Le marathon, une entreprise en soi
« On ne devient pas millionnaire avec ce marathon » L’ING Night Marathon effectue son retour le 28 mai, après deux annulations successives. Une situation qui a fragilisé Step by Step, la société organisatrice, et son CEO, Erich François. Mais n’a, en aucun cas, anéanti les ambitions de ce dernier.
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JUIN 2022
À quoi ont ressemblé ces deux dernières années en pratique ? Nous avons travaillé comme si le marathon allait avoir lieu, les annulations n’arrivant, à chaque fois, que tardivement. J’ai aussi travaillé sur un nouveau parcours pour l’édition 2021, avant d’en dessiner un autre pour 2022. Ce dernier m’a pris un an et demi. Il a fallu tenir compte d’un tas de détails, des avancées du tram, etc. Et tout cela sans rentrées financières. Heureusement, un grand nombre de coureurs nous ont supportés, en acceptant de transférer leur dossard d’une édition à l’autre, ne réclamant donc pas de remboursement. Je leur en suis vraiment reconnaissant.
« Il y a sans doute moyen d’avoir une rentabilité intéressante à partir de 20.000 participants. » ERICH FRANÇOIS CEO Step by Step
Comment expliquez-vous ce phénomène ? Pour moi, cette diminution est majoritairement due au fait que les différents groupes d’entraînement présents en entreprise n’ont pas fonctionné normalement ces derniers mois. Le running a beau être un sport individuel, on s’entraîne collectivement… On n’a jamais vendu autant de paires de baskets que durant la crise sanitaire. Tout le monde a commencé à courir. Mais tous ces nouveaux amateurs de course à pied ne se sentent pas encore prêts pour une épreuve comme la nôtre. D’ailleurs, si l’on compare aux dernières éditions, ce sont majoritairement des semi-marathoniens qui manquent à l’appel… Néanmoins, je suis persuadé que toutes ces nouvelles paires de chaussures, on les verra un jour chez nous. À mon sens, en 2023, nous serons de retour à notre niveau d’avant la crise sanitaire.
Romain Gamba
2022 est censée être l’année de la relance. Or, la situation est à nouveau compliquée… Effectivement. Nous en sommes à 12.000 coureurs inscrits, en deçà des 16.000 de 2018 et 2019. Mais cela n’est pas propre à L uxembourg. C’est le cas pour tous les marathons : Paris, Hambourg, etc. Habituellement, nous affichons complet dès février…
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Quand on gère une entreprise dont l’activité d’une année se joue pour ainsi dire sur un seul événement, et que celui-ci se trouve être annulé durant deux années consécutives, comment survit-on ? Je ne vous cache pas que cela a été compliqué. Et rien n’aurait été possible sans le secours de notre sponsor principal, ING, et de l’État. En 2020, le premier nous a soutenus financièrement à un niveau supérieur à ce qu’il était tenu de faire contractuellement. L’année suivante, j’ai réussi à contracter une assurance qui a été d’une aide précieuse. Mais lorsque je repense à 2021, je ne peux que saluer a ussi le travail effectué par le ministère des Classes moyennes. Nous avons été épaulés financièrement, avec le chômage partiel mis en place par le gouvernement notamment, qui a servi pour mes employés (cinq à plein temps, deux à temps partiel, ndlr). Mais l’aide du ministre des Classes moyennes, Lex Delles, a été au- delà de cela. Il est venu nous voir, il a posé des questions, il a entendu nos réponses et, ensuite, il a agi, trouvé des solutions. J’avoue que cela m’a un peu surpris, parce qu’on n’a pas toujours l’habitude qu’il en soit ainsi…
Financièrement, quelle était votre situation au moment de terminer 2021 ? Nous étions en déficit. Tout comme lors de l’exercice précédent. Et en ce qui concerne cette année 2022, j’espère peut-être terminer à l’équilibre. Mais je vous avoue que je suis plutôt pessimiste à ce niveau-là, compte tenu notamment du nombre d’inscriptions enregistrées pour le marathon. Heureusement, à côté de Step by Step, mon entreprise événementielle, j’ai d’autres activités. Je suis photographe pour l’industrie, et puis je possède aussi Zephyr, une société active dans le domaine éolien. Cette dernière m’a apporté une vraie bouffée d’air, sans toutefois réussir à compenser le reste. Mais, malgré tout cela, je n’ai jamais songé à mettre la clé sous la porte. J’ai toujours eu la certitude que la situation allait évoluer et redevenir favorable.