ evue ensuite à 3,5%, avant que les toutes dernières projections augurent seulement 1,4%. Cela fait 2 % de moins en quelques semaines… C’est ­d’ailleurs le même recul que celui prévu pour notre pays par le FMI. Personne n’aurait pu pré­ voir qu’une telle situation survienne en Europe, ni les conséquences sur les pays en voie de dé­ veloppement. Les chaînes d’appro­visionnement à l’échelle mondiale sont p ­ erturbées, les prix de

« Ma ­façon de faire, c’est d’écouter et de comprendre afin de prendre les décisions qui s’imposent. »

CE QU’ILS PENSENT D’ELLE

Un Registre des bénéficiaires effectifs publiquement accessible et permettant, entre autres, aux autorités nationales et étran­ gères d’accéder aux informations concernant les bénéficiaires effectifs des sociétés luxembourgeoises a été créé en 2019 ;

Anne Calteux

Chef de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg

« Sa force consiste à capter très vite l’essentiel dans les dossiers et à se concentrer dessus. Elle ne dresse pas de barrières entre les autres et elle. »

António Gamito

Ambassadeur du Portugal au Luxembourg

« Je connais Yuriko Backes depuis 1994, quand je suis arrivé à New York. J’ai eu le plaisir de découvrir ses qualités humaines et ses compétences profession­ nelles. J’ai alors constaté un rapport facile entre les Portugais et les Luxem­bour­geois, qui perdure encore aujourd’hui. »

Nicolas Mackel

CEO de Luxembourg for Finance

« C’est une femme qui comprend, analyse et sait transmettre les informations de manière digeste. »

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ÉVOLUTION DES INDICES FINANCIERS l’énergie et des denrées alimentaires ont grimpé énormément. Cela démontre à quel point nous sommes interdépendants économi­quement, et comment la géopolitique complexe vient s’inviter dans les finances et l’économie dans chaque État. La croissance est ralentie, l’infla­ tion – qui avait déjà commencé pendant la ­pandémie – s’est accélérée davantage, en lien avec la crise du marché de l’énergie. Cette guerre est un sujet qui est dorénavant au cœur de chaque réunion de l’Ecofin et de l’Eurogroupe. Les recommandations des insti­ tutions internationales sont très claires : les mesures de soutien prises au niveau national pour les entreprises et les ménages doivent être bien ciblées et limitées dans le temps… Or, personne ne peut prédire quelle tournure cette guerre va prendre: va-t-elle se terminer dans quelques semaines, ou finir avec un inci­ dent nucléaire, comme le pensent certains ? Cette imprévisibilité rend la gestion très com­ plexe pour nous tous: les gouvernements, les entreprises, les ménages…

Prévisions macroéconomiques PIB (en volume) Emploi total intérieur Taux de chômage (en %) Indice des prix à la consommation national (IPCN) Coût salarial nominal moyen Capacité / besoin de financement (administration publique, en % du PIB) 25

20

15

10

5

0

-5

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Inflation sous-jacente 5%

4%

3,49

3%

2,52

2 % 1,78 1,42

1,73

1,63

1,62

2,24 1,5

1,41

1,24

1,21

1,36 1,39

1%

0%

-1 % 2020

2021

2022

Dette de l’État par rapport au PIB 30 %

25 % 21,8

21,1 19,6

20 %

24,8

24,4

2020

2021

22,3 20,8

10 %

5%

0

30

2015

2016

JUIN 2022

2017

2018

2019

Sources

Statec et Trésor public

15 %

Les accords du Comité de coordination tripartite ont prévu un paquet de mesures qui ont ciblé les ménages les plus défavo­risés. Mais la classe moyenne et les PME n’ont-elles pas été oubliées ? Nous avons aidé les ménages les plus affec­ tés par l’augmentation des prix et par la perte de pouvoir d’achat, via un premier paquet de ­mesures (Energiedësch), comprenant entre autres l’adaptation de l’allocation de vie chère, suivie du Solidaritéitspak, avec sa panoplie de mesures, dont le crédit d’impôt énergie. On peut tout critiquer, tout le temps, mais je crois qu’il faut comprendre que beaucoup a été fait pour les ménages, y compris au cours des dernières années. Ce gouvernement a pris les mesures qui s’imposaient, et ce, avant la crise actuelle, avec, par exemple, la réforme fiscale que mon prédécesseur a menée en 2017. Aujourd’hui, les transports publics, les c­ antines, les livres scolaires sont gratuits… Je l’ai déjà dit: beaucoup a été fait pour le pouvoir d’achat des ménages. En même temps, nous avons aussi aidé les entreprises, en leur donnant plus de prévisi­ bilité. L’accord tripartite prévoit un report de la prochaine indexation, à avril 2023. En effet, cet accord fixe la limite à une seule indexa­ tion par an, et la dernière a eu lieu en avril 2022. Cela est d’une importance majeure pour la compétitivité de notre pays, et donc pour l’emploi. Pour les entreprises les plus impac­ tées par les prix de l’énergie, des aides spéci­ fiques sont prévues dans un cadre (aides d’État) permis par la Commission européenne. Nous avons également mis en place un nouveau régime de prêts garantis par l’État. L’ensemble des aides issues de l­’Energiedësch, ainsi que de la tripartite, qui compren­nent égale­ment des aides pour les étudiants, pour


Conversation Yuriko Backes

les adultes handicapés, des aides au ­logement… coûtent plus de 800 millions d’euros. Si on ajoute les prêts garantis pour les banques, à hauteur de 500 millions d’euros, on arrive à un total de 1,3 milliard d’euros portés par l’État. C’est un paquet important, nécessaire, et qui aura un impact conséquent sur le b ­ udget de l’État. L’impact sur les finances publiques est réel. Quels sont les moyens mis en œuvre pour accroître les ressources, sachant que plusieurs défis majeurs, notamment démographiques, sont attendus dans les 20 prochaines années ? Nous devons avoir une vision à long terme, mal­ gré l’imprévisibilité. J’ai présenté les d ­ ernières prévisions dans le cadre du ­Programme de sta­ bilité et de croissance, fin avril. Aujourd’hui, la dette publique s’élève à quelque 25,2 % du PIB, un chiffre qui augmentera cette année et les suivantes, sous l’effet de la crise. Malgré tout, les projections montrent que notre dette continue de rester en dessous de la barre des 30 % du PIB, que le gouvernement s’est fixée. Une autre chose qui me semble importante, et qui est l’une des leçons de la dernière grande crise financière et économique traversée par l’Europe en 2008, c’est de conserver, malgré cette crise, le rythme soutenu d’investisse­ ments publics. Cela, nous le faisons via des dépenses d’investissement de plus de 3 ­milliards par an, ce qui représente 4% du PIB. À travers ces investissements records, nous contribuons à la croissance qualitative de demain. Je pense qu’au cours des prochaines années, nous devrons trouver le bon équilibre entre soutenir la compétitivité des entreprises, ­assurer la politique sociale et maintenir la transition verte. C’est un pilier essentiel pour le gouver­ nement, et pour moi, en tant que ministre, de maintenir cette dynamique déjà lancée par mon prédécesseur, et ce, notamment au niveau de la place financière. Outre le pouvoir d’achat, un autre sujet, qui y est lié, inquiète : celui des pensions. Une réforme est-elle à l’ordre du jour ? C’est en effet lié, mais le sujet des pensions est aussi du ressort d’un autre ministère. La ­problématique n’est pas nouvelle, et les ­défis sont bien connus… L’Inspection générale de la Sécurité sociale a présenté, récemment, un nouveau rapport sur le sujet. Les ­réserves finan­ cières de notre système de pension restent importantes aujourd’hui, mais on sait qu’elles vont fondre avec le temps, et, à terme, on ­devra relever ce défi. Le gouvernement en est ­parfaitement conscient. Sur ce sujet-là, ­encore, je pense que le modèle luxembour­ geois sera le bon : il faut aborder les défis dans un ­esprit de concertation, et non pas de ­confrontation, dans le cadre d’un dialogue avec toutes les parties prenantes. Ce qui a

été convenu par le ­gouvernement, c’est que le Conseil économique et social – à qui il a été demandé d’analyser la situation – se penche dessus. Par la suite, le gouvernement et les différentes parties p ­ renantes se réuniront pour envisager des pistes d’action concrètes. Quelle option a votre préférence ? Une indexation des montants des pensions ou une réforme de la fiscalité ? Un débat sur la fiscalité aura lieu au ­Parlement au mois de juillet, alors, je ne veux pas me ­prononcer en détail à ce stade sur ces questions… Il faut voir les choses dans leur ensemble. Si on touche à un seul élément, on risque d’avoir des répercussions majeures ailleurs. Ma ­façon de faire de la politique, c’est d’écouter et de bien comprendre tous les enjeux, dans un dialogue ouvert avec les différentes parties prenantes, afin de prendre les décisions qui s’imposent. Celles-ci ont toujours un impact à long terme. Ce ne sont en rien des décisions à prendre à la légère. Mais cette réforme fiscale est-elle nécessaire ? Le Premier ministre a dit, lors du discours sur l’état de la Nation, qu’il n’y aurait pas de grande réforme fiscale dans l’immédiat… Lorsque j’ai pris mes fonctions en janvier, j’ai quand même essayé d’évaluer ce qui était réalisable à court terme et d’analyser ce qui s’imposait à moyen et long termes. Mais avec la situation dans laquelle on se trouve actuel­ lement, la marge de manœuvre s’est malheu­ reusement encore réduite. Je ne suis pas satisfaite de ce constat, car je voudrais faire

de la politique et agir sur ce qui est nécessaire, comme, par exemple, le statut des familles monoparentales, mais la gestion de la crise est la priorité maintenant. Indexer le barème de l’impôt à l’inflation est-il un moyen pour l’État de récupérer des recettes ? C’est une question qui revient toujours… Bien sûr, je n’écarte la discussion sur aucun sujet. Mais il faut se rendre compte qu’une telle ­refonte profiterait surtout à ceux qui gagnent le plus. Et cela n’est pas forcément ma vision des choses. Quelles sont vos autres priorités ? D’abord, une gestion du budget responsable, puis le soutien de la transition digitale et verte pour maintenir la compétitivité de notre éco­ nomie et de la place financière. Cela veut éga­ lement dire qu’il faut garantir notre soutien social aux plus démunis. Une autre priorité : l’attraction des talents. C’est l’une des choses qui me sont très souvent rapportées par les ­différents acteurs de la place financière. Nous devons pouvoir garder ces talents au Luxem­ bourg, mais aussi en attirer de nouveaux, avec de nouvelles compétences. Enfin, il faut s­ outenir les start-up, surtout celles qui investissent dans les transitions digitales et durables. Vous avez pris votre carte de membre du DP. Quelle est votre vision politique ? Compétitivité et attractivité, politique ­sociale, le tout dans une logique de développement durable. En tant que nouvelle membre du DP, mon objectif est de trouver cet équilibre:

­LES INSTITUTIONS RATTACHÉES AU MINISTÈRE DES FINANCES Le ministère des Finances prépare et met en œuvre la politique budgétaire, financière et fiscale de l’État. À ce titre, il est compétent pour les finances publiques et l’élaboration du budget de l’État. Il définit également la politique à l’égard du secteur financier, et est en charge des relations avec les institutions financières internationales, ainsi que de la politique domaniale de l’État.

MINISTÈRE DES FINANCES ADMINISTRATIONS Cadastre et topographie Contributions directes Enregistrement des domaines et de la TVA Douanes et accises Direction du contrôle financier Inspection générale des finances Trésorerie générale de l’État

AUTORITÉS DE SURVEILLANCE Commission de surveillance du secteur financier) Commissariat aux assurances

ÉTABLISSEMENTS PUBLICS anque et caisse B d’épar­gne de l’État Fonds souverain inter­générationnel Office du Ducroire Société nationale de crédit et d’investis­sement Fonds de lutte contre certaines formes de criminalité.

ORGANE CONSULTATIF onseil national C des finances publiques

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Conversation Yuriko Backes

« La réserve du Fonds de pension est importante, mais on sait qu’elle va diminuer et, à terme, on devra relever ce défi. »

très importante pour moi. Pour m’aider à ­ érer cela, j’ai recruté une personne qui sera g responsable des ressources humaines et du bien-être au ­travail. Au ministère, il y avait historiquement trop peu de gens pour assurer toutes ces ­missions importantes pour notre économie, et cela a déjà été corrigé par mon prédécesseur. Mais il reste encore une marge de progression, et je veillerai à ce qu’il y ait aussi plus de parité et de diversité.

que notre politique soit en même temps ­sociale et libérale. Pour moi, ces deux volets sont complémentaires. Le point vert du logo DP illustre le troisième axe sur la durabilité, et cela est présent en filigrane dans tout le reste. Vous semblez vous inscrire dans la continuité des engagements pris par Pierre Gramegna ces dernières années. Quels sont vos points de divergence avec votre prédécesseur ? J’arrive au gouvernement à un moment très ­particulier et très difficile, donc il existe ­forcément des différences… Je ne marque pas de différence volontaire vis-à-vis de Pierre, c’est juste que c’est moi. Un volet qui m’est cher est celui du gender. J’ai pris l’initiative d’organiser des événements avec les femmes qui travaillent sur la place financière. C’est un secteur traditionnellement dominé par les hommes, alors qu’on a des femmes incroyables et magnifiques sur notre Place. Sur le fond, elles ne disent pas des choses différentes, bien sûr, mais dans la manière d’échanger, dans le networking, il y a une ­différence très stimulante. Vis-à-vis des futures générations intéressées par une carrière dans la finance, je trouve leur modèle formidable. D’autres développements prometteurs ­s’annoncent dans ce domaine. La Bourse vient notamment de conclure récemment un ­partenariat avec United Nations Women, afin de faire progresser la gender finance et l’émission de gender bonds. Cela entre dans le cadre du cinquième objectif de développement durable des Nations unies, les obligations liées au genre constituant une partie des o ­ bligations sociales durables. Qu’attendez-vous de vos équipes, et avez-vous apporté du changement ? Allez-vous recruter des profils pointus ? J’ai un comité de direction qui est exclusivement masculin, c’est un héritage… Je n’ai pas changé d’équipe, car je la trouve très bien. ­L’aspect ressources humaines, ici, comme dans mes fonctions précédentes, est une chose 32

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FAST & CURIOUS Resto ou repas maison ? J’adore cuisiner à la maison, mais parfois, un resto, c’est sympa aussi… Improvisation ou prise de notes ? J’aime bien être préparée, alors la prise de notes, c’est très bien pour moi. SMS ou message vocal ? Souvent SMS, surtout ces jours-ci. Rock ou classique ? Rock, sauf le dimanche matin, où j’aime bien le classique. Mère cool ou mère poule ? Mon mari dirait mère cool, mes enfants diraient probablement mère poule ! Le Luxembourg ou le Japon ? Sans hésiter, le Luxembourg, avec un petit zeste de Japon. Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Yuriko Backes sur paperjam.lu.

À terme, la guerre en Ukraine risque de créer à nouveau deux blocs : Est et Ouest. Est-elle de nature à remettre en cause, selon vous, la position de contre-pouvoir de l’Europe ? Tout d’abord, cette crise et les conséquences de cette guerre sont une catastrophe humanitaire pour l’Ukraine: des femmes avec leurs enfants, des personnes âgées qui fuient, les hommes qui restent pour se battre… On n’a pas vu a ­ rriver cette guerre, la misère, et les conséquences désastreuses sur l’Ukraine et son économie et celles des pays en voie de d ­ éveloppement, toutes nos économies. Plusieurs éléments semblent toutefois ­permettre de garder un certain optimisme. Je veux souligner que l’Europe s’est montrée unie comme jamais, et notamment dans sa rapidité de réaction concernant les sanctions contre la Russie. Je pense également aux élections en France et en Slovénie. La France a frôlé le pire, et, heureusement, elle a fini par réélire un gouvernement pro-européen. La ­Slovénie a fait volte-face en faveur d’une politique résolument en faveur de l’Europe. En outre, je vois que cette crise géopolitique va nous forcer à accélérer la transition énergétique et à nous défaire de notre dépendance aux gaz et énergies fossiles. Enfin, la réaction de solidarité des Européens dès le début de la guerre est incroyablement éloquente. Le dernier Eurobaromètre indiquait que 93% des citoyens de l’UE approuvent l’octroi d’une aide humanitaire aux personnes touchées par la guerre. 88% sont favorables à l’idée ­d’accueillir au sein de l’UE des personnes fuyant la guerre. Et 80% approuvent le soutien financier accordé à l’Ukraine. On n’a jamais vu ça. Que veulent les Européens, selon vous ? L’enquête Eurobaromètre montre clairement que les Européens veulent l’euro. Ils veulent une politique étrangère commune, une politique de défense commune. Il s’agit là d’une conséquence directe de cette guerre. En matière de géopolitique, je crois qu’il ne faut pas oublier que des pays comme la Chine ou l’Inde ne voient pas forcément l’agression russe comme nous la voyons. Il faut r­ ester ouverts aux discussions avec des puissances comme la Chine et construire l’avenir ensemble, notamment dans le domaine de la lutte contre le changement climatique.


10�6 LUXEMBOURG INTERNATIONAL CHAMPIONS! 10 entrepreneurs, financiers, inventors, artists, film producers, of Luxembourg origin and who became famous internationally, will share the story of their adventure and their vision for more Luxembourg initiatives to be successful internationally.

Programme • Welcome cocktail (18:30) • Show (19:00) • Networking walking cocktail (20:15)

20.09

Mardi

Athénée Luxembourg

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Le projet Perspectiv’ se développe autour d’une grande place commerciale réunissant services, logements et loisirs.

Immobilier

En plein développement, Esch-sur-Alzette disposera d’ici peu d’un nouveau quartier. Perspectiv’ réunit logements, commerces et bureaux, ainsi qu’un pôle sportif. Un lieu phare pour mieux vivre ensemble. À l’heure où le marché immobilier luxembourgeois est particulièrement tendu et qu’il est de plus en plus difficile de trouver un logement, la ville d’Esch-sur-Alzette (la deuxième plus peuplée du pays) connaît d’importants développements. Ces derniers, entrepris par 34

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la Ville, en collaboration avec le Fonds du logement, ont permis la création de 1.000 logements. Convaincu du potentiel de la métropole en pleine expansion et constatant que les citoyens sont prêts à s’éloigner de la capitale pour acheter, Tracol Immobilier a également

Un travail main dans la main grâce à des expertises complémentaires Présent depuis 1977 sur le marché luxembourgois, le promoteur immobilier est spécialisé dans le résidentiel. Pour mener à bien le projet Perspectiv’, Tracol Immobilier a donc fait

appel, en 2020, à un partenaire international expert dans le développement durable et urbain. La société de promotion immobilière Atenor dispose d’une solide expérience dans les projets d’envergure dans dix pays européens, et depuis une vingtaine d’années au Luxembourg. Le projet prévoyant en effet du tertiaire,

« Par sa verticalité et sa mixité, le projet Perspectiv’ est un véritable signal d’entrée de ville. » Jean-Michel Wilmotte Architecte

Perspectiv’

Contenu sponsorisé par ATENOR ET TRACOL IMMOBILIER

souhaité participer à l’essor et au renouveau d’Esch-sur-Alzette. Propriétaire d’un ancien site industriel laissé à l’abandon, l’entreprise a voulu requalifier ce dernier et réutiliser ces friches pour un projet à plusieurs dimensions : immobilière, commerciale, culturelle et sportive. Ayant pour habitude de travailler dans la région Sud et étant au fait du marché, elle a été séduite par sa localisation idéale. Ce site, situé à l’entrée de la ville, est en effet très accessible et connecté aux principales routes et autoroutes menant à la capitale, ainsi qu’à la collectrice sud en direction des trois frontières. Sans oublier sa proximité avec des gares et l’aéroport.

Photos

Un nouveau quartier pour Esch-sur-Alzette


BRAND VOICE

PERSPECTIV’ EN QUELQUES CHIFFRES les deux entreprises ont uni leurs équipes et ont signé un partenariat de co-développement pour l’ensemble du site. Pour que le projet soit le plus qualitatif possible, les deux partenaires ont également collaboré avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Ce dernier a notamment réalisé le Musée national du sport à Nice ou le Centre de congrès à Metz et était selon eux la personne la plus à même de donner une identité visuelle à Perspectiv’. L’architecte a non seulement dessiné l’enveloppe globale, mais accompagne également les promoteurs pour la partie conception (plans statiques, zone de livraison,

« Le projet Perspectiv’ montre la voie à suivre pour l’avenir de la ville. » Georges Mischo Bourgmestre d’Esch-sur-Alzette

etc.) et sera présent pour les modifications structurelles lors de la vente. Pour la partie réalisation, Tracol Immobilier et Atenor se sont tournés vers un acteur local : WW+. Créer un poumon de vie Perspectiv’ ayant pour but de répondre à une demande en matière de logements et de commerces, le projet mixte a été configuré pour que les endroits les plus visibles profitent au tertiaire, tandis que la partie intérieure, préservée de la circulation, est dédiée au logement. Le nouveau quartier, dans lequel il sera possible de vivre, travailler et profiter de loisirs, prévoit non seulement des immeubles résidentiels, mais aussi des bureaux innovants pour les professions libérales et des cellules commerciales de toutes tailles accueillant des services de proximité: salon de coiffure, boulangerie, restaurant, etc. L’enseigne Match a d’ores et déjà signé un accord pour s’implanter sur le site aux multiples espaces verts. L’arrivée d’une activité hôtelière est également envisagée. Le site étant en prolongement d’Esch-sur-Alzette, la volonté des deux entreprises n’est pas de concurrencer l’offre commerciale déjà existante ou de lui nuire, mais bien de la compléter. Le choix des commerces de quartier

se trouvant en pied d’immeuble est donc réalisé en concertation avec la Ville. Un dialogue et une écoute appréciés par les parties prenantes. Conçu autour d’une place commerciale, le nouveau quartier disposera également d’un pôle sportif, à la demande de la Ville, avec laquelle les deux promoteurs ont établi un partenariat. Le Musée national des sports, exploité par l’État, ainsi qu’un stade omnisport de 2.000 places accueillant des compétitions régionales y verront en effet le jour. L’ambition de Tracol Immobilier et d’Atenor est en effet de faire de ce site un lieu de rencontre répondant aux besoins de chacun. Une attention particulière sera également portée à l’accessibilité. Outre la présence d’un arrêt de bus, une voie cyclable express reliant Belval à Luxembourg passera par le quartier. Dans un futur proche, le tram fera aussi arrêt à proximité du site. La première phase, comprenant la construction du musée, du stade Arena, des commerces, ainsi que de deux immeubles de 100 logements, devrait être terminée en 2025. Si la commercialisation des espaces commerciaux et tertiaires a déjà démarré, celle concernant le volet résidentiel et réalisée par Tracol Immobilier sera quant à elle échelonnée.

67.000 La superficie totale du site réunissant logements, commerces, bureaux et pôle sportif sera de 67.000 m2.

350 À terme, 350 logements seront proposés à la vente.

10.000 10.000 m2 seront dédiés au tertiaire (bureaux et services). C’est également la superficie prévue pour les commerces, dont Match (2.700 m2).

440 Plus de 400 places de stationnement (gratuites pour les commerçants) seront proposées sous la place commerciale, pour permettre l’accueil des visiteurs notamment.

Les premiers logements seront livrés en 2025, leur commercialisation démarre donc dès à présent.

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Pierre-Alexandre Rocour souhaite que ses clients aient accès à un point de vente à 15 minutes de trajet de chez eux.


Conversation Pierre-Alexandre Rocour

« Aldi veut être le discounter du futur » Nouveaux points de vente, nouveaux produits, nouveau slogan dans la langue de Dicks: Aldi Luxembourg veut renforcer son ancrage local. Son managing director Pierre-Alexandre Rocour nous détaille les ambitions du hard discounter. Interview CATHERINE KURZAWA

Pourquoi Aldi a-t-il adopté fin 2021 un nouveau slogan au Luxembourg – « Aldi, ëmmer clever » – qui a la particularité d’être en langue luxembourgeoise ? Le choix se fait pour avoir une simplification par rapport à nos clients: Ëmmer clever, «toujours intelligent» ou «le choix malin», en version française. L’objectif est de montrer aux clients qu’ils peuvent faire leurs courses de manière simple en ayant une garantie de qualité avec un prix le plus attractif possible. Nous souhaitons depuis quelques années mettre en avant les produits frais – fruits et légumes, pain, viande… – toujours avec l’orientation supplémentaire en langue luxembourgeoise, parce que notre volonté est d’avoir l’ancrage le plus important au niveau local. Le marché local de la grande distribution reste dominé par le leader historique et national Cactus. Comptez-vous marcher sur ses plates-bandes ? Non, nous ne marchons pas sur ses platesbandes. Il est clair que le leader historique pour les Luxembourgeois reste Cactus. Nous voulons nous appuyer sur nos forces, à savoir nos valeurs de simplicité, de responsabilité et de fiabilité. Mais il ne fait aucun doute que, sur le marché luxembourgeois, notre démarche est celle de nous positionner comme une société internationale, avec cependant une orientation locale. Cela se traduit dans nos slogans, dans notre accueil, dans nos produits. Nous avons 1.700 articles dans notre assortiment, dont plus de 230 spécifiques au marché luxembourgeois. Le but est d’augmenter les intervenants et les marques nationales. Notre volonté n’est donc pas de copier Cactus, mais d’avoir une image Aldi qui corresponde au territoire et à ce que les clients désirent. Combien de références luxembourgeoises voulez-vous avoir dans vos rayons ?

Photo GUY WOLFF

Le but n’est pas d’avoir la moitié de notre assortiment spécifiquement luxembourgeois. Nous n’avons pas de nombre arrêté, mais il se pourrait que de nouveaux articles arrivent ou que d’autres soient légèrement modifiés. Je dirai qu’une fourchette comprise entre 200 et 300 références semble un objectif correct dans l’évaluation actuelle des choses. Notre objectif, de manière générale, n’est pas une augmentation significative du nombre d’articles dans notre gamme. Aldi veut toujours proposer une solution simple pour faire ses courses avec un nombre d’articles relativement limité.

Aldi est aussi actif sur le segment du bio. Ces derniers mois, les ventes de références bios accusent une baisse en Europe. Ressentez-vous le phénomène et essayez-vous de le contrer ? Nous avons observé une tendance à la baisse en janvier et février puis une légère croissance en mars et avril, mais nous ne pouvons pas parler de plongeon à proprement parler. Nous ne sommes pas une enseigne qui ambitionne de développer le bio à outrance. Notre démarche est plutôt de proposer aux clients les références qu’ils souhaitent.

Cette « luxembourgisation » de votre assortiment, est-ce une nécessité ou simplement un nice to have ? Ce n’est clairement pas du nice to have mais du to have: on se doit d’avoir au Luxembourg ces marques locales parce que le client désire les trouver en magasin. Si nous n’avons pas ces marques, le client devra aller dans un point de vente supplémentaire pour faire ses courses. Nous voulons qu’il trouve tous les articles qu’il souhaite sous le même toit.

Aldi envisage-t-il d’entrer sur le segment de l’e-commerce au Luxembourg ? C’est clairement en cours de réflexion au niveau du groupe et du pays, mais je ne peux pas vous dire si cela sera développé demain ou plus tard. La tendance est au drive et au « click & collect ». Aldi veut vivre avec son temps mais dans notre ADN de gestion intelligente, nous voulons faire les choses posément et de manière réfléchie. Ce n’est pas impossible que cela soit mis en place dans le futur mais, clairement, cela ne se fera pas dans un futur proche, comme en cette année 2022 par exemple.

BIO EXPRESS

Qui est votre plus gros concurrent au Luxembourg ? Comme dans de nombreux pays, c’est le cousin allemand Lidl. Parce que, comme nous, ils ont cette envie de s’inscrire dans le discount. Mais je ne vais pas entrer dans cette guerre de concurrence. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde et le but est de faire correctement notre travail, pas forcément en regardant la concurrence, mais plutôt en analysant la réponse des clients vis-à-vis de nos indicateurs de performance. Si je prends notre orientation au niveau des produits frais, nous avons une croissance à deux chiffres et il est

Naissance à Liège (Belgique) le 30 janvier 1987. Études Pierre-Alexandre Rocour est diplômé d’un master en sciences de gestion à l’HEC de Liège. Carrière Son aventure Aldi démarre en 2010 en qualité de district manager pour Aldi Belgium. En mars 2015, il devient sales manager, toujours chez Aldi Belgium. Il est, depuis mai 2019, managing director d’Aldi Luxembourg.

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Conversation

clair que cela prouve que notre orientation, choix et qualité-prix correspondent à ce que les clients souhaitent. L’enseigne Lidl – historiquement présente sur le segment du discount – a opté pour un positionnement non plus de « hard » mais de « smart » discounter. Qu’en est-il pour Aldi ? Sur le segment du discount, nous étions le pionnier en Europe et clairement au niveau du Luxembourg. Aldi veut être le discounter du futur. C’est la raison pour laquelle nous croyons en nos valeurs, notre historique et notre ADN. L’important, aujourd’hui, c’est le client. Quelle est la différence pour lui entre un soft, un smart et un hard discounter ? Ce qui l’intéresse, c’est de trouver des articles à prix abordables, de faire ses courses simplement, de trouver des articles frais et de qualité. Peu importe le nom de l’enseigne. Notre volonté est de rester le leader du discount et, via nos actions, d’être le discounter du futur. Quelle est votre définition du discounter du futur ? Le discounter du futur doit avoir une proposition qui, à l’instant T, correspond le mieux à ce que le client souhaite. Il ne faut pas voir cela comme de la digitalisation à outrance. C’est être à la pointe dans la présentation commerciale de nos articles, dans la communication et que les clients se sentent le mieux possible dans le magasin où ils ont l’habitude de faire leurs courses. Nous nous devons d’évoluer avec le marché, nos magasins ne sont pas les mêmes que voici 5 ou 10 ans. Lidl a mené une stratégie d’embellissement de ses magasins et revu sa com­ munication afin de rendre sa marque « désirable » avec des produits dérivés.

Aldi va-t-il enclencher la même dynamique ? Une rénovation profonde du parc de magasins est en cours et, pour la période allant de 2015 à 2025, plus de la moitié du parc de 17 magasins aura été rénovée à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Nous ne sommes pas une société de « buzz », nous voulons inspirer de la confiance aux clients. Ce qui est important, c’est la simplicité. Nous ne menons pas le combat de celui qui va avoir le plus de followers ou de clics. L’an dernier, Aldi est devenu le 4e plus gros annonceur publicitaire au Luxembourg (derrière Post, Cactus et le gouvernement). Comment expliquez-vous cette performance ? Ce n’est pas l’objectif d’être top annonceur qui nous motive, mais il est clair que, par rapport à notre objectif et notre démarche marketing, notre cellule luxembourgeoise veut faire en sorte qu’Aldi brille sur le territoire. Cela passe par une communication dans tous les médias et au sein même de nos magasins. Notre but est de faire en sorte que, dans nos indicateurs de performance interne, la réponse des clients soit tout à fait positive. Qui dit discount dit écrasement des frais. Pourtant cela ne semble pas le cas d’Aldi. Pourquoi ? Le rapport entre la gestion des coûts et les prix que nous pratiquons fait partie de notre manière de fonctionner : la gestion optimalisée des coûts garantit le bon fonctionnement de la société et l’obtention de prix très intéressants. Si vous voyez le marketing comme un coût ou comme un investissement, c’est très différent, et nous sommes clairement sur ce 2e aspect où le marketing est vu comme une plus-value.

