OUTRE-MER grandeur Nature n°13 _ nov.-décembre 2022

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NOV.| DÉCEMBRE 2022

OUTRE-MER

OcéIndia

grandeur Nature

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT n°13

ÉDITO | Jules

Deïe, président du Parc amazonien de Guyane GUADELOUPE | des écolodges « Esprit Parc national » MAYOTTE | nettoyage participatif sur l ’ îlot M’T samboro

SOMMAIRE

UNE

GUYANE 2 7 9 12 13

|

UN JOYAU DE BIODIVERSITÉ QUE WWF ŒUVRE À PRÉSERVER

édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Martin Saint-Barthélemy

16 20 22 26 30

Martinique Guadeloupe Guyane Île de La Réunion Mayotte

34 38 42 46

TAAF Polynésie française Nouvelle-Calédonie Wallis-et-Futuna


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Notre référence permanente est la charte du parc, qui en réalité est un projet de territoire partagé entre le parc national et les communes qui y ont adhéré, ajoutant ainsi leur territoire hors cœur de parc à la zone d’adhésion, où le développement durable est le principal enjeu sur ces communes isolées géographiquement, en l’absence de réseau routier les raccordant au littoral de la Guyane.

ÉDITO PAR JULES DEÏE, PRÉSIDENT DU PARC AMAZONIEN DE GUYANE CONJUGUER LE DÉVELOPPEMENT LOCAL ET LA PRÉSERVATION DES PATRIMOINES

Portrait ci-dessus : © Claudia Berthier|PAG

Le Parc amazonien de Guyane a été créé en 2007, comme le Parc national de La Réunion. D’une surface de 3,4 millions d’hectares, il couvre la partie sud de la Guyane (40 % de sa surface) et il est le plus grand des parcs nationaux français, et même européens, et plus grand que la Belgique. Il comprend une zone de cœur de 2 millions d’hectares et une zone d’adhésion de 1,4 million d’hectares, répartie sur seulement quatre communes, elles-mêmes aux dimensions hors normes. Sa création a été précédée d’une longue gestation, pendant plus de 10 ans, et la loi de 2006 (loi Giran) qui a réformé les parcs nationaux l’a doté de missions particulières, ciblant, au-delà de la préservation de l’écosystème amazonien si spécifique, la préservation des cultures et modes de vie des « communautés tirant traditionnellement leurs moyens de subsistance de la forêt », et le développement local durable.

Mais quel développement souhaite-t-on sur ces territoires, fortement marqués par une forte croissance démographique, des besoins en services de base à la population toujours très forts ? De nombreux besoins ne concernent pas les compétences du parc national, qui toutefois ne s’interdit pas d’expérimenter et d’innover dans des domaines qui ne sont pas son cœur de métier, mais pourtant bien en lien avec la nécessité de conserver durablement une relation Homme/Nature toujours très forte, en forêt, sur les fleuves et les criques. La chasse, la pêche, l’agriculture sur abattis brûlis font l’objet de droits d’usage qui ont été conservés et même confortés à la création du parc national, quoi qu’en dise certains de nos détracteurs. Mais ces pratiques intéressent de moins en moins les jeunes, à l’interface entre leur culture d’origine, amérindienne ou bushinenge, et le monde moderne, celui du smartphone et de l’internet – permettant l’ouverture au reste du monde, mais aussi à ses excès – et le besoin de disposer d’un revenu. De nombreux jeunes partent ainsi de leur village pour être scolarisés au collège dans le bourg voisin, en internat ou maison d’accueil, ou au lycée sur le littoral, encore plus loin des leurs. Tous ne parviennent pas à conjuguer les paradoxes de cette double culture et perdent le goût à la vie. Les épidémies de suicides de jeunes se succèdent d’une année sur l’autre sur les hauts bassins. Alors comment magnifier cette nature exceptionnelle, cette biodiversité foisonnante, cette richesse des cultures des populations Wayana, Teko, Wayampi et Aluku, et en même temps satisfaire les attentes des populations, des anciens et des jeunes ? Donner cette ligne d’horizon est un défi immense, et ne concerne pas que le Parc amazonien, mais aussi les services de l’État, les collectivités, les associations, et la chefferie coutumière. Il est vrai que les équipes du parc national sont bien implantées sur le territoire, avec des équipes, en

Photos de couverture : inselberg de la Réserve naturelle nationale des Nouragues en Guyane. © Emmanuel Rondeau|WWF France |Jules Deïe, maire de Papaïchton et depuis mars 2021, président du Parc amazonien de Guyane. © ParcAmazonienGuyane


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grande partie recrutées sur le territoire, présentes dans tous les secteurs habités du parc. Cela incite les habitants à croire que le parc peut « tout » faire et résoudre des questions dont il n’a pas compétence, et doit sans doute s’interdire de s’autosaisir. À titre d’exemple : la gestion des déchets. Entre la communauté de communes dont le siège est situé sur le littoral, couvrant la moitié de la Guyane, les éco-organismes qui restent bien à l’écart de ce territoire éloigné et isolé, le communes dont les maires s’inquiètent à juste titre de la salubrité des villages et écarts… le parc national joue un rôle d’animateur pour trouver des petites solutions de court terme, réduire le volumes des déchets, aider au réemploi des matières recyclables, faciliter parfois l’évacuation des sacs jaunes sur les rares localités où le tri a été expérimenté. Les partenaires institutionnels nous sollicitent également beaucoup, dans le domaine de la santé, de l’éducation, et bien entendu sur toutes les microfilières pouvant concourir au développement d’activités. Écotourisme, artisanat, métiers de la construction, métiers de l’animation et de la médiation, filières bois et agriculture, etc. Les bonnes idées et les besoins ne manquent pas. Mais bien souvent, les solutions pragmatiques sont empêchées par les formats et modèles des outils classiques des politiques de développement, inadaptés pour un territoire comme le sud Guyane. Pour illustrer encore le positionnement atypique d’un parc national, le Parc amazonien de Guyane a entrepris la promotion de la création d’une Coopérative d’activité et d’emploi, qui aujourd’hui existe et se développe sous un statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Constatant que de nombreux jeunes initialement en échec scolaire suivaient ensuite des formations professionnelles mais ne pouvaient en vivre faute d’entreprises présentes sur le territoire susceptibles de les embaucher, constatant en outre la terrible difficulté à créer eux-mêmes les entreprises, le parc a mis en place, avec l’aide de l’État, cette coopérative multimétiers qui se charge de la gestion administrative de chaque entrepreneur associé. On voit qu’on est là très loin de l’activité classique d’un parc national. Il ne faudrait pas oublier toutefois le cœur de métier : la préservation des habitats naturels et de la biodiversité. Hélas, un fléau s’est développé en Guyane depuis plus de 20 ans : l’orpaillage illégal. Déforestation, pollutions de cours d’eau, pollution au mercure, insécurité,

Le long du Maroni, les Abattis Kotika, site classé au patrimoine naturel et culturel national. © Guillaume Feuillet | PAG

y compris en cœur de parc national. Au dernier recensement en janvier 2022, 119 chantiers illégaux actifs étaient recensés sur le périmètre du parc national. Les 20 inspecteurs de l’environnement du Parc amazonien sont associés au dispositif Harpie coordonné par l’État. Mais la logistique des garimpeiros est très efficace, s’appuyant sur les frontières poreuses avec le Brésil et le Suriname, rendant extrêmement résiliente la pression des orpailleurs illégaux, malgré les bilans impressionnants de destruction des sites illégaux. Comment s’en sortir à terme : sans doute par la voie diplomatique pour développer une coopération efficace avec nos deux pays voisins, et développer une traçabilité de l’or permettant d’assainir un marché mondial débridé, aspirant l’or de toute provenance pour finir en lingots dans nos banques d’État, ou dans la joaillerie, en passant par quelques pays acheteurs peu scrupuleux. Mais le bois tropical a bien fini par pouvoir être écocertifié. Un jour ce sera l’or également, sans mercure, sans pollution de l’eau et de la chaîne alimentaire, et sans déforestation. Dans tous les cas, si le court terme nous anime au quotidien, les perspectives de plus long terme donnent du sens à nos effort d’aujourd’hui. Le Parc amazonien fête ses 15 ans cette année. Anticiper l’avenir, sensibiliser les jeunes, les inciter à rester « au pays » dans ce sud Guyane si attachant, anticiper si on le peut les effets des changements climatiques, enrayer le pillage de la forêt par les orpailleurs clandestins, et concilier développement local et préservation des patrimoines naturels et culturels, voilà où nous plaçons notre énergie, pour aujourd’hui, et pour les générations à venir. Jules Deïe

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Le pôle Outre-mer de France Télévisions s’engage pour le climat Conscient de la responsabilité sociale et environnementale qui pèse sur la télévision publique, plus que jamais le pôle Outre-mer s’engage en faveur de la défense de l’environnement. Malgré un été particulièrement difficile, les changements climatiques paraissent encore parfois lointains pour certains habitants de l’Hexagone, c’est pourtant déjà une réalité quotidienne pour les habitants en Outre-mer : montée des eaux, cyclones plus fréquents et plus violents, érosion des côtes… Face à cette prise de conscience est arrivée une génération de réparateurs, ceux qui prennent en main les enjeux environnementaux, montrent un nouvel état d’esprit, font part de nouvelles attentes. Avec notre programme En 1 ère ligne , nous avons souhaité donner la parole à ceux qui sont au combat, ces héros du quotidien, témoins engagés pour l’environnement issus de la société civile. Ils sont lanceurs d’alerte, porteurs de projets et réinventent le rapport à la terre. Ils font émerger depuis les territoires des façons de faire et de se comporter face au défi climatique. Nous avons souhaité un programme racontant les émergences, les grandes tendances qui animent l’Outre-mer et les prises de conscience de ses habitants en matière de climat, de relation à la terre, d’évolution des cultures vivrières… Ce réseau de vigies, déployé au travers des territoires ultramarins, vise à accroître la prise de conscience écologique des Français, créer de l’intelligence collective et de la connexion sociale, afin de proposer des solutions, de l’optimisme, et donner envie de faire bouger le monde. Nous nous sommes concentrés sur la jeune génération qui prend son mode de vie en main, ces acteurs de la « grande inversion », de l’hybridation des modes de vie, qui utilisent le virtuel comme outil d’échange, mais maintiennent un solide ancrage dans la terre pour mener leur action.

© Nathalie Guyon | FTV

Luc de Saint-Sernin, directeur de la stratégie éditoriale transverse du pôle Outre-mer

Un programme à retrouver sur le Réseau des 1ère et La1ere.fr


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PLANÈTE OUTRE-MER

LES ESPÈCES TROPICALES VULNÉRABLES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES L es

COP 26 ne permettront pas de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C. C anicules, incendies, inondations... L es effets du dérèglement climatique se font déjà ressentir. accords ratifiés en

Écosse

Alcyonaire (corail mou) photographié à Lifou, en Nouvelle-Calédonie. © Le Guen - 97px

lors de la

Les espèces n’échappent pas à ces perturbations, d’autant que celles-ci s’ajoutent à d’autres menaces. Toutefois, les impacts de la crise climatique sur les espèces ne seront sensiblement pas les mêmes dans les climats tempérés et dans les climats tropicaux. Chaque espèce vit dans des conditions climatiques particulières, adaptées à sa physiologie et il y a des différences entre les espèces des régions tempérées et celles des régions tropicales. Nicolas Dubos, chercheur en écologie au Muséum national d’Histoire naturelle : « Généralement, les espèces résistent beaucoup mieux au froid sous les régions tempérées et ne résistent pas du tout au froid dans les régions tropicales. Par contre, la limite maximale de tolérance thermique, c’està-dire leur limite de tolérance au chaud est plutôt similaire, entre les climats tempérés et les climats

tropicaux. C’est autour d’une quarantaine de degrés environ, très grossièrement. Si bien que, sous les tropiques, où il fait tout le temps chaud, les espèces vivent en permanence tout près de ce seuil de tolérance thermique, tout près de leur limite maximale. Et donc un léger réchauffement pourrait très bien les pousser en dehors de leur zone de confort thermique, de confort physiologique. Alors que dans les climats tempérés, en cas de léger réchauffement, les espèces sont encore dans leur limite de tolérance thermique, et il n’y a donc pas encore de conséquences négatives pour elles. » Le changement climatique fait donc courir plus de risques d’extinction aux espèces tropicales. Il faudrait donc concentrer les efforts de conservation sur ces espèces en priorité.

