Paperjam Juillet 2022

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NUMÉRO 225

JUILLET 2022

Business zu Lëtzebuerg

Claude Strasser, fidèle au poste 5 453000 074017 07 5€



Édito #Électromobilité

Zéro émission, zéro possession L’action du Parlement européen représente une victoire pour le climat. Dès 2035, la vente de moteurs thermiques devrait être interdite. Ce vote se veut un virage nécessaire pour réduire progressivement les émissions de CO2 et atteindre la neutralité carbone en 2050 dans l’UE. En parallèle, un autre débat émerge. Comment réinventer le busi­ness model autour de l’automobile ? Encourager la production de voitures plus propres est évidemment une opportunité de mettre fin à notre dépendance au pétrole. On comprend le choix politique, face à la hausse des prix et à l’impact des énergies fossiles sur le climat, d’encourager les automobilistes à privilégier les véhicules électriques. Au Luxembourg, cette électrification du parc automobile est encore en sous-régime. En 2021, plus de six voitures nouvel­lement immatriculées sur dix avaient un moteur ­diesel ou essence. Sur 44.000 nouvelles imma­triculations, on comptait 9.100 véhicules entièrement électriques et plug-in hybrides, soit 20,5 % de parts de marché, comme l’avait relevé la ministre de l’Environnement dans le cadre du programme d’aides finan­ cières Clever fueren. Certes, la demande est passée à la vitesse supérieure, les voitures électriques représen­ tant 10,5 % des nouvelles immatriculations en 2021, contre 0,8 % en 2018. Mais en chiffre absolu, il reste fort à faire. Les 17.425 voitures électriques en circulation début 2022 consti­ tuent uniquement 3,9 % de l’ensemble des

443.300 voitures immatriculées au Lux­em­ bourg. Dire que l’électromobilité n’a pas encore percé auprès du grand public est un euphémisme face à l’objectif national d’atteindre 49 % de voitures électriques d’ici 2030. Pour l’instant, l’État stimule la demande de véhicules électriques à grand renfort de primes pouvant atteindre 8.000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique. Si ce soutien au renouvellement du parc automobile est noble, pourquoi privilégier une aide financière destinée à acquérir une voiture, alors que celle-ci peut être mise à disposition à la demande ? Afin de soutenir les concessionnaires et acteurs professionnels locaux tout en bénéficiant d’un levier économique, on pourrait imaginer qu’une partie des aides leur revienne directement. Et ce, pour qu’ils développent des systèmes d’abonnement et des plateformes digitales de mise à ­dispo­sition de voitures électriques. Ceci permettrait de valoriser les conces­ sionnaires et acteurs du leasing, le modèle économique de l’abonnement offrant une expérience client durable. Par ailleurs, les aides à ces professionnels pourraient appuyer davantage la création de bornes de recharge dans leurs établissements. Les pouvoirs publics ont tout à gagner en faisant du sec­ teur automobile local un partenaire innovant pour l’économie et le climat. Directrice des publications BÉRENGÈRE BEFFORT

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Juillet 2022

Ristretto 10 #POLITIQUE 12 SERGE WILMES

« Briguer la fonction de bourgmestre serait un grand honneur » –

14 #ENTREPRISES 16 MYRIAM FILALI

« Racheter des structures qui ont nos valeurs » –

18 #PLACEFINANCIÈRE 20 ISABELLE DELAS

« Les labels de Luxflag, au-delà de la réglementation» Data Dada 24 #CLIMAT

Les trois faces du dérèglement climatique

p. 38 Bob Kneip, qui vient de céder son entreprise à Deutsche Börse Group, évoque son incroyable parcours professionnel.

Conversations 26 CLAUDE STRASSER

« Il n’y a pas plus belle entreprise que Post à diriger » –

38 BOB KNEIP

« La donnée des fonds est le nouveau pétrole » –

46 LAURENT MULLER

« Connaître la valeur de sa PME pour fixer un prix » –

54 MÉTIERS DE BOUCHE

Une faim de recrutement –

Photos

Romain Gamba et Guy Wolff

60 ANDY SCHLECK

« Ramener le Tour au Luxembourg est un défi qui me tente » –

64 MAISONS DE REPOS p. 60 De sportif professionnel à entrepreneur : Andy Schleck a sauté le pas.

Le Luxembourg face à la gestion du 3e âge JUILLET 2022

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Juillet 2022

Blockchain et exploi­tation des données

Politique, réglementation et loi de la blockchain

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Impact climatique de la blockchain et de la cryptomonnaie

Blockchain, sécurité et interopérabilité

Enjeux

Le défi de la blockchain face à ses limites

LA BLOCKCHAIN DANS DE NOMBREUX DOMAINES Tokénisation et actifs numériques

Contrats intelligents et automatisation

74 EN ATTENTE

Gouvernance décentralisée et nouveaux modèles

DE RÉGLEMENTATION Le Luxembourg bien placé et pas si pressé

Blockchain et identité numérique p. 72

Contrairement à une idée trop répandue, l’utilité de la blockchain ne se limite pas aux bitcoins et aux cryptomonnaies.

76 VOCABULAIRE

Parlez-vous blockchain ?

78 INTERVIEW

« Avançons tous ensemble ! »

80 ÉCOSYSTÈME START-UP Les dix projets à suivre

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84 LE SAVIEZ-VOUS ?

Sept faits méconnus pour briller en société

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Business Club

Lifestyle 106 108 110 112

Portfolio

Au service de Leurs Altesses

MA MAISON MON ARGENT MON STYLE MA COLLECTION

114 MA RECETTE p. 110 Une fin de journée à la plage en soignant son style ? Oui, c’est possible.

120

La liste

6 directeurs culturels nouvelle génération Débat public 08 JESSIE THILL

Advertoriaux 22 BANQUE HAVILLAND

Women: the changing face of wealth

36 SPUERKEESS

Comment réussir sa transmission d’entreprise ?

Photos

Guy Wolff

50 RECKINGER

Accompagner l’évolution énergétique du Luxembourg

p. 86 Fournisseur de la Cour : un titre qui est plus qu’une reconnaissance.

70 WEALINS

Celebrating 30 years of innovation and trust JUILLET 2022

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Débat public Le Luxembourg a comme particularité de devoir gérer une mobilité transfrontalière très élevée, due notamment aux 215.000 frontaliers, tandis que le secteur des transports est responsable de 66 % (2019) de nos émissions de gaz à effet de serre. Il est donc impératif de le cibler en priorité. Un rôle-clé de la mobilité durable revient au rail. Depuis 2003, le nombre de voyageurs a tellement augmenté que le réseau commence à saturer. En conséquence, l’actuel ministre de la Mobilité a œuvré pour la modernisation et l’extension rapide des capacités ferroviaires dès 2013, y compris un réseau de tramway. La stratégie Modu 2.0 et le nouveau Plan national de mobilité pour l’horizon 2035 (PNM 2035) portent ces efforts et visent à coordonner les différents réseaux de mobilité. La dimension transnationale n’a pas non plus été oubliée ! Outre ses efforts pour offrir une mobilité durable aux résidents et frontaliers, le Luxembourg entend égale­ment améliorer son raccordement aux réseaux européens des trains internationaux, dont ceux de nuit. Il y a 15 ans, on pouvait voyager en train de nuit à travers toute l’Europe, mais le déclin fut rapide. En 2016, la SNCF abandonna nos dernières liaisons de nuit vers la Côte d’Azur (Nice) et la frontière espagnole (Portbou). Mais, face au regain d’intérêt, les projets de trains de nuit foisonnent à nouveau afin de répondre à la demande des clients souhaitant utiliser

Jessie Thill Députée déi Gréng

des modes de déplacement plus respectueux de l’environ­ nement. Le Grand-Duché a intensifié les efforts de coopération afin de participer au renouveau, mais la tâche reste ardue. La libéralisation du transport ferroviaire européen interdit le subventionnement étatique direct d’une liaison internationale. En outre, la masse critique des clients luxembourgeois reste trop faible pour convaincre, à elle seule, les grandes compagnies ferroviaires à passer par le Luxembourg. Dans ce contexte, des connexions indirectes aux trains de nuit – par Liège, Sarrebruck ou Metz – semblent plus réalistes. Notre objectif le plus important reste l’amélioration des connexions aux principaux hubs ferroviaires voisins (Bruxelles, Paris, sud de la France via Strasbourg, Mannheim, Coblence…). Or, voyager à bord d’un train international reste encore souvent plus cher et plus compliqué que l’avion, qui profite d’un espace aérien harmonisé et d’un carburant non taxé. Est-ce logique et con­ forme aux objectifs climatiques? Certainement pas, et il est important de mettre fin à cette concurrence déloyale! Jessie Thill est députée déi Gréng depuis le 19 janvier 2022. Elle est notamment rapporteur du projet de loi 7939 qui concerne la construction du pôle d’échange multimodal de la gare d’Ettelbruck et la gestion de l’infrastructure ferroviaire. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne carte blanche aux représentants élus du Parlement. Photo MATIC ZORMAN

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NOVEMBRE MARS 2020 2021

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Ristretto #Politique Sélectionné par JEREMY ZABATTA et IOANNA SCHIMIZZI

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SEUL

« La Sacred Heart University a coupé tous les ponts, non seulement avec l’écosystème luxembourgeois, mais aussi avec la communauté internationale et les parties prenantes autour de son campus luxembourgeois. » Depuis les États-Unis, l’antenne grand-ducale de la Sacred Heart University a été fermée, fin mai, sans en référer à son conseil d’administration pourtant constitué en organe consultatif, dont le président est Raymond Schadeck. Naturellement, les dents grincent au CA du campus luxembourgeois, qui tente de trouver une issue pour les étudiants. 2

RENOUVEAU

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PRÉCISE

« Le gouvernement a proposé des amendements pour être plus clair et répondre aux incertitudes concernant les évolutions à venir. » Face aux zones d’ombre du projet de loi sur le report de l’indexation, le gouvernement a décidé d’amender le texte, début juin, en ne maintenant que le report au 1er avril 2023 de l’indexation des salaires prévue en juillet prochain, comme l’explique Josée Lorsché, députée et chef de fraction déi Gréng. 4

FIER

« Je n’ai pas pris cette décision à la légère. La présidence du parti est un mandat pour lequel j’ai beaucoup de respect, qui implique une grande responsabilité, comme l’ont montré Mme Cahen et ses prédécesseurs. »

INSPIRÉ

« Nous voulons rester ce que nous sommes. »

Le 2 juin, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a prononcé un discours en visioconférence à la Chambre des députés. Il a notamment fait référence à la devise du Luxembourg, et a réclamé davantage d’aide et des sanctions plus sévères envers la Russie. Le Premier ministre Xavier Bettel (DP) a affirmé par la suite qu’il « irai[t] en Ukraine ». 6

CONVAINCU

« C’est la seule façon de développer un pays, en enseignant aux gens des compétences, en encourageant la transmission du savoir-faire et en les rendant indépendants. »

Le ministre de l’Économie, de la Coopération au développement et des Affaires humanitaires Franz Fayot (LSAP) était en visite aux côtés du Premier ministre Xavier Bettel (DP) au Rwanda et au Niger, du 5 au 7 juin dernier.

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Photos

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Anthony Dehez (archives), Maison Moderne (archives) et Shutterstock

Lex Delles, 37 ans, actuel ministre des Classes moyennes et du Tourisme, a été élu à 98,95 % président du DP lors du congrès national du parti le 12 juin.


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Ristretto #Politique

«Briguer la fonction de bourgmestre serait un grand honneur» Le député et échevin de Luxembourg-ville Serge Wilmes (CSV) sera tête de liste lors des prochaines élections communales.

Entre décembre 2020 et novembre 2021, la Ville de Luxembourg avait fait appel à une société de gardiennage pour gérer les problèmes d’insécurité dans ­l’espace public. La bourgmestre Lydie Polfer (DP) a annoncé y recourir à nouveau. Pourquoi ? Le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox (déi Gréng), avait annoncé qu’il y aurait davantage de policiers. Nous avons donc décidé d’arrêter. Et si nous avons constaté une légère amélioration dans le quartier Gare, ce n’est pas le cas dans le centre-ville, où il y a même une détérioration.

D’autres solutions ne sont-elles pas envisageables ? Nous avons l’idée, en vue des élections, de réintroduire une police municipale, directement sous l’autorité du conseil échevinal. Car, à l’heure actuelle, nous ne p ­ ouvons pas faire respecter la réglementation par nos propres moyens. Le bourgmestre est démuni. Quelle est votre ambition pour les prochaines élections communales ? Je serai la tête de liste du CSV. Mon but est d’obtenir le meilleur résultat possible. Et si je peux briguer la fonction de bourgmestre, ce sera un grand honneur.

Vous constatez une hausse de l’insécurité ? Nous voyons à l’œil nu qu’il y a davantage de mendiants, de toxicomanes, de trafiquants. Nos concitoyens le ­rapportent, notre personnel aussi. Est-ce davantage de l’insécurité ou un sentiment d’insécurité ? Ce n’est pas juste un sentiment. La plupart des mendiants sont exploités par des réseaux criminels, de même que les ­trafiquants. Une société de gardiennage représentet-elle une solution adéquate pour maintenir l’ordre dans l’espace public ? Ne rien faire n’est pas une option. Il ne s’agit pas de se substituer à la police. Mais c’est l’État qui a les compétences en matière de police et de maintien de l’ordre. Quelles sont donc les compétences de ces sociétés de gardiennage ? Les agents ne peuvent pas effectuer le ­travail de la police, mais ils peuvent appeler cette dernière, et venir en ­assistance à une personne en danger. Comme tout le monde, d’ailleurs. Vous voulez aussi déployer le dispositif À Vos Côtés dans le centre-ville, en plus de Bonnevoie. Cela ne suffit-il pas pour créer une présence rassurante ? Ce projet a pour but de renforcer le vivre-ensemble et la cohésion sociale. Mais cela ne suffit pas pour lutter contre la criminalité.

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Serez-vous aussi tête de liste CSV pour les législatives dans la circonscription Centre ? En politique, il faut respecter les échéances. Bien sûr, vu le poids de la ville, notre rôle est déterminant pour le CSV dans cette circonscription. Mais il faudra faire un très bon score en ville lors des communales. Nous verrons, le moment venu, pour la tête de liste. Comment fait-on campagne dans une ville où plus de la moitié de la population n’est pas luxembourgeoise ? Il faut approcher les non-Luxembourgeois, être en contact direct avec les personnes, et compter sur le bouche-à-oreille. C’est un énorme travail de terrain pour aller les chercher, pour les convaincre de s’inscrire sur les listes électorales. Le conseil communal reste-t-il représentatif de la population de la capitale ? Dans un sens, oui. Les Luxembourgeois vont voter. Et les non-Luxembourgeois ont le droit de vote, ce n’est pas comme s’ils ne pouvaient pas aller voter. Le défi est de les motiver à utiliser leur droit. Vous êtes tout à la fois député et échevin de la ­capitale. Les deux fonctions représentent un travail à temps plein. Êtes-vous pour le maintien d’un tel cumul ? La plupart des partis sont en faveur d’un non-cumul. Mais il faut s’entendre sur les conditions. Et, en tant qu’élus locaux, nous pouvons juger l’adéquation – ou non – des lois avec la réalité du terrain et contribuer à les améliorer en tant que députés. Il faut que les élus locaux aient leur mot à dire.

Serge Wilmes envisage de réintroduire une police municipale, sous l’autorité du conseil échevinal.

Interview PIERRE PAILLER Photo MATIC ZORMAN


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Ristretto #Entreprises Sélectionné par THIERRY LABRO et JÉRÉMY ZABATTA

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DUAL USE

« Notre intérêt est de préserver ce qui a été construit en Russie. »

L’invasion de l’Ukraine par la Russie met de nombreuses entreprises belges ou luxembourgeoises en difficulté. Il faut veiller attentivement sur ce qui a été fait là-bas depuis des années, défend donc le CEO de la Belgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia, Oleg Prozorov. 2

IMPATIENT

« Par l’intermédiaire de notre réserve foncière, nous estimons être en capacité de pouvoir produire encore 3.030 unités d’habitation. Mais il faut encore développer les PAP. Ce ne sont pas des terrains prêts à la construction. » Guy Entringer, directeur de la SNHBM. 3

OBSERVATEUR

« Nous avons vu de grandes entreprises acheter de plus petites entreprises juste pour accroître leur main-d’œuvre. » La demande de logements est forte et la construction doit suivre. D’où une croissance externe remarquée par Raymond Klein, responsable des ventes d’Engel & Völkers Luxembourg.

PHILOSOPHE

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« La CLC nécessite une gouvernance pleine d’esprit et déterminée pour faire face aux crises actuelles et aux problèmes structurels qui touchent lourdement les secteurs du commerce, du transport et des services. » Carole Muller, nouvelle présidente de la CLC élue le 31 mai.

« Nous voyons en ce moment de plus en plus de sociétés parisiennes proposer des postes à des salariés au Luxembourg, en leur demandant de venir une fois par mois pour des réunions, à des salaires assez comparables avec ce qui se pratique au Luxembourg. » Le CEO de Nexten.io, Eric Busch, est favorable à la création d’une agence luxembourgeoise pour aller à la pêche aux talents. 6

RAISONNABLE

« Je ne pense pas que nous grandirons encore. Mon objectif est plutôt de stabiliser notre présence et de parer aux défis actuels. »

Jean-Marie Hoffmann, directeur des Pâtisseries Hoffmann, concernant la rumeur qui court depuis des années à propos d’un rachat de Namur. 14

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Guy Wolff, CLC et Matic Zorman (archives)

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Ristretto #Entreprises

«Racheter des structures qui ont nos valeurs» Myriam Filali est la directrice générale de Rockids, gestionnaire de crèches et de foyers de jour au Luxembourg. Elle fait le point sur les développements du groupe.

Vous avez annoncé, le 20 mai dernier, l’acquisition de six nouvelles structures de la société La Luciole… Oui, nous avons repris six structures sur les douze que possède l’entreprise. La Luciole continue donc à exister au sein des six autres structures. Quel impact ce rachat a-t-il en termes de chiffres pour Rockids ? Ces six nouvelles structures représentent huit agréments, pour deux foyers de jour et six crèches. Cela représente environ 45 personnes en termes de salariés. Actuellement, nous totalisons 24 structures, crèches et foyers de jour, qui peuvent accueillir près de 900 enfants de 0 à 12 ans, et plus de 200 salariés. Nous devenons le deuxième acteur privé au Luxembourg dans la gestion de crèches et de foyers de jour, et le premier en ce qui concerne les seuls foyers de jour. Vous aviez également repris en début d’année le groupe Mausi ? Oui, cela représentait trois crèches et deux foyers de jour. Notre démarche d’acquisition est assez simple. Aujourd’hui, au Luxembourg, la réglementation est de plus en plus stricte, donc des petits acteurs devraient investir beaucoup pour se mettre aux normes, alors que nous avons plus de marge de manœuvre. Sur quels secteurs géographiques vous positionnez-vous ? On se concentre essentiellement sur la ville de Luxembourg et sa périphérie comme Strassen ou Fentange, à l’ouest vers Mamer, et dans le sud du pays. Avec les six structures de La Luciole, nous intégrons également le quartier du ­Kirchberg où nous n’étions pas présents jusqu’à maintenant, avec tout de même un agrément pour une centaine d’enfants. Quelle est votre stratégie de rachat ? Notre objectif est de grandir en rachetant des structures qui ont les mêmes valeurs que nous, parce que lorsque l’on fait des intégrations, l’objectif est de prendre le meilleur de chacun. Rencontrez-vous des difficultés de recrutement ? Oui, le personnel évoluant dans nos structures est très demandé. À long terme, l’État met en place de plus en plus de formations,

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mais le souci, c’est pour le court terme, car nous avons environ 80 % de notre effectif qui est frontalier, de France et de Belgique essentiellement. Nous devons aussi avoir des personnes maîtrisant le luxembourgeois niveau C1, et il n’est pas simple de les trouver. Qu’avez-vous mis en place au sein de Rockids ? Nous avons lancé une formation en luxembourgeois, d’une durée minimum de 18 mois, pour nos salariés qui ont une certaine ancienneté. L’objectif est d’atteindre ce niveau C1 qui est celui des natifs. Mais durant la période où ces personnes sont en formation, il faut les remplacer, donc c’est un vrai investissement en temps, argent et personnes. L’un de vos objectifs est la fidélisation de vos salariés ? Oui, cela fait partie de notre stratégie. C’est important pour les parents d’échanger avec les mêmes personnes et que les parents et les enfants aient leurs repères. Comment y parvenir ? Nous avons réalisé notre premier séminaire en juin, avec notamment du team building pour les chargés de direction et les personnes du siège. Par la suite, nous ferons de même pour nos salariés. Nous avons la chance d’appartenir au groupe français La Maison Bleue (qui exploite 2.000 crèches en France, en Angleterre, au Luxembourg et en Suisse, ndlr), qui investit et croit dans le pays, donc nous travaillons dans des structures rénovées, modernes. Vous n’êtes pas issue du secteur de la petite enfance. Pourquoi avez-vous repris la direction générale de Rockids en mars 2021 ? J’ai toujours évolué dans le secteur du retail, mais étant maman, j’étais forcément concernée et je me suis très rapidement imprégnée de la législation relative à la petite enfance, qui est très intéressante. Le fonctionnement est le même que ce que je faisais avant, nous avons une marque et nous devons définir des concepts, et c’est ma spécialité. « La fidélisation de nos salariés fait partie de notre stratégie », explique Myriam Filali. Interview IOANNA SCHIMIZZI Photo MATIC ZORMAN


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Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par MARC FASSONE et JÉRÉMY ZABATTA

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RASSURANT

« L’inflation ? S’il n’y avait pas eu la guerre, on n’en parlerait plus. » Lors de la présentation des prévisions macroéconomiques, Vincent Juvyns, strategist chez J.P. Morgan AM, a écarté tout scénario de stagflation malgré une croissance en recul et une inflation qui s’installe à un haut niveau. 2

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PERSUASIVE

VISIONNAIRE

« Notre panier de sociétés exposées à la problématique du gaspillage alimentaire devrait ainsi bénéficier d’une croissance à long terme, offrant visibilité et attractivité à notre stratégie Future of Food. »

Alors que la quantité totale de nourriture gaspillée représenterait 220 kg par personne et par an, Clément Maclou, gestionnaire de portefeuille chez ODDO BHF Asset Management, favorise dans ses investissements les sociétés qui luttent contre le gaspillage alimentaire. 4

CONVAINCU

« On ne peut plus ignorer l’intérêt pour la crypto. » Pour Steven Libby, asset & wealth management leader chez PwC Luxembourg, les gestionnaires doivent désormais regarder s’ils peuvent fournir certains types de solutions ou au moins étudier la possibilité d’avoir une exposition aux monnaies numériques ou aux actifs numériques en général. 5

INQUIET

« Nous devons tous nous préparer à ce que le coût de l’énergie soit durablement élevé, car nous vivons une transition énergétique forcée et accélérée. »

AFFIRMATIVE

« Le Conseil des gouverneurs fera en sorte que l’inflation revienne au niveau de son objectif de 2 % à moyen terme. »

Christine Lagarde, la présidente de la BCE, formule un aveu de retour à une certaine orthodoxie monétaire qui se traduit par une normalisation des taux directeurs de l’institution.

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J.P. Morgan AM, Shutterstock

Guy Hoffmann, président du conseil d’administration de la banque Raiffeisen, commentant l’embargo sur le pétrole russe. Une décision qu’il juge courageuse, mais qui mettra le budget des ménages sous tension.



Ristretto #PlaceFinancière

«Les labels de Luxflag, au-delà de la réglementation» Entrée en fonction mi-mai, Isabelle Delas, CEO de Luxflag, met l’accent sur le développement des talents pour favoriser la transition vers la finance durable.

Le Luxembourg est reconnu pour son expertise dans le domaine de la finance durable. Comment expliquez-vous ce positionnement ? Le Luxembourg est déjà extrêmement bien positionné en Europe et a cette capacité de pouvoir impliquer aussi bien les acteurs du secteur public que du secteur privé. C’est justement ce qui s’est passé avec les différents groupes de travail, qui ont donné lieu à une feuille de route et à la stratégie du Luxembourg en matière de finance durable. Suite à quoi des institutions comme la Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) ou encore l’International Climate Finance Accelerator (ICFA) ont été créées. Quelle est la force de toutes ces parties prenantes ? Nous travaillons en synergie pour accélérer la transition dans un objectif commun et permettre à la place financière luxembourgeoise de se positionner en tant que leader dans le secteur de la finance durable. Pour ce faire, former et attirer les talents est crucial, compte tenu des besoins importants dans un futur proche. En ce qui concerne Luxflag, comment contribue-t-il au positionnement du Luxembourg ? Dans le domaine de la microfinance, cela fait déjà plus de 20 ans que le Luxembourg est très bien positionné. Le label microfinance est d’ailleurs le premier label de Luxflag, qui représente 50 % des actifs de microfinance sous gestion dans le monde. La place financière agit comme une plateforme internationale de premier plan pour la finance durable. Qu’en est-il des fonds durables au Luxembourg ? Les fonds durables au Luxembourg représentent, quant à eux, environ 10 % du total des actifs nets. La couverture estimée de Luxflag dans l’industrie des fonds durables au Luxembourg est d’environ 20 % des actifs sous gestion. Comment Luxflag favorise-t-il le développement des talents dans le domaine de l’ESG ? Notre Sustainability Knowledge Center va être réactivé dans le courant de cette année, grâce à une équipe composée de membres très qualifiés en matière de finance durable. D’ailleurs, n’observe-t-on pas l’apparition de métiers spécialisés ?

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Il est important que les acteurs de la place financière soient formés.

C’est la suite logique de la réglementation européenne. Il est donc important que l’ensemble des acteurs soient formés, pas seulement les juristes, mais aussi les banquiers et les assureurs. Il y aura également de plus en plus de spécialistes en finance durable dans les sociétés. Comment combler le déficit de talents ? Dans l’immédiat, attirer des talents de l’étranger va être important, le temps qu’en parallèle, les personnes soient adéquatement formées sur ces thématiques de finance durable. Des banquiers retourneront-ils sur les bancs de l’école ? J’ai récemment participé au certificat en finance durable de l’Université du Luxembourg. Il était justement intéressant de voir que des banquiers y participaient, curieux de se former afin d’être en mesure de répondre aux besoins de leurs clients. Quel est le travail de Luxflag sur le volet réglementaire ? Nos labels vont au-delà de la réglementation. La Sustainable Finance Disclosure Regulation est basée sur la self-disclosure. En revanche, pour chacun de nos six labels, il existe des critères dont la SFDR est seulement la ligne directrice. Nous allons plus loin avec notamment les politiques d’exclusion, les vérifications des évidences, etc. Luxflag a-t-il des concurrents ? Nous ne sommes pas en compétition, car les agences de labellisation travaillent pour un objectif commun. Luxflag est une agence indépendante et internationale. Notre offre est différente, et nous ne proposons pas des labels uniquement aux fonds domiciliés au Luxembourg. Dans quelles directions Luxflag pourrait-il développer de nouvelles stratégies ? Nous souhaitons aider les investisseurs à disposer de plus de clarté et de transparence dans leurs choix d’investissements durables, peut-être par le biais de nouveaux labels. La tendance est là, mais il reste prématuré de donner plus de détails. Les fonds labellisés par Luxflag passent par différentes étapes de vérification, importantes, qui comportent différents niveaux de contrôle. Luxflag constitue donc un signal positif pour les investisseurs.

Interview BENOÎT THEUNISSEN Photo MATIC ZORMAN


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BRAND VOICE

Karen Ruphy, Head of Wealth Planning at Banque Havilland

Wealth management

Women: the changing face of wealth

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Women are gradually increasing their shares of wealth, making their presence felt in the world of wealth management, explains Karen Ruphy, Head of Wealth Planning at Banque Havilland. First, for demographic reasons, women will be in the front line to benefit from the great wealth transfer. Their earnings have increased as they become entrepreneurs, take executive roles, and fill top management positions. About one-third of the world’s fortunes are

now held by women, a proportion that is certainly going to increase1. How should the wealth management industry adapt to this shift? Attracting and retaining female customers will be a critical growth imperative for the wealth management industry in general. Even though wealth managers have been paying more attention to the women’s wealth segment in recent years,

with specific services or departments dedicated to women, the gender distinctions are often superficial or reflect outdated assumptions. Too often, women are treated as a homogeneous group, ignoring their vastly different profiles, needs and preferences. Most problematic are attitudes that reflect prevailing stereotypes, assuming that a woman’s wealth comes from her spouse or family, and/or they do not want to be engaged in financial decisions.

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As women take over more of the world’s fortunes, the wealth management industry looks to attract and retain these relative newcomers.

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“Women tend to have a more holistic approach to wealth management.”

Women in wealth

A FACT-BASED APPROACH Because women tend to avoid uncertainty risk and require more data before taking the plunge into investing, they are also more likely to keep a higher percentage of their assets liquid, missing higher-yield opportunities. It is not a matter of taking more risk, but rather of overcoming the hurdle to invest – a hurdle that is sometimes higher for women who feel less confident in their financial knowledge. Recognizing the importance of data, dialogue and transparency are of utmost importance to help clients reach informed decisions and notably women to enhance their investment strategy.

Karen Ruphy Head of Wealth Planning Banque Havilland

Those attitudes are changing, but too many women still feel underserved. This may result, as reported by a McKinsey study in 2020, to a dramatic change of the wealth management industry landscapes as 70 percent of women switch their wealth relationship within a year following a spouse’s death. This also shows that women are more than willing to look elsewhere if they do not have a satisfactory experience and it reflects the urge of tackling a genuine customer­-centred approach. An investor survey conducted by Boston Consulting Group in 2020 reveals that women’s investment priorities differ from men’s, but in ways that go beyond conventional assumptions. Women tend to have a more comprehensive approach to wealth management, focused on the long-term picture and fact-based investment decision. At Banque Havilland, we strongly believe in a holistic and highly perso­na­ lized approach aligned with the financial and personal goals of each individual. In practice, it means taking the time to enrich the quality of client conversations, adapt the dialogue towards the objectives to provide a comprehensive wealth management strategy regardless of gender.

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INCLUSION Female clients seek out expertise and tailor-made customer service regardless of the gender of their wealth management advisor.

03

INVESTMENT DECISION WITH IMPACT While men place more emphasis on pure performance, women tend to invest on the basis of their values, not only to perform well, but also to create a positive impact.

04

WEALTH PLANNING FOCUS Women show more concern to invest to fund specific goals and are more likely to anticipate life stages such as protecting their spouses, partners, supporting a post-retirement lifestyle or ensuring wealth is safely passed along to the next generation. A successful wealth management approach is based on helping female clients model a wealth plan with priorities, i.e. entrepreneurship activity, generational planning or philanthropic project, and offering specific guidance on how they can plan for these events while continuing to advance their overarching wealth goals.

ation, inform e r o hy at For m n Rup e r a K ct nd.com conta havilla que y@ban k.ruph

1 From 2019 to 2023, Women’s wealth should grow by a CAGR of 7.2%. Source: BCG Global Wealth 2019 Market Sizing Database

JUILLET 2022

23


2020

Data Dada #Climat

Les trois faces du dérèglement climatique au Luxembourg

2010

2000

1990

Le Luxembourg n’est pas épargné par le dérèglement climatique qui frappe la planète. Dans le pays, celui-ci se manifeste de trois façons : des températures toujours plus élevées, des épisodes de sécheresse plus intenses et de fortes précipitations, de plus en plus fréquentes. Auteur PIERRE PAILLER

1980

1970

La hausse des températures a explosé ces deux dernières décennies. Les dix années les plus chaudes ont toutes eu lieu dans la période 2002-2020. Et chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude que toute autre décennie précédente depuis 1840. 2020 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne record de 10,9 °C.

1960

1950

1940

1930

1 RÉCHAUFFEMENT Évolution de la température annuelle moyenne au Luxembourg, entre 1900 et 2020 Les températures au Grand-Duché ont augmenté de 1,6 °C entre 1861-1890 et 1991-2020, soit encore davantage que la hausse de la température planétaire (+1,1 °C). 7 °C

24

1920

1910

11 °C

JUILLET 2022

1900


1961-1990

1991-2020

2 SÉCHERESSES Comparaison de l’indice de sécheresse mensuel moyen entre les périodes 1961-1990 et 1991-2020 L’indice de sécheresse s’est dégradé de manière significative pour les mois d’avril à novembre (un indice inférieur à - 0,5 indique une sécheresse). JAN.

FÉV.

MARS

AVRIL

MAI

JUIN

JUIL.

AOÛT

SEPT.

OCT.

NOV.

DÉC.

0

-0,5

-1

-1,5

-2

Les sécheresses plus fréquentes s’expliquent principalement par la hausse des températures, qui rend les sols plus chauds, et donc plus secs. Ainsi, entre 1961 et 1990, seuls les mois de juin et de juillet connaissaient des sécheresses. Entre 1991 et 2020, seuls les mois de décembre et de janvier n’en connaissent pas. Si les précipitations restent en moyenne stables sur une année, les épisodes de pluies très intenses se sont multipliés.

3 PLUIES TORRENTIELLES

Le Luxembourg a récemment vécu ce phénomène, suite aux pluies torrentielles des 14 et 15 juillet 2021, qui ont provoqué des inondations catastrophiques.

Nombre cumulé de jours sur 30 ans ayant connu des précipitations fortes (plus de 12 mm) Le nombre de jours ayant connu de fortes précipi­tations a augmenté en été et en hiver sur la période 1991-2020, par rapport à la période 1961-1990.

Source

Administration des services techniques de l’agriculture

40

30

20

10

0

12-13 mm

13-14 mm

PRINTEMPS

>14 mm

12-13 mm

13-14 mm

ÉTÉ

>14 mm

12-13 mm

13-14 mm

AUTOMNE

>14 mm

12-13 mm

13-14 mm

>14 mm

HIVER

JUILLET 2022

25


Les équipes de Post prendront bientôt possession du nouveau siège et de son fabuleux escalier monumental.