Pour quelle raison l’assortiment d’Aldi s’est-il ouvert ces dernières années aux produits de marque ? Les clients souhaitent avoir des articles de qualité à un prix abordable et, pour certaines références, disposer d’articles de marque parce qu’ils ont l’habitude de les consommer. Cela fait quelques années que nous avons décidé – au niveau du groupe et d’Aldi Luxembourg – d’avoir une orientation marque à hauteur de 10 % de notre assortiment. Cela permet que les clients trouvent l’entièreté de leur liste de courses dans un seul magasin. Le modèle de l’hypermarché a été malmené avec la crise sanitaire. Réussissez-vous à en tirer profit ? C’est un grand mot parce qu’on entend dire que les enseignes ont gagné beaucoup d’argent, mais ce n’est pas vrai car nous avons dû faire face à des dépenses inopinées dues à une situation de crise collective. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires plus important pendant la crise sanitaire, mais avec un niveau de coût clairement supérieur à ce que nous avons pu connaître les années précédentes. Donc, l’effet est pratiquement atténué car ce qu’on a fait en plus en magasin a été compensé par ce qu’on a dû dépenser en plus. Le bilan 2020 d’Aldi Luxembourg montre que le chiffre d’affaires a augmenté de 8 % et le résultat publié de 2 %. Le Covid a engendré des dépenses de 380.000 euros, cela reste marginal sur 103 millions d’euros de chiffre d’affaires ? Marginal, je ne dirais pas, parce qu’une partie ne fait pas partie des frais généraux: les frais de personnel, car nous avons dû remplacer les personnes malades ou engager davantage de personnes pour la désinfection des infrastructures. D’ailleurs, le résultat n’augmente

ALDI : DE L’ALLEMAGNE AU RESTE DU MONDE

1913 Un petit commerce de proximité Le père des deux fonda­ teurs d’Aldi, Karl et Theo Albrecht, ouvre une bou­langerie à EssenSchonnebeck, au nord de Cologne. Leur mère Anna inaugure un magasin d’ali­ mentation un an plus tard.

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1961

1991

Une nouvelle ère

Scission enclenchée

Arrivée au Luxembourg

La fin de l’ère Albrecht

Les deux frères reprennent le commerce de leur mère et le développent en succursales avec un concept axé sur un assortiment limité, des produits de haute qualité et des prix bas.

Albrecht Diskont devient Aldi et les deux frères se partagent le territoire allemand : Theo reprend Aldi Nord et son frère Karl Aldi Süd, tout en conservant leurs principes de discounter.

Aldi Nord ouvre son premier point de vente luxembourgeois à Dudelange, le 19 décembre.

Karl Albrecht décède quatre ans après son frère Theo. Le premier était l’homme le plus riche d’Allemagne, selon Forbes ; le second le talonnait avec une estimation de 23 milliards de dollars en 2008.

Photos

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Shutterstock, Aldi et Maison Moderne

La fratrie Albrecht avait le commerce dans le sang et a développé non pas une mais deux enseignes aujourd’hui présentes dans le monde entier.


Pierre-Alexandre Rocour

pas dans l’ampleur du chiffre d’affaires. Conclure qu’Aldi a tiré profit de la crise, ce n’est pas la réalité. Qu’en est-il des résultats 2021 ? Les chiffres de 2021 sont en croissance par rapport à 2020 dans l’orientation de nos investissements. En termes de chiffre d’affaires pur, nous sommes en diminution par rapport à la situation de la crise sanitaire en 2020. C’était prévisible, et nos objectifs ont de toute manière été atteints. Par exemple, en 2021, il était anormal d’envisager le même chiffre d’affaires qu’en 2020 puisque des commerces et activités ont rouvert, entraînant des dépenses non réalisées en 2020 pour les ménages. Quelles sont vos perspectives pour 2022 ? 2022 a très bien démarré et dans les attentes que l’on souhaite, avec une proposition qui est en adéquation avec ce que le client désire. Notre offre fraîcheur pour laquelle nous avons des augmentations porte ses fruits et le client répond positivement à cette proposition améliorée. Le bilan 2020 d’Aldi Luxembourg mentionne que le montant du caddie moyen a augmenté de 20 à 25 % suite au Covid. Aujourd’hui, est-il revenu à son niveau d’avant-crise ? Il y a encore quelques subtilités liées à la stratégie que nous avons opérée fin 2019 : nous sommes au-dessus du niveau d’avant-crise compte tenu de la diversification de notre gamme avec de nouveaux assortiments comme la viande fraîche, les fruits et légumes en vrac, etc. J’imagine que le montant du caddie moyen est un peu plus élevé au Luxembourg que dans les autres pays. Mais dans quelle proportion ? La situation du pays et du pouvoir d’achat permet aux clients luxembourgeois d’avoir des dépenses légèrement supérieures aux pays voisins, mais ce ne sont clairement pas des écarts de pourcentages à deux chiffres. À ses débuts, il y a 30 ans, Aldi Luxembourg était une copie de la Belgique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Quelles sont les principales différences ? Les principales différences sont au niveau de la langue utilisée, du choix des articles proposés et de la proposition commerciale vis-à-vis des clients. Mais ces différences s’intègrent dans l’ADN international d’Aldi de simplicité et de fiabilité. Un client qui fait ses courses dans un Aldi Luxembourg va retrouver des similarités avec la filiale belge, tout en étant dans un autre pays avec une autre proposition. Nous ne sommes clairement plus dans le copier-coller historique.

« Notre volonté est d’avoir l’ancrage le plus impor­tant au niveau luxem­bour­geois. » Ces derniers mois, l’assortiment de viande fraîche emballée s’est étendu chez Aldi Luxembourg. Comment se passe la relation avec Renmans, votre partenaire boucherie de longue date ? Extrêmement bien : c’est quelque chose de partagé et de communiqué pour lequel certains articles ont la même origine et proviennent du même atelier de production. Cela ne s’est pas fait de manière cachée, mais dans la relation de collaboration que nous avons avec Renmans, une société différente de la nôtre. Cette collaboration a avancé de manière naturelle en intégrant aussi la réflexion de Renmans dans la proposition. D’ailleurs, quel plus bel exemple que de voir de nouveaux magasins qui ouvrent avec une boucherie Renmans ? Ce n’est pas automatique, mais si la disposition d’Aldi et la volonté de Renmans se retrouvent, ça sera certainement encore le cas. Clairement, la collaboration n’a pas été affectée avec cette nouveauté mais renforcée. Ce partenariat est-il appelé à évoluer à l’avenir ? Oui, mais cela a toujours été le cas. Quand nous décidons d’ouvrir un nouveau magasin, si nous voulons avoir une boucherie attenante, le premier partenaire à qui on le propose, c’est Renmans. Cela varie en effet en fonction de l’espace disponible et de la configuration du

ALDI AUJOURD’HUI Aldi emploie plus de 180 salariés au Luxembourg à travers 17 points de vente, le 18e est attendu en juillet à Beggen. Dans le monde, Aldi Nord compte 80.000 salariés répartis entre l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal et l’Espagne. Aldi Süd est, pour sa part, présent en Australie, en Autriche, en Chine, au RoyaumeUni, en Hongrie, en Irlande, en Italie, en Slovénie, en Suisse et aux ÉtatsUnis. Cette enseigne regroupe près de 50.000 salariés dans 1.980 filiales à travers le monde.

magasin. Certains magasins n’ont pas de boucherie Renmans, par exemple Echternach, Belval et Schmiede. Aldi est à la recherche d’une implantation en centre-ville de la capitale. Où en êtes-vous dans ce dossier ? Les discussions sont présentes mais latentes: ce n’est pas notre objectif numéro un, mais cela reste à l’étude. Luxembourg-ville apporterait une couverture géographique supplémentaire à notre situation actuelle. C’est pour cela aussi que nous ouvrons à Beggen à la mi-juillet. Clairement, dans les années à venir, nous pourrons avoir un magasin de centre-ville mais, dans notre manière de fonctionner, nous voulons faire les choses de manière raisonnée. Ouvrir des magasins pour les ouvrir, ce n’est clairement pas notre souhait. Luxembourg-ville reste une possibilité parmi d’autres, mais une possibilité réelle. Actuellement, Aldi Luxembourg compte 17 magasins. Jusqu’où comptezvous étendre votre maillage ? Notre objectif est d’avoir un magasin à 15 minutes de déplacement depuis tout le territoire luxembourgeois. Je ne vous cache pas que nous sommes sur d’autres projets pour accroître notre présence sur le marché luxembourgeois. Mais nous ne visons pas 50 points de vente : nous ne serons jamais un Delhaize. Nous avons encore de la place pour ouvrir quelques filiales selon les possibilités. Quelles sont les ambitions d’Aldi au Luxembourg ? Notre ambition, c’est de poursuivre les objectifs stratégiques et commerciaux vis-à-vis de nos clients. Cela signifie avoir l’ancrage luxembourgeois le plus développé possible, garder notre position concurrentielle vis-à-vis de la clientèle, en conservant cette image d’acteur luxembourgeois.

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La première Piscine de Sophie Viger et de l’école 42 commence le 5 septembre.


Conversation Sophie Viger

« Changer de vie est toujours possible » Derrière l’apprentissage du code et l’ouverture du campus 42, à Belval, dans le Digital Learning Hub, sa directrice Sophie Viger dirige un projet technologique humaniste et inclusif. Aligné avec les ambitions du Luxembourg. Interview THIERRY LABRO

Enfin 42 à Luxembourg ? Après avoir ouvert 42 campus dans 25 pays ! Je dirige 42 depuis trois ans et demi, donc je ne suis pas responsable de ce qui a pu se passer avant que j’arrive! Pourquoi cela a-t-il pris tellement de temps ? Je suis déjà venue il y a deux ans et demi. Nous avions échangé avec le ministère de l’Éducation. Il étudiait différentes possibilités et a décidé de se lancer, malgré les contraintes de 42, qui sont très fortes et qui peuvent constituer un frein, comme le nombre d’étudiants qu’il faut avoir. Nous avons une pédagogie basée sur le peer-to-peer learning, l’apprentissage pair à pair. Nous avons d’abord un tronc commun similaire dans tous les campus 42 du monde entier. C’est très important qu’il soit similaire. Pour marquer des points d’expérience – parce que vous savez que c’est un peu gamifié – afin de passer des niveaux, il faut réaliser les projets. Ça nous permet de nous assurer qu’un étudiant qui a terminé le tronc commun possède le même niveau minimum que tous les autres étudiants avant qu’il puisse partir en stage, changer de campus ou lancer son propre projet. Ou commencer une spécialisation. Le code, c’est une gymnastique intellectuelle. Une fois que vous avez compris, vous pouvez apprendre toutes les langues, non ? Nous commençons avec l’apprentissage du langage C, qui n’est pas très répandu mais qui permet de commencer avec une gymnastique intellectuelle et une compréhension des langages. Puis, nous continuons avec celui du langage C++ pour comprendre ce qu’est la programmation orientée objet, et l’apprentissage du langage réseau, qui était un peu le parent

Photo MATIC ZORMAN

pauvre avant. À ce moment-là, les étudiants ont ­occuper, un travail peut-être à mi-temps (parce une compréhension globale de la façon dont que vous n’avez pas de quoi subvenir à vos besoins fonctionne un réseau. Ils vont faire un peu de ou vous n’êtes pas aidé), des parents dont vous développement continu et ils vont finir par un devez vous occuper, un sport que vous pratigros projet web dans une des technologies pro- quez – et aussi à vos compétences cognitives. posées. Ça leur permet d’avoir un large socle Vous allez peut-être être plus doué que moi… de compétences fondamentales. Après, ils vont s’orienter vers n’importe laquelle des spéciali- Sur le code, ça m’étonnerait… sations. Et nous en offrons énormément. Ce Si, vous serez plus doué sur la partie algorithme, qui est super, parce que nous avons souvent des et moi, sur le réseau. Nous n’avancerons pas à étudiant(e)s qui commencent et qui ne savent la même vitesse. Au début, tous les étudiants pas ce qu’ils ou elles vont faire. On en a même vont commencer ensemble et cela va s’étaler qui vont aller piocher dans une branche, puis en fonction de la vitesse à laquelle chacun va dans une autre. Intelligence artificielle, deep aller. À la fin du tronc commun, on va avoir un learning, machine learning, développement web, éclatement, parce que certains voudront vite cybersécurité, administration de base de don- gagner de l’argent et vont vite partir en stage. nées, etc. Une des grandes qualités de 42 est D’autres ont dans l’idée, depuis le début, de que la vitesse à laquelle vous allez avancer est lancer leur propre projet. Ils vont lancer leur dépendante et adaptée à votre situation sociale start-up, structurer leur projet. D’autres ne vont – si vous avez des enfants dont vous devez vous pas trop savoir et prendre un petit peu par-ci et un petit peu par-là. Or, comme on est basé sur la formation qui est de pair à pair, il faut qu’il y ait un nombre minimum d’étudiants au début pour que cela reste cohérent. BIO EXPRESS Ici, il y aura 150 étudiants ? Une codeuse née Oui ! Il y a 150 ordinateurs, et c’est la recomElle n’a que huit ans lorsque Sophie Viger chipe l’ordinateur mandation qu’on fait. C’est vrai que ça peut de son frère pour se mettre tourner à 100, mais franchement, le mieux, c’est à coder. Le début d’une vocation... 150 personnes pour constituer la cohorte. Ça Dix ans de direction fonctionne très, très bien! Profession : directrice. Après avoir dirigé la Web@cademy, le Samsung Campus et la Coding Academy d’Epitech, Mme Viger écrit à Xavier Niel pour postuler à la direction de l’école 42. « Banco », dit l’entrepreneur. La dynamiteuse de barrières À peine aux manettes de 42, la directrice supprime la limite d’âge pour être jeté dans la Piscine. À 30 ans, assure-t-elle, c’est à ce moment que des femmes se réorientent davantage.

Où va-t-on les chercher, ces gens-là ? Il y a les résidents, mais aussi le dispositif étendu à la Grande Région, évidemment. Je pense que c’est sans doute le point le plus difficile de l’histoire. Pourquoi ? Principalement parce qu’on a toujours ce ­stéréotype, qui a la vie dure, et les gens ont JUIN 2022

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Conversation

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du mal à se projeter dans l’informatique quand ils ne ressemblent pas au stéréotype du geek, cet ado plutôt pas très bon en sport, boutonneux, capuche sur la tête, maladroit avec les filles, mais passionné. Et comme on nous a tellement mis cela en tête, les gens pensent qu’il faut être passionné d’informatique pour pouvoir faire de l’informatique, alors que c’est un métier, c’est un outil comme un autre. Ce sera tout le travail de 42 Luxembourg, par des associations, par des agences comme l’Adem ou Pôle emploi, par des partenaires, d’aller convaincre des publics qui ne se disaient pas: «Ah, l’informatique, je suis passionné!» À Kuala Lumpur, 60 % des informaticiens sont des informaticiennes. C’est vous dire, on se doute que ce ne sont pas des femmes qui passent leurs nuits à jouer à GTA ou à Gran Turismo. C’est un métier.

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24 SEMAINES DANS LA PISCINE 42, école sans professeur, entamera ses tests psychologiques pour trouver les 150 premiers apprentis codeurs qui devront se jeter dans la Piscine à partir du 5 septembre. Une salle d’ordinateurs où des tandems sont formés pour progresser dans les apprentissages pendant 24 semaines avant de passer à une deuxième phase de spécialisation.

femmes au sein des campus. Il y a aussi le sécularisme. La religion ne peut pas interférer dans le curriculum. Concernant la transparence et l’honnêteté, tous les partenaires privés subissent un check, y compris au Luxembourg, d’ailleurs.

Vous ne m’avez pas répondu sur votre engagement envers les femmes… Nous sommes passés de 14 % de femmes – quand je suis arrivée – à 32 % l’an dernier. C’est énorme, parce que c’est sur de gros volumes. Nous avons eu 600 étudiants, dont 200 femmes l’an dernier. À Bruxelles, ils ont fait des Piscines (programmes proposés par 42, Vous parlez beaucoup d’inclusion, voir encadré ci-joint, ndlr) exclusivement féminotamment de femmes et de jeunes nines. Mais il y a toujours un moment où il femmes. À Luxembourg, certains projets va quand même falloir que les femmes et les avancent que, dans le code, mieux vaut hommes travaillent ensemble. Je suis plus être entre femmes pour avancer jusqu’à partisane de les accompagner. Durant ces prendre assez confiance en soi pour Piscines, nous faisons par exemple des tea C’est surtout une société qui est se retrouver dans un univers mixte. différente de la nôtre… times. L’intitulé n’est pas très bien trouvé, mais Oui, c’est culturel, bien sûr. Culturellement, Chez nous, chaque campus est indépendant. ce sont des moments où nous sommes seules on demande aux femmes en Malaisie de ne Chaque campus a une marge de manœuvre avec des femmes, pendant une heure, et nous pas trop être dehors, elles ne peuvent pas faire pour respecter les valeurs de 42. les motivons. Nous leur expliquons pourquoi de métiers qui nécessitent une force physique. elles sont moins nombreuses dans l’informaMais ce sont des métiers bien payés. Il n’y a Quelles sont-elles ? tique, pourquoi elles doivent avoir confiance pas la même vision, mais ça prouve bien qu’il Elles sont contractuelles. La première chose, en elles, ce qu’est l’effet Golem (le fait de se n’y a pas besoin d’être passionné d’informa- très importante, est que les étudiants de 42 dire qu’on arrivera à un niveau inférieur finit tique pour réussir. Il y a beaucoup de personnes sont libres de leurs choix dans le curriculum. par ne pas permettre à quelqu’un d’arriver à qui sont dans des domaines complètement Ça permet d’éviter un écueil présent dans un niveau supérieur, ndlr), ce qu’est l’effet bouchés, des personnes en errance, des per- certaines écoles, celui d’avoir un partenaire Pygmalion (quand un professeur ou un ­mentor sonnes qui n’ont pas du tout de diplôme, pas qui vous finance mais, en échange, soit les a une influence positive pour montrer la réusde baccalauréat, qui sont sorties du système étudiants viennent chez lui en stage, soit ils site de quelqu’un et l’entraîner vers le haut, scolaire en se disant que leur vie allait être vont tester les applications, soit ils vont faire ndlr), pourquoi elles peuvent être des comtrès compliquée. Ce sont des emplois sous-­ un soi-disant projet qui consiste, en réalité, pétitrices. Nous sommes occupés à mener qualifiés, de la délinquance, etc. Il faut aller à faire travailler les étudiants gratuitement des ateliers intitulés «Close the Gender Gap», chercher ces personnes et leur dire que c’est sur un réel projet. Ce qui peut entraîner beau- avec tous les campus du réseau 42. possible, que c’est une opportunité extra­ coup de complexité ou de frustration, parce ordinaire. Quand vous réussissez à faire quelque que ce ne sont que des étudiants, et ce que Pourquoi est-ce important ? chose, ça fait vachement plaisir. C’est très veut obtenir le partenaire nécessite d’être Si on veut rester une des meilleures écoles au créatif. Écrire du code, ce n’est pas des mathé- exigeant. C’est interdit. Vous n’avez pas le monde, cela ne se fera pas sans les femmes. matiques, c’est écrire. Beaucoup de logique droit de le faire. Ensuite, il y a l’accessibilité. Plus il y a de diversité – c’est la force de 42 –, qui ressemble à l’apprentissage des langues. Les campus doivent être ouverts 24 heures plus on avance et plus on est innovant. RegarVous pouvez travailler dans n’importe quel sur 24, sept jours sur sept. Ils doivent être dez les scandales de l’airbag qui avait été mal pays et dans n’importe quel domaine. Il y a accessibles par des moyens de transport publics, conçu, en tout cas pour les femmes. Du coup, quand même peu de métiers où l’on peut tra- de manière à ce que ceux qui n’ont pas de ça les protège moins, merci pour madame. vailler à la fois dans la mode, dans l’agriculture, moyens ou de véhicule puissent y accéder Parmi les scandales, il y a celui des systèmes dans la santé, dans l’assurance ou dans tous facilement et simplement. Un accent fort doit de reconnaissance faciale qui vérifiaient le les domaines que vous voulez ! Ce sont des être mis sur les minorités et sur les femmes. genre d’une personne: ils ne se trompaient pas métiers très bien payés. Et favoriser par de réelles actions l’accès des du tout pour un homme blanc, mais arrivaient seulement à 70% de bons résultats pour une femme noire. C’est à vomir. Pourquoi? Parce qu’il n’y avait que des hommes blancs qui entraînaient ces systèmes. Il faut aussi reconnaître les choses: ce n’est pas spécifique à l’IT. L’IT est aussi un outil au service de la société. C’est un problème de société. Les postes à responsabilités sont aussi principalement occupés par des hommes. Il faut aussi parvenir à changer cela, à atteindre une vraie mixité.

« Il n’y a pas besoin d’être un passionné d’informatique pour réussir. » 42

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Vous recensez toutes les opérations de ce type. Mais avez-vous des indicateurs


Sophie Viger

« Plus il y a de diversité, plus on est innovant ! »

qui montrent quelles sont les actions les plus efficaces ? Justement, il n’y a pas de formule magique. C’est la coordination des différents éléments qui permet de faire avancer les choses. Nous, on arrive presque en fin de course : les personnes qui entrent à 42 ont 18 ans au minimum. L’éducation est un des piliers de cette situation. 42 est allée voir le ministère français de l’Éducation et a réussi à convaincre toujours faire ce que vous voulez, et à n’imJean-Michel Blanquer de mener une expéri- porte quel âge. C’est un modèle social pour mentation à l’école. Celle-ci permet plusieurs des gens qui sont sortis du système scolaire, choses : enseigner l’informatique – pas seu- qui n’ont plus aucune solution dans le syslement le code mais la littératie numérique tème traditionnel. Ils vont retrouver de la –, comprendre ce qu’est une information, com- dignité, un emploi, reparticiper à la richesse ment on va la chercher, comment on se ren- de leur pays. seigne pour savoir si elle a été modifiée et si elle a été manipulée, savoir ce qu’est une image, À l’Université du Luxembourg, un média, la propriété intellectuelle, etc. On il y a un incubateur qui permet à des n’a pas les moyens de former 50.000 profs en étudiants, sur la base de ce qu’ils ont un an. L’idée était de proposer au ministre appris pendant leur cursus, de développer une solution basée sur un intranet et sur la leur business, une start-up, une entreprise. présence des maîtres sans qu’il y ait une néces- Est-ce que 42 n’apprend que le code, sité d’avoir des connaissances. Une sorte de ou aussi à appréhender le monde méthode qui est celle de 42, que les enfants de l’entrepreneuriat ? de 9 à 11 ans apprennent ensemble et se cor- Les histoires d’entrepreneuriat qui fonctionnent rigent ensemble. Cette expérimentation a sont celles qui sont portées par une histoire commencé. On travaille avec le laboratoire personnelle. C’est toujours le sentiment d’être de Camille Terrier, issu du Massachusetts face à un problème qui n’a pas été résolu. Ce Institute of Technology, pour mener des éva- sont les histoires qui me plaisent le plus. Chez luations : est-ce que cette forme d’apprentis- 42, en tout cas à Paris, on a un projet qui s’apsage permet aux enfants d’être plus pugnaces? pelle Intrapreneurship, qui est carrément un Plus solidaires ? Plus résistants aux stéréo- processus où on vous suit, on vous accomtypes? Rendez-vous dans trois ans! Si on con­ pagne. On a développé, avec Station F, tout tinue à faire croire à nos petites filles que un programme, le 42 Start-up Club. Toutes l’informatique n’est pas faite pour elles alors les start-up peuvent y entrer. Et certaines ont que tous les métiers deviennent de plus en même la possibilité de rentrer dans le proplus digitalisés… Et pour avoir des compé- gramme d’incubation qui se trouve à Station F. tences, il faut avoir des connaissances en informatique. Dans 10 ou 15 ans, cela va s’accentuer. Et ces étudiants-entrepreneurs sont, L’idée est, à la fin, d’offrir la plateforme au du coup, en rupture avec votre modèle d’appren­tissage en peer-to-peer learning ? monde entier. Par philanthropisme. Non, au contraire, ils travaillent beaucoup avec des entrepreneurs qui ont réussi dans Pourquoi arrivez-vous au Luxembourg leur start-up, avec lesquels ils passent du maintenant alors que vous êtes sollicitée temps et vont échanger. Ça reste un peu le partout sur la planète ? L’intérêt pour 42, quand on a lancé ce réseau, même modèle. Il y a en effet des open hours était de répondre à un besoin de manière avec certains experts à certains moments, mais stratégique et régulée. On ne va pas mettre un campus 42 à côté d’un campus 42. On ne va pas le faire avec des personnes qui ne sont pas bien intentionnées ou alignées avec nos LE DIGITAL valeurs. Nous essayons de semer des petites LEARNING HUB EST NÉ graines. Ce n’est pas qu’une formation pour avoir des compétences techniques. Quand vous apprenez à travailler avec un système où il n’y a pas de professeur, pas de monsieur qui vous dit « c’est moi qui sais », mais où il y a plein de femmes et d’hommes, de plein de couleurs, d’origines sociales et d’horizons différents, qui vont participer à votre évolution, ça redonne un sens humaniste, de solidarité, d’entraide. C’est la plus belle chose que 42 apprend. Comprendre que vous ­pouvez

À l’initiative du ministre de l’Éducation, Claude Meisch (DP), le Luxembourg a inauguré, mi-mai, son Digital Learning Hub, qui réunit pour l’instant les offres de formations de quatre partenaires : 42, le Luxembourg Blockchain Lab, Securitymadein.lu et la Design Thinking School du Hasso-PlattnerInstitut de Potsdam. De quoi élargir les formations pour répondre aux 3.500 vacances de postes de l’Administration de l’emploi.

finalement, quand vous êtes chez 42, vous apprenez des autres, mais vous allez beaucoup sur internet, vous allez sur un forum, vous allez regarder un manuel. Le plus important est toujours la façon dont vous allez chercher l’information, et ce que vous allez en faire. 42 se renouvelle sans cesse. Quel est votre dernier projet ? Je voudrais créer un laboratoire de recherche, à Paris, à la fin de l’année. L’idée est qu’il soit orienté sur l’intelligence artificielle à impact social. Nous avons lancé un grand plan inclusion, chez 42, avec une équipe de huit personnes dirigée par Camille Lucas. Ce plan va permettre de former 2.000 personnes en quatre ans, des personnes de milieux fragiles et précaires, des réfugiés, des jeunes de l’aide sociale à l’enfance, des gens qui sortent de prison, des ex-travailleurs du sexe, des personnes en situation de handicap, des personnes au chômage de très longue durée, des personnes LGBT réfugiées. Là, il y a une entorse: l’accompagnement ne se fait pas dans le cadre de cours mais socialement, pour faire des papiers, médicalement. Il s’agit très souvent de problèmes de carence et médicaux. Ils sont accompagnés sur le « Tu peux », « Je crois en toi », « Je suis sûr que tu peux ». La confiance… Ces publics-là vont rentrer dans le même système que tout le monde chez 42. Il n’est pas question de faire une formation au rabais comme s’ils étaient des personnes au rabais. Parmi ces personnes, il va y en avoir qui auront besoin de trouver un emploi très rapidement. J’aimerais leur proposer l’opportunité, pour ceux qui le souhaitent, de rentrer dans un laboratoire de recherche où ils pourront, à travers des bourses, être financés pendant un an ou deux, pour réfléchir aux solutions qui, en utilisant les outils numériques, leur permettraient de pallier des carences ou des situations qu’ils ont rencontrées. Il n’y a personne de mieux placé qu’un jeune de l’aide sociale à l’enfance pour trouver des solutions. L’idée est, derrière, de monter une start-up – ­ qui n’aura peut-être pas un business model immédiatement –, ou une structure autonome autour de ce problème pour changer le monde.

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De gauche à droite : Jonathan Prince, Georges Berscheid et Raoul Mulheims.


Conversation Raoul Mulheims, Georges Berscheid et Jonathan Prince

« Nous avons été plus exigeants pour servir nos clients » Cinq ans après la création de Finologee, Raoul Mulheims, Georges Berscheid et Jonathan Prince inaugurent leurs nouveaux bureaux, le 2 juin à Leudelange, en présence du Premier ministre, Xavier Bettel. Un moment particulier pour la fintech. Interview THIERRY LABRO

Est-ce qu’il y a un sens à donner à ces nouveaux bureaux, presque le double de votre surface, chez Finologee ? RAOUL MULHEIMS (R. M.) La première raison est que nous grandissons! Nous avons commencé à sept en 2017. Aujourd’hui, nous sommes 40. Notre croissance se mesure par celle de l’effectif, mais aussi par les produits et le chiffre d’affaires. Nous n’avons jamais été réellement une start-up au sens propre du terme. Nous avons généré des revenus dès la première année, aussi parce que nous avons intégré certains business qui faisaient partie de notre héritage depuis un bout de temps, qui nous ont permis, avec un investissement de notre part, de lancer des produits. La deuxième raison est que nous voulions changer de concept. Dès le début du confinement, nous avons commencé à nous réunir en virtuel et à nous demander comment les choses allaient pouvoir évoluer. En mai 2020, nous avons publié une sorte de white paper, des principes sur lesquels nous voulions travailler et des choses que nous voulions mettre en place. Un des points était d’ajouter ce premier étage. C’était un risque, nous n’étions pas encore assez nombreux, nous ne savions pas ce qui allait se passer, mais nous nous disions qu’en cas de retour au bureau, nous aurions à y réfléchir. Nous en avons parlé ensuite avec le management et avec nos équipes. Le concept a évolué vers moins d’open spaces, une tendance générale, et plus de bureaux partagés, pour favoriser l’échange et la collaboration, mais en plus petits groupes. C’est l’esprit de ces locaux, les espaces sont lumineux et transparents pour trois ou quatre personnes à chaque fois. Une société où les bureaux deviennent de plus en plus petits ou individuels est généralement une société qui s’embourgeoise un peu. Qui s’éloigne du monde des start-up… GEORGES BERSCHEID (G. B.) On ne s’éloigne pas de l’innovation. Mais nous avons gagné en maturité après 15 ou 20 ans passés ensemble.