Ce texte est issu de la chronique radio « Planète Outre-mer » présentée par Caroline Marie à écouter sur La1ere.fr , l’offre numérique Outre-mer de France Télévisions

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50 PHOTOGRAPHES ILLUSTRENT L’OUTRE-MER FRANÇAIS UN PATRIMOINE NATUREL INESTIMABLE ET MENACÉ UN PROJET INÉDIT, DURABLE, ITINÉRANT POUR SENSIBILISER À LA PROTECTION DE NOS TRÉSORS ULTRAMARINS

TÉLÉCHARGEZ ICI L’EXPOSITION « ESCALES OUTRE-MER » (LIBRE DE DIFFUSION POUR TOUTE UTILISATION NUMÉRIQUE)


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ACTU OUTRE-MER 44 PROJETS LAURÉATS POUR LE PROGRAMME « TERRES ET MERS ULTRAMARINES » 2022 Piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB), le programme Te Me Um soutient les actions en faveur de la biodiversité dans les outre-mer. Au travers de micro-projets, compagnonnages et partenariats, ce sont 44 projets qui seront financés à hauteur de plus de 365 000 euros. Les 32 « petites initiatives » soutenues se donnent pour ambition d’éveiller les consciences à l’importance de préserver la biodiversité, grâce : - aux sciences participatives, à travers la réalisation d’inventaires avec le Centre de découverte de la forêt guyanaise ; - aux protocoles scientifiques, comme l’illustre l’observation d’oiseaux nicheurs à l’île de La Réunion par le Territoire de la Côte Ouest (TCO) ; - aux arts, avec le projet INOUÏ situé à Saint-Pierreet-Miquelon ; - à la sensibilisation, qu’il s’agisse des écosystèmes lagonaires en Polynésie française avec l’association Te Fare Natura ou de la conservation des requins en Guadeloupe par l’association Kap Natirel ; - à la création d’outils pédagogiques, sur les dauphins de Nouvelle-Calédonie, avec Opération Cétacés ; - aux nouvelles technologies, à travers la création d’un jeu vidéo éducatif par l’association Yes We Can Nette à Mayotte. Les 10 programmes de compagnonnage lauréats permettront quant à eux de favoriser les échanges d’expériences et les acquisitions de compétences entre les acteurs de la biodiversité ultramarine. + d’info ici : Les lauréats 2022 de Te Me Um

LUMEXPLORE JUNIOR 2023, OUVERTURE DES INSCRIPTIONS ! Dans le cadre du festival du film d’exploration Lumexplore, organisé par la Société des Explorateurs Français, l’Ifremer propose à des adolescents de réaliser un film de cinq minutes en se mettant dans les conditions d’un chercheur sur le terrain. Cette initiative, pédagogique et incitatrice, a pour but de créer des vocations chez les plus jeunes, dans les domaines scientifiques ou dans celui du reportage, de l’écriture et de la réalisation de films d’exploration. Elle veut aussi éveiller les consciences de la jeune génération sur la sauvegarde de l’environnement. L’édition 2022 s’est déroulée du 14 au 18 septembre à l’Eden Théâtre de La Ciotat, dans le plus ancien cinéma au monde. Le prix « Lumexplore Junior – Candidature individuelle 2022 » a été remis à Fabrice Waute, du collège Taremen de Maré, en NouvelleCalédonie, pour son court-métrage La mystérieuse dent de mégalodon, à découvrir ICI. L’édition 2023 est ouverte depuis le 7 novembre. Les élèves des établissements des territoires ultramarins et des établissements français à l’étranger sont vivement encouragés à s’inscrire ! + d’info ici (liens et QR codes) : Formulaire d’inscription

Concours Lumexplore Junior

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SEPT JEUNES CHERCHEUSES EN OUTRE-MER REÇOIVENT LE PRIX « JEUNES TALENTS 2022 » Chaque année, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’UNESCO, décerne un prix « Jeunes Talents » visant à promouvoir les travaux de jeunes chercheuses dans des champs scientifiques divers. Pour l’année 2022, ce sont 35 doctorantes ou postdoctorantes françaises qui ont été récompensées, parmi lesquelles sept « Jeunes Talents » ont établi leurs terrains de recherche en outre-mer. Leurs travaux portent sur les sciences de la santé, les sciences biologiques ou les sciences de la terre. Dans le domaine de l’environnement, Opale Coutant étudie par exemple les impacts des activités humaines sur le déclin de la biodiversité des vertébrés dans les cours d’eau guyanais. Quant à la jeune chercheuse Alice Malivert, native de La Réunion, elle s’est spécialisée en biologie végétale et travaille sur les mécanismes d’adaptation des plantes au changement climatique. En Nouvelle-Calédonie, Carolane Giraud, doctorante à l’Ifremer (voir l’article page 44, NDLR), focalise ses recherches sur les causes de la surmortalité des larves de crevettes en écloseries, qui impacte aujourd’hui la filière crevetticole calédonienne. Enfin, pour citer une autre gagnante de ce prix prestigieux, en Polynésie, l’écologie des récifs coralliens est le sujet d’étude de Chloé Pozac-Schacre, qui tente de mieux comprendre le phénomène de dégradation des coraux par envahissement de macroalgues. Chaque lauréate bénéficie d’une dotation de 15 000 ou 20 000 euros – selon qu’elle est doctorante ou post-doctorante – et de formations. Un soutien précieux pour l’aider à valoriser ses recherches et poursuivre au mieux sa carrière de femme de science. + d’info ici : « Jeunes Talents » France 2022

LA DÉLÉGATION AUX OUTRE-MER DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE LANCE TROIS MISSIONS D’INFORMATION Créée il y a 10 ans, en juillet 2012, la Délégation aux outre-mer de l’Assemblée nationale est chargée d’informer sur toutes les questions relatives aux outre-mer et participe à l’évaluation des politiques publiques des territoires ultramarins. Elle est composée de 54 députés, dont les 27 députés des territoires ultramarins. Grâce à la création de trois missions d’information, la délégation souhaite s’intéresser à la question des enjeux démographiques, de l’autonomie alimentaire et de l’autonomie énergétique. En 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a en effet inscrit l’autonomie énergétique comme objectif à atteindre à horizon 2030 pour les territoires ultramarins, même si à l’heure actuelle « l’ensemble des outre-mer sont très dépendantes d’énergies fossiles », a rappelé le président de la délégation Moetai Brotherson, également député de la Polynésie française. De son côté, l’ADEME, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, estime que la transition énergétique des outre-mer est possible, d’un point de vue économique et environnemental, à partir de 2035 seulement, et nécessitera de nombreuses adaptations des territoires.


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SAINT-PIERREET-MIQUELON Christine Follet, marraine du Congrès qui cette année a été organisé avec la Région Normandie. La Normande a décrit son parcours de scaphandrière à chef d’entreprise de culture de macro-algues.

CONGRÈS SUR LES SCIENCES AQUATIQUES : LES FEMMES ET LA MER À L’HONNEUR

La 2ème édition du Congrès international sur les sciences aquatiques s’est déroulée fin septembre à Saint-Pierre et à Miquelon. L’occasion de rencontrer sa marraine, Christine Follet, l’une des premières femmes plongeuses professionnelles de France. Un rôle qu’elle a investi avec modestie, mais non sans une certaine fierté. Rédaction : Mariane Aimar Née au Havre, Christine avait dans son enfance une peur panique de ce qui se passait sous l’eau. À l’adolescence, elle découvre la plongée sous-marine et, très vite, s’accroche à cette activité qui lui permet d’appréhender la mer sous un autre angle. Adulte, elle travaille dans un tout autre domaine, le secrétariat, mais à 30 ans, décide de faire de sa passion un métier. Elle s’inscrit en 1996 à l’Institut national de la plongée professionnelle (INPP) de Marseille, et découvre un monde très masculin. C’est là que l’on forme les futurs plongeurs scaphandriers qui sauront ensuite souder ou couler du béton par 40 mètres de fond. Dans ce milieu musclé, elle est la seule femme, mais sait vite se faire accepter. Une fois titulaire de son certificat d’hyperbarie, elle travaille sur de nombreux chantiers sous-marins, plongeant dans des eaux souvent troubles à construire des buses ou des infrastructures en mer. Avec la naissance de ses jumelles, le métier avec ses longues semaines d’absence se fait plus compliqué. Elle change alors de voie pour initier un projet de culture d’huîtres en plongée. Pour obtenir une concession sous-marine, il lui faut un diplôme. Elle retourne sans hésiter sur les bancs de l’école et obtient son brevet aquacole et maritime. En 2000, elle crée sa ferme et installe par -14 mètres des tables de culture. Durant 13 ans, elle élève et commercialise les fameuses huîtres « Belles Fermanvillaises » qui feront sa réputation. Aujourd’hui, devenue auditrice en certification hyperbare, elle s’assure que les sociétés employant des scaphandriers connaissent et respectent les nouvelles normes liées aux travaux sous-marins.

Le congrès a accueilli une trentaine de participants, des scientifiques et entrepreneurs du Canada et de France métropolitaine.

UN CONGRÈS FÉDÉRATEUR L’objectif pour l’organisateur du congrès, Archipel Développement, était de mettre en lien scientifiques, entreprises, formateurs et acteurs locaux autour de la mer et des filières marines. Une mission réussie avec, durant quatre jours, de nombreuses conférences et partages d’expériences. Les participants ont ainsi pu échanger sur les différents types d’aquaculture avec notamment des retours d’expérience en aquaponie, en pêche à l’holothurie, en algoculture et raniculture (élevage des grenouilles). En mettant les sciences au service du développement économique, l’organisateur espère, dès l’année prochaine, voir émerger des entreprises tournées vers les ressources marines. Et en parallèle, la mise en place de formations spécifiques sur le territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon. Une manière d’offrir aux jeunes un avenir dans des filières marines porteuses.


PUBLI-COMMUNIQUÉ

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L’OFB DÉPLOIE UNE BOÎTE À OUTILS DÉDIÉE À LA LUTTE CONTRE LES « EEE » C ause (EEE)

majeure de perte en biodiversité mondiale , les espèces exotiques envahissantes

mobilisent de nombreux acteurs sur les territoires français.

D’importants

besoins de

connaissances sont encore nécessaires pour réduire les dommages causés par ces espèces .

L’OFB propose une boîte à outils pour accompagner les gestionnaires et agir concrètement. CONNAÎTRE, INFORMER, MUTUALISER QUELS ENJEUX AUTOUR DES EEE ? Une espèce exotique envahissante (EEE) est une espèce introduite par l’Homme de manière volontaire ou non, sur un territoire hors de son aire de répartition naturelle, et qui menace les écosystèmes, habitats naturels ou espèces locales. Les EEE sont l’une des principales causes de disparition de la biodiversité à l’échelle mondiale : selon la Liste rouge de l’UICN, elles constituent un danger pour près d’un tiers des espèces terrestres menacées et sont impliquées dans la moitié des extinctions connues. Les territoires d’outre-mer sont très fortement impactés par la présence d’espèces exotiques, notamment du fait de l’insularité des territoires (hors Guyane) et des forts taux d’endémisme. Toutes les collectivités ultramarines françaises sont concernées par les invasions biologiques : parmi les 100 espèces les plus envahissantes au monde, 60 sont présentes dans au moins un territoire ultramarin !

Pour accompagner les acteurs dans leurs réponses face aux phénomènes causés par les EEE, l’OFB s’est associé au Comité français de l’UICN pour déployer un centre de ressources dédié. Grâce à l’appui d’un important réseau, ce dispositif assure la mise à disposition de connaissances, la diffusion de savoir-faire, de bonnes pratiques et le développement de formations. De nombreuses ressources sont disponibles sur http://especes-exotiques-envahissantes.fr/ et via le Réseau EEE Outre-mer https://especesenvahissantes-outremer.fr L’OFB et le Comité français de l’UICN ont par ailleurs publié cette année le 4 ème volume du guide Les espèces exotiques envahissantes, dans la collection « Comprendre pour agir ». Une documentation qui rassemble des informations pratiques et expériences de gestion afin de centraliser les connaissances actuelles sur les invasions biologiques, de connaître l’état de la législation en vigueur et de mutualiser les pratiques éprouvées sur le terrain. Ce nouveau volume présente 25 retours d’expériences de gestion inédits, dont huit en outre-mer.

+ d’info ici : Accès au guide consacré aux EEE

En Guyane, le niaouli (Melaleuca quinquenervia) et Acacia mangium, cultivés pour divers usages, menacent les savanes. © Alizée Ricardou | GEPOG + d’info ici :

Article e-mag n°6 sur les savanes littorales

Le guide de l’OFB et du Comité français de l’UICN consacre une fiche au travail de l’ONF sur la petite mangouste indienne (Herpestes javanicus) qui fait des ravages sur les sites de ponte des tortues marines en Martinique. © Cyril Cottaz | OFB


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AGIR SUR LE TERRAIN L’OFB conduit, accompagne et finance un grand nombre d’actions de lutte contre les EEE en outremer. En Guadeloupe par exemple, les équipes locales s’intéressent aux populations de vertébrés introduits comme les chats, chèvres et poules qui menacent certains reptiles en danger des îlets des Saintes. Monter les protocoles de suivi, trouver des méthodes pour réduire voire extraire les espèces invasives et maîtriser les effets en cascade ou inattendus : tels sont les objectifs portés par l’OFB localement. L’établissement consacre ainsi une part de son budget au financement de projets de lutte contre les EEE. En 2021, ce sont six projets d’actions de terrain qui ont été lauréats de l’appel à projets Mob’Biodiv (session 2), soit près de 700 000 € d’aides débloqués. En parallèle, le programme Te Me Um soutient les associations locales et les collectivités qui agissent pour sensibiliser les citoyens ultramarins à la reconnaissance des espèces invasives, à leurs impacts et aux bons réflexes à adopter. Quatre micro-projets Te Me Um sont actuellement en cours sur cette thématique.

À Mayotte, l’escargot géant d’Afrique (Achatina fulica) s’attaque aux cultures vivrières et peut causer des maladies graves. Ce gastéropode pouvant atteindre 20 cm se classe, comme les autres animaux et végétaux illustrant cet article, parmi les 100 espèces les plus invasives au monde. © Romy Loublier

« COUP DE POING » SUR LES EEE La France a lancé son premier plan d’action consacré aux EEE sur la période 2022-2030. Un budget de 1,5 million d’euros a été alloué pour 2022 via un appel à projets « coups de poing » pour mieux prévenir l’introduction et la propagation des EEE. Les projets ultramarins y sont identifiés comme étant prioritaires.