26

JUILLET 2022


Conversation Claude Strasser

« Il n’y a pas plus belle entreprise que Post à diriger » Interview THIERRY LABRO

Photo ROMAIN GAMBA

Claude Strasser est à la tête de l’un des plus importants employeurs du pays, Post, depuis exactement 10 ans. Retour sur un parcours marqué par son envie de voir les projets concrets se réaliser, sur fond de profonde transformation numérique.

JUILLET 2022

27


Conversation

BIO EXPRESS Naissance 27 septembre 1972 à Ettelbruck.

Cela fait 10 ans que vous êtes à la tête de Post. Cela a été un sacré challenge, l’Entreprise des postes et télécommunications avait déjà 4.000 collaborateurs ! J’avais 39 ans. C’était une énorme responsabilité, mais c’est exactement ce que j’avais envie de faire. Je rêvais d’être à la tête d’une société active, pas forcément dans ce domaine, mais qui a un poids, un impact sur la société. C’est ce qui me passionnait. Je dirigeais une structure nettement plus petite mais très variée, et qui couvrait tout le spectre des responsabilités. Sans mon passage à la Société électrique de l’Our, je n’aurais pas été préparé à prendre ces fonctions. Ce qui m’a marqué, c’est cette ouverture au changement de la très grande majorité de nos collaborateurs. Je ressentais aussi une certaine forme de méfiance de leur part parce qu’ils ne savaient pas trop ce que j’allais faire. J’ai dû m’habituer à cette exposition du directeur général de Post face à l’opinion p ­ ublique, aux politiques, à la concurrence. Tout un chacun connaît Post. Se balader le samedi matin dans la Grand-Rue n’était plus la même chose. C’est humain, chacun me faisait part de ses petites doléances. Chaque décision, chaque déclaration, chaque affirmation de ma part est aussi analysée par la sphère politique. Est-ce que le patron de Post est un patron politique ? Non. Est-ce que le patron de Post peut ne pas être un patron politique ? J’ai une vue relativement précise. Le job du patron de Post ne doit pas être politique. Ce qui figure dans mes attributions est de gérer les relations avec la politique. Nous avons des missions de service public qui sont toutes très bien encadrées par des conventions, comme la distribution nocturne des journaux ou la gestion de la trésorerie de l’État que nous avons opérée pour le compte de l’État via Post Finance. Et nous assumons certaines missions que le public ou encore le politique voient comme un service public, alors qu’aujourd’hui, nous sommes dans un marché totalement libéralisé. Le meilleur exemple, ce sont les bureaux de Post, qui ne sont plus un service public selon la loi depuis 2012. Il y a l’obligation de distribuer le courrier, et ces boîtes jaunes pour récolter le courrier font partie du service universel – qui n’est pas rémunéré, d’ailleurs, j’insiste là-dessus –, mais les bureaux de Post ont été sortis du service universel. Le fait que nous conservions un point de vente ouvert relève de la pure responsabilité. C’est plutôt bon signe de voir que les gens tiennent à leur bureau de Post, non ? Je suis en flagrant désaccord avec beaucoup de ce qui est écrit sur les bureaux de Post. Nos clients nous demandent des heures d’ouverture élargies et des services innovants, comme 28

JUILLET 2022

D’Arthur Andersen à Post Expert fiscal chez Arthur Andersen en 1995, Claude Strasser devient expert financier et contrôleur de gestion chez DuPont Teijin Films ; puis secrétaire général – l’équivalent de directeur général – de la Société électrique de l’Our. Le joker de Schneider Alors que Post se dirigeait vers la nomination d’un homme du sérail en la personne de Joseph Glod, comme auparavant avec Edmond Toussing puis Marcel Gross, l’EPT « hérite » d’un directeur général externe, Claude Strasser, le 22 mars 2012. Étienne Schneider et lui ont fréquenté ensemble les bancs de l’Institut catholique des hautes études commerciales (Ichec) à Bruxelles. Trois premières missions délicates Le nouveau directeur n’a pas 40 ans et doit redéfinir une straté­gie et faire face à la libé­ralisation qui interviendra le 1er janvier 2013. Aidé par MindForest (comme Enovos, Creos, Luxair, l’Adem ou Kneip), il décide de renommer l’Entreprise des postes et des télécom­muni­ cations en « Post », qui était déjà le nom donné par la rue à l’EPT.

les stations PackUp. Ceux qui demandent le maintien des horaires d’ouverture réduits à des endroits peu accessibles sont très peu nombreux. Je ne conteste pas que la personne qui a un bureau de Post à proximité n’est pas contente quand il disparaît. Mais celui qui en a vraiment besoin a toujours le facteur comme personne de proximité. Sans exception, chaque personne a un facteur. Pardon, mais si on peut revenir encore un instant sur votre première année, vous arrivez et vous décidez de changer le nom de l’entreprise en Post (P&T Luxembourg avant, ndlr). C’est votre patte, n’est-ce pas ? Oui, clairement. Ce n’est pas anodin. Rétrospectivement, ça prend encore plus de sens. En 2010, c’est un peu passé inaperçu dans le grand public, la marque LuxGSM, émanation de Mobilux et CMD, était la marque qui représentait l’avènement du mobile. Post était toujours déterminant pour le fixe. Avant mon arrivée, le fonds de commerce de Post, en termes de télécommunications, avait été transféré à LuxGSM, qui, de fait, détenait tous les clients au Luxembourg. C’était très important, mais cela constituait aussi la source de nombreux

problèmes chez Post. Il faut réaliser que l’opérateur historique avait cédé son fonds de commerce à une société qui avait à peine 10-15 ans, et cela créait énormément de frustration. Il y avait une grosse attention apportée à la manière dont nous allions gérer cela. Sous un autre angle, mon conseil d’administration me demandait de revoir la stratégie sur cinq ans. C’était un peu une chance. De là est venue la décision d’abandonner la marque LuxGSM au profit de Post. Personne ne s’y attendait. Mon objectif était de fédérer les équipes autour d’une seule marque. Il y avait une grande symbolique attachée à cela. Je peux me tromper, mais j’ai aussi l’impression que votre première année coïncide avec le premier rapport RSE de l’entreprise. Quelle est l’évolution quand on voit le poids vous avez donné à votre rapport intégré, cette année, dans le cadre d’un bon bilan 2021 ? L’impulsion ne venait pas de moi, mais cela fait quelques années que nous accordons une vraie importance à ce rapport. Cela a commencé à vraiment prendre son sens en 2020 et plus encore, pour moi, en 2021. Ça va encore beaucoup changer dans les deux années à venir. Le reporting est plus authentique. Nous avons l’embarras du choix pour illustrer, dans notre rapport, ce que nous voulons faire. Si vous regardez ce que cherchent les jeunes quand ils se demandent où ils ont envie de travailler, vous comprenez que la société est en train de changer. En tant qu’entreprise, nous devons avoir une longueur d’avance. Ce sont vos collaborateurs qui incitent à adopter des comportements plus porteurs de sens ? Dire qu’il y a une demande de nos collaborateurs serait probablement un peu exagéré, mais quand on leur propose ces sujets ou de contribuer à des projets, nous n’avons plus besoin de les convaincre. Il y a toujours des moments-clés dans une telle évolution, et l’arrivée d’Isabelle Faber a été un déclic il y a un an et demi. Nous avons bien fait de saisir le conseil d’administration. Il y a eu une prise de conscience presque spontanée. Je n’en reviens toujours pas, mais ça a changé la donne. Comment cela se matérialise ? Vous avez un exemple d’un de ces projets ? Parmi ceux qui me plaisent le plus, il y a ce qu’on fait avec les déchets. En principe, on ne veut

« Le job du patron de Post ne doit pas être politique. »


Claude Strasser

LE RÉSEAU DE POST EN SIX CHIFFRES

plus qu’un client achète un nouveau téléphone sans qu’il rende l’ancien, pareil pour les box. Il y a quelques mois, nous avons lancé un projet pilote ensemble avec la ligue HMC pour optimiser le tri des déchets d’équipements électroniques en interne, et nous avons aujourd’hui six personnes en situation de handicap mental et un superviseur, à la Cloche d’Or, dans nos locaux, pour ce projet. Ça fonctionne à merveille, et tous sont enchantés. Cela a créé un vrai enthousiasme. L’idée, à la base, est écologique. À la fin, on trouve une occupation rémunérée à des gens qui sont souvent hors du circuit. Nous recréons de la valeur avec ces appareils. Quel est le futur de Post Finance ? Peut-on imaginer qu’un jour, Post Finance disparaisse ? L’imaginer, oui, probablement. Ça arrivera ? Je ne crois pas. Ce n’est pas souhaitable. Nous avons une vraie carte à jouer. Nous donnons accès à des produits financiers à des gens qui n’en ont pas dans d’autres banques. C’est une réalité. Il y en a plus qu’on croit. C’est un vrai sujet d’inclusion financière. La nouvelle stratégie commerciale que nous avons adoptée l’année dernière a été un énorme succès. La question de la disparition de Post Finance ne se pose pas. Il y a beaucoup de solutions technologiques qui arrivent sur le marché. Ce que vous proposez, même à un bon prix ou avec trans­ parence, risque de ne pas être suffisant. Tout à fait. Mais j’insiste, c’est une réalité à laquelle nous étions déjà confrontés il y a huit ou neuf ans. Apple Pay n’existait pas encore. Tout le monde parlait du wallet qui allait venir et s’imposer très rapidement. Tous les consultants nous disaient d’oublier le paiement. Aujourd’hui, il y a Apple Pay, Google Pay et tous les autres, et nos paiements ne font qu’augmenter.

Photos

Matic Zorman

Comment interprétez-vous cela ? C’est parce que la société luxembourgeoise a davantage de besoins d’inclusion financière qu’il y a cinq ou dix ans ? C’est un phénomène général. Le Luxembourg n’y échappe pas. Il y a peut-être beaucoup de gens qui sont riches, mais aussi beaucoup de gens qui ne le sont pas. C’est le reflet de la s­ ituation économique de pas mal de ménages. À propos de la constellation des investis­ sements de Post dans d’autres sociétés, matérialisée par cette infographie ronde dans le rapport annuel… Elle évolue dans le détail… … Justement, peut-on en avoir, des détails, au sujet de la stratégie d’investissement qui se cache derrière ?

57

Points Post

49

CHAISES MUSICALES

Bureaux de Post

14

Shops et espaces Post

131

Stations PackUp

93 %

Des ménages à moins de 5 km d’un point de vente

95 %

Du Mercier au Helix Post et un millier de colla­bora­ teurs devraient prendre posses­ sion, à l’automne, de leur nouvel emblème du quartier gare, leur siège social, le LX dessiné par Metaform au monumental escalier doré. Plus de 250 personnes s’activent à rester dans les temps.

Des ménages à moins de 5 km d’un PackUp

Il y a une simple logique. Le noyau dur où il y a le logo Post dessus sont les trois activités historiques: Courrier, Télécoms et Finance. Les trois métiers ont quelque chose en commun: ils traversent, depuis dix ans, une grosse phase de transition. Post Finance, on est en train, vous et moi, de se demander si on ne s’en passerait pas. Le déclin des activités de Post Courrier ne peut que s’accélérer. Post Telecom est dans une phase de transition pour encore cinq à dix ans. D’ici là, trois métiers que nous connaissons depuis des décennies n’existeront pratiquement plus dans leur forme actuelle. Post a, bien avant mon arrivée, entrepris l’effort de se diversifier et de s’accaparer les compétences qu’il fallait. Un exemple facile à comprendre: en tant qu’opérateur postal, nous étions presque exclus, à l’époque, du marché des colis. Nous avons pris une participation dans Michel Greco, qui avait développé ses volumes. Ce que Deutsche Post a fait à plus grande échelle avec DHL. Aujourd’hui, nous sommes – et de loin – l’acteur numéro 1 du secteur du colis, on ne connaît pas exactement les parts de marché, qui ne sont pas publiques, mais c’est plus de 50%. Rien qu’avec notre décision de 2001 (la prise de parts chez Michel Greco, ndlr). Je vois mal comment, rien qu’avec notre réseau de facteurs et de distributeurs de journaux, nous aurions réussi à développer ce volet-là. Dans la logistique, nous l’avons fait de manière un peu différente: Mme Stahl, quand elle nous a rejoints, a eu comme objectif de développer un troisième pilier. Nous sommes allés chercher de la compétence en externe et nous l’avons développée en interne. Cela existe aussi dans le domaine de l’ICT: EBRC est notre plus gros contributeur en termes de chiffre d’affaires parmi nos filiales. Si l’exploitation des data centers est un métier

De l’Office au Mercier Car l’Office des publica­tions emménagera ensuite… au Mercier, histoire de permettre à la future Cité de la sécurité sociale – 80.000 m² qui cohabiteront avec 1.700 m² de commerces et 4.200 m² de logements, en lieu et place du Centre des techno­ logies de l’infor­mation de l’État (CTIE) – de conti­nuer à grandir. Elle accueillera dès 2023 un premier millier de collaborateurs.

Et l’Hôtel des Postes livré fin 2024 À Hamilius, le chantier de l’Hôtel des Postes va, lui aussi, vraiment entrer dans le dur. À terme, il abri­ tera un hôtel de 85 chambres confié à Artea, un dernier étage de bureaux à louer, deux restau­ rants et cinq commerces. Post en restera propriétaire mais pas gestionnaire.

JUILLET 2022

29


Conversation Claude Strasser

Dans le rapport annuel de cette année, on a un peu l’impression que les stations PackUp ne bougent pas trop en termes de colis, alors que les livraisons de colis ont explosé depuis le début de la crise Covid. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un phénomène que nous analysons ­aussi en ce moment. Il y a plusieurs choses en même temps. Il y a, d’un côté, le fait que ces stations ont eu un tel succès qu’il y en a pas mal qui sont saturées. On a encore besoin d’étendre le réseau. Il y a beaucoup de potentiel encore, notamment sur le territoire de la ville de Luxembourg. La deuxième explication trouve son origine dans la crise : les taux de remise à domicile des colis ont frôlé les 100 % en 2020 et en 2021. En 2020, ce n’est pas étonnant parce que tout le monde était à la maison. Ça se poursuit. Aujourd’hui, nous remettons plus de colis qu’avant la crise. L’attrait pour le PackUp n’est plus le même. C’est toujours plus pratique quand quelqu’un vous ramène le colis à la maison. 30

JUILLET 2022

Télécoms

Postal / logistique

Finances

Autres

100 %

80 %

60 %

40 %

20 % 0%

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

Si vous êtes à la maison… C’est étonnant combien de gens sont à la maison… Il y a aussi notre service PackUp Home, une solution que nous n’avions pas avant la crise. Quand le client nous dit «moi, je ne serai pas là, mais sonnez chez ce voisin-là, et surtout pas chez ce voisin-là», on le fait! On a aussi le droit de déposer contre signature. Ça va redémarrer! Nous en sommes sûrs.

objectif d’atteindre les 80 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, on n’y est pas, malgré l’augmentation de la consommation de données et des données à gérer ? On est quand même dans une trajectoire de croissance très continue depuis des années. En interne, on s’était donné l’objectif de 100 millions d’euros, y compris la croissance externe, puisque EBRC a acquis Digora, avec une activité en France et au Luxembourg, et nous Les facteurs ont distribué trois fois plus sommes sur cette trajectoire. Il peut y avoir de colis à la maison qu’avant la crise. des variations parce que, quand vous avez un Cela veut dire que c’est aussi beaucoup gros client, qui représente beaucoup d’espaces plus de travail pour eux, des tournées de stockage, vous avez des frais d’installation plus longues… en une fois. Nous sommes très contents de Oui, mais il faut aussi réaliser que les facteurs cette évolution. Quand j’ai rejoint Post, c’était ont de moins en moins de volumes à délivrer un des plus gros soucis que nous avions: nous parce qu’il y a de moins en moins de lettres. La venions de construire Betzdorf, je l’ai inauguré publicité représentait encore beaucoup, mais et personne ne savait comment remplir ces avec la nouvelle loi sur les déchets qui va arriver, data centers, parce que Kayl était plus qu’à beaucoup de volume va encore disparaître. Nous moitié vide. Pendant de longues années, c’était avons tout intérêt à ce que les facteurs livrent une de nos préoccupations. Est-ce que nous les colis. C’est un revirement. À l’époque, nous n’avions pas été trop agressifs en construisant étions convaincus que la distribution des colis un troisième gros data center alors que devait être séparée de celle du courrier. C’est Windhof et Kayl étaient loin d’être remplis? une décision consciente qui avait été prise avant Aujourd’hui, c’est chose faite, on tourne presque mon arrivée. L’avenir de la profession de fac- à 100%. Notre problème, aujourd’hui, est qu’on teur dépend du colis. Ça peut être très efficace, n’a pas assez de possibilités d’extension pour certains clients. notamment dans les zones rurales.

Cela aide aussi à faire oublier les fermetures des agences… Il faudrait voir pourquoi les agences sont encore sollicitées aujourd’hui. Il ne reste que les colis qui n’ont pas pu être avisés ou qui n’ont pas pu être remis à domicile. L’accès à une agence ou à un Point Post devrait plutôt se faire pour des services. Il y a encore beaucoup de choses qui vous obligent à vous déplacer mais, dans quelques années, on fera ça à distance. Le deuxième point est EBRC. Il y a quelques années, on disait qu’EBRC avait pour

Est-ce que vous pourriez construire un autre data center ? Avec la politique du gouvernement et de ses ambassades, que ce soit au profit de l’Union européenne ou de l’Estonie, il peut y avoir des débouchés… Les e-embassies ont une très grande valeur symbolique, voire politique. Mais en termes ­d’occupation et de mètres carrés, c’est trois fois rien. Ce sont surtout les institutions euro­ péennes et le secteur financier qui occupent la place. La question du nouveau data center revient régulièrement sur la table, mais nous disons « doucement », parce qu’il y a quand

Rapports annuels de Post

Le choix d’installer des PackUp a été une décision intelligente au moment où Amazon était prête à mettre des armoires un peu partout. Vous avez un peu fermé le marché… Je ne dirais pas « fermé le marché »… Il y a une vraie stratégie derrière, et le fait qu’il y a aujourd’hui plus de 130 PackUp dans tout le pays n’est pas un hasard. Il y a une extrême demande. Nous ouvrons nos stations aux autres opérateurs, nous ne fermons pas le marché. Évidemment, nous ne voyons pas l’intérêt d’installer d’autres armoires que les nôtres. Si Amazon décide de le faire un jour, nous ne les empêcherons pas de le faire. Ils le font partout.

LES PILIERS DU GROUPE POST

Répartition, en pourcentage, du chiffre d’affaires des différentes branches entre 2012 et 2021.

Sources

proche de celui des télécommunications, les compétences pour gérer un centre de données n’ont rien à voir avec celles que nous avions historiquement. Plus récemment, avec InTech, Elgon et Ainos, nous sommes plus dans des sociétés de développement. Il y a des développeurs, et on monte ainsi dans la chaîne de valeur parce que nous sommes d’avis qu’aujourd’hui, nous avons besoin de ces compétences dans le groupe. Si, il y a 15 ou 20 ans, nous avions investi dans une société de développement IT, les gens nous auraient reproché de sortir de notre trajectoire. Aujourd’hui, en tant qu’opérateur de télécoms, nous risquons d’être marginalisés si nous n’avons pas ces compétences. Editus est issue de ce secteur des télécoms, mais l’édition des annuaires n’a rien à voir avec les télécoms, aujourd’hui. Ils relèvent du domaine de la data, de l’exploitation des données où l’on retrouve un autre aspect qui s’est aussi beaucoup développé chez Post parce qu’il y a peu d’acteurs qui disposent de plus de données que nous.


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Conversation Claude Strasser

même cette grande tendance à aller vers du cloud public qui est un peu freinée au profit de solutions territoriales.

ne le pensent –, et aussi pour l’intérêt que Le Luxembourg est très peu attractif pour les nous portons à ces collaborateurs. Un expert non-résidents en termes de télétravail. C’est en cybersécurité cherche aussi des défis, et un sacré problème. nous pouvons lui en proposer, en termes de Avec LuxTrust, on a l’impression réseaux de télécommunication, fixes ou mo- Êtes-vous favorable à une dose que le départ des Italiens sonne la fin biles, de centres de données… Nous avons des de télétravail ? des ambitions européennes du champion personnalités connues et respectées au moins Je suis un peu vieux jeu. Je suis intimement luxembourgeois, non ? à l’échelle européenne, comme M. Zimmer convaincu qu’une entreprise est comme une Franchement, nous avons longtemps eu une ou M. Ourdane. famille et qu’elle a besoin d’interactions huAvant, quand on avait besoin de compé- maines pour bien fonctionner. Nous n’arrêparticipation minoritaire, et je n’ai pas suivi cela de près. Le seul lien direct est Pierre Zimmer, tences, les jeunes venaient tout seuls, motivés. tons pas d’organiser des formations pour inqui est un peu le parrain de LuxTrust. Depuis Aujourd’hui, c’est devenu plus compliqué. Mais viter les gens à se parler, à arrêter d’envoyer que nous sommes entrés dans le capital, il y a les banquiers ont le même problème depuis des e-mails, à organiser des réunions… Souun véritable nouvel élan, il y a quelques beaux 20 ans. Un bon banquier, vous l’avez, il prend dainement, à cause du télétravail, tout cela succès à l’étranger. Ce serait exagéré de les lier à de l’expérience et, au bout de trois ans, il change serait remis en question. Mon approche est l’arrivée de Post au capital, mais il y a une réelle de banque pour 300 euros de plus, mais il plutôt de commencer avec prudence, avec du dynamique, et on voit un potentiel énorme. revient cinq ans plus tard dans des institutions télétravail accessible à ceux dont les fonctions LuxTrust, dans le domaine de la confiance, a étatiques ou paraétatiques. sont éligibles, et nous verrons. Je ne suis pas Avec la digitalisation, il y a une énorme partisan qu’on passe directement à du télétraun actionnaire qui rassure les clients, ce qui est justement une bonne chose. Une société pure- demande sur le marché. Aujourd’hui, la Grande vail généralisé. Cela prend du temps de bien ment privée, italienne, dont on ne comprenait Région est épuisée. Nous sommes allés un peu trouver ses marques. Parmi les problèmes très pas vraiment le match… Il y a des clients qui plus loin, à Paris ou à Lyon. Il y a une certaine concrets et imminents, qu’est-ce qu’on fait d’un voient d’un mauvais œil le fait que l’État soit nervosité autour de l’évolution du télétravail. développeur qui pourrait très bien travailler de actionnaire. C’est notamment des gros clients américains, qui se méfient quand on explique qu’on a une structure étatique derrière. Cela explique le positionnement d’EBRC, très difLA CONSTELLATION POST LUXEMBOURG férent des autres. Ils ont des clients américains, L’activité de Post Luxembourg se divise en trois grands pôles: Post Courrier, Post Finance et Post Telecom. Chacun d’entre eux possède qui sont méfiants. Au Moyen-Orient, quand on des parts – en partie ou en totalité – dans certaines entreprises. dit qu’on a cet actionnaire, ça ouvre des portes.

32

JUILLET 2022

Visalux SC 8,4%

IP-R Holding sàrl 50 %

6,9%

Raiffeisen 7,6 %

Global Sky Park 50 %

Digora

LuxHub 19,75 %

i-Hub

66,16%

EarthLab

80 %

Middlegame Ventures Fund I

37,21%

LuxTrust

EBRC

50 %

5%

100 %

HotCity SA 49 %

Post

finance

Victor Buck Services

Visual Online

Post

100 % VBS Asia PTE Ltd

Digital Tech Fund SCA

51%

telecom

14,7%

100%

100 %

Digital Transformation Fund SCS

Elgon

Post

Infomail SA

courrier

55%

100%

Post

Post

capital

International Post Corporation 1%

Ainos

100%

Michel Greco

Editus

17,12%

100% Encevo 4,7 %

ITTM 36,84%

Digital Tech Fund II 7,9 %

100%

100 % Eurosender

6,6 %

technologies

InTech 100%

Orbital Ventures SCA 7,86 %

Post Luxembourg

Vous êtes une grosse entreprise. Est-ce que vous continuez à trouver ceux dont vous avez besoin ? Nous y consacrons un gros effort, mais nous y parvenons. Post a une certaine attractivité comme employeur, et non pas parce que nous offrons des salaires plus élevés que d’autres. Mais en raison de l’environnement dans ­lequel nous travaillons – plus dynamique que c­ ertains

LuxTrust Development SA

Source

À la Cloche d’Or, votre branche spécialisée dans la cybersécurité a-t-elle réussi à s’imposer dans le paysage ? Absolument. Comme chaque opérateur, nous avions nos services de sécurité. Nous avons rassemblé cela, en 2015, autour de Mohamed Ourdane et Pierre Zimmer, pour regrouper toutes nos compétences dans le groupe et savoir où nous avions des besoins. Depuis 2018, nous portons ces solutions à l’attention de nos clients. Nous avons beaucoup de succès avec cela au Luxembourg et à l’international. Nous avons des clients dans le monde entier. Ce sont des solutions de cybersécurité très, très spécifiques qu’on propose à des opérateurs dans le monde pour la surveillance de leurs réseaux, en 4G, mais nous le referons pour la 5G. Notre vraie expertise est dans le monitoring. Nous avons un security operation center qui fonctionne 24 heures sur 24, nous sommes aussi dans la résolution d’attaques avec notre propre équipe, capable d’intervenir. Nous avons une des compétences les plus poussées au Luxembourg.


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Conversation Claude Strasser

va jamais se substituer au fixe! Pour avoir un internet performant, on n’a pas forcément besoin de la fibre. On en aura besoin dans dix ans. Vous pouvez avoir une très bonne connexion à internet via le réseau en cuivre parce qu’il est en très bon état. Dans certains villages, au fin fond de l’Oesling ou ailleurs, les réseaux sont parfois plus vétustes avec des performances insuffisantes. Ça existe aussi en plein centreville, pour exactement les mêmes raisons.

chez lui, à Metz, et qu’on fait monter dans un train totalement bondé ou qui emprunte des autoroutes complètement bouchées pour venir ici quatre ou cinq jours par semaine alors qu’il n’a pas beaucoup de contacts? Êtes-vous plus favorable à l’idée d’une réduction du temps de travail hebdomadaire ? Depuis 10 ou 20 ans, j’ai du mal à comprendre la discussion autour des 40 heures par semaine. Il y a une rigidité qui s’explique historiquement, mais qui ne se justifie plus aujourd’hui. Dans les sondages, de plus en plus de gens préfèrent travailler quatre jours au lieu de cinq. Et ils acceptent de céder une partie de leur salaire pour gagner un peu de liberté. C’est un choix personnel. Vouloir décréter cela en affirmant que le standard n’est plus 40 heures n’est pas le bon débat. Prenez le week-end. Il y a des raisons pour lesquelles on ne travaille pas le dimanche, mais qui va encore à la messe le dimanche matin ? Ces discussions ne sont plus de ce siècle. Avec 4.800 collaborateurs, la flexibilité est quand même un vrai défi ! Le client, à la fin, attend son journal, attend son facteur… C’est pour cela que je ne comprends pas le débat. Ce n’est pas aussi simple. Nous sommes habitués à cela, parce que nous avons des porteurs de journaux qui commencent à 2 h 30 du matin et qui terminent à 6 h 30; les facteurs commencent à 6 heures et s’arrêtent à 14 heures. Nous avons tellement de profils qui travaillent à des horaires fixes et à des horaires mobiles. Ce standard est juste autour des gens, comme nous, qui sont bien au chaud dans leur bureau. Ce n’est pas très correct par rapport à tous ceux qui n’ont pas ce «luxe». Pareil pour le télétravail. C’est un souci que nous avons: les fonctions télétravaillables, chez nous, sont inférieures à 50 %. Le facteur, il n’en fera jamais, jamais de sa vie, pas un jour. Tous ceux qui travaillent dans la restauration, dans la gastronomie, dans les magasins, on ne leur demande pas s’ils veulent faire du télétravail ni quand ils veulent travailler. Où en êtes-vous avec la promesse de la fibre ? Ça a été un gros effort pour Post ? Ça l’est depuis 25 ans! Il y a dix ans, il y avait pas mal de voix dans l’industrie et au Luxembourg qui nous disaient que nous investissions trop pour une technologie qui serait superflue. Les opérateurs historiques misaient un peu plus sur le fixe alors que ceux qui n’avaient que le mobile ne vantaient que le mobile. J’ai même eu un doute à un certain moment, et je me suis demandé: «Est-ce qu’on fait les bonnes choses?» Depuis trois à cinq ans, nous avons été confortés dans l’idée que nos choix étaient les bons, donc nous avons ­accéléré une nouvelle fois le déploiement de la fibre. Le mobile ne 34

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Le GIE MyConnectivity va vous aider ? Ou pas ? Quand j’ai appris la nomination de Mme Knudson, j’ai demandé à ma secrétaire de prendre un rendez-vous pour que nous nous alignions. Il existe des problèmes pour lesquels ce GIE pourrait beaucoup aider.

FAST & CURIOUS Électrique, hybride ou thermique ? Ça sera électrique, je l’attends ! Carte postale ou e-mail ? Je ne vais pas mentir, l’e-mail prime, mais de temps de temps à autre, une carte postale ne fait pas de mal. Appel ou SMS ? Appel, définitivement. Le forfait téléphonique, S ou Maxi ? Maxi, et cela suffit à peine ! Cash ou carte ? Le cash, je l’utilise de moins en moins. La carte bancaire va pour tout. Hôtel des Postes ou bâtiment Mercier ? La nostalgie ou le futur. J’aime les deux, mais aujourd’hui, c’est le bâtiment Mercier. Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Claude Strasser sur paperjam.lu.

Laquelle ou lesquelles vous voyez ? Le déploiement dans les anciennes résidences est le plus grand problème. Nous amenons la fibre jusqu’à la porte ou dans la cave. Mais nous sommes bloqués. Quand il y a un syndic, qui finance les travaux à l’intérieur de la maison? Nous n’y sommes pas autorisés, puisque ce n’est pas notre propriété. Souvent, les propriétaires n’y habitent pas, donc c’est un locataire qui va contacter son propriétaire. Il va lui dire qu’il ne veut pas payer le raccordement. Du coup, qui paie? À mon avis, cela ne peut passer que par du subventionnement public. Le deuxième s­ ujet est celui de l’accessibilité. Nos produits ne sont pas trop chers pour ce qu’ils valent, mais le prix reste trop élevé. Ce GIE – c’est en tout cas ce que je comprends – a aussi vocation à garantir un accès à tout un chacun. Comme l’accès à l’eau ou à l’électricité. L’État va garantir l’accès à internet à haut débit ? Pas garantir l’accès technique, mais financier. Comme cette aide aujourd’hui à remplir sa citerne de mazout. Le dernier sujet, c’est peut-être vous : au bout de 10 ans, vous n’avez pas envie de passer à autre chose ? On ne s’ennuie pas chez Post. Un jour sur deux, je découvre encore des choses. Plus sérieusement, ce sont des questions que je me pose. J’ai changé plusieurs fois d’entreprise, et je suis quelqu’un qui pense que c’est malsain de faire toute une carrière au même endroit. Si on veut évoluer, il faut changer! Avant, j’étais sur six, sept, huit ou neuf ans. Ici, j’étais relativement jeune quand j’ai pris mes fonctions, mais je n’imaginais pas prendre ma retraite chez Post. Ça fait dix ans que je suis là. Je suis très motivé parce que je vois combien de projets je veux mener à bien. J’ai vraiment le sentiment que je peux apporter de la valeur à Post. Maintenant, à quel moment cela va se terminer? J’espère que je comprendrai moi-même avant les autres.


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Après avoir créé et développé une entreprise, quel avenir offrir à cette dernière ? La transmission apparaît comme la meilleure solution. Permettant de conserver des emplois, elle nécessite une bonne préparation, ainsi que des fonds. Johny Basher et Philippe Hennes, de Spuerkeess, accompagnent cette transition. Quel rôle les PME jouent-elles au Luxembourg ? PHILIPPE HENNES Les PME et l’entrepreneuriat en général sont non seulement un moteur de croissance, mais également des créateurs d’emplois. Ils contribuent largement au développement économique du pays et sont des acteurs essentiels pour favoriser l’innovation. Ils jouent enfin un rôle-clé dans la mise en place d’une économie résiliente et durable pour l’avenir. JOHNY BASHER Nous sommes dans un contexte international et complexe, où le Luxembourg doit se prouver. Les PME doivent par conséquent vivre avec ces défis tout en parvenant à se développer et en restant tournées vers l’avenir. Quels avantages la transmission d’entreprise offre-t-elle aux entrepreneurs et à l’économie locale ? JB ​La transmission d’entreprise est une formule intéressante 36

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pour le cédant. C’est une récompense pour l’entrepreneur qui a réussi à créer une organisation prospère et qui souhaite pérenniser cette dernière. Cette solution est également cruciale pour le personnel. En effet, derrière chaque entreprise et dirigeant se trouvent des familles. PH Le principal avantage pour le repreneur est qu’il ne doit pas partir de zéro. Pour faciliter le développement de la société, il peut s’appuyer sur une activité, un réseau, des clients, des fournisseurs et des employés existants. Son challenge sera alors d’innover pour garantir la continuité de cette entreprise. LES PME EN QUELQUES CHIFFRES

30.000

Le Luxembourg compte plus de 30.000 PME sur son territoire, selon le Statec.

45

Ces sociétés emploient 45 % de la population active.