Photo GUY WOLFF

Nos employés deviennent de plus en plus seniors. Certains sont alignés avec notre propre âge. Ça se reflète dans la manière dont sont aménagés les bureaux. Dans le domaine d’activité dans lequel on se trouve, il y a un environnement réglementaire assez serré. Ça exige d’avoir des personnes qui connaissent la matière, le métier, et nous n’en sommes plus au stade de réunir une dizaine de développeurs pour faire des ­hackathons de deux semaines et sortir un produit. C’est pour cela que vous recrutez des profils plutôt seniors ? JONATHAN PRINCE (J.P.) Nous sommes aussi dans une autre phase de l’évolution de l’entreprise. Si on la compare à l’aventure Digicash il y a quelques années – quasiment 10 ans –, on était plus dans l’exploration. Ici, on est dans des

BIO EXPRESS Le droit, c’est moi ! Serial entrepreneur à succès, Raoul Mulheims reste accroché au droit, rappelle ce titulaire d’une maîtrise de droit privé obtenue à Paris en 2000. De « Facebook » à Finologee Près de 70.000 personnes étaient inscrites sur Luxusbuerg en 1996. Huit ans avant la naissance de Facebook, le premier réseau social est né. La Protection civile, premier gros client Début des années 2000, le gouvernement lance sa stratégie de présence sur le net. Raoul Mulheims et ses trois associés gagnent le marché de la Protection civile. Digicash, nouvelle ère En 2012, avec Digicash – 16 ans après le réseau social –, l’équipe entre dans la vie trépidante d’une fintech.

services qui permettent à nos clients – des banques, des assurances, des fonds, des entreprises qui sont elles-mêmes réglementées – de se conformer aux réglementations ou ­d’optimiser des processus, d’automatiser un maximum de tâches récurrentes. Là, on l’a vu aussi avec le Covid, ça s’est illustré par la démocratisation de la signature électronique. Beaucoup de réticences qui pouvaient exister au sein des entreprises ont sauté face à la réalité. De notre côté, nous avons fait en sorte que nos services soient extrêmement qualitatifs, que l’on respecte les normes les plus élevées en termes de sécurité IT. Nous sommes allés chercher des certifications comme ISO 27001, plus que ce qu’exige notre statut de PSF (professionnels du secteur financier, ndlr). C’est un positionnement. N ­ ous avons été plus exigeants pour servir nos clients. C’est lié aussi à notre typologie de clientèle. Il faut donner des gages, en termes d’organisation, que nous avons des employés plus expérimentés sans perdre une part de notre ADN, l’innovation. Nous devons trouver un compromis entre la conformité, l’innovation et la collaboration entre nos équipes au service de l’excellence. Les banques ont aussi leurs espaces de coworking, mais, par essence, c’est ce que nous faisions. Le Luxembourg est une place financière assez concurrentielle quand il s’agit de recruter les bons talents. Il est possible de les intéresser grâce aux technologies sur lesquelles vous travaillez, mais aussi grâce aux conditions de travail. Le well-being, parfois un luxe des start-up, est un ingrédient nécessaire. On ramène tout le monde, mais il faut qu’il y ait le bien-être. Est-ce que vous avez été surpris du fait que la place financière passe du jour au lendemain de « On ne peut pas travailler ailleurs que dans nos bureaux » à « Travaillez tous chez vous ! » ? J. P. Oui, mais, pour nous, c’était différent parce qu’on a toujours eu les dispositifs pour JUIN 2022

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Conversation

ENPAY, LE DERNIER-NÉ

permettre de travailler à distance. Le homeworking était déjà en place. Pour trouver des talents dans des spécialités ou des langages très spécifiques – malheureusement, ils ne sont pas disponibles au Luxembourg –, nous étions obligés d’avoir ces dispositifs-là. Évidemment, on a passé un cap. On a accéléré. Nous avons intégré cette dimension. Ce qui change peutêtre aujourd’hui est la prise en compte des attentes en matière de produits. Vous pouvez consulter vos clients pour anticiper leurs besoins. Mais, au final, on s’en est rendu compte en étant une société très produit : nous-mêmes, nous devons comprendre les enjeux. Ça passe par l’expertise et l’échange. Nous avons appris ce qu’était le domaine régulé quand on a démarré Digicash, nous avons appris ce qu’est le KYC/ AML quand on s’est frotté aux développements de Finologee. Là, nous sommes entrés dans les paiements d’entreprise. Même ça, c’est un changement, parce que, d’un côté, vous avez toujours été bien connectés à l’écosystème, et, de l’autre, vous avez vu avant les autres les endroits où il y avait des niches de développement et de croissance… J. P. À un moment, vous pouviez encore faire de l’exploratoire sur un temps plus long. Avec Digicash, personne n’aurait vraiment parié que le paiement mobile ferait du sens, sauf dans des pays d’Asie ou d’Afrique où vous pouviez sauter deux étapes. Les banques, en adhérant à notre projet – aujourd’hui, la collaboration entre start-up et banques est commune –, ont pris un risque, et nous avons découvert leur écosystème au fur et à mesure. Il faut leur tirer notre chapeau. Aujourd’hui, avec les responsabilités d’une quarantaine de salariés et leurs familles, nous devons être économiquement viables, rentables. Chercher, en lançant un produit, à atteindre la rentabilité sous 24 mois. Nous n’avions pas cette nécessité avant. Ça nous rend beaucoup plus focus. Cette expertise nous permet de gagner du temps. Forcément, nous recrutons des profils un peu plus seniors et aux salaires un peu plus élevés. Cette logique est essentielle. Revenons un instant sur le passé. Avant, il y avait cette fameuse pyramide selon laquelle plus le dirigeant était haut placé dans la banque et proche de la retraite,

Fluidifier les paiements d’entreprise Ou comment associer Finologee, EBRC et Luxtrust pour proposer une solution automatisée de paiements d’entreprise qui accède au réseau Swift. Le 7e produit L’interface est le septième produit vendu sous la bannière Finologee. Outre Mpulse et Digicash, y figurent deux solutions de compliance, et deux autres de KYC. Crédit Agricole, premier de cordée Crédit Agricole Life Insurance est la première institution à avoir adopté la nouvelle solution de paiement.

moins il avait envie de prendre des risques avec des start-up. Aujourd’hui, le rapport annuel de l’ABBL en témoigne d’une certaine façon, il existe toute une série de solutions pour automatiser, accélérer les processus, réduire leurs charges… Et pourtant, ils n’y vont pas vraiment… R. M. C’est difficile. La circulaire 22/806, qui définit de manière plus précise les obligations des prestataires de services financiers, vient de sortir. Elle resserre les règles déjà assez carrées au Luxembourg. Quand vous êtes une grande banque, que vous avez des moyens, des départements entiers qui vont structurer leur capacité d’interaction avec des acteurs externes, vous n’allez pas chercher des partenaires sous un certain chiffre d’affaires en pensant que ces derniers ne sont pas armés pour répondre aux besoins de la banque. Vous transposez à un contexte luxembourgeois. Ils ne sont pas forcément armés pour des fintech de nouvelle génération qui n’apportent pas de réponses. C’est un peu notre pari, avec Finologee. Nous nous disions qu’il fallait apporter ces réponses et investir là-dedans. Alors nous sommes allés chercher l’agrément et les certifications pour rassurer et être efficaces. Il y a trop peu de sociétés qui font ce pas nécessaire pour opérer avec un acteur. Cela va un petit peu à l’encontre du discours ambiant, sans critiquer qui que ce soit, qui dit que l’écosystème fintech est là pour apporter des solutions à la place financière… J. P. Le point essentiel est qu’il faut faire l’effort d’aller chercher un agrément, ces ­certifications. Un effort financier. La barrière à l’entrée est assez élevée. Ça élimine toute

« Nous réinvestissons chaque euro que nous enregistrons en profit dans la société. » 46

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une liste d’acteurs, plus petits, qui, certes, sont en B2B, mais qui vont avoir les pires d ­ ifficultés à collaborer avec des banques, parce que les banques elles-mêmes ont des contraintes énormes. Des contraintes réelles. Pas celles que je ne sais quel «sadique» aurait imaginées. Cela demande toujours des investissements, sachant que le processus de décision d’une banque, contrairement à ce que l’on peut entendre dans le monde des start-up, ne prend pas trois, mais six à douze mois. Il faut avoir suffisamment de matelas, les reins assez solides pour tenir. C’est le véritable enjeu. G. B. On ne parle pas assez du gap entre les fintech et les acteurs plus traditionnels. Les grandes sociétés insistent sur les standards qui doivent être respectés, toutes les procédures, etc. Elles ont l’habitude de travailler d’une certaine manière. Il faut trouver un terrain d’entente avec les disrupteurs, pour parler la même langue, se comprendre, répondre à nos besoins respectifs. Nous nous sommes beaucoup focalisés là-dessus. R. M. Le pire est que tu ne peux pas mettre la pression! Surtout, ne pas dire «Sinon, on a un souci», sans quoi ils vont se mettre à douter. Avec 10 ans au moins de recul, 10 ans de connexion avec le milieu, 10 ans de développements, 10 ans d’apprentissage, où diriez-vous que vous en êtes ? R. M. Aujourd’hui, on crée des produits dans un délai beaucoup plus court que par le passé. Nous sommes en innovation constante. Parfois, nous nous allions, comme avec le KYC manager, alors qu’avec notre produit de paiements professionnels, nous avons 15 personnes qui travaillent dessus. C’est costaud en termes d’investissements et de focus. Là aussi, les cycles sont un peu plus longs. Il faut établir le marché, les standards, faire un peu changer le milieu. Nous apportons une réponse différente de ce qui se fait. Nous sommes dans une croissance soutenue, mais qui ne connaît plus de pics... J. P. Nous avons enregistré une croissance de 12 %. R. M. C’est plus régulier. Nous avons une certaine assise. Nous réinvestissons chaque euro que nous enregistrons en profit dans la société. C’est dans notre ADN. J. P. Nous lançons le nouveau Digicash. Nous avons fait Digicash pour le grand public, nous le faisons pour les entreprises. La nuance est que nous visons d’abord les établissements financiers, et donc régulés. Nous avons intégré toutes les vérifications des contreparties, du screening, en utilisant les solutions que nos clients utilisent. Nous anticipons un développement assez marqué sur les prochaines années. En cinq ans, nous allons établir Enpay comme le nouveau Digicash. Pour les non-spécialistes, dont moi, dites-moi simplement ce qu’est Enpay !


Raoul Mulheims, Georges Berscheid et Jonathan Prince

« On a ‘APIsé’ le papier, et ça génère une lettre, même envoyée en recommandé. » Aujourd’hui, les entreprises utilisent jamais, jamais de cryptomonnaies, plusieurs comptes bancaires auprès de diffé- ou assets ? Nos clients sont des établissements rents établissements, au Luxembourg et à l’in- J. P. ternational. En particulier dans l’industrie des financiers. Si ça venait à rentrer dans leurs occufonds, c’est très internationalisé. Pour pouvoir pations, nous le ferions. Nous ne parlons pas opérer leurs paiements – c’est l’essence d’un nécessairement de blockchain, mais si c’était établissement financier, c’est très lourd –, ils une norme, nous l’intégrerions. Nous ne pardoivent avoir un accès à toutes les banques lons pas d’intelligence artificielle, parce que, si avec lesquelles ils travaillent. Par dizaine, voire ça existait vraiment, nous l’intégrerions. Nous avons quelques éléments qui en par centaines. Ces processus sont très, très R. M. manuels, avec un risque d’erreur et de fraude relèvent… très élevé, et ils coûtent cher en ressources. J. P. Ce sont des buzzwords. La réalité Nous avons créé une solution qui utilise le concrète, aujourd’hui, c’est le TCP/IP (l’enréseau Swift, le réseau bancaire le plus étendu semble des règles qui permettent à des ordinaau monde. On a «APIsé» un accès à Swift, sur teurs de communiquer entre eux sur un réseau lequel nous avons mis un dispositif d’identi- comme internet, ndlr). Nous avons des modules fication de tous les intervenants de la chaîne, de vérification à base d’intelligence artificielle, autant de contrôles pour pouvoir auditer qui des algorithmes. Nous avons des solutions fait quoi à quel moment. Nous y avons ajouté développées en interne ou que nous consomdes contrôles sur les bénéficiaires. Ça permet mons, fournies par des tiers. très concrètement d’éviter de faire des paie- R. M. Aujourd’hui, la plupart de nos techments à des oligarques russes… L’essence est nologies utilisent des bases de données tradide digitaliser et d’automatiser les paiements. tionnelles parce que nous sommes acteurs sur R. M. Certains administrateurs de fonds une chaîne. Nous n’opérons pas d’interactions ont X comptes. Ils effectuent des opérations entre plusieurs acteurs, il n’y a pas ce besoin avec toute une panoplie de tokens, de mots technique. Mais il n’y a pas de jugement là-­ de passe et autres, et ils ont des équipes qui, dedans. Notre combat permanent, commun chaque jour, vérifient les soldes, effectuent aux petits acteurs, est celui de la robustesse. des paiements, etc. Ici, tout est agrégé sur une C’est pour cela que nous nous reposons sur même plateforme, universelle, qui fonctionne du Java classique pour les développements. avec toutes les banques. Ça n’existe pas. Et c’est optimisé pour la Place luxembourgeoise.

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J. P.

Une solution qui est scalable directement… R. M. Nos premiers clients l’utilisent déjà dans plusieurs juridictions, même quand ils sont attachés ici. J. P. On parle aussi de montants extraordinaires. En août dernier, avec Digicash, on a atteint un milliard d’euros processés par la solution, ce qui a pris un certain nombre ­d’années. C’est déjà remarquable. En quelques mois, avec Enpay et les quelques clients que nous avons, nous sommes déjà aux trois quarts de ce chiffre. Les montants en jeu sont beaucoup plus élevés. L’enjeu de la traçabilité est la clé. Du coup, elle n’est pas limitée au L ­ uxembourg. Le tout premier client était C ­ rédit Agricole Life Insurance. Nous allons le ­pousser à l’international. À la différence de beaucoup d’autres acteurs, vous ne parlez quasiment jamais,

TERRASSE ET BABY-FOOT Les nouveaux bureaux – le premier étage du bâtiment de Leudelange dans lequel Finologee était déjà installé – respirent la sérénité postCovid. Couleurs sobres et élégantes, parois vitrées pour créer des séparations sans trop isoler les gens, et même… un baby-foot, dans la grande salle de réunion que la Lhoft a inspirée, et une terrasse : l’équipe, qui a vite grandi jusqu’à 40 personnes, aura ses aises pour se concentrer sur le dévelop­ pement des prochains produits.

Nous ­utilisons des technologies à la pointe, mais nous ne le mettons pas en avant comme d’autres, parce que cela fait partie de la recette. Ce n’est pas ce qui fait vendre. J. P. Vous avez la cuisine moléculaire. Mais la cuisine traditionnelle peut être tout aussi bonne et élaborée… R. M. Nous nous enthousiasmons toujours… mais nous sommes toujours beaucoup plus focus en termes de choix et de décisions que nous prenons. Nous visons le résultat. Nous prenons des risques. Le nombre de fois où l’on se trompe diminue. C’est une vérité universelle… Pas sûr. Il y a des gens qui continuent à se tromper, année après année… R. M. On n’a jamais pris de risque maximal. Maintenant, on réduit nos risques, et on les distribue. Ce n’est pas que nous ne sommes plus excités par ces challenges. Pour notre santé mentale, nous ne sommes pas à 80 heures par semaine, mais en étant à fond et en travaillant beaucoup, nous recherchons un équilibre qui nous permet de jouer sur la durée. Cela fait 23 ans que je fais ça ! La spécialisation que nous avons mise en place nous a amenés à nous concentrer sur des domaines dans lesquels nous sommes chacun bons habituellement et à essayer de progresser dans ces domaines. Sur tout le spectre des services financiers, quel est le domaine que vous n’avez pas encore attaqué, mais que vous pourriez attaquer ? J. P. Le défi intellectuel qui nous intéresse est d’identifier là où cela bloque. Peut-on y apporter des solutions ? Peut-on rendre les choses existantes plus efficaces, optimisées, et, du coup, permettre à nos clients de réduire leurs coûts ? Il y aura une convergence. Les fonctions de base du secteur financier sont de favoriser le mouvement d’argent en toute sécurité, et avec des personnes de confiance. Aujourd’hui, on a deux plateformes, tout cela va finir en ne faisant plus qu’un. Les nouveaux acteurs s’appuient sur la blockchain comme étant la panacée pour la circulation des titres, par exemple. J. P. Vous avez raison ! On sait qu’on s’attaquera à deux domaines : on a commencé avec le reporting, et on voit qu’il y a un besoin. Il y a le paiement, le KYC, et ensuite, il faut informer le régulateur. Il faut un reporting qui ait une certaine standardisation. Dans des endroits niches. Et l’autre est tout ce qui est communication directe.

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Jean-Paul Scheuren se félicite de la collaboration avec le ministère de l’Économie et celui de la Santé dans le cadre de ce projet.


Conversation Jean-Paul Scheuren

« Créer une ‘health valley’ au Luxembourg » Grâce au HE:AL Campus qui s’installera à partir de 2024 à Esch-sur-Alzette, le Luxembourg veut se positionner comme précurseur de la médecine de demain. Un projet ambitieux de Jean-Paul Scheuren, un des deux hommes – avec son associé Romain Poulles – déjà à l’initiative de la House of Biohealth. Interview JULIEN CARETTE

L’appellation « campus » évoque des étudiants, une université… Or, ce sont des entreprises que vous voulez attirer. Le HE:AL Campus ne serait-il pas plutôt un incubateur ? J’utiliserais plutôt le terme d’« accélérateur ». Parce qu’un incubateur fait davantage penser à un simple rassemblement de start-up. Alors que le HE:AL (pour Health And Lifescience Innovation) Campus sera là pour accélérer le développement d’une nouvelle approche de la médecine et des soins de santé. Le terme «campus» met en évidence ­plusieurs choses. Premièrement, le fait que nous allons réaliser sur ce site un mix entre infrastructures, éducation, recherche et aussi health ­economics – un domaine encore globalement absent chez nous qui touche à l’économie de la santé, au financement de celle-ci, à la sécurité sociale, etc. Deuxièmement, nous souhaitons mettre en avant les liens qui vont se créer entre ce HE:AL Campus et ceux qui seront ses futurs voisins: la House of Biohealth (HOBH) – qui, depuis 2015, accueille les entreprises établies et les start-up exerçant dans le domaine des sciences de la vie –, le futur hôpital Südspidol du Centre hospitalier Emile Mayrisch (Chem) et même la Cité des sciences de Belval. Ce sera un rapprochement géographique entre la recherche, l’innovation et le monde médical dans le but de développer les technologies de la santé ? Ce que nous souhaitons créer, c’est ce que l’on appelle une health valley. C’est une manière de bâtir des ponts entre tous les acteurs de la médecine de demain, afin de ne pas s­ eulement attendre qu’elle soit développée ailleurs. Avec le HE:AL Campus, nous mettons donc en place une structure dans le but d’attirer au Luxembourg ceux qui préparent le futur de

Photo ROMAIN GAMBA

la santé. On veut leur offrir une plateforme où ils pourront échanger, développer de ­nouvelles idées, innover, etc. Que doit-on comprendre par « la médecine de demain » ? Depuis des siècles, la médecine pratiquée dans notre partie du monde est marquée par une approche curative. Schématiquement : on a un souci médical, ce dernier est diagnostiqué et ensuite soigné par un médicament. Or, cette méthode est vouée à se métamorphoser en une médecine holistique ou à 360 degrés. Celle théorisée par les 4 P : personnalisée, préventive, prédictive et participative. Personnalisée, parce que le one for all qu’on

BIO EXPRESS Diplômé en management Né le 21 mars 1967 à Differdange, Jean-Paul Scheuren a fait ses études à Louvain-la-Neuve, au sein de l’IAG (l’Institut d’administration et de gestion). Professionnel de l’immobilier Il commence ses activités professionnelles au sein de la Fédération des artisans, avant de rejoindre, en 2002, le secteur de l’immobilier et de ne plus le quitter. Depuis 2012, il est président de la Chambre immobilière. Business developer Parallèlement à l’immobilier, il tombe dans le secteur de la life science en 2006, fondant notamment avec son épouse une start-up, avant de devenir un business developer dans le domaine de la santé. À la base notamment de la création de la House of Biohealth.

connaît actuellement (au niveau des médicaments ou des thérapies) est voué à disparaître. Une analyse beaucoup plus détaillée de chaque patient sera effectuée, et les médicaments qui en découleront seront davantage adaptés à eux. Prenons le cas, par exemple, des vaccins contre le Covid. Il y en a désormais plusieurs sur le marché. Or, jusqu’à présent, ils ont été administrés selon leur disponibilité au moment de la vaccination. Mais, à l’avenir, selon les données que l’on va récolter pour chaque patient, on pourra dire lequel est le mieux adapté pour un patient. Et il en ira de même au niveau de la posologie. C’est cela, la ­médecine personnalisée. Et le côté préventif ? On va inviter les gens à vivre plus sainement. En les éduquant à la santé, on vise à réduire les risques de maladie et on améliore leur qualité de vie. La médecine n’est plus alors seulement vouée à guérir, elle est désormais une recherche du bien-être total. À l’heure actuelle, cette médecine préventive est très difficilement ­intégrable dans notre système de sécurité sociale. Mais elle est essentielle si l’on souhaite que ce même système de sécurité sociale n’explose pas à l’avenir. Il suffit de considérer le coût de la médecine pour s’en convaincre: faire de la prévention p ­ ermet forcément d’éviter de ­prodiguer ensuite des traitements curatifs. Toute la question est donc : qu’est-on prêt à dépenser pour éviter de devoir avoir recours à ces traitements ? C’est donc tout un système qui est à repenser, avec les responsables de la santé, ceux de la sécurité sociale, etc. Que dire des deux derniers P : prédictive et participative ? Prédictive : on va établir une cartographie de chaque patient, avec ses facteurs de risque JUIN 2022

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Conversation

Comment ce HE:AL Campus sera-t-il structuré ? Les nouvelles infrastructures représenteront 55.000 m². C’est vraiment très ambitieux.

La troisième (et dernière) extension de la House of Biohealth sera terminée cet été. Soit 5.000 mètres carrés qui porteront à 15.000 la surface totale (9.500 m² de laboratoires et 5.500 m² de bureaux). « Nous accueillons une petite vingtaine de sociétés, pour un total de 700 personnes et un taux d’occupation de 95 %, explique Jean-Paul Scheuren. Avec ce troisième bâtiment, nous devrions certainement dépasser les 1.000 badges présents sur notre site. »

Et important, car cette taille peut aider à nous offrir une stature internationale. Avoir une telle ampleur démontre ton ambition. Tu t’offres de la crédibilité. Et cela peut convaincre de futurs partenaires. Nous souhaitons attirer au minimum 100 à 150 nouvelles entreprises dans les futurs bâtiments. De quoi obtenir la masse critique nécessaire afin de pouvoir générer et attirer toujours plus de start-up. Cette notion de masse critique est vraiment très importante. On le voit clairement avec la House of Biohealth, qui est une belle réussite mais dont la masse critique n’est justement pas suffisante pour pouvoir passer à la vitesse supérieure. Je répète que notre but est clairement de constituer une health valley. Avec le HE:AL Campus donc, mais aussi la HOBH, le S ­ üdspidol, etc. Ce futur campus se situera entre la recherche et l’hôpital. Ce qui correspond aussi à notre positionnement entre la recherche et le patient. Ce sera à nous de rendre les interactions entre toutes ces institutions les plus directes et les plus nombreuses possibles. Quelle sera la stratégie spécifiquement développée ? Pour bien comprendre, je vais commencer par évoquer la stratégie de la HOBH. Au moment du lancement de ce projet, à l’aube des années 2010, le secteur du biohealth ne ­représentait pas grand-chose au Luxembourg. Si la biomédecine – lancée par Jeannot Krecké, alors ministre de l’Économie – était certes considérée comme

« Le but est d’attirer au Luxembourg ceux qui préparent le futur de la santé. » 50

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un des piliers du développement économique voulu par le pays, le ­terrain était en réalité fort dépourvu d’entreprises. Avec la HOBH, la réflexion était: comment réussir à attirer des sociétés grâce à la recherche? Comment, également, faire travailler la recherche privée et publique sur un même site ? Comment faire en sorte que la communication et les interactions y soient optimales? C’est vraiment dans cette optique-là que la HOBH a été pensée. Et elle a aidé à montrer à quel point le Luxembourg voulait ­développer ce secteur des sciences de la vie, mais aussi à quel point il était prêt à investir dans le privé. Cela a mené à quelques belles réussites dont la plus spectaculaire se nomme sans doute Fast Track Diagnostics (FTD). À la base, il s’agissait d’une spin-off des Laboratoires Réunis. Elle a été rachetée en 2017 par ­Siemens Healthineers, mastodonte mondial du ­diagnostic. Et désormais, FTD occupe dans nos locaux une surface six ou sept fois plus importante qu’à ses débuts. En quoi ce qui se fera au HE:AL Campus va-t-il être différent ? Notre question fondatrice est: comment peut-on se positionner comme un acteur important dans l’univers de la médecine de demain, celle des 4 P ? Pour ce faire, on souhaite recruter et encadrer des sociétés qui aident à y répondre, des partenaires davantage ciblés. À qui nous proposerons un environnement idéal pour avancer. Notre démarche est donc davantage proactive, moins opportuniste qu’il y a 10 ans avec la HOBH. Quand on jette un œil à l’étranger sur le développement du domaine de la santé, on constate qu’en général, tout démarre d’une grande société pharmaceutique présente dans ce pays. Et le secteur se développe ensuite autour de celle-ci. Or, au Luxembourg, nous n’en avons pas. Nous sommes donc partis sur une voie différente. Ces sociétés que vous visez doivent être fortement sollicitées, et donc compliquées à attirer ? Effectivement. Un acteur économique d’un secteur comme celui-ci réfléchit à l’horizon d’une quinzaine ou une vingtaine d’années. Mais il gardera également toujours en tête le plus court terme. Et si on veut l’attirer, il faut pouvoir lui proposer une stratégie valable sur les deux tableaux. Comme le Luxembourg le fait déjà, par exemple, dans le domaine du space mining, ce projet cher à l’ancien ministre Étienne Schneider. On sait que l’exploitation des ­ressources spatiales se fera dans le futur. Dans 10, 15 ou 20 ans. Mais on peut déjà, aujourd’hui, créer du développement économique autour de cette activité spatiale. Cela se fait, par exemple, avec les satellites ou autour d’autres entreprises de ce secteur venues s’installer chez nous.

Mike Zenari (archives)

La directive européenne sur la protection des données à caractère personnel n’incite pas vraiment à le faire… Il faut, en effet, que les politiciens réfléchissent à cette loi qui devrait être beaucoup plus innovante au niveau du traitement des d ­ onnées médicales. Afin que nous puissions les ­utiliser dans des domaines comme la recherche, ­l’innovation, la création de nouvelles t­ hérapies, etc. Certains autres pays membres de l’UE, tels le Danemark ou la Suède par exemple, sont bien plus avancés que nous en la matière. C’est donc que la législation européenne ne doit pas être un si grand frein. En accueillant des acteurs innovants au sein du HE:AL Campus, en expérimentant avec ceux-ci, en apprenant à leurs côtés, nous pourrons ensuite exporter ailleurs le modèle développé. Ce qui devrait forcément nous permettre de générer des retours pour le Luxembourg, puisque, même s’il s’agit de santé, nous parlons quand même ici de ­développements économiques. Évidemment, tout cela ne se fera pas en deux coups de ­cuillère à pot, mais progressivement.

LA HOBH FINALISÉE CET ÉTÉ

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(génétiques, environnementaux, etc.) et les éléments protecteurs qui lui sont propres. De manière à évaluer le risque, pour lui, de ­développer une maladie. Participative : les gens sont les acteurs de leur santé et de leurs soins. Il faut les inciter à participer. Notamment au niveau de la récolte des données. Si vous avez une Apple Watch, par exemple, vous pourriez autoriser la sécurité sociale à avoir accès aux données. Celles-ci vous profiteraient alors, tout en pouvant ­également servir aux autres. Au lieu de se dire que Big Brother vous observe via ces datas, songez plutôt à toutes les innovations médicales que nous pourrions en tirer ! Je sais que les gens sont réticents à les partager quand il s’agit de le faire avec l’État. Mais c’est une attitude un peu étrange quand on voit à quel point ils le font avec Amazon, Facebook, etc.


Jean-Paul Scheuren

Dans notre cas, nous devons fonctionner de la même façon afin de charmer les entreprises les plus intéressantes. Et, pour cela, nous ­pouvons faire valoir un de nos grands avantages, celui d’habiter sur un petit territoire. Qui peut se permettre aujourd’hui de préparer la médecine de demain, si ce n’est un petit pays? Lorsqu’on teste de nouvelles choses, un nouveau modèle, il est toujours plus simple de commencer par le faire à petite échelle. Voyez à quel point un pays de plus de 83 millions d’habitants comme ­l’Allemagne peut rencontrer des difficultés dans certains domaines liant santé et digitalisation…

« Les bâtiments vont nous coûter entre 200 et 250 millions d’euros. » On retrouvera, au sein du HE:AL Campus, les sociétés qui vont travailler avec nous là-­dessus. Mais, vous l’aurez compris, c’est un projet qui va bien au-delà de ce campus. Il faudra un véritable effort stratégique et participatif dans lequel de nombreux acteurs devront intervenir.

Quels seront les profils des 100 à 150 entreprises que vous voulez attirer ? Nous avons besoin d’une ou deux locomotives. On en a ciblé quelques-unes et, si l’on réussit à en convaincre certaines, ce sera un grand L’État luxembourgeois vous suit-il coup d’accélérateur pour ce pari dans lequel dans ce projet ? nous nous sommes lancés. Parce que créer Mon partenaire de la première heure, Romain 55.000 m2 via un investissement 100 % privé, Poulles, et moi avons soumis notre dossier à je crois qu’on peut appeler cela un beau challenge. celui-ci. Et un memorandum of understanding Il y a un droit de superficie qu’on achète au (un accord formel concernant un partenariat Zare (Syndicat intercommunal pour la création, officiel, ndlr) a été signé. Nous devons donc l’aménagement, la promotion et l’exploitation être vus comme de bons partenaires, capables de zones d’activités économiques à caractère d’aider le Luxembourg à devenir un des acteurs ­régional à Ehlerange, ndlr) pour 30 ans – avec moteurs à l’échelle internationale dans ce une prolongation possible pour une période ­secteur de la médecine. Nous avons une entente ­similaire – mais tous les bâtiments seront ­financés parfaite avec les équipes du ministre de ­l’Économie, Franz Fayot, de même qu’avec à 100% par des capitaux privés. Avec la réussite de la HOBH, nous avons celles de la ministre de la Santé, Paulette Lenert. déjà prouvé que nous étions capables de ­relever Le projet HE:AL Campus est un PPP (­ partenariat ce genre de défi. N’en déplaise à tous ceux – et public-privé). ils étaient nombreux – qui m’avaient traité Quel accompagnement souhaitez-vous de fou, à l’époque. de la part des autorités ? Nous ne leur demandons pas de s’investir L’une de ces locomotives pourrait-elle financièrement dans le projet, que ce soit au être Siemens ? Sa branche Healthineers niveau de la construction des bâtiments ou est déjà présente à la HOBH et on peut se souvenir que l’annonce de la création dans d’autres domaines. J’ai déjà pu constater du HE:AL Campus a été effectuée par que ce qui attire le moins les entreprises ­présentes Franz Fayot à Erlangen (Allemagne), dans le secteur des sciences de la vie, c’est le siège de Siemens… l’opti­misation fiscale. Je ne dis pas que cela ne Ce serait évidemment une collaboration rêvée pour nous. Nous comptons d’ailleurs les ­contacter. Mais aujourd’hui, nous allons d’abord écouter nos partenaires stratégiques, ici au Luxembourg. Puis, nous effectuerons quelques visites dans d’autres health valley, comme celle de Erlangen où nous étions avec Franz Telle est la surface située Fayot. Histoire de renforcer les idées qui à Sommet (Esch-sur-Alzette) étaient à l’initiative de ce projet. Une fois que réservée au HE:AL Campus. De quoi tout cela sera en place, nous pourrons c­ onfirmer installer 55.000 mètres carrés de bâtiments, mais aussi les fameux celles-ci à de possibles futurs partenaires…

2,4 ha

Peut-on résumer votre ambition en disant que vous voulez présenter le Grand-Duché comme un futur laboratoire géant pour l’avenir de la médecine ? Oui. C’est la vision que nous avons. Nous devons devenir un life lab où nous serons les premiers à utiliser les modèles de demain.

chemins ou espaces de rencontre, qui permettront les interactions entre les différentes entités. « Dans ce genre de projet, l’animation est tout aussi importante que le site lui-même. Il faut parvenir à créer de l’échange entre les entreprises, explique Jean-Paul Scheuren. Les sites qui vont bien sont ceux qui réussissent à garder cet esprit de start-up tout en fonctionnant avec de grandes entreprises. »

les intéresse pas, mais cela passe clairement derrière d’autres avantages. Comme la capacité à pouvoir trouver sur place de la maind’œuvre qualifiée, par exemple. Ou tout simplement d’avoir à portée de main les compé­ tences qui pourront être utiles afin de régler d’éventuels soucis techniques. Ce que l’environnement du HE:AL Campus offrira. Mais, pour mener à bien notre projet, nous avons besoin d’un engagement politique de la part de l’État. Sans cela, nous n’y arriverons pas. Nous comptons sur lui afin de créer l’encadrement propice au soutien de notre développement économique. Cela passera sans doute par toute une série de soft skills à mettre en place afin d’aider le secteur à se développer. À l’instar d’une agence du médicament qui est d’ailleurs déjà en cours de création par le ministère de la Santé. Ou d’une législation propice au partage des données. Ou encore de tous ces nouveaux modèles et outils qui pointent le bout de leur nez aujourd’hui et qui se développeront dans le futur. Il faudra pouvoir les mettre en pratique dans notre pays, mais aussi réussir à relier ceux-ci à la sécurité sociale, afin de voir comment les financer. Quel sera le coût financier de ce HE:AL Campus ? On estime que les bâtiments vont nous c­ oûter entre 200 et 250 millions d’euros. Nous n’avons pas encore finalisé la levée de tous les fonds. Celle-ci se fera de toute façon ­progressivement, en fonction de l’avancement de la construction. Aujourd’hui, il est évidemment bien plus simple de lever ces fonds quand on peut m ­ ontrer la réussite de la HOBH et les rendements qui en ont résulté. N’est-ce pas illusoire de vouloir débuter vos activités en 2024 ? La première pierre devrait être posée en 2024 et, avec un peu de chance, on pourrait réceptionner le premier bâtiment la même année. Du moins, si celui-ci n’est pas trop grand. Pour l’ensemble du site, nous sommes plutôt sur une planification à 10 ans. Mais comme cela a été le cas pour la HOBH, nous allons faire en sorte que l’utilisation des bâtiments puisse se faire au fur et à mesure de leur achèvement.