Autre piste face à cette problématique : la valorisation économique des EEE. Le déploiement de cette valorisation n’est pas sans risques mais ce type de projet peut être accompagné au cas par cas par l’équipe « Économie et biodiversité » de l’OFB.

Dans l’outre-mer français, de l’océan Pacifique aux Antilles, le miconia (Miconia calvescens) est un véritable fléau qui menace les plantes endémiques et entraîne une érosion des sols.

Animaux portés par un capital sympathie, les chats ensauvagés n’en restent pas moins des prédateurs invasifs redoutables dans les outre-mer. © Fabrice Brescia | IAC

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SAINT-MARTIN SENSIBILISER LES ENFANTS POUR TOUCHER LES PARENTS V incent O liva pilote le pôle É ducation à l ’ environnement de la R éserve naturelle nationale de Saint-Martin. Depuis 2018, il intervient dans les établissements scolaires ou auprès des enfants défavorisés pour leur ouvrir les yeux sur l ’ environnement .

E t leur donner envie de le préserver .

différents. Ce travail a d’ailleurs été plébiscité par le Rectorat des Îles du Nord et nous avons reçu en juin dernier le Prix académique Éducation au développement durable 2021-2022. Une véritable reconnaissance de notre rôle de « référent Aires éducatives » pour les Îles du Nord.

• Quelles sont les spécificités de l’éducation à l’environnement à Saint-Martin ? - L’île abrite une société cosmopolite riche de près de 60 nationalités. Or, les nouveaux arrivants venus de Saint-Domingue, d’Haïti ou d’Amérique du Sud apportent leurs habitudes. Ils ont ainsi tendance à jeter leurs déchets n’importe où alors que l’île dispose de poubelles, d’un système de ramassage et même de bornes de tri sélectif. Cette population est peu sensibilisée à son environnement et aux bons gestes à adopter. Nous avons donc un véritable défi à relever pour provoquer une modification des comportements.

Photo : © RNNSM

• En quatre ans d’actions de sensibilisation, avezvous observé une évolution dans les habitudes ?

INTERVIEW VINCENT OLIVA, RESPONSABLE DU PÔLE ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT • Depuis sa création, comment s’est développé le pôle Éducation à l’environnement ? - Le pôle a vu le jour en 2018, mais, en 2020, la réserve a bénéficié, comme toutes celles de France, d’un financement du ministère de l’Environnement pour un poste à temps plein de responsable pédagogique. Cela m’a permis de me consacrer totalement aux interventions durant l’année scolaire et de développer nos activités. Ainsi, en 2021, nous avons sensibilisé 6 688 personnes, dont 6 400 enfants sur 33 thèmes

- Bien sûr ! Je croise souvent les enfants que j’ai sensibilisés au primaire. Arrivés au collège, ils ont déjà bénéficié de plusieurs ateliers sur l’environnement et ils ont réellement pris conscience que leurs gestes du quotidien avaient un impact direct sur le milieu naturel. Et le plus satisfaisant est de rencontrer leurs parents, un jour, par hasard. Ils me disent alors que leur enfant parle tous les jours d’environnement ! Donc en sensibilisant les plus jeunes, on mobilise aussi les parents, qui s’impliquent davantage pour la préservation de l’île.

• Quels seraient les trois éléments que vous aimeriez voir évoluer dans le comportement des habitants de Saint-Martin vis-à-vis de la nature ? - En premier lieu, leur rapport aux déchets. Mais aussi, le respect de la règlementation notamment par rapport aux feux et barbecues sur les plages qui sont encore trop nombreux sur les sites de ponte des tortues marines. Enfin, en mer, les comportements doivent encore évoluer pour qu’on ne voie plus d’ancrage de bateaux dans les herbiers ou les récifs coralliens. Rédaction et interview : Mariane Aimar


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SAINTBARTHÉLEMY Étapes de transformation des sargasses. Le slogan du projet : « transformer une menace en opportunité ». © Sargasse project Ce projet innovant a tout récemment reçu le Grand Prix du Tech4Islands Summit, organisé en octobre à Tahiti.

L’entreprise Sargasse Project,

LES SARGASSES TRANSFORMÉES EN BIOMATÉRIAU

lauréate du concours Innovation

Outre-mer

en

2019,

a trouvé

une solution écologique pour valoriser ces algues qui s’échouent par milliers sur le littoral des

Caraïbes : les transformer en pâte à papier pour produire des cartons et produits d’entretien. • Vous envisagez d’ouvrir une usine en Guadeloupe, quand verra-t-elle le jour ? - L’idée de départ était d’ouvrir une fabrique pilote mais on attend d’avoir un prototype vraiment commercialisable. J’habite à Saint-Barthélemy depuis 12 ans, le prix du foncier est trop élevé pour envisager d’y implanter notre fabrique. Nous avons pensé à la Guadeloupe, du côté de Petit-Bourg, où nous aurons aussi une importante matière première à disposition. Si le projet s’avère concluant, on se déploiera dans les autres territoires touchés par les sargasses comme la Martinique, le Mexique, la Floride ou les côtes ouest africaines.

INTERVIEW PIERRE-ANTOINE GUIBOUT, FONDATEUR DE SARGASSE PROJECT • Le « Sargasse Project », c’est quoi ? - Notre projet est de créer une matière première à base de sargasses pour produire du carton et des produits comme du cirage. On a mis au point une pâte 100 % sargasses que l’on souhaite revendre ensuite à des industriels. Nous sommes en phase de réalisation des prototypes et les premiers retours des fabricants métropolitains sont positifs, notre pâte a l’air de bien fonctionner. Pour la production de papier, il se pourrait que nous incorporions d’autres fibres, comme celles de banane ou de canne à sucre, car les fibres de sargasses sont très courtes, ce qui rend la pâte plus cassante.

• En quoi la transformation des sargasses en un biomatériau est-elle utile et écologique ? - On observe un accroissement de la consommation de papier, encore plus depuis le Covid. Il est important de trouver des moyens de substitution pour ces cartons afin d’éviter la déforestation. Nous voulions aussi transformer une algue toxique de façon vertueuse. Lorsqu’elles s’échouent sur nos côtes, les sargasses sont une plaie car elles dégagent un gaz toxique dangereux pour la santé. Il y a dix ans, cette algue était présente seulement deux à trois mois dans l’année, aujourd’hui on peut l’observer sur les plages durant six mois. À terme, elle sera présente toute l’année. Il est donc urgent de créer des projets de valorisation pouvant allier économie et écologie. Rédaction et interview : Marion Durand

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LOGEMENT SOCIAL ULTRAMARIN : LES TERRITOIRES, CLÉ DE L’EFFICIENCE DES POLITIQUES DE L’HABITAT

Discours d’ouverture du colloque du 26 septembre 2022 à Paris, au Palais du Luxembourg, par Georges Patient, Sénateur de la Guyane.

Le 26 septembre s’est tenue la seconde édition du colloque associant tous les territoires d’outremer sous l’égide de Georges Patient et Teva Rohfritsch, sénateurs de la Guyane et de la Polynésie française. L’USHOM  , en partenariat avec Interco’Outre-mer et l’ACCD’OM, a réuni plus de 200 élus et acteurs concourant au déploiement des politiques publiques de l’habitat ultramarin. 1

PROPOS ET INTERVIEW *

TEVA ROHFRITSCH,

* Extraits du colloque du 26 septembre au Palais du Luxembourg.

SÉNATEUR DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE « Le logement et l’habitat font l’objet de beaucoup d’espoirs dans de nombreuses familles ultramarines. Pourtant la politique de l’habitat n’est pas simple car chaque territoire dispose de spécificités propres et font face à des défis comme l’ingénierie financière et technique. Il convient donc de trouver des partenariats adéquats et une complémentarité d’action entre les collectivités territoriales locales et l’État pour mener des politiques d’aménagement qui soient territorialisées. La forte mobilisation des élus ultramarins au colloque de l’USHOM ainsi que les partenariats conclus 2 pour un accompagnement dans le déploiement des politiques publiques de l’habitat, démontrent la détermination et l’unité des élus ultramarins de toutes tendances politiques à se saisir de ces enjeux et y apporter des réponses concrètes. »

VAIMU’A MULIAVA, MEMBRE DU GOUVERNEMENT DE LA NOUVELLECALÉDONIE 3 « Aujourd’hui, nous sommes conscients de l’importance d’adopter une approche systémique de l’aménagement du territoire. Il faut donc s’interroger sur le sens de ce qu’on fait en matière de construction pour qu’à des problèmes océaniens, les solutions soient océaniennes. Ainsi, la territorialisation doit permettre d’adapter à nos logiques et à notre environnement les concepts qui nous viennent d’ailleurs. La finalité pour les territoires, c’est la construction d’un cadre de vie durable et soutenable pour nos concitoyens. Aussi, par cette convention avec l’USHOM dont les actions au bénéfice des territoires d’outre-mer sont reconnues depuis plus de 20 ans, le gouvernement calédonien souhaite poursuivre le dialogue constructif avec les experts pour imaginer ensemble l’habitat océanien de demain. »

Union Sociale pour l’Habitat Outre-Mer. | 2 À l’initiative des Associations des Maires de Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte, du Gouvernement calédonien et de la Collectivité de Saint-Martin avec l’USHOM. | 3 En charge de la construction, l’urbanisme et l’habitat. 1


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Signatures de conventions partenariales avec l’USHOM : Collectivité de Saint-Martin ; Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ; Fédération régionale des EPL de la Caraïbes et de l’océan Indien ; Commission Outre-mer de la Fédération des EPL.

Des taux de pauvreté en outre-mer supérieurs à l’Hexagone.

FRANÇOIS CAILLÉ, PRÉSIDENT DE L’USHOM, ET MAURICE

GIRONCEL, Les élus ultramarins se sont mobilisés avec l’USHOM au Palais du Luxembourg, en faveur de l’habitat en outre-mer.

ALAIN RICHARDSON, 1 VICEPRÉSIDENT DE LA COLLECTIVITÉ TERRITORIALE DE SAINTMARTIN ER

« Le logement est un véritable outil de la dignité humaine. À Saint-Martin, suite au passage d’Irma, il y a une véritable crise du logement pour laquelle il est impératif de conjuguer les efforts et de décider comment et avec qui reconstruire les logements. C’est pourquoi, l’objectif pour la Collectivité de Saint-Martin est de fédérer à ses côtés à la fois les financeurs, les opérateurs et l’État pour la mise en place d’une politique du logement ambitieuse et résolument saint-martinoise. Les actions menées au bénéfice de notre territoire, à l’image du séminaire organisé par l’USHOM en juillet, devront ainsi contribuer à réunir les forces vives saint-martinoises. Aussi, c’est dans ce contexte et avec cette finalité que la Collectivité de Saint-Martin signe ce partenariat avec l’USHOM. » + d’info ici : Communiqué de presse des élus ultramarins

PRÉSIDENT D’INTERCO’OUTRE-MER ET DE L’ACCD’OM • Le colloque que vous avez organisé a mobilisé de nombreux élus ultramarins. Quelles sont selon vous les conclusions à tirer ? - La crise du logement qui touche tous les territoires ultramarins et la difficulté de la puissance publique, malgré les ambitions des PLOM successifs – plans logement Outre-mer – à atteindre ses objectifs, notamment ceux liés au rattrapage des retards, sont au centre des préoccupations de nos territoires. Ainsi, et pour pallier les contraintes structurelles et conjoncturelles qui pèsent sur l’habitat outre-mer, le soutien de la puissance publique à ce secteur stratégique pour le développement économique et social des territoires doit se traduire par un renforcement tant des crédits alloués pour rendre efficiente l’opérabilité de ces politiques au niveau local que de l’accompagnement sur l’ingénierie auprès des collectivités.

• Après le colloque, quelle action l’USHOM souhaite mener pour accompagner les territoires dans la mise en œuvre effective de la territorialisation de la politique publique de l’habitat ? - À l’issue de ce colloque et dans la perspective du PLOM 3, après échange avec les Associations des Maires et ses partenaires (Interco’Outre-mer et ACCD’OM), l’USHOM est chargée d’élaborer le premier livre blanc sur l’habitat Outre-mer qui intégrera l’ensemble des DROM-COM.

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MARTINIQUE AUX AVANT-POSTES DE LA LUTTE CONTRE LES INVASIONS BIOLOGIQUES Dès le début de notre entretien, Jeanne de Reviers, chargée de mission « plantes exotiques envahissantes » au Conservatoire botanique national de Martinique, annonce clairement : « Les espèces exotiques envahissantes sont une des premières causes documentées de disparition d’espèces dans le monde

».