Sensibiliser ces entrepreneurs pour faire perdurer l’activité est-il une priorité ? JB Le cédant est le garant de la bonne transmission de l’entreprise. Il faut donc sensibiliser les entrepreneurs qui n’ont pas nécessairement à l’esprit cette importante étape de leur vie professionnelle. Inscrits dans une relation de confiance avec la banque, ils peuvent s’interroger sur la procédure à suivre : comment débuter ? Qui va acheter la société ? Les employés seront-­ ils bien traités ? La banque peut les aider à mener une réflexion en profondeur et les mettre en relation avec un réseau d’experts (avocats, fiscalistes, chambres professionnelles). En effet, son but n’est pas de donner des conseils juridiques ou fiscaux, mais d’orienter les clients vers les personnes indiquées pour approfondir ces questions. Ils seront ainsi plus confiants dans la planification de l’avenir. PH Il est crucial d’offrir un service personnalisé à chaque étape de ce processus de transmission. À commencer par la sensibilisation lors des premières discussions réalisées en amont, mais également dans le cadre de la réflexion. Une bonne préparation permet d’éviter des surprises le moment venu. Le cédant a-t-il identifié un successeur ? Ce dernier est-il un membre de la famille, un employé qui connaît l’entreprise, un tiers ou un concurrent ? Le patron a créé et développé son entreprise. Il veut la voir entre de bonnes mains. Cette transmission est vécue en principe une seule fois. Il souhaite donc s’appuyer sur une personne de confiance pour l’accompagner dans ce processus, qui dure généralement de 6 mois à 2 ans.

«N otre équipe dédiée accompagne les clients à chaque étape du processus. » Johny Basher Business Transfer Corporate Banking, Spuerkeess

Sans partenaire, l’entrepreneur risque de ne pas avancer dans son projet. La transmission d’entreprise se développe dans le secteur bancaire. La mise en place de nouveaux services dans ce domaine était-elle une évidence pour Spuerkeess ? PH En tant que banque partenaire de l’économie luxembourgeoise, nous voulons occuper une place stratégique et conserver la confiance de nos clients locaux et de la Grande Région. Dans le cadre du lancement de notre plan stratégique Spuerkeess 2025, nous avons identifié les challenges et besoins de nos clients professionnels. Nous avons mené des discussions avec les acteurs

Eva Krins (Maison Moderne)

Comment réussir sa transmission d’entreprise ?

Un des principaux objectifs de la transmission est de soutenir le tissu entrepreneurial local. Grâce à cette démarche, le repreneur pourra se développer dans un contexte international, tout en conservant un pouvoir de décision local.

Photo

Transmission d’entreprise


TRANSMISSION D’ENTREPRISE : LES PRINCIPALES ÉTAPES

Évaluation de l’entreprise Réalisez l’état des lieux et l’analyse de votre entreprise.

Identifier le repreneur Employé, proche, externe : comment choisir le repreneur idéal ?

Quel type de transmission ? Share deal, asset deal, MBO, fusion : choisissez la transmission qui vous convient.

de l’économie locale (clients, chambres professionnelles) pour identifier les sujets d’actualité sur la Place. Il en est ressorti que de nombreuses entreprises feront l’objet d’une transmission dans les années à venir. Ces PME manquent généralement de soutien dans cette dernière phase cruciale du cycle de vie de l’entreprise. Ce challenge que nous avons identifié est en ligne avec notre objectif de contribution au développement économique et social du pays. Il était pour nous évident de contribuer activement pour soutenir ces acteurs. JB La transmission n’est pas un sujet nouveau, mais il est de plus en plus traité, car la génération des baby-boomers s’apprête à partir à la retraite. Cette thématique est donc devenue particulièrement importante. Nous avons décidé de privilégier une approche qui se focalise sur deux axes. Qu’avez-vous mis en place, dans un premier temps, pour soutenir les cédants et les repreneurs ? PH Nous avons tout d’abord créé une équipe dédiée au sein du Corporate Banking.

Ces spécialistes apportent une réelle plus-value à nos clients afin de les aider à chaque étape du processus, dès les premières réflexions. Ils disposent de l’expertise nécessaire pour soutenir et accompagner chaque projet de transmission. Et qu’avez-vous ensuite prévu ? JB Lorsqu’il y a une demande pour un financement, les banques proposent généralement au repreneur un prêt classique pour l’acquisition de la société. Pour cet achat, il doit également apporter une certaine somme en fonds propres. Nous intervenons tant au niveau du financement classique qu’au niveau de ces

«N ous pouvons pallier le manque de fonds propres des repreneurs grâce à un prêt subordonné. » Philippe Hennes Team Manager Corporate Banking, Spuerkeess

fonds afin de soutenir tout repreneur intéressé. PH Notre équipe dédiée a en effet mis en place un produit spécifique pour favoriser les dossiers de transmission et permettre leur bonne réalisation. Le processus de transmission se heurte souvent au manque de fonds propres des éventuels repreneurs exploitants. Nous apportons donc une solution en mettant à leur disposition une partie de ces fonds propres sous forme de prêts subordonnés. Ce produit innovant permet de combler ce manque de liquidités. Nous travaillons au cas par cas, en discutant avec le client ainsi qu’avec notre comité d’experts composé d’anciens entrepreneurs et lui proposons cette solution si cela est nécessaire. JB Nous accompagnons également le cédant dans ses projets futurs. La transmission d’entreprise est l’occasion d’établir une relation privilégiée avec le repreneur. En tant que partenaire de confiance, nous le guidons dans ses débuts, mais aussi dans la transition énergétique et la digitalisation.

Négociation Une étape délicate qui nécessite l’aide d’un expert.

Retrouvez prochainement ces étapes dans un cas pratique Une transmission réussie dans le tissu économique luxembourgeois

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Bob Kneip voit dans la vente de son entreprise à Deutsche Börse Group « le deal parfait ».


Conversation Bob Kneip

« La donnée des fonds est le nouveau pétrole » En mars dernier, Bob Kneip cédait Kneip, sa société de gestion des données de fonds, à Deutsche Börse Group. L’occasion idéale pour évoquer le succès de cette entreprise créée en 1993 et, surtout, la personnalité de l’entrepreneur derrière cette réussite luxembourgeoise. Interview BENOÎT THEUNISSEN

Vous figurez régulièrement en très bonne place dans le Paperjam Top 100 des per­ sonnalités luxembourgeoises influentes, et vous avez même été 4e en 2018. Que votre nom soit associé à une success story aussi bien au Luxembourg qu’à l’étranger vous surprend donc toujours ? Oui, je suis toujours étonné par cela. Il y a tellement de belles histoires à écrire. Alors pourquoi la mienne plutôt qu’une autre ? J’ai une pudeur naturelle, tout simplement, et je n’ai pas nécessairement envie de me voir toujours au premier plan. Bob Kneip préfère l’ombre à la lumière ? Cela vient avec les années. C’est paradoxal car, en début de carrière, je n’avais pas assez d’opportunités pour me mettre en évidence. Avec le temps, je me suis dit que c’est quand même une bonne chose de libérer la place, sur le devant de la scène. Tant que je reste au premier plan, cela crée de l’ombre pour les autres. Or, je pense justement que c’est maintenant à leur tour, plutôt qu’à moi, d’être mis en lumière. Avec la récente vente de votre société, Kneip, à Deutsche Börse Group, quel héritage laissez-vous ? Je ressens beaucoup de fierté suite à cette transaction. C’est le genre de deal qui, à mes yeux, est juste parfait, parce que toutes les parties prenantes sont satisfaites. En outre, les clients de Kneip sont over the moon, car ils voient en Deutsche Börse Group un partenaire costaud avec de larges épaules. Cela constitue, pour eux, des garanties de continuité pour les affaires et des moyens qui peuvent être mis en œuvre pour leur assurer un meilleur avenir. Kneip ne fonctionne désormais plus comme une entreprise familiale qui était

Photo ROMAIN GAMBA

gérée par son fondateur. Quant aux équipes de direction et aux employés, ils ont accès, tout d’un coup, à un vaste éventail de nouvelles opportunités. Au lieu de faire partie d’une société de 200 personnes, ils se retrouvent dorénavant intégrés à un groupe de 10.000 personnes. De même, nos partenaires commerciaux se retrouvent désormais en relation d’affaires avec un des acteurs les plus robustes du marché. Cette vente a permis à toute la structure de Kneip d’évoluer et de grandir encore. C’est cette perspective qui a orienté votre choix de vendre ? Je n’aurais jamais pu insuffler cette évolution seul, par mes propres moyens. J’en étais déjà parfaitement conscient il y a trois ou quatre

BIO EXPRESS Les débuts Il a commencé sa carrière en 1984 chez Sodexo Belgium avant de poursuivre en 1987 chez Sodexo Luxembourg jusqu’en 1990. L’entrepreneur En 1993, il fonde sa société, Kneip SA, dont il est directeur général jusqu’en 2017, avant d’occuper consécutivement les postes de président et de viceprésident jusqu’en mars 2022 – moment où Kneip SA est vendue à Deutsche Börse Group. Associatif Il est administrateur du Cercle Munster, de la Fondatioun Kriibskrank Kanner, de la CroixRouge luxembourgeoise et de PSE Luxembourg.

ans. Le dilemme était clair. Il s’agissait soit de doter l’entreprise d’un partenaire financier robuste, soit de vendre l’entreprise à un tel partenaire. Il s’est trouvé que Deutsche Börse Group partageait exactement ma vision, tant sur la direction que prenait le marché que sur le chemin à prendre. C’était donc la combinaison parfaite. Le changement d’échelle n’est-il quand même pas une rupture majeure dans la culture et la stratégie de Kneip ? Cet aspect a bien sûr été pris en compte, aussi bien du côté de Deutsche Börse Group que du nôtre. Avec ses entités luxembourgeoises, Deutsche Börse a une stratégie clairement définie. Le groupe souhaitait étendre sa présence et ses activités au Luxembourg grâce à l’acquisition d’une nouvelle société spécialisée dans la gestion des données pour l’industrie des fonds. Avec Kneip dans son giron, Deutsche Börse Group vise à développer ce métier à part entière au Luxembourg. L’industrie des fonds commence à progressivement se rendre compte du potentiel des opportunités offert par la donnée. Il ne s’agit pas moins du nouveau pétrole. À la tête de Kneip pendant une trentaine d’années, vous avez été un observateur privilégié des mutations initiées par le traitement de la donnée. Selon vous, quel défi attend l’industrie des fonds dans ce domaine ? Du fait que l’industrie des fonds s’est développée rapidement, il existe des milliers, voire des millions de duplications d’une seule et même donnée. Cela signifie que si un même point de donnée est multiplié à l’infini, des réconciliations doivent absolument être opérées, risquant alors d’être multipliées à l’infini. JUILLET 2022

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Conversation Bob Kneip

Le défi consiste donc à pouvoir déterminer la donnée originale lorsqu’elle se retrouve à une multitude d’endroits.

Vous évoquez l’unicité de la donnée. La duplication de la donnée n’est-elle pourtant pas inéluctable ? S’il n’est pas nécessaire de dupliquer la donnée, ce qui voudrait dire qu’elle n’a qu’une seule signification, ça n’implique pas de facto qu’elle doive obligatoirement se trouver à un seul endroit. En revanche, elle peut se trouver à des millions d’endroits, mais elle ne peut avoir qu’une unique identité et réalité. Obtenir cette maîtrise constitue sûrement l’un des points-clés du succès pour l’avenir.

L’enjeu porte donc sur les fonctions de contrôle ? L’une des plus importantes valeurs ajoutées de Kneip est, par exemple, de s’assurer que la donnée reçue soit testée avant d’être disséminée. Il faut également veiller à ce qu’elle soit diffusée de façon uniforme à travers les différents canaux d’information, que ce soient les bases de données spécialisées, les médias, les régulateurs, les distributeurs ou les inves- Ne sommes-nous pas encore loin, tisseurs institutionnels. Il ne suffit pas que la aujourd’hui, d’une telle qualité dans donnée soit lâchée telle une bouteille à la mer. le traitement des données ? C’est la raison pour laquelle, il y a une ving- Pas du tout. C’est déjà sur le pas de notre porte. taine d’années, nous avions commencé à C’est d’ailleurs ce que Kneip offre à ses clients introduire des contrôles pour nous assurer depuis des années. que la donnée soit non seulement correctement envoyée en amont, mais aussi fidèle- Comment cela se concrétise-t-il ment reproduite en aval. Pareille approche dans les activités de Kneip ? nécessite de chercher à éliminer tous les dou- Kneip est au service de ses clients qui, à leur blons. Partout où la donnée se duplique, cela tour, sont au service de leurs propres clients. Kneip a donc pour mission de les assister devient un enjeu. pour rendre les données plus efficaces et plus Quelles conséquences cela a-t-il pour les pertinentes, en leur apportant une donnée professionnels de l’industrie des fonds ? clean en temps et en heure, qui soit accesPrenons le cas d’un gestionnaire de fonds qui sible et qui n’ait qu’une seule réalité. Si vous possède un portefeuille contenant un millier cherchez dix sources différentes, vous voulez de titres avec environ 2.000 classes d’actifs. Il pouvoir trouver dix fois la même chose, que est impossible qu’une seule personne passe en ce soit sur Bloomberg, Refinitiv, Morningsrevue ce volume de données manuellement. Par tar ou d’autres plateformes. Mais la base de contre, c’est une même et unique machine qui, notre métier n’a pas changé : aider les clients en amont, va «processer» la donnée et opérer à mieux communiquer avec les investisseurs un filtre que le gestionnaire pourra alors utili- et les épargnants. Ce sont les supports et les ser pour savoir s’il y aura souscription ou rachat. moyens utilisés pour réaliser cet objectif qui Si la donnée est incomplète ou erronée, la ont, en revanche, fortement évolué. Tout machine la rejettera. Pour ce faire, la machine d’abord, il n’y a plus de papier. Avec les jourvérifie la valeur liquidative du même jour pour naux, de gros recueils en papier étaient disle même titre auprès de plusieurs sources dif- tribués à tout va. Les supports et les canaux férentes. Si la donnée diffère d’une source à de distribution se sont ensuite progressivel’autre, le titre est rejeté. L’enjeu est d’autant ment électronisés. Internet y a nettement plus important que si des acteurs de l’industrie contribué. Nous entrons maintenant dans ne se sont pas bien occupés de leurs données, une phase de complète digitalisation. Tout ils ne sauront pas combien d’opportunités de le monde peut obtenir les données dans le creux de sa main. vente ils ont pu manquer.

« La valeur ajoutée de l’ordinateur ne se limite qu’à sa capacité à traiter plus rapidement des processus basiques. » 40

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Le traitement de la donnée rime de plus en plus avec automatisation. À vos yeux, quelle place peut occuper l’automatisation dans l’industrie des fonds ? Il s’agit d’un élément pertinent au niveau du filtrage des titres détenus dans un portefeuille, une tâche effectuée à l’entrée – comme déjà expliqué – par des machines. Pour informer leurs clients et mettre à jour leurs portefeuilles, les professionnels reçoivent en bloc les données sur les produits qu’ils distribuent. Lorsque ces données rentrent dans leurs systèmes, elles subissent des batteries de contrôles. L’automatisation permet de les collecter depuis plusieurs sources, de les comparer afin de veiller à ce qu’elles soient complètes, justes et à jour. Où se situe l’humain dans cette approche ? L’humain va progressivement être amené à gérer les exceptions que la machine rejette. Il faut aussi que, quelque part, l’humain définisse les lignes maîtresses de l’investissement et les monitore pour éventuellement les adapter. Plutôt que d’avoir des tâches d’exécution, l’humain aura des tâches à plus forte valeur ajoutée. Alors que les machines traitent la quantité, la touche humaine se retrouvera dans les aspects qualitatifs, avec le côté critique et la gestion des exceptions. Malgré tout, la machine va, peu à peu, apprendre à réaliser par elle-même ce type de tâches. Ce qui repositionnera l’humain à nouveau à un autre niveau, car je suis intimement convaincu que l’aspect humain ne disparaîtra jamais. C’est la créativité de l’être humain qui fait naître la valeur ajoutée, et non pas la machine. La valeur ajoutée de l’ordinateur ne se limite qu’à sa capacité à traiter plus rapidement des processus basiques. Des professionnels commencent déjà à se doter d’outils basés sur l’intelligence artificielle. Le machine learning, par exemple, permet à un système d’apprendre sur la base de l’expérience. Comment ­percevez-vous cette mutation qui a débuté ? L’intelligence artificielle permet à une machine de s’inspirer de millions de facteurs pour apprendre. Et l’industrie passe en effet le cap de l’automatisation, de l’exécution mécanique. Alors qu’un robot se contente de refléter ce que l’humain lui a montré, l’intelligence artificielle va, quant à elle, se sourcer à de nombreux endroits différents pour les comparer, en tirer des conclusions en vue d’apprendre, et poursuivre cet apprentissage tout au long de sa vie. Ne pensez-vous pas que le point de rupture concurrentiel réside justement dans ce type d’intelligence artificielle ? Tout le monde cuit avec de l’eau. Par cette analogie, je veux dire que toutes les tâches restent


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LeoAwards save the date 6.10.2022 Luxembourg Creative Advertising Awards


Conversation Bob Kneip

génériques. Ce sont plutôt les choix d’inves- Quels ont été les moments-clés que les clients nous le demandaient. C’était aussi lié à des questions réglementaires et à la tissement qui font la différence. Il y a des sous- où la réglementation a poussé Kneip compliance. La société a, de tout temps, acjacents, qui sont regroupés, se retrouvent en à se transformer ? portefeuille et sont proposés au marché. C’est À partir des années 90, il était par exemple compli des tâches assez fondamentales pour au gestionnaire de définir sa stratégie, ce qui obligatoire de publier les valeurs liquidatives ses clients, pouvant avoir potentiellement un revient à savoir dans quels types de sous-jacents des fonds dans différents titres de la presse lourd impact légal ou réglementaire. Raison il va investir, que ce soient des immeubles, des quotidienne nationale des pays dans lesquels pour laquelle nous avons aussi été soumis actions, des obligations ou des devises. Il fixe ces fonds étaient distribués. Ça a tout simple- à des labels de certification pour montrer cette stratégie en fonction de son expertise, ment favorisé l’envol de Kneip. Nous avions patte blanche lors de toutes les due diligences d’un secteur d’activité, d’une taille de marché, débuté cette activité en 98 et, en 2006, nous que les sociétés de gestion doivent mener à de la nature même de l’actif par rapport à la étions devenus le plus grand éditeur de don- l’égard de leurs fournisseurs. géographie, etc. Tout le monde n’a pas la même nées liées aux fonds dans la presse quotidienne expertise dans les mêmes domaines. C’est jus- internationale. Par contre, en 2006, il n’était Vos partenaires ont donc également tement sur cette base que le gestionnaire conçoit plus obligatoire de publier ces valeurs liquida- constitué une source de changement. son produit d’investissement et la nature de tives dans la presse en Grande-Bretagne. Un Parmi eux, il y a les médias. sa gestion. Pour cela, il se fait aider tant par phénomène suivi, deux années plus tard, par Les con­sidérez-vous comme vos clients ? des personnes que des machines. Partout où le Luxembourg, chamboulant alors complè- Dès le début, nous nous sommes posé la quesdes tâches génériques peuvent être effectuées tement notre modèle. Ce qui faisait à l’époque tion de savoir qui sont nos clients. Vendons-nous de façon plus efficace, il serait dommage de 70 % du revenu de Kneip n’en fait que 4 % de la donnée ou travaillons-nous pour le compte s’en priver. aujourd’hui, en l’espace d’une quinzaine d’an- des sociétés de gestion ? Le débat revenait nées à peine. Afin de faire réaliser des écono- chaque année : ne devrions-nous pas vendre Le Luxembourg est réputé mies à nos clients, l’impression avait lieu dans de la data ou des services à valeur ajoutée aux pour son expertise dans l’ingénierie les pays où les fonds étaient distribués. Plutôt destinataires ? Au final, je pense qu’il aurait financière. La place financière peut-elle que d’imprimer 450.000 exemplaires au Luxem- été difficile de servir deux dieux à la fois avec se positionner en tant que hub pour bourg, d’en envoyer une partie en Asie, une notre business model d’antan. Nous nous les fintech ? autre en Amérique latine et d’autres dans le sommes donc restreints à travailler uniqueIl a fallu beaucoup de pierres pour construire bassin méditerranéen, nous avions des centres ment pour les sociétés de gestion qui nous l’édifice qu’est devenue la place financière de production dans différentes régions. disaient ce qu’elles voulaient que nous fassions de Luxembourg. La donnée contribue au avec leurs données. Tant que j’étais aux comdéveloppement de cet écosystème. Cela Raison pour laquelle vous avez ouvert mandes de la société, ce même focus n’a pas fait au moins 25 ans que Kneip en fait par- des bureaux à l’étranger ? bougé. J’ai souvent laissé le débat s’ouvrir autour tie. Maintenant, avec la force de frappe de La principale raison pour laquelle nous de la question, mais nous sommes à chaque Deutsche Börse Group, Kneip se donne les avons ouvert des antennes à l’étranger était fois revenus aux sources. C’est sûrement un moyens pour contribuer à ce que le Luxem- plutôt de tisser davantage de proximité avec modèle qui va évoluer avec le temps. bourg puisse se profiler comme centre in- nos clients. Dans une époque de prédigitaternational de la donnée relative aux fonds. lisation, les échanges se déroulaient en face En 2021, vous avez conclu un partenariat C’est une corde supplémentaire à notre arc, à face. C’était important pour nos clients entre Kneip et le Nasdaq. car cela renforce la Place. de savoir que nous étions accessibles. Dès Quels en ont été les bénéfices ? 1999, nous avions, par exemple, un bureau C’était l’une des choses les plus géniales qui Outre la technologie, quels ont été en Suisse. Ce qui a d’ailleurs été un argu- pouvaient arriver et qui fonctionnent. La les autres facteurs de transformation ? ment-clé qui nous a permis de signer avec les couverture du Nasdaq est globale, les codes L’évolution a toujours été dictée par le même plus grandes sociétés de gestion helvétiques. Nasdaq étant accessibles à l’ensemble de la trio de moteurs : la clientèle, la réglementa- Par la suite, nous avons ouvert un bureau à population mondiale. Aucun autre acteur ne tion et la technologie. Les demandes des Paris. Nous avons ensuite racheté une société possède une couverture aussi large. Ainsi, à clients et leurs attentes sont en grande partie en Belgique, créé une succursale à Londres et l’issue de notre partenariat avec le Nasdaq, il motivées par la réglementation et les autori- acquis une autre société à Francfort, en Alle- a été conclu que, pour chaque titre européen tés de contrôle. La réglementation n’a pas magne. Nous avons ouvert ces bureaux parce listé sur le Nasdaq, un contrat doit être signé avec Kneip. Ce qui donne lieu à un revenue cessé de gonfler, même si ça s’est relativement sharing entre Kneip et le Nasdaq. calmé au cours des dernières années. Les clients doivent aussi vivre avec leur temps Était-ce nouveau de conclure pour être en accord avec leur clientèle rajeuun tel partenariat ? nissante. Dans les dix prochaines années, il LES COUPS DE CŒUR Nous avons développé toute une série de pary aura le plus grand transfert de patrimoine ARTISTIQUES d’une génération à l’autre qu’il n’y a jamais tenariats similaires au fil des années. Par exemple, DE BOB KNEIP eu, avec les baby-boomers en train de passer nous avons été, de tout temps, un partenaire Sa première représentation à la prochaine génération. Les nouvelles généprivilégié du Financial Times. De même, nous artistique achetée à l’âge de 10 ans rations ont d’autres façons de consommer les avons été le plus important fournisseur monGuernica de Picasso produits financiers et la donnée. Une évoludial de données relatives aux fonds pour BloomSa première toile acquise tion profonde de l’industrie se prépare. Les berg. D’autres partenariats ont aussi été noués London at 12 PM de l’artiste modes de distribution évoluent. De même avec des médias internationaux, nationaux ou belge Philippe Lebeau pour les coûts et leur capacité d’absorption. locaux. Nous nous sommes interrogés sur la L’œuvre qu’il a toujours Toutes les sociétés de gestion sont en train façon de mieux travailler ensemble dans l’inrêvé d’avoir de vivre une mutation. Cela se réalise avec la térêt des sociétés de gestion, d’une part, et des Campbell’s Soup Cans d’Andy Warhol technologie et ce qu’elle rend possible. lecteurs des médias, d’autre part. 42

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Conversation Bob Kneip

KNEIP SA ET SES CLIENTS EN CHIFFRES Plus de 65 groupes clients pour les services d’investor disclosure

Technologie, réglementation et modèle d’affaires constituent donc souvent des opportunités... Au final, c’est ce que nous faisons qui compte et qui fait la différence. Il faut donc être créatif. Et c’est d’ailleurs une notion qui revient régulièrement en vous écoutant : la créativité... C’est dans des situations particulièrement difficiles que les neurones s’ouvrent. Le défi est de trouver des bribes de solutions pour satisfaire les clients. Sur ce plan-là, je n’ai jamais rien inventé. C’est toujours le client qui m’a dit ce qu’il fallait faire et comment le faire.

Plus de 250.000 Kiids / Kids produits chaque année Plus de 110.000 titres dans sa base de données Priips / Mifid Publication de données pour plus de 10.000 fonds dans plus de 40 pays Offre ses services à plus de 30 % des titres de l’UE 13.5 millions de transactions calculées depuis 2018 125.000 documents déposés auprès des régulateurs Des publications dans 40 pays Des dépôts réglementaires dans plus de 30 pays

artistes que les galeristes apportaient de nouvelles pièces qui n’avaient pas été exposées lors des éditions précédentes. Vous considérez-vous comme un collectionneur d’art ? Non, pas du tout. J’achète soit sur un coup de tête, soit sur un coup de foudre. Vous continuez à acheter et à faire grandir votre collection ? Ça fait au moins deux ans que je n’ai plus rien acheté parce qu’il n’y a tout simplement plus assez de place sur les murs. Nous avons intégré la filiale belge il y a quatre ans et une dizaine de pièces sont revenues à Luxembourg. Nous avons ensuite fermé le bureau de Paris et une autre dizaine de tableaux ont à nouveau été rapatriés. De nos jours, avec la digitalisation, nous n’avons plus besoin des mêmes surfaces de bureau. Kneip est ainsi passé de 4.000m2 à 2.000m2. Faute de place, il a donc fallu que j’arrête d’acquérir de nouvelles œuvres.

Avez-vous le sentiment d’avoir contribué à faire briller le Luxembourg à l’international ? Nous avons donné une visibilité extrêmement bonne au Luxembourg du fait de notre présence à l’international. Nous étions d’ailleurs Je suis tombé amoureux du pop art après ma membres de toutes les associations profes- première visite au MoMa, à New York, vers la sionnelles locales de fonds. Nous étions aussi fin des années 60. J’y ai contemplé tous les contributeurs dans les conférences et groupes grands noms du pop art, d’Andy Warhol à Roy de travail. Lichtenstein. J’ai tout de suite accroché. En Que sont devenues les œuvres d’art revanche, pendant les années qui ont suivi, il qui se trouvaient dans les autres bureaux Bob Kneip est aussi un amateur d’art réputé. fallait quand même de sacrés moyens finan- de Kneip à l’étranger ? Comment cette passion est-elle née ? ciers pour acquérir de telles œuvres. La fin des Tout est revenu au Luxembourg. Mais il faut Ce n’était pas un choix délibéré d’entrée de années 90 a toutefois été marquée par un renou- savoir que les œuvres d’art n’ont jamais été jeu. Les tout premiers bureaux de la société veau du pop art. Beaucoup d’artistes contem- acquises par la société, mais bien par moi. Je se trouvaient dans un très bel immeuble art porains sont alors revenus sur les thèmes me suis dit que si un jour la société était vendéco avec des sculptures, de hauts plafonds, habituels du pop art. C’est-à-dire, en règle due, au moins tout cela resterait en ma posdes parquets, etc. Avec la forte expansion de générale, soit des icônes, personnes ou objets, session. Une des questions qui m’a d’ailleurs Kneip, il a fallu que nous déménagions en soit des produits de grande consommation. Et été posée avant de quitter ma fonction était 2000. Le seul immeuble que j’aie trouvé était ces œuvres étaient plus abordables. de savoir si je pouvais encore laisser quelques un bloc de béton, d’acier et de verre qui était œuvres d’art dans les bureaux. J’ai bien évidemment répondu favorablement à cette situé Grand-Rue. Il était très beau, mais n’avait Vous est-il arrivé d’ouvrir vos bureaux demande. De toute façon, je ne vais pas poupas la même touch que le précédent. Je me aux visiteurs, comme une galerie? suis alors dit que puisque nous passions tant Au début des années 2010, il y a eu l’événe- voir replacer toutes les œuvres ailleurs. de temps au bureau, autant que l’environne- ment Private Art Kirchberg. Les entreprises ment soit sympathique. du plateau de Kirchberg ouvraient leurs portes Une nouvelle carrière dans le marché un dimanche de l’année pour montrer leurs de l’art ne vous tente pas ? Quels sont les effets que vous avez collections au grand public. J’ai commencé à Non, pas du tout. C’est un métier à part entière. constatés en plaçant des œuvres d’art inviter des artistes et des galeristes pour qu’ils Pour moi, il s’agit avant tout de passion et de dans les espaces de travail ? viennent enrichir la collection. Nous débu- plaisir. Ma motivation est l’idée de montrer, de Ça stimule les échanges, les discussions et la tions par un grand événement d’ouverture le partager et d’égayer l’environnement. créativité. J’ai découvert que mettre des tableaux vendredi soir, rassemblant des artistes, des aux murs – surtout du pop art sur des thèmes amis, des amateurs d’art, des clients et des Depuis la vente de Kneip au groupe joyeux et des couleurs vives – rayonnait à l’in- partenaires. Cet événement se prolongeait le Deutsche Börse, vous occupez de nouveaux térieur du bureau. samedi par des visites individuelles. Le bureaux, encore vides et avec des murs dimanche, les bureaux étaient ouverts au blancs. Comment vous y sentez-vous ? Le pop art, cela a toujours été votre public. D’une année à l’autre, les visiteurs ne Un peu perdu, mais il est fort agréable que je style préféré ? voyaient jamais la même chose, car tant les puisse maintenant me demander ce que je vais pouvoir accrocher aux murs, et à quel endroit.

« C’est dans des situations particulièrement difficiles que les neurones s’ouvrent. » 44

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De nouveaux bureaux, cela veut dire de nouveaux projets professionnels ? J’ai pris la décision de me donner quelques mois de réflexion avant de me lancer dans un tout nouveau projet professionnel. Mais je souhaite encore, pour le moment, rester discret sur ce sujet.


Découvrez le nouveau numéro du magazine GUDD !

s - l e d è a nt z e t l u C ons t en sc ann . enan m a i nt e Q R C o d e c


Laurent Muller est l’auteur d’un premier livre évidemment porté sur le secteur de l’entreprise.


Conversation Laurent Muller

« Connaître la valeur de sa PME pour fixer un prix » Auteur du livre Valorisation ­– comprendre la valorisation d’une PME, Laurent Muller explique la nécessité, pour les entrepreneurs, d’avoir une image fidèle des forces et faiblesses de leur entreprise. Un exercice pour lequel l’information, aussi bien qualitative que quantitative, est capitale. Interview BENOÎT THEUNISSEN

Vous dirigez Muller & Associés, une société spécialisée dans l’expertise comptable et le conseil économique. Pourquoi aborder le thème de la valorisation des PME dans ce livre ? Nos clients sont des dirigeants de PME. Un de leurs besoins est notamment de valoriser leur entreprise, dans le but soit de la céder, soit de la transmettre d’une génération familiale à une autre, soit simplement pour en connaître la valeur. Il y a plusieurs sources de revenus: le salaire, tout comme les dividendes perçus sur le résultat généré avec le bénéfice de l’entreprise. L’aspect de la valeur, pourtant crucial, est par contre malheureusement souvent ignoré. Même si un chef d’entreprise n’envisage pas de céder son entreprise, il a tout de même intérêt à en connaître la valeur. Il est également indispensable de suivre l’évolution de celle-ci dans le temps. La valeur d’une entreprise peut chuter ou croître d’une année à l’autre. Raison pour laquelle j’insiste sur la nécessité de la surveiller. Dès le début du livre, vous faites une distinction claire entre la notion de valeur et celle de prix. Comment s’établit cette différence ? La valeur et le prix restent deux notions trop souvent mal comprises, portant à confusion. Économiquement parlant, la valeur est une offre. Le prix, quant à lui, résulte d’une intersection entre une offre et une demande au moment où deux parties prenantes à une transaction aboutissent à un accord. J’aime bien utiliser un exemple concret pour illustrer cette différence. Imaginons que je vous vends ma voiture, en déclarant qu’elle vaut 30.000 euros. Ensuite, vous m’appelez pour me proposer de l’acquérir plutôt à 25.000 euros. Ainsi, si nous nous mettons d’accord sur 25.000 euros, le

Photo MATIC ZORMAN

prix sera alors de 25.000 euros. Nous remarquons alors que la valeur n’est pas égale au prix et, inversement, que le prix n’est pas égal à la valeur. Ce point est d’autant plus important à comprendre que, lorsque vous entendez circuler le prix d’une transaction, cela ne signifie pas nécessairement que l’entreprise en question vaut ce montant. Les parties prenantes à une transaction peuvent encore négocier certains arrangements, telle une période de transition entre le moment où la valeur est définie et celui où le prix est fixé. Finalement, la notion de prix elle-même peut comporter certaines nuances. Le prix déterminé peut par exemple être un prix fixe, un prix que l’on paie en tranches, voire un prix variable.

BIO EXPRESS Études En 2008, Laurent Muller s’est vu attribuer le grade de docteur en sciences économiques. Il a auparavant obtenu un master en International business administration en 2003, à la suite d’un DEUG. Début de carrière Il a débuté sa carrière chez Paul Wurth S.A. en 2003. Puis il a commencé son projet entrepreneurial en 2006, en reprenant avec son frère le cabinet de leur père, Fiduciaire Marc Muller. Création Il a créé en 2014 Muller & Associés, une société active dans l’expertise comptable et le conseil économique, avec son frère, Frédéric Muller. L’entreprise compte une cinquantaine d’employés.