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BRAND VOICE

Alain Maringer, Sales Director chez System Solutions, et Tom Goerens, VP & Head of Business Unit IT Production à Spuerkeess.

Services informatiques

Garantir la disponibilité des services bancaires

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Assurer la mise à disposition des services tout en veillant à la sécurité des infrastructures est l’objectif poursuivi par les banques. Certaines se tournent pour cela vers des experts de l’informatique.

Eva Krins (Maison Moderne)

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LE PARTENARIAT EN QUELQUES CHIFFRES Aujourd’hui, le bon fonctionnement d’une banque tourne beaucoup autour du « Digital First », c’est-à-dire la distribution des services à travers les canaux numériques, l’automatisation des processus, ou encore les prises de décisions sur base de l’analyse des « Big Data ». « Tout ceci est également vrai pour Spuerkeess. En effet, nous devons veiller à ce que la banque puisse assurer la disponibilité de ses services en continu avec une excellente performance vis-à-vis des clients et collaborateurs. Nous devons, en parallèle, garantir la sécurité de cet écosystème en matière de cyberattaques, mais également de pannes techniques, en mettant en place des environnements sûrs et résilients », déclare Tom Goerens, VP & Head of Business Unit IT Production à Spuerkeess. En outre, en tant qu’établissement systémique sous la surveillance directe de la Banque Centrale Européenne, Spuerkeess doit également veiller au respect des exigences réglementaires. Un interlocuteur unique pour la banque Tous ces éléments amènent donc Spuerkeess à mettre à jour et renouveler ses infrastructures, en particulier celles de virtualisation des serveurs et de stockage. Dans le but de moderniser et d’améliorer la performance de ces dernières, l’institution a lancé un appel d’offres au début de l’année 2020.

«N ous devons veiller à ce que la banque assure la disponibilité de ses services en continu. » Tom Goerens VP & Head of Business Unit IT Production, Spuerkeess

« Comme pour tout projet d’envergure, nous avons souhaité profiter de l’expérience de partenaires pour trouver les meilleures solutions du marché adaptées à nos besoins. Nous avons demandé à des intégrateurs comme System Solutions de confirmer et finaliser les designs prévus par nos ingénieurs et de démontrer comment les équipements proposés pouvaient fournir les prestations et performances attendues. Nous avons également jugé l’offre de services des fournisseurs. » C’est vers System Solutions, collaborant avec Hewlett Packard Enterprise (HPE), que le choix de Spuerkeess s’est porté en novembre 2020. La proposition d’un contrat de service HPE Complete Care, pour une expérience de support personnalisée et modulaire, a en effet convaincu la banque. Comme l’explique Alain Maringer, Sales Director de System Solutions, « nous avons décidé, en concertation avec HPE, de répondre à cet appel d’offres et avons souhaité conserver l’outil de virtualisation en y ajoutant un service global. Le HPE Complete Care permet au client de s’appuyer sur un interlocuteur unique. En cas de problèmes en lien avec les serveurs, le stockage ou l’hyper­viseur (plateforme permettant à plusieurs systèmes d’exploitation de travailler simultanément sur une même machine physique), nous nous occupons de tout. » Une approche agile et flexible Si la société s’est concentrée sur la partie infrastructure, elle a également tenu à travailler sur le volet support, appelé « managed services », afin de faciliter la gestion. « Nous faisons preuve de proactivité en vérifiant le besoin de mises à jour et en réalisant des entretiens dans le but d’éviter les pannes. » Afin de permettre la disponibilité des services de la banque 24 h/24, l’entreprise a une fois de plus pu s’appuyer sur les technologies de HPE.

« Le Complete Care permet au client de s’appuyer sur un interlocuteur unique. » Alain Maringer Sales Director, System Solutions

« Ces dernières nous aident à répondre aux exigences en matière de temps de latence. Ce délai doit être inférieur à une milliseconde. En effet, les lenteurs de connexion peuvent être source d’insatisfaction pour les clients. Nous sommes également en mesure d’atteindre 100 % de disponibilité. » Ce projet, se déroulant sur quatre ans, est découpé en phases successives permettant à Spuerkeess et System Solutions de valider chaque étape et d’adapter le nombre de serveurs et le volume de stockage aux besoins effectifs. Une démarche agile considérée comme gagnant-gagnant pour chacun des deux partenaires. Offrir un accompagnement sur le long terme Créé il y a 26 ans au GrandDuché, System Solutions est un intégrateur informatique cherchant à accompagner des clients exigeants comme Spuerkeess sur le long terme en favorisant une approche sur mesure. «Nous analysons leurs besoins pour apporter les meilleures solutions en termes d’infrastructure, computing, stockage, sécurité, etc. Le volet services prenant de plus en plus d’ampleur, nous sommes devenus un Partenaire ICT Global. Notre stratégie pour le futur est de nous développer à l’étranger, d’accélérer le développement de notre activité Managed Services et de miser sur une approche Hybrid Cloud tirant le meilleur des volets ‘on prem’, cloud privé et cloud public», conclut Alain Maringer.

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System Solutions compte 110 collaborateurs.

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Spuerkeess s’appuie sur plus de 1.800 employés et consultants.

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Le projet couvre 68 serveurs physiques ESX.

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Plus de 1.000 serveurs virtuels se trouvent sur ces machines physiques.

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16 clusters (grappes de serveurs) permettent à la banque une gestion globale de ses services.

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Ce projet d’envergure entre System Solutions et Spuerkeess s’étale sur une durée de 4 ans.

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Angélique Sabron et Robby Cluyssen pensent que l’augmentation des taux d’intérêt fait peser un risque sur ceux qui ont profité des taux bas pour acquérir leur logement.


Conversation Angélique Sabron et Robby Cluyssen

« Le Covid a accéléré la hausse des prix de l’immobilier » À l’occasion de la publication du deuxième rapport JLL sur le marché résidentiel au Luxembourg, Angélique Sabron, managing director Luxembourg et head of markets, et Robby Cluyssen, directeur Résidentiel, évoquent les évolutions post-pandémiques. Interview MARC FASSONE

Comment le marché de l’immobilier résidentiel a-t-il évolué durant, puis à la sortie de la pandémie ? ANGÉLIQUE SABRON (A. S.) ET ROBBY CLUYSSEN (R. C.)

Mi-mars, tout s’est arrêté du jour au lendemain. Visites, demandes… tout est devenu, sinon impossible, du moins très compliqué. À la sortie du lockdown, la demande a explosé. Nous avons eu l’impression que tout ce qui arrivait sur le marché – surtout dans l’existant – partait comme des petits pains. Après le creux de mars-avril 2020, tout est reparti. Comment expliquez-vous ce redémarrage sur les chapeaux de roues ? A. S. C’était un effet de rattrapage. Les demandes et les besoins n’avaient pas disparu avec le confinement. Ils ont été simplement décalés. Les gens ont eu le temps d’aller voir sur internet ce qui se passait sur le marché. Une fois relâchés dans la nature, ils savaient exactement ce qu’ils voulaient. Dès la première visite, ils signaient. Et ce d’autant plus que, vu le contexte dans le secteur du logement, les clients savaient qu’en prenant ne serait-ce que trois jours pour réfléchir, ils couraient le risque que le bien soit vendu ou que son prix augmente. Combien de temps cela a-t-il duré ? A. S. Jusqu’au second confinement qui nous pendait au nez. Les intéressés ont profité de cette « fenêtre de tir ». La pandémie a-t-elle modifié la demande ? Effectivement. Ceux qui avaient des appartements voulaient des maisons ; pour ceux qui avaient des petites surfaces sans balcon, la terrasse est devenue une condition sine qua non. La demande pour les biens sans terrasse ou jardin, même communs, a chuté. Par contre, A. S.

Photo ROMAIN GAMBA

pour les maisons ou les appartements avec terrasse et jardin, les prix ont explosé. À combien estimez-vous cette hausse des prix ? A. S. À 15 % environ. L’augmentation des prix est un phénomène constant au Luxembourg, mais la pandémie a eu un effet accélérateur. C’est toujours une question d’offre et de demande. Lorsque vous publiez une annonce et que vous avez 20 personnes qui vous appellent dans la minute, le réflexe d’un particulier est de penser: «Je ne vends pas assez cher.» Le ­vendeur qui avait le bon bien au bon emplacement, avec le bon ensoleillement, la bonne terrasse ou le bon jardin, était en position de force.

ANGÉLIQUE SABRON Une carrière dans la pierre Angélique Sabron a fait toute sa carrière dans l’immobilier, en France puis au Luxembourg. Elle a rejoint Property Partners – qui deviendra Inowai en 2014 – en 2002 où elle deviendra rapidement partner. Managing director Luxembourg En janvier 2014, elle rejoint le réseau international JLL en qualité de national director Luxembourg – head of office agency puis comme head of markets. Elle a été nommée managing director en 2020, tout en restant head of markets. Une pionnière À chaque étape de sa carrière, dans un milieu très masculin, elle a été la première femme à accéder à son poste : broker, puis head of, puis managing director.

Le parc immobilier est-il adapté aux nouvelles exigences des candidats à l’achat ? R. C. Le stock immobilier au Luxembourg est assez récent. Surtout à Luxembourg-ville, où plus de la moitié des appartements a été construit au cours de ces 20 dernières années. Durant tout ce temps, on a réduit les surfaces. Les tarifs élevés faisaient que l’on jouait sur la surface pour rester dans un niveau de prix acceptable pour les particuliers. Revers de la médaille: on n’a pas les appartements qui ont la pièce en plus pour le bureau ou les enfants. Mais les promoteurs ont ensuite réagi pour faire évoluer leurs projets. Là où ils le pouvaient, ils ont rajouté des balcons, ils ont agrandi les pièces, ils ont créé plus d’espaces communs dans les résidences… A. S. Avec le recul, les promoteurs font du bureau une pièce centrale et tous réfléchissent à la manière de l’intégrer, même dans une petite surface. Cela force-t-il les promoteurs et les acquéreurs à se montrer plus flexibles aussi en matière de localisation ? R. C. Oui. Toutes ces personnes qui ont commencé à chercher des surfaces un peu plus grandes avec un budget qui ne permet pas forcément de les trouver en ville doivent chercher un compromis entre le trajet, le lieu de travail et la localisation de la maison. Ils se disent qu’en sortant de la ville, avec le même budget, ils pourront avoir une maison. La demande au niveau de la localisation change dès lors complètement. Et cela d’autant plus facilement que l’infrastructure suit : les trains sont gratuits, l’offre de transport augmente, notamment vers le Nord. Le Plan national de mobilité 2035 de François Bausch semble dans ce contexte JUIN 2022

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Conversation

ROBBY CLUYSSEN

LE PRIX MOYEN DEMANDÉ PAR MÈTRE CARRÉ PAR COMMUNE EN 2021 La capitale est, à égalité avec Bertrange, la commune où le prix demandé par mètre carré est le plus élevé. Un mètre carré qui se loue en moyenne 36 euros par mois. Luxembourg 13.056 € Bertrange 13.056 € Mamer 11.858 € Kopstal 11.352 € Strassen 10.977 € Hesperange 10.898 € Contern 10.698 € Kehlen 10.451 € Sandweiler 10.365 € Niederanven 10.273 € Steinsel 9.621 € Walferdange 9.587 € Lorentzweiler 9.528 € Junglinster 9.270 € Leudelange 9.210 € Koerich 9.199 € Steinfort 9.118 € Mondorf-les-Bains 9.090 € 0

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Dans la mesure où les permis l’autorisent, les gens préfèrent les bureaux parce que les règles ne sont pas les mêmes entre un bail commercial et un bail d’habitation. Le propriétaire préfère avoir un occupant professionnel plutôt qu’un particulier. Nous commercialisons des immeubles rez-de-chaussée retail, trois étages de bureaux, deux étages d’appartements: cette répartition n’est pas remise en cause.

Combien de temps peut-il s’écouler entre le lancement d’un projet et sa livraison ? A. S. ET R. C. Si vous avez votre plan d’aménagement particulier (PAP), c’est 24 mois. Mais, pour arriver à obtenir son PAP, il faut compter 3 ans. C’est extrêmement long. Sans compter la recherche du terrain qui est, pour les promoteurs, une étape très, très longue. C’est le nœud du problème du déficit de l’offre: si l’on veut créer plus de logements, il faut alléger les procédures.

A. S.

Les prix sont-ils condamnés à augmenter indéfiniment ? A. S. La sévère lacune de livraison de logements demeure. Tous les ans, il en manque toujours la moitié pour que l’offre satisfasse la demande. Ce qui est profitable aux promoteurs et aux développeurs. Néanmoins, on commence à sentir un fléchissement avec l’augmentation des taux d’intérêt, la guerre en Ukraine et la pénurie de matériaux post-­Covid. R. C. Cela a un effet direct sur le marché de l’investissement, où les règles d’amortissement ont changé et où les loyers sont bloqués. Face aux incertitudes géopolitiques, à la hausse des prix, particulièrement dans la construction, où le coût des matériaux a pris 20%, les investisseurs deviennent attentistes. Sans compter que les banques ont renforcé leurs demandes en matière d’apport initial. Là où un projet était financé à 100 %, l’investisseur doit aujourd’hui apporter au moins 20% d’apport. Conséquence, et c’est une première au Luxembourg, l’existant a pris le dessus sur le Vefa (vente en l’état futur d’achèvement). Le Vefa a toujours surperformé par rapport à l’existant. Cela se constate dans le resserrement des prix entre ces deux catégories. En 2021, on a constaté un recul sur le nombre de transactions sur le Vefa et une augmentation sur l’existant. Ce qui s’explique facilement: dans le contexte actuel d’incertitude, les gens ne veulent plus attendre deux ans pour voir le projet livré. D’autant plus que les délais ­s’allongent – faute de matériaux – et que l’augmentation de prix de ces derniers est répercutée entièrement sur l’acheteur. Il reste cependant de grands projets en cours et à venir… A. S. ET R. C. Nous constatons – et nous nous en réjouissons – que de plus en plus de permis de bâtir sont autorisés.

Quelles seraient les bonnes pistes politiques pour sortir de la crise de l’offre qui caractérise le Luxembourg ? R. C. Beaucoup croient qu’il suffirait d’une solution miracle pour résoudre tous les problèmes, créer plus de logements, vendre les terrains plus facilement… Ce n’est pas le cas. Ce pourrait être une taxe sur les terrains non construits ou les logements inoccupés ? A. S. ET R. C. On peut taxer les gens qui ne veulent pas vendre leurs terrains, les surtaxer même pour les pousser à vendre. Mais la hausse du prix des terrains pourrait largement compenser le niveau de cette taxe. Se pose aussi la question de ce que pourrait faire le vendeur avec l’argent de la vente. Les ­placements bancaires ne rapportent rien. S ­ ouvent, on arrive à convaincre un vendeur en convertissant le prix du terrain en appartements. Il devient quelque part promoteur du projet et récupère des actifs qui continueront à prendre de la valeur. Il faut donc privilégier une approche globale, selon vous ? A. S. ET R. C. Oui. Construire un lotissement pose autant de problèmes que cela en résout. Il faut les infrastructures autour, des crèches, des écoles, des routes, des transports, des commerces, sinon cela ne fonctionne pas. C’est souvent trop à gérer pour une petite commune qui fait ce qu’elle peut, mais qui a besoin de plus de moyens. Ce n’est pas le tout de dire: «On achète un terrain et on construit. » Il faut respecter les normes écologiques et adapter son projet aux politiques des communes, qui ne sont pas toujours conscientes des réalités du marché. Celles-ci peuvent vous obliger à livrer de grands appartements, des penthouses. J’ai en tête un projet pour lequel une commune a

Residential Market Overview Luxembourg Research Report Spring 2022, JLL

L’essor du télétravail s’accompagne-t-il de même d’un mouvement de réallocation de surfaces de bureaux situées en ville vers de l’habitat ? R. C. J’ai vu cela sur des biens existants, notamment les maisons de ville. Mais je ne m’attends pas à voir un immeuble de bureaux changer de destination.

Polyglotte Il a fait ses études à l’European School Luxembourg et à la Syntra Antwerpen en Brabant flamand. Il parle 5 langues : le néerlandais, l’anglais, le français, l’allemand et le luxembourgeois.

R. C. Selon moi, les futurs grands projets qui verront le jour ne seront pas forcément situés à Luxembourg-ville, mais plutôt sur les grands axes vers Esch-sur-Alzette ou Mersch, par exemple. Surtout, la volonté est de créer autre chose que des villes dortoirs. Prenez par exemple le projet « Wunne mat der Wooltz », à Wiltz, qui sera un projet mixte associant logements et commerces, et qui fonctionnera selon les préceptes de l’économie circulaire.

Source

un vrai plus. Les promoteurs l’ont-ils déjà intégré dans leur offre ? A. S. ET R. C. Tout à fait. On le voit clairement aujourd’hui : la demande des promoteurs concernant les terrains placés sur les bons axes explose. Un phénomène déjà ressenti au moment de la divulgation du tracé du tram. Les promoteurs nous appelaient pour avoir un terrain au pied de la future ligne. C’était presque une condition sine qua non. On a également vu beaucoup de rénovations et de reconversions d’immeubles de bureaux et de maisons de maître utilisés comme bureaux, pour b ­ asculer vers le résidentiel.

Un spécialiste du marché résidentiel Robby Cluyssen est director en charge du secteur résidentiel chez JLL Luxembourg où il est arrivé en juin 2017 comme account manager, en provenance d’Inowai Residential où il avait passé 3 ans et demi.


Angélique Sabron et Robby Cluyssen

demandé à n’avoir que de grands logements. Au prix demandé, dans un village, vous n’avez pas la clientèle pour. Surtout si, dans les environs, il n’y a pas les infrastructures nécessaires à des familles à qui sont justement destinés ces grands appartements. A. S. Il y a un ensemble de facteurs sur lesquels agir. On peut déjà aller plus vite dans la délivrance de permis et alléger les charges administratives. Avec le besoin de logements qui est récurrent depuis 20 ans, il n’est pas normal d’attendre 3 ans pour avoir un permis. On a la chance, au Luxembourg, d’avoir une continuité des politiques publiques, très souvent basées sur le bon sens. Mais maintenant, il faut aller plus vite : tous les responsables doivent s’asseoir autour d’une table pour évoquer tous les problèmes connexes au logement et trouver des solutions. R. C. Une option pourrait aussi être de jouer sur la densité d’occupation et envisager d’aller plus haut, comme on l’a fait par exemple avec la tour Infinity au Kirchberg, les Capelli Towers à Belval, la tour Gravity à Differdange ou encore à la Cloche d’Or. De vrais succès.

apports personnels. Avec des taux qui montent et des banques qui demandent un apport supplémentaire pour faire face à l’indexation des contrats, les acquéreurs doivent retarder de 12 à 18 mois leurs projets ou faire des compromis sur la surface, le nombre de pièces, le garage, l’étage ou l’orientation. Les banques mettent-elles un coup de frein à leur activité de crédit hypothécaire ? A. S. ET R. C. Absolument. Non seulement elles prêtent moins facilement qu’il y a 2 ou 3 ans, mais le nombre de refus augmente.

L’évolution des taux hypothécaires à la hausse est-elle un problème pour vous ? Avez-vous des retours selon lesquels les défaillances d’emprunteurs sont en hausse ? A. S. ET R. C. C’est encore un peu tôt pour le dire, l’augmentation des taux étant récente. Mais ceux qui ont emprunté à des taux variables stressent sans doute. Les taux entre 1 % et 1,2 % que l’on a connus en 20202021 vont clairement doubler ou tripler en très peu de temps. Il y a donc un risque de Dans un pays où la maison unifamiliale est le graal, pensez-vous que les gens ventes forcées, surtout si les salaires n’ont pas soient prêts à vivre dans des tours ? augmenté ou si les propriétaires n’ont pas R. C. C’est vrai que ce n’est pas dans la d’épargne. Sans compter que les charges vont culture du pays. Mais, lorsque vous avez besoin aussi augmenter. Dans la durée, il sera diffid’un logement… Ce sont des produits nou- cile de faire face et on risque de voir augmenveaux, des symboles d’un marché qui évolue. ter le taux de défaillance. A. S. Les tours, il ne faut pas que cela devienne le « 9-3 » (Seine-Saint-Denis, ndlr), Dans un marché locatif relativement ne pas ghettoïser les habitants. Certaines réduit, les hausses des taux peuvent-elles localisations permettent de bâtir des tours, se répercuter sur les loyers et, qui ne dégradent pas les paysages et aident à par ricochet, fragiliser les locataires ? absorber la demande. Ce sont des emplace- R. C. Non, car les loyers sont plafonnés à ments au milieu de bureaux. Les gens appré- 5% de la valeur du bien. Si votre locataire s’en cient d’habiter à proximité de leur lieu de va, vous ne pouvez pas du jour au lendemain travail. Au Kirchberg, à la Cloche d’Or, à doubler le loyer. ­Belval, les tours ont du sens. Les potentiels acquéreurs ont-ils les moyens de suivre cette spirale des prix à la hausse ? A. S. De moins en moins, s’ils veulent avoir recours à un prêt. En 3 mois, le taux d’emprunt pour les nouveaux contrats a doublé et atteint 3 %. On parle ici d’un taux mixte fixe pendant 5 ans et variable par la suite. Pour l’instant, les taux variables n’ont pas bougé. Mais on devine que la situation va vite évoluer. On constate le même phénomène dans les contrats de construction, des contrats indexés. On sait déjà que les prix au Luxembourg ne sont pas piqués des vers. S’y ajoute la hausse du prix des matières premières dont l’acquéreur doit s’acquitter. Cela a un effet direct sur le pouvoir d’achat. Avec le fait qu’en 2021, il y a eu beaucoup moins de primes payées aux employés, les particuliers ont moins de liquidités pour leurs

ÉVOLUTION DES RENDEMENTS Loin du centre… Le rendement initial des immeubles résidentiels multifamiliaux au Luxembourg s’élève à 2,6 %. Plus on s’éloigne de la capitale et plus le rendement sera élevé, pouvant atteindre 3 %. L’attrait de la périphérie Comme le retour sur investissement des propriétés dans la capitale a tendance à se resserrer en raison de la hausse limitée des loyers par rapport à la hausse exponentielle du prix d’achat, les investisseurs s’intéressent aux quartiers périphériques et aux villes régionales, où les prix d’achat sont sensiblement inférieurs tout en offrant de bons niveaux de location, ce qui génère des rendements plus élevés.

Cet encadrement des loyers est-il vraiment respecté dans les faits ? R. C. En général, oui. Vu le niveau actuel des loyers, ce serait d’ailleurs intenable pour un propriétaire d’aller au-delà, au risque de ne plus pouvoir louer son logement. Il faut avoir à l’esprit que les loyers ne progressent pas comme les prix de vente. Nous sommes sur des hausses de 2 %, grand maximum 3 % sur l’année. A. S. Pour faire face au niveau élevé des loyers – et, par contrecoup, pour combler le manque de logements à la location –, on voit se développer de nouveaux concepts comme le coliving. Dans un projet de résidence de 12 appartements, on peut faire 24 chambres privatives accompagnées de communs. De tels projets arrivent sur le marché, mais il n’y a pas encore pléthore d’offres. Cela prend du temps. Finalement, le marché résidentiel est-il encore un marché porteur pour les investisseurs ? Comment évoluent les rendements ? R. C. Avec la hausse des prix et des loyers qui ne suivent pas, les rendements sont sous pression. On tombe nettement en dessous de 3 %, plutôt 2,5 % ou 2,6 %. Par contre, les fondamentaux restent ­inchangés : une population qui augmente et qui accepte de payer pour de la qualité, et un État qui investit dans les infrastructures. ­Malgré les prix élevés, le marché reste donc ­intéressant pour les investisseurs. Ils doivent juste revoir leur position sur le marché. Est-ce que le studio en centre-ville est encore le bon investissement ou est-ce que ça fait sens d’aller à Mersch acheter un logement avec deux chambres pour le mettre en location ? C’est ce type de question qu’ils doivent désormais se poser. Comment percevez-vous l’évolution du marché au cours des 24 mois à venir ? A. S. ET R. C. On ne va plus – et dès cette année déjà – assister à des hausses de prix qui dépassent les 10%. Ce n’est pas tenable. Dans certaines régions où le manque d’offre est criant, il y aura des hausses, mais dans la capitale et dans les marchés matures, je ne pense pas. De plus en plus de projets mixtes intégrant résidence, travail et shopping dans un seul bâtiment ou un seul lotissement vont se développer. Cela rejoint la volonté du gouvernement de favoriser l’économie circulaire et de créer la ville du quart d’heure.

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Dans ce documentaire, l’un des réalisateurs a voulu mettre en avant l’un des pans de la crise financière de 2008.


Conversation Laurent Moyse

« Toutes les crises se ressemblent » La finance luxembourgeoise a échappé de peu à la catastrophe, au cours de trois jours noirs, en septembre 2008. Revenant sur cet épisode, le documentaire Crise et chuchotements donne la parole à des observateurs du sauvetage de Fortis et de Dexia. Auteur BENOÎT THEUNISSEN

En tant que place financière internationale, le Luxembourg a naturellement vécu en direct l’impact de la crise financière de 2008. Pourtant, aucun film n’y avait jusqu’à présent fait référence. La sortie du documentaire Crise et chuchotements, réalisé par Laurent Moyse et Jossy Mayor, produit par Rishon Films, avec la participation du Film Fund Luxembourg et de RTL Luxembourg, vient combler cet oubli. Le film permet de se rendre compte de ce qui aurait pu se passer si l’État luxembourgeois ne s’était pas attelé à sauver Fortis Luxembourg et Dexia, en l’espace de 72 heures à partir du vendredi 26 septembre 2008. «Nous avons constaté que c’était un moment de rupture dans l’histoire du Luxembourg, au regard des conséquences qu’il y a eu les années suivantes, explique Laurent Moyse. On était au bord de la catastrophe. Ça aurait pu très mal se passer si les deux entités luxembourgeoises avaient dû fermer leurs portes quasiment en même temps. L’idée de départ était donc de montrer qu’il s’agissait d’un moment crucial de l’histoire récente du Luxembourg. » Luc Frieden, qui exerçait à l’époque la fonction de ministre du Trésor et du Budget, intervient dans le documentaire en tant que principal protagoniste du sauvetage des deux institutions bancaires. « Une crise, par nature, surtout de cette ampleur, ne peut pas être anticipée, à l’instar de la crise provoquée par les attentats du 11 septembre 2001», déclaret-il. Il reste en revanche convaincu qu’elle aurait pu être évitée: «Je crois encore aujourd’hui que, si les Américains étaient intervenus pour éviter la faillite de Lehman Brothers, nous n’aurions probablement pas dû faire face à ces graves crises que nous avons vues en Europe. Fortis et Dexia n’étaient que deux exemples, même s’ils étaient parmi les premiers. » Si le développement de la crise de 2008 au Luxem-

Photo MATIC ZORMAN

bourg a eu des ramifications en Belgique, en avait commencé à rendre les marchés très insFrance et aux Pays-Bas, Luc Frieden insiste tables, avec de la volatilité et les prix des actions sur le fait qu’elle est d’abord venue des États- en baisse.» En charge de la liquidité de sa banque, Unis, dans la foulée de la crise des subprimes. Laura Abbracciavento rappelle en outre le rôle Bien avant le mois de septembre 2008, il se joué par les institutions financières en tant souvient avoir affirmé dans l’un de ses dis- que contreparties dans le système d’intermécours que « la crise américaine aurait un effet diation bancaire, au travers duquel les banques sur l’Europe ». assurent leur liquidité quotidienne. «Lehman Brothers jouait ce rôle de contrepartie, spéciaL’intermédiation bancaire lisée dans les activités de brokerage des produits Intervenant également dans le documentaire, dérivés.» Un élément qui explique pourquoi la Laura Abbracciavento occupait une place d’ob- faillite de Lehman Brothers s’est propagée avec servatrice de premier plan à l’époque des faits un effet boule de neige sur les places finanpar son rôle de responsable de salle des mar- cières étrangères. Un autre facteur de la crise a été la titrisachés et de la trésorerie d’une banque de la Place. «On voyait bien que la crise des subprimes tion, une technique qui consiste à assembler des crédits à la consommation pour en faire des titres, relève l’ancienne responsable de salle des marchés. Sous la forme de CDO (Collateralized Debt Obligations) ou de CDS (Credit Default Swaps), ces titres revêtaient LES RÉALISATEURS un intérêt tout particulier pour les institutions bancaires qui en achetaient, puisque leur Laurent Moyse Diplômé en économie niveau de risque était lié à la notation de leur et journalisme, Laurent Moyse émetteur. « Si Lehman Brothers émettait une a une expérience de près telle obligation, le risque était associé à L ­ ehman de 40 ans en journalisme. Passé par le Tageblatt dès 1983, Brothers qui avait un rating élevé. Ce qui se il rejoint le Luxemburger Wort trouvait à l’intérieur n’était pas considéré comme en 1991, avant de devenir un risque. » rédacteur en chef de La Voix du Luxembourg de 2001 à 2008. Toutefois, «à la base, il y a le risque des créDepuis, il travaille comme dits à la consommation, conditionnés sous la journaliste indépendant, auteur forme d’un package de milliers de crédits sousde livres et chroniqueur radio. jacents », précise Laura Abbracciavento. Les Jossy Mayor taux d’intérêt étant assez avantageux avant Né en Afrique du Sud, Jossy Mayor est à la fois la crise de 2008, de nombreux ménages améLuxembourgeois et Belge. ricains avaient contracté des emprunts immoRéalisateur et producteur, biliers. « Quand le marché immobilier a il est gérant de la société Rishon Films. Certains de commencé à baisser, les taux d’intérêt, alors ses courts métrages ont été variables, ont augmenté. Les ménages ont alors primés dans des festivals vu leurs mensualités de remboursement g­ rimper internationaux. Il est également artiste plasticien. considérablement. » Ainsi est née la crise des JUIN 2022

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Conversation Laurent Moyse

DÉROULÉ DES ÉVÉNEMENTS EN 2008 03/04 : Annonce de la vente d’ABN AMRO à Fortis.

subprimes. Le marché de l’immobilier s’est effondré, les ménages ne pouvant plus rembourser leur crédit car les taux d’intérêt étaient devenus trop élevés. Pourtant, la plupart des institutions financières avaient investi dans des CDO et des CDS qui s’étaient ainsi retrouvés sans aucune valeur du jour au lendemain. Même si elles pouvaient alors bénéficier d’une notation AAA, cela ne les protégeait plus du risque de dépôt de bilan. Les hésitations américaines Malgré tout, Laura Abbracciavento ne cache pas sa surprise face à l’absence de sauvetage de Lehman Brothers par les autorités américaines lors de son aveu de faillite le 15 septembre 2008. « On avait vu la Fed intervenir

« On était au bord de la catastrophe. Ça aurait pu très mal se passer si les deux entités luxembour­ geoises avaient dû fermer leurs portes quasiment en même temps. »

15/09 : Faillite de Lehman Brothers. 16/09 : Sauvetage d’American International Group (AIG). 26/09 : Début des réunions entre les capitales européennes pour éviter la faillite de Fortis puis de Dexia. 28/09 : Sauvetage de Fortis par la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg à hauteur de 11,2 milliards d’euros. 30/09 : Sauvetage de Dexia par la France, la Belgique et le Luxembourg, recapitalisée à 6,4 milliards d’euros.

banquiers et responsables politiques qu’ils ont contactés. Le défi de trouver des témoins de premier ordre est pourtant à la hauteur de l’importance de sensibiliser sur la crise, faisant désormais partie de la culture générale financière. Jusqu’à présent, les premiers retours sur le documentaire démontrent un certain succès. Les réalisateurs peuvent en témoigner sur la base des récents commentaires reçus à la suite de la programmation du documentaire au LuxFilmFest au mois de mars. « Ceux qui connaissent la problématique de la place financière luxembourgeoise ont beaucoup apprécié la façon dont on a présenté les choses, car on est restés factuels », rapporte le réalisateur Laurent Moyse.