Selon l’IUCN, il s’agit en effet de l’une des principales causes d’érosion de la biodiversité. Jeanne de Reviers nous explique comment le Conservatoire botanique national de Martinique (CBNMq) lutte contre les espèces végétales exotiques envahissantes présentes sur l’île et se mobilise en faveur du développement des plantes indigènes. On parle de plantes exotiques envahissantes pour décrire des espèces étrangères à un territoire qui, en préemptant le milieu, nuisent à la biodiversité locale. « Lorsqu’elles sont importées au-delà de leur aire de répartition naturelle, ces espèces développent un avantage compétitif, menaçant alors la biodiversité indigène », résume Jeanne de Reviers. En Martinique, diverses plantes menacent en effet actuellement les espaces naturels. En tant que couvresol, la sonde ( Tradescantia spathacea ) notamment, particulièrement utilisée dans les aménagements paysagers, empêche la régénération de la forêt en impactant Acacia muricata et Cynophalla hastata, en danger d’extinction. Le tulipier du Gabon (Spathodea campanulata), très visible en milieu urbain ; le bien nommé cancer vert (Miconia calvescens) qui pousse sur les berges de certaines rivières et représente l’espèce la plus dangereuse pour les écosystèmes insulaires comme la Martinique ; et la langue de bellemère (Sansevieria trifasciata et Sansevieria hyacinthoides) font également partie des espèces végétales invasives les plus préoccupantes pour le territoire.

La chargée de mission Jeanne de Reviers. © Axelle Dorville

Ces plantes sont non seulement responsables de l’érosion de la biodiversité mais aussi du sol, précise Jeanne de Reviers, prenant l’exemple du bambou qui, en s’accumulant dans les cours d’eau, crée des embâcles à l’origine de retenues d’eau, qui vont alors grignoter les berges. Endiguer la prolifération de ces espèces, « en déconstruisant l’a priori selon lequel l’introduction de nouvelles espèces sur un territoire serait nécessairement bénéfique pour la biodiversité » est donc un enjeu majeur. Pour ce faire, Jeanne de Reviers, animatrice du groupe de travail « plantes exotiques envahissantes » en Martinique, s’attelle à fournir du conseil scientifique et technique aux acteurs impliqués dans la gestion de la flore : gestionnaires d’espaces naturels, collectivités et services de l’État, pépiniéristes, fleuristes, paysagistes. Améliorer les pratiques de gestion, optimiser la détection et l’intervention précoce pour lutter contre les espèces exotiques émergentes, mettre en place des actions de régulation et de destruction des espèces problématiques, et encourager l’émergence d’une filière locale de plantes indigènes sont autant d’actions mises en œuvre par le CBNMq pour préserver la flore autochtone et assurer la biodiversité nécessaire à la survie des écosystèmes. « Tout gestionnaire peut être amené à travailler dans la lutte contre les invasions biologiques », ajoute Jeanne de Reviers. « Nous voulons encourager tous les acteurs de la nature et des loisirs à s’impliquer sur ce sujet, et en particulier les professionnels du végétal auprès des particuliers. » Car l’évasion dans la nature des espèces plantées dans les jardins pour leur intérêt ornemental, constitue la principale source de création de populations d’espèces envahissantes en milieu naturel. Il convient de le rappeler : l’introduction dans le milieu naturel de végétaux exotiques est interdite depuis 2016 en France. Rédaction : Axelle Dorville


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Ci-dessus : Jeanne déterre une langue de belle-mère. En 2022, le CBNMq a mené une action coup de poing au Cap Salomon, avec les jeunes du RSMA et la brigade environnement de la communauté de communes de l’Espace Sud, pour libérer le site de l’invasion de la sonde, autre espèce envahissante. © Axelle Dorville

Très robuste, la langue de belle-mère, dont les besoins en eau sont limités, s’accommode des milieux ensoleillés comme ombragés. Même en coupant la partie aérienne de la plante, elle repousse aisément grâce aux nutriments stockés dans ses racines pivots qui s’enfoncent relativement profondément dans le sol. Ce sont ces avantages compétitifs qui lui procurent son caractère envahissant. © Axelle Dorville Parmi les 100 espèces végétales les plus invasives, le tulipier du Gabon a été importé d’Afrique pour sa floraison spectaculaire. Cet arbre crée en Martinique une pression sur les habitats des espèces indigènes et intoxique les pollinisateurs. À La Réunion, le Parc national a récemment lancé une campagne de destruction afin de lutter contre sa prolifération. © CBNMq | EEC

Dénommé « cancer vert », cet arbre haut de 4 à 12 mètres est présent également en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et en Guadeloupe. Cette espèce (Miconia calvescens) est responsable de la destruction de forêts entières. Identifiée près de la Réserve biologique intégrale de la Montagne Pelée, elle représente une menace urgente pour la biodiversité martiniquaise. © DEAL de la Martinique

Distribuée par les pépiniéristes, fleuristes et valorisée par les décorateurs d’intérieur, la langue de belle-mère est cependant interdite de détention et de vente. Dans la commune martiniquaise des Trois-Îlets, l’espèce a envahi la zone de la Pointe du Bout. La plage de l’Anse Moustique à Sainte-Anne est aussi concernée. © Axelle Dorville

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RETOUR SUR LE PREMIER SÉMINAIRE « MOUILLAGES MARINS » DE MARTINIQUE

L’O ffice de l ’E au M artinique , en partenariat avec le P arc naturel marin , a organisé le 6 octobre un séminaire consacré à la thématique des mouillages marins . R étrospective de cet événement qui s ’ est tenu au P alais des C ongrès de M adiana .

La Martinique est une destination de plus en plus prisée des navigateurs de plaisance. Sa position centrale au sein des Petites Antilles, ses baies abritées, ses îlets et la présence d’alizés constants une partie de l’année lui confèrent les avantages parfaits pour la pratique de la plaisance tant à voile qu’à moteur. C’est aussi une destination idéale pour la pratique d’autres activités nautiques. Le développement des usages de la mer, ces dernières années, a généré de nouveaux besoins d’organisation en matière d’aménagement des plans d’eau. Des problématiques liées aux différentes formes de mouillages en mer ont notamment émergé et ont poussé certains élus locaux à appeler à la recherche d’une vision stratégique de l’aménagement des infrastructures permettant le stationnement des navires.

C’est dans ce contexte que le premier séminaire « mouillages marins » s’est tenu en Martinique le 6 octobre 2022 au Palais des Congrès de Madiana.

LE CONSTAT À l’heure actuelle, la majorité des sites de plongée ainsi que les sites naturels fréquentés par le nautisme ne sont pas équipés de dispositifs de mouillage. Or le stationnement des bateaux à l’ancre endommage les fonds marins abritant des écosystèmes riches et fragiles : herbiers et colonies coralliennes notamment. Seul 1 % des herbiers et des coraux est évalué en très bon état de conservation (source : IFRECOR, 2015). L’enjeu de conservation de ces habitats essentiels est donc prioritaire.

Ci-dessus : le mouillage de Sainte-Anne accueille jusqu’à 400 bateaux durant la haute saison, de novembre à mars.


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Cliquez ICI pour agrandir l’image. Retrouvez le séminaire mouillages ODE en replay sur notre site www.eaumartinique.fr

organisation des plans d’eau, outils existants. La journée a été enrichie par les témoignages et retours d’expériences d’élus, d’usagers et de gestionnaires du milieu marin de Martinique, mais également de Méditerranée, de Sainte-Lucie et de Guadeloupe. De plus, lorsque des mouillages sont présents, une partie d’entre eux n’est pas conforme – chaînes autour des massifs coralliens par exemple – et induit également des dommages sur le milieu naturel.

UN SÉMINAIRE Le 6 octobre, les équipes de l’Office de l’Eau et du Parc naturel marin de Martinique – qui fait partie de l’OFB – se sont ainsi associées pour organiser un séminaire dédié aux mouillages marins à l’attention des usagers de la mer, des acteurs et décideurs. L’objectif ? Poser un cadre factuel sur la problématique : situation du nautisme et du mouillage en Martinique, leurs impacts sur l’état du milieu marin, le cadre réglementaire, responsabilités des acteurs,

PERSPECTIVES • Continuer à accompagner techniquement et financièrement les professionnels de la mer dans l’aménagement de mouillages écologiques sur des sites stratégiques et à forte sensibilité environnementale ; • Construire avec l’ensemble des acteurs et décideurs une « stratégie mouillage » à l’échelle de l’île, associant développement économique et écologie ; • Enfin, adresser aux élus de la Martinique, réunis en Congrès, toutes les propositions recueillies, en vue d’éclairer leurs orientations futures sur l’organisation des mouillages. Rédaction : Alexandre Arque et Gaëlle Hiélard | ODE Martinique

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GUADELOUPE

CONCILIER BIODIVERSITÉ ET HÉBERGEMENT TOURISTIQUE, LE PARI GAGNÉ DES GÎTES « ESPRIT PARC NATIONAL » La marque « Esprit Parc national » labellise des établissements et activités touristiques soucieux de la préservation de la nature et de la promotion des territoires et des patrimoines.

Au nord de la Basse-Terre, des

tauration de corail avec l’association Ocean Quest. « Nous souhaitions faire encore plus pour l’environnement. Aujourd’hui, quand une nuitée est réservée, on plante un corail, c’est à la fois symbolique et très concret, les clients peuvent aller voir le résultat, la sensibilisation est immédiate ! ».

gîtes proposent des hébergements alliant tourisme et biodiversité.

Les communes de Pointe-Noire et de Deshaies se situent à proximité du cœur du Parc national de la Guadeloupe, espace naturel protégé exceptionnel. Dans ces communes, deux opérateurs touristiques, engagés pour la valorisation des patrimoines naturels et culturels locaux, ont vu leurs démarches récompensées par l’obtention de la marque « Esprit Parc national ».

AU JARDIN DES COLIBRIS L’écolodge Au jardin des colibris est un ensemble d’hébergements insolites qui s’insèrent dans un paysage boisé laissé intact par leurs propriétaires, dont Matthieu Cornet, qui nous explique : « En nous installant en 2016, nous nous sommes glissés entre les arbres pour construire les hébergements en dérangeant la nature a minima, et créer cette bulle végétale qui sert de refuge à plus de 25 espèces d’oiseaux ». L’établissement s’engage également dans un projet de res-

LALIWONDAJ KOTÉSI Les hébergements Laliwondaj Kotési 1 offrent quant à eux une déambulation dans un écomusée à ciel ouvert. Geneviève Francius, la propriétaire du site, nous raconte : « En arrivant sur les lieux en 2006, j’ai découvert un sous-bois aux arbres merveilleux : mapou, gommier rouge, bois d’inde… et j’ai entendu un concert de chants d’oiseaux, dont le « tap-tap » caractéristique du pic de Guadeloupe 2 ! ». Geneviève a alors développé son site en mettant en avant la faune et la flore présentes mais également l’histoire volcanique particulière du lieu. Elle organise des visites guidées axées sur les plantes ou les personnages mythiques de la Guadeloupe et accueille le public scolaire dans les jardins tout au long de l’année. Ces deux exemples d’initiatives guadeloupéennes participent ainsi à constituer une gamme d’hébergements touristiques variée et soucieuse de la préservation de la biodiversité de l’archipel. Rédaction : Lucie Labbouz

Ci-dessus : passerelle sinuant entre les bungalows du Jardin des Colibris, un gîte marqué « Esprit Parc national ». © Clément Louineau 1 Le nom signifie « L’environnement de ce côté-ci ». | 2 Le pic de Guadeloupe est le seul oiseau strictement endémique de l’île.


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Écolodge en bois Au Jardin des Colibris. l Un colibri madère. © Aujardindescolibris| Décor extérieur du gîte. © Les deux pieds dehors

Ci-dessus : un aperçu du décor de Laliwondaj Kotési à Pointe-Noire, et de son écomusée en plein air. © Lucie Labbouz

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GUYANE Inselberg de la Réserve naturelle nationale des Nouragues, la plus grande réserve naturelle terrestre de France. Cet inselberg granitique culmine à plus de 400 mètres. © Emmanuel Rondeau | WWF France

GUYANE, UN JOYAU DE BIODIVERSITÉ À PRÉSERVER Région

ultrapériphérique européenne située sur le continent sud - américain , la

couverte d ’ une forêt primaire sur plus de

90 %

de sa superficie .

La

Guyane

est

nécessaire préservation

de la biodiversité est essentielle pour le développement économique et l ’ attractivité du territoire .

Éclairage avec Laurent Kelle, responsable du WWF France en Guyane.

© Hugo Hebbe

de Guyane, en 2022 on y dénombre encore plus d’une centaine de sites miniers illégaux. Ces chantiers induisent de la déforestation, ont un impact majeur sur l’équilibre des écosystèmes aquatiques, et engendrent des impacts sociaux et sanitaires car les cours d’eau étant pollués, les communautés autochtones n’ont plus accès aux ressources du fleuve. Si le mercure est interdit depuis 15 ans en Guyane, il y est encore utilisé par les orpailleurs illégaux, qui s’approvisionnent dans les pays voisins.

• Quelles sont les actions mises en œuvre pour protéger la biodiversité terrestre et marine ?