La fixation d’un prix ne peut donc aboutir qu’aussitôt la valorisation finalisée. Qu’est-ce que cela change d’un point de vue numéraire ? Une valeur ne se reflète pas au travers d’un montant en euros. Le but de toute démarche de valorisation vise plutôt à obtenir une fourchette de valeur. Cette fourchette varie en fonction du poids de chacun des composants qui forment la valeur globale de l’entreprise. Ce n’est que sur cette base qu’un dirigeant de PME peut ensuite entamer des discussions avec un acquéreur potentiel, en vue de s’entendre sur un prix. Cette clarification est fondamentale pour comprendre la finalité de la valorisation. La confusion entre la valeur et le prix n’amènerait-elle pas aussi à un mélange entre la valorisation et la phase de due diligence ? La valorisation consiste simplement à connaître la valeur de son entreprise. C’est la première chose à faire. Notons toutefois que la valorisation n’est pas un processus qui a pour vocation de toujours aboutir à une transaction. Il faut souligner que la chose la plus basique pour un entrepreneur consiste à connaître la valeur de son entreprise et d’analyser si elle augmente ou recule d’une année à une autre. Par contre, une valorisation qui a pour objectif une transaction sera alors suivie d’une due diligence. Cette dernière vise à vérifier la valorisation. Elle permet à l’acquéreur de s’assurer que les éléments intégrés dans la valorisation sont corrects. Il faut penser en termes d’étapes et la due diligence vient à la toute fin du processus. Dans votre livre, vous avez choisi de mettre l’accent sur la vulgarisation plutôt que sur la technicité. Pourquoi ce choix ? JUILLET 2022

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Conversation Laurent Muller

ACTIVITÉS PARAPROFESSIONNELLES

La littérature déjà existante autour du sujet de la valorisation d’entreprise se compose essentiellement de livres techniques. L’explication basique de ce qu’est la valorisation n’existait pas encore, à ma connaissance. Pourtant, je recevais énormément de demandes de la part de clients qui souhaitaient comprendre davantage, et mieux, le sujet. Je le faisais oralement ; maintenant, j’ai un livre. Pourquoi adressez-vous votre livre tout particulièrement à un public de dirigeants de PME ? Le tissu économique luxembourgeois est essentiellement composé de PME. En revanche, les critères définissant une PME importent bien moins que le public cible du livre. Je m’adresse à des personnes qui agissent à la fois en tant qu’actionnaires, dirigeants et salariés de leur propre entreprise. C’est ce que nous appelons plus généralement aujourd’hui des entrepreneurs. Tous ceux-là constituent mon public cible. Comment la valorisation d’une PME diffère-t-elle justement de celle d’une grande entreprise ? Si je regarde sur internet ou que j’achète un livre sur la valorisation d’entreprise, je trouve des méthodes quantitatives de calcul pour valoriser de grandes entreprises. Elles sont structurées de telle sorte qu’elles peuvent être directement appliquées. Les choses sont en revanche différentes pour les PME. Prendre les éléments des états financiers et les insérer immédiatement dans un modèle de valorisation ne fonctionne pas. Ce n’est pas si simple. Il faut opérer des redressements, analyser ces chiffres et comprendre s’ils reflètent la réalité économique de l’entité. Il y a des éléments que nous devons vérifier en lien avec ces chiffres avant de pouvoir les utiliser. Les modèles quantitatifs, à eux seuls, consistent en des modèles standards qui ne peuvent s’appliquer qu’à des entreprises standardisées.

Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise de Luxembourg Laurent Muller en est membre depuis 2015. Il en a été secrétaire général de 2016 à 2017 et président de 2017 à 2018. Luxembourg Business Angel Network (LBAN) De 2015 à 2017, il a fait partie de son conseil d’administration. 1, 2, 3 GO Depuis 2015, il participe au comité de sélection de cette plateforme de coaching de plans d’affaires pour des projets touchant à la Grande Région.

les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces liées à une situation commerciale, ndlr). Nous positionnons donc l’entreprise en nous interrogeant sur ses forces. Pour ce faire, nous cherchons à comprendre les raisons pour lesquelles un client s’adresse à l’entreprise. Également, nous nous penchons sur les faiblesses de l’entreprise. De plus, au niveau de l’environnement du marché, nous identifions de potentiels risques, tels que l’évolution à la hausse des prix de l’énergie ou des matières premières. Le but étant de réaliser une valorisation aussi bien à la date d’aujourd’hui que de demain. L’augmentation des prix aura-t-elle, par exemple, un impact à moyen terme ? Cela pourrait affecter la fourchette de valeur. Faisant face à une certaine part de subjectivité, comment collectez-vous les informations relatives à l’analyse qualitative ? Dans un premier temps, nous réalisons une série d’interviews avec les dirigeants pour comprendre l’entreprise. Mais le résultat reste toujours biaisé. Nous devons donc aborder le cadre plus général de l’entreprise, tel que le marché dans lequel elle évolue. Cette compréhension est absolument nécessaire pour valoriser l’entreprise le plus finement possible.

Quels types de faiblesses ou de risques cherchez-vous à identifier au cours de cette L’intégration d’éléments qualitatifs phase d’analyse qualitative ? est donc primordiale pour la valorisation Au niveau des ressources humaines, les PME d’une PME. Comment vous y prenez-vous pour évaluer ce type d’éléments ? sont exposées au key person risk. À travers nos Pour évaluer les aspects qualitatifs, nous pas- entretiens avec les entrepreneurs, nous chersons en général par des analyses Swot (une chons à identifier la compétence technique technique de gestion stratégique pour identifier qui donne à l’entreprise sa position de force

« L’immatériel est implicitement inclus dans la valorisation. » 48

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sur le marché. Si cette compétence repose sur un unique employé possédant un niveau technique élevé, l’entreprise se retrouverait sans back-up si l’employé en question était amené à s’absenter, même temporairement. Si cet élément n’est pas anticipé, c’est un risque, alors que s’il est identifié, cela n’est qu’une faiblesse. Cette dernière doit être gérée pour que l’entreprise devienne plus résiliente, car cela a un impact sur les coûts, la rentabilité et, in fine, sur la valeur. Le principe est le même avec le key client risk. Des entreprises ne possèdent qu’un ou deux clients importants. Une si faible granularité de la clientèle peut comporter des risques, dans le cas où un client viendrait à stopper la relation d’affaires. Il en va de même au niveau des fournisseurs avec le key supplier risk. La scalability est également un aspect important à analyser, pour que le chiffre d’affaires augmente, sans pour autant que les coûts augmentent simultanément. L’approche qualitative reste particulièrement primordiale pour les PME. Mais qu’en est-il de l’approche quantitative ? Il y a en effet aussi l’approche comptable. Elle sert autant à comprendre les comptes qu’à vérifier que tout a été correctement comptabilisé. Il faudrait, par exemple, éviter que des provisions non prises en compte ne réduisent le résultat. Idem pour les investissements ou les tableaux d’amortissement. Nous devons nous assurer qu’ils sont corrects. Nous voulons ainsi constater que la comptabilité reflète fidèlement la réalité économique. Au-delà de l’aspect comptable, nous analysons des éléments liés à la finance d’entreprise, en nous basant sur des modèles de business plans orientés vers le futur. Et quelle place donnez-vous aux éléments immatériels de l’entreprise dans le processus de valorisation ? L’immatériel est implicitement inclus dans la valorisation. Il ne faut pas encore ajouter une composante immatérielle au-delà de la valorisation, car elle est intrinsèque à la valeur de l’entreprise. Quel est l’impact du contexte macro­économique actuel sur le travail de valorisation des entreprises ? Par les temps qui courent, nous pouvons encore moins valoriser une entreprise à la seule date d’aujourd’hui, en sachant que demain, le prix de la matière première sera plus élevé et que l’entreprise aura du mal à s’approvisionner. Notons également qu’en moyenne, une entreprise vaut aujourd’hui moins qu’en 2019, puisque la valeur est en partie basée sur une rentabilité future. Il y a également le problème des financements, qui sont plus difficiles à trouver.


Recrute Fondée en 1994, Maison Moderne est la première entreprise média indépendante du Luxembourg. Ses activités s’organisent autour de trois axes avec la Publishing House, et ses marques médias influentes Paperjam et Delano, le Business Club, le principal club d’affaires du Luxembourg, ainsi que le Brand Studio, qui conseille entreprises et institutions dans leurs stratégies de communication, notamment via du content marketing et des solutions médias de l’écosystème Paperjam + Delano (digital, print, live experience). Aujourd’hui, 140 collaborateurs travaillent chez Maison Moderne.

BU S I N ES S CL UB

BRAND STUDIO

Directeur Business Club

Head of markets Brand Studio

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Chargé de clientèle Business Club

(H/F)

(H/F)

Finance journalist Delano Rédacteur en chef Paperjam

Senior media advisor international Corporate storyteller

PUBL I S H I N G H OUS E

Editor in chief Delano.lu

(H/F)

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CO R P O R AT E

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Le challenge vous intéresse ? Transmettez-nous votre dossier de candidature (CV et lettre de motivation). Vous avez reconnu une personne de votre entourage dans cette description ? N’hésitez pas à lui en parler ! —› recrutement@maisonmoderne.com Chaque candidature sera traitée dans la plus stricte confidentialité.


Michel Reckinger, Directeur Général de Reckinger Alfred S.A., Président de l’UEL.

Contenu sponsorisé par RECKINGER

En matière d’énergies renouvelables et de RSE, les enjeux sont nombreux pour la société. Anticiper ces défis afin de les relever est une priorité, notamment pour les acteurs du secteur HVAC. À l’occasion de ses 111 ans, Reckinger revient sur son histoire et sa vision du futur. 50

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Photos

Accompagner l’évolution énergétique du Luxembourg

Eva krins (Maison Moderne), Reckinger

Énergies


BRAND VOICE

LA SOCIÉTÉ EN QUELQUES CHIFFRES

DOMAINES D’EXPERTISE DE RECKINGER

111

Cette année 2022 marque le 111e anniversaire de l’entreprise luxembourgeoise Reckinger Alfred S.A., spécialiste du HVAC (chauffage, ventilation et climatisation). L’occasion de revenir sur l’histoire de l’entreprise. C’est en 1911, sous l’impulsion d’Octave Reckinger, que la société voit le jour, dans un premier temps sous la forme d’un magasin de quincaillerie, et évoluant ensuite vers les domaines du chauffage et des sanitaires. À son décès en 1917, l’affaire est reprise par son épouse et sa cousine, deux pionnières. À ses 18 ans, Alfred, le fils d’Octave, devient chef

«N ous avons à cœur d’être un interlocuteur unique pour les institutions, constructeurs, promoteurs et particuliers. » Michel Reckinger Directeur Général de Reckinger Alfred S.A., Président de l’UEL

L’entreprise Reckinger affiche 111 ans d’histoire.

360

Le nombre de collaborateurs sur lesquels l’entreprise peut compter.

200

La société dispose d’une flotte de 200 véhicules de dépannage et de service.

d’entreprise après avoir fréquenté une école d’artisans. Il figure parmi les premiers à obtenir une maîtrise en chauffage sanitaire et investit dans de nouvelles infrastructures pour la société. Dans les années 1960, une nouvelle génération arrive avec les deux fils d’Alfred: Paul, ingénieur, et François, disposant d’un brevet de maîtrise. Tous deux poursuivent le développement de l’entreprise et de ses expertises jusqu’à l’arrivée de Michel et son cousin Jean-Paul. «Une telle société ne dépasse généralement pas la deuxième génération. Gérer cette succession efficacement était nécessaire pour conserver le cœur de l’entreprise au sein d’un petit groupe familial», explique Michel Reckinger, Directeur Général. Être un acteur du changement Ce dernier représente la qua­tr­ iè­me des générations qui

se sont succédées. Sous leur impulsion, les technologies ont également changé en matière d’énergies, qui représentent le cœur de métier de l’entreprise. «Nous avons assisté à une évolution constante avec le charbon, le mazout, le gaz et, aujourd’hui, l’électricité et les pompes à chaleur. La ventilation centralisée est apparue dans les années 1970, et la climatisation dans les années 1980-90.» Pour Michel Reckinger, il est impératif d’être à l’écoute des marchés et techniques. S’intéresser aux nouveautés, créer des liens étroits avec les fournisseurs est donc nécessaire pour appréhender les changements. «Nous avons été précurseurs. Mon grand-père était le co-fondateur de la Fédération des artisans, mon père était le président de la Chambre des Métiers et je suis à la tête de l’Union des entreprises luxembourgeoises. Cela nous a permis d’être au-­devant de tout changement technique et législatif.» Pour conserver cette position avant-­gardiste, l’entreprise mise aussi sur la formation continue des salariés qui est cruciale pour faciliter toute innovation. Elle a d'ailleurs participé à la création des centres de compétences pour ceux-ci.

Chauffage et sanitaire Installation de chaudières, circuits et appareils sanitaires, traitement de l’eau, etc.

Énergies renouvelables Installation et entretien de pompes à chaleur, panneaux photovoltaïques, géothermie, etc.

Ventilation et climatisation Mise en place de systèmes de ventilation, climatisation et hygrométrie.

Installations électriques Câblage de circuits, tableaux électriques, éclairage, etc.

Rénovation Projets clés en main : rafraîchissements, aménagements, extensions, vérandas, etc.

RECKINGER, 111 ANS D’HISTOIRE

1911

Création de l’entreprise par Octave Reckinger, sous forme de magasin de quincaillerie avant d’évoluer vers l’installation de chauffage et sanitaires.

1929

Alfred, le fils d’Octave, reprend l’entreprise qui traverse la Deuxième Guerre Mondiale et investit dans une salle d’exposition et dans des ateliers à Esch-sur-Alzette.

1973

Paul et François Reckinger reprennent l’entreprise, qui développe ses activités dans les domaines de l’HVAC, climatisation, ventilation, combat d’incendie et air comprimé.

2001

Michel Reckinger prend la direction et va permettre à l’entreprise d’être progressivement labellisée et certifiée dans certains domaines (tri des déchets, respect de l’environnement, Made in Luxembourg, etc.).

2016

La société reçoit le label Entreprise socialement responsable décerné par l’INDR.

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BRAND VOICE

Un interlocuteur unique pour les maîtres d’ouvrage Si les technologies ont changé, les attentes des clients aussi. Ces derniers souhaitent aujourd’hui un interlocuteur unique pour leurs problèmes techniques. «Être installateur ne suffisait plus. Nous avons dû nous appliquer à fournir des solutions techniques complètes du bâtiment.» Reckinger Alfred S.A. assure aujourd’hui la mise en place, l’entretien et le dépannage d’installations de chauffage, sanitaires, électriques, de ventilation et climatisation, d’énergies renouvelables pour une clientèle privée et professionnelle. En marge de ses nombreuses expertises, l’entreprise s’est tournée vers la rénovation avec son entité Remake. « Depuis près de 20 ans, nous effectuons tous types de projets clés en main, des plans à la livraison finale, en passant par le conseil et le pilotage des corps de métier. Parmi ces projets, nous réalisons des salles de bains, pièces essen­­tielles de l’habitat. Nous aidons aussi les clients qui souhaitent, par exemple, rénover une habitation ou effectuer une extension. Nous avons créé Remake en réponse à la demande du marché. » La RSE, moteur de développement La RSE a toujours été une priorité aux yeux de l’entreprise.

«Nous avons, par exemple, été l’un des premiers artisans à obtenir le label RSE de l’Institut national pour le développement durable (INDR) et la responsabilité sociale des entreprises en 2016. Cette démarche est dans notre ADN, nous sommes une entreprise familiale et nous considérons également nos salariés comme faisant partie de cette famille. Nous assumons donc une responsabilité envers cette famille par une vision à long terme.» Pour le Directeur de Reckinger Alfred S.A., cette responsabilité mutuelle s’applique également aux parties prenantes extérieures: les fournisseurs comme les clients. Engagée pour la qualité par l’innovation et l’amélioration continue des services, pour l’équité par la promotion

« La RSE constitue un fil rouge pour notre entreprise. La durabilité est d’ailleurs un de nos piliers de développement. » Michel Reckinger Directeur Général de Reckinger Alfred S.A., Président de l’UEL

RÉNOVER : UN ACTE RESPONSABLE

Réduction de l’empreinte carbone Économies d’énergie Diminution des factures

d’un management humaniste et responsable, ainsi que pour la tradition par la conti­­nuité des valeurs familiales centenaires, l’entreprise effectue cette année le second renouvellement de son label et entend poursuivre ses efforts dans ce domaine. ​La transition énergétique, défi n° 1 Le principal défi auquel la société en général et l’entreprise Reckinger Alfred S.A. font face est la transition énergétique et la décarbonation souhaitée à l’horizon 2030-2050. «Les techniques vont devoir évoluer et de nouvelles technologies devront être mises en place. L’ensemble de l’écosystème énergétique s’apprête à glisser vers le tout-électrique. Le gaz et le mazout seront, quant à eux, amenés à disparaître.» Sentant venir ce vent de changement,

l’entreprise a créé, il y a quelques années déjà, un service dédié aux installations électriques et employant plus de 50 collaborateurs. Elle est dans ce contexte devenue fournisseur de bornes électriques pour véhicules. «Ce virage que nous avons entamé va changer notre société pour les années à venir. Les chaudières à gaz seront remplacées dans le futur par des pompes à chaleur. Les dépanneurs de gaz d’aujourd’hui sont les frigoristes de demain. Une fois encore, la formation continue a toute son importance.» Pour accompagner et faciliter cette transition énergétique, Reckinger Alfred S.A. entend rester un interlocuteur unique. Pour Michel Reckinger, la rénovation énergétique fait partie intégrante de cette évolution. «Nous devons adapter notre manière de travailler et choisir précieusement nos partenaires. Ces changements ne seront pas réalisés de manière identique par tous. Les fournisseurs ne seront peut-être plus les mêmes. De nouveaux clients se feront également connaître. Pour être au plus près d’eux, nous souhaitons poursuivre notre expansion géographique.» Plus que jamais, l’entreprise souhaite être un acteur principal de cette transition énergétique, de la décarbonation vers l’énergie électrique au Luxembourg.

DE NOMBREUX ENJEUX POUR LE FUTUR

2021

La société figure parmi les leaders du secteur HVAC et engage sa transformation digitale.

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2022

Célébration du 111e anniversaire dans le cadre d’Esch2022.

2022

Deuxième renouvellement du label RSE.

2030

Réduction des émissions de gaz à effet de serre et augmentation des énergies renouvelables.

2050

Ambition d’atteindre la neutralité carbone.


DAVID SIBAUD Directeur du développement chez Reckinger Alfred S.A.

« En tant qu’entreprise technique, nous sommes les garants d’une cohérence pour chacun de nos projets. Nous souhaitons devenir le guichet unique de la rénovation énergétique. » David Sibaud

L’innovation est-elle moteur de développement pour l’entreprise ? La première innovation, incré­ mentale, concerne la digitalisa­ tion et l’amélioration des process centrés sur les clients. La seconde concerne le rempla­ cement et la rupture. La fin d’une technologie fait naître des opportunités. Cette innova­ tion de remplacement nous a permis de passer de l'énergie fossile à l’électricité. Rénover et isoler un bâtiment permet de mettre en place de nouvelles technologies. D’où la création de Remake. Quel rôle cette innovation joue-t-elle dans la transition énergétique ? L’innovation permet de décar­ boner à condition de mettre en place les bonnes technolo­ gies. Nous devons nous inscrire dans une approche d’énergies renouvelables avec l’idée d’augmenter l’autonomie des ménages. Le triptyque isola­ tion, pompe à chaleur et photo­ voltaïque le permet. Quelles sont vos ambitions pour le futur ? À court terme, il s’agit de la tran­ sition énergétique. Nous devons former le personnel pour répon­ dre aux défis. À moyen terme, nous visons la croissance externe de l’entreprise avec un maillage sur tout le territoire luxembourgeois. À long terme, nous voulons pérenniser l’activité pour la transmettre à la génération future et maintenir l’indépendance financière.

ouvrir e n déc Pour e ur l’entrepris s e g ta e, davan histoir et son ur s s u o z-v rende

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Guy Kirsch porte deux casquettes : boucher et restaurateur. Mais le constat est le même : une pénurie de talents.


Décryptage Métiers de bouche

Une faim de recrutement Les métiers de bouche, tout comme les établissements de l’horeca, peinent à trouver la main-d’œuvre qualifiée dont ils ont tant besoin. Des bouchers aux traiteurs en passant par les serveurs, le secteur est affamé de renforts. Auteurs CATHERINE KURZAWA et FABIEN RODRIGUES

Photo MATIC ZORMAN

Avec 268 postes déclarés en avril dernier auprès peu réalistes. Moins d’extras, plus de frais à de l’Adem, le personnel de cuisine et de ser- l’embauche… On paye peut-être les ­exagérations vice en restauration reste une denrée rare au du passé. Et cela n’augure pas une a ­ mélioration Luxembourg. Le phénomène de pénurie de à court terme... » main-d’œuvre est loin d’être propre aux métiers de bouche : l’agence a recensé 12.684 postes Les réfugiés ukrainiens : une vraie aide ? L’afflux de réfugiés ukrainiens pourrait-il être vacants, soit 53% de plus sur 12 mois. « Le problème de la main-d’œuvre, ce n’est une réponse à ce manque de main-d’œuvre? pas l’argent, mais c’est un dégoût de la profes- Pas pour René Mathieu, qui souligne les loursion », avance le chef étoilé du restaurant deurs administratives liées au statut extra-­ La ­Distillerie, René Mathieu. L’établissement européen, sans compter les difficultés de gastronomique officie sans sommelier ni communication avec ces travailleurs expatriés. maître d’hôtel attitrés depuis un an m ­ aintenant. « Je viens d’embaucher deux Ukrainiens et, «Je ne sais pas ce qu’il faut faire. La ­restauration franchement, ça va pour les papiers», tempère est en péril et je ne sais pas comment cela va de son côté Ryôdô Kajiwara. Le chef nouvelévoluer, mais je crains que cela empire », se lement étoilé du restaurant Ryôdô a étoffé désole-t-il. son équipe avec, notamment, une pâtissière Sa brigade compte actuellement 15 recrues ayant fui le conflit armé. « Elle a demandé qui assurent la préparation et le service de 90 à 100 couverts par jour, répartis sur deux ­services dans le restaurant La Distillerie et la Brasserie Côté Cour. Le chef estime qu’il faudrait au L’ALIMENTATION moins cinq salariés supplémentaires pour souVS LES BONS ÉLÈVES lager son équipe, qui travaille avec deux jours Nombre d’entreprises et demi de fermeture hebdomadaire. - 5 % entre 2016 et 2021 vs + 71 % Pendant longtemps, la restauration a été pour le cluster Nettoyage du bâtiment synonyme de secteur où beaucoup d’opportunités et d’argent facile étaient accessibles Nombre d’emplois - 10 % entre 2016 et 2021 à de nombreux jeunes qui avaient l’envie de vs + 62 % pour le cluster travailler, que ce soit en poste fixe ou en «extra», Fleuriste et Paysagiste une source de revenus peu scrutée à l’époque. MAIS... « A-t-on trop compté et abusé de cette grande flexibilité pendant les années fastes de la Taille moyenne de l’entreprise 28 employés, soit le 2e juste ­restauration ? », s’interroge le boucher et derrière le cluster Nettoyage ­restaurateur Guy Kirsch, propriétaire des du bâtiment (32) ­restaurants Aal Schoul à Hobscheid et Bestial Parité à Grass. Il précise sa pensée : « Aujourd’hui, Et c’est le cluster numéro un tout est beaucoup plus contrôlé et la pénurie en termes de parité, avec un ratio 45 % femmes / 55 % hommes ! de p ­ ersonnel donne lieu à des demandes ­salariales

le statut de réfugiée, et l’État contribue à une partie de sa rémunération », explique-t-il. « Je veux donner aux Ukrainiens la même chance que celle que j’ai reçue en arrivant au Luxembourg. Je me souviens que je ne parlais ni français ni anglais », se remémore le natif de Saitama, au Japon. Il a suivi son épouse jusqu’au Grand-Duché voici plus de dix ans pour un parcours qui a mené ce cuisinier de formation vers les plus grandes tables du pays, comme les restaurants Léa Linster, Le Sud, Le Fin Gourmand, le Clairefontaine et Mosconi. Dominique Colaianni, restaurateur emblématique de la scène luxembourgeoise, fête cette année le trentième anniversaire de La Mirabelle. Il déplorait aussi récemment ne pas avoir pu embaucher des élèves ukrainiens issus d’une école hôtelière réputée de Poznan (Pologne), qui savaient travailler et voulaient rester au Luxembourg après une formation solide dans ses établissements. Il est donc à parier que le statut de réfugié permettra à la nouvelle génération d’intégrer les Espaces Saveurs… Les bouchers, une denrée rare Charles Hoss a de son côté pris goût à son métier lors d’un job étudiant, et n’est pas prêt à y renoncer. Le boucher âgé de 23 ans officie actuellement au sein de la boucherie MüllerAdam à Ettelbruck. « Trouver un emploi est une question de jours dans notre métier, il y a tellement peu de candidats sur le marché », observe le jeune homme. De six étudiants au début de sa formation au lycée technique de Bonnevoie, ils sont sortis moitié moins de sa promotion pour aller se perfectionner en apprentissage un an avant de travailler. « Les journées sont intenses mais ça me plaît, et les primes sont intéressantes », admet-il. JUILLET 2022

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Décryptage Métiers de bouche

RENÉ MATHIEU

contraint de promouvoir ses vacances de postes dans des canaux toujours plus diversifiés. L’enseigne a mis en place un circuit de ­formation interne, où plusieurs dizaines de candidats sont formés chaque année, tels les aspirants à des postes en boucherie, qui peuvent apprendre dans les rayons-écoles de B ­ ascharage et de la Belle Étoile. Quant au supermarché de Howald, il abrite le rayon-école de la poissonnerie de ­l’enseigne: techniques de découpe, filetage, gestion des commandes et des pertes, techniques de vente, mais aussi connaissance des produits, y sont enseignés aux candidats désireux d’intégrer ce rayon. La formation dure entre quelques semaines et six mois, selon l’expérience des futurs ­p oissonniers. « Nous sommes face à une ­d ifficulté supplémentaire, celle de trouver des ­formateurs, car pouvoir transmettre son savoir avec la pédagogie requise n’est pas ­n écessairement une compétence naturelle », ajoute Robert ­Faymonville. 56

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Le site beruffsausbildung.lu Géré conjointement par les Chambres de commerce, des salariés et de l’agriculture luxembourgeoises, il est dédié à la promotion de l’apprentissage et s’adresse aussi bien aux jeunes et aux adultes qu’à tous ceux qui désirent se réorienter. Il permet d’accéder à des diplômes de niveaux supérieurs. Et ce, pour plus d’une centaine de métiers. La plateforme Handwierk.lu Une campagne de communication qui vise à stimuler l’image de l’artisanat en général, mêlant témoignages vidéo, médias sociaux et nouveau quiz d’orientation interactif. Le programme handsup.lu Un ensemble de vidéos créatives visant à donner un coup de projecteur positif sur la passion déployée par les artisans pour faire vivre leur métier et développer leurs activités.

Cactus recrute en permanence des métiers de bouche et a constaté un afflux de candidats en provenance de l’horeca durant la crise du Covid, un phénomène qui se conjugue désormais au passé. D’ailleurs, une partie de ces nouveaux venus a remis les voiles vers la restau­ ration au terme des turbulences sanitaires, selon le directeur qui avance que, «parmi ceux qui sont restés chez nous, c’est principalement pour une raison de stabilité». Dans la grande distribution, le travail se fait sans coupure, contrairement à l’horeca. Mais, concernant les horaires, s’il est évident que le travail ­nocturne est limité, les larges amplitudes horaires des grandes surfaces mobilisent du personnel de 5h à plus de 20h, sept jours sur sept. Dans les grands noms de l’artisanat local… Le fait que les bouchers et les poissonniers qualifiés soient difficiles à trouver et à attirer au Luxembourg n’a pas qu’un impact sur la grande distribution, mais également sur les artisans locaux qui ne peuvent clairement pas faire tout, tout seuls… C’est le cri d’alarme que pousse Guy Kirsch, également boucher, lorsqu’il constate les obstacles qui se dressent devant lui pour trouver des artisans de confiance et animés par la passion du métier. Selon lui, la profession – qui a ses propres spécificités et défis – pâtit d’un déficit d’image et d’un manque d’intérêt d’une nouvelle génération luxembourgeoise peu volontariste et attirée par la facilité. Il s’explique : « Un de nos pires adversaires, si je peux me permettre le terme, pour trouver de jeunes artisans motivés et qualifiés à la sortie

de l’école, c’est clairement l’État, qui offre des conditions d’horaires et de salaires inégalables. Pour les jeunes qui sont contents de devenir artisans, mais qui sont poussés par l’appât du gain et de la facilité car n’ayant pas forcément la ­passion brute du métier, comment voulez-vous qu’ils y résistent ? Travailler dans une cantine de ministère, avec le salaire et les congés que cela implique, qui peut résister à cela?» Toujours selon lui, le premier chantier est clairement celui de la motivation à l’école, en arrêtant de tout mettre sur le dos du Covid-19. « De moins en moins de jeunes intègrent les filières professionnalisantes, comme au lycée technique de Bonnevoie avec qui je travaille régulièrement. Le fait est là: les classes se vident. La pandémie a certainement affecté l’enthousiasme pour les formations artisanales, mais elle ne peut plus être considérée comme la seule raison. Il y a à mon sens un facteur plus culturel, lié à la mentalité luxembourgeoise.»

« Apprendre un métier d’artisanat, c’est la quasicertitude de trouver un emploi, avoir la possibilité de con­ tinuer à se former et avoir même la possibilité d’entre­ prendre par la suite : ce sont de véritables atouts qui ont du mal à arriver aux oreilles de nos jeunes, et sans doute aussi à celles de leurs parents. » ROBERT FAYMONVILLE

Il évoque également sans détour les conditions de travail dans le secteur, qui ont fortement évolué c et qui offrent de belles positions, à la rémunération avantageuse. «Il faut arrêter de croire que l­’artisanat ne paye pas. Les salaires sont bons. Les conditions de travail aussi. Les coupures en restauration n’existent presque plus. Chez nous, par exemple, les ouvriers qualifiés peuvent avoir accès à un large éventail d’activités, de la ­restauration à l’évènementiel, en passant

Maison Moderne

« Le problème de la main-d’œuvre, ce n’est pas l’argent, mais c’est un dégoût de la profession. Je ne sais pas ce qu’il faut faire. La restau­ration est en péril et je ne sais pas comment cela va évoluer, mais je crains que cela empire. »

L’ARSENAL ACTUEL DE LA CHAMBRE DES MÉTIERS POUR LA PROMOTION DE L’ARTISANAT

Photo

«Apprendre un métier d’artisanat, c’est la quasi-certitude de trouver un emploi, avoir la possibilité de continuer à se former et avoir même la possibilité d’entreprendre par la suite: ce sont de véritables atouts qui ont du mal à arriver aux oreilles de nos jeunes, et sans doute aussi à celles de leurs parents», soutient Robert Faymonville, directeur des ressources humaines chez Cactus. L’acteur historique de la grande distribution au Luxembourg, fort de 24 super et hypermarchés, martèle désormais cet argumentaire dans quatre à cinq écoles chaque année. Car face à la pénurie de main-d’œuvre, Cactus se voit


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de me tenir à côté de mon formateur, et c’était souvent sans salaire. À présent, on ressent une forme de jalousie des employés – et parfois du public – envers une réussite durement acquise. Les gens pensent que si je suis encore à table à 14 h 30 avec un bon client, je n’ai rien foutu de la journée. Ils ne m’ont certainement pas vu recouvert de sang à l’abattage tôt le matin, ou en train de m’assurer que tout se passe bien en cuisine ou sur un évènement dans la soirée.

« De l’autre côté de la frontière, nous avons de plus en plus de mal à trouver des gens. Deux à trois salariés ont démissionné récemment suite à l’éloignement et l’explosion des frais de route. »

Une affaire d’image à régler au plus vite ? Du côté de la Chambre des métiers, on est tout à fait conscient des difficultés de recrutement rencontrées ces derniers mois par le secteur des On ne peut pas être au four métiers de bouche, que les profils soient recheret au moulin chés dans l’artisanat ou dans l’horeca. Hanna Même interogation pour les boulangeries et Meyer assure ainsi qu’il y a «des chiffres enthoupâtisseries Hoffmann, qui sont sur le point siasmants en matière de formation et d’embauche d’ouvrir deux nouveaux points de vente dans dans tous les secteurs de l’artisanat… sauf dans la capitale. « Pour mieux fonctionner, nous les métiers de bouche!» Les données publiées dans le dernier rapport chiffré de la Chambre vont en effet dans ce sens : dans la catégorie «alimentation» (­cluster artisanal regroupant les métiers de boulanger-­pâtissier, boucher, traiteur, fabricant de glaces, de gaufres et de crêpes, meunier, chevillard-­abatteur de bestiaux et fabricant de salaisons et de tripes), si le nombre JEAN-MARIE HOFFMANN d’entreprises a bien augmenté de 1% en un an, son évolution affiche une baisse de 5% entre 2016 et 2021. Pour les emplois liés, c’est encore À quel moment ce respect de l’artisan s’est-il plus flagrant, avec une baisse de 5% sur un an étiolé ? La bataille de l’image de l’artisanat est et de 10% depuis 2016… certainement une des plus difficiles à gagner…» Guy Kirsch va d’ailleurs plus loin dans sa Afin d’agir à son échelle, notamment en réflexion quant à ces baisses progressives et matière de visibilité et de promotion de l’image structurelles : « Le concept de mentor est éga- des métiers artisanaux, la Chambre des métiers lement en train de disparaître, à mon sens. dispose de la plateforme handsup.lu, qui p ­ ermet Quand j’étais jeune apprenti, j’avais la fierté de retrouver l’actualité du secteur, mais aussi un ensemble de témoignages vidéo qui mettent en exergue les valeurs de l’artisanat. On a ainsi vu récemment dans cette collection la très médiatique chocolatière Lola Valerius, installée depuis CHIFFRES CLÉS DES OFFRES 2020 à Esch-sur-Alzette, et qui, tout en décriDÉCLARÉES DANS GUY KIRSCH LA RESTAURATION vant son parcours et la manière dont elle est devenue créatrice de chocolats, appuie sur les 581 600 devrions recruter une vingtaine de personnes», points forts des métiers en question: d’une part, confie Jean-Marie Hoffmann, CEO de l’enla finalité valorisante de la fonction d’artisan, qui a pour but de «rendre les gens heureux», et, seigne basée à Wormeldange-Haut. «De l’autre côté de la frontière, nous avons de plus en plus de l’autre, sa capacité à «générer de l’unique, du 384 400 de mal à trouver des gens. Deux à trois salariés qualitatif et du lien social», dans un monde où ont démissionné récemment suite à l’éloignela tendance va souvent à l’uniformisation de la ment et l’explosion des frais de route», admet consommation depuis un écran connecté… Le celui qui a été vice-champion du monde de la point final et primordial devrait probablement 200 viennoiserie en 1996. Entre le relèvement du être le véritable moteur de motivation proposé salaire minimum côté a ­ llemand et les primes aux élèves des écoles formatrices: la fierté d’être et autres RTT côté français, le recrutement est artisan, la conviction de vouloir l’être longtemps, de plus en plus ardu dans les métiers de la parce que «ça vaut le coup». Point. boulangerie-pâtisserie, comme tous ceux de 0 03/2018 03/2019 03/2020 03/2021 03/2022 bouche de manière plus générale.