« Le fait que l’État soit intervenu pour sauver deux banques privées et résoudre une telle crise à l’aide d’instru­ ments financiers a fait prendre conscience aux dirigeants actuels de la nécessité d’intervenir lors de la survenance d’autres crises, qu’elles soient sanitaires, écono­ miques ou financières. »

« L’impact d’une faillite d’AIG aurait été encore plus important sur les marchés, fait remarquer Laura Abbracciavento. Le risque systémique d’AIG aurait été monumental par rapport à celui de Lehman Brothers, en raison des nombreuses et importantes participations d’AIG à l’étranger. » Selon elle, même des banques saines auraient pu s’effondrer si AIG n’avait pas été sauvée. «Avec l’effet de panique, les gens auraient perdu confiance dans le système financier dans son ensemble et, ne sachant pas reconnaître une banque solide par manque d’accès aux informations, se seraient fiés aux rumeurs, retirant leur épargne de leurs banques.» Les réalisateurs ont d’ailleurs cherché à mettre en lumière ce qui aurait pu se passer LAURENT MOYSE au Luxembourg en l’absence d’action du gouvernement. « Sans l’intervention de l’État pour aider Bear Stearns un peu avant. Elle à partir du 26 septembre, il n’est pas certain était aussi intervenue pour Freddie Mac et que Fortis Luxembourg aurait rouvert ses portes Fannie Mae, deux piliers du refinancement des le lundi matin suivant», indique Laurent Moyse. prêts immobiliers», dit-elle. Au moment de la Le témoignage de Luc Frieden, en tant qu’andéclaration de la faillite de Lehman Brothers, cien ministre du Trésor et du Budget, nous rien ne s’est passé. « L’une des raisons avan- en apprend d’ailleurs énormément sur l’état cées est que la Fed a considéré qu’il n’y avait d’esprit nécessaire pour trouver une issue LAURENT MOYSE pas assez de fonds pour continuer à sauver les à une crise de haute intensité: «Il faut surtout institutions financières. Il fallait donc bien une grande sérénité dans de tels moments, même envoyer un signal. » s’ils peuvent conduire à la panique. Il faut éviÀ noter que le documentaire ne comporte Les autorités américaines ont finalement ter cette panique à tout prix. » Et il poursuit : aucun commentaire de la part d’un narrateur revu leur point de vue. Alan Greenspan, ancien « Il faut une détermination claire pour aboutir externe. Ce qui a été un choix assumé dès le président de la Réserve fédérale américaine, à un résultat. Dans mon cas, c’était de sauver départ du côté de la réalisation du film. «Nous s’est d’ailleurs exprimé de la sorte lors d’une des banques et leurs clients, donc de prévenir avons voulu montrer les événements de 2008 en restant le plus objectifs possible. C’est pour audition le 28 octobre 2008 devant le Comité un dommage économique et social majeur. » cette raison que nous avons évité d’utiliser un de surveillance et de la réforme gouvernenarrateur en voix off, explique pour sa part mentale : « J’ai fait une erreur en pensant que Un documentaire sans voix off des organisations mues par la recherche de leur Malgré l’ampleur du travail réalisé en 2008, Jossy Mayor, coréalisateur. Dès l’écriture du intérêt privé […] étaient, pour cette raison, les il n’est pas toujours aisé de faire témoigner film, nous avions à l’esprit de faire un paralmieux à même de protéger leurs actionnaires ceux qui ont joué des rôles de premier plan. lèle avec la crise de 1929 et ce qui s’est passé et leurs investissements. » Une prise de « Néanmoins, au Luxembourg, comme beau- par la suite. » L’autre partie du public, composée de ceux conscience qui fut toutefois rapide. Le 16 sep- coup de ces personnes ne sont plus en fonction tembre 2008, au lendemain de la faillite de ou occupent d’autres postes, elles ont accepté et celles qui n’ont aucune relation avec le Lehman Brothers, la Fed décidait d’injecter de parler, et certaines même avec beaucoup de monde de la finance, est allée voir le film avec 85 milliards de dollars dans le géant de l’as- détails », déclare Laurent Moyse. Côté belge, l’appréhension de savoir s’ils allaient le comsurance American International Group (AIG), les réalisateurs se sont par contre retrouvés prendre, dans la crainte qu’il soit trop techface à une fin de non-recevoir de la part des nique. «Mais comme on a privilégié une approche au bord de la faillite à son tour. 60

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PUBLIREPORTAGE

Cécile Arrecgros, internal coach / confidential adviser within Loyens & Loeff Luxembourg

It’s all about your personality, and we mean it! Loyens & Loeff puts people at the heart of its business and creates an inspiring and fun place to work. Having an internal coach/confidential adviser shows the firm’s strong commitment to that statement, in total alignment with our Further-Better-Together motto. We all deserve to enjoy a healthy workplace, respectful of its people’s well-being, as we all deserve a chance to develop, grow, change. Coaching will help our people reach their goals and ambitions. Having an internal coach will guide and support them through their professional journey at the firm, from the onboarding period and throughout the stages of their career, or when they are struggling in specific areas such as communication, feedback, and team management. Coaching will also have a significant impact on stress management, burn-out prevention, and will help them find the right balance between professional and private life.

It is important to trust and respect each other both professionally and personally. At Loyens & Loeff inappropriate conducts are banned from our values and having a confidential adviser within the office aims at making it more concrete and helps to create an inclusive and open workspace where people can express themselves and discuss their concerns freely. We strongly believe that acting on an individual level has an impact on the group. Working on self-awareness (strengths, weaknesses, behaviours), self-limiting belief, self-esteem, proposing different angles of reflection, is a game changer. It creates a virtuous circle on both individual and organisation levels. At the end of the day, it is all about remembering one thing: you are the one that has the power in your life. MORE ABOUT THIS INITIATIVE? CONTACT CÉCILE ARRECGROS Internal Coach / Confidential Adviser cecile.arrecgros@loyensloeff.com T +352 466 230


Conversation Laurent Moyse

quelque chose que l’on n’a pas vu venir, surtout premiers effets. «Dans certains secteurs, ça a sous l’angle de la force avec laquelle cela inter- déjà commencé.» vient. » Le lien qu’observe Luc Frieden entre Face au risque de surendettement qui touche 2008 et aujourd’hui se limite tout de même désormais les particuliers et les entreprises, au fait que, selon lui, une crise bancaire et Luc Frieden n’hésite pas à citer l’exemple de financière d’une telle ampleur ne pourrait la pandémie où les banques ont joué «un rôle plus se reproduire aussi facilement que par substantiel de soutien à l’économie » avec, par D’une crise à une autre exemple, des moratoires sur les rembourseLes réalisateurs avaient débuté le projet du ments de certains crédits. Avec la crise géopolitique partie pour durer et les prix de documentaire avant l’émergence du Covid-19. Ils ne s’attendaient donc pas à ce que leur film l’énergie qui flambent, «il est normal que, dans sorte dans les salles dans un contexte ambiant ce cas, la solidarité nationale mais aussi les banques jouent un rôle important. » Faisant de crise économique larvée, catalysée par la mention d’« une situation difficile dont on ne pandémie, l’invasion de l’Ukraine par la Rusvoit pas encore toutes les dimensions », Luc sie et les répercussions macroéconomiques Frieden insiste par contre sur l’importance qui en découlent, telles la surchauffe inflationniste ou les incertitudes de l’approvisionpour les États d’avoir des finances publiques nement en énergie et matières premières. saines. «Si, en 2008, nous avons pu intervenir Même si le but du film n’était pas d’opérer un massivement, c’est parce que nous avions les moyens de le faire. Nous avions une capacité parallèle entre la période actuelle et celle de d’endettement qui était bonne. » 2008, force est de constater, après l’avoir La situation a bien changé de nos jours visionné, qu’il peut servir d’inspiration pour LUC FRIEDEN avec le Luxembourg, qui connaît l’un de ses faire face aux temps présents. Laurent Moyse en est convaincu. «Le fait que l’État soit intervenu pour sauver deux banques privées et résoudre le passé. « Le risque est moins élevé, puisqu’à une telle crise à l’aide d’instruments financiers la suite de la crise de 2008, nous avons introduit, au niveau politique, bon nombre de nouvelles règles qui rendent les banques plus fortes. Ce qui fait que les banques sont devenues un peu moins rentables, mais c’est notamment grâce à toutes les conditions en matière de capitaux et de fonds propres qu’elles sont plus robustes aujourd’hui. » À cela, il ajoute et insiste sur le renforcement de la supervision européenne qui s’est poursuivie par la suite. « Nous avons fait en sorte d’éviter que des entités, par le fait qu’elles sont actives dans plusieurs pays, ne soient pas correctement surveillées, alors qu’elles pourraient l’être sur le plan national, mais pas sur le plan européen. » Même si Luc Frieden admet qu’une crise est toujours possible, il reste « profondément convaincu » que tout le travail réglementaire effectué au cours des 15 dernières années fait que «le risque est aujourd’hui beaucoup moins élevé parce que, structurellement, le secteur financier est plus fort ». À titre d’exemple, il LUC FRIEDEN cite les conditions pour accorder des crédits devenues plus strictes. niveaux d’endettement les plus élevés depuis Aux yeux de l’ancien ministre, les banques la Seconde Guerre mondiale, avec une dette sont donc davantage à même de faire face à publique qui atteint 18,52% du PIB (au 30 avril toute éventualité de crise. «La crise que nous 2022, ndlr) et pouvant encore grimper à 25,4% vivons actuellement touchera d’abord l’économie cette année, selon les dernières prévisions. réelle avec les prix de l’énergie et les problèmes de Bien qu’inférieure au seuil critique de 30 %, LAURA ABBRACCIAVENTO supply chains.» Ce qui ne l’empêche en revanche la dette publique luxembourgeoise reste saine pas d’identifier un risque pour les institutions par rapport à la moyenne de 95,6 % au sein a fait prendre conscience aux dirigeants actuels bancaires à moyen terme. «Les banques sont là de la zone euro. de la nécessité d’intervenir lors de la survenance pour soutenir l’économie, mais quand l’économie d’autres crises, qu’elles soient sanitaires, éco- ne fait plus rien, car elle ne peut plus produire nomiques ou financières. » ou qu’il y a moins d’investissements, l’impact Du fait de son expérience, Luc Frieden a, pour les banques vient alors en deuxième lieu.» pour sa part, une lecture très large des crises. À la différence de la crise de 2008 où le secteur «Toutes les crises se ressemblent, commente-t-il. financier était le problème, c’est du côté de Il y a à chaque fois un élément d’incertitude, l’économie de production que proviendront les extrêmement pédagogique, ils ont beaucoup aimé le film parce qu’ils ont très bien compris, à la fois, l’enjeu de la crise, le déroulement et les conséquences, observe Laurent Moyse. On a donc réussi à séduire le grand public et pas seulement des spécialistes de la finance. »

« Le risque est aujourd’hui beaucoup moins élevé parce que, structurellement, le secteur financier est plus fort. »

« Avec l’effet de panique, les gens auraient perdu confiance dans le système financier dans son ensemble et, ne sachant pas reconnaître une banque solide par manque d’accès aux informations, se seraient fiés aux rumeurs, retirant leur épargne de leurs banques. »

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« Les banques sont là pour soutenir l’économie, mais quand l’économie ne fait plus rien, car elle ne peut plus produire ou qu’il y a moins d’investis­ sements, l’impact pour les banques vient alors en deuxième lieu. »


APÉRO TALK ÉDUCATION, TALENT & LEADERSHIP AVEC CLAUDE MEISCH Programme • Welcome cocktail (18 h 30) • Conversation avec Claude Meisch (19 h 00) • Networking walking cocktail (20 h 00)

Nathalie Reuter Directrice des développements éditoriaux, Maison Moderne

21.06

Mardi

The Car’Tell, Luxembourg-Hollerich

Claude Meisch Ministre de l’Éducation

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Pascal Cieslewicz est à la tête de l’entreprise Securex depuis deux ans.

Ressources humaines

S’appuyer sur un HR Business Partner

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Dans le domaine des ressources humaines, les entreprises font face à de nombreux challenges. L’un d’eux concerne les chan­ gements légaux qui se sont multipliés ces dernières années. Les employeurs cherchent, par exemple, encore à obtenir des recommandations au sujet des primes participatives relatives aux salaires. Ils souhaitent les instaurer en toute confiance pour fidéliser les talents tout en optimisant leur coût salarial. Un autre exemple plus mar­ quant est celui de la mise en place et du suivi du chômage partiel pendant la crise.

«Les sociétés sont plus que jamais à la recherche de conseils et d’un guide leur permettant de se décharger de cette pression», explique Pascal Cieslewicz, Managing Director chez Securex. Un autre défi de taille pour les employeurs concerne la paie. Certaines structures comptant jusqu’à 200 per­ sonnes avaient pour habitude de traiter ce volet en interne. Avec le Covid et les absences de certains collaborateurs, ce processus a parfois été mis à mal. « La priorité stratégique a donc évolué dans bon nombre de ces sociétés et nous avons

connu une forte demande pour prendre en charge cette tâche. » Enfin, les entreprises com­ posent aujourd’hui avec un marché tendu et rencon­ trent des difficultés à recruter des experts capables de faire le lien entre la théorie et la pratique. Elles doivent égale­ ment faire face à la digitali­ sation de certains outils RH et à leur expérimentation avec plus ou moins d’efficacité. Une expertise internationale au service des entreprises locales Grâce à son équipe, l’entre­ prise Securex est en mesure

Photo

Plus que d’un conseil, les entreprises sont à la recherche d’un partenaire capable de les aider dans leurs problématiques RH. En guise de réponse, Securex développe une approche 360°.

Eva Krins (Maison Moderne)

Contenu sponsorisé par SECUREX


BRAND VOICE

SECUREX EN QUELQUES CHIFFRES de traiter ces différentes pro­blématiques et d’y apporter des réponses. « Nos collaborateurs peuvent accompagner les sociétés, des PME aux multi­ nationales, ne disposant pas des ressources nécessaires, afin d’assurer la gestion de ce volet humain et faire le lien entre les régulations locales et les politiques RH. » Créé en 1905 en Belgique, le groupe Securex a renforcé sa présence au Luxembourg il y a 20 ans, tout en mettant l’accent sur les ressources humaines opérationnelles. L’entité luxembourgeoise s’occupe en effet de la veille légale en droit social, du calcul des salaires, de la consultance RH, de la mobilité (gestion de la flotte de véhicules) et de la fourniture d’un SIRH (Système d’information de gestion des RH). Grâce à la présence du groupe dans des pays tels que la Belgique, la France, les Pays-Bas ou l’Espagne, Securex assure également la gestion des salaires internationaux. Une problématique renfor­cée par la mise en place du télétravail. « Nous sommes prêts pour la fin du gel des accords bilatéraux avec les pays frontaliers, car nous sommes justement actifs dans ces derniers. » Renforcer son rôle de partenaire multiservice Excellence, engagement, confiance, respect et esprit d’équipe sont les valeurs sur lesquelles les collabora­ teurs de Securex reposent leur accompagnement.

« Les entreprises sont plus que jamais à la recherche de conseils et d’un guide. » Pascal Cieslewicz Managing Director chez Securex

« Nous avons pour habitude de travailler main dans la main et unissons nos compétences au service du client. Ce dernier peut s’appuyer sur une personne de contact, elle-même en lien étroit avec d’autres services : légal, mobilité, experts RH, etc. Mettre à disposition des entreprises notre panel de compétences fait partie de notre ADN. Cela rassure nos clients. » Pour répondre au mieux aux besoins RH exprimés par les entreprises au Luxem­ bourg, l’entreprise a dévelop­ pé son offre de services au fil des ans. « Nous étions au départ une société de paie. Depuis quatre ans, nous avons évolué pour devenir un ‘HR Business Partner’ et souhaitons renforcer ce rôle. Si le service paie nous permet encore aujourd’hui de répondre à une première demande, nos autres expertises offrent la possibilité à ces entreprises de traiter en parallèle plusieurs de leurs problématiques : gérer les dossiers INFPC, établir une car policy ou disposer d’un outil RH performant, notamment. » Pour Pascal Cieslewicz, ce « conseil RH global » est donc primordial pour aider les clients qui pensent avoir uniquement un besoin régle­ mentaire. Ce que l’entreprise souhaite, c’est assurer le lien entre la théorie et la pratique. Cette approche se traduit notamment par la création d’OFFICIENT, un outil RH. « L’innovation ne nous fait pas peur. Nous étions parmi les premiers à proposer des fiches de salaire dématérialisées il y a une dizaine d’années. Alors qu’à l’époque, le concept n’avait pas trouvé le succès espéré sur le marché, nos équipes ont cherché à améliorer le pro­duit, qui représente aujourd’hui une solution standard pour une très grande majorité de nos clients (95 %). » Ciblant les TPE et PME, OFFICIENT se veut simple d’utilisation, fluide et adapté au marché luxembourgeois. En plus de la gestion des données du personnel, il comprend celle des congés

et notes de frais, de la perfor­ mance, ainsi que la possibilité de créer et signer électronique­ ment tout document RH utile. « Cet outil peut aussi être intégré à notre système de paie, qui récupère automatiquement les informations nécessaires. De son côté, le salarié accède très facilement à ses congés via son smartphone. Le design simple et efficace, ainsi que la technologie sont réunis », se réjouit Pascal Cieslewicz.

1 000 Au Luxembourg, Securex accompagne 1 000 entreprises, des PME aux multi­ nationales.

60 L’entreprise a vu ses effectifs augmenter, passant de 4 à 60 personnes en 15 ans.

L’humain et les services au cœur de la stratégie À la tête de l’entreprise depuis deux ans, le Managing Director a souhaité s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur et souligne le rôle de Securex comme un acteur reconnu pour les services RH globaux. « En plus d’être perçus comme une référence sur le marché, nous voulons apporter du bonheur à nos collaborateurs. Notre souhait est qu’ils prennent du plaisir à travailler ici et qu’ils gagnent en compétences. Nous avons un ADN de société formatrice et n’hésitons pas à apprendre le métier à nos talents. » Ces derniers, formés entre autres à l’auto-­ organisation, bénéficient d’une certaine liberté pour organiser leur temps de travail tout en maintenant leurs responsabili­ tés vis-à-vis des clients. Cette approche, ainsi que le manage­ ment participatif et transparent privilégié par l’entreprise lui permettent de faire face à un faible turnover (moins de 5 % ces deux dernières années). Aujourd’hui, l’ambition est de structurer la croissance importante de l’entreprise.

80-20 Parmi ses collaborateurs, Securex compte 80 % de femmes et 20 % d’hommes.

20 000 Chaque mois, 20 000 fiches de paie sont traitées par les équipes de Securex.

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Débat public Quand on parle de crédit, beaucoup d’entre nous pensent immédiatement au crédit hypothécaire ayant payé leur maison ou appartement, à leur crédit à la consommation ayant financé leur véhicule ou le mobilier de leur salon, ou encore au crédit permettant à leurs enfants de suivre des études supérieures. Le crédit permet également à nos entreprises, petites et grandes, de financer leur lancement, leur fonctionnement au quotidien ainsi que leurs développement et expansion. Le Luxembourg, en tant que place financière tournée vers l’extérieur, a un rôle primordial à jouer dans le crédit interna­ tional, que ce soit à destination des particuliers ou des entreprises. Alors que, pour les particuliers, les banques fournissent une grande partie des crédits, concernant les crédits aux entreprises, à côté des banques, on retrouve de plus en plus de fournisseurs de crédit alternatifs, comme les fonds d’investissement, les private equities, les plateformes de prêt, entre autres. Le législateur lux­embourgeois a bien compris, dans ce contexte, l’importance pour la place financière de disposer d’un cadre législatif et régle­ men­taire attractif, flexible, mais également sûr, afin de permettre aux professionnels luxembourgeois de jouer un rôle de premier plan dans la finance internationale. Et aux entreprises nationales et mondiales d’obtenir les financements nécessaires au dévelop­ pement de leurs activités.

Nicki Kayser

National managing partner, Linklaters LLP Luxembourg À défaut, on ne pourrait s’imaginer ni la réalisation de projets immobiliers majeurs, que ce soit au Luxembourg ou à l’étranger, dans lesquels des prêteurs ou emprunteurs luxembourgeois sont impliqués, ni le développement d’activités d’exploration ou d’exploitation de ressources, pour le moment exclusivement localisées sur la planète Terre, et, peut-être, dans un futur proche, dans l’espace. À ce jour, le Luxembourg est en bonne position dans le domaine du crédit international grâce à sa législation prévisible et flexible pour les prêteurs, notamment par la transposition opportune de la directive européenne sur les garanties financières ou par l’introduction de la garantie professionnelle de paiement. Le Luxembourg dispose également d’une législation sur la titrisation efficace et sûre qui permet de transférer aux marchés financiers le risque de prêts octroyés, afin que les prêteurs puissent continuer à financer les entreprises et l’économie. L’humanité devant se tourner par nécessité vers une économie écologiquement et socialement durable, le crédit international n’échappe pas à cette tendance. Le Luxembourg dispose d’une belle carte à jouer dans ce domaine. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne une carte blanche aux représentants de la société privée. Si vous voulez témoigner, contactez la rédaction de Paperjam à l’adresse suivante : temoignage@paperjam.lu. Photo MATIC ZORMAN

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NOVEMBRE MARS 2020 2021

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Enjeux

40

Le running, un business de fond 11.000 10.000

10.000

10.000 9.000 8.000

8.000

8.000

8.000

7.000 NOMBRE D’INSCRITS AU MARATHON DE LUXEMBOURG

Pour sa santé, la performance, l’envie de liberté ou le simple plaisir… Seul, avec des amis, des col­lègues… Les coureurs amateurs n’ont jamais été aussi nombreux, et le sont toujours plus d’une année à l’autre. Un peloton devenu, pour les grandes marques d’équipement sportif, bien plus intéressant que les fans de foot ou les cyclistes du dimanche.

5.000

0 2006 68

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2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014


SOMMAIRE 70

La chaussure se taille la part du lion Comment la chaussure de course est-elle devenue un élément principal des rayons des magasins spécialisés ? 72

16.000

« On ne devient pas millionnaire avec ce marathon »

16.000

Interview du CEO de Step by Step, Erich François, société organisatrice de l’ING Night Marathon.

15.000 14.000

74

Liberté et performance Pourquoi les runners courentils donc, et dans quel but ?

12.000

76

Businessmen et marathoniens

11.000

Concilier vie professionnelle et grandes compétitions, c’est possible. 78

Ce qui fait courir les marques

Une croissance régulière jusqu’à la pandémie Depuis sa première édition en 2006, le marathon de Luxembourg a connu une croissance du nombre d’inscrits, à l’image de celle des adeptes du running dans la société. Sans la pandémie, il aurait dû atteindre les 17.000 inscrits en 2020. Aujourd’hui, après deux reports successifs, la relance est compliquée.

La course à pied est devenue un support incontournable de commu­nication pour les marques. 80

La technologie et le style Sélection des équipements dernier cri pour améliorer ses performances.

LE SAVIEZ-VOUS ?

6

Le tennis a les 4 grands tournois du Grand Chelem. Le marathon a ses World Marathon Majors : Boston (le plus ancien), Berlin, New York, Chicago, Londres et Tokyo (depuis 2013).

2015

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Commerce

La chaussure se taille la part du lion

Cela fait bien longtemps que les équipementiers sportifs ont senti que le développement du running était synonyme de filon à haut potentiel commercial. Dans les magasins spécialisés ou généralistes, la gamme des produits ne cesse de prendre de la place. Avec un produit phare : la chaussure de course.

Tous les spécialistes de la course à pied vous le diront: les chaussures de running se font de plus en plus légères. Tous les spécialistes du marketing vous le diront aussi : le business autour de ce sport pèse pour sa part de plus en plus lourd. Plus de 8,2 millions de paires vendues chaque année en France Certains chiffres collectés – peu accessibles pour le seul marché luxembourgeois, trop petit sans doute – sont éloquents. En France, le marché de la course à pied (chaussures, accessoires, textile…) s’élevait à 850 millions d’euros, a calculé en 2021 l’Union Sport & Cycle, qui réunit plus de 1.200 entreprises de la filière du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité active. C’est deux fois plus que le football ! Chaque année, plus de 8,2 millions de paires de chaussures de course à pied sont vendues dans l’Hexagone. Dans son budget annuel moyen (564 euros pour un homme, 388 pour une femme) englobant tous les produits et les inscriptions aux courses, le coureur prévoit 171 euros pour être bien chaussé. Du pain béni pour les firmes commerciales 70

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puisque, cerise sur le gâteau, les achats de chaussures de running semblent concerner toutes les tranches d’âge – 7 % des produits étant par exemple vendus à des moins de 14 ans – et sont parfaitement équilibrés entre les sexes. De plus, ces chaussures de course ne séduisent pas que les coureurs : une paire sur cinq est utilisée pour le loisir ou pour aller

12,7 MILLIONS

En 2020, la plateforme communautaire Running Heroes et l’Union Sport & Cycle estimaient à 12,7 millions le nombre de pratiquants du running en France ayant entre 18 et 75 ans.

t­ ravailler. Enfin, le marché est très dynamique. Certes, 2020 a mis en lumière une baisse des ventes à hauteur de 4 %, surtout due à la fermeture des magasins et compensée par un bond des ventes sur internet. Mais la reprise a été immédiate, directement liée à un appétit de grand air après le confinement. La France fait-elle figure d’exception? Pas du tout. L’institut d’études de marché allemand Dietmar Brandl a ainsi calculé que le running représentait désormais 7% du puissant marché du sport allemand. Mais aussi que les chaussures de course devenaient de plus en plus des objets lifestyle: outre-Rhin, en 2019, cinq des dix chaussures de sport les plus vendues étaient des chaussures de course. Peters Sports a pris les devants La chaussure de running a-t-elle aussi le vent en poupe au Luxembourg? Pour le savoir, il faut sortir du centre de Luxembourg-ville et prendre la direction d’Howald, pour arriver à la rue des Joncs. Ce lacet en bordure de l’A1 forme une sorte de mini-zoning dans un plus grand zoning, avec des bâtiments identiques les uns aux autres, fonctionnels à défaut d’être esthétiques. Ce n’est pas vraiment l’endroit où l’on s’attend à trouver un temple. Pourtant, c’est bien là que se situe celui des coureurs à pied: Peters Sports. Créé en 1990, le magasin a d’abord accueilli les clients à Strassen, puis Merl, avant de rejoindre le zoning Ronnebesch en 1997. Le parti pris a été radical dès le départ, avec la volonté de se spécialiser dans les produits destinés aux coureurs à pied et le matériel de natation pour les triathlètes. Nico Peters, ancien kayakiste de niveau international et fondateur du magasin, aime d’ailleurs à rappeler « que nous sommes les seuls à être aussi pointus au Luxembourg». La comparaison avec des magasins multisports qu’il respecte «mais qui ne font pas la même chose que nous » le mettra assez logiquement de méchante humeur. Son pari de l’hyperspécialisation s’est en tout cas avéré payant. L’explication tient en plusieurs points. Tout d’abord, la qualité du conseil. «Tous les vendeurs sont des coureurs à pied ou des sportifs, qui connaissent donc parfaitement les produits», explique Nico Peters. Des sportifs qui ont, pour la plupart, flirté avec le très haut niveau. Ensuite, la qualité du service. Peters Sports a par exemple été le premier à proposer une analyse du pied afin de déterminer le choix de ses chaussures. Enfin, la gamme des produits est très large, permettant un choix quasi sur mesure en fonction du niveau et des besoins du client-coureur. «La gamme s’est en effet élargie généreusement au fil du temps. Mais une chose n’a pas changé: le coureur ‘débutant’ arrive chez nous avec la volonté de mettre du budget dans le textile – short, t-shirt... – avant de se rendre compte que ce sont les chaussures qui sont les plus importantes », explique Arno Kuster, employé chez Peters


Enjeux Running

73 % Le confinement suite à la crise sanitaire a été un incitant pour beaucoup à se mettre à la course à pied. Selon les chiffres de l’Observatoire du running pour 2022, 73 % de ces néophytes ont continué à courir par la suite.