INTERVIEW LAURENT KELLE, RESPONSABLE DU WWF FRANCE EN GUYANE • Quels sont les grands enjeux de protection du territoire ? - Si la Guyane n’est pas impactée par des actions de déforestation de grande ampleur comme cela est le cas en Amazonie brésilienne, on a, malgré tout, des enjeux importants liés à la préservation de la biodiversité. Sur le plateau des Guyanes, les écosystèmes sont fortement impactés par les pratiques minières. On observe en particulier un impact significatif sur la biodiversité aquatique, qui recèle un fort taux d’endémisme. Malgré les efforts menés par le Parc amazonien

- Le WWF travaille à la promotion d’une meilleure connaissance collective du plateau des Guyanes, qui est une entité biogéographique cohérente, et dont l’important réseau hydrographique représente 15 à 20 % de l’eau douce disponible à l’échelle de la planète ! Après le Guyana, le Suriname a ratifié la convention de Minamata pour limiter l’utilisation du mercure. Dans le cadre d’une récente initiative, le rôle du WWF est de faire en sorte que les engagements pris soient tenus, car il y a un fort intérêt au Guyana, au Suriname, mais aussi en Guyane, à l’arrêt de l’utilisation de ce métal dans l’ensemble de la région. Nous œuvrons aussi avec la filière pêche pour limiter son impact sur les espèces menacées. Il y a 15 ans, le chalutage crevettier était impliqué dans les captures accidentelles de tortues, avec plus d’un millier de captures par an. Grâce au dispositif novateur « TED », créé pour que les tortues puissent s’échapper des filets par une trappe d’évacuation, la collaboration des pêcheurs a permis de réduire de 95 % ces prises accidentelles.


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Un projet similaire est en cours avec les pêcheurs côtiers. Cependant, là aussi, une grande partie des pressions est connectée aux pays voisins. En octobre 2021, lors du dernier survol aérien entre Kourou et Awala-Yalimapo, nous avons dénombré 27 bateaux en zone côtière. Parmi ces 27 bateaux, 25 étaient en provenance du Suriname ou du Guyana. Pour protéger la biodiversité terrestre et marine ainsi que les conditions de vie des populations de Guyane, la coopération avec les pays voisins est donc essentielle. Concernant la pêche illégale, des vidéoconférences ont été organisées avec les Affaires maritimes du plateau des Guyanes. L’ensemble des interlocuteurs est prêt à échanger et à se mobiliser. C’est une des forces du WWF dans la région, que de pouvoir faire des propositions d’actions transfrontalières, notamment sur des problématiques dont les racines se situent au-delà du territoire guyanais ! Rédaction : Sandrine Chopot

La tortue luth nidifie sur les côtes guyanaises presque toute l’année, mais deux saisons principales de ponte existent : d’avril à août essentiellement, puis de novembre à janvier. Les femelles pondent 5 à 7 fois par saison une centaine d’œufs qui écloront 60 à 70 jours plus tard. Il faudra aux tortues survivantes 10 ans pour devenir adultes. La tortue luth est notamment menacée par les filets de pêche et la présence de bateaux près des plages de ponte. © Roger Leguen | WWF

WWF GUYANE... EN BREF • Un bureau permanent depuis plus de 20 ans • Quatre salariés • Plus de 20 partenaires sur les différents projets : services de l’État, collectivités, autorités coutumières, établissements publics, associations locales, scientifiques, acteurs socioéconomiques… • PROJETS MARQUANTS : protection des sites de ponte de tortues marines de l’ouest guyanais, mobilisation contre l’orpaillage illégal, démonstration des dangers de l’industrie minière (Montagne d’or), mise en place de techniques de pêche à moindre impact, premiers inventaires du dauphin de Guyane, cogestion des îlets Dupont, appui à la structuration de filières soutenables, coopération régionale, collaboration avec les communautés locales.

Ambiance forestière dans la Réserve naturelle nationale des Nouragues. © Emmanuel Rondeau | WWF France

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grandeur Nature + d’info ici : www.cirad.fr

RÉVÉLER LES TRÉSORS DES BOIS DE GUYANE G râce

aux services de séquestration du carbone assurés par les écosystèmes forestiers ,

et dans un contexte de demande croissante en produits biosourcés issus du bois , la forêt guyanaise est une ressource inestimable .

Explications avec les membres du laboratoire des Sciences du bois de l’unité mixte de recherche Écologie des Forêts de Guyane (UMR Ecofog). Notre objectif est de diversifier les usages du bois sous forme massive et déconstruite et d’identifier la qualité du bois optimale pour un usage donné : pour la construction, le génie civil, l’ameublement, etc. Et d’autre part, d’identifier les essences les plus adaptées à la plantation et de concevoir des itinéraires techniques de production.

ROMAIN LEHNEBACH, CHERCHEUR AU CIRAD ET RESPONSABLE DU LABORATOIRE DES SCIENCES DU BOIS « Les sciences du bois intègrent plusieurs disciplines, de l’implication du bois dans le fonctionnement de l’arbre et des forêts, jusqu’aux propriétés technologiques des bois des différentes espèces. Elles répondent au double enjeu de conservation de la biodiversité et du développement de la filière bois.

Nous travaillons par ailleurs à la valorisation chimique des bois, pour des usages pharmaceutiques, antifongiques ou nutraceutiques, et de façon plus conséquente pour la cosmétique. C’est tout l’objet du projet Aquilaria, destiné à produire de l’huile essentielle de bois d’agar, un produit à forte valeur ajoutée en parfumerie. Bien que les travaux sur ce sujet soient encore au stade expérimental, une véritable filière pourrait se mettre en place dans les années à venir. C’est ce qui fait la force de notre laboratoire : développer des activités sur des thématiques et disciplines variées et se nourrir de cette diversité d’approches pour acquérir des connaissances fondamentales et développer des filières porteuses pour le territoire. »

Avec le doublement de la population guyanaise attendu d’ici à 2050, la production de bois doit tripler, ce qui nécessite de repenser les modes de production actuels. Par la mise en place de plantations forestières, la valorisation des bois issus de la défriche, ainsi que la diversification des essences exploitées, afin de faire face à cette augmentation de la demande tout en préservant au mieux les forêts naturelles. Nous étudions donc les stratégies de fonctionnement de plusieurs espèces d’arbres, ainsi que la diversité des propriétés physiques et mécaniques de leur bois.

Un arbre Aquilaria inoculé afin d’en tirer de l’huile essentielle de bois d’agar ou bois noir. C’est la réaction de défense de l’arbre face à l’intrusion de bactéries et champignons qui est à l’origine de la production du bois d’agar. © Cirad


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GUILLAUME SOKKE, TECHNICIEN MENUISIER APPRENTI AU SEIN DU LABORATOIRE

CLAIRE WAUQUIEZ, VOLONTAIRE DE SERVICE CIVIQUE

« Après avoir effectué un CAP d’ébéniste, j’ai rejoint l’équipe du laboratoire des sciences du bois en alternance pour une formation de Bac pro technicien menuisier-agenceur. Je suis chargé de la préparation des échantillons permettant l’évaluation des propriétés et de la qualité des bois. Le bois est rapporté de forêt en morceaux de différentes natures, en billons, plateaux ou planches que j’usine – actions de déligner, dégauchir, raboter, scier – en échantillons standards.

« Ingénieure en biotechnologies spécialisée dans le domaine de la biologie moléculaire des plantes, j’ai intégré le laboratoire des sciences du bois et de l’arbre du Cirad, dans le cadre du projet de recherche Aquil@Guyane.

Cela peut être des essences courantes – angélique, amarante, gonfolo, goupi, ébène vert, balata – ou peu connues, que je vais préparer suivant les demandes des chercheurs. J’aimerais continuer dans cette voie et surtout rester en Guyane après mon baccalauréat. »

Financé par l’Europe, ce projet élaboré avec la population Hmong, a pour objectif de lancer une filière de production d’huile essentielle en Guyane. L’Aquilaria est un arbre originaire de l’Asie du Sud-Est, introduit en Guyane par les Hmongs, et très prisé pour son huile essentielle issue du bois infecté, appelé bois noir ou agarwood. Ma mission est de développer la meilleure méthode d’extraction de cette huile essentielle, à partir de l’oléorésine produite en réaction à l’infection fongique des arbres, ou à partir de bois sain. En collaboration avec Romain Lehnebach du Cirad et Yannick Estevez du CNRS, j’élabore un plan expérimental destiné à déterminer la méthode de distillation du bois la plus efficace, pour maximiser le rendement et obtenir une huile de la meilleure qualité possible. Les échantillons de bois préparés par les techniciens sont broyés, avant d’être distillés selon différents paramètres. La prochaine étape est l’industrialisation des procédés afin de pouvoir produire cette huile essentielle à plus grande échelle, car ce projet possède un énorme potentiel en termes de développement économique et de développement des populations locales. »

Les techniciens menuisiers du Cirad usinent le bois destiné aux tests du laboratoire. © Cirad

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ÎLE DE LA RÉUNION L’ASSOCIATION ABYSS, « THE EARS OF THE OCEAN » F ondée

en

2009, l ’ association

Pourquoi d’une année à l’autre, les baleines à bosse sont-elles plus ou moins nombreuses près des côtes réunionnaises ? Un mystère que le projet Thétys tentera d’élucider, pour mieux protéger cette espèce considérée « vulnérable » à La Réunion. © Jérôme Raimbault

réunionnaise travaille sur le suivi spatio - temporel et la

conservation des mammifères marins et de leur milieu .

Abyss

est notamment connue pour

ses études éthologiques et bioacoustiques des cétacés dans le sud-ouest de l’océan Indien. 1

Zoom sur quatre projets phares en cours, présentés par des membres d’Abyss. BIEN-ÊTRE DES CÉTACÉS (BEC)

CETOSCOPE

Fabienne Delfour, docteur en éthologie cognitive, résume ce projet : « Aujourd’hui le monde marin subit diverses pressions et cela a des conséquences sur les animaux. Avec le projet BEC, nous cherchons à mesurer le niveau de stress des dauphins et des baleines à La Réunion. Et c’est une première ! Pour cela, la quantité de certaines hormones présentes dans leurs excréments et squames est notre meilleur indicateur. Grâce à cette étude, nous allons savoir si des espèces sont plus sensibles que d’autres aux activités humaines, si des individus sont plus stressés que d’autres, et si certaines saisons sont plus difficiles pour ces animaux. »

Selon l’éthologue Beverley Ecalle et Yann Doh, chercheur en acoustique sous-marine, ce projet « va nous aider à décrypter la communication des cétacés. On sait déjà que leur système de communication par vocalises est riche et complexe. Or face à un groupe de dauphins ou de baleines, nous sommes incapables d’identifier l’animal qui émet des sons, il n’y a aucun signal visuel. L’outil innovant Cetoscope 2, composé de quatre hydrophones et six caméras, permet de filmer la scène sous-marine dans son intégralité en 360°. On peut identifier l’animal qui produit les vocalises, associer ces sons à ses comportements et aussi observer les réponses des autres dauphins ou baleines autour ! »

BIO EPAR DEV Jean-Pascal Quod, docteur en biologie marine, évoque cet autre projet d’Abyss: « Bio Epar Dev s’intéresse aux déchets qui dérivent en mer. Détritus, objets en plastique ou bancs d’algues, nous en croisons lors de chacune de nos sorties en bateau… et autour de ces déchets flottants, toute une vie marine et de nombreux poissons. Ce projet vise à mieux connaître les animaux et végétaux qui vivent autour de ces épaves dérivantes, à identifier leurs origines et bien entendu à les ramener à terre pour éliminer cette pollution. Des échantillons partiront au laboratoire pour vérifier par exemple qu’il n’existe pas d’espèces potentiellement toxiques pour la faune locale ou pour les humains. L’objectif final est d’apprendre à mieux comprendre ces écosystèmes encore mal connus. » 1

THÉTYS Marion Ovize, écologue marin, conclut avec ce projet qui s’intéresse aux déplacements des baleines à bosse : « Si les baleines s’alimentent dans les eaux froides de l’Antarctique, La Réunion est un site très attractif lors de leur période de reproduction. Cette année, elles ont afflué par centaines au plus près de nos côtes. D’autres fois, elles ne sont qu’une poignée, rares et discrètes. Et on ne sait pas pourquoi ! Le projet Thétys utilise des images satellites très haute résolution, pour scanner l’océan et détecter la présence de baleines à bosse. Objectifs : percer les secrets de leur migration, découvrir de nouveaux sites où elles se rassemblent et comprendre cet écart de fréquentation selon les années et territoires, comme c’est le cas dans les eaux réunionnaises. »

Étude scientifique du comportement animal. | 2 L’Ifremer a mis à disposition son bassin d’expérimentation à Toulon pour calibrer le Cetoscope.