« Le concept de mentor est égale­ ment en train de disparaître, à mon sens. Quand j’étais jeune apprenti, j’avais la fierté de me tenir à côté de mon formateur, et c’était souvent sans salaire. »

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Adem

La désaffection n’a pas de frontières et, pour notre interlocuteur, les appétences des candidats ont tendance à porter sur des emplois aux horaires diurnes, voire «télétravaillables». Bref, un schéma incompatible avec la boulangerie-pâtisserie. « Nous avons cinq pâtissiers dédiés aux gâteaux design commandés pour des occasions spéciales comme des mariages. Dans ce contexte, nous sommes limités entre 50 et 60 grands gâteaux par semaine et l’on en vient à refuser certaines commandes, tant il est difficile d’y répondre, sans compter les aspects de livraison et de présence du personnel sur place », ajoute Jean-Marie Hoffmann.

Source

par la boucherie pure, bien sûr. Alors qu’il y a encore trois ans, nous stimulions notre activité traiteur, aujourd’hui, nous sommes obligés de refuser plusieurs dizaines d’évènements privés par s­ aison par manque de personnel. C’est un manque à gagner et une véritable frustration.» Il préfère ainsi embaucher des ouvriers non spécialisés, à qui ses équipes enseignent le métier. Un modus operandi approuvé par la Chambre des métiers, avec qui M. Kirsch assure collaborer de manière permanente. Hanna Meyer, directrice ­Marketing, communication et relations publiques de l’institution, l’affirme ainsi: «Nous motivons les patrons afin de déclarer des postes d’apprentissage et qu’ils deviennent des entreprises formatrices.» Mais la formation in situ peut-elle remplacer son pendant académique, et ce, malgré une réforme et une uniformisation du brevet de maîtrise?


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Andy Schleck a à cœur de promou­ voir le Luxembourg, qui ne manque de rien pour accueillir une grande course.


Conversation Andy Schleck

« Ramener le Tour au Luxembourg est un défi qui me tente » Retraité des pelotons depuis 2014, Andy Schleck peut être vu comme un modèle de reconversion. L’ex-vainqueur du Tour de France s’est mué en chef d’entreprise et en organisateur d’événements, il a notamment aussi parié à bon escient sur une start-up spécialisée dans la réalisation de bilans carbone. Interview JULIEN CARETTE

Le Tour de France arrivera le 7 juillet à Longwy, et ce, pour la deuxième fois en cinq ans. Au Luxembourg, s’il y a bien eu un départ de Mondorf en 2017, on attend une arrivée d’étape depuis 2006. Comment explique-t-on une si longue absence ? C’est dommage que nous ne profitions pas plus de la volonté de la société organisatrice du Tour de sortir des frontières de l’Hexagone. Au Luxembourg, la première chose que l’on entend lorsqu’on évoque un arrêt de la Grande Boucle sur notre territoire, c’est le gros investissement financier que cela demanderait. Par contre, on ne songe pas assez aux retombées qui seraient générées. On oublie que le Tour est le troisième événement le plus suivi dans le monde après la Coupe du monde de foot et les Jeux olympiques, avec un nombre d’heures consommées par les (télé)spectateurs que l’on chiffre en milliards… C’est une réflexion que je trouve typiquement luxembourgeoise. En France, par exemple, tout cela est vu avec beaucoup plus d’enthousiasme. Et, au Danemark, où j’ai été convié dernièrement en vue du grand départ du Tour prévu cette année à Copenhague, les Danois se rendent bien compte de l’opportunité qui leur est offerte. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens afin de proposer un spectacle unique. Le Tour est aussi un événement qui peut faire étape au sommet d’un col comme celui du Galibier où on ne trouve que deux parkings. Il ne faut donc pas penser, comme certains, que nous ne possédons pas, au Grand-Duché, les infrastructures nécessaires pour recevoir une telle manifestation. Que manque-t-il alors ? Dans l’absolu, et idéalement, le Tour devrait faire escale chez nous tous les trois ou quatre ans.

Photo GUY WOLFF

Mais pour que, un jour, il en soit ainsi, nous avons besoin qu’une impulsion soit donnée. Il faudrait un project manager qui prenne un tel dossier en main…

Amaury Sport Organisation (ASO), la société organisatrice du Tour de France, ficelle souvent ses dossiers avec pas mal d’avance. Je ne suis donc pas sûr qu’on puisse espérer quelque chose dans les quatre ou cinq ans à venir. Moi, ce dont Georges Engel (LSAP), l’actuel ministre je rêve, c’est d’un grand départ, comme le Luxemdes Sports, n’a jamais caché son amour bourg l’a déjà organisé en 1989 et 2002. Un du vélo. C’est un gros avantage ? prologue suivi d’une ou deux étapes sur notre C’est vrai. La commune dont il était bourg- sol. Actuellement, je suis trop pris par mes actimestre, Sanem, a organisé les Championnats vités professionnelles, mais, à terme, j’avoue du monde de cyclo-cross en 2017. Un bel évé- que ramener le Tour au Luxembourg est le genre nement ayant rassemblé 30.000 personnes. de défi qui me tente. Mon profil peut convenir Cela ne fait que quelques mois qu’il est en à un tel challenge. Je connais bien ASO. Et puis, fonction au ministère, et on doit donc lui depuis 2017, je suis aussi président et directeur ­laisser du temps. de course du Skoda Tour de Luxembourg…

BIO EXPRESS Un Tour et un L-B-L Né le 10 juin 1985, Andy Schleck, fils de Johny et frère de Fränk – également champions cyclistes –, a marqué l’histoire du sport luxembourgeois en remportant Liège-Bastogne-Liège (2009) et le Tour de France (2010). Chef d’entreprise et investisseur Cycliste professionnel à 19 ans, il est contraint de mettre un terme à sa carrière en 2014 et ouvre, en février 2016, son magasin de vélos à Itzig, Andy Schleck Cycles. Il investit aussi dans plusieurs autres projets, dont la start-up nZero. Président et ambassadeur Depuis 2017, il est président et directeur de course du Skoda Tour de Luxembourg, avant de devenir, un an plus tard, ambassadeur cyclisme pour la marque automobile.

En tant que président, quelles ambitions avez-vous pour le Tour de Luxembourg ? Nous évoluons actuellement en ProSeries, soit la D2 des compétitions cyclistes mondiales, et c’est un niveau qui nous convient. En 2021, huit millions de téléspectateurs ont regardé notre course. Et ce, rien que via Eurosport, qui la diffusait dans 83 pays. Pourquoi ne pas vouloir accéder au niveau supérieur, le World Tour, où l’on retrouve les plus grandes courses du monde ? Nous sommes une asbl, certes avec un budget assez important (environ un million d’euros, ndlr) mais qu’il n’est pas toujours simple de réunir. Le marché luxembourgeois est bien plus petit que celui de nos voisins. Là où un sponsor offre 300.000 euros en France, il en donne peut-être 30.000 chez nous… Passer à l’échelon supérieur demanderait beaucoup de changements, à commencer par nos partenaires actuels. Et c’est un sacrifice que je ne veux pas faire. Il n’est pas conciliable avec JUILLET 2022

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Conversation Andy Schleck

95 % les ambitions que je me suis fixées à mon arrivée. Désormais, tous nos fournisseurs sont luxembourgeois. On ne se dirige vers des marques étrangères que si un produit n’est pas élaboré sur notre territoire. Financièrement, je ne le cache pas, c’est moins intéressant. Mais il est important de le faire parce que nous sommes le Tour de Luxembourg. Ce fameux World Tour, je le garde néanmoins dans un coin de ma tête, mais plutôt pour l’organisation d’une course d’un jour. Vous voulez créer une « classique » de premier plan au Luxembourg ? Oui. C’est un projet qui n’en est plus au stade du rêve. On a dépassé celui-ci, désormais. J’ai même une échéance en tête : 2025 ou 2026 pour la première édition. Sur le marché actuel du cyclisme, si vous voulez que votre course attire l’œil, vous devez soit pouvoir mettre en avant l’histoire de celle-ci – comme LiègeBastogne-Liège ou Paris-Roubaix –, soit vous appuyer sur un concept marquant. Et je pense avoir l’idée qui nous différencierait des autres: une épreuve avec un départ et une arrivée au Luxembourg, mais qui traverserait les frontières des quatre pays de la Grande Région. Les coureurs passeraient ainsi, dans la même journée, au Luxembourg, en Belgique, en France et en Allemagne. Présider et diriger le Tour de Luxembourg n’est qu’une de vos activités. Vous vous êtes beaucoup diversifié depuis votre départ du peloton en 2014… Mon activité principale, c’est le magasin de vélos que j’ai ouvert à Itzig. En parallèle, je voyage encore beaucoup pour des événements liés au cyclisme. Depuis que le Covid-19 est moins présent, c’est d’ailleurs reparti à 200 à l’heure sur ce plan-là. Ainsi, je serai notamment présent durant tout le Tour de France, en tant qu’ambassadeur de la marque Skoda, un des sponsors principaux de la Grande Boucle. J’y accompagne les VIP les plus importants en les guidant dans le monde du Tour. J’ai également investi dans une entreprise de fabrication de selles en carbone située à ­Filsdorf et je fais partie des gens qui ont aidé à la naissance d’une start-up américaine, b ­ aptisée

Avant l’arrivée du Covid-19, la vente des vélos en stock représentait 40 % du chiffre d’affaires du magasin Andy Schleck Cycles d’Itzig. Les 60 % restants étant des commandes passées par les clients. Désormais, ces mêmes stocks constituent 95 % du chiffre d’affaires. Comme dans d’autres secteurs, les pénu­ries de certaines pièces sont une réalité. « Le temps nécessaire pour recevoir une commande a explosé, explique Andy Schleck. Celles que je passe actuellement concernent des vélos qui n’arriveront qu’en 2024… »

nZero, spécialisée dans la réalisation de bilans carbone. En septembre, le Tour de Luxembourg va d’ailleurs devenir, à ma connaissance, la ­première course cycliste à effectuer le sien.

Le but est de réduire les émissions de CO2 du Tour de Luxembourg et Saviez-vous que votre vie professionnelle de tendre vers la neutralité carbone ? L’objectif est d’optimiser notre impact. D ­ ’obtenir prendrait cette direction quand vous avez des chiffres concrets, histoire de pouvoir quitté le peloton en 2014 ? ­demander ensuite un rendez-vous avec l’État, Non, pas du tout. Je n’avais que 29 ans. J’ai eu mais aussi avec nos principaux sponsors, pour besoin de quelques mois afin de faire le point. leur dire : « Voilà où nous en sommes, et voici Il le fallait. Du jour au lendemain, je suis passé nos aspirations objectives pour le futur. Est-ce d’Andy le cycliste à Andy l’ancien cycliste. Cela que vous nous soutenez ? » Le Tour de Luxem- a été un moment compliqué. Dans un sens, j’ai bourg représente 120 voitures, une trentaine dû réapprendre la vie. Au début, j’ai pris pas de motards, 120 coureurs, environ 200 chambres mal de poids que j’ai, en partie, perdu aujourd’hui. d’hôtel, etc. Et ce, pendant cinq jours de course Désormais, je pèse toujours 20 kilos de plus (du 13 au 17 septembre en 2022, ndlr). Nous que lorsque je courais, mais il faut dire que avons un certain impact, en tant qu’événe- j’étais particulièrement maigre à l’époque puisque ment sportif majeur au Luxembourg. Et je j’affichais 66 kg sur la balance (pour 1,86m, ndlr). suis curieux de voir comment nous pouvons évoluer en un an, puis à plus long terme. Mais Comment avez-vous débuté Andy Schleck ce que j’aimerais surtout, c’est que cette Cycles, votre magasin de cycles ? démarche serve d’impulsion, afin qu’un jour Au bout de quatre ou cinq mois, j’ai découvert on en arrive à ce qu’un Tour de France, par l’immeuble qui abrite désormais mon magasin exemple, effectue la même démarche. de vélos. J’y ai vu un beau challenge. Le souci était que je ne savais pas comment fonctionnait On ne peut pas dire que le problème une entreprise. Du coup, pendant un an, j’ai cli­matique soit, habituellement, la première travaillé dans celle de mon beau-père, la société préoccupation du monde du sport Delvaux, située à Itzig, spécialisée en salles de en général, et du cycliste en particulier. bains, piscines, wellness, etc. J’y ai beaucoup D’où vient votre intérêt pour ce domaine ? appris: comment gérer les stocks, l’administratif, etc. Et cela, en même temps que je montais mon propre magasin. Se lever tous les matins à 6h pour aller au bureau n’a pas été simple. Qui plus est que je n’étais jamais le premier à partir le soir. Je ne le voulais pas. Si le cyclisme m’a appris une chose, c’est bien que si tu veux quelque chose, il faut travailler pour l’obtenir.

« Le Tour de Luxembourg va devenir la première course cycliste à effectuer son bilan carbone. » 62

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C’est un sujet qui me passionne. Vous savez, par exemple, que si vous remplacez 692 km de conduite en voiture par 692 km sur un vélo de la marque Trek, vous compensez alors le coût du carbone pour la fabrication de ce même vélo? Ils appellent cela ‘la règle des 692’… J’ai deux enfants et, comme tous les pères, je veux qu’ils grandissent dans un monde différent de celui qu’on leur promet pour le futur. Si on veut essayer d’atteindre les objectifs climatiques fixés pour l’horizon 2050, il faut bouger, des initiatives doivent naître. Investir dans nZero va dans cette logique-là. Après ma carrière de cycliste, j’ai participé aux États-Unis à des événements privés b ­ aptisés Champions & Friends où on me conviait pour rouler aux côtés d’entrepreneurs importants. Cela m’a permis de côtoyer pas mal de monde et, notamment, de faire la connaissance des personnes qui sont derrière cette start-up. Nous avons commencé petit et, aujourd’hui, nZero compte 120 employés, avec des bureaux en Californie, à Londres, à New York, mais aussi, ici, à Luxembourg.

Le succès est-il au rendez-vous ? Plutôt bien, puisque nous affichons un chiffre d’affaires qui oscille entre trois et quatre millions d’euros, tout en comptant 14 employés. J’ai remarqué que notre marché est loin d’être saturé au Luxembourg. D’ailleurs, après avoir


noté qu’il n’y avait pas vraiment d’offre sur la Moselle, alors que, pourtant, tous les cyclistes y roulent, je viens d’ouvrir un deuxième m ­ agasin, à Mertert. Autre atout: Trèves et ses 120.000 habitants ne sont qu’à une dizaine de kilomètres. Les Allemands sont assez friands du service haut de gamme que nous fournissons. Or, j’ai toujours voulu un très haut niveau de qualité, qu’on offre un accueil personnalisé à chaque client. Que ce dernier passe la porte pour acheter un vélo à 300 euros ou à 13.000 euros, on lui propose un café, on discute, on permet de tester sa position sur le vélo via notre fitting studio, on amène le vélo au domicile de l’acheteur, etc. Au besoin, nous fournissons aussi les assurances en direct et nous pouvons même proposer une formule de financement. Vous comptez continuer à grandir ? Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis bien avec mes deux magasins. Grandir trop vite pourrait signifier une perte de la qualité du service. Qui plus est, je connais déjà des difficultés à trouver du personnel qualifié à l’heure actuelle… La pandémie a-t-elle été un accélérateur pour le marché de la vente de vélos ? J’évaluerais à 30 % l’augmentation de notre chiffre d’affaires pendant la crise sanitaire. Une évolution qui a eu tendance à perdurer. Mais, à mes yeux, c’est surtout le développement du vélo électrique qui est à la base du grand boum de ces dernières années. Bien plus, selon moi, que la crise sanitaire. Les utilisateurs se rendent compte qu’il apporte les avantages du vélo sans la contrainte de la fatigue. Actuellement, chez nous, il représente une part de marché d’environ 40 %. Nous sommes loin des 95 % qu’on voit en Autriche ou en Suisse, des 70 % au ­Danemark et même des 60% valables en France. Ce qui me pousse à penser qu’il nous reste donc une belle marge de progression dans le futur. Vous avez une équipe cycliste féminine à votre nom dans le peloton professionnel. Est-ce une autre manière de promouvoir votre magasin ? Quand on a ouvert ce dernier, je me suis dit que nous devions cultiver notre propre ­communauté autour du vélo. Nous avons donc commencé à organiser des sorties le weekend. Mais on s’est vite rendu compte que très peu de femmes y prenaient part. Moins qu’ailleurs en Europe. Nous avons analysé la chose, et il s’est avéré qu’elles n’aimaient pas rouler avec les hommes. Nous avons donc créé des sorties qui leur étaient réservées, tout en organisant également des workshops spécialement pour elles. Et cela a débouché sur la création d’un club cycliste et, ensuite, d’une équipe – également soutenue par les sociétés Creutz & Partners et Immo Losch – évoluant au deuxième échelon mondial. Elle est composée de coureuses semi-pros.

Événementiel sportif

Un pari pour doper l’économie Réalisée en 2017 mais jamais rendue publique, une étude du ministère des Sports démontre l’intérêt économique à organiser, au Luxembourg, des événements sportifs majeurs.

« Le Tour de France ne se rend que dans les villes où il est désiré. » Cette phrase est devenue l’un des grands classiques de Christian Prudhomme, l’actuel directeur du Tour. Une ma­ nière pour ce dernier de signifier qu’accueillir le troisième événement sportif le plus populaire au monde se mérite. Il faut le vouloir, et fort, donc. Or, cette volonté ne semble guère présente au Luxembourg. ASO, la société organisatrice de la Grande Boucle, assurant ainsi à Paperjam que, s’il existe bien des « contacts avec certaines ‘autorités’ luxembourgeoises, […] aucune candidature sérieuse pour accueillir le Tour » n’a été formulée à l’heure actuelle. ASO a aussi confirmé les tarifs en vigueur pour voir le Tour s’arrêter dans une ville. Soit 80.000 euros pour un départ d’étape et 120.000 euros pour une arrivée. Du moins, si vous êtes une localité française. Pour une ville étrangère, les mon­ tants sont supérieurs (« en raison d’un surcoût logistique », avancet-on chez ASO), sans qu’aucun barème ne soit fixé. « Il est surtout important d’avoir une vraie volonté politique derrière une candidature, que cette dernière soit appuyée par un État ou une région », expliquet-on encore au sein de la société française. Il en va de même pour l’organisation d’un grand départ, pour lequel la facture se chiffre alors en millions d’euros. En 2021, 3 euros en retour pour 1 euro investi Mais le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, lors du grand départ de l’édition 2021, qui se déroulait en Bretagne, une étude a été menée par les autorités locales. Celle-ci

a révélé que l’étape inaugurale, dont le coût est estimé à 2,3 millions d’euros d’argent public, a attiré une fréquentation supplémentaire de 52.000 touristes et généré 4,35 millions d’euros de recettes directes pour l’économie locale. Au total, les retombées sont même évaluées à 7,35 millions d’euros, soit près de 3 euros par euro investi. Un ratio dans la moyenne de ce qui a été calculé ces dernières années. Belvaux, près de 13 millions d’euros de retombées Assisterait-on au même phénomène au Luxembourg ? Une étude com­ mandée par le ministère des Sports semble le confirmer. Réalisée en 2017 – sur un échantillon représen­ tatif de 780 personnes – en marge des Championnats du monde de cyclo-cross organisés cette année-là à Belvaux, elle donne un aperçu de l’envergure économique de cet événement. Il en ressort ainsi que ces mondiaux, ayant réuni environ 30.000 personnes, ont engendré des retombées directes à hauteur de plus de 5,3 millions d’euros pour l’économie luxembourgeoise. L’impact total, incluant les effets indirects, se chiffre, lui, à plus de 12,7 millions d’euros. Et cela, pour un coût organisationnel évalué à 2 millions d’euros. Un rendement des plus intéressants, donc. Vouée à un usage interne, cette étude n’a jamais été rendue publique. Même si elle aurait pu être davantage poussée, on peut tout de même le regretter, dans la mesure où elle tend à démontrer l’intérêt écono­ mique à organiser, au Luxembourg, des événements sportifs de portée internationale. Contrairement à de nombreuses idées reçues…

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Décryptage

Le Luxembourg face à la gestion e du 3 âge Selon les dernières projections chiffrées, le Luxembourg va connaître une augmentation de 128% de sa population âgée de plus de 65 ans d’ici 2050. Plus d’un résident sur quatre devrait alors avoir 65 ans et plus. C’est donc dès à présent que les gestionnaires d’hébergement pour personnes âgées pensent les structures qui devront répondre aux besoins de demain. Auteur IOANNA SCHIMIZZI

8.800 BÉNÉFICIAIRES « Lorsque nous réfléchissons à de nouvelles VIVENT À DOMICILE infrastructures, une des premières questions Selon les derniers chiffres présentés que nous nous posons est la suivante : est-ce par le ministère de la Sécurité sociale, que, moi, je me verrais y vivre ou y faire vivre environ 8.800 bénéficiaires vivent mes parents en temps voulu ? Et si la réponse actuellement à domicile, ce qui représente 2/3 des bénéficiaires de est non, c’est qu’il faut alors revoir notre copie», l’assurance-dépendance. Parmi ceuxexplique Isabelle Hein, directrice générale ci, 72% bénéficient de l’intervention de Päiperléck, aux côtés de sa sœur Stéphad’un aidant (11 % de façon exclusive et 61 % en combinaison avec un réseau nie. Créée par leur père Robert en 2009, l’end’aides et de soins). Une enquête treprise familiale est aujourd’hui présente de satisfaction réalisée auprès de dans tous les domaines des services à la per295 bénéficiaires vivant à domicile a montré que 93 % d’entre eux sont sonne : elle dispose de trois logements encasatisfaits (dont 68 % très satisfaits) drés, deux centres intégrés pour personnes des prestations de l’assuranceâgées (Cipa), cinq foyers de jour, une équipe dépendance par rapport à la possibilité du maintien à domicile. palliative qui travaille 24 h / 24, des lits de vacances et également un réseau d’aide et de soins à domicile. «Dans les prochaines semaines, nous allons ouvrir une toute nouvelle structure à Bissen, qui représente ce que nous souhaitons faire à l’avenir, explique Stéphanie Hein. Nous même toit? C’est également moins stressant pour avons décidé de regrouper six services sous un la famille et pour la personne âgée d’y aller par même toit. » étapes, et toujours au même endroit.» Une deuLa Seniorenresidenz Am Park accueillera en xième résidence basée sur le même concept effet un Cipa avec une unité Démence, un loge- ouvrira également ses portes en octobre proment encadré, des appartements pour seniors, chain à Canach, à l’est du pays. L’âge moyen un foyer de jour/centre psychogériatrique, des d’entrée dans une structure pour personnes lits de vacances ainsi qu’une antenne de soins âgées (Cipa ou maisons de soins) est de 85 ans à domicile. «Souvent, les personnes âgées com- en moyenne selon les chiffres publiés par le mencent par intégrer un logement encadré, mais gouvernement en juillet 2021. quand ils dépassent la limite des 12 heures de soin, ils doivent rejoindre un Cipa ou une maison de Un nouveau projet de loi pour le secteur soins. C’est un nouveau changement de lieu, donc Pour rappel, une maison de soins est un étaon s’est dit: pourquoi ne pas faire tout sous un blissement de jour et de nuit qui respecte les 64

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mêmes critères que ceux des Cipa, si ce n’est que les pensionnaires ont besoin d’une prise en charge plus importante au niveau des soins de santé. Selon les derniers calculs de l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi (Iba-Oie) publiés début 2021, «le Luxembourg peut s’attendre, d’ici 2050, à une augmentation de 128 % [du nombre de personnes de plus de 65 ans] (+ 116.880 personnes), qui devrait atteindre 173% d’ici 2060». Un record pour la Grande Région. Ainsi, le Grand-Duché pourrait héberger quelque 923.650 résidents d’ici 2050. Plus d’un résident sur quatre devrait être alors âgé de 65 ans et plus, alors que les moins de 20 ans pourraient ne représenter que moins d’un habitant sur cinq. Un rapport de 2021 de la Commission européenne sur l’avenir du secteur des soins précise en outre que « le Luxembourg connaîtra également une augmentation du nombre de personnes nécessitant des soins de longue durée. Le nombre potentiel de personnes à charge devrait passer de 55.700 en 2019 à 68.500 en 2030, et à 88.700 en 2050.» Face au vieillissement de la population et à la demande du besoin en hébergements pour personnes âgées qui s’annonce donc croissante, le ministère de la Famille a déposé un nouveau projet de loi pour réformer la loi du 8 septembre 1998 réglant les relations entre l’État et les organismes œuvrant dans les domaines social, familial et thérapeutique. «Dans cette loi, il n’est pas fait mention du volet humain ou des langues parlées par la direction ou les salariés, expliquait, en janvier


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Romain Gamba et Matic Zorman

Maisons de repos

« La problé­ matique que l’on rencontre aujourd’hui en tant que gestionnaire, c’est la pénurie de personnel. »

« Il y a un vrai contrôle du ministère de la Famille, on a des évaluations des clients et, dès qu’il y a un doute, il y a un contrôle. »

LAURENT MERSCH Directeur général adjoint elisabeth

STÉPHANIE HEIN Directrice générale Päiperléck

dernier à Paperjam, la ministre de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région Corinne Cahen (DP). C’est pourquoi le projet de loi n°7524 portant sur la qualité des services pour personnes âgées a été déposé il y a deux ans. Dans le texte, nous avons insisté sur l’aspect social des maisons de soins, mais aussi sur les compétences des salariés et de la direction.» On peut en effet y lire que «le chargé de direction doit disposer de compétences de gestion et de compétences en gérontologie, […] comprendre et pouvoir s’exprimer dans au moins deux des langues administratives au Luxembourg, dont le luxembourgeois». De même pour le personnel encadrant, qui doit «comprendre et pouvoir s’exprimer dans au moins deux des langues administratives au Luxembourg, dont le luxembourgeois. Le niveau de compétences à atteindre, tant pour la compréhension orale que pour l’expression orale dans la langue luxembourgeoise, est le niveau B1 du Cadre européen commun de référence pour les langues. » Le Conseil d’État a rendu son avis sur ce projet de loi le 1er avril dernier. Il explique notamment que «les auteurs [du projet de loi] expriment vouloir organiser les mesures autour de trois axes novateurs, à savoir la gestion qualité, la transparence et la flexibilité. À défaut de précisions quant aux objectifs de qualité et aux indicateurs d’évaluation, voire quant aux concepts de prise en charge, les dispositions prévues au niveau de la gestion qualité par la loi en projet n’auront qu’un effet très limité, en ce qu’elles exigent uniquement que les organismes gestionnaires définissent des objectifs de qualité […] sans que la loi contienne des dispositions quant aux normes ou critères à respecter ou quant aux lignes directrices selon lesquelles ces objectifs ou

indicateurs sont à définir. L’organisme gestion- maisons de soins ne seront plus utilisées. «Cela naire reste donc entièrement libre de fixer ses ne va pas forcément faciliter la vie des prestaobjectifs de qualité et de choisir les indicateurs taires, analyse Isabelle Hein. Tout le volet quadestinés à évaluer l’atteinte de ces objectifs.» Aussi, lité, contrôle est très bien, et nous le faisons déjà, le Conseil d’État estime que, «sur base du dis- cela dit. Mais c’est une bonne chose de le marpositif prévu, aucun retrait de l’agrément ne sera quer dans un texte de loi. Mais si je me mets à possible, ni pour cause d’inadéquation éventuelle la place d’une personne âgée, je ne me retrouve des objectifs de qualité ou des indicateurs d’éva- pas là-dedans, parce que, pour pouvoir rentaluation à des normes, ni pour cause d’un système biliser le travail des soignants, si la structure de la gestion de qualité jugé non conforme ou accepte tant les personnes autonomes que les insuffisant par l’autorité de surveillance ». personnes nécessitant beaucoup de soins, comme il est prévu dans la loi, il faut avoir un très grand Une pénurie de personnel bâtiment pour que cela fonctionne. Donc nous Avec le nouveau projet de loi, seule restera la n’aurons plus des structures comme les nôtres, notion de «structures d’hébergement pour per- avec 40 ou 100 lits maximum, mais plutôt de sonnes âgées». Celles, actuelles, de Cipa ou de 300 ou 400 lits, et c’est quelque chose dans lequel je ne me vois pas. Chacun est différent, donc il faut faire des maisons différentes. Proposer une loi qui prévoit un seul concept pour tout le pays, ça nous bloque. Nous aurions pu UNE NOUVELLE LOI avoir un peu plus de marge de manœuvre sur EN COURS la façon dont les structures doivent être faites.» Tel que prévu au programme Pour Laurent Mersch, directeur général adjoint gouvernemental 2018-2023, le projet d’elisabeth – organisme comptant 1.970 salade loi n°7524 procède à une refonte riés qui, en plus de son activité destinée aux du volet concernant les personnes âgées de la loi du 8 septembre 1998 seniors, est également présent dans les secteurs réglant les relations entre l’État et les des services pour enfants et jeunes, des services organismes œuvrant dans les domaines scolaires et des services pour personnes en social, familial et thérapeutique (loi ASFT). Il structure l’action des situation de handicap et possède trois Cipa et organismes gestionnaires intervenant une maison de soins –, «la problématique que dans les domaines du long séjour l’on rencontre aujourd’hui en tant que gestionen structures d’hébergement pour personnes âgées, du maintien naire, c’est la pénurie de personnel. Sur ce sujet, à domicile et du vieillissement actif. il n’y a pas de réponse dans le projet de loi. Il fauLe projet de loi a été déposé en février drait faire en sorte que les professions sociales ou 2020, et après l’avis rendu le 1er avril dernier par le Conseil d’État, le texte sanitaires soient à nouveau rendues attractives devrait retourner en commission pour les étudiants. La gestion des tournées pour de la famille et de l’intégration les jeunes fonctionne bien, mais une fois que l’on dans les prochaines semaines. JUILLET 2022

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Décryptage Maisons de repos

« À terme, on discutera également de la flexibilisation de l’accueil des personnes âgées dans nos structures, avec nos résidents. »

d’ancienneté puisse devenir infirmier avec des cours du soir, ou un système moins contraignant que de devoir démissionner et reprendre des études à temps complet.» Dans le secteur des hébergements pour personnes âgées, un nom a défrayé la chronique en France en début d’année: celui d’Orpea. Et il se trouve qu’au même moment, le groupe français a déposé une demande d’agrément au Luxembourg (voir encadré). Un hasard de calendrier qui n’inquiète pas les entreprises luxembourgeoises du secteur. «Il y a des besoins et nous ne pouvons pas répondre à tous uniquement avec des acteurs luxembourgeois historiques comme nous. Il faut garantir la survie du système», analyse Laurent Mersch. Pour Stéphanie Hein, «il y a toujours des gens qui croient que les personnes âgées sont toutes maltraitées, et d’autres qui ont eu, au contraire, des expériences positives et ont vu de la bientraitance. Je pense que c’est d’autant plus important de communiquer sur la façon dont cela se passe au Luxembourg. Il y a un vrai contrôle du ministère de la Famille, on a des évaluations des clients et, dès qu’il y a un doute, il y a un contrôle.» Le Luxembourg étant un petit pays, Alain Dichter estime, de son côté, que «si vous ne respectez pas les règles du jeu, cela se saura rapidement. Si vous ne faites pas votre travail correctement, vous aurez des problèmes au niveau des résidents, des collaborateurs, et les choses se sauront. Il y a plusieurs instances de contrôle dans le pays, donc je ne crois pas que l’on puisse arriver à une telle situation que connaît Orpea en France.»