Sports depuis 25 ans. Amateur de chemins forestiers ou plutôt du macadam, supinateur ou pronateur, privilégiant le rebondi, le maintien du pied ou le confort, chaque coureur doit trouver chaussure à son pied. Cela en tenant compte de son poids, du nombre de sorties par semaine, des kilomètres avalés… Une équation à plusieurs inconnues pas toujours simple à résoudre. «Nous sommes là pour cela, poursuit Arno Kuster. Outre le test du pied, nous pouvons ensuite orienter le client et nous lui proposons un essai. Comme nous sommes tous coureurs, nous connaissons très bien les produits.» Et les marques proposent régulièrement des formations et autres séminaires pour maîtriser à la perfection les dernières avancées technologiques. L’enjeu est de taille puisque les amateurs de course à pied sont de plus en plus nombreux. «C’est ce que je constate en tout cas. Les profils évoluent aussi. Par le passé, les coureurs étaient des compétiteurs, des athlètes… Maintenant, c’est très différent, la course à pied attire fortement les non-compétiteurs, qui ont comme principale motivation le maintien de leur bonne santé plus que la performance pure.» Ceux-là ont besoin d’une bonne chaussure, sous peine de se blesser et ensuite de se décourager. « Mal au genou, à la hanche… De nombreux clients arrivent chez nous car ils ont d’abord été dans un ‘supermarché’ des produits sportifs et ont couru avec ce qu’il ne fallait pas», confirme Arno Kuster. Qui trouvera toujours le bon produit pour la bonne personne, les marques ‘historiques’ comme Brooks ou ­Saucony ne cessant d’innover, tandis que de nouveaux acteurs comme True Motion ou la chinoise 61°, qui ne cesse de monter en puissance dans les pelotons, enrichissent encore les choix possibles. Sans oublier le look, puisque le design est toujours plus soigné et original, les couleurs audacieuses. « Stop, lance Arno Kuster. L’aspect ne compte pas. On dit toujours qu’une chaussure de course s’achète les yeux fermés, seul le ressenti du pied est important. »

d’affaires de l’entreprise. L’achat, s’il est important, implique d’y consacrer un budget certain, environ 140 euros pour l’accès au milieu de gamme. « Il ne faut pas perdre de vue non plus que les chaussures ont une durée de vie limitée. Après 600 ou 800 kilomètres, elles perdent leurs qualités. C’est un paramètre souvent ignoré des débutants. Évidemment, un t-shirt ou un short aura une durée de vie sans doute plus longue », conclut Arno Kuster. Des pénuries se font sentir Si Peters Sports est unique en son genre au Luxembourg, il a son pendant belge guère éloigné de la frontière. À Bastogne, Run­Addiction existe depuis bientôt 6 ans. Pascal Pfeiffer a lui aussi fait le choix de l’hyperspécialisation. «Ce n’est pas parce que je sentais que le running devenait de plus en plus populaire et qu’il y avait là une opportunité commerciale, dit-il. J’ai, comme beaucoup, choisi de changer d’orientation professionnelle. Étant moi-même coureur, on me demandait souvent des conseils, et j’aimais en donner. C’est donc devenu mon métier. » Le choix du cœur, pas celui du portefeuille. «Même si la course à pied a de plus en plus d’adeptes, la vie dans le commerce n’est pas simple. Évidemment, ma localisation, à Bastogne, joue un rôle à ce niveau. Je n’ai ni la même visibilité ni le même potentiel de clients que dans une grande ville.» La meilleure des publicités a été le boucheà-oreille qui a véhiculé le professionnalisme de Pascal Pfeiffer. « Je ne tiens compte que de mon client. Si je le conseille mal, il risque de se blesser et d’être dégoûté. J’écoute ce qu’il me dit de lui, de ses objectifs, et on opère une sélection. Le budget peut évidemment être un critère, mais pas le principal», explique-t-il. Les chaussures sont testées sur tapis, la foulée analysée. Ce que Pascal peut aussi faire chez vous, sur rendez-vous, en venant avec son matériel à domicile. «C’est un service que j’ai développé durant le confinement et qui a eu du succès. Mais ensuite, plus du tout. C’est curieux.» Les chaussures demeurent évidemment pour lui aussi au sommet des ventes. «Cela doit être la priorité du coureur, surtout du débutant. Bon, je ne dis pas que le textile ne compte pas, mais dans un premier temps, c’est moins important. Les chaussures sont de petites merveilles technologiques. Avant la sortie des nouvelles collections, nous avons des formations, qui nous aident évidemment à nous tenir à jour», conclut-il, sans vouloir révéler le nombre de paires vendues chaque année. Mais en espérant maintenir ses ventes au même niveau au cours des mois à venir «alors que des pénuries se font réellement sentir. Je n’ai certains modèles qu’en un seul exemplaire par pointure. S’il est vendu, je ne peux parfois plus commander à nouveau.»

140 euros en moyenne pour l’accès au milieu de gamme Et si Peters Sports vend aussi du textile, de nom-­ breux accessoires, des aliments, des combis Un avenir radieux de nage en eau libre, notamment, ce sont bien «La chaussure de course à pied, c’est environ 30% les chaussures qui restent le moteur du chiffre du chiffre d’affaires de l’ensemble du département

Être bien coaché pour être bien affûté Le développement de la course à pied a contribué aussi à celui de nouveaux métiers. Diplômé en motricité mais aussi triathlète, coureur et traileur de haut niveau, François Reding a créé Running Concept voici quelques années déjà. Coach sportif au sens large, il distille ses conseils principalement aux coureurs et aux triathlètes du sud de la Belgique et du Luxembourg. Ceux-ci peuvent progresser en bénéficiant d’un encadrement sur mesure. Selon l’âge, les objectifs et le nombre de sorties possibles par semaine, le coach propose un plan d’entraînement adapté et équilibré, pouvant inclure de la natation, du vélo ou du renforcement musculaire. Régulièrement, les coureurs lui envoient par mail les résultats de certains exercices tests, afin d’adapter leur plan de la manière la plus précise possible. Mais Running Concept propose aussi des sorties en groupe ou des boot camps. Une simplicité maximale pour une efficacité optimale.

Chaussures», confie Raphael Lentzen, adjoint à la direction d’Asport, mais aussi responsable des achats de chaussures de running. Son enseigne est «multisport, en effet. Mais nous avons tout de même une spécialisation dans les domaines du football, du fitness et du running.» La course à pied prend en tout cas de plus en plus d’importance. Un partenariat a donc été conclu avec une firme allemande pour mener les analyses de pieds. « Nos vendeurs sont aussi, pour la plupart, des pratiquants. » Ceux-ci voient de plus en plus de coureurs débutants passer la porte des magasins. «C’est une bonne chose car le plaisir de la course à pied passe par un équipement de qualité. Un coureur expérimenté saura ce dont il a besoin, un novice pas du tout. Notre rôle de conseil est donc fondamental. Après analyse et discussion, on essaie de proposer trois choix au client », explique encore Raphael Lentzen. Qui pense que ceux-ci seront plus nombreux encore à l’avenir. «La tendance du Covid, c’était d’être dehors, pour s’aérer, pour la notion de liberté… De nombreuses personnes ont redécouvert le plaisir de sortir, de faire du sport et se sont souvenues que le pays recelait de beaux endroits. Cela semble perdurer. » La course à pied va donc connaître sans doute encore quelques beaux jours. Les ventes de chaussures aussi.

Auteur NICOLAS LÉONARD

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Le marathon, une entreprise en soi

« On ne devient pas millionnaire avec ce marathon » L’ING Night Marathon effectue son retour le 28 mai, après deux annulations successives. Une situation qui a fragilisé Step by Step, la société organisatrice, et son CEO, Erich François. Mais n’a, en aucun cas, anéanti les ambitions de ce dernier.

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À quoi ont ressemblé ces deux dernières années en pratique ? Nous avons travaillé comme si le marathon allait avoir lieu, les annulations n’arrivant, à chaque fois, que tardivement. J’ai aussi travaillé sur un nouveau parcours pour l’édition 2021, avant d’en dessiner un autre pour 2022. Ce dernier m’a pris un an et demi. Il a fallu tenir compte d’un tas de détails, des avancées du tram, etc. Et tout cela sans rentrées financières. Heureusement, un grand nombre de coureurs nous ont supportés, en acceptant de transférer leur dossard d’une édition à l’autre, ne réclamant donc pas de remboursement. Je leur en suis vraiment reconnaissant.

« Il y a sans doute moyen d’avoir une rentabilité intéressante à partir de 20.000 participants. » ERICH FRANÇOIS CEO Step by Step

Comment expliquez-vous ce phénomène ? Pour moi, cette diminution est majoritairement due au fait que les différents groupes d’entraînement présents en entreprise n’ont pas fonctionné normalement ces derniers mois. Le running a beau être un sport individuel, on s’entraîne collectivement… On n’a jamais ­vendu autant de paires de baskets que durant la crise sanitaire. Tout le monde a commencé à courir. Mais tous ces nouveaux amateurs de course à pied ne se sentent pas encore prêts pour une épreuve comme la nôtre. D’ailleurs, si l’on compare aux dernières éditions, ce sont majoritairement des semi-marathoniens qui manquent à l’appel… Néanmoins, je suis persuadé que toutes ces nouvelles paires de chaussures, on les verra un jour chez nous. À mon sens, en 2023, nous serons de retour à notre niveau d’avant la crise sanitaire.

Romain Gamba

2022 est censée être l’année de la relance. Or, la situation est à nouveau compliquée… Effectivement. Nous en sommes à 12.000 coureurs inscrits, en deçà des 16.000 de 2018 et 2019. Mais cela n’est pas propre à L ­ uxembourg. C’est le cas pour tous les marathons : Paris, Hambourg, etc. Habituellement, nous affichons complet dès février…

Photo

Quand on gère une entreprise dont l’activité d’une année se joue pour ainsi dire sur un seul événement, et que celui-ci se trouve être annulé durant deux années consécutives, comment survit-on ? Je ne vous cache pas que cela a été compliqué. Et rien n’aurait été possible sans le secours de notre sponsor principal, ING, et de l’État. En 2020, le premier nous a soutenus financièrement à un niveau supérieur à ce qu’il était tenu de faire contractuellement. L’année suivante, j’ai réussi à contracter une assurance qui a été d’une aide précieuse. Mais lorsque je repense à 2021, je ne peux que saluer a ­ ussi le travail effectué par le ministère des Classes moyennes. Nous avons été épaulés financièrement, avec le chômage partiel mis en place par le gouvernement notamment, qui a servi pour mes employés (cinq à plein temps, deux à temps partiel, ndlr). Mais l’aide du ministre des Classes moyennes, Lex Delles, a été au-­ delà de cela. Il est venu nous voir, il a posé des questions, il a entendu nos réponses et, ensuite, il a agi, trouvé des solutions. J’avoue que cela m’a un peu surpris, parce qu’on n’a pas toujours l’habitude qu’il en soit ainsi…

Financièrement, quelle était votre situation au moment de terminer 2021 ? Nous étions en déficit. Tout comme lors de l’exercice précédent. Et en ce qui concerne cette année 2022, j’espère peut-être terminer à l’équilibre. Mais je vous avoue que je suis plutôt pessimiste à ce niveau-là, compte tenu notamment du nombre d’inscriptions enregistrées pour le marathon. Heureusement, à côté de Step by Step, mon entreprise événementielle, j’ai d’autres activités. Je suis photographe pour l’industrie, et puis je possède aussi Zephyr, une société active dans le domaine éolien. Cette dernière m’a apporté une vraie bouffée d’air, sans toutefois réussir à compenser le reste. Mais, malgré tout cela, je n’ai jamais songé à mettre la clé sous la porte. J’ai toujours eu la certitude que la situation allait évoluer et redevenir favorable.


Enjeux Running

N’y a-t-il pas aussi un changement d’idéologie chez certains coureurs, ces derniers cherchant des événements moins urbains, plus en lien avec la nature ? Je ne pense pas. On a effectivement vu un tel phénomène se développer durant la pandémie. Mais, selon moi, le public va continuer à vouloir participer aux grands événements. Le monde va à nouveau attirer le monde. Et plus un événement va (re)prendre de l’ampleur, plus il aura de nouveaux participants.

Source

Step by Step

Avez-vous perdu des partenaires durant la crise sanitaire ? Non, j’en ai même trouvé deux nouveaux: les assurances Foyer et les supermarchés Match, qui remplacent Delhaize, dont le contrat s’était achevé en 2019. Ils nous ont rejoints en pleine crise sanitaire. Un beau geste. Tout comme celui d’ING, qui a paraphé une prolongation de cinq ans.

RÉPARTITION DU BUDGET ING Ville de Luxembourg Frais d’inscription des coureurs Merchandising Autres sponsors

18,7 %

18,7 %

21,4 %

3,7 %

1,4 %

BUDGET 2019 1,6 million d'euros

40 %

18,7 %

Si ce ne sont pas les gains Le budget est-il au même niveau qui vous motivent, c’est la passion ? que lors des dernières éditions ? Pour le marathon, oui. Et à côté, j’ai mes autres Non. Au vu de ce qui se passait ailleurs, nous activités professionnelles… Si l’on organisait savions que nous aurions moins de coureurs une épreuve avec par exemple une simple arche qu’en 2019. Mais sans vraiment pouvoir déter- de départ en plastique, une arrivée en extéminer le niveau de cette diminution. Du coup, rieur – elle a lieu aujourd’hui dans Luxexpo –, notre budget a été fixé à la baisse, de plus ou sans musique dans la ville, on réaliserait de moins 200.000 euros, passant de 1,6 à ­environ gros bénéfices. Mais avec cette course, je veux 1,4 million d’euros. Une différence qui ne se organiser un événement de haut niveau. Du verra pas le jour du marathon. Tout simple- coup, quand mes rentrées augmentent, j’ai ment parce que les secteurs dans lesquels tendance à les réinjecter dans l’organisation. nous avons coupé, assez naturellement, se Parce que la qualité de celle-ci est un élément situent en amont du jour J. Ainsi, le montant primordial si vous voulez attirer les athlètes. réservé à la publicité a été moins important, Avec une épreuve comme la nôtre, il y a sans parce que certains autres marathons, où nous doute moyen d’avoir une rentabilité intéresétions présents habituellement afin de nous sante à partir de 20.000 coureurs. présenter, n’ont pas eu lieu à l’automne. Autre exemple : nous avons décidé de nous passer Vous envisagez un marathon cette année des coureurs africains profession- d’un niveau encore supérieur ? nels. Principalement parce que tout n’était C’est ce que je voudrais, oui. Il ne faut pas oublier pas clair pour eux au niveau sanitaire, en d’où nous venons. En 2006, pour la première termes de vaccination ou de documents admi- édition, on dénombrait 7.000 personnes. Avant nistratifs. Ce n’était donc pas à la base une la pandémie, nous en affichions 16.000. Et sans décision économique, même si cela repré- celle-ci, il était prévu d’en accueillir 1.000 de sente un gain de 50.000 euros. plus en 2020. Je veux grandir pas à pas, comme l’annonce le nom de ma société. Et malgré ce budget revu à la baisse, vous n’êtes pas certain d’atteindre l’équilibre ? Où fixez-vous la limite ? On ne devient pas millionnaire avec ce mara- À l’heure actuelle: 20.000 coureurs. Mais lorsque thon. J’ai diminué notre budget, mais je ne l’ai nous aurons atteint ce seuil, je vous dirais sans pas baissé suffisamment pour pouvoir réaliser doute 25.000. Avant peut-être un échelon un bénéfice en ayant 12.000 coureurs au départ. encore supérieur… Le parcours, je l’ai redesPar le passé, nous avons parfois pu réussir un siné afin de pouvoir attirer davantage de monde. beau bénéfice, je ne le nie pas. Mais tous ceux Un marathon de plus grande ampleur est viable, qui pensent que le marathon rapporte énor- selon moi, à Luxembourg. Plus on grandit, plus mément se trompent. Si je prends en compte on devient intéressant pour des partenaires les dernières éditions, nous avons peut-être importants, à l’image d’équipementiers comme commencé à faire du bénéfice à partir de Adidas, Puma, etc. 15.000 inscrits. Vous savez, chez PwC, qui Cependant, globalement, nous sommes s’occupe de notre comptabilité, on a ­l’habitude toujours victimes du déficit d’image que le de me demander pourquoi je travaille autant Luxembourg connaît hors de ses frontières. pour un bénéfice aussi peu élevé… Les étrangers qui ont couru chez nous en sont

21,4 %

BUDGET 2022 1,4 million d'euros

21,4 %

34,3 %

toujours repartis enchantés. Mais les attirer n’est pas simple. Nous n’avons pas la réputation d’être très « fun ». On continue aussi souvent à nous demander si on peut régler son inscription « au noir ». Cela se fait sur le ton de la boutade, mais en dit quand même beaucoup… Des choses sont mises en place pour tenter de faire évoluer cela: le nation ­branding, son slogan Let’s make it happen, etc. Mais le chemin sera long. Vous avez déjà évoqué des retombées économiques de 4 millions d’euros pour la ville de Luxembourg. Mais cela ne semble pas convaincre tout le monde… La bourgmestre, Mme Lydie Polfer (DP, ndlr), a laissé entendre dans une interview qu’elle avait un peu de mal à y croire, en effet. Alors, je lui ai envoyé, ainsi qu’à son administration, les études sur lesquelles je m’appuie pour avancer ces chiffres. Il y en a une effectuée pour moi par une étudiante de l’université de Trèves. Elle démontre notamment qu’en moyenne, un coureur participant au marathon passe 2,1 nuits ici et est accompagné par 1,6 personne. Ce qui signifie des nuits d’hôtel, des repas et des achats sur place. À côté, un professeur de l’université de Hambourg a, lui, effectué des recherches sur le marathon de Berlin. Et il en ressort que l’événement berlinois, avec ses 40.000 participants, engendre des retombées économiques de l’ordre de 65 millions. Donc, en évaluant à 4 millions l’impact économique positif de notre course, nous sommes sans doute encore en dessous de la vérité. Sans parler de la plus-value en termes d’image.

Interview JULIEN CARETTE

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Pourquoi courent-ils ?

Liberté et performance D’une pratique confidentielle ou réservée à une élite sportive, le running est maintenant un phénomène de masse. Dont de nouvelles mutations sont perceptibles. Dans les rues, dans les bois ou dans les parcs. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige ou que le soleil rende l’atmosphère suffocante. Seuls, en couple, en groupes plus ou moins importants, avec leur chien en laisse… Les coureurs à pied sont de plus en plus nombreux et occupent de plus en plus largement l’espace public. Une impression qui se confirme dans les chiffres. En France, une étude récente a recensé 16 millions de coureurs, dont 12 millions chaussent leurs baskets au moins une fois par semaine et qui, pour la moitié, ont participé à une course officielle dans l’année. La croissance du nombre de pratiquants est exponentielle. En 2020, met en avant l’Observatoire du running, 1,4 million de nouveaux coureurs ont effectué leurs premières foulées. 72% de ceux-ci sont restés en mouvement l’année suivante. Si des chiffres précis ne sont pas disponibles concernant le Luxembourg, il n’y a aucune raison objective que l’engouement soit différent. C’est en tout cas ce que pense et analyse Olivier Bessy, sociologue du sport, spécialiste de la course à pied et professeur à l’Université de Pau, qui vient de publier le premier d’une série de trois ouvrages: Courir. De 1968 à nos jours. Tome 1. Courir sans entraves. La révolution de 1968 Si l’engouement pour la course à pied connaît une accélération, le phénomène n’est en réalité pas nouveau. Mais ce n’est pas l’exploit de Philippidès, qui avait parcouru les 42,195km séparant Marathon des portes d’Athènes pour annoncer la victoire grecque sur les Perses en 490 avant J.-C., qui va y contribuer. Durant des siècles, courir reste marginal. Et lors des deux premiers tiers du 20e siècle, cela reste encore très confidentiel. «La course à pied est une pratique qui est alors réservée aux athlètes. On court dans les stades, pour s’entraîner, mais pas en dehors», fait remarquer Olivier Bessy. L’émergence dans le grand public va être propulsée par une source de motivation très puissante: la liberté, enfant de la «révolution» de mai 1968. «Cette année est en effet un moment fondateur, raison pour laquelle l’histoire que je 74

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mieux, le matériel évolue, la diététique fait son apparition… Dans le même temps, les très grands marathons mondiaux se développent pour compter des dizaines de milliers de coureurs au départ. Au début des années 90, la course à pied entre dans une nouvelle ère, celle de l’ultra. «Les distances s’allongent, les efforts s’accumulent, retrace dans mon livre débute à cette date. les dénivelés augmentent… C’est la grande époque La logique est assez simple: pour courir, il faut des ultra-trails qui s’ouvre. Les événements une motivation, et cette motivation sera cette deviennent aussi hyper médiatisés», rapporte liberté qui émerge à la fin des années 60. Tout Olivier Bessy. Alors que courir un marathon part de là», poursuit Olivier Bessy. Le running était auparavant vu comme un exploit, cela en sort alors des stades, pratiqué aussi sous la forme devient banal face à ces amateurs qui avalent dilettante du jogging. Les premières courses 148km d’une traite dans les Alpes ou traversent populaires sont également organisées, «mais La Réunion en diagonale. doivent parfois lutter contre la conservatrice Fédération française d’athlétisme qui ne voit pas L’anti-marathon cela d’un très bon œil, il y a un vrai bras de fer Tout cela va durer jusqu’en 2008, quand les entre deux mondes qui s’opposent». premières interrogations voient le jour. Faut-il Mais le mouvement pour une pratique popu- toujours courir plus? Plus longtemps? Plus haut? laire est enclenché. Une revue comme Spiridon, Un autre regard se pose sur les très grands évéà partir de 1972, y contribue. Les grands mara- nements et la pollution que les courses génèrent. thons internationaux en font de même. «Aux Le marathon vert de Rennes voit le jour en 2011, USA, le marathon de New York, à partir de 1970, tandis qu’en 2008, naît l’éco-marathon de La va jouer ce rôle.» En 1971, le marathon de Neuf-Bri- Réunion. Les distances ultras demeurent, les sach, en France, est le premier événement du grands marathons internationaux aussi. «Mais genre organisé par un club et non directement on sent plus que poindre des interrogations autour par la fédération. Signe des temps, on appelle de ces courses d’ampleur importante. Est-ce que une telle organisation un «marathon libre». Le j’ai encore envie de participer à un grand barmarathon de Paris s’élance en 1976 sous l’im- num? Est-ce que payer entre 120 et 200 euros se pulsion du Stade français, presque de manière justifie? Quel est l’impact d’une telle course sur confidentielle avec seulement 150 coureurs. Le l’environnement? C’est une grosse tendance des parcours sera laborieux pour devenir l’événe- 10 dernières années. Alors qu’il y a une pléthore ment de masse qu’il est de nos jours. «Un autre de courses – avec aussi de nouvelles tendances exemple éloquent est le marathon de Madrid, comme les Spartacus Races, par exemple – et une créé en 1978 et qui est porté par la fin du fran- concurrence très rude, c’est devenu un très gros quisme en Espagne», note Olivier Bessy. challenge pour les organisateurs que de trouver On court donc par envie de liberté, mais le bon équilibre.» On voit donc aussi les «antiensuite, de nombreuses autres motivations se marathons » être de plus en plus nombreux. devinent. L’envie de réaliser une performance, Depuis 1985, le ­marathon du Medoc propose de remporter une victoire contre soi-même, ou de traverser le vignoble bordelais en profitant les autres, évidemment. «Cela n’a pas disparu, de 23 dégustations de vins, mais aussi d’huîtres mais cette performance s’est décalée. Cette dimen- et d’entrecôtes... À Liège, le Beer Lovers’ Marasion s’est hybridée d’autres ambitions: la culture, thon est construit sur le même principe, la bière l’histoire… Cela n’a pas échappé aux spécialistes ­remplaçant le vin. Les organisateurs qui, parfois, du marketing qui proposent des courses dans des se croyaient intouchables doivent bien constalieux historiques, ou des packages qui englobent ter que quelque chose est en train de changer. la course et des visites culturelles. Mais la per- Le dernier marathon de Paris en témoigne. Il formance reste une source de motivation, même devait être celui de la relance, capitalisant sur si de nombreux coureurs évoquent le plaisir pur des coureurs rendus impatients suite aux reports de courir, ou la volonté de rester en forme, de des courses en raison du Covid. Il n’en a rien perdre du poids, de se réunir avec des copains… été. Ils avaient été 49.000 en 2019 à s’élancer La plupart restent néanmoins très bien équipés dans les rues de la capitale française. Ils n’ont sur le plan technologique pour surveiller leur per- été « que » 37.000 en 2022. Signe des temps, formance, c’est un signe qui ne trompe pas», com- sans aucun doute. mente Olivier Bessy. Le niveau des performances va aller crescendo car les coureurs se préparent Auteur NICOLAS LÉONARD


EVENING TALK DE L’IOT À LA SEXTECH : L’HUMAIN 4.0 Programme • Meet & greet (18h30) • Conférence (19h00) • Networking cocktail (20h30)

Christel Bony President, SexTech for Good

15.06

Mercredi

Technopolis, Luxembourg

Torge Schwandt Founder, nōted

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Témoignages

Businessmen et marathoniens

Laurent Decker Associé-gérant, Baucenter Decker-Ries C’est en entrant dans la vie professionnelle que Laurent Decker, associé-­ gérant de la société Baucenter Decker-Ries, reprend la course à pied. « J’ai vraiment besoin de décompresser après les journées de travail, explique celui qui a aussi été président de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise. Et comme j’aime la compétition, j’ai rapidement pris part à des courses. » Il court son premier marathon en 2015, à Francfort. Puis il enchaîne en 2016 à Copenhague, avant de s’attaquer à New York et Paris. Tout en participant deux fois à l’ING Night Marathon de Luxembourg. Mais courir doit se combiner avec plaisir, selon Laurent Decker. Un marathon est toujours l’occasion de visiter une ville. Et de se retrouver ensuite avec les copains pour fêter la course. Désormais, il se tourne vers d’autres pratiques : « C’est dans les courses de montagne que les amis avec qui je pratique et moi-même trouvons le plus de plaisir. » Son prochain challenge aura lieu en septembre prochain dans les alpes suisses, avec Wildstrubel by UTMB.

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Pascal Driant Directeur, Car Avenue Luxembourg « C’est une drogue, je n’ai jamais su arrêter », assure Pascal Driant, le directeur du concessionnaire automobile lorrain Car Avenue pour le Luxembourg, au sujet de la course à pied. Et celui-ci ne mâche pas ses mots : depuis la vingtaine, âge auquel il a été attaqué par ce virus, il a effectué plus de 30 marathons, dont trois Marathons des sables dans le désert marocain, ainsi que la fameuse Diagonale des fous sur l’île de la Réunion, un des trails les plus durs au monde. Au marathon de New York, en 2005, alors qu’il est parmi les meilleurs coureurs français de longue distance et qu’il bénéficie d’un dossard d’élite lui permettant de faire partie des premiers concurrents à s’élancer, il termine à la 101e place au classement final – sur 45.000 participants – avec un temps de 2 h 41’ 28”. « C’est une épreuve fantastique, commente-t-il. Un marathon vraiment mythique dans une ambiance de folie. » Son meilleur chrono, il le réalise en 2022 au marathon d’Echternach, avec un temps de 2 h 35’ 23” et une cinquième place au classement général. À l’heure actuelle, il continue à courir trois à quatre fois par semaine. Et vient de réaliser avec sa fille Valentine le marathon de Metz en 3 h 45 – alors qu’il s’agissait de sa première expérience de l’épreuve pour elle. Il participera d’ailleurs avec elle au Half Marathon des sables en Jordanie, du 12 au 18 juin prochain.

Philippe Heisbourg Fondateur, BHB & Partners Philippe Heisbourg, fondateur de BHB & Partners, pratique la course à pied en alpiniste et en passionné des montagnes. « Les sommets m’attirent comme un aimant », raconte-t-il. À son palmarès sont donc logiquement inscrits un marathon de Zermatt, trois marathons de la Jungfrau et un Sierre-Zinal, tous dans les Alpes. Et l’expert financier ne se lasse pas : en 2022, il courra à nouveau les deux derniers cités. Et il participera peut-être, plus localement, à l’ING Night Marathon de Luxembourg.

4 Julien Thibault-Liger Directeur général, Lazard Frères Gestion Luxembourg Après une quinzaine de marathons et un record à 3 h 13, Julien Thibault-Liger, directeur général de Lazard Frères Gestion Luxembourg, a décidé d’« allonger les distances ». En 2019, après un 177 km sur l’ultra-trail du Morbihan, il s’inscrit à l’ultra-trail du Mont-Blanc. « Je l’ai couru en 42 heures sans pouvoir dormir une minute », se souvient-il. En 2021, il s’est élancé sur le parcours de l’ultra du Val d’Aran, dans les Pyrénées espagnoles. Son prochain objec­tif : la Diagonale des fous, à la Réunion, ses 166 kilomètres et son dénivelé positif de 9.600 mètres.

Baucenter Decker-Ries, Matic Zorman, Guy Wolff, DR

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Ils sont associés, fondateurs ou directeurs d’entreprise dans leur vie professionnelle. Et passionnés de course à pied. De l’ING Night Marathon de Luxembourg au marathon de New York, en passant par l’ultra-trail du Mont-Blanc et la Diagonale des fous, retour sur des parcours à couper le souffle.