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TÉMOIGNAGE BERTRAND DENIS, COORDINATEUR DE PROJETS ABYSS ET OLIVIER ADAM, CHERCHEUR EN BIOACOUSTIQUE « Comprendre ce qui se passe sur les phénomènes très variables de migration et de fréquentation des baleines à bosse d’une année à l’autre fait partie de nos recherches. L’année dernière par exemple, elles étaient quasiment absentes le long des côtes réunionnaises, alors que cette année 2022 est une des plus importantes en termes d’observations depuis les 10 dernières années. Au cours des sorties en mer

réalisées en ce mois de septembre, nous avons pu parfois comptabiliser en une journée plus d’une quarantaine d’individus sur à peine quelques dizaines de kilomètres de prospections. C’est tout simplement incroyable et une chance extraordinaire pour notre territoire d’outre-mer, un message d’espoir et de prospérité pour la mégafaune marine. Maintenant nous nous devons de rester sur le qui-vive, car d’importantes menaces pèsent toujours sur le milieu marin. Ce n’est pas une nouveauté car on sait que les océans sont sous d’intenses pressions dues aux activités humaines. Il y aura, dans les 10 prochaines années, encore plus d’activités humaines en mer, plus d’exploitations de ressources océaniques. Est-ce que cela aura un impact sur les routes migratoires des baleines à bosse et sur les fréquentations des sites de l’océan Indien ? Grâce aux programmes de recherche que nous développons actuellement, nous avons comme objectif d’apporter de nouvelles connaissances sur ces cétacés, notamment sur leurs routes de migration complexes à l’échelle de l’océan Indien, et ainsi de mieux les connaître pour mieux les protéger. »

Rédaction : Stéphanie Castre

+ d’info ici : http://www.abyss-oi.com/ Vidéo de présentation des quatre projets scientifiques Le « Cetoscope » va faire avancer les connaissances sur le langage des cétacés. Comme les trois autres actions décrites précédemment, il s’inscrit dans le grand projet d’Abyss « Cet’Océan » qui s’achève fin 2022, soutenu par la Région Réunion, l’Europe et l’État. Ici une baleine à bosse et son baleineau, photographiés en août 2022 au large de La Réunion. Une meilleure compréhension du bien-être des cétacés, notamment en présence d’interactions avec l’homme, est l’objet de l’étude BEC menée par Abyss. © Jean-Christophe Boubault

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LE GRAND PORT MARITIME DE LA RÉUNION LUTTE CONTRE LA PROPAGATION DES ESPÈCES INVASIVES Placé au carrefour des routes maritimes, le GPMDLR est le seul port de commerce de l’île. P orte d ’ entrée des marchandises mais aussi d ’ un certain nombre d ’ espèces exotiques , la sensibilisation pour prévenir l’introduction de ces espèces est une priorité pour l’établissement. En raison de son positionnement géostratégique, la quasi-totalité des marchandises importées sur l’île de La Réunion, en provenance d’Asie, d’Afrique, d’Europe et du Moyen-Orient transitent par le Grand Port Maritime de La Réunion – ou Port Réunion. Les infrastructures sont de fait le point d’entrée principal pour de nombreuses espèces venant de différents continents, dont certaines particulièrement menaçantes pour la biodiversité de l’île. L’établissement a renouvelé sa volonté de protéger l’environnement et ses richesses dans son projet stratégique 2019-2023, et a intégré dans son volet « biodiversité » la prévention de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes et la gestion des espèces invasives. Cet engagement se traduit notamment par la mise en place d’actions de sensibilisation sur les espèces exotiques envahissantes auprès des agents du GPMDLR et usagers portuaires afin de limiter leur introduction sur le territoire, mais aussi par la participation de Port Réunion au Groupe Espèces Invasives Réunion piloté

par la DEAL, et par des actions de suivi et de lutte contre deux espèces préoccupantes, dans l’enceinte du port. Port Réunion est ainsi particulièrement mobilisé pour participer à la lutte contre un oiseau, le corbeau familier, et un reptile, l’agame des colons. Ces deux espèces font en effet peser des menaces lourdes sur la biodiversité locale en entrant en compétition sur le plan alimentaire, mais aussi de l’habitat, ou en tant que prédateurs directs d’espèces indigènes. Les actions menées par Port Réunion visent à sensibiliser les acteurs portuaires sur ces espèces invasives. Dans le cadre des travaux d’extension du Port Est en 1995, des mesures compensatoires avaient déjà permis à Port Réunion de financer le suivi sur cinq ans de la colonisation de l’agame des colons à l’échelle de l’île. Ce suivi a permis d’améliorer la connaissance de cette espèce, de suivre sa dissémination et de relayer les informations auprès de l’État et acteurs concernés pour engager des actions de lutte.

Agame des colons mâle et, en vignette, femelle. | Les deux méthodes de piégeage utilisées sur le port par Nature Océan Indien : piège à glu et « basking trap » testés au GPMDLR. © NOI | Pour zoomer sur le visuel à droite (© M. Roesch| NOI), merci de cliquer sur l’image ou ICI.


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Ci-dessus : opération de tir contre des espèces exotiques envahissantes, effectuée à La Réunion par la police de l’environnement de l’OFB, hors enceinte du port. | Corbeau familier observé dans l’embouchure de la rivière des Roches. © Jean-François Cornuaille | OFB

TÉMOIGNAGES CHLOÉ BERNET, CHARGÉE DE MISSION DE L’ASSOCIATION NATURE OCÉAN INDIEN

« L’agame des colons est un lézard assez massif arrivé il y a près de 25 ans à La Réunion, par bateau. Grâce à l’étude de suivi des populations réalisée sur cinq ans par le GPMDLR, nous avons pu améliorer la connaissance de cette espèce invasive et mettre en évidence le fait qu’elle se propage très rapidement et se trouve aujourd’hui sur tout le pourtour de l’île. Dans la continuité de l’étude, le Grand Port Maritime a souhaité participer à la lutte contre cette espèce afin de limiter sa propagation au maximum. Nous avons ainsi pu tester des méthodes de lutte dans l’enceinte du port, reproductibles en milieu urbain : 37 agames des colons ont été capturés, ce qui a confirmé une très forte présence de l’espèce dans le secteur portuaire. Les connaissances acquises vont par ailleurs alimenter un plan opérationnel de lutte, en cours de rédaction. Il est malheureusement aujourd’hui impossible d’envisager d’éradiquer l’agame de l’île mais il est encore possible d’éviter qu’il ne se propage davantage, et ne vienne menacer les activités humaines – comme l’apiculture ! – ou les espèces locales. »

JEAN-FRANÇOIS CORNUAILLE, TECHNICIEN CONNAISSANCE À L’OFFICE FRANÇAIS DE LA BIODIVERSITÉ

« Le corbeau familier est une des espèces les plus envahissantes de la planète. À l’île Maurice, la population de corbeaux est par exemple passée d’une centaine d’oiseaux en 1976 à plus de 6 000 en 2002 ! À La Réunion, l’État est intervenu relativement tôt en publiant dès 2005 un arrêté de destruction de l’espèce, alors qu’elle n’était pas encore installée durablement. Aujourd’hui, on ne compte que quelques corbeaux sur le territoire, il est encore temps d’agir ! C’est pour cela que nous collaborons avec l’ensemble des acteurs concernés, et en particulier avec le Grand Port Maritime de La Réunion, dans le cadre du Plan opérationnel de lutte contre les invasives (POLI). Les objectifs de ce partenariat sont d’une part de pouvoir sensibiliser les agents afin que la présence des corbeaux soit signalée avant qu’ils ne quittent l’enceinte du port. Et d’autre part, d’étudier la mise en place d’une stratégie de détection plus précoce, en amont de l’arrivée des bateaux si cela est possible. C’est un effort continu et permanent, mais l’enjeu est de taille ! »

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DÉMOLITION DE CASES ILLÉGALES ET OPÉRATION DE NETTOYAGE SUR L’ÎLOT M’TSAMBORO

La magnifique plage d’Antakoudja sur l’îlot M’Tsamboro, qui s’étend sur 230 hectares. © Frédéric Larrey | Conservatoire du littoral

Affecté

Conservatoire du littoral en 2009, l’îlot M’Tsamboro est le plus grand îlot du lagon de Mayotte. Pour restaurer les valeurs paysagères remarquables de ce site naturel d’exception, un travail partenarial a permis la démolition des constructions illégales qui s’y trouvaient, ainsi que le nettoyage participatif de la longue plage d’Antakoudja. au

L’îlot M’Tsamboro constitue l’un des éléments remarquables des paysages du nord de Mayotte. Il abrite des espaces naturels préservés et son relatif isolement de Grande-Terre, l’île principale, l’a longtemps épargné des activités humaines. L’îlot est cependant investi depuis plusieurs années par de nouveaux usages, qui viennent s’ajouter aux activités agricoles vivrières traditionnelles – dont en particulier la culture d’oranges – qui ont fait sa notoriété. En effet, des activités touristiques s’y sont développées, générant fréquentation massive, dégradation des habitats, accumulation de déchets et multiplication des constructions utilisées. Avec l’afflux des barques motorisées, les activités agricoles s’y sont intensifiées et l’arrivée de nouveaux occupants aux méthodes agressives de conquête de parcelles agricoles – coupes, brûlis – a accéléré la perte en surfaces naturelles et leur dégradation. Enfin, d’autres développements incontrôlés sont à l’œuvre sur l’îlot, liés à l’immigration clandestine, occasionnant des tensions

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avec les agriculteurs présents sur le site ne tolérant pas les prélèvements opérés sur leurs récoltes. Ces activités et nouveaux usages déstabilisent les mesures de gestion et de protection souhaitées par le Conservatoire du littoral 1 et ses partenaires. Aussi le Conservatoire a défini en 2017 un projet de gestion visant à rétablir un meilleur état écologique du milieu et un développement plus durable des activités agricoles et touristiques. Sur cette base, une convention confiant la gestion du site à la commune de M’Tsamboro et à l’association ADINM (Association pour le développement intégré du nord de Mayotte) a été conclu en 2018 pour une durée de six ans. Le préalable à la réussite des axes de gestion étant la régulation des occupations traditionnelles et l’encadrement des usages, un inventaire des « bangas » de l’îlot par l’association ADINM pour le compte du Conservatoire du littoral a été réalisé et livré en 2019. Il a permis de recenser 86 bangas, dont 26 sans lien avec une activité agricole.

L’établissement a pour mission d’acquérir les espaces fragiles et remarquables des rivages français, de les protéger et de les ouvrir au public.


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Avec 36 ouvriers mobilisés pendant trois semaines, de grands moyens ont été mis en œuvre pour restituer ce joyau à son état naturel.

En complément, le même opérateur a été missionné en août 2020 pour identifier et délimiter les occupations agricoles et mettre en place des conventions d’occupation agricole. À partir de 2021, constatant que plus de 50 nouveaux bangas avaient été édifiés, des travaux étroits ont été engagés avec les services de la Préfecture en concertation constante avec le gestionnaire et la population, pour mettre fin aux constructions et locations irrégulières. Ce travail partenarial a abouti à la mise en œuvre d’une opération de démolition de la totalité des constructions illégales – plus de 130 – dans le cadre des dispositions spécifiques de la loi Elan à Mayotte. Cette opération a permis, sans équivoque, de restaurer les valeurs paysagères remarquables du site, en respectant l’esprit du lieu.

Cette manifestion, aussi efficace que conviviale, a regroupé une cinquantaine de citoyens volontaires mobilisés sur l’îlot. Elle a représenté un temps fort dans la poursuite du projet de valorisation agricole, écologique et écotouristique de l’îlot, en s’articulant autour des trois orientations suivantes. Tout d’abord, accompagner la transition vers des pratiques agricoles durables. Ensuite, reconstruire dans un cadre architectural traditionnel et innovant. Et enfin, permettre l’accès aux services publics chargés des secours et de la protection de la biodiversité. Rédaction : Christian Beillevaire

Aussi, afin de partager collectivement le constat de la restitution de ce joyau paysager à son état naturel, le Conservatoire du littoral a organisé, en partenariat avec les gestionnaires, une opération de nettoyage participatif de la grande plage d’Antakoudja sur l’îlot le dimanche 18 septembre 2022. Une dizaine de m3 de détritus, représentant plus d’une tonne de déchets – bouteilles, canettes, sandales, cigarettes... – a été collectée par les participants. Quatre rotations par transport nautique ont été nécessaires pour évacuer l’ensemble des sacs. Le nettoyage de la plage a impliqué une participation active des différents protagonistes, ce qui a permis ensuite de constater collectivement les bienfaits de l’opération.

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DE JEUNES MAHORAIS REMPORTENT LE CONCOURS « MONUMENTS DE BEAUTÉ DE L’OCÉAN INDIEN 2022 » Ce

concours culturel a été lancé pour aider les élèves à mieux s ’ approprier le patrimoine

iconographique de l ’ océan I ndien .

P our sa première édition cette année , c ’ est un collège de Mayotte qui a gagné le premier prix. On ne protège bien que ce qu’on aime, qu’il s ’ agisse de patrimoine historique ou naturel ... de l’image, de la communication, du patrimoine et partenaires institutionnels, sous la présidence du photographe indépendant Nelson Navin.

Arrêt sur image de la vidéo qui accompagne la photographie lauréate. Le site choisi par les élèves est l’ancienne Résidence des Gouverneurs située à Mayotte en Petite-Terre.

À l’issue des délibérations, le jury a attribué la première place à 10 élèves du collège Bouéni M’Titi de Labattoir à Mayotte pour l’image « Jour de fête chez Monsieur le Gouverneur » représentant un événement historique fictif dans lequel les élèves sont eux-mêmes les figurants de leur propre photographie. La remise des prix a eu lieu à Saint-Denis de La Réunion en septembre lors des Journées européennes du patrimoine.

Ce travail de mémoire, d’histoire et d’éducation à l’image a été proposé aux élèves de 11 à 15 ans de La Réunion, Madagascar, l’île Maurice, Mayotte, des Comores, des Seychelles et du Mozambique, entre le 1er février et le 31 mai 2022. Le projet a consisté à réaliser collectivement une photographie d’un monument remarquable de son territoire, en l’accompagnant d’une note de présentation au format et au contenu libres. Au total, 21 établissements de Madagascar, l’île Maurice, Mayotte et La Réunion ont soumis 45 productions photographiques réalisées par 156 collégiens. 31 projets recevables ont été étudiés et notés par les 10 membres du jury, professionnels

© Département de La Réunion | IHOI

« Regarder le monde, c’est toucher sa diversité ». C’est l’invitation faite cette année aux collégiens, dans le cadre du concours régional de photographie « Monuments de beauté de l’océan Indien ». Se repérer dans l’espace, dans les pas de traqueurs de chefsd’oeuvre du patrimoine architectural et prendre un instantané d’un monument de son choix de manière originale, tel est le défi qui leur a été lancé !