Le problème de la formation Pour pallier le manque de main-d’œuvre luxembourgeoise, Päiperléck a, de son côté, recruté un professeur particulier de luxembourgeois, «et nous cherchons à en embaucher un deuxième. Je dirais qu’environ 80% de nos salariés sont des frontaliers. Mais cela devient de plus en plus compliqué, parce que, bientôt, il n’y aura plus de frontaliers, nous avons des personnes de Nancy ou de Liège qui postulent, affirme Isabelle Hein. À court terme il n’y a pas vraiment de solution mais, à long terme, il y a plusieurs choses à faire. En 2018, il y a eu une réforme de l’assurance-­ dépendance, les soignants doivent désormais avoir un certificat ASF (aide sociofamiliale), ou un diplôme de soins. Nous avons donc enregistré une grande partie de nos salariés non qualifiés pour qu’ils intègrent la formation ASF, certains sont inscrits depuis 2018 mais il n’y a toujours pas de place, donc les écoles n’ont pas la capacité, et c’est déjà un problème. Un certain niveau de luxembourgeois est demandé pour pouvoir s’inscrire à l’école, alors qu’une partie de nos salariés ne parle pas encore assez bien la langue. Donc on ne peut pas les prendre parce qu’ils n’ont pas les diplômes, mais ils ne peuvent pas se former parce qu’ils ne parlent pas luxembourgeois, donc ça bloque tout le système. Il faudrait aussi mettre Une charte de la bientraitance chez elisabeth en place des passerelles pour que, par exemple, un Pour prévenir et éviter des situations dramaaide-soignant avec un certain nombre d’années tiques comme les ont vécues certains résidents 66

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d’Orpea en France, elisabeth a, pour sa part, mis en place depuis plusieurs années une charte de la bientraitance. «Depuis 2011, suite aux révélations d’abus au sein d’institutions liées à l’Église catholique, elisabeth s’est engagée à prévenir toute forme d’abus et à mener une politique claire et transparente de zéro tolérance face à toute forme de maltraitance. Depuis 2014, avec Caritas Luxembourg, la Croix-Rouge luxembourgeoise et Arcus, nous avons mis en place un concept axé sur la prévention d’abus et la promotion de la bientraitance », explique Laurent Mersch. Concrètement, chaque collaborateur suit une formation obligatoire de sensibilisation de quatre heures, quel que soit son secteur, afin qu’il réfléchisse à tout ce qui peut constituer une violation de la bientraitance. «Dans le cadre des formations, on se base sur des exemples que l’on qualifie de vert, orange ou rouge. Un orateur présente une situation et les collaborateurs sont interrogés sur sa couleur au niveau de la bientraitance, s’il faut une intervention ou pas, et ensuite on réfléchit ensemble. Les situations ne sont jamais toutes vertes ou toutes rouges, beaucoup de facteurs entrent en jeu. Nous avons mis en place une ligne directe vers nos trois délégués à la bientraitance, joignables par e-mail ou téléphone. Et le résident est également sensibilisé», ajoute Daniel Marx, responsable du département soins du Cipa Ste Elisabeth am Park, et «multiplicateur de la bientraitance». Servior, de son côté, a également instauré un équivalent au sein de ses établissements. « Nous avons aussi un document qui reprend ces sujets-là, qui explique qu’il faut frapper à la porte avant d’entrer dans une chambre. C’est un des premiers documents que l’on fait signer, en même temps que le contrat d’embauche,

Romain Gamba

ALAIN DICHTER Directeur général Servior

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a des enfants ou que l’on est plus âgé, c’est plus compliqué. Il faut changer l’image que les gens ont de nos métiers», explique-t-il. Un constat partagé par Stéphanie et Isabelle Hein, mais également par Alain Dichter, directeur général du groupe Servior (2.200 salariés, 15 sites). «Nous arrivons à recruter, mais il est clair que c’est très difficile pour certaines qualifications, tout ce qui touche le domaine des soins, les infirmiers, les aides-soignants. C’est un phénomène qui existe depuis toujours, mais qui, pour moi, est renforcé par le fait que, dans les pays limitrophes, depuis la pandémie, il y a eu aussi beaucoup de recrutements. Cela fait du personnel en moins pour le Luxembourg, alors que nos effectifs sont composés à plus de 50% de frontaliers. Avec la crise en Ukraine, les prix de l’essence ne cessent d’augmenter, les salaires moyens dans les pays limitrophes sont en hausse, et les frontaliers risquent de se demander si cela vaut encore la peine de continuer à travailler au Grand-­Duché. Il faut qu’on trouve les bonnes solutions pour continuer à attirer les frontaliers, mais il faut aussi rendre les formations et nos métiers intéressants pour que des jeunes du pays rejoignent des qualifications pareilles. Mais, actuellement, une question se pose: est-ce que nous avons assez de capacités au Luxembourg pour former le nombre de personnes nécessaires?» Servior devrait en l’occurrence atteindre le cap des 2.400 salariés à la fin de l’année et augmenter sa part de logements de 1.650 à 1.830 avec l’ouverture d’une nouvelle résidence à Differdange.


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Décryptage Maisons de repos

« Lorsque nous réfléchissons à de nouvelles infrastructures, nous nous posons la question : est-ce que, moi, je me verrais y vivre ? »

« Nous avons mis en place une ligne directe vers nos trois délégués à la bientraitance. » DANIEL MARX Rresponsable du département soins Cipa Ste Elisabeth am Park

ISABELLE HEIN Directrice générale Päiperléck

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DES DÉTAILS DEMANDÉS À ORPEA Corinne Cahen (DP), la ministre de la Famille et de l’Intégration, a annoncé le 14 juin avoir envoyé une lettre à Orpea Luxembourg Exploitations, demandant des informations supplémentaires dans le cadre de l’instruction de la demande d’agrément pour exploiter une résidence pour personnes âgées à Luxembourg-Merl. Avec ce courrier, la ministre a également fait parvenir aux députés un rapport de l’Inspection générale des finances et de l’Inspection générale des affaires sociales françaises de mars 2022 sur la gestion des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) du groupe Orpea. La ministre se laisse donc un temps de réflexion supplémentaire avant de prendre sa décision.

est la génération de la Deuxième Guerre mondiale. Mais, dans les années à venir, nous aurons une autre génération, et il faudra que l’on s’adapte. On discute actuellement de la flexibilisation du temps de travail pour nos salariés. À terme, on discutera également de la flexibilisation de l’accueil des personnes âgées dans nos structures, avec nos résidents. Nous aurons affaire à des personnes qui auront vécu différemment, donc nous devrons nous adapter encore plus.», relate Alain Dichter. La question des pensions en ligne de mire La gestion de nos aînés est donc un enjeu majeur pour le pays. Le gouvernement devra aussi faire face à la problématique ô combien épineuse des pensions, un «mur» qui semble encore éloigné mais qui se rapproche à grands pas. D’ici 2070, les dépenses liées au vieillissement de la population représenteront en effet 24,6 % du PIB du Luxembourg, qui affichera une dette de 168 % de son PIB, selon la dernière analyse du CNFP, publiée fin 2021, sur la soutenabilité du vieillissement de la population. Dans son dernier bilan présenté en avril dernier, l’IGSS prévoit, de son côté, que les dépenses pour les pensions continueront d’augmenter plus vite que les recettes en cotisations, à cause de l’évolution démographique. Carlo Thelen, CEO de la Chambre de commerce, avait alors alerté sur le risque d’une trop grande confiance des auteurs du rapport. « Face à l’évolution inquiétante de l’inflation, rien n’est acquis. La soutenabilité du régime des pensions semble assurée à moyen terme, mais on sait déjà que la réserve sera complètement épuisée en 2045-2048. »

Romain Gamba et Matic Zorman

Tous les services sur un même lieu Au Luxembourg comme partout en Europe, une des priorités est de maintenir les personnes le plus longtemps possible à la maison en misant sur le suivi ambulatoire et les soins à domicile. Mais lorsqu’une personne âgée ne peut plus rester chez elle, l’objectif actuel, et qui sera un des axes majeurs du secteur pour les années à venir, «est qu’elle se sente, dans nos établissements, comme à la maison, insiste Isabelle Hein. Je vois des exemples au Canada, dans les pays scandinaves et même aux Pays-Bas. Ils ont différentes structures: du classique comme nous avons, mais aussi des villages avec une petite maison au lieu de grandes structures. Tout est accessible pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer, et un accent est mis sur la nature et le bien-être. Ils sont moins enfermés que dans une structure. Ils mangent à l’horaire qu’ils veulent, ils ont des parcours spécifiques pour les personnes démentes, car elles marchent beaucoup. Mais il y a un point

qui bloque dans notre pays pour faire cela, c’est le coût du foncier. Nous estimons que le projet de Bissen que nous allons ouvrir va être un très bon entre-deux. Ce sera ça, désormais, notre modèle. Nous ne retournerons plus en arrière.» Le groupe Servior qui, pour rappel, est un établissement public équivalent à Spuerkeess ou Post, appartenant à 100% à l’État, mais qui ne bénéficie pas de financement étatique sur le volet opérationnel, essaye également «d’offrir l’ensemble des services au même endroit, comme c’est le cas sur le site du plateau du Rham. Notre vision est que notre personnel travaille chez la personne ‘à domicile’, parce que c’est leur nouveau chez-eux. Actuellement, notre clientèle

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et c’est un engagement du salarié. On propose entre 40.000 et 50.000 heures de formation pour nos salariés par an, et on a augmenté le contingent jusqu’à 80.000 heures cette année-ci pour rattraper certaines choses que l’on n’a pas pu faire à cause de la pandémie», appuie Alain Dichter. Même son de cloche chez Päiperléck, qui travaille à sa propre charte. «Nous sommes occupés à établir un projet de vie, qu’il faut maintenir. L’idée est de définir les goûts de la personne, en matière de cuisine, de décoration, d’activités. D’être aux petits soins pour chaque client et vraiment lui donner le cadre de vie qu’il souhaite, pour qu’il se sente le plus possible chez lui», précise Stéphanie Hein.


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“Collaboration, trust and expertise are in our DNA.” Luc Rasschaert CEO chez WEALINS

Maël Toledano Chief Commercial Officer chez WEALINS

and providing the best solutions within the industry. “We constantly monitor trends to better understand how to access new markets, to anticipate our next steps in technology transformation and even to rethink our operating model to always better satisfy our partners and their clients,” says the CEO. “Our approach to digitalization is naturally collaborative and client-centric! Our UX design specialists work closely with our business experts and our partners to develop a digital offering that smoothens the client journey,” says the Chief Commercial Officer. 30 years of international wealth support Coming from Foyer Group gave WEALINS the foundation it needed to build a lasting and trustworthy wealth insurance company. On June 16th, 2022, to celebrate its 30th anniversary, WEALINS gathered its partners and employees to acknowledge those who have contributed to write the WEALINS story. The company also unveiled its new brand repositioning with, among others, a new visual identity and a new slogan. “You lead, we empower” reflects how WEALINS works to provide the wealth support its partners and clients need. “The slogan emphasizes our unique partnership approach that allows us to guarantee end clients personalized, long-lasting solutions to support them in their projects, ambitions and aspirations, today and tomorrow,” says the CEO.

“ We trust our counterparts at WEALINS. They always work with us to find solutions and follow through to ensure that our needs are met. They are pragmatic, flexible and know how to sustain longterm relationships.” From a French partner who has been working with WEALINS for 20 years.

“ I have been with the company for 25 years and I have been empowered to grow and participate in the development of the company. Although the company has changed significantly, a stable management has always promoted a caring and stimulating environment.” From an employee who has been with WEALINS since 1997.

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Technologies

Le défi de la blockchain face à ses limites

Avec sept records consécutifs en termes d’investissements au premier trimestre 2022, la blockchain est LA technologie à suivre. Son intérêt va bien au-delà du bitcoin, dans des secteurs aussi variés que la logistique, la traçabilité alimentaire, l’assurance, le vote électoral ou l’industrie. Une chose est sûre en attendant la régle­mentation européenne : elle ne sera jamais aussi décentralisée SOMMAIRE que ce dont rêvaient ses créateurs. Le business l’a rattrapée. 72

JUILLET 2022

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Le Luxembourg en stand-by Les start-up fleurissent, mais la Place attend les éclaircissements liés à la réglementation européenne. 76

Parlez-vous blockchain ? Blockchain, stablecoin, hash : le nouveau monde a son propre code et son propre langage. Tentative de simplification.

78

Allaert au Lab Emilie Allaert prendra la tête du Luxembourg Blockchain Lab le 15 juillet. Brève rencontre. 80

Dix projets à suivre Tokeny, HQLAx, Ibisa ou Scorechain comptent parmi les projets les plus avancés qui utilisent une blockchain. 84

Pizza et monnaie de Yap Sept faits alternatifs sur la blockchain et le bitcoin.


Un intérêt dans 60 domaines La blockchain, cette « base de données » inviolable et partagée instantanément à différents endroits, une technologie limitée au bitcoin et aux cryptomonnaies ? Loin de là, rappelle le département d’intelligence stratégique du Forum économique mondial, qui a identifié une soixantaine de domaines très variés où elle a un intérêt certain.

410

La taille de la blockchain du bitcoin a atteint 410 GB, soit l’équivalent de 160.000 photos ou 800 vidéos de cinq minutes stockées sur un smartphone.

Art et cu ltu re

Imm obil ier

Politique, réglementation et loi de la blockchain

Gouv ernan ce agile Participation civique

Intell igenc e art ificie lle Inte rne t de s ob jets Qu a ind triè ust me r rie lle évolu tio Go n uv er na nc Sa ei nt nt é er et ne so t in s

Science des don nées

la Avenir de ation consomm

s média t ir des or Aven et du sp

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e ur ct ru st fra In

Tr an sfo rm at io de n n s e um nt ér re iq pr ue ise s Én erg ies

Médecine de précision

Strategic Intelligence / Forum économique mondial

Valeurs

Source

LE SAVIEZ-VOUS ?

Blockchain et exploi­ tation des données

ité tric Élec

Impact climatique de la blockchain et de la cryptomonnaie

Blockchain, sécurité et interopérabilité

Finances publiques et protection sociale

s ue iq t a im cl s ur te ca i d als In De ew nN ee r G ux éta tm e es Min

rs tisseu Inves ionnels t u it inst

BLOCKCHAIN

Justice et droit

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Avenir de l’environnement

Progrès économique

Contrats intelligents et automatisation

Tokénisation et actifs numériques

Chan ge clima ment tique

nce erna Gouv ondiale m

ce nan ver prise u o G tre d’en et on ati nces c u Éd péte m co

Blockchain et identité numérique

Gouvernance décentralisée et nouveaux modèles

Future of computing

Cybersécu rité

Innov ation

Glob al h ealt h

nce ura Ass

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résilience Risque et

Co Éc vid on om -19 ie nu mé Ret riq ail, ue con sum er et l good ifes s tyle

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Dév e dur loppem able ent

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En attente de réglementation

« Si j’en avais vraiment compris le potentiel, aujourd’hui, je serais millionnaire!» Parmi les premiers au Luxembourg à percevoir l’intérêt de la blockchain avec Jean-Louis Schiltz en 2014, Marco Houwen en rigole. Le cours du bitcoin étant passé de 660 euros en juin de cette annéelà à 67.000 euros en septembre 2021, le serial entrepreneur, désormais à la tête de Zentrapreneur, aurait dû en acheter pour plus de 10.000 euros et les vendre au bon moment pour y arriver… Sa réflexion en forme de boutade souligne pourtant parfaitement comment le bitcoin est à la fois le meilleur ami et le meilleur ennemi de la blockchain. L’histoire commence un soir d’Halloween, le samedi 1er novembre 2008. Un mois et demi après la retentissante faillite de la banque Lehman Brothers, qui marque le début de la crise économique et financière, Satoshi, alors encore inconnu, publie dans un mail adressé à quelques abonnés à un forum technologique un papier de neuf pages, appuyé sur des théories qui ont jusqu’à un demi-siècle. C’est la première application dans le monde réel de la blockchain décrite en 1991 par Stuart Haber et W. Scott Stornetta, deux chercheurs américains qui voulaient mettre en œuvre un sys74

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TOM KETTELS Project lead d’Infrachain

« Beaucoup des discussions qui sont menées me rappellent les débuts d’internet il y a 25 ans. »

Des opportunités à saisir Quand les Luxembourgeois comprennent l’intérêt de la blockchain, cette sorte de registre d’informations qui serait reproduit à l’identique sur des milliers d’ordinateurs en même temps, rendant les données infalsifiables et incorruptibles, une deuxième blockchain a déjà vu le jour, ethereum, qui permet de générer des smart contracts définis par son créateur, Vitalik Buterin, comme « des boîtes cryptographiques qui contiennent de la valeur et ne la déverrouillent que si certaines conditions sont remplies». Par exemple, le contrat peut dire «merci de donner un euro à X à chaque fois que Y marche un kilomètre », et à chaque géolocalisation de Y qui peut en attester, X recevra un euro sans autre intervention humaine. Tout devient possible

Matic Zorman et Guy Wolff (archives)

Le soufflé « blockchain » n’est pas encore vraiment monté au Luxembourg, où la place financière, forte de la loi de 2019, attend les éclaircissements européens. D’autres projets voient le jour sur fond de lente maturation de la technologie et de risques bien posés par la CSSF fin janvier.

Photos

Le Luxembourg bien placé et pas si pressé

tème où les horodatages des documents ne pouvaient pas être falsifiés. « J’ai travaillé sur un nouveau système de paiement électronique entièrement de particulier à particulier, sans tiers de confiance, écrit l’informaticien ou le collectif qui se cache derrière le pseudonyme. Les propriétés principales sont : les doubles dépenses sont évitées grâce à un réseau peer-to-peer, pas de mint ou d’autres parties de confiance, les participants peuvent être anonymes, les nouvelles pièces sont fabriquées à partir d’une preuve de travail de style hashcash et la preuve de travail pour la nouvelle génération de pièces alimente également le réseau pour éviter les doubles dépenses.» Ce charabia qui décrit le bitcoin trouve une audience auprès de geeks et de financiers rincés par la crise et qui se demandaient comment éviter qu’une autorité centrale échoue dans sa mission de protéger les investisseurs en faisant tourner sa planche à billets, rendant ainsi le système si rigide. Aujourd’hui capitalisé à plus de 600 milliards de dollars, le bitcoin a attiré les curieux vers la blockchain, mais est aussi l’arbre qui cache la forêt de dizaines de milliers de projets qui s’appuient sur cette technologie. «C’est un peu dommage, reconnaît la future directrice du Luxembourg Blockchain Lab, Emilie Allaert, que l’on s’arrête au bitcoin et aux cryptomonnaies alors que le potentiel est bien plus large. » Comme d’habitude, les criminels ont été les premiers à s’y intéresser, à l’instar de Ross Ulbricht qui l’a utilisée pour lancer Silk Road en 2011, «l’Amazon des activités illégales » jusqu’à ce que le FBI y mette fin en 2013. Ou à l’instar de Mt. Gox, bourse d’images mise en ligne par Mark Karpelès devenue le nœud mondial d’échange de bitcoins (70 % en 2013) jusqu’à ce qu’un hacker russe, Alexander Vinnik, dépouille les internautes de 850.000 bitcoins (28 milliards d’euros à la valeur du bitcoin début juin). Peu importe, jusqu’à mi-2014, plus les internautes cherchent le mot «bitcoin» sur Google, plus sa valeur augmente. 1% de recherche fait bondir sa valeur de 0,5%.


Enjeux Blockchain

pour qui a suffisamment d’imagination. Besoin de garantir l­’authenticité d’un diplôme, d’une facture, d’un contrat, d’un certificat, de billets de spectacle, d’ordonnances médicales : la blockchain. Besoin de garantir la traçabilité des biens alimentaires ou d’une chaîne logistique: la blockchain. Besoin d’assurer l’accès à une identité en ligne ou à des services bancaires en ligne dans des pays en développement : la blockchain. Selon le département d’intelligence stratégique du Forum économique mondial, la technologie de chaînage de blocs via des lignes de code informatique a un intérêt dans une soixantaine de verticales parfois aussi généralistes que le développement durable ou le droit. L’Université du Luxembourg est au carrefour de la plupart des initiatives de la première heure: avec l’ancêtre d’Infrachain, le Fundchain Consortium (BNP Paribas, Caceis, European Fund Administration, HSBC, ING Luxembourg, Société Générale, PwC) et Scorechain, le SnT organise un premier hackathon fin 2016, annonce son partenariat avec Hyperledger en 2017, le lancement d’un cursus sur la blockchain pour la rentrée 2018, la signature d’un partenariat avec Spuerkeess et la participation à une université mondiale de la blockchain, financée en partie par Ripple, qui pose aussi ses valises au pays, comme les exchanges Bitflyer et Bitstamp. La France a déjà dégainé son ordonnance «minibons» en 2016 et son décret «blockchain» fin 2018, lorsque le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), redonne un peu d’avance au Luxembourg avec la loi de mars 2019, dont un article consacre l’arrivée de la blockchain dans le monde financier. «Cela a été un signal important», recontextualise Tom Kettels, project lead d’Infrachain, asbl mise sur pied pour fédérer les énergies. «Nous avons été plutôt bien positionnés, d’autant que le ministère de la ­Digitalisation et le Syndicat intercommunal de gestion informatique ont lancé des projets, que des start-up comme Tokeny et Stokr ont com-

EMILIE ALLAERT Future directrice du Luxembourg Blockchain Lab

« C’est un peu dommage que l’on s’arrête au bitcoin et aux cryptomonnaies alors que le potentiel est bien plus large. »

mercialisé des produits. D’autres, comme ­BlocHome et Digibrixx, sont arrivées plus récemment pour répondre aux difficultés sur le marché de l’accession au logement.»

Chiffres-clés

62

Le nombre d’entreprises de blockchain qui ont une valorisation supérieure à 100 millions de dollars s’élevait à 62, fin mars. Soit 14 de plus que fin 2021 avec les entrées très remarquées de Yuga Labs et d’Immutable X (NFT toutes les deux), devant deux projets du Web3 Optimism et Ethereum Scaling Solution et Aptos.

Des violons à accorder Infrachain garde un œil sur l’Europe et apporte sa contribution à des projets opérationnels. Comme l’initiative européenne Ebsilux, dont la blockchain doit permettre de construire des services transfrontaliers, de numériser et de délivrer ou de certifier des documents qui constiC’est le nombre de deals qui ont dépassé les 100 millions de dollars. tuent le moyen standard de vérifier des inforSoit à peine 6 % des tours d’investissemations sur les personnes, les entités juridiques ment qui ont attiré 63 % du total. et les marchandises. Le projet commence par un cas d’usage sur les diplômes universitaires. % L’écosystème attend avec impatience la direcPlus du quart des investissements du premier trimestre sont allés à des tive européenne sur les cryptomonnaies, les projets dans les non-fungible tokens, assets digitaux (MiCA) et les textes qui encaune première. drent la possibilité de tester des projets de blockchain sans avoir à respecter toutes les règles du jeu. « En ce qui concerne la finance Comme l’an dernier, Animoca Brands est la société d’investissement, basée à décentralisée, avance M. Kettels, je n’ai pas l’imHong Kong, qui a bouclé le plus d’inves­pression qu’il y ait un grand intérêt.» Avant de tis­sements, 34, principalement dans reconnaître que tous les acteurs n’ont pas le le jeu, les NFT et le metaverse, devant Coinbase Ventures et Pantera Capital. même intérêt à cette décentralisation imaginée par les plus progressistes. C’est un des nœuds des problèmes que rencontre la technologie: à Comme le nombre de projets des amis la blockchain ouverte et transparente ont sucdu Luxembourg qui sont parmi les plus cédé des blockchains publiques mais aussi des valorisés au monde, avec Ripple (deuxième mondiale à 15 milliards de blockchains privées et des blockchains à perdollars) et Blockchain.com (14 milliards). mission. « Beaucoup des discussions qui sont menées me rappellent les débuts d’internet il y a 25 ans. Au début, le sujet était confiné aux universités, puis le grand public a découvert les promesses qui n’ont pas toujours été tenues. La liberté de tout dire sur internet a été rattrapée impliqués dans les paiements transfrontaliers par des contraintes d’abord légères et de plus en ou encore pour la distribution de fonds, où la plus importantes. Regardez les discussions sur fintech luxem­bourgeoise FundsDLT, portée la haine en ligne, c’est pareil. Le monde de la sur les fonts baptismaux par la Bourse de Luxemblockchain est assez similaire. Un projet reste bourg, Clearstream, Credit Suisse Asset Manadominé à 80 % par le business face à 20 % de gement et Natixis Investment Managers, est technologie. Les deux parties doivent accorder dans les starting-blocks. Début juin, le Parleleurs violons. Si un acteur privé veut utiliser une ment européen et le Conseil européen ont finablockchain privée et fait des affaires partout dans lisé un projet pilote pour 3 ans qui com­mencera le monde, quelle est la juridiction compétente en le 23 mars prochain. Mais la CSSF pointe auscas de problème? Qui règle les litiges? Il existe si cinq risques majeurs : la conception de la toute une série de questions encore ouvertes. » blockchain, la gestion des nœuds, les contrats Dans les discussions, elles ont remplacé les intelligents, la gestion des clés et les problèmes inquiétudes sur l’opposition entre la dogma- de confidentialité. Des blockchains en font tique blockchain, considérée comme transpa- l’amère expérience en ce printemps. D’etherente avec les données y compris personnelles, reum, qui semble avoir encore retardé le paset le règlement européen sur la protection des sage à sa version 2.0 d’août à 2023 – au mieux –, données. «Le secteur admet une grande règle: à Solana, qui a enregistré son septième bug pas de données personnelles sur la blockchain. depuis septembre 2021, en passant par Corda Ou alors sur une sidechain privée ou bien des qui mériterait quelques modifications, assurent données chiffrées, impossibles à lire pour ceux les analystes. Sans parler de la taille de ces qui n’auraient pas les clés.» «bases de données décentralisées». Imaginez La perte d’une partie des clés, c’est l’un des un registre devenu une bibliothèque de plus en problèmes soulignés par la CSSF fin janvier. Le plus grosse, ce qui la rend plus lourde et moins régulateur luxembourgeois reconnaît certes efficace. Des solutions existent déjà, qui vont l’intérêt de la blockchain pour le KYC, pour créer d’autres problèmes. éviter de recommencer encore et encore à prouver son identité, pour réduire les intermédiaires Auteur THIERRY LABRO

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34

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Enjeux Blockchain

Vocabulaire

Parlez-vous blockchain ?

La magie de la blockchain n’opère que parce que la plupart des gens ignorent ce qui se cache derrière le langage de ces entrepreneurs innovants. Essayons alors de simplifier au maximum ce que veulent dire les principaux mots de la blockchain, quitte à les perdre. Auteur THIERRY LABRO

BLOCKCHAIN Ou « chaîne de blocs » est un registre officiel et public d’informations. Chaque bloc (ou dossier) a une taille en mégaoctets. MINEURS Comme il n’y a pas d’autorité centrale (la banque dans une transaction bancaire), les opérations doivent être validées par des mineurs, c’est-à-dire qu’ils doivent résoudre une opération mathématique complexe. Le premier à avoir trouvé la solution empoche la récompense (un bitcoin, par exemple). POOL MINIER Au fur et à mesure que la demande de bitcoins a augmenté, les mineurs ont tenté de résoudre le problème mathématique de la blockchain du bitcoin pour obtenir la récompense. Puis ils se sont regroupés pour avoir une puissance de calcul plus grande et être les premiers à trouver la solution. En 2014, le pool néerlandais GHash.io a contrôlé 55 % de la puissance de calcul mondiale, 51 % suffisant en théorie à prendre le con­ trôle du bitcoin. Avant de s’engager à réduire leur puissance. HASH Le hash est un peu comme l’ADN d’un bloc, une chaîne de bits qui permet de stocker toutes sortes de données (texte, image, etc.). La fonction de « hachage » du bitcoin est le SHA-256. Chaque bloc possède un hash qui commence avec le hash du bloc précédent, ce qui permet de les mettre dans l’ordre. Un bloc comprend le hash du bloc précédent, les données, la signature (pour savoir qui est propriétaire de la transaction), la preuve de travail et le hash du bloc en cours de validation.

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PREUVE DE TRAVAIL Plus connue sous le nom de proof of work. Chaque fois qu’un bloc est créé, une valeur de hash est fixée. Les mineurs vont devoir trouver le hash du prochain bloc à partir du dernier, de l’algorithme et d’un « nonce » (un nombre spécial) pour répondre à certaines caractéristiques (par exemple, le prochain hash doit commencer par huit 0 au moins). Ils vont essayer jusqu’à trouver un hash qui corresponde. Pour cela, ils ont besoin de grosses puissances de calcul… qui font que le processus est très critiqué parce que gourmand en électricité. PREUVE DE PARTICIPATION Ou proof of stake, consiste non plus à effectuer des calculs mathématiques compliqués, mais à démontrer que l’on possède une certaine quantité des tokens de la blockchain. Ce montant permet aux mineurs de valider les blocs supplémentaires de la blockchain et donc de toucher la récompense. Moins énergi­ vore, elle est aussi réputée moins sûre. Ethereum, la deuxième blockchain la plus importante au monde, devrait utiliser le PoS dans sa version 2, qui doit sortir incessamment. ALTCOIN Il s’agit de toutes les autres monnaies que le bitcoin qui s’appuient sur des blockchains. STABLECOIN C’est une cryptomonnaie adossée à des monnaies plus traditionnelles que sont le dollar ou l’euro. Tout le secret consiste en théorie à conserver dans ses coffres autant de stablecoins que de dollars. Chaque variation de l’une ou de l’autre se traduira par des mouvements d’achat et de vente qui doivent ramener le PEG au taux fixé (un dollar pour un USD Tether, par exemple). SMART CONTRACT Ou « contrat intelligent », sur ethereum, permet d’effectuer une manoeuvre quand une condition ou une série de conditions sont remplies. Un contrat intelligent peut prévoir que le lecteur donne un euro chaque fois qu’il lit cet article quand il tourne la page. Sans que le lecteur ou celui qui l’a écrit n’intervienne. DAPPS Écrit DApps, c’est une application qui regroupe une collection de contrats intelligents autonomes. DeFi Ou « finance décentralisée », est l’utilisation de ces smart contracts pour s’affranchir des banques, des assurances, des institutions financières, voire des États. DLT Ou technologie de registre distribué (pour distributed ledger technology) a été mise en évidence avec le développement de la blockchain du bitcoin, qui n’est qu’un type particulier de DLT. Un registre distribué n’a ni administrateur central ni stockage de données centralisé. Il peut être utilisé dans la finance ou dans l’internet des objets.


PUBLIREPORTAGE

Putting investors centre stage and digital services are key to greater participation in funds.

The power of digital onboarding for fund investors

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Funds DLT

For digital distribution, a rationalised investor onboarding process is in everyone’s best interests and enables many efficiencies. Account opening and investor onboarding covers a number of steps and is critical to all that follows in the investment fund distribution chain. However, today’s onboarding is user-unfriendly and complex. Retail investors are asked to collect and provide numerous documents. Often, the same information is requested repeatedly by different distribution actors over the course of onboarding and initial investment. This creates unnecessary barriers for investors and is not sustainable when actors want to grow their client base. To ensure that fund distribution is fit for the future, frictionless account opening and onboarding processes have been developed. Designed for mobile-first and digital

operating models, all actors can now provide efficient, compliant and fast account opening and onboarding. At the heart of this new way of working lies a single record via DLT and decentralised infrastructure. Each actor in the chain sees – in a permissioned way using APIs – exactly what it needs to see and at the time of its choosing. This removes much of the existing redundancies and reduces costs for distribution actors. It also unlocks the ability for data and information to flow and be used. Importantly, as part of wider simplified and streamlined operations, digital onboarding results in a seamless and simpler investor experience and user convenience. MORE ABOUT DISTRIBUTION EFFICIENCY PAOLO BRIGNARDELLO Chief Commercial Officer paolo.brignardello@fundsdlt.net fundsdlt.net


Interview

« Avançons tous ensemble ! »

Après cinq années passées à la Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft), Emilie Allaert prendra la tête du Luxembourg Blockchain Lab le 15 juillet. Avec la ferme intention d’insuffler un vaste mouvement d’adoption de cette technologie au Grand-Duché – plus large qu’au sein de la seule place financière –, elle appelle à la collaboration de toutes les parties prenantes. Le Covid a « cueilli » les plans de développement du Luxembourg Blockchain Lab, formalisé fin 2019, quelques semaines avant le début de la pandémie. Et vous allez tirer un trait sur cinq années à la Lhoft ? Qu’en garderez-vous ? Que du positif ! J’ai vu le Luxembourg évoluer dans l’adoption de toutes ces technologies. Je suis venue de l’IT de KPMG, je suis devenue fiscaliste, puis project manager chez J.P. Morgan et en charge des US bonds au Mécanisme européen de stabilité (ESM)… Arriver là a été une expérience incroyable. Je crois qu’il reste encore beaucoup à faire, mais les choses évoluent. C’est difficile de faire comprendre aux institutions financières qu’elles doivent bouger, elles qui sont souvent convaincues qu’elles ont des clients qui sont très satisfaits de leurs produits. Surtout que la Lhoft (Luxembourg House of Financial Technology) est là pour aider la place financière… Oui ! Pour aider, avec une volonté de collaborer, d’avancer ! Pouvoir échanger avec les 78

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« La Lhoft, c’est une opportunité que je n’aurais jamais eue nulle part ailleurs. » EMILIE ALLAERT Future directrice du Luxembourg Blockchain Lab

entrepreneurs, les fintech, mais aussi avec les institutions et les autorités au sein de la Lhoft, c’est une opportunité que je n’aurais jamais eue nulle part ailleurs. Ces échanges permettent de comprendre pourquoi on ne peut pas avancer plus vite sur telle ou telle chose, dans un contexte européen et d’adaptations permanentes des réglementations et des législations. C’est une chose de voir ce qui avance ou pas de l’extérieur, et c’en est une autre de vivre ces contraintes de l’intérieur… Le 15 juillet, vous prendrez la tête du Luxembourg Blockchain Lab (LBL), plus de deux ans après sa création. Ce n’est pas long, pour mettre ces choses en route, dans un univers qui bouge très vite ? Le memorandum of understandig a été signé en décembre 2019. En mars 2022, nous avons été «qualifiés» comme pôle d’innovation technologique dédié à la blockchain, aux termes de la loi RDI (recherche-développement-innovation, ndlr). Ça nous permet d’accéder au financement du ministère de l’Économie. Entre les deux dates, il y a non seulement eu le Covid, mais nous avons aussi pris le temps de monter un dossier de candidature sérieux, avec un business plan sur 10 ans. Plus de 40 pages que nous avons préparées soigneusement. Quelle est la vocation de ce nouveau Lab ? Je dirais qu’il y en a quatre. D’abord, favoriser la formation à la blockchain. C’est pour cela que nous avons intégré le Digital Learning Hub avec une offre de formations. L’idée est non seulement de former, mais aussi d’attirer de nouveaux talents dont nous avons besoin dans ces activités. Ensuite, travailler de concert avec le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) de l’Université du Luxembourg et le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) autour des thématiques de recherche et de développement. Puis, apporter de l’aide aux acteurs de l’industrie qui en manifesteraient le besoin. Et enfin, peut-être analyser les projets qui se développent au Luxembourg. Car il y a des projets qui se développent au Luxembourg, que ce soit Tokeny ou Ibisa… Oui ! Ce qui est dommage et problématique, en ce moment, c’est de voir des projets de cryptomonnaies s’effondrer et susciter des craintes pour tout l’écosystème blockchain. Ça rend les gens beaucoup plus prudents. D’un autre côté, les sujets sur le metaverse et les NFT alimentent une nouvelle curiosité. La blockchain a beaucoup d’impacts potentiels dans l’industrie, dans l’automobile, dans la santé ou dans l’économie circulaire. Oui, Tokeny est un projet à part, mais la tokénisation des assets est une des seules pistes où le Luxembourg est vraiment compétitif.