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Enjeux Running

Axe de communication

Ce qui fait courir les marques

Plongée dans le monde du sponsoring qui entoure le running avec Gary Tribou, professeur en marketing du sport à l’Université de Strasbourg, auteur de plu­sieurs ouvrages de référence et consultant pour des marques de sport. Pourquoi sponsoriser le running ? « La question du sponsoring dans le running est vraiment pertinente, dans la mesure où l’on y retrouve peu de sponsorings dit ‘classiques’, c’est-à-dire où l’on mise sur la visibilité liée à l’événement », lance Gary Tribou, professeur en marketing du sport à l’Université de ­Strasbourg. Ce phénomène s’explique par des audiences loin d’être comparables aux grands sports collectifs médiatisés. Et ce même si 300.000 personnes sont parfois massées le long du parcours. De fait, la course à pied est un domaine où l’on voit davantage de sponsorings dits « de spécialistes ». « Lorsqu’un équipementier comme Asics associe son nom au marathon de Paris, il le fait parce qu’il y trouve une rentabilité, illustre celui qui a été consultant pour des marques comme Adidas ou Puma. Sa cible, ce sont les coureurs à pied. Ceux qui participent, évidemment. Mais il prend également le pari que le public sur le bord de la route est ­composé d’autres coureurs, qui sont donc des consommateurs potentiels. » Mais, à côté de ces «spécialistes», des enseignes davantage généralistes se sont tout de même également tournées vers le running. Donnant même, pour certaines, leur nom à des épreuves, à l’image d’ING pour le marathon de Luxembourg, Schneider Electric pour celui de Paris ou encore TCS – une des plus grandes sociétés informatiques au monde – à New York. «En matière de sponsoring, la règle d’or est: on n’in78

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vestit que là où on va retrouver sa cible de consommateurs.» Or, la course à pied draine une population qui s’est t­ ellement élargie ces dernières années – en raison notamment d’une féminisation et d’une démocratisation accrues (en France, on l’évalue à 16 millions de personnes) – que beaucoup font le pari d’y retrouver leur cible. « Tout est une question d’impact : celui que ce sponsoring peut générer pour vous», explique Gary Tribou. Avant d’avancer un exemple : « Tout le monde a en tête cette grande marque de produits de charcuterie présente sur le Tour de France. Elle n’est pas «légitime» dans un monde comme celui du vélo. Mais il se trouve qu’à la sortie de chaque Tour, elle explose son chiffre d’affaires pendant 15 jours ! Pour elle, il s’agit d’un simple calcul afin de voir quel bénéfice financier elle en retire. Et le sponsoring, aujourd’hui, c’est de plus en plus ça : un simple calcul. Et de moins en moins un bénéfice symbolique lié à l’image. Cette dernière étant d’ailleurs souvent trop compliquée à calculer… »

Le plogging, ce croisement entre jogging et écologie Connaissez-vous le plogging, cette acti­vité d’origine suédoise, mixant course à pied et écologie, dont le nom est né de la combinaison du verbe « plocka upp » (« ramasser » en suédois) et du mot « jogging » (« course à pied » en anglais) ? Il s’agit d’une activité combinant donc running et ramassage de déchets, mise sur pied pour la première fois en 2016 par un certain Erik Ahlström, excédé par l’invasion du plastique dans la nature en Suède. Six ans plus tard, cette discipline est pratiquée dans le monde entier mais peine tout de même un peu à véritablement percer auprès du grand public. Comme c’est le cas au Luxembourg. « En janvier, nous avons voulu relancer l’organisation d’un plogging mensuel, mais cela n’a pas vraiment pris », explique Didier Picard, créateur de Pickitup (www. pickitup.lu), une asbl pour la pré­servation de l’environnement qui organise ce type d’événement. « Par contre, en entreprise, cela a l’air de bien fonctionner. Nous orga­nisons des ploggings en guise de team building et les retours sont positifs. »

Quels retours peut-on espérer ? «Si vous êtes une marque dite ‘spécialiste’, à l’image d’un équipementier, par exemple, dont les articles sont consommés par les coureurs, vous faites référence comme Sponsoring sportif ou ce qu’on appelle de la ‘preuve-produit’», précise Les ­Marchés du sport. Néanmoins, selon ce le professeur en marketing du sport. C ­ omprenez ­dernier, une simple règle de trois peut parfois que la présence de la marque en tant que spon- suffire à imaginer l’échelle à laquelle on se trouve. sor suggère que ses produits sont performants, «Vous prenez l’audience globale de la course à un message qui peut être amplifié par la parti- pied qui vous occupe et vous la comparez à celle cipation d’ambassadeurs de celle-ci. «Pour de d’un grand match de sport collectif dont les montelles entreprises, l’indicateur de réussite de votre tants sont, eux, connus. Le rapport des deux vous action est simple : il s’agira de la variation de donnera une idée du ticket d’entrée...» votre chiffre d’affaires futur.» L’audience étant ici calculée en fonction du Pour d’autres marques, les retours seront nombre de participants, de spectateurs et de plutôt liés à l’image que renvoie le partenariat. téléspectateurs. « À côté de ça, il y a aussi «Chez certaines, on sera même dans du ‘­marketing ­désormais la présence sur les réseaux sociaux. ­ eaucoup de mal à l’évaluer, mais elle est de disculpation’», avance celui qui a été consul- On a b tant pour de nombreuses entreprises mais aus- aujourd’hui ­essentielle, vu l’impact qu’elle ­possède si pour la Fédération française de t­ ennis. Il notamment sur les moins de 35 ans.» En moyenne, une entreprise dépense en pointe ici des sociétés n’ayant aucun lien avec le running mais qui s’y attachent afin de nour- sponsoring entre 2 et 10 % de son budget rir leur image avec les valeurs d’un sport consi- commu­nication. « Il existe des exceptions, des déré comme sain, relativement épargné par les entreprises qui montent à 25%, voire bien plus dérives du dopage, du racisme, etc. «Elles s’en encore pour une société comme Red Bull, ­précise servent pour laver leur image! On parle là d’en- Gary Tribou. L’image de l’événement entre treprises pharmaceutiques, agro­alimentaires – celles ­aussi en ligne de compte au moment de déteraccusées de favoriser l’obésité telles que des marques miner son investissement. » Pouvoir associer de fast-food, des limonadiers, etc. – ou même son nom à celui d’un marathon comme celui d’acteurs du secteur financier ayant connu des de New York, par exemple, constitue, en effet, soucis par le passé…» une vraie valeur ajoutée. Quels budgets sont dépensés ? «Les chiffres du sponsoring, c’est secret défense…», déclare, en souriant, l’auteur d’ouvrages de

Auteur JULIEN CARETTE


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Huawei enfin dans la course


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Renaud Sara conçoit les cuisines bulthaup en respectant les grands principes de la maison : des formes simples et des détails soignés pour une ambiance épurée.

Art de vivre

Donner de l’âme à sa cuisine

La cuisine est un endroit qui en dit long sur le mode de vie des personnes qui la fréquentent et dans laquelle il est essentiel de se sentir bien et surtout chez soi. « Depuis la pandémie, les gens investissent beaucoup plus dans leur intérieur. La cuisine est devenue la pièce la plus utilisée et la tendance veut 82

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qu’on y intègre la salle à manger tout entière. Les clients nous demandent des cuisines agrémentées d’une grande table, qui prend parfois même la place de l’îlot central. Preuve que la pièce est devenue un véritable lieu de vie à part entière où tout le monde se retrouve », note Renaud Sara, architecte d’intérieur et administrateur

délégué de bulthaup Espace Luxembourg, la marque qui imagine des cuisines pensées avant tout comme de vrais lieux de vie emplis d’harmonie. Réinventer le concept de cuisine De longues et belles tables sont en effet exposées dans le showroom luxembourgeois, situé depuis 1992 route d’Arlon, à Strassen, et dans lequel sont présentées les créations emblématiques et l’expertise de bulthaup. Un espace rénové en 2020 et au sein duquel l’équipe, composée d’architectes d’intérieur, reçoit ses clients

afin de concevoir, à travers une approche personnalisée et sur mesure, de véritables univers bien plus que de simples cuisines. Meubles suspendus, sur pied ou à même le sol, éléments muraux, îlots, surfaces planes et lisses, douces au toucher, sans jointure et tout en sobriété... Les 290 m2 qu’occupe l’enseigne offrent un bon aperçu de sa philosophie : celle de créer avant tout des pièces uniques et haut de gamme, dotées d’une véritable âme et conformes aux souhaits et aux besoins des personnes qui y vivent. « Pour nous, le contexte social global a

Photos

Espace de création pour les foodistas qui y éveillent leurs sens, mais aussi lieu de convivialité où fourmillent famille et amis, la cuisine est de plus en plus considérée comme la pièce centrale de tout foyer.

Eva Krins (Maison Moderne), Janina Laszlo

Contenu sponsorisé par BULTHAUP


Les cuisines bulthaup sont pensées avant tout comme de vrais lieux de vie emplis d’harmonie.

toujours été important. Nous nous demandons quels sont les besoins des gens et force est de constater que de moins en moins de personnes optent, par exemple, pour des cuissons complexes, car elles externalisent ces services. Par contre, comme de plus en plus d’activités sociales ont lieu à cet endroit, nous tendons à réinventer la cuisine en créant un lieu propice à toutes les interactions sociales, indépendamment du simple acte de cuisiner », explique Marc O. Eckert, CEO de l’enseigne. L’artisanat et la durabilité au cœur de la conception Aussi, le système d’aménagement universel proposé par bulthaup offre-t-il une solution adaptée à chaque style de vie et des possibilités infinies d’aménagements fonctionnels et esthétiques. Transformant le pragmatique en poésie, l’enseigne est réputée pour la simplicité et le minimalisme de son style, ses lignes épurées,

fluides, ses éléments clairs, dépouillés, centrés sur l’essentiel. Et surtout pour ses matériaux nobles et sensuels, comme le bois ou la pierre, anoblis par un travail soigné dans les moindres détails et des finitions irréprochables. « Nous sommes convaincus que l’artisanat et le traitement traditionnel de matériaux

« Nous réinventons la cuisine en proposant des solutions pour toutes les activités sociales, indépendamment du simple acte de cuisiner. » Marc O. Eckert CEO, bulthaup

authentiques, dans le cadre d’une manufacture industrielle, incarnent le véritable haut de gamme. C’est la seule façon de garantir l’unicité de chaque produit », poursuit le CEO. L’humain joue ainsi un rôle prépondérant dans toutes les étapes de fabrication d’une cuisine bulthaup, de sa conception à sa livraison finale, lors de laquelle l’homme prend le relais des machines, avec passion, soin et savoir-­ faire. « Nous sommes très pointilleux sur tous ces aspects, sur l’importance du travail artisanal qui fait toute la différence, mais aussi sur l’usage de matières qualitatives, respectueuses des ressources et de l’écologie. C’est cette combinaison qui nous permet de proposer des cuisines qualitatives, intemporelles et, par conséquent, durables », remarque Renaud Sara. Pour prolonger l’expérience et le bien-être de ceux qui souhaitent allier esthétique et fonctionnalité, le showroom

de l’enseigne propose également toute une gamme d’aménagements intérieurs utiles pour personnaliser l’organisation des tiroirs et des volumes coulissants au sein des cuisines, ainsi qu’un large choix d’accessoires et d’éléments décoratifs permettant d’ajouter une touche finale à l’ensemble.

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Une jeunesse 84

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Polina Bashlay « Notre but est que les étudiants, qu’ils soient à l’étranger ou au Luxembourg, soient bien entourés et soutenus, qu’ils fassent partie d’un cercle d’étudiants ou non », explique Polina Bashlay, 24 ans, présidente depuis décembre dernier de l’Association des cercles d’étudiants luxembourgeois (Acel). La jeune Russo-Luxembourgeoise est actuellement à Munich pour étudier un master en génie civil. « Une de nos missions est de nous faire con­naî­tre auprès des jeunes. » Le comité est composé de 15 personnes, et l’association dit représenter environ 10.000 étudiants à travers le monde. « Depuis 2005, nous réali­sons le Student fir 1 Dag, qui est un voyage d’une journée lors duquel des jeunes peuvent se rendre au sein d’une université qu’ils vont ou voudraient intégrer, et sont accueillis par des membres de l’Acel qui leur expliquent les différentes démarches et leur font visiter la ville. »

Photos GUY WOLFF

engagée

Ils ont moins de 30 ans, sont nés ou ont grandi au Luxembourg, et ont fait le choix de s’engager. Pour le climat, la recherche, la politique, pour les jeunes et l’avenir en géné­ ral. Pour faire entendre leur voix. Et, hasard ou non, ce sont une majorité de jeunes femmes qui le font au Luxembourg. Auteur IOANNA SCHIMIZZI

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Sophie Barberon Lors du 51 concours national Jonk Fuerscher, Sophie Barberon, 16 ans, a présenté son application Bien Lire. Elle a été distinguée et s’est qualifiée pour l’Eucys, le plus grand concours de science de l’Union européenne, qui aura lieu en septembre prochain. « Mon application est destinée aux réfugiés pour leur apprendre à parler français », explique la jeune femme inscrite à l’International School of Luxembourg. « C’est mon expérience personnelle qui m’a donné envie de créer cette application, car je suis née en France d’une mère japonaise et d’un père français. Nous avons notamment vécu en Angleterre, à Singapour, et nous sommes maintenant au Luxembourg. Avec mes deux grandes sœurs, nous avons donc dû apprendre différentes langues rapidement », ajoute Sophie Barberon. Celle qui a développé seule son application travaille d’ailleurs à la diversification de ses options. e

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Jana Degrott Née à Munich d’un père luxembourgeois et d’une mère togolaise, Jana Degrott peut déjà faire valoir un long CV à seulement 26 ans. Élue conseillère communale pour le DP dans sa ville de Steinsel en 2017, elle a également cofondé la plateforme We Belong Europe. « Il s’agit de donner la parole à des personnes qui peuvent servir de modèle aux jeunes. Moi-même, je ne me suis pas sentie représentée, et c’est pour cela que je me suis engagée en politique. J’ai dû faire face à beaucoup de stéréotypes, et je veux montrer à une petite fille de couleur que tout est possible. » Le jeune frère de Jana présente également un trouble du spectre de l’autisme. « Je m’engage donc pour une société plus inclusive à tous les niveaux. » Actuellement en master de droit international et public à Bruxelles, Jana Degrott a été choisie en janvier comme leader pour la région Europe par la Fondation Obama. « Et je vais rencontrer Barack Obama en juin prochain ! » JUIN 2022

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Lou Reckinger « C’est durant un stage que j’ai réalisé au sein du Conseil national des femmes qu’est venue l’idée de créer un pendant pour les jeunes, et par les jeunes », raconte Lou Reckinger, 25 ans, qui a donc cocréé le mouvement Voix de Jeunes Femmes en 2017. Elle en est la porte-parole. « Mais j’aimerais aujourd’hui passer le relais à une nouvelle génération de jeunes femmes engagées dans le mouvement, annonce celle qui vit et travaille désormais à Zurich. Voix de Jeunes Femmes est une plateforme d’échange, mais aussi de soutien pour les victimes de violences physiques et/ou sexuelles. La sororité est très importante pour moi aussi. Il faut se battre contre les nombreuses inégalités qui existent toujours entre femmes et hommes pour changer notre société construite par et pour les hommes. Il ne faut pas avoir peur d’être féministe et le revendiquer, et de parler des vrais problèmes. » 88

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Jan Berlo À 24 ans, Jan Berlo a déjà eu plusieurs vies en une. Né dans un corps de fille, il a fait le choix de devenir un homme. « J’ai fait mon coming out à 19 ans en écrivant une lettre à mes parents, et j’ai posté une vidéo sur YouTube pour expliquer mon choix de changer de sexe », explique le jeune homme, qui exerce le métier d’infirmier. « J’ai eu beaucoup de chance, car ma décision a très bien été acceptée, et j’ai toujours été soutenu. Mais je sais que, malheureusement, ce n’est pas forcément le cas pour tous, et les conditions des LGBT+ ne sont pas les mêmes dans tous les pays », raconte encore celui qui est membre du conseil d’administration de l’asbl Rosa Lëtzebuerg, qui défend les intérêts des personnes LGBT+ et est actif dans le domaine des questions sociales liées aux sujets LGBT+. « En tant que membre, je peux aider des parents ou des jeunes qui ont été dans la même situation que moi. » JUIN 2022

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Angèle Mersch Coprésidente des Lëtzebuerger Landjugend a Jongbaueren (Jeunesse rurale et jeunes agriculteurs du Luxembourg) depuis 2018, Angèle Mersch a passé le relais à Marthe Bourg le 26 mai dernier. « Je m’occupe du volet Jeunesse rurale. J’ai moi-même grandi au sein d’une ferme équestre, dont s’occupent toujours mes parents, à Noertzange, évoque la jeune femme de 26 ans, enseignante au Lycée technique agricole de Gilsdorf. Je veux désormais laisser la parole à des plus jeunes que moi. Nous sommes 800 personnes actives au sein de l’asbl, une grande famille qui œuvre pour l’avenir des jeunes agriculteurs et des jeunes en milieu rural. Notre objectif est de sensibiliser, motiver les jeunes à reprendre des exploitations. » Pour Angèle Mersch, en effet, « il faut aider les jeunes à se lancer, moderniser l’agriculture, et la réforme en cours du gouvernement va dans la bonne direction ». 90

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Pit Gaspar Pit Gaspar, 18 ans, a reçu l’insigne d’argent du Mérite Jeunesse en octobre dernier – le concept du Mérite est celui du défi personnel, il offre au jeune un programme d’activités volontaires qui favorise notamment son épanouissement et son service pour la communauté. « Pour changer mon rythme quotidien, j’ai pris la décision de commencer le Mérite, pour me lancer dans un engagement à la fois dans le sport, l’art et le bénévolat, explique celui qui étudie au Lycée Josy Barthel à Mamer. J’ai réalisé, durant 6 mois, le volet Sport – la marche –, durant 6 mois le volet Talent – l’astrophotographie – et, durant 12 mois, le volet Engagement – avec les sapeurs-pompiers. Je suis engagé depuis environ 9 ans au sein du CGDIS, et je veux poursuivre cet engagement dans les années à venir. J’ai trouvé, par ce biais, ma place dans la société, la possibilité d’utiliser mon temps simplement pour le bien. » JUIN 2022

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Halina Laidebeur « J’avais envie de faire bouger les choses », indique Halina Laidebeur, 16 ans. Lycéenne à l’Athénée de Luxembourg, elle a intégré le Jugend Parlament (Parlement des jeunes) dès qu’elle a atteint l’âge minimum, c’est-à-dire 14 ans. « Je voulais m’engager pour l’égalité, pour réaliser des petits changements à mon niveau, mais qui peuvent peut-être changer le monde. » Devenue, en octobre dernier, secrétaire générale du Parlement des jeunes, Halina Laidebeur explique vouloir étudier à l’étranger une fois son bac obtenu : « Mais je ne sais pas encore dans quel domaine… la politique, la musique, les deux m’intéressent. » Elle qui s’est engagée tôt pour défendre ses idées analyse que « de nombreux jeunes ont peur du mot ‘politique’ ». « Même si on leur explique que l’on parle d’engagement, et qu’ils se montrent intéressés, dès que le mot ‘politique’ est employé, ils se rétractent », regrette-t-elle. 92

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Géraldine Mersch « J’ai eu très tôt envie de devenir avocate, de défendre une cause. Être confrontée, au quotidien, à de nouvelles problématiques juridiques et entretenir des échanges constants avec les clients et les autres professionnels du domaine juridique… c’est vraiment le métier qui me correspond, confie Géraldine Mersch, 29 ans, avocate à la Cour au sein du cabinet Lutgen + Associés. J’ai eu envie aussi de m’investir pour les jeunes avocats, dont je fais partie. C’est pour cela que j’ai intégré la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg, avec l’opportunité de vivre mes premières expériences en tant que membre du comité entre 2017 et 2019. » Aujourd’hui vice-présidente de la Conférence, Géraldine Mersch en deviendra la présidente en septembre prochain. « Notre institution veille aux intérêts des avocats inscrits au tableau de l’Ordre des avocats depuis moins de 11 ans, soit plus de 1.750 membres. » JUIN 2022

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Sébastien Cayotte « Tout est parti d’une blague entre amis, en 2015, d’aller à Paris en Vel’oh (le vélo de la Ville de Luxembourg, ndlr). Au début, personne ne me prenait au sérieux, raconte Sébastien Cayotte. Je voulais mettre en lumière le combat des enfants atteints du cancer, et l’action de la Fondatioun Kriibskrank Kanner. » Depuis, les défis ont continué, toujours pour la bonne cause. Tour de Luxembourg en trottinette, GR20 en Corse, Esch-Rome en Vël’Ok, Tour de France à vélo… En sept ans, ce sont un peu plus de 10.000 euros qui ont été récoltés pour la fondation. Et le jeune Eschois de 27 ans, enseignant à l’École internationale d’Esch-sur-Alzette, ne s’arrête pas en si bon chemin. Après avoir profité des vacances de l’Ascension pour se rendre à Copenhague, au Danemark, il marchera cet été aux côtés de sa compagne – et toujours au profit de la Fondatioun Kriibskrank Kanner – à l’île de La Réunion. 94

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Selma Vincent De nationalités luxembourgeoise, américaine et belge, Selma Vincent, 19 ans, incarne la diversité et la multiculturalité qui font la richesse du Grand-Duché. « Je suis également d’origine marocaine, par ma maman », ajoute la représentante du mouvement Youth for Climate au Luxembourg. « Le rapport du Giec en 2018 a vraiment été un déclic pour moi, il fallait faire quelque chose. Au Luxembourg, il n’y a pas souvent de mouvements de foule ou de manifestations, et le succès de nos marches pour le climat a montré que les jeunes et les moins jeunes voulaient s’engager. Les émissions de gaz du pays sont parmi les plus hautes du continent. Un changement est donc attendu », insiste la jeune femme, qui est aujourd’hui en 2e année à Sciences Po. Elle effectuera sa 3e année en Thaïlande l’année prochaine, et intégrera là-bas la fondation Raks Thai, qui œuvre pour l’environnement. JUIN 2022

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Gosia Kramer CEO, The Office

Gosia GosiaKramer Kramer CEO, CEO,The TheOffice Office Gosia Kramer AGIR LOCALEMENT CEO, The Office C’est ce même sou Gosia Kramer CEO, The Office qui a poussé The Offi

I’m gonna make you an I’myou gonna make you you an a make I’m an gonna make y I’m gonna make an offer you can’t refuse offer you can’t refuse u can’toffer refuse offer you can’t re you can’t refuse

de restauration ba végétale et de sai comme un simple s Lokaal a su s’impo à part entière, et a ceux qui souhaiten nement. Changer son al consommation de v permettent de rédu sions de CO2 et de p eau. « Bien évidem dons pas à ce que végan. Mais opter même de façon sp positif » explique G telle alternative, c’

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En agitateur, The pourtant pas seul objectif. agitateu Office Officetout veut veut aussi aussi secouer secouer le leEn marché marché de de l’iml’imdes des acteurs acteurs majeurs majeurs du du secteur secteur digital digital tels tels LOUER LOUERUN UN BUREAU BUREAU ET ETSE SEL’APPROPRIER L’APPROPRIER pourtant pas le seul objectif. agitateur, The désormais membres de The Office. Parmis eux, se concentrer sur leur croissance. 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C’est notamment le cas de Gaëlle Haag et qui est peu impacté par de nouvelles innodiste «avons Le développent durable fait en effet mettent de voir les clientsconsidérablement grandirvations. et s’épapas beaucoup évolué lors des dernières années amer, CEO de The Office. « Kramer, explique Gosia Kramer, CEO etd’anciens sa plateforme Capitana, Les taux d’intérêts augmentent et les Offi investissements investissements traditionnels traditionnels sont sont de moins moins Nous Nous avons revitalisé revitalisé d’anciens bâtiments bâtiments et et qui quisa aavu vuson son équipe équipe grandir grandir considérablement explique Gosia CEO deThe The Office.d’investissement « vations. Les taux d’intérêts augmentent et The les et plateforme d’investissement Capitana, partie intégrante de l’ADN de Office », nouir. C’est notamment le cas de Gaëlle Haag et qui est peu impacté par de nouvelles innoinvestissements traditionnels sont moins lisé d’anciens bâtiments et qui a vu son équipe grandir considérablement Nous avons revitalisé d’anciens bâtimen attractifs. attractifs. Il Il est est temps temps que que ça ça change. change. Il Il faut faut se se leur leur avons avons donné donné une une seconde seconde vie vie ». ». L’espace L’espace quisaa plateforme vu son équipe grandir considérablement investissements traditionnels sont moins Nous avons revitalisé d’anciens bâtiments et Gosia Kramer, CEO un de ancien The Office. « et d’investissement Capitana, vations. Les taux d’intérêts augmentent etvie les projeter projeter et et ouvrir ouvrir la la voie voie aux aux générations générations Charlotte Charlotte aaété étéaménagé aménagé dans dans un ancien garage. garage. attractifs. Il est temps que ça change. IlIlfaut se». L’es une seconde vieexplique ». L’espace leur avons donné une seconde attractifs. Il est temps que ça change. faut se leur avons donné une seconde vie ». L’espace Nous avons revitalisé d’anciens bâtiments et qui a vu son équipe grandir considérablement investissements traditionnels sont un moins futures futures qui qui comptent comptent investir investir différemment. Ce Cesont sont ensuite ensuite les lesarchives archives de de la laancien Bibliothèque Bibliothèque projeter et ouvrir la aménagé voie auxdifféremment. générations nagé dans un ancien garage. Charlotte a été dans ancien g projeter et ouvrir la voie aux générations Charlotte a été aménagé dans un garage. attractifs. Il est veut temps que ça change. Il faut se leur avons qui donné une seconde ». L’espace Nationale Nationale qui ont ont accueilli accueilli les lesvie coworkers coworkers de de The Theensuite Office Office veut insuffler insuffler un un changement changement futuresCe qui comptent investir différemment. archives de la Bibliothèque sont les archives de la Biblioth futures qui différemment. 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Bienvenue au Club ! 98

Business Club

Chers membres, Le Paperjam + Delano Club a à cœur de mettre en lumière les acteurs qui œuvrent pour un Luxembourg responsable, prospère et où il fait bon vivre. Durement mis à l’épreuve après deux ans de mesures sanitaires, le secteur horeca sera mis à l’honneur le 30 mai lors des premiers Paperjam Foodzilla Awards. Les meilleurs établissements pour manger, boire et sortir avec style au Grand-Duché seront récompensés lors de cette soirée à ne pas manquer. Faisant partie intégrante des stratégies RSE, l’inclusion de la différence en entreprise est un enjeu majeur : l’emploi doit être accessible à chacun(e) d’entre nous. Les meilleures pratiques en la matière seront présentées lors du 10�6 Inclusion, le 31 mai. Enfin, nous recevrons Bob Kneip dans le cadre d’une interview exclusive le 14 juin. Entrepreneur emblématique et charismatique du GrandDuché, il partagera avec les membres du Paperjam + Delano Club le récit de son aventure entrepreneuriale et de la cession, en mars 2022, de sa société Kneip au groupe Deutsche Börse.

PIERRE-YVES LANNEAU SAINT LÉGER Head of programming

JUIN 2022

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn Offrez à vos colla­borateurs un pro­gram­me de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 300 heures de formation dispen­sées sur neuf journées par les experts membres du Club.


Le Club en chiffres

Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club

1.100 SOCIÉTÉS

C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

19.000 PERSONNES

Simon Verjus (archives)

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.

Photos

250

ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 250 événements par an auxquels vous pouvez participer.

300 HEURES

Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup­ plémentaire pour vos employés.

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?

Network Rejoignez les 1.100 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

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Elizabeth Benarroch (Prolink Consulting)

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H ervé Gernez (Exatech) Séverine Cahané

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(Fondation pour l’accès au logement) 4

Bruno Jourquin (Thillens & Thillens)

JUIN 2022

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Ne manquez pas

Business Club Juin 2022

Mercredi 15 juin

Mardi 21 juin

EVENING TALK

De l’IoT à la sextech : l’humain 4.0

Les changements dans nos modes de vie s’accélèrent au rythme de progrès technologiques exponentiels : réalité augmentée, AI, 5G, 3D, internet of things… ouvrent des possibilités aussi fascinantes que potentiellement inquiétantes. Christel Bony (SexTech for Good) et Torge Schwandt (nōted) partageront des pistes sur l’évolution des relations entre individus Inscrivez-vous dans ce siècle en digitalisation constante. HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Technopolis

APÉRO TALK

Nathalie Reuter en conversation avec Claude Meisch : Education, Talent & Leadership

Nathalie Reuter recevra Claude Meisch (ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse) dans le cadre du lancement du supplément Inscrivez-vous Paperjam Human Capital. Ils discuteront des principaux défis de l’éducation dans la formation des talents de demain. HORAIRE 18:30 – 21:00

Mardi 28 juin 10×6

Up your skills!

Développer ses compétences est devenu un enjeu majeur. Les employeurs, pour s’adapter et retenir les talents ; les employés, pour soigner leur employabilité ; les indépendants, pour gagner en compétitivité. Quelles sont les meilleures pratiques en la matière ? 10 professionnels des ressources humaines, chefs d’entreprise, experts et utilisateurs partageront leur expérience et leurs conseils. HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Kinepolis Kirchberg SPONSORS

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Inscrivez-vous

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu


LUNCH TALK QUELLE(S) ÉNERGIE(S) POUR NOS ENTREPRISES ? Programme • Welcome drink (11 h 30) • Table ronde (12 h 00) • Seated lunch (13 h 00)

Claude Turmes Ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire

27.09 SILVER SPONSOR

Mardi

Namur, Luxembourg-Hamm

Gilles Babinet Cofondateur, Isotope Energy

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Le programme

Business Club Juin / Juillet 2022

Vendredi 03 juin

Mardi 21 juin APÉRO TALK

Nathalie Reuter en conversation avec Claude Meisch : Education, Talent & Leadership HORAIRE 18:30 – 21:00

Vendredi 08 juillet

Déjeuner Carrousel HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU Knokke Out

Mercredi 13 juillet APÉRO TALK

LIEU À confirmer

Déjeuner Carrousel

Mardi 28 juin 10×6

HORAIRE 12:00 – 14:00

Up your skills!

LIEU Ikki

HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Kinépolis Kirchberg

Mardi 07 juin

SPONSORS SD Worx, Luxembourg for Finance, Cap Langues

FORMATION

Mercredi 29 juin WEBINAR

Décodez vos investissements & challengez votre banquier HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream

Journée de workshops

Mercredi 06 juillet

Nathalie Reuter en conversation avec Henri Kox : Crise du logement : quelles solutions ? HORAIRE 18:30 – 21:00 LIEU Malt SPONSOR IKO

WEBINAR

Principles of persuasion: the 7 pressure points to press

HORAIRE 09:30 – 12:45 LIEU Abbaye de Neumünster

HORAIRE 18:30 – 22:30 Livestream Mercredi 15 juin Jeudi 14 juillet

EVENING TALK

De l’IoT à la sextech : l’humain 4.0 HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Technopolis

Jeudi 16 juin

Breakfast Nouveaux Membres

Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU The Office City

CEO COCKTAIL

HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU The Office City

Delano Live + Meet the Irish community: The Ultimate Luxembourg Quiz HORAIRE 18:30 – 20:30 LIEU Zulu SPONSOR ING

CEO- & Entrepreneurs- Only Cocktail – Summer Edition HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU The British Ambassador’s Residence SPONSOR Rcarré

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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu

Retrouvez le programme complet


EVENING TALK BOB KNEIP, LESSONS LEARNED (SO FAR) Programme • Meet & Greet (18 h 30) • Conférence (19 h 00) • Networking cocktail (20 h 30)

Bob Kneip Vice-président, Kneip

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Mardi

Banque de Luxembourg, Luxembourg

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Flashback

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« La décroissance est un leurre. » Jean-Paul Olinger UEL

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Crédits

Eva Krins, Marie Russillo

Vos événements Ce fut encore un mois riche en événements pour le Club. Côté skills, les nouveaux Advanced Trainings sur la digitalisation ont rejoint le calendrier avec un premier module abordant la digital disruption, présenté par les trois experts de Resultance et Metrum : Marjorie Voghi, Emmanuel Gay et Antoine Ngo. Parallèlement, 4 Danièle Picard (Pyxis Management) a animé le module « Manager par objectifs » du cycle « Booster son middle management ». Enfin, nos membres se sont formés durant des cycles pluridisciplinaires lors de nos Journées de workshops. La finance et l’économie ont été mises à l’honneur avec 3 Talks dédiés : 3 Corinne Lamesch (Alfi), 1 Nasir Zubairi (Lhoft) et 2 Laetitia Hamon (Luxembourg Stock Exchange) ont échangé sur les défis de l’industrie des fonds du Luxembourg lors d’un débat avec Nathalie Reuter. Nous remercions Satisco pour leur soutien. A eu lieu ensuite le Talk PSF de support : nouvelles règles d’outsourcing durant lequel 6 Cécile Gellenoncourt (CSSF), co-auteure de la nouvelle circulaire 22/806, a échangé avec 7 Jean-François Terminaux (Finance & Technology Luxembourg) à ce sujet, soutenu par nos sponsors i-Hub et ABBL. Enfin, 10 Pascale Junker (Luxembourg Stratégie), 15 Blanche Weber (Mouvement Écologique), et 9 Jean Paul Olinger (UEL) ont partagé leurs propositions pour un développement responsable en lien avec la décroissance. Le secteur des RH n’était pas en reste : 11 Béatrix Charlier (P’op), 12 Joachim Cour (Elvinger Hoss Prussen) et 13 Pascal Martino (Deloitte) ont partagé leurs conseils pour manager à l’ère post-Covid de façon résiliente et performante. Nous avons terminé par le milieu de l’architecture et du real estate en faisant découvrir des alternatives à la pénurie des matériaux qui impacte le secteur de la construction. 14 Damien Lenoble (List), 8 Laurent Keser (Soludec) et 5 Martine Schummer (Schroeder & Associés) ont proposé des solutions concrètes. Plus de photos sur

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« Il existe aujourd'hui des alternatives au béton et à l'acier » Damien Lenoble List

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« Une croissance illimitée est irréaliste. » Blanche Weber Mouvement Écologique JUIN 2022

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Ma maison

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Stéphanie et son mari vivent avec leur famille dans une maison construite par Steinmetzdemeyer au Luxembourg.