Le concours photographique « Monuments de beauté de l’océan Indien » est le fruit d’un partenariat entre le Département de La Réunion, la Commission de l’océan Indien (COI) et l’Académie de La Réunion. Cette initiative culturelle au caractère inédit fait partie du projet collaboratif d’Appropriation du patrimoine iconographique de l’océan Indien par les populations, porté par l’Iconothèque historique de l’océan Indien (IHOI - Département de La Réunion), cofinancé par l’Union européenne (FEDER – INTERREG V OI) et soutenu par la Commission de l’océan Indien.


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« Le cliché choisi […] capture un moment fictif de l’histoire de l’époque coloniale du XIXème siècle à Mayotte, mêlant ainsi l’art, l’histoire, la culture et le patrimoine. La photo met en scène le gouverneur accompagné de sa compagne, ainsi que deux femmes de la haute société devant la résidence du gouverneur. À travers cette photo figure le riche patrimoine culturel de Mayotte tel que la danse et les chants traditionnels, afin de rendre hommage à notre belle île. » (voix off de Léna Weissend) © Laurence Darsanesing

TÉMOIGNAGES LAURENCE DARSANESING, ENSEIGNANTE RÉFÉRENTE DU PROJET À MAYOTTE

« Je suis très fière des élèves et du travail qu’ils ont réalisé dans le cadre de ce projet. À travers l’originalité de la mise en scène proposée, les élèves ont redonné vie en un cliché à un lieu historique de Mayotte ; la Résidence des Gouverneurs. L’appropriation du patrimoine architectural de Mayotte par les élèves, leur investissement dans un projet collaboratif, ainsi que la construction intelligente de leur photographie et de la vidéo ont été les trois éléments qui ont séduit le jury. »

SARA IBRAHIMA, CHEFFE DE SERVICE AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE MAYOTTE

« Les Archives départementales de Mayotte félicitent les élèves et leur professeur. Voir les jeunes s’approprier leur patrimoine est très encourageant pour l’avenir. Avec leur vidéo, ces collégiens ont su mettre en valeur le monument choisi dans son espace naturel ; ce qui est très bien, car l’éducation à l’environnement est aussi importante que le sont la culture et l’histoire. Je crois que la dimension collective du projet a été un facteur de réussite. Les élèves ont été reconnus ensemble, régionalement avec ce premier prix du concours. » + d’info ici : La vidéo réalisée par les élèves

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TAAF IL Y A DEUX SIÈCLES ET DEMI... LES ARCHIPELS CROZET ET KERGUELEN ÉTAIENT DÉCOUVERTS PAR LA FRANCE

Un aperçu de l’exposition Voyage en Terres australes – Crozet et Kerguelen 1772-2002. + d’info ici : Le lien vers l’exposition

L’année 2022 a marqué les 250 ans de la découverte, à quelques semaines d’intervalle, des îles Crozet et Kerguelen par la France. À cette occasion, deux expositions temporaires des TAAF ont été présentées au M usée océanographique de M onaco . R encontre avec B runo F uligni , qui a animé sur place une conférence retraçant la présence française aux K erguelen . Dans le sud de l’océan Indien, les archipels Crozet et Kerguelen ont été découverts respectivement le 22 janvier et le 12 février 1772. Depuis, ils ont été le théâtre d’aventures humaines hors du commun. Aujourd’hui protégés au sein de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, élevés par l’UNESCO au rang de Patrimoine mondial de l’humanité, ces deux archipels, qui forment près de 10 % de la zone économique exclusive de la France 1, sont devenus des sanctuaires de la biodiversité mondiale.

Dans le cadre du programme polaire porté par l’Institut océanographique, deux expositions ont été présentées du 26 juillet au 26 septembre au Musée océanographique de Monaco : Voyage en Terres australes – Crozet et Kerguelen 1772-2002 et De Dumont d’Urville à DDU : les Français en Antarctique. Une vingtaine de panneaux ont mêlé cartographies, archives, photographies historiques et contemporaines, pour un voyage au coeur du patrimoine historique et naturel des TAAF, et de leurs enjeux actuels.

Le préfet, administrateur des TAAF Charles Giusti (nommé préfet de l’Aveyron le 5 octobre), reçu le 9 septembre par le Prince Albert II au Musée océanographique de Monaco. | 1 Espace maritime où la France dispose de l’exclusivité d’exploitation des ressources.


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au monde ! 2 Une surveillance est mise en place sur le territoire avec une présence scientifique et militaire, qui font des îles subantarctiques françaises une réserve naturelle préservée de premier plan. C’est un début d’évolution qui peut nous satisfaire et nous permet d’envisager avec optimisme les années à venir.

INTERVIEW BRUNO FULIGNI, ÉCRIVAIN, HISTORIEN ET MAÎTRE DE CONFÉRENCES À SCIENCES PO

Cependant, il nous faudra rester vigilant face aux menaces qui pèse sur les écosystèmes. On a par exemple vu se développer récemment un tourisme austral et antarctique sur ces territoires passionnants. Les gens aspirent à voir les îles, à voir la banquise, c’est compréhensible… mais ce tourisme engendre des nuisances et des pollutions. L’enjeu sera donc de savoir comment faire pour ne pas détruire ce que les gens viennent admirer justement parce que c’est encore préservé. Interview : Lucie Labbouz

• Vous avez présenté à Monaco, en présence du Prince Albert II, la conférence « Les Kerguelen, 250 ans de présence française ». À partir de quand la question de la biodiversité y est-elle devenue une préoccupation de la France ? - En 1772, la France cherche avant tout à conquérir de nouvelles terres. Elle espère d’ailleurs trouver non pas un archipel, mais un nouveau continent à exploiter. Quand la France comprend que les territoires sont inhospitaliers, elle les délaisse et ne s’y intéresse véritablement qu’en 1949, par peur qu’ils soient annexés par d’autres pays. En 1950, la première base scientifique est alors créée à Port-aux-Français, et les publications sur la faune et la flore terrestres paraissent rapidement. Ce n’est que beaucoup plus tard que les problématiques de protection de l’environnement se formalisent, avec la création de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, en 2006.

• Au regard de l’histoire de ces deux archipels, quelle trajectoire peut-on envisager pour les 250 prochaines années ? - Ce que nous avons observé ces dernières années, c’est une extension de la réserve naturelle, pour en faire la deuxième plus grande aire marine protégée

Cette seconde exposition retrace les grandes étapes de l’action de la France en direction du cercle polaire antarctique. Parmi elles, les aventures de Jules Dumont d’Urville et Jean-Baptiste Charcot, deux figures françaises de l’exploration polaire, ou encore l’implantation de la première base scientifique permanente en terre Adélie après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, les activités françaises se poursuivent sur le continent blanc, dévolu à la paix et à la science.

+ d’info ici : Le lien vers l’exposition En février 2022, la superficie totale de la réserve naturelle a été étendue à plus de 1,6 million de km². 2

Découvrez ICI le livre de Bruno Fuligni (2022) L’argot des manchots, petit lexique en usage dans les TAAF.

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DES ARMATEURS ENGAGÉS POUR UNE PÊCHE DURABLE

© C. Cayeux

Le Cap Kersaint de l’armement Cap Bourbon aux Kerguelen, dans le golfe du Morbihan. Ce palangrier nouvelle génération est notamment doté d’une propulsion diesel / électrique pour une réduction de son empreinte carbone.

La Fondation des mers australes regroupe des armements de pêche français évoluant dans les eaux de Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam, qui font partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). D es armateurs fortement impliqués en faveur du développement durable de leurs activités et de la préservation des ressources marines . Créée en 2013, la Fondation d’entreprises des mers australes a notamment pour mission de tisser des liens privilégiés entre les acteurs de la pêche et les scientifiques afin de soutenir des projets innovants dans les mers australes. Car ces dernières années, la pêche à la légine a pris un véritable essor sous l’effet d’un engouement gastronomique émanant principalement des consommateurs japonais et américains. Ce poisson des eaux froides australes est aujourd’hui plus prisé que le saumon et face à la constante augmentation de la demande, un encadrement des pratiques de la pêche à la palangre s’est révélé nécessaire. La Fondation et ses armateurs se sont engagés quant à eux à développer des pratiques de pêche vertueuses, à limiter les captures accidentelles et à préserver les ressources halieutiques.

TÉMOIGNAGE ÉMILIE RICHARD, RESPONSABLE ENVIRONNEMENT ET RESSOURCES HALIEUTIQUES DE LA COMATA « Première femme contrôleur des pêches dans les TAAF, j’ai participé à la création d’un centre technique d’appui à la pêcherie palangrière pélagique réunionnaise. Le but était de développer des programmes de recherche liés aux besoins et problématiques des pêcheurs. C’est donc tout naturellement que j’ai intégré la Comata – Compagnie maritime des Terres australes – en 2018. Un poste inexistant auparavant, mais qui a trouvé tout son sens face aux enjeux écologiques actuels dans les ZEE de Kerguelen et Crozet. Une manière aussi de mettre en place un interlocuteur privilégié avec l’administration des TAAF et les scientifiques, notamment du Muséum national d’Histoire naturelle. Nous développons ainsi, au sein de la Fondation, de nombreux projets dont « Objectif 1 000 », qui vise à prélever du matériel vivant à 1 000 mètres de profondeur près des côtes réunionnaises pour identifier et décrire les espèces présentes dans ces eaux. Ce projet fera la lumière sur des poissons méconnus des profondeurs, en relevant le défi technologique de filmer à 1 000 mètres de fond les espèces dans leur milieu de vie. »


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TÉMOIGNAGE

TÉMOIGNAGE

ARMELLE DENOIZE, RESPONSABLE DE LA GESTION DES RESSOURCES ET POLITIQUES ENVIRONNEMENTALES À LA SAPMER ET PRÉSIDENTE DE LA FONDATION DES MERS AUSTRALES

TUGDUAL POIRIER, DIRECTEUR D’EXPLOITATION DE CAP BOURBON

« En tant que présidente de la Fondation, je donne les grandes lignes directrices et j’étudie, avec la secrétaire générale, les différents projets soumis, tente de valoriser les actions de la Fondation, recherche de nouveaux partenaires et m’emploie à créer des synergies avec les acteurs du territoire.

Depuis ma prise de poste à la SAPMER en 2018, je travaille en étroite relation avec le directeur du Développement durable et les quatre services qui œuvrent sur ce thème. Notre objectif est de mener par le dialogue avec les scientifiques et administrations l’amélioration continue des pratiques de pêche, pour répondre aux enjeux du développement durable des pêcheries du groupe SAPMER. Nous initions et appliquons aussi les certifications environnementales des pêcheries délivrées par le Marine Stewardship Council (MSC) afin de mettre en valeur le travail des marins en mer. En parallèle, nous développons le suivi d’indicateurs environnementaux pour mesurer l’efficacité ou les changements survenant dans notre pêcherie. À la SAPMER, nous avons une véritable culture d’entreprise dédiée au développement durable qui inclut également nos services qualité, santé sécurité et RSE. »

« Après plusieurs années dans la marine marchande, j’ai intégré Cap Bourbon en 2015, à un moment où cet armement déployait de grands projets en faveur d’une pêche plus respectueuse des ressources. Et c’est ce qui m’a séduit. Aujourd’hui, j’initie la politique de développement durable de l’entreprise avec une réelle volonté de préserver la durabilité des activités dans le secteur de la pêche à la légine.

Lors de la construction du Cap Kersaint, Cap Bourbon a œuvré avec un bureau d’études à la conception d’une rampe pour réduire les interactions avec les oiseaux. Notre navire a été le premier palangrier à disposer de cet aménagement qui a par la suite fait ses preuves. L’idée étant de conserver la palangre à l’abri des oiseaux jusqu’à son entrée dans l’eau pour que les oiseaux ne soient pas tentés de capturer les appâts sur les hameçons. Par ailleurs, nous recherchons des solutions pour lutter contre la déprédation des orques et cachalots. Nous souhaitons également valoriser tous nos produits issus de la pêche. Ainsi, nous avons créé un atelier de transformation, Océane Production, et en 2023, transformerons les coproduits de la légine pour alimenter la filière aquacole. Enfin, nous travaillons sur l’évolution de nos navires via des moteurs moins polluants, plus économes, et imaginons, pourquoi pas, un retour de la voile pour certaines phases de nos activités en mer. »

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, UN OBJECTIF AU CŒUR DE LEURS MISSIONS Émilie Richard, Armelle Denoize et Tugdual Poirier, tous trois membres du conseil d’administration de la Fondation des mers australes, s’emploient à développer les thématiques de développement durable traitées par la Fondation. La limitation des captures accessoires des raies et la lutte contre la déprédation sont au cœur de leurs objectifs. Au travers de la Fondation, ils soutiennent ainsi la thèse de Johanna Faure sur l’étude de la vulnérabilité des raies. Cette thèse portée par le MNHN bénéficie du soutien financier de la Fondation (notamment via une bourse OSF de MSC) et des TAAF.

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POLYNÉSIE FRANÇAISE Biobase Tahiti a lancé sa première production en mars 2022.