Enjeux Blockchain

« L’idée est de devenir le point central de tous les intervenants de la Place. »

Cette approche prudente n’est pas que négative : elle permet de filtrer les projets et d’espérer n’attirer que ceux de qualité. Cela dit, je pense que l’écosystème va devoir se parler et s’entraider.

EMILIE ALLAERT Future directrice du Luxembourg Blockchain Lab

D’où vient ce que vous semblez décrire comme une inertie ? Il ne faut pas être trop dur avec les mots. Cela fait cinq ans qu’on en parle, mais il est temps que le Luxembourg Blockchain Lab se lance vraiment. Pour l’instant, il y a des projets à droite ou à gauche, comme cette utilisation de la blockchain pour les prêts étudiants chez Spuerkeess, sans que l’on communique trop sur ces sujets. Il ne faut jamais perdre de vue que nous sommes dans une approche réglementaire. Je suis impatiente de voir l’impact des textes comme MiCa (la réglementation européenne sur les marchés de crypto-actifs, ndlr) ou les initiatives autour des blockchain pilots (fin 2020, la Commission européenne avait proposé un régime d’exception à certaines technologies de blockchain liées à l’industrie financière pour éviter qu’elles ne soient bloquées par la fragmentation réglementaire en Europe sur ce sujet, ndlr). Il faut aussi que le Luxembourg pense à sa compétitivité en faisant en sorte, par exemple, de faciliter l’accès au compte bancaire, au crédit ou aux investisseurs à des entrepreneurs de la blockchain.

C’est vraiment là que vous allez devoir jouer votre rôle de chef d’orchestre ! Oui. Au début, je pense que je vais m’appuyer sur Infrachain, l’association qui réunit déjà les sept acteurs de premier plan que sont le Service des médias, de la connectivité et de la politique numérique (SMC), le Centre des technologies de l’information de l’État (CTIE), InTech (la filiale technologique de Post), Luxtrust, Scorechain, Telindus et KYC3 (la dernière liste des membres de l’asbl compte 19 autres membres dont KPMG, PwC, Allen & Overy, Elvinger Hoss Prussen, Spuerkeess, EBRC ou encore Nomadic Labs, The Blockchain Academy et The Blockhouse Technology, ndlr). Le Luxembourg Blockchain Lab est soutenu depuis le départ par la Lhoft, le SnT, LëtzBlock, Infrachain et le Luxembourg Institute of Science and Technology. L’idée est de devenir le point central de tous les intervenants de la Place pour répondre à leurs besoins particuliers, qu’ils soient des entreprises, des individuels ou une autorité, voire l’État. Mettons que vous ayez une entreprise qui veut étudier l’intérêt de la blockchain pour le développement durable. Nous pourrions l’aider à créer un appel à projets, en prenant en charge la partie logistique, avec un comité de revue, un format dédié au coaching, et finaliser une solution en 8 à 10 mois. Ça existe, et ça pourrait voir le jour. Allons-y! Avançons! Tous ensemble! Interview THIERRY LABRO

RECORD MONDIAL D’INVESTISSEMENTS DANS LA BLOCKCHAIN Nombre d'investissements Source

Montants (en milliard de dollars)

CB Insights

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Photo

Guy Wolff

138 100

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9,2

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2021

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Un double point d’entrée LUXEMBOURG BLOCKCHAIN LAB La carte de l’écosystème dit tout. Ou presque. Né le 4 décembre 2019, le Luxembourg Blockchain Lab sera au cœur des acteurs de la blockchain. Il a été lancé par l’asbl Infrachain, la Lhoft, le Luxembourg Institute of Science and Technology, l’asbl Lëtzblock et l’Université du Luxembourg et le SnT. QUATORZE AXES L’écosystème promu par le LBL comporte 14 verticales, soit 59 acteurs qui vont des venture capitalists (Olymp Capital, Bloc, 2be.lu, Resistant Fund) aux insti­-tuts de recherche (le List, The Blockchain Academy, TechMeDev, Sikoba, Lëtzblock, Ripple, le SnT, Predya) en passant par les exchanges (Bitflyer et Bitstamp), les projets autour de la santé (MedLogistics), du déve­lop­pement durable (Ekofolio, Survcoin), des wallets (CoinPlus, Block Ex, Blockchain), de l’art et de la culture (Arteïa, Hyro), des paiements (Emcorp), de la tokenisation (Stokr, Tokeny, Tokenify) ou de l’inclusion financière (Bitvalley, Bitpesa, Ibisa, GreenEarth). Sans oublier les activités de support (FundsDLT, Telindus, Calastone, Atel ou Hexalina), celles d’infrastructure (Infrachain, Block Gemini, Hydrogen, Tresorio), les services financiers (HQLAx, VNX, Morfin ou Iznes) ou enfin celles qui travaillent dans la normalisation (Compellio, Stampify ou Neo Facto). CINQ PREMIÈRES FORMATIONS Le Luxembourg Blockchain Lab a intégré le Digital Learning Hub au côté de trois autres « apporteurs de forma­tions », avec l’école 42, Securitymadein.lu et la D-School du Hasso Plattner Institute de Potsdam. Au lancement de cette initiative, cinq cours dont une intro­duc­tion à la blockchain ont été ouverts aux réservations. INFRACHAIN Lancée en mai 2017 à l’initiative du Service des médias, de la connectivité et de la politique numérique et du Centre des technologies de l’information de l’État, d’Intech (filiale de Post), de Lux­Trust (filiale de Post), de Scorechain, de Telindus et de KYC3, l’asbl Infrachain compte près d’une trentaine de membres aujourd’hui, dont les princi­paux Big Four et cabinets d’avocats ou la société française spécialisée dans la recherche et développement de logiciels distribués, décentralisés et vérifiés Nomadic Labs. Son but est d’apporter aux écosystèmes blockchains le même niveau de gouvernance et de conformité que les environnements classiques tout en gardant intacte la confiance distribuée des tiers, même dans les chaînes privées. DE RECONNAISSANCE EN RECONNAISSANCE Considérée par l’OCDE comme celle qui « construisait des ponts entre la bloc­kchain et les régulateurs et positionne le Luxembourg comme un centre de compétences en Europe », Infrachain travaille aussi pour Ebsilux qui marque l’entrée du Luxembourg dans l’infrastructure européenne de services adossés à la blockchain (EBSI).

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Écosystème start-up

Les dix projets à suivre

3 Compellio Année de fondation : 2018 CEO : DENIS AVRILIONIS Employés : 10

Il y a cinq ans déjà que des start-up ont commencé à adopter la blockchain avec une vision à long terme, de l’amélioration du monde financier à l’inclusion en passant par le développement durable. Et l’année qui vient devrait encore les voir grandir à toute vitesse, entre levées de fonds et adoption de leur solution par de prestigieux clients.

Seule start-up luxembourgeoise à avoir obtenu une subvention du prestigieux MIT et en business avec la blockchain Tezos, Compellio était invitée, mi-juin, à un événement très sélect de l’institut américain de recherche. Après s’être intéressée à la traçabilité, mais aussi à toutes les questions qui entourent le business du vin – 120.000 produits ont été référencés pour ses clients –, la fintech travaille sur les technologies sous-jacentes aux NFT, souvent (et à tort) uniquement associés aux jeux, à l’art et au metaverse, pour offrir à certains secteurs comme la logistique ou le luxe les technologies nécessaires aux transferts hybrides entre le monde réel et le monde virtuel.

Auteur THIERRY LABRO

1 Stokr Année de fondation : 2018 CEO : ARNAB NASKAR ET TOBIAS SEIDL Employés : 2 (EN 2020)

Stokr fournit une interface sous la forme d’une plateforme d’investis­ sement participatif qui est construite sur la blockchain pour créer un accès indépendant aux nouveaux marchés de capitaux. Grâce aux offres de jetons de sécurité (STO) conformes à l’UE, les investisseurs lambda peuvent financer directement des start-up et des PME innovantes en échange d’une part des bénéfices futurs de l’entreprise.

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Tokeny

HQLAx

Année de fondation : 2017

Année de fondation (au Luxembourg) : 2018 (EN PROVENANCE DES ÉTATS-UNIS)

CEO : LUC FALEMPIN Employés : 23

Tokeny fournit une infrastructure pour permettre aux entreprises et aux acteurs financiers d’émettre, de transférer et de gérer des actifs de manière conforme sur la blockchain, leur permettant d’améliorer la liquidité des actifs. Début janvier, la fintech luxembourgeoise a signé un précieux partenariat avec Inveniam. À la clé, 5 millions d’euros pour poursuivre son développement et continuer à nouer des liens des États-Unis à l’Europe, du nord au sud, dans différents projets porteurs de sens.

CEO : GUIDO STROEMER Employés : 16

Utilise la blockchain Corda pour assurer la gestion des liquidités et la gestion des solutions de garantie pour les clients institutionnels sur les marchés mondiaux de financement des titres. Il y a un an et demi, la pépite luxembourgeoise HQLAx, créée aux États-Unis, avait annoncé avoir levé 14,4 millions d’euros auprès de BNY Mellon, Goldman Sachs, BNP Paribas Securities Services, Citigroup et l’actionnaire existant Deutsche Börse.


PUBLIREPORTAGE

La blockchain outil de protection des droits d’auteurs

Photos

Themis Lex

La blockchain est souvent évoquée dans les domaines des cryptomonnaies et plus généralement des transactions financières, mais celle-ci s’avère également être un outil de protection pour les des droits d’auteurs par le biais l’ancrage. La blockchain est une base de données, présentée comme inaltérable, regroupant toutes les transactions entre les utilisateurs depuis sa création. C’est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. On pourrait également considérer comme certains que la blockchain est un registre stockant des preuves numériques, avec horodatage. C’est pourquoi sa vocation initiale a été d’apporter la preuve d’une transaction sans avoir recours à un tiers de confiance tel qu’un avocat ou un notaire. Par ailleurs, cette technologie est généralement évoquée pour les cryptomonnaies ou l’accès à la propriété via les NFT (Non Fongible token). Néanmoins, la blockchain présente également une utilité en matière de droit d’auteurs. En effet, dans le domaine des droits de propriété industrielle (brevets, marques dessins et modèles), le dépôt auprès de l’administration compétente telle que l’Office de la propriété intellectuelle du Luxembourg, confère à son bénéficiaire un monopôle d’exploitation exclusif et opposable à tous. Ainsi, le titre délivré par l’administration (brevet, marque, dessins et modèle) porte donc une date, qui fait foi jusqu’à preuve du contraire.

A l’inverse, les droits d’auteurs (qui protègent les œuvres de l’esprit telles que les œuvres littéraires et artistiques que sont les romans, les films, les œuvres musicales, numériques, les logiciels etc.), naissent du simple fait de la création de l’œuvre originale et sans formalité des dépôts. En clair l’auteur n’a pas besoin d’effectuer un dépôt pour bénéficier de droits exclusifs sur son œuvre et cela même si celle-ci n’a pas été révélée au public. Toutefois, le défaut de dépôt et d’enregistrement soulèvent des problèmes de preuve d’originalité, de paternité et d’antériorité de l’œuvre. Il est vrai que des procédés comme le i-dépôt participeront à prouver l’antériorité. Cependant la blockchain permet d’ancrer l’empreinte numérique unique de l’œuvre et lui donner un certificat d’authenticité incluant les informations essentielles de l’œuvre. Ce certificat permettra, en cas de conflit, d’identifier avec certitude les auteurs de l’œuvre. C’est un donc un outil supplémentaire pour lutter contre la contrefaçon mais également en cas de vol d’une œuvre dans le cas où celle-ci n’ait pas été divulguée au public.

EN SAVOIR PLUS BERTRAND MOUPFOUMA Avocat 15, rue du Fort Bourbon t. (+352) 26 12 02 bertrand.moupfouma@themis-lex.com


Enjeux Blockchain

5 Green Earth Trading Année de fondation : 2021 CEO : RUSHANK BARDOLIA Employés : N. C.

Rushank Bardolia a décidé de ne jamais rien faire comme personne. Après avoir quitté un job confortable pour embrasser l’entrepreneuriat, le jeune homme d’origine indienne décide de vendre sa maison au Luxembourg et d’injecter 50.000 dollars dans le rachat de vieilles machines agricoles au Ghana. Pourquoi ? Parce que c’est là que l’huile de palme a vu ses premiers dévelop­ pements et pas en Asie. Trois ans plus tard et après un passage par le Forum économique mondial de Davos, Green Earth Trading pousse le bouchon un cran plus loin en ayant développé sa propre blockchain pour assurer une traçabilité complète de l’huile produite au Ghana jusqu’à son utilisation finale. Une manière de rassurer et de montrer combien la production est vertueuse dans ses méthodes et pour les gens qui en vivent.

7 Ibisa Année de fondation : 2017 CEO : MARIA MATEO IBORRA Employés : 4

En utilisant les données de satellites et la blockchain, la start-up Ibisa fournit des solutions d’assurances aux agriculteurs de pays en dévelop­ pement ou dépourvus de solutions pratiques. Soutenue par l’Agence spatiale européenne et par le géant américain de la blockchain ConsenSys entré à son capital, la start-up luxembourgeoise, deuxième du concours de start-up du Consumer Electronics Show de Las Vegas, a déployé sa solution dans trois pays : en Inde, au Niger et aux Philippines.

8 FundsDLT

9 Scorechain Année de fondation : 2015 CEO : PIERRE GÉRARD Employés : 11 (2020)

Spécialisée dans les outils de confor­ mité de crypto-tracking depuis 2015, Scorechain offre des solutions de lutte contre le blanchiment et de compliance pour les cryptomonnaies. La fintech sert plus de 200 clients dans 45 pays. En fin d’année, elle a annoncé une pré-série A de 2 millions d’euros, apportés par les Luxembourgeois de Tioga, les Suisses de CV VC et les Allemands de Blockrocket. 2022 devrait être l’année d’une augmentation de capital plus spectaculaire sur un marché de la compliance pesant 200 milliards de dollars (dont 20 milliards pour les solutions logicielles), en crois­sance de 20 % par an.

Année de fondation : 2016 CEO : OLIVIER PORTENSEIGNE Employés : 12

6 Ekofolio Année de fondation (au Luxembourg) : 2019 (EN PROVENANCE D’ESTONIE) CEO : IAN CHOO Employé : AUCUN

La start-up venue d’Estonie tokenise des forêts, partout sur la planète, qu’elle achète et place dans un véhicule d’investissement spécial. Quand les assets sont sécurisés, elle vend des tokens, les EKO, et garantit 3 % par an avec une maturité de dix ans. Elle a ainsi déjà vendu ses deux premières forêts en Europe et devrait prochainement en vendre une troisième en Amérique centrale.

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FundsDLT est une plateforme internationale reliant les activités des agents de transfert, les systèmes de paiement et les investisseurs en utilisant les technologies DLT et les smart contracts. Suivie de près par la Bourse de Luxembourg, Clearstream, Credit Suisse Asset Management et Natixis Investment Managers, elle s’appuie sur la blockchain ConsenSys Quorum.

10 Cybavo Année de fondation (au Luxembourg) : 2021 (EN PROVENANCE DE TAÏWAN) CEO : PAUL FAN Employés : 2

Cybavo est une plateforme de conservation virtuelle d’actifs clés en main, « sécurisée, pratique et prête pour les régulateurs » à destination des fintech et institutions financières. Créée à Taïwan, elle est arrivée au Luxembourg fin 2020 pour le Fit4Start. Son système unique de clés chiffrées lui permet de fournir une solution à la fois sûre et conforme aux exigences réglementaires à ceux qui détiennent des actifs numériques.


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Enjeux Blockchain Le saviez-vous ?

Sept faits méconnus pour briller en société

Le bitcoin n’est pas la première monnaie inattendue de l’Histoire, et sa blockchain a déjà été devancée. Sept petits faits connus ou mal connus pour briller en société, y compris le happy end du braquage du siècle.

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Auteur THIERRY LABRO

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La pierre de Yap L’invention de l’ancêtre du bitcoin et de la blockchain semble se situer au sud du Japon et à l’est des Philippines, sur les îles Yap. Des pierres de rai, de trois mètres de large et pesant le poids d’une camionnette, servaient de « monnaie d’échange », sans intermédiaire. Chaque habitant connaissait à qui appartenait chaque pierre, et chaque achat contre une pierre était intégré par la communauté. Un navire qui transportait une pierre de Yap a un jour coulé… mais les villageois ont considéré que la pierre continuait d’exister au fond de l’océan et ont donc continué à se payer comme si de rien n’était. Les pizzas à 290 millions En mai 2010, un mois après le premier échange en bitcoin, Laszlo Hanyecz a offert 10.000 bitcoins (soit 41 dollars à l’époque) à quiconque lui rapporterait une pizza. « Vous pouvez la faire vous-même ou me la commander auprès d’un service de livraison. Mais pas de garniture bizarre au poisson ou quoi que ce soit du genre. » Un Britannique qui habitait aussi en Floride, Jeremy Sturdivant, alla acheter deux pizzas chez Papa John’s pour les livrer et rafler les 10.000 bitcoins, soit 290 millions de dollars en cours au 1er juin. C’est la première fois qu’on utilisa le bitcoin pour payer quelque chose.

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Escroquerie démontée par le SnT Étudiant trentenaire, Christof Ferreira Torres (SnT), associé à Ramiro Camino (List) et Radu State (SnT) a découvert des pratiques de front running sur ethereum. Ce qui permet à des experts de voir une grosse transaction en attente de vali­dation sur la blockchain et d’acheter des actions qui seront revendues dès que le prix augmentera. Dans Frontrunner Jones and the Raiders of the Dark Forest, le jeune chercheur luxembourgeois a mis le doigt sur 18,41 millions de dollars ainsi mal acquis. Visa 1 – Bitcoin 0 Pour que l’adoption du bitcoin soit massive, il fau­ drait que le nombre de transactions par seconde atteigne des sommets encore inaccessibles. Alors que le réseau traite trois à quatre transactions par seconde, PayPal en atteint 193 et Visa 1.667, même s’il assure pouvoir atteindre 65.000 transactions par seconde. Ethereum annonce pouvoir en atteindre 100.000 avec sa version 2.0 toujours attendue. Blockchain tombée du ciel Déjà considérée comme la société qui contrôle le code de Bitcoin Core, à l’origine du bitcoin, Blockstream s’est lancée dans la connectivité par satellite pour permettre d’éviter à des mineurs et autres entrepreneurs d’être limités par leur con­ nexion. La « blockchain as a space service » est en plein boom depuis 2018. Aujourd’hui, des sociétés comme Cloud Constellation et le groupe Space Tech d’IBM promettent aux assureurs de nouveaux moyens de garantir les productions céréalières ou minières, tandis que d’autres y voient le moyen de régler les futurs problèmes de ceux qui iront sur Mars. Le Luxembourg presque à l’origine Le bitcoin est officiellement né le mercredi 1er octobre 2008 dans un document de neuf pages qu’a publié un certain Satoshi. Une de ses huit références a presque concerné… le Luxembourg : le Design of a secure timestamping service with minimal trust requirement, des Néerlandais Inald Lagendijk, Ludo Tolhuizen et Peter de With, est extrait du 20e Symposium des théories de l’information dans le Benelux… auquel n’ont pas participé de Luxembourgeois. Sous l’égide d’IEEE, ces réunions ont pris une dimension mondiale pour des experts très pointus. Le vrai-faux casse du siècle Le 10 août dernier, un hacker a fait disparaître 600 millions de dollars de la blockchain Poly Network… avant d’en rendre une première moitié, une autre partie et le solde moins de quinze jours plus tard. Dans la foulée, « M. White Hat » – surnom généralement donné aux gentils pirates – a décliné un poste de directeur de la sécurité et a aussi rendu la prime de 500.000 dollars accordée par Poly Network. « Je m’ennuyais. Je n’avais pas confiance dans votre blockchain. J’ai juste voulu la tester », a-t-il conclu.


YOU ARE MISSING ONE THING TO BE AN INDUSTRY LEADER.


Portfolio

Au service de Leurs Altesses Photos GUY WOLFF

Les fournisseurs de la Cour sont actuellement une cinquantaine à bénéficier de ce titre particulier. Leur liste est mise à jour annuellement à l’occasion de la Fête nationale, le 23 juin. Leur point commun? Une excellence remarquable dans des prestations en faveur de la Cour durant cinq ans au moins. La rédaction de Paperjam a choisi de vous en présenter dix. Auteurs AURÉLIE BOOB ET CATHERINE KURZAWA

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Menuiserie et ébénisterie Dohm Tanja Dohm, directrice générale

La menuiserie Dohm est l’une des entreprises traditionnelles les plus anciennes du pays et fête ses 151 ans cette année. Elle est dirigée depuis six générations par les descendants d’une même famille : les Atten, puis les Dohm, la tradition exigeant que les héritières prennent le nom de leur mari. Un solide ancrage local et une continuité familiale avérée qui ont séduit la Cour, puisque Dohm en est devenue fournisseur en 2021. « C’est pour moi une reconnaissance de notre travail et une immense fierté », commente Tanja Dohm, qui travaille régulièrement pour la Cour depuis cinq ans sur des aménagements intérieurs et des restaurations, notamment au château de Colmar-Berg. JUILLET 2022

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Horlogerie Molitor

Jacques Molitor, fondateur L’horlogerie-joaillerie Molitor a été créée en 1954. Elle emploie aujourd’hui 18 salariés et a obtenu le titre de fournisseur de la Cour en 1967. « Ce brevet est pour notre métier un signe de confiance important et apprécié par notre clientèle. C’est un symbole qui nous pousse à nous montrer dignes du titre en mettant du cœur à l’ouvrage, commente Jacques Molitor. Au fil de ces nombreuses années, nous avons accompagné les membres de la famille grand-ducale dans les moments forts de leur vie : naissances, baptêmes, mariages… ont été sublimés par des pièces horlogères et joaillières qui ont une portée intergénérationnelle. » Un titre en or… 88

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Librairies Ernster

Fernand Ernster, directeur général « Il y a une vraie relation de confiance avec notre voisine la Cour grand-ducale », confie, le sourire aux lèvres, Fernand Ernster, à droite de la photo. Le patron de la PME se souvient depuis son plus jeune âge des visites en magasin des membres de la famille grand-ducale et de leur goût de la lecture. Pourtant, l’entreprise fondée en 1889 n’a obtenu la reconnaissance de fournisseur qu’en 2021, après une candidature suggérée par Paul Ernster, qui incarne la 5e génération. Comme les autres fournisseurs de la Cour, Ernster s’engage à respecter une charte graphique et à verser une cotisation à la Fondation du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse. JUILLET 2022

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Brasserie Simon

Betty Fontaine, directrice générale associée Pils, IPA, bio ou encore sans alcool : la gamme de bières de la brasserie Simon est aussi vaste que son histoire. Et celle-ci est déjà liée depuis 1955 à la famille du Grand-Duc, date à laquelle la PME basée à Wiltz est devenue son fournisseur. Pour sa directrice générale associée, le titre représente « un symbole de confiance, de solidité, et une reconnaissance ». Son ancrage est résolument local et familial : Betty Fontaine incarne la 5e génération de cette aventure entrepreneuriale et est, depuis 2017, l’unique actionnaire de la société. Celle-ci compte actuellement 22 salariés.

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Maroquinerie Keller Carlo Keller, gérant

« Les visiteurs et clients étrangers aiment ce titre et cela les incite à entrer dans le magasin. » Carlo Keller en est convaincu : être fournisseur de la Cour est un « must-have » pour son entreprise, qui est la plus ancienne maroquinerie du Grand-Duché et détient ce titre depuis 1930. Depuis son magasin historique de la Grand-Rue, qui a déjà accueilli les souverains, le gérant se rappelle des curieux attirés par ces visites de prestige : « Je me souviens en effet des visites de SAR la Grande-Duchesse dans les années 80. Le chauffeur se garait devant notre magasin pour la laisser faire ses achats. Deux minutes plus tard, il y avait au moins 20 à 30 personnes qui attendaient devant. » 92

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Luxlait

Gilles Gérard, directeur général « Être fournisseur de la Cour nous oblige à maintenir nos standards de qualité au plus haut niveau et à nous renouveler en permanence », estime Gilles Gérard, directeur général de Luxlait. L’entreprise basée à Roost détient ce titre depuis 2002, et si elle juge difficile de faire un lien entre cette obtention et la hausse des ventes, elle rétorque que « ce titre est la reconnaissance de produits de qualité ». Et le directeur général de souligner les aspects de prestige et de fierté, sans oublier l’ancrage local auquel il est associé. « Nous comptons bien le conserver encore pour très longtemps », ajoute le patron de l’entreprise de 350 salariés. JUILLET 2022

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Pâtisserie Namur

Anne Nickels, administrateur délégué « La Cour fait appel à nous pour des réceptions, mais aussi des événements privés, des cadeaux et pour leur consommation personnelle », explique Anne Nickels, patronne de la pâtisserie Namur, maison fondée en 1863 et fournisseur de la Cour depuis 1904. Personne ne dira quel est le dessert favori du souverain, mais on sait que Maria Teresa vient en boutique environ deux fois par an. « Toujours rue des Capucins. Les clients la saluent avec discrétion. Elle aime choisir elle-même les lapins de Pâques en chocolat », nous confie Anne Nickels, représentante de la 6e génération du fondateur de la pâtisserie. Namur s’étend aujourd’hui sur 8 implantations et compte 170 salariés. 94

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Champagne et Caves Bernard-Massard Antoine Clasen, directeur général

Fondée en 1921, la maison Bernard-Massard pétille depuis 101 ans et exporte aujourd’hui ses « bulles », dont un vin effervescent plutôt haut de gamme, dans plus de 30 pays. Antoine Clasen représente la 5e génération à diriger cette entreprise familiale, qui a rapidement acquis ses lettres de noblesse en devenant fournisseur de la Cour dès 1931. « Au Japon, ce titre a un effet de prestige indéniable. » Un privilège dont il tire une anecdote : « Mon père a un jour offert une bouteille de notre vin au Prince Charles en personne, lors d’une réception à la Cour grand-ducale. Un souvenir inoubliable. » JUILLET 2022

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Villeroy & Boch

Burkhard Schmidt, directeur général Luxembourg Le titre de fournisseur de la Cour, Villeroy & Boch l’arbore depuis 1981 exactement. Pour la marque allemande née au Luxembourg, «cela souligne notre image premium», dixit son directeur général pour le Grand-Duché, Burkhard Schmidt, à droite sur la photo, avec Jens Druckenmueller (CFO). Il le considère comme une sorte de médaille pour son entreprise, qui emploie 56 salariés dans ses bureaux et ses trois points de vente au Grand-Duché. «Nous savons qu’au Château de Colmar-Berg existe une pièce remplie d’un nombre énorme de porcelaines produites par Villeroy & Boch. C’est comme un petit musée de pièces parfois très anciennes et brillamment préservées», confie-t-il tout sourire. 96

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Losch

Michel Louro, chief operational officer retail Fondé en 1948, le groupe Losch est l’un des principaux acteurs du marché automobile luxembourgeois, avec 24 concessionnaires partenaires, 1.094 employés, dont une partie installée à Porto, au sein du Losch Digital Lab. Représentant historique des marques Volkswagen et Audi, Losch est aussi fournisseur officiel de véhicules pour la Cour « depuis plusieurs décennies », indique Michel Louro, chief operational officer retail. Pour lui, ce titre représente « un très grand honneur, également très apprécié par nos clients luxembourgeois, et pour ceux qui ne nous connaissent pas encore, il permet de faire un choix sûr ». JUILLET 2022

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Bienvenue au Club ! 98

Business Club

Chers membres, Pour chacun d’entre nous, la formation continue est désormais un enjeu majeur : les employeurs pour retenir les talents, les employés pour soigner leur employabilité, les indépendants pour gagner en compétitivité. En présence du ministre du Travail Georges Engel, témoignages personnels et bonnes pratiques seront présentés lors du 10×6 Up your skills! L’édition estivale tant attendue du CEO- & EntrepreneursOnly Cocktail prendra la forme d’une garden-party dans les jardins de la résidence de l’ambassadrice du Royaume-Uni. Décideurs et créateurs d’entreprise du Grand-Duché se rassemblent à l’occasion de ces soirées prestigieuses, offrant alors des opportunités uniques de networking. Frein systémique à la croissance économique luxembourgeoise, la pénurie de logements pose question. Quels sont les leviers d’action des responsables politiques ? Comment créer plus de logements abordables ? Le ministre du Logement Henri Kox sera en conversation avec Nathalie Reuter pour proposer des solutions.

PIERRE-YVES LANNEAU SAINT LÉGER Head of programming

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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.

Learn Offrez à vos colla­borateurs un pro­gram­me de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 300 heures de formation dispen­sées sur neuf journées par les experts membres du Club.


Le Club en chiffres

Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club

1.100 SOCIÉTÉS

C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.

19.000 PERSONNES

Simon Verjus (archives)

C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.

Photos

250

ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 250 événements par an auxquels vous pouvez participer.

300 HEURES

Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup­ plémentaire pour vos employés.

COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ?

Network Rejoignez les 1.100 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !

Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.

Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.

4 3 1

Franz Fayot (ministère de l’Économie)

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Daniel Croisé (BDO Luxembourg) Séverine Cahané (Fondation pour

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l’accès au logement) 4

Bruno Jourquin (Thillens & Thillens)

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Ne manquez pas

Business Club Juillet 2022

Mercredi 6 juillet 2022

Lundi 18 juillet 2022

COCKTAIL

CEO- & Entrepreneurs- Only Cocktail – Summer Edition

Les CEO- and Entrepreneurs- Only Cocktails réunissent les principaux décideurs et créateurs d’entreprise du pays. Ces soirées exclusives et conviviales offrent des opportunités de networking uniques. Pour cette édition estivale, l’ambassadrice du Royaume-Uni accueillera les membres CEO- and Entrepreneurs- Only lors d’une garden-party. PROGRAMME 18:30 – 22:30 LIEU Résidence de l’ambassadrice du Royaume-Uni SPONSOR

Inscrivez-vous APÉRO TALK

Henri Kox, ministre du Logement : quelles solutions à la crise du logement ?

Nathalie Reuter recevra le ministre du logement Henri Kox pour discuter de la crise du logement. La dernière étude de l’Observatoire de l’habitat a en effet démontré que les politiques sociales et fiscales ont un impact inégal sur les revenus des ménages. Les grands gagnants sont les ménages propriétaires ayant le plus de moyens. Quelles solutions face à cette crise ? PROGRAMME 18:30 – 21:00 LIEU Abbaye de Neumünster SPONSOR

Jeudi 14 juillet 2022

Delano Live + Meet the community: The Ultimate Luxembourg Quiz À l’occasion de la sortie de l’Expat Guide 2022-2023 de Delano, rejoignez-nous pour le quiz de l’année, pendant lequel quatre expatriés de premier plan se disputeront le titre de « Gourou luxembourgeois de l’année ». Une soirée festive à ne pas manquer ! PROGRAMME 18:30 – 20:30

Inscrivez-vous

LIEU Zulu SPONSORS

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JUILLET 2022

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu

Inscrivez-vous


LUNCH TALK QUELLE(S) ÉNERGIE(S) POUR NOS ENTREPRISES ? Programme • Welcome drink (11 h 30) • Table ronde (12 h 00) • Seated lunch (13 h 00)

Claude Turmes Ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire

27.09 SILVER SPONSOR

Mardi

Namur, Luxembourg-Hamm

Gilles Babinet Cofondateur, Isotope Energy

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Le programme

Business Club Juillet / Septembre 2022

Mardi 28 juin

Mercredi 13 juillet

10×6

WEBINAR

Principles of persuasion : the 7 pressure points to press

Up your skills! HORAIRE 18:30 – 22:30

Jeudi 15 septembre

Delano Live + Meet the community HORAIRE 18:30 – 20:30

HORAIRE 13:30 – 14:30

LIEU Zulu

LIEU Livestream

SPONSOR ING

Jeudi 14 juillet

Vendredi 16 septembre

Delano Live + Meet the community: The Ultimate Luxembourg Quiz

Breakfast Nouveaux Membres

HORAIRE 18:30 – 20:30

LIEU Kinepolis Kirchberg

LIEU Zulu

SPONSORS SD Worx, Luxembourg for Finance, Cap Langues

SPONSORS ING, Foyer

HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU The Office City

Mardi 20 septembre 10×6

Lundi 18 juillet

Mercredi 06 juillet

Henri Kox, ministre du Logement : quelles solutions à la crise du logement ?