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« Nous sommes arrivés dans cette maison en 2018 et nous nous y sommes tout de suite sentis très bien », affirme ­Stéphanie. La hauteur sous plafond généreuse dans les pièces à vivre apporte un grand sentiment de confort et d’espace. « On ne se sent pas

à l’étroit, plutôt comme dans une maison de vacances. » Un nombre restreint de matériaux est mis en œuvre dans l’ensemble de la maison, et les plafonds sont laissés en béton brut. La cuisine a trouvé sa place dans un cube ouvert sur deux côtés et dont les parois coulissantes permettent soit une circulation fluide, soit de dissimuler cette pièce de la maison. Dans le salon-salle à manger, la relation avec le jardin est forte grâce à la grande baie vitrée. Pour l’aménagement intérieur, le couple a fait le choix de combiner des meubles anciens avec un style contemporain. Dans le salon, un grand meuble TV-­bibliothèque a été réalisé sur mesure. Partout, les œuvres d’art accompagnent la famille au quotidien. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos GUY WOLFF

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1 La bibliothèque a été réalisée sur mesure pour correspondre parfaitement aux besoins de la famille et accueillir, entre autres, une photo d’Ann Ray. 2 À côté de la grande table à manger est accrochée une œuvre de Damien Deroubaix. 3 La pièce à vivre, dans une harmonie de marron et de gris, s’ouvre vers la terrasse et le jardin. 4 À l’étage, un bureau au caractère plus masculin est l’espace privilégié du père de famille. 5 La famille profite à la fois d’un jardin et de terrasses.

LUMIÈRE JUIN 2022

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Mon argent

Des gains financiers de sa carrière tennistique au plaisir de profiter de la vie depuis sa retraite en 2018, Gilles Müller a vu son rapport à l’argent évoluer avec le temps. Une devise par rapport à l’argent ? Pas vraiment, mais quand je jouais sur le circuit, j’avais tendance à ne pas trop faire attention à l’argent, car je gagnais chaque semaine (ou quinzaine) de gros chèques. Dans la vie normale, je fais plus attention qu’avant. Je me rends compte que c’était sympa de vivre comme ça, mais pour pouvoir éduquer mes enfants, c’est important de connaître la valeur de l’argent. Vous êtes donc plutôt fourmi que cigale… Maintenant, je suis une fourmi. Avant, je ne faisais pas attention. Lorsque j’ai arrêté ma carrière, j’ai voulu me faire un cadeau et je me suis acheté une voiture chère. C’est le plus gros regret de ma vie ! Finalement, je roule aussi bien dans la voiture de mon épouse, qui est une petite Golf, qu’avec l’autre voiture. Je vais aussi bien d’un point A à un point B, et je réalise que je n’avais pas besoin de cela pour être heureux. Les sportifs ont tendance à partir tôt à la retraite. C’est un paramètre que vous aviez en tête sur le circuit ­professionnel ? Oui, bien sûr. Dans le monde sportif, tout peut changer du jour au lendemain : une blessure peut mettre un terme à une carrière. Quand je jouais, j’étais vraiment concentré sur mon tennis, je faisais abstraction de l’argent. Si on y pense tout le temps, on n’est pas concentré sur ce qu’on doit faire.

Gilles Müller préfère le club de golf à la raquette de tennis.

Lorsque l’on est un joueur pro, joue-t-on par plaisir, pour la performance ou pour l’argent ? Pour la performance. Je n’ai jamais vécu le tennis comme un métier : c’est un jeu. Ce n’était pas toujours un plaisir, mais je savais pourquoi je travaillais. Les émotions vécues sur un te­r­rain de tennis, quand on gagne un gros match, les moments de stress..., ce sont des choses qui n’ont pas de prix. Je pense que peu de gens peuvent dire qu’ils ont fait de leur hobby leur « métier ». J’avais du mal à voir cela comme un métier. Estimez-vous que les sportifs sont suffisamment préparés aux questions d’argent ou, au contraire, qu’il reste du travail en matière d’édu­ cation financière ? Je pense qu’il reste du travail et qu’il vaut mieux être bien entouré. Je ne prétends pas

avoir la formule magique pour dire ce qu’il faut faire, mais le monde du sport est un monde de requins. Quand on voit à quel âge les agents approchent déjà des enfants autour des terrains, je trouve cela un peu dangereux. Aujourd’hui, quelles sont vos passions ? Je joue beaucoup moins au tennis qu’avant, car je ne ressens plus le besoin de me rendre sur un terrain. Ma nouvelle passion, c’est le golf. Être à l’extérieur et en mouvement, j’aime cela. Je fais aussi un petit peu de football en vétéran, et du vélo aussi. Et, dans la mesure où j’ai raté pas mal d’invitations chez des amis lorsque j’étais sur le circuit pro, je profite de ma vie sociale et réponds positivement aux barbecues et autres activités qui me permettent de passer du temps avec eux et ma famille.

Que vous procure le golf ? J’aime le challenge de maîtriser cette petite balle, le fait de ne pas avoir un adversaire, mais de jouer contre le terrain. Cela me donne une petite bouffée d’oxygène. Ça reste aussi un sport très social : faire un p ­ arcours avec des copains, partir découvrir de nouveaux parcours à l’étranger, c’est agréable. Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter ou résoudre ? L’amour et le bonheur. Je vois beaucoup de gens qui ont beaucoup d’argent et qui ne sont pas heureux. Je pense que le fait d’être attendu le soir chez soi par ceux qui vous sont chers, ainsi que de partager avec eux des émotions, ça n’a pas de prix.

Interview CATHERINE KURZAWA Photo GUY WOLFF

De la balle jaune à la balle blanche 108

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Le rendez-vous de la communauté de la place financière. À partir de janvier 2022, elle sera publiée la 2e et la 4e semaine de chaque mois.

L’actualité de la place financière ABONNEZ-VOUS sur newsletter.paperjam.lu


Tobias Seidl Cofondateur, Stokr.io Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? Je crois au style plutôt qu’à la mode. Comme le disait Coco Chanel : « La mode se démode, le style jamais. » J’aime être entouré de coupes simples et de couleurs qui ont une beauté intemporelle. Quel a été votre dernier achat mode significatif ? Qu’est-ce qui l’a provoqué ? Lorsque j’étais en échange étudiant aux États-Unis, j’étais très inspiré par Charlie Sheen, dans la salle des marchés, dans Wall Street. Je suis donc allé dans un magasin de vêtements à New York et j’ai acheté mon premier pantalon Armani avec des bretelles ajustées. J’avais l’impression que la vie pouvait commencer... Quels sont votre tenue et ac­cessoire fétiches pour un événement corporate important ? La plupart du temps, je mets mon janker de style bavarois qui donne toujours un look intemporel. Quelle est votre astuce pour composer une chouette tenue pour le travail / un afterwork ? Boutonner sa chemise et sourire. Votre « no go » absolu ? ­Pourquoi ? Une tenue fonctionnelle pour sortir. Voir des gens en veste Jack Wolfskin me fait pleurer. Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Mon pantalon en cuir de cerf b ­ avarois, que je donne à mes bons amis pour aller à l’Oktoberfest à Munich. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Paul Smith, au 3, rue du Fossé, en ville.

08_legende de cette photo où l’on apprend qu’Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

130 - 160 signes

Prêts pour jeudredi ? 110

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Mon style

Corinne Prinz Partner, Arendt & Medernach Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? C’est une façon de s’exprimer sans rien dire et d’affirmer son style et sa personnalité. On dit souvent « Kleider machen Leute » (« L’habit fait l’Homme »), et je pense qu’il y a une certaine vérité dans ce proverbe. Quel a été votre dernier achat mode significatif ? Qu’est-ce qui l’a provoqué ? Des sandales Aquazurra vertes avec des cristaux Swarovski. J’ai vu ces pièces magnifiques et n’ai pas pu résister. Quels sont votre tenue et accessoire fétiches pour un événement corporate important ? La LBD (little black dress) avec des escarpins vernis noirs à talons hauts et mon collier de perles Chanel. You can never go wrong with Coco! Quelle est votre astuce pour composer une chouette tenue pour le travail / un afterwork ? Des chaussures extravagantes. Même avec un outfit entièrement noir et très formel, les chaussures sont le eye-catcher qui va upgrader un outfit pour un afterwork. Sinon, avec des bijoux, ça fait toute la différence avec une tenue très simple. Votre « no go » absolu ? ­Pourquoi ? Les Crocs ! Pour moi, c’est pour le jardinage. On ne peut pas les qualifier de chaussures.

130 - 160 signes Tobias Seidl et Corinne Prinz ont été photographiés chez Mama Shelter Luxembourg.

08_legende de cette photo où l’on apprend qu’Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.

Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Un de mes sacs Chanel, à ma filleule. C’est un vintage des années 80 qui n’est plus produit comme ça aujourd’hui. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Cape Cod – on y trouve vraiment de très belles chaussures ! Interview LISA CACCIATORE Photos GUY WOLFF

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Ma collection

Boucles et manteaux 112

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Fanny Bervard aime les boucles d’oreilles. Elle en a même toute une collection. Tout comme les man­teaux, qu’elle porte au quotidien.

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Les bijoux, pour Fanny Bervard, c’est important. Tellement important qu’elle a choisi de lancer sa propre marque, Romantico Romantico. Mais, parmi les différentes sortes de bijoux, elle avoue avoir un faible pour les boucles d’oreilles. « Depuis plusieurs années, j’achète régulièrement des paires de boucles d’oreilles. J’en porte tout le temps. Et j’adore les grandes boucles, peu importe leur style. » Belles pièces de créateurs ou petites merveilles chinées chez les brocanteurs, elle en a de toutes les époques et en différentes matières. « J’ai aussi chiné d’anciens colliers en perles d’eau douce et défilé les perles pour les remonter avec un nouvel assemblage. C’est comme cela que j’ai réalisé mes premières créations », ex­ plique Fanny ­Bervard. En paral­ lèle des boucles d’oreilles, Fanny voue également un amour inconditionnel aux man­ teaux. « Je suis de nature assez frileuse. Aussi, je porte volontiers un manteau. Le reste de mes tenues est généralement très sobre : un jean, une chemise blanche ou un total look noir. Le manteau est la pièce en plus qui souligne ma silhouette. Je les choisis souvent longs, oversize, non pas pour cacher mon corps, mais plutôt pour le confort que cela m’apporte. » Car, lorsque Fanny s’habille, ce n’est pas tant pour séduire les hommes que pour provoquer une marque d’intérêt chez les femmes, donner de la confiance à celles qui la remarquent. Auteur CÉLINE COUBRAY Photo GUY WOLFF

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Ma recette

Passionnée de pâtisserie, Alysson Delarue, middle officer Financements structurés chez Société Générale Luxembourg, termine les repas sur une note sucrée avec un dessert qui fait l’unani­ mité auprès de ses convives. Pour 6 personnes Préparation : 20 minutes Cuisson : 30 minutes POUR LE BROWNIE 2 00 g de chocolat noir pâtissier 2 œufs 4 0 g de beurre doux 4 0 g de beurre salé (et quelques grammes pour beurrer le moule) 1 00 g de sucre de canne 1 sachet de sucre vanillé 5 0 g de farine 5 0 g de noisettes coupées en deux 5 0 g de noix de pécan, dont 6 pour la décoration POUR LA CRÈME 1 50 g de crème fleurette 1 50 g de mascarpone 3 0 g de sucre glace 1 càc de matcha

Pour le brownie : Faire fondre au bain-marie le chocolat ­préalablement coupé en ­morceaux, avec deux cuillères à soupe d’eau. Préchauffer le four à 180 °C, en mode traditionnel. Il est important de ne pas mettre sur chaleur tournante : cela assécherait le gâteau ! Dans un récipient, fouetter le beurre doux en pommade avec le sucre, jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Celui-ci doit toujours conserver une texture crémeuse. Ajouter le premier œuf. Fouetter pendant une minute, puis ajouter le second. Incorporer le chocolat fondu en deux fois tout en continuant de fouetter. Ajouter peu à peu la farine, puis incorporer délicatement les noisettes et les noix de pécan : à ce stade, le mé­lange a une texture gourmande de pâte à tartiner. Verser l’appareil dans un moule bien beurré (avec du beurre salé) et légèrement fariné. Disposer les noix de pécan pour la décoration et enfourner pour 30 min. Pour la crème : Mettre l’ensemble des ingré­dients dans un bol bien frais et fouetter à vitesse maximale jusqu’à ce que la crème prenne. On obtient une ­texture super onctueuse. Réserver au frais le temps de la cuisson du brownie. Une fois la cuisson du brownie terminée, laisser refroidir une dizaine de minutes. Couper les parts et servir avec la crème au mascarpone, façon boule de glace !

Brownie fondant, crème matcha 114

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Auteur LISA CACCIATORE Photos MATIC ZORMAN


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Mon mental

Depuis plus de 25 ans, Jeff Henckels tire à l’arc. Aujourd’hui, il est sportif de haut niveau et a déjà participé à plusieurs reprises aux Jeux olympiques. Comment se gère le mental quand on est soumis à cette pression ? C’est ce que l’archer nous raconte. « J’ai commencé le tir à l’arc un peu avant mes 10 ans, introduit Jeff Henckels. Ma famille était plutôt dans la pratique du tennis de table, mais ce sport ne me plaisait pas du tout. J’ai découvert le tir à l’arc à l’occasion d’une journée de démonstration lors d’une foire, et j’ai tout de suite accroché. » Au départ, le petit Jeff tire à l’arc dans la forêt, avec son père, puis une fois ses 10 ans atteints –

Jeff Henckels a appris à faire passer le plaisir du sport avant la pression des compétitions.

l’âge réglementaire pour tirer –, il intègre le club de Strassen. Depuis, il ne l’a jamais quitté. « Je dois avouer que je n’avais pas de prédisposition ni de talent particulier pour le tir. La seule chose qui m’intéressait, c’était de voir les flèches voler. J’étais aussi intéressé par le côté bricolage sur les arcs. » Un peu plus tard, il voit les copains du club participer aux compétitions, se faire prendre en photo. Cela le titille et lui donne envie de progresser. Car lui aussi veut être sur les photos. Et être aussi fort que son copain Gilles (Seywert, ndlr). Il s’entraîne alors beaucoup, et son niveau monte. Mais tout ce développement se passe sans pression, plutôt

comme un jeu. Et Jeff Henckels, à force de travail, parvient à se positionner, vers 14 ans, à un niveau international. Le niveau international « Quand on est jeune, on ne pense pas aux enjeux des compétitions. On s’amuse, c’est tout. C’est au moment des Jeux olympiques de 2004 que les choses ont changé et que j’ai réalisé la pression qu’il pouvait y avoir. » De son côté, il n’espère rien de particulier, mais son quotidien change. Il est dans la presse, les gens le reconnaissent, attendent de lui qu’il fasse de bons résultats. « Je ne pouvais plus perdre. C’est à ce moment-là que j’ai pris

conscience de ce qu’on attendait de moi, et j’ai un peu paniqué. » Conséquence : son niveau baisse, les résultats ne suivent plus. « Beaucoup de sportifs arrêtent à ce tournant de leur carrière. Mais je continuais à vraiment beaucoup aimer tirer à l’arc. Alors j’ai décidé d’apprendre à vivre avec cette pression et de reprendre l’entraînement. » Il franchit alors une étape décisive : il décide d’accepter l’échec. « Je me suis autorisé à ne plus aller m’entraîner tous les jours si je n’en avais pas envie. Une fois, j’ai même arrêté pendant trois semaines, ce qui ne m’était jamais arrivé. J’ai vraiment pris cons­cience que, si je pratiquais

Le plaisir avant tout 116

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« J’ai pris le temps dont mon corps avait besoin. »

ce sport, ce n’était pas pour la compétition, mais pour le plaisir et les sensations qu’il me procure. Alors, rien ne doit venir gâcher ce plaisir. En adoptant cette attitude, je suis revenu à un top niveau. » Comme d’autres collègues sportifs, il rencontre des coachs mentaux qui l’accompagnent dans sa pratique du sport de haut niveau. Mais il avoue que cela ne l’a pas franchement aidé. « Le plus important pour moi est l’entraînement et le plaisir qu’on y prend. J’ai essayé de suivre les conseils des coachs, mais cela n’a pas eu de grand effet sur moi. » Par contre, ce qui l’aide beau­ coup, c’est de se représenter mentalement le moment du tir. « Je fais cela depuis que je suis enfant, précise l’archer. Allongé dans mon lit, avant de m’endormir, je m’imagine en train de tirer une flèche, les gestes que je dois faire, les sensations que je ressens à ce moment-là, quels muscles sont sollicités. Une chose que m’ont apprise les coachs, quand même, c’est de faire ce même exercice, mais en imaginant cette scène en me regardant moimême tirer, comme si j’étais sorti de mon corps. Ça, je ne le faisais pas spontanément. »

En compétition Quand il est en compétition, Jeff Henckels aborde la pression avec une certaine sérénité. « Je ne change pas vraiment mes habitudes. La seule chose que je fais, c’est que, 15 minutes avant le match, je me calme. Je parle moins et ralentis mon rythme cardiaque. Au moment du tir, je suis très concentré, mais une fois que c’est fini, pas de souci, je reparle avec tout le monde. » S’il ne pense pas être dans une bulle, il reconnaît tout de même être concentré pour ne pas diffu­ ser son stress. « Je ressens une pression au niveau de la poitrine, mais je fais tout pour la contenir et qu’elle ne déborde surtout pas ailleurs dans mon corps. Une fois, je n’y suis pas parvenu, et c’était la catastrophe. J’avais les bras et les mains qui tremblaient. Impossible de tirer correctement. » L’accident Juste après l’annonce de l’annu­ lation des Jeux olympiques de Tokyo, auxquels il devait partici­ per, Jeff Henckels fait une mau­ vaise chute à vélo et se blesse au bras. « Les médecins m’ont annoncé que le cartilage et les ligaments étaient abîmés.

Impossible pour eux de me dire après combien de temps je pourrais tirer à nouveau, et même si je pourrais le refaire un jour. » Éton­ namment, il prend cette nouvelle très calmement, sans colère. « Cela fait de nombreuses années que je tire, et j’avais pensé arrêter ma carrière après les Jeux olympiques de Tokyo de toute façon. Mais je n’acceptais pas d’arrêter dans ces conditions. Alors, j’ai pris le temps dont mon corps avait besoin pour se remettre. Je dois avouer que j’ai adoré ces mois sans tirer. » Et puis, un jour, il décide de réessayer. Il reprend des arcs légers pour commencer. Avec succès. Alors, progressivement, il change d’arc pour en prendre de plus en plus lourds et forts. Et là aussi, ça fonctionne. « Je n’avais rien à perdre, donc j’y suis allé sans pression. Aujourd’hui, je fais des scores que je faisais au meilleur de ma forme ! Du coup, j’ai repris la compétition. Et si ça passe, tant mieux. Sinon, ce n’est pas grave. Tout le monde me disait que je n’y arriverais jamais. Donc tout ce qui arrive est très positif. » Auteur CÉLINE COUBRAY Photos MATIC ZORMAN

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DI N ER G

EN DÉ

ÉDITION JUIN 2022

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION

Bérengère Beffort

Rédaction

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX

Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu

RÉDACTEUR EN CHEF PRINT

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Nathalie Reuter Thierry Raizer

RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL

Nicolas Léonard

Julien Carette (-116) Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104) Ioanna Schimizzi (-120)

Téléphone 20 70 70-300 E-mail brandstudio@maisonmoderne.com

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

DIRECTOR BRAND STUDIO

Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Manon Méral (-173) Mathilde Obert (-114) Thierry Raizer (-108) Jérémy Zabatta (-106) PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Aurélie Boob (-121) Marc Fassone (-157) Benoît Theunissen (-107) LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Lisa Cacciatore (-176) Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) Elena Sebastiani (-175) RÉSEAUX SOCIAUX

Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING

Pauline Berg, Laura Fort, Sarah Lambolez, Nathalie Rachline WEBPUBLISHING

Lisa Christl, Didier Hiégel, Adrienne Nélissen PHOTOGRAPHES

Andrés Lejona, Romain Gamba, Guy Wolff, Matic Zorman

Éditeur

Brand Studio

Youcef Damardji

HEAD OF MEDIA SALES AND SOLUTIONS

Dominique Gouviaux (-338) ASSISTANTE COMMERCIALE

Céline Bayle (-303) CONSEILLERS MÉDIA

Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Aline Puget (-323) Cagla De Brem (-283) Laurie Cros (-310) Marie Langlais (-325) Géraldine Gij (-307) Sophie Blecha (-316) Alexis Fernandez (-314) CONSEILLERS BUSINESS CLUB

Virginie Laurent (-322) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326) Valentin Morello (-320) Philippe Raphael (-332) Ray Zubairi (-324) HEAD OF CONTENT STRATEGY

Emmanuelle Thivollard DIRECTEUR DE CRÉATION

Jeremy Leslie

www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com FONDATEUR ET CEO

Mike Koedinger DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER

Etienne Velasti

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Mike Koedinger (président) Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini Pascale Kauffman et Daniel Schneider (membres) DIRECTRICE PUBLISHING HOUSE

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STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR

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JUIN 2022

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La liste

élus représentant la diversité

Dans une société luxembourgeoise composée de 47,2 % d’étrangers, il s’avère crucial que ceux-ci s’investissent localement dans la vie politique et sociale. À un an des prochaines élections communales, voici cinq exemples pouvant être autant de sources d’inspiration. Auteur JULIEN CARETTE

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José Vaz do Rio

ÉCHEVIN À BETTENDORF

Eduarda Macedo

CONSEILLÈRE À LUXEMBOURG

Le 1er décembre 1985. Eduarda Macedo se souvient comme si c’était hier de la date de son arrivée au Luxembourg. «C’était un dimanche, à un mois de l’entrée du Portugal dans l’Europe, sourit cette Portugaise née à Lisbonne en août 1959. Le lendemain, je commençais à travailler à la Commission européenne, en tant que traductrice, alors que j’étais psychologue de formation.» À l’époque, elle cherchait à quitter le Portugal, s’intéressait à la construction européenne et souhaitait se rapprocher de l’Allemagne… pour des raisons sentimentales. Un amour dont est né un fils, en 1989, qui l’a poussée à rester au Luxembourg, «où la vie était plus facile». La Commission européenne, elle ne l’a quittée qu’en mai dernier, prenant sa retraite après 37 années d’une carrière qui a renforcé son intérêt pour la politique. Convaincue de rejoindre déi Gréng par l’ancienne députée Viviane Loschetter, elle est candidate aux élections communales de 2011 et 2017 en tant que citoyenne portugaise. «Parce que je m’en sentais capable et qu’il est important, dans notre société, que des non-Luxembourgeois se présentent. Il faut donner l’exemple. Et si ma présence peut aider… » 120

JUIN 2022

José Vaz do Rio

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Victoria El-Khoury

CONSEILLÈRE À STRASSEN

Née en septembre 1977 au Liban, précisément à Byblos, une ville connue comme étant l’une des plus anciennes au monde, Victoria El-Khoury est arrivée au Luxembourg voici 15 ans. « Après des études en pharmacie au Liban, je voulais poursuivre avec un doctorat à l’étranger. Je l’ai effectué – en biologie cellulaire et moléculaire – à Reims, puis, de là, cherchant un poste postdoc, je suis arrivée au Luxembourg en 2007. Au CRP-Santé, qu’on appelle désormais le Luxembourg Institute of Health », raconte cette chercheuse en cancérologie. Quant à la politique, la conseillère communale LSAP (depuis 2020) est tombée dedans… grâce à des cours de cuisine. « J’en ai d’abord suivi dans un but d’intégration, avant d’en donner moi-même sur la cuisine libanaise. Un hobby qui m’a permis de rencontrer pas mal de monde au sein de la commune de Strassen. » Et de taper dans l’œil du LSAP. Un parti qui convenait à ses « idées socialistes ». Actuelle présidente de la commission d’intégration de sa commune, elle fait aujourd’hui partie des noms cités à Strassen comme bourgmestre potentielle en vue du scrutin de 2023.

DR, déi Gréng, Studio Andrea et CSV

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Victoria El-Khoury

Photos

Eduarda Macedo

José Vaz do Rio (65 ans) s’est fait connaître en octobre 2017 lorsqu’il aurait pu devenir, à Bettendorf, le premier bourgmestre portugais du Luxembourg. « C’est moi qui comptabilisais le plus de voix. Mais, après y avoir réfléchi toute une nuit, j’ai refusé le poste… On ne s’improvise pas capitaine du jour au lendemain », explique celui qui a obtenu la double nationalité juste après ce scrutin. Sans attache à un parti politique, mais de tendance plutôt libérale, il est un adepte du step by step. Six ans en tant que conseiller communal (2011-2017), puis échevin durant la législature actuelle, il briguera peut-être la place de bourgmestre en juin 2023. Du moins, s’il se présente. Ce qui n’est pas encore certain… En 1978, par contre, il n’avait guère hésité à rejoindre le Luxembourg. Papa d’un enfant alors âgé de quelques mois, le natif de Vila Pouca de Aguiar avait quitté son Portugal natal et son travail dans la mine d’or locale pour une place dans le domaine de la construction, puis au sein de l’usine Goodyear à Colmar-Berg. « Je voulais donner un avenir aux miens. C’était la meilleure solution », sourit ce papa ayant trois enfants et quatre petits-enfants.


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La réforme des élections communales encore votée cette année ?

Thomas Wolter

BOURGMESTRE DE WALDBREDIMUS

Né en Allemagne de l’Est, à Dessau, voici 59 ans, Thomas Wolter a passé les 27 premières années de sa vie de l’autre côté de ce qu’on appelait le « rideau de fer ». Avant d’arriver au Luxembourg en 1990, un an après la chute du mur de Berlin. Ce qui provoqua un triple changement dans la vie de cet ingénieur. « Sortant alors d’un monde universitaire au sein duquel j’avais travaillé quatre ans après la fin de mes études, je me lançais dans la vie active. Et cela, dans un pays différent de l’Allemagne, et, qui plus est, ‘à l’Ouest’. Jusqu’alors, la vie en Europe de l’Ouest, je ne l’avais vue qu’à la télévision. D’un coup, cela devenait ma réalité… » Autre réalité pour lui, la double nationalité, qu’il demanda dès qu’elle fut possible, en 2008. « Simplement parce qu’elle correspondait parfaitement à ce qu’a été ma vie, partagée entre l’Allemagne et le Luxembourg», conclut ce bourgmestre sans attache à un parti politique, et qui pourrait rester comme le dernier de la petite commune de Waldbredimus (1.300 habitants), une fusion avec celle de Bous étant programmée au 1er septembre 2023, après le prochain scrutin communal.

Thomas Wolter

Natalie Silva

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Natalie Silva

BOURGMESTRE DE LAROCHETTE

«Je pense que la phrase que j’ai le plus entendue, c’est: ‘Mais vous maîtrisez parfaitement le luxembourgeois...’, sourit Natalie Silva. Il faut dire que ma nationalité luxembourgeoise n’est pas la première chose qu’on remarque. Avec ma couleur de peau, on voit davantage mes origines étrangères. Mais tout ça est souvent dit sans méchanceté, plutôt avec une pointe de surprise dans la voix.» Natalie Silva ne semble donc pas en prendre ombrage, elle qui est devenue, depuis sa victoire en octobre 2017 à Larochette lors des élections communales, un des symboles de la diversité, voire de l’intégration luxembourgeoise. Et ce, alors qu’elle est née à Ettelbruck voici 41 ans et qu’elle a été éduquée dans une famille « à l’esprit très ouvert, avec une maman qui voulait avant tout qu’on s’adapte à ce pays». Une maman originaire du Cap-Vert, tout comme son papa, qu’elle a vu s’engager au sein de plusieurs associations. Ce qui l’a motivée à le faire à son tour en politique, au CSV. « Un choix qui coulait de source pour moi, tant ce parti est celui que j’ai vu toute ma jeunesse. »

Le 2 septembre dernier, Taina Bofferding (LSAP), ministre de l’Intérieur, Corinne Cahen (DP), ministre de la Famille et de l’Intégration, et Sam Tanson (déi Gréng), ministre de la Justice, présentaient ensemble, devant les députés, mais également la presse, un projet de loi visant à réformer l’accès aux élections communales. Celui-ci ambitionne, en effet, de supprimer l’obligation de résidence de cinq ans, actuellement en vigueur, pour qu’un citoyen non-luxembourgeois puisse parti­ ciper à une élection communale au Luxembourg. Cela signifierait donc que les citoyens non-luxembourgeois obtiendraient le droit de vote actif (c’est-à-dire le pouvoir de voter) dès leur arrivée. Le droit passif (celui de se présenter en tant que candidats) étant acquis pour tous après 6 mois de résidence dans la commune. Le texte propose également des aménagements devant favoriser la participation électorale, tel le rallongement du délai d’inscription sur une liste électorale (la clôture des inscriptions passant de 87 à 55 jours avant une élection). Toute la question est aujourd’hui de savoir si cette loi sera bien en vigueur le 11 juin 2023, date du prochain scrutin communal au Luxembourg. « L’avis du Conseil de l’État nous est récemment parvenu. Il con­tient deux oppositions formelles qui devraient cependant pouvoir être évacuées sans problème », indiquait-on début mai au ministère de la Famille et de l’Intégration. Corinne Cahen expliquant, pour sa part, espérer que « cette loi soit votée cette année ou, en tout cas, aussi vite que possible ».

JUIN 2022

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JUIN 2022

Photos

Préserver les finances de l’État tout en aidant autant que faire se peut entreprises et ménages à faire face aux crises. Répondre aux attentes du Gafi en maintenant la compétitivité de la Place. Réguler tout en ne transformant pas le Luxembourg en une forteresse réglementaire. Anticiper la problématique des pensions et imaginer les contours d’une future réforme fiscale. La ministre des Finances, Yuriko Backes, évoque notamment ces dossiers chauds dans un entretien en page 26 La rubrique Data Dada, en page 24, a plongé dans notre assiette pour mettre en lumière les déséquilibres qui existent dans les flux entre la production et ce qui se trouve au bout de notre fourchette Des produits, il en est aussi question avec Pierre-Alexandre Rocour, managing director d’Aldi Luxembourg, qui ne cache pas ses ambitions à court et moyen terme en page 36 De l’ambition, il en a fallu au trio fondateur de Finologee. Une fintech qui entre dans de nouveaux bureaux. À lire en page 44 flambant neufs, c’est aussi le cas pour Des locaux l’École 42, qui prend ses quartiers dans le Digital Learning Hub de Belval. Sophie Viger explique en page 40 sa satisfaction d’enfin poser le pied au Luxembourg C’est aussi à Esch que va se déployer le HE:AL Campus, ce projet ambitieux dont Jean-Paul Scheuren donne les détails en page 48 Si la crise sanitaire a été un séisme dans bien des secteurs, elle a également impacté le marché de l’immobilier résidentiel. En page 54, Angélique Sabron, managing director et head of markets de JLL, et Robby Cluyssen, directeur Résidentiel, décryptent les nouvelles inflexions, déjà largement perceptibles Phénomène de société, le running est devenu un business de fond. Qui connaît de profondes mutations. Notre dossier Enjeux revient sur ce qui fait courir les gens, où, pourquoi et comment, en page 68 L’ancien tennisman Gilles Müller évoque pour sa part son rapport à l’argent, en page 108 Tobias Seidl (Stokr.io) et Corinne Prinz (Arendt & Medernach) dévoilent, en page 110, celui qu’ils ont avec la mode Alors que le Luxembourg s’apprête à élargir un petit peu plus encore le droit de vote aux non-nationaux, nous avons été à la rencontre de ces élus qui représentent la diversité. À découvrir en page 120 Enfin, des parcours inspirants, vous en retrouverez aussi en page 84 avec ces 11 jeunes de moins de 30 ans qui s’engagent en faveur du développement durable et pour des changements de société. Bonne lecture!

Guy Wolff et Matic Zorman

Clin d’œil




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pages 82-83

LE MARATHON UNE ENTREPRISE EN SOI

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ÉQUIPEMENT

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TÉMOIGNAGES

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