Luxembourg: International Champions ! HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Athenée de Luxembourg

HORAIRE 18:30 – 21:00 LIEU Abbaye de Neumünster SPONSOR IKO

Jeudi 08 septembre

Mercredi 21 septembre

Advanced Trainings Booster son middle management HORAIRE 08:30 – 12:00

Breakfast Nouveaux Membres

LIEU Chambre des salariés

HORAIRE 08:15 – 09:30

Jeudi 22 septembre

LIEU The Office City

FORMATION CEO COCKTAIL

CEO- & Entrepreneurs- Only Cocktail - Summer Edition HORAIRE 18:30 – 22:30

Networking Circle

LIEU The British Ambassador’s Residence

HORAIRE 18:30 – 21:30

SPONSOR Rcarré

LIEU The Car’tell

Vendredi 08 juillet

Vendredi 09 septembre

HORAIRE 12:00 – 14:00

Journée de workshops : Septembre

LIEU Knokke Out

HORAIRE 09:30 – 12:45

Déjeuner Carrousel

LIEU Abbaye de Neumünster

Déjeuner Carrousel HORAIRE 12:00 – 14:00 LIEU Hitch

102

JUILLET 2022

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu

Retrouvez le programme complet


APÉRO TALK DÉMOCRATIE ET JUSTICE AVEC SAM TANSON Programme • Welcome cocktail (18 h 30) • Conversation avec Sam Tanson (19 h 00) • Networking walking cocktail (20 h 00)

Nathalie Reuter Directrice des développements éditoriaux, Maison Moderne

27.10

Jeudi

Sam Tanson Ministre de la Justice, ministre de la Culture

ECCL, Luxembourg-Kirchberg

Inscription et informations : www.paperjam.lu/club


Flashback

1

2

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5

4

« On m’a dit que je ne pourrais rien faire et, pourtant, j’ai réussi à concilier travail et santé. » Steve Matyja Accenture

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6


Vos événements Ce mois fort en événements fut marqué par la rencontre de personnalités exception­ nelles. 1 Philip Crowther (The Associated Press Global Media Services), journaliste mondialement connu pour sa maîtrise de six langues, a partagé aux 200 membres présents pour ce Delano Live son expérien­ce du multilinguisme. Nous remercions Prolingua et ING sans qui cet événement n’aurait pas eu lieu. Le « 10×6 Inclusion: From words to action » a offert une conférence empreinte d’humanité, rappelant que la différence est une force qui ne demande qu’à être exprimée. Nous remercions Sodexo, Alter Domus et notre partenaire IMS Luxembourg pour leur engagement. La semaine suivante, la Spuerkeess s’est alliée au Paperjam + Delano Club, pour rassembler les experts et organismes qui facilitent la bonne installation des expatriés au Luxembourg, lors du « 10x6 Luxembourg in 60 minutes ». Côté réseautage, nos membres se sont retrouvés lors du Déjeuner Carrousel et de la Journée de workshops du mois de juin. L’occasion de networker autour d’un lunch ou de perfectionner ses compétences. Enfin, la première édition des Paperjam Foodzilla Awards a célébré le secteur horeca au cours d’une soirée festive et déjantée, qui a réuni plus de 300 membres gourmets. 12 établissements, qui ont su résister à la pandémie avec brio, ont été récompensés dans 13 catégories. Merci à Wedely et Domaines Vinsmoselle pour leur soutien. Plus de photos sur

Eva Krins, Marie Russillo Crédits

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Philip Crowther (The Associated Press Global Media Services)

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Naouelle Tir (Prolingua) Paul Galles (Chambre des députés) Caroline Gornet (Post)

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Isabelle Faber (Post)

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Cécile Jacquemart (Post)

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Fabienne Dasnoy (BGL BNP Paribas)

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Patrick Kersten (Vesperia)

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Jean-Luc Bermes (Spuerkeess)

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Norbert Brausch (Spuerkeess)

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“Can you imagine coming to work and hiding who you are?”

paperjam.lu

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Marc Angel Parlement européen

“Expats need real mobility solutions.” Vania Henry ACL

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Ma maison

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Aussi, leurs enfants étant partis à l’étranger faire leurs études, ils décident de vendre leur maison pour habiter dans un appartement. Pour autant, pas question de renoncer au confort. « Nous voyageons beaucoup et habitons une partie de l’année en Afrique. C’est pourquoi nous avions envie d’un logement avec une domotique poussée, qui puisse se contrôler à distance. Un appartement avec De plus, nous étions d’accord un très haut niveau pour vivre dans une rési­dence, de domotique pour mais à condition de ne pas un confort maximum être dérangés par les voisins. C’est pourquoi nous avons fait au quotidien. très attention à la qualité acousPendant de nombreuses années, tique réalisée par Graner Peter @ Associés lors de la construcle couple propriétaire de ce tion. » C’est ainsi que tout le logenouvel appartement a vécu ment est contrôlable depuis dans une très grande maison le smartphone, que ce soit pour avec un immense jardin. les accès, la température, ou « Mais, le temps passant, le fait encore les divers équipements de s’occuper d’une si grande domestiques. propriété, avec l’entretien que cela demande, devenait pesant », Auteur CÉLINE COUBRAY Photos GUY WOLFF explique le propriétaire.

GRAND

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1 La loggia est équipée de panneaux amovibles, que ce soit sur les côtés ou au plafond, ainsi que de radiants pour la période hivernale. 2 L’appartement abrite aussi de nombreuses œuvres d’art. 3 La cuisine accueille une table haute pour six personnes afin que les hôtes puissent ­cuisiner avec les invités qu’ils reçoivent. 4 La chambre à coucher répond à des conditions de température et d’humidité spécifiques, conjuguées à un système de ventilation indépendant du reste de l’appartement. 5 Dans le salon, les ­propriétaires ont opté pour une pièce avec cheminée, bibliothèque et écran géant dissimulé dans le plafond.

CONFORT JUILLET 2022

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Mon argent

Du soutien aux start-up aux treks lointains : le risque fait partie de la vie de l’entre­ preneure digitale, managing director de Hunteed au Luxem­ bourg, Isabelle Weill. Une devise ou un principe concernant l’argent ? L’argent est un serviteur, cela ne doit pas être un maître. L’argent doit servir à ce dont vous avez besoin, et puis il doit circuler. Vous êtes donc plutôt cigale que fourmi… J’aime beaucoup aider les start-up à démarrer. Je ne suis pas un bisounours, mais j’essaie de choisir des structures qui créent et développent de la valeur, et dans lesquelles les gens sont heureux de venir ­travailler car ils voient quelle est la finalité de leur tâche. Quand vous aidez une start-up, vous le faites pour l’argent, le succès ou l’idée ? Je pars du principe que je peux tout perdre et que, si c’est le cas, ce ne sera pas un drame. J’ai le goût du risque, mais je sais qu’en pensant que l’on peut tout perdre, on est en quelque sorte plus « détendu » dans sa démarche. Dans combien de start-up avez-vous déjà investi ? Au total, j’ai investi dans sept ou huit start-up. Il y en a une où j’ai tout perdu. Que retenez-vous de cet échec ? Je pense que l’idée était bonne, mais elle n’a pas été assez rapide, et un concurrent est arrivé plus vite, avec davantage de moyens. C’était une structure portée par deux jeunes qui sortaient de l’école. Cela m’a fait réaliser qu’une expérience dans le vrai monde de l’entreprise est impor­ tante avant de se lancer dans

Outre les start-up, Isabelle Weill soutient aussi les artistes.

sa propre start-up, de manière à acquérir une expérience ­pratique de terrain. Vous souvenez-vous de votre premier salaire, de ce que vous en avez fait ? C’était en 1984 et j’étais gestion­ naire de chantier de pose de plateformes pétrolières chez ­Bouygues Offshore. J’ai gagné environ 9.000 francs français, que j’ai utilisés pour payer la ­caution de la location d’un petit appartement à Paris pour lequel je venais de signer. Avez-vous des passions coûteuses ? J’aime beaucoup aller faire des treks dans le désert ou en montagne. Ce n’est pas tant le budget hébergement, mais le fait d’accéder à l’endroit en question qui a un prix : l’ascension d’un 4.000 m, ça se mérite ! J’ai eu le plaisir de grimper au sommet

du Dôme des Écrins (4.015 m en glace), du Cotopaxi en Équateur jusqu’à la limite de la glace à 5.000 m (nous n’avions pas pris de c ­ rampons, hélas !), du M’Goun (4.071 m) dans le Haut Atlas, du plus modeste Teide (3.715 m), stratovolcan à Ténérife, mais la roche volcanique accentue la difficulté. Dormir à la belle étoile dans le désert en Mauritanie, cela vaut tous les hébergements de luxe, car cet espace infini et la découverte des couchers de soleil en ce lieu, c’est un luxe énorme. On combine l’effort et le sentiment de récompense. Pour moi, le bonheur est dans l’effort. Quel est votre dernier achat coup de cœur ? Une petite sculpture d’une artiste française qui exposait dans la galerie Subtile à Belair. Elle représente une petite danseuse élancée et est faite de bronze poli. J’ai beaucoup

Le goût du risque 108

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d’admiration pour les danseuses et j’aime beaucoup accompa­ gner les artistes. Cette artiste est Pauline Ohrel, c’est une avocate qui a changé de vie pour devenir sculptrice. J’aime soutenir des gens qui prennent des risques. Le risque, c’est quelque chose qui vous attire… Ma vie n’est qu’une prise de risque. Dans mon premier job, j’ai rencontré un autre jeune gestionnaire de chantier qui avait débuté sa carrière dans la pub. Il m’a séduite et m’a dit que j’avais le talent pour partir dans ce ­secteur. J’ai donc quitté mon job à 22 ans et me suis lancée dans la pub. Je me suis mariée avec quel­ qu’un que je connaissais depuis trois mois et, avec le recul, je me dis que j’ai aussi pris beaucoup de risques avec l’argent. Interview CATHERINE KURZAWA Photo ROMAIN GAMBA


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Élise Comrie Digital media officer, Luxaviation Group Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? Je me concentre principalement sur les tissus et matériaux natu­ rels : je vérifie la provenance de l’article, je cherche des teintes naturelles, etc. Les tissus tels que le coton biologique et le lin sont des tissus d’été idéaux. Quel a été votre dernier achat mode significatif ? Un smoking Yves Saint Laurent vintage. Il y a une beauté dans le shopping vintage qui n’existe pas dans les marchés de con­ sommation traditionnels. Quels sont votre tenue et accessoire fétiches pour une soirée de vacances sur une plage ? Une margarita ! Mais étant donné que je suis maintenant enceinte, cela a changé. En revanche, je dirais que le parfum est sou­ vent un élément oublié du style. Je ne quitte jamais la maison sans mon Tonka 25 de Le Labo. Quel est votre « no go » absolu ? Le polyester, l’acrylique, les matières synthétiques. C’est horrible sur la peau et pour l’environnement. Quelle pièce aimeriez-vous ? J’espère transmettre le goût de la qualité, une approche minima­ liste et des valeurs de consom­ mation saine. Mais, pour moi, l’amour pour la mode, non pas des « trends », reste un élément fondamental à enseigner aux futures générations. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? The Modu Shop. La propri­étaire, Amy Park, est une personne adorable et vraiment pas­sionnée par la mode durable.

Fin de journée à la plage 110

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Mon style

Luca Lisarelli Co-owner & CFO, South Ink Comment définiriez-vous votre rapport à la mode ? Je m’habille toujours en fonction de mon humeur du matin. En général, j’ajoute toujours une petite touche de street style à ma tenue. Par exemple, si je porte un pantalon chino plus classe, je vais porter un t-shirt large et des sneakers. Quel a été votre dernier achat mode significatif ? Une paire de Nike Air Force 1, simple mais très efficace. Qu’est-ce qui l’a provoqué ? J’en porte depuis mon enfance ! J’adore ce modèle ! Aussi, elles sont très difficiles à avoir maintenant, car elles sont indémodables. Quels sont votre tenue et accessoire fétiches pour une soirée de vacances sur une plage ? Une chemise assez légère et élégante, avec un short et des espadrilles. Quelle est votre astuce pour composer une chouette tenue pour le travail / un afterwork ? Je n’en ai pas, je ne me prends pas du tout la tête devant mon armoire. Je l’ouvre et trouve toujours des pièces que j’aime, donc mon choix est spontané. Quel est votre « no go » absolu ? Porter un jogging en journée. Si c’est une question de confort, il y a des alternatives confortables plus habillées. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Pour mes sneakers, j’aime aller chez Sidestep à Belval ! Pour les vêtements, les marques que je préfère ne se trouvant pas au Luxembourg, je les achète sur le site Asos.

Luca Lisarelli a été photographié au Wicki Beach à Esch-sur-Alzette, et Élise Comrie à La Chapelle à Luxembourg-ville.

Interview NICOLAS LÉONARD Photos GUY WOLFF

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Ma collection

Claire-Lise Backes aime les sacs à main, surtout ceux qui sont spéciaux à ses yeux. Aujourd’hui, Claire-Lise Backes a fait du sac à main son cœur de métier en créant Sakanana, une marque de sacs peints à la main par ses soins. Mais son amour pour cet accessoire de mode est en fait particuliè­ rement lié à une rencontre, celle avec son mari, qui lui a fait découvrir et l’a accompagnée dans la formation de son goût pour les beaux cuirs, l’excellence du travail réalisé à la main, les réalisations exceptionnelles. « J’ai eu la chance de pouvoir découvrir les ateliers des commandes spéciales de Louis Vuitton à Asnières, explique l’artiste peintre. Cela a été un moment unique pour moi, lors duquel j’ai pu découvrir le travail de l’excellence, le très haut niveau de compétences des artisans et l’amour du travail parfait. » C’est cette même excellence qu’elle apprécie dans le travail fourni pour les sacs Hermès, dont elle possède quelques pièces, parmi lesquelles deux Birkin. « Une réaction presque épidermique », précise-t-elle quand elle admire un de ses sacs d’exception. « J’ai aussi quelques pièces de chez Vuitton, mais pas du tout leurs sacs iconiques. Pour l’un, il s’agit d’un sac de défilé qui n’est absolument pas prévu pour la commercialisation, et pour l’autre, d’une pièce issue d’une petite série numérotée. » Plus que la quantité, c’est cette relation particulière qu’elle recherche dans le fait d’avoir ces sacs. « C’est aussi ce que je souhaite transmettre dans mes créations : un moment de partage unique et sincère. »

Auteur CÉLINE COUBRAY Photo GUY WOLFF

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s Backe -Lise Claire n très fort s e e a un li s accessoir s sacs. le sont le avec e u q de de mo

L’amour du beau JUILLET 2022

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Ma recette

Lorsqu’elle ne cuisine pas, Fanny Kindler est responsable juridique dans un fonds d’in­ vestissement. Sa recette de gigot de 7 h est un plat idéal pour les repas de famille. Pour 6 personnes 30 min de préparation 7 heures de cuisson INGRÉDIENTS U n gigot d’agneau de 2 kg 2 oignons 2 échalotes 2 têtes d’ail 2 5 cl de vin blanc sec 4 branches de thym S el, poivre, épices (paprika et curry) U ne noisette de beurre 4 tomates concassées USTENSILES P révoir une grande cocotte en fonte POUR LE VIN La Montée de l’Épine (vin rouge des Pays de la Loire)

Agneau de 7 heures 114

JUILLET 2022

Dans la cocotte, faire revenir la viande avec le beurre jusqu’à ce qu’elle soit bien dorée. Saler et poivrer. Ajouter les tomates con­ cassées (fraîches, si possible), le vin blanc et ½ litre d’eau. Ajouter le thym et les épices. Mettre au four 5 à 7 heures à 90°C, position chaleur tour­ nante. Surveiller la cuisson. Penser à mélanger et à arroser la viande de temps en temps. Servir avec un écrasé de pommes de terre. Pour la petite histoire, l’origine de ce plat remonterait aux Romains, qui avaient l’habitude de rentabiliser le feu mourant et les braises en y faisant cuire une grosse pièce de viande pendant toute la nuit ou toute la journée. Une manière de faire qui a ensuite perduré. Pour Fanny Kindler, c’est surtout un plat pratique : « La recette ne demande pas trop de ­travail, on peut la faire la veille et réchauf­fer tranquillement pendant qu’on prend l’apéro. » La magic touch de Fanny, native d’Alsace, pour réussir ce plat, c’est le choix de la cocotte : « Une cocotte en fonte de type Staub, dont le format est à adapter en fonction de la taille des os de la viande. » La cocotte en fonte est en effet ce qu’il y a de mieux pour cette recette à mijotage lent, qui requiert par conséquent une poignée d’heures de présence. L’autre astuce de Fanny : « Bien choisir ses herbes aromatiques… »

Auteur AURÉLIE BOOB Photos MATIC ZORMAN


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EM

IÈ R

De la gastronomie, de la fête et de la bonne humeur, beaucoup de bonne humeur. Voilà le réjouissant programme qui a régi la première édition des Paperjam Foodzilla Awards, que nous avons eu le plaisir de présenter au public le 30 mai dernier au Knokke Out Luxembourg. L’occasion de rassembler les membres du Paperjam + Delano Club, mais aussi une communauté ­horeca qui continue de se relever après une pandémie très difficile et qui, grâce à Paperjam ­Foodzilla, a pu faire entendre sa voix et bénéficier de soutien durant cette période. Et c’est toujours avec ce rôle en tête, tout en y ajoutant une petite pincée de second de­ aison Moderne a décigré, que M dé de célébrer 13 établissements qui ont su ­tirer leur épingle du jeu ces derniers mois. 13 prix joyeusement déjantés, à l’image du tout nouveau numéro du journal ­Paperjam Foodzilla – et de la publication de manière générale : préparés avec sérieux, mais fiers d’assumer leur ton unique au Luxembourg… Fabien Rodrigues, rédacteur en chef, Paperjam Foodzilla 116

MA

Awards

JUILLET 2022

PA L

PR

RÈS

PAP ERJAM

B , E É DI TI ON

U A E

Um Plateau La terrasse d’enfer où il faut lézarder CAT ÉG O R I E

« Un coup de soleil, un coup d’amour, un coup de je t’aime »

Pas Sage Le lieu parfait pour un afterwork CAT ÉG O R I E

« C’est l’apérobic »

Bargello Le fournisseur de petits plaisirs coupables... CAT ÉG O R I E

« Sweet dreams »

LAURÉATS


Lauréats

Place d’Armes

Apdikt

Clairefontaine

L’hôtel gourmand, surtout le matin

Le resto gastronomique pour fêter comme il se doit

La table d’affaires où faire du business

CAT ÉG O R I E

CAT ÉG O R I E

CAT ÉG O R I E

« Faisons l’amour avant de nous dire adieu »

« Celebration »

« Money maker »

Apdikt

OiO

Vinoteca

La virée gourmande à faire à plus de 20 minutes de la capitale

La nouvelle adresse qui donne la pêche

Le meilleur coin planqué pour ne jamais retourner bosser

CAT ÉG O R I E

CAT ÉG O R I E

« So fresh and so clean »

« Je ne veux pas travailler »

Peacock La piste de danse où guincher tout l’été

Thym & Citron ù trouver le meilleur des légumes bio

CAT ÉG O R I E

CAT ÉG O R I E

« Murder on the dancefloor »

« Chanson hypocalorique »

The Score La terrasse qui va bien après un parcours de golf réussi CAT ÉG O R I E

« 19e trou »

Jardin de la Gaichel Le coup de cœur des lecteurs

RE M

CAT ÉG O R I E

« On the road again »

IEMENTS C ER Le jury

Giovanni Farinella (The Grapeist / @hungryitalianintown) Dave Giannandrea (Fédération Horesca) Thomas Iser (artiste) Sandrine Pingeon (Les Paniers de Sandrine) Elfy Pins (Supermiro) Julie Reuter (Galerie Reuter Bausch) Sébastien Rouillaux (Craft et Compagnie) Simône van Schouwenburg (Spuerkeess) Dilip Van Waetermeulen (Real Estate) Mickael Williquet (Foodamental)

CAT ÉG O R I E

« Reader’s choice »

Les sponsors

JUILLET 2022

117


FO N

0 PAR MIKE K 200 OE

DI N ER G

EN DÉ

ÉDITION JUILLET 2022

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION

Bérengère Beffort

Rédaction

DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX

Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu

RÉDACTEUR EN CHEF PRINT AD INTERIM

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Nathalie Reuter

Nicolas Léonard

RÉDACTEUR EN CHEF DIGITAL

Nicolas Léonard

Julien Carette (-116) Nicolas Léonard (-102) Pierre Pailler (-109) Nathalie Reuter (-104) Ioanna Schimizzi (-120)

Téléphone 20 70 70-300 E-mail brandstudio@maisonmoderne.com

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

DIRECTOR BRAND STUDIO

Catherine Kurzawa (-115) Thierry Labro (-105) Manon Méral (-173) Mathilde Obert (-114) Thierry Raizer (-108) Jérémy Zabatta (-106) PLACE FINANCIÈRE ET MARCHÉS

Aurélie Boob (-121) Marc Fassone (-157) Benoît Theunissen (-107) LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

Lisa Cacciatore (-176) Céline Coubray (-162) Fabien Rodrigues (-161) Elena Sebastiani (-175) RÉSEAUX SOCIAUX

Christophe Lemaire (-118) PAPERJAM GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

Sarah Macri (-181) Jezabel Scolastici (-183)

RELECTURE ET FACT-CHECKING

Pauline Berg, Laura Fort, Sarah Lambolez, Nathalie Rachline WEBPUBLISHING

Lisa Christl, Didier Hiégel, Adrienne Nélissen PHOTOGRAPHES

Andrés Lejona, Romain Gamba, Guy Wolff, Matic Zorman

Éditeur

Brand Studio

Youcef Damardji

HEAD OF MEDIA SALES AND SOLUTIONS

Dominique Gouviaux (-338) ASSISTANTE COMMERCIALE

Céline Bayle (-303) CONSEILLERS MÉDIA

Nicolas Galtier (-318) Mélanie Juredieu (-317) Aline Puget (-323) Cagla De Brem (-283) Laurie Cros (-310) Marie Langlais (-325) Géraldine Gij (-307) Sophie Blecha (-316) Alexis Fernandez (-314) CONSEILLERS BUSINESS CLUB

Virginie Laurent (-322) Léo Santoro (-335) Mikaël Spezzacatena (-326) Valentin Morello (-320) Philippe Raphael (-332) Ray Zubairi (-324) HEAD OF CONTENT STRATEGY

Emmanuelle Thivollard DIRECTEUR DE CRÉATION

Jeremy Leslie

www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com FONDATEUR ET CEO

Mike Koedinger DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER

Etienne Velasti

CONSEIL D’ADMINISTRATION

Mike Koedinger (président) Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini Pascale Kauffman et Daniel Schneider (membres) DIRECTRICE PUBLISHING HOUSE

Bérengère Beffort

STRATEGIC BUSINESS DEVELOPMENT ADVISOR

Francis Gasparotto

DIRECTOR BRAND STUDIO

Youcef Damardji

DIRECTOR BUSINESS CLUB AD INTERIM

Mike Koedinger

CHIEF DIGITAL OFFICER

Viktor Dick HR MANAGER

Sylvie Notarnicola RESPONSABLE ADMINISTRATIVE

Sylvia Leplang

DIGITAL PROJECT MANAGERS

Meryem Alamy Antonello Di Pinto

RESPONSABLE DIFFUSION

Quentin Marenic

STUDIO MANAGER

Sandrine Papadopoulos ART DIRECTOR

Marielle Voisin

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Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. ISSN 2354-4619

COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie 10, avenue de la Liberté, Luxembourg-Gare

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JUILLET 2022

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Conformément à l’article 66 de la loi du 8 février 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue directement à 100 % par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière relèvent de sa responsabilité.


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JUILLET 2022

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La liste

directeurs culturels nouvelle génération Plusieurs institutions culturelles ont vu leur direction se renouveler dernièrement. Une nouvelle ronde de dirigeants et de responsables pour un secteur en mouvement. Auteur CÉLINE COUBRAY

2

Patrick Michaely

MUSÉE NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE

Bettina Steinbrügge

MUDAM LUXEMBOURG

Depuis avril 2022, Bettina Steinbrügge est à la tête de la plus importante institution d’art contemporain du pays, le Mudam. Cette Allemande, née en 1970, a précédemment été directrice du Kunstverein de Hambourg de 2014 à 2022. Elle compte déjà une expé­rience au Luxembourg, lors d’une collaboration avec le Casino en 2010, et déclare avoir suivi l’actualité de la scène luxembourgeoise grâce à la Biennale de Venise. Son parcours l’a également menée précédemment à la direction de la Halle für Kunst de Lunebourg, à la Kunsthalle de Mulhouse en tant que curatrice, et au Belvédère à Vienne en tant que curatrice senior et conservatrice de la collection d’art contemporain. En plus de son activité en institution, elle a enseigné à l’Université de Lunebourg, à la HEAD à Genève ou encore à la Hochschule für Bildende Künste (HFBK) de Hambourg. On la retrouve également, entre 2007 et 2017, à la programmation du Forum Expanded de la Berlinale. Au moment de sa nomination, elle a déclaré: «Avec l’équipe du Mudam, j’aimerais m’appuyer sur l’infrastructure existante du musée, développer davantage la collection et favoriser le Mudam en tant qu’institution de recherche et de connaissance publique, qui aborde activement les questions de mondialisation, d’écologie et de durabilité à travers l’art.» 120

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Patrick Michaely

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Christian Mosar

KONSCHTHAL ET BRIDDERHAUS

Christian Mosar, né en 1968, est le nouveau Monsieur Art Contemporain d’Esch-sur-­ Alzette. Directeur artistique de la toute récente Konschthal, centre d’art ouvert en 2021, il est également responsable de la résidence artistique Bridderhaus qui a ouvert en juin 2022. Précédemment, Christian Mosar a eu plusieurs activités : historien de l’art formé à l’Université de Strasbourg, il débute en tant qu’artiste et photographe pendant un temps, mais pas seulement, puisqu’il a été par exemple assistant du peintre Armand Strainchamps lors de la réalisation du plafond de la gare de Luxembourg. Il aime aussi commenter l’art et a été critique d’art et journaliste (Woxx, d’Land, 100,7…), ainsi qu’auteur pour des catalogues d’expositions. On le retrouve aussi à la conception d’expositions en tant que curateur indépendant (exposition sur Edward Steichen au Mudam, responsable culturel du pavillon luxembourgeois à l’exposition universelle de Shanghai…) et en tant que conférencier à de nombreuses occasions (Mudam Akademie…). Après un passage auprès d’Esch2022, il œuvre désormais pour donner un nouveau tempo à l’art ­contemporain à Esch-sur-Alzette à travers les deux institutions culturelles ­municipales placées sous sa direction.

belle&saas, MNHN, Matic Zorman (archives), Nils Kontz, Nader Ghavami, Romain Gamba (archives) et Marc Lazzarini pour la Ville de Dudelange

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Christian Mosar

Photos

Bettina Steinbrügge

Pendant plus de 26 ans, Patrick Michaely a été le responsable de la communication et des relations publiques du Musée national d’histoire naturelle, institution culturelle qu’il a intégrée en 1994. ­Depuis le 5 mai 2022, il en est devenu le directeur général. Détenteur d’une maîtrise de biochimie à l’Université de Strasbourg, il a été curateur de plusieurs expositions présentées au musée (dont Le Marsupilami en 1998, Prenez votre… temps en 2003, ou encore Évolution en 2009) et responsable de l’organisation du Science Festival, événement phare au Luxembourg dans le domaine de la promotion des sciences et de la culture scientifique. Quant au sujet de la direction qu’il souhaite insuffler au musée, il avoue: «Étant un institut qui est à cheval entre culture et recherche scientifique, mon plus grand souhait est de pouvoir réussir à créer, au sein des différentes équipes, davantage d’effets de synergie bénéfiques. Cette dynamique passe par une médiation encore meilleure et plus ciblée des sujets d’histoire naturelle, mais aussi par une prise de conscience accrue du public de l’importance de la recherche au musée.»


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Anastasia Chaguidouline

CERCLE CITÉ – RATSKELLER

L’Agence luxembourgeoise d’action culturelle vient de nommer Anastasia Chaguidouline au poste de responsable de la programmation culturelle du Cercle Cité pour remplacer Anouk Wies, partie aux affaires culturelles de l’Université du Luxembourg. Cette jeune femme de 29 ans, née à Brême, en Allemagne, a étudié à l’Académie royale des arts de La Haye, à l’institut Kunst à Bâle, puis a fini sa formation de commissaire d’exposition au ZHDK à Zurich. Avant d’arriver au Luxembourg, elle a été assistante curatrice au Musée Tinguely (Bâle), médiatrice au Kunstmuseum Winterthur, au Vitra Design Museum, pour Documenta14 et pour Art Basel, entre autres. Depuis son arrivée au Luxembourg, on la retrouve au Casino, où elle a dévelop­ pé le projet Sound Without Music qui est programmé entre septembre et novembre 2022. Son intérêt se porte sur le multi­­lin­ guisme, les pratiques sonores et performa­ tives. Elle a d’ailleurs travaillé avec United Instruments of Lucilin en tant que chargée de production et est, en parallèle, traduc­ trice depuis plus de 10 ans. Elle publie aussi régulièrement pour des catalogues et dans la presse. À propos du Cercle Cité, elle le considère comme « un lieu d’échange, de collaboration et de création artistique nationale et interna­tionale, ouvert aux arts multiformes et accessible à tout public. »

Anastasia Chaguidouline

Marlène Kreins

NEI LIICHT ET GALERIE DOMINIQUE LANG

Valérie Quilez et Diane Tobes

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Valérie Quilez et Diane Tobes

KULTUR LX

Pour cet organe qui est en charge de pro­mou­voir la culture made in Luxembourg au-delà des frontières, ce n’est pas une, mais deux directrices qui ont été nommées pour diriger Kultur lx. Au développement international, on trouve Valérie Quilez, personnalité habituée à promouvoir la création puisqu’on la retrouve, dès le début de sa carrière, à la promotion des arts de la scène (Le Carreau à Forbach, le festival Perspectives à Sarrebruck, le festival Schichtwechsel…) puis, dès 2004, à la communication de Luxembourg et Grande Région, Capitale européenne de la culture 2007. En 2009, à la demande du ministère de la Culture, elle met en place la Mission culturelle du Luxembourg en France. Diane Tobes, quant à elle, prend en charge la coordination nationale. Elle a assuré pendant 10 ans la programmation culturelle à Neimënster (spectacles, concerts et projets culturels). Entre 2015 et 2020, elle a été en charge des projets et partenariats pour le Luxembourg City Film Festival. À elles deux, elles ont la charge d’accompa­ gner le développement de carrières des artistes et créatifs, de stimuler et soutenir la diffusion de la création et de favoriser le rayonnement et la promotion des créations artistiques, et ce pour les secteurs de la musique, du spectacle vivant, des arts visuels, de la littérature et de l’édition, de l’architec­ ture, du design et des métiers d’art, des arts numériques et du multimédia.

En 2019, Marlène Kreins, aujourd’hui âgée de 36 ans, a eu la lourde tâche de prendre la suite de Danielle Igniti, qui a marqué le paysage de l’art contemporain et de la photographie à Dudelange pendant plus de 25 ans. Un défi qu’elle a pris à bras-lecorps en reprenant la programmation des galeries Nei Liicht et Dominique Lang, mais avec une certaine expérience dans ses bagages puisqu’elle a dirigé précédemment des résidences d’artistes et la galerie à Bourglinster, est passée par la case Beim Engel à Luxembourg (alors sous la respon­ sabilité du ministère de la Culture) et a travaillé pour la galerie Gaash à Dudelange, ou encore au sein de l’asbl Industriekultur-­ CNCI, qui œuvre pour la mémoire indus­ trielle dans le sud du pays. Depuis, elle a organisé, avec l’aide de l’équipe d’Opder­ schmelz, des expositions avec des talents émergents (Marie Capesius, Rozafa Elshan, Julie Wagener, Sali Muller…) et d’autres plus confirmés (Arny Schmit, Justine Blau, Trixi Weis, Chantal Maquet…). Elle veille également à organiser régulièrement des expositions mettant en valeur la collection de la Ville de Dudelange et des rétrospec­ tives. « Souvent les rétrospectives nécessitent une longue recherche et l’établissement d’un inventaire, comme pour les expositions Dominique Lang et son époque et JeanPierre ‘Menn’ Adam’. Ces expositions sont un challenge très différent mais tout aussi passionnant que la découverte d’un univers artistique d’un artiste contemporain», confie-t-elle.

Marlène Kreins

JUILLET 2022

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JUILLET 2022

Crédits

Claude Strasser est à la tête de Post depuis 10 ans. Une entreprise qui a connu de profondes transformations au fil des années et qui anticipe avec sérénité les mutations de demain. Et ce, tout en attendant de prendre possession, avec un millier de collaborateurs, de son nouveau siège, explique-t-il en page 26 Des températures toujours plus élevées, des épisodes de sécheresse plus intenses, des précipitations de plus en plus fortes et fréquentes: le Data Dada décrypte en page 24 ces trois faces du dérèglement climatique au Luxembourg Andy Schleck, ancien vainqueur de la Grande Boucle, devenu entrepreneur, est Data Dada un homme de défi et nourrit un rêve qu’il est convaincu de pouvoir concrétiser : faire revenir le Tour de France au Luxembourg. Il partage cette ambition en page 60 Homme de chiffres, Laurent Muller affectionne aussi les lettres. Voilà pourquoi il vient de publier un livre consacré à la valorisation des PME. Un sujet qui devrait sensibiliser de très nombreux patrons du pays, confie-t-il en page 46 En page 64, c’est la question de la gestion du 3e âge qui est posée. Là aussi, les enjeux sont colossaux dans un pays où, estime-t-on, plus d’un résident sur quatre devrait être âgé de 65 ans et plus en 2050 Bob Kneip a, pour sa part, à peine 60 ans. Alors que sa société vient d’être cédée à Deutsche Börse Group, il revient en page 38 sur son parcours professionnel, sa vie, ses passions et son futur En page 54, plusieurs acteurs du secteur font part de la difficulté actuelle à recruter dans les métiers de bouche. Traiteurs, restaurateurs, bouchers… tous cherchent à engager des ouvriers qui se font, hélas, de plus en plus rares Univers inconnu pour certains, méconnu pour d’autres, boudé par quelques-uns, la blockchain est pourtant, et sans aucun doute, la technologie à suivre. En page 72, notre dossier Enjeux tente de vous donner les clés pour bien la comprendre et, dès lors, en mesurer bien mieux l’importance Le portfolio en page 86 vous conduira à la découverte de quelques prestigieux fournisseurs de la Cour, et notre Liste à mieux connaître 6 responsables de quelques institutions culturelles qui sont des références et contribuent à faire rayonner le Luxembourg, en page 120 Vous aimez le risque ? C’est aussi le cas d’Isabelle Weill qui se confie en page 108 dans le cadre de la rubrique Mon argent Enfin, en page 112, ClaireLise Backes partage, pour sa part, son amour du beau et des sacs à main.

Romain Gamba, Guy Wolff et Matic Zorman

Clin d’œil


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