BIOBASE TAHITI : DEUX JEUNES POLYNÉSIENS CRÉENT DES SACS EN FIBRE DE BANANIERS

Rédaction et interview : Jean Faatau

L es sacs plastiques à usage unique sont devenus les bêtes noires de la protection de l ’ environnement . N ous nous intéressons ici à une initiative qui fleure bon le talent et l ’ innovation : les sacs réutilisables et biodégradables créés à partir de fibre de bananiers , par A yana et I oteve , les deux jeunes P olynésiens fondateurs de B iobase T ahiti . exploiter dans le but de proposer une première alternative aux commerçants qui le souhaitent, et je me suis mise à faire des expériences dans ma cuisine ! Ensuite, j’ai rencontré Ioteve qui s’est mis à m’aider dans mes expériences et c’est comme ça qu’ensemble nous avons sorti notre premier sac en fibre de bananier.

• D’autres matières végétales pourraient-elles se prêter facilement à l’exercice ?

INTERVIEW CROISÉE AYANA CHAMPOT ET IOTEVE MENDIOLA, FONDATEURS DE LA SOCIÉTÉ BIOBASE TAHITI • Racontez-nous comment vous avez eu l’idée de fabriquer des sacs en fibre de bananiers ? Ayana Champot - C’est en faisant des ramassages de déchets sur nos plages… La plupart étant des emballages plastiques, j’ai cherché sur notre territoire les sources de fibres végétales qu’on pouvait

Ioteve Mendiola - Tout à fait, nous avons effectué plusieurs essais avec la fibre de coco, d’ananas, de canne à sucre, qui sont des déchets du secteur agricole et qui ont du potentiel. Il nous reste à adapter le processus à leurs propriétés qui sont tout de même bien différentes. Chacune des fibres aura son application adaptée à ses particularités.

• Comment faites-vous pour vous fournir ? Estce que vous ressentez le besoin de développer une filière de plantation de bananiers spécialement dédiée à la fabrication de vos sacs ? Ayana Champot - Nous avons de bons partenaires agriculteurs qui nous livrent chaque dimanche la quantité de bananiers nécessaire à notre production de la semaine. Notre but est de valoriser leurs plantations en leur rachetant ce qu’ils sont censés jeter,


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les troncs coupés après la récolte des régimes, en échange de la livraison à notre atelier. Nous aimons ce partage, leur apporter un bénéfice supplémentaire grâce à notre transformation. Le but n’est pas de nous mettre à planter nos propres bananiers, mais de valoriser les nombreuses plantations déjà existantes.

• Qui sont vos clients ? Ioteve Mendiola - Nos clients sont des bijouteries, des boutiques et autres entreprises s’intéressant au caractère naturel, écologique et local de nos produits.

• Quel est votre parcours scolaire et universitaire ? Faut-il des compétences spécifiques pour se lancer dans une telle aventure ?

La magasin Access Tahiti s’est laissé séduire par les emballages biodégradables « made in fenua » fabriqués par Biobase. En Polynésie, les initiatives ne manquent pas pour trouver aux sacs plastiques une alternative durable, avec parfois une dimension culturelle, comme l’illustre par ailleurs le panier en pandanus tressé, qui fait un retour remarqué dans les supermarchés.

Ayana Champot - J’ai fait un bac ES au lycée Samuel Raapoto, puis l’école de commerce de Tahiti (ECT) sur trois ans, et j’ai été incubée à PRISM pendant une année, durant laquelle j’ai suivi plusieurs formations autour de l’entreprenariat. Ioteve Mendiola - Après avoir obtenu mon bac pro logistique, je suis rentré au RSMA pour être formateur militaire pendant trois ans, puis j’ai changé de voie et je suis devenu opérateur géomètre. On peut dire que mon parcours n’a rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. Il n’y a pas de compétences spécifiques. Il faut avant tout de la détermination, se servir de chacun de ses échecs et bien s’entourer.

• Une dernière question un peu plus personnelle : comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment se passe cette aventure à deux ? Ayana Champot - Nous nous sommes rencontrés par hasard en ville : j’allais à mon stage et lui faisait son travail en pleine rue (opérateur géomètre), on ne s’est plus lâché depuis ce jour. L’aventure à deux c’est magique car on se complète et alimente nos esprits innovateurs. Lui a des compétences d’organisation et logistique, il est plutôt dans l’action directe, et moi des compétences de gestion de projet et management, je suis plutôt dans la vision à long terme. Ce mélange fait de nous une équipe de choc qui avance et s’améliore de jour en jour, vous n’avez pas fini d’entendre parler de Biobase !

Ci-dessous : les feuilles créées de leurs mains par Biobase Tahiti se transforment en produits « bio-art » grâce au talent d’artistes locaux. Ici le modèle «Tapa » dessiné par TOA Tattoo ink Tahiti.

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L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT : UN PARTENAIRE HISTORIQUE POUR DES PROJETS INNOVANTS L’Agence

française de développement de

Ci-dessus et ci-dessous à gauche : installation des canalisations en mer avant leur immersion. © Géocéan

Polynésie

française accompagne depuis sa création

les secteurs public et privé du territoire dans leurs projets d ’ adaptation au changement climatique.

En juillet 2022, la Collectivité a ainsi inauguré le nouveau système de climatisation bas carbone du Centre hospitalier de la Polynésie française, cofinancé par l’AFD. Avec plus de 100 millions d’euros octroyés chaque année, l’AFD intervient en Polynésie française en accord avec ses engagements en matière de climat et de réduction des inégalités. Dans le secteur privé, l’AFD accompagne les entreprises du territoire vers un développement économique durable, notamment via la société de gestion des fonds de garantie d’outre-mer (SOGEFOM). L’Agence favorise également les projets durables et l’inclusion bancaire par sa participation directe dans quatre sociétés polynésiennes, dont la banque publique de développement Socredo.

L’AFD concentre cependant son activité autour des collectivités, en finançant l’élaboration de politiques publiques en faveur de la transition écologique, et en soutenant les investissements nécessaires à leur mise en œuvre. En cohérence avec l’organisation institutionnelle du territoire, le gouvernement polynésien est ainsi le premier bénéficiaire du soutien financier de l’AFD. L’Agence a par exemple été présente à ses côtés au cours de la dernière décennie pour réaliser le projet innovant de climatisation du centre hospitalier par des technologies à faible empreinte carbone.

Le projet a consisté à construire un système de production de frigories à partir d’un puisage océanique en eau profonde (SWAC), pour la climatisation du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) sur l’île de Tahiti. | Ci-dessus : local technique du SWAC. © SDE


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• Comment s’est positionnée l’AFD dans ce projet polynésien d’envergure ? Kevin Cariou - Le SWAC, c’est un assemblage de technologies assez bien maîtrisées, mais mises bout à bout, il s’agit d’une technologie innovante et jamais utilisée à une si grande échelle.

INTERVIEW CROISÉE KEVIN CARIOU, DIRECTEUR ADJOINT DE L’AFD EN POLYNÉSIE FRANÇAISE ET CATHY TANG, CHEF DE PROJET EN ÉNERGIES RENOUVELABLES DU SERVICE DES ÉNERGIES DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE • De quelle manière le partenariat avec l’AFD s’est-il construit dans le cadre de ce projet de climatisation du centre hospitalier ? Cathy Tang - Le projet d’installation d’un SWAC (Sea water air conditioning) pour le Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) a été pensé dans les années 2000. Dès la construction des bâtiments, l’hôpital a ainsi été équipé d’un système de climatisation par eau glacée. Le principe du SWAC consiste en effet à aller chercher de l’eau de mer en profondeur, à une température de 5 ou 6 °C. Cette eau froide est ensuite remontée à la surface pour permettre, par des échanges thermiques, de climatiser l’ensemble du CHPF. Le partenariat avec l’AFD a lui été mis en place en 2012, au commencement du projet de SWAC. Il nous a permis de bénéficier d’un soutien technique et financier tout au long des différentes phases du projet, notamment pour garantir la conformité des procédures de consultation.

L’AFD s’est engagée financièrement dans ce projet et a fait intervenir la banque européenne d’investissement pour partager le risque financier, avec une volonté forte de soutenir un projet ayant un impact environnemental majeur pour le territoire. Ce sont en effet près de 2 % de la production électrique de Tahiti (composée à 70 % de combustion thermique) et 5 000 tonnes de CO2 par an qui sont économisées grâce au SWAC, soit l’équivalent des émissions générées par 4 000 foyers tahitiens ! Après quelques mois d’utilisation du dispositif, les retours sont excellents et, même si le chemin parcouru a été long, l’AFD est fière d’avoir soutenu ce projet innovant et à effet immédiat dans la lutte contre le changement climatique.

• Comment s’inscrit le SWAC dans les politiques plus globales de la Polynésie française ? Cathy Tang - Le SWAC s’inscrit pleinement dans le Plan climat de la Polynésie française 2022-2030. C’est en effet un ouvrage très impactant qui permet d’économiser 10 GWh par an d’électricité, ce qui n’est pas négligeable à l’échelle du pays. Il participe à la concrétisation de notre objectif d’atteindre 75 % d’énergie renouvelable à horizon 2030. C’est un objectif ambitieux mais nous sommes optimistes, et la programmation pluriannuelle de l’énergie 2022-2030 permettra de réaliser d’autres projets structurants pour la Polynésie française.

Ce partenariat a beaucoup compté pour nous également en termes d’image. Ce projet de SWAC était particulièrement ambitieux pour la Polynésie française et a mis une dizaine d’années à voir le jour. Il a été important pour nous de pouvoir dire tout au long de la vie du projet : « L’AFD nous fait confiance ». Le chantier de préparation des canalisations dans la baie de Phaëton, encaissée entre les deux îles de Tahiti. © Géocéan

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NOUVELLECALÉDONIE CRÉER DES PÉPINIÈRES AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD Alors

que selon l ’UNESCO

«

Récupération de pneus de camions (150 kg) avec l’aide de Caledoclean, SOS Mangroves NC et Corail vivant. © Arche

tous les récifs coralliens inscrits sur la liste du

mondial risquent de disparaître d’ici la fin du siècle

Patrimoine

, l’association Arche souhaite construire des pépinières de corail dans le lagon calédonien . C réée en mars , l ’ association parcourt également les littoraux et les fonds marins pour collecter les déchets. Fils de pêche, plastique, plombs, pneus en caoutchouc… ce sont les objets divers et variés que trouvent les bénévoles d’Arche – Association de reconstruction du corail et hygiène environnementale – lors de leurs opérations de nettoyage. Depuis sa création en mars, une dizaine de collectes de déchets ont été organisées sur le littoral, mobilisant ainsi plusieurs dizaines de Calédoniens bénévoles selon la période de l’année. « Les déchets provenant de la pêche sont extrêmement nombreux. On les retrouve même dans les aires marines protégées alors qu’il est interdit d’y pêcher. Nous avons retrouvé 25 kg de petit plomb et une très grande quantité de nylon. Pourtant, il existe des solutions de remplacement, les pêcheurs pourraient utiliser du fil biodégradable ou de petites pierres à la place du plomb », assure Riccardo Cornia, à l’origine de l’association. Lors de ces collectes réalisées dans le lagon, des apnéistes plongent jusqu’à 30 mètres de profondeur.

1

Le projet principal de l’association est de construire des pépinières autour d’une épave de véhicule dépolluée, qui serait installée dans l’eau à six ou huit mètres de profondeur. « Ces pépinières seront une nurserie pour les poissons et permettront aux coraux de se développer tout en étant protégés des courants », détaille le chercheur en biologie marine, en citant comme exemple le projet Coral Gardeners à Moorea, en Polynésie fançaise. Arche attend des autorisations de la part du gouvernement local, mais certains partenariats sont d’ores et déjà signés. « L’été commence en NouvelleCalédonie, c’est une période propice à la destruction des coraux car l’eau se réchauffe et le risque de blanchiment est très élevé. Il est essentiel de créer des pépinières avant qu’il ne soit trop tard. Il ne faut pas perdre une année de plus dans la lutte contre le changement climatique ». Rédaction : Marion Durand

L’ÉTÉ, PROPICE À LA DESTRUCTION Riccardo Cornia, docteur en neurosciences, s’est installé sur le territoire fin 2021, après avoir vécu aux Maldives, où il a construit une pépinière corallienne. « Les récifs sont en danger dans le Pacifique et j’étais très étonné qu’il n’existe aucune association de reconstruction corallienne en Nouvelle-Calédonie ». 1

Lien vers l’article : https://whc.unesco.org/fr/actualites/2428

Nettoyage de la mangrove de Ouémo. © L. Ascoët Brandao


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Action dans la mangrove de Ouémo, à Nouméa, dans le cadre de la Journée mondiale du nettoyage le 17 septembre. © Natacha Tranevane

Un plongeur, membre de l’association Arche, libère le corail emprisonné par des lignes de pêche. © Mallory Huaux

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UN CHAMP DES POSSIBLES EN AQUACULTURE ET DANS L’ENVIRONNEMENT

Présent depuis près de 50 ans en NouvelleCalédonie, l’Ifremer renouvelle son partenariat avec les collectivités locales (Provinces, Gouvernement) et l’État depuis un quart de siècle au travers d’accords-cadres pluriannuels. D epuis 2017, les thèmes d ’ intérêt partagés portent prioritairement sur la durabilité des ressources et agrosystèmes aquacoles , la vulnérabilité des écosystèmes récifo-lagonaires et les géosciences marines.

En mai dernier, les équipes de la délégation Ifremer ont présenté les résultats des travaux des cinq dernières années devant un public invité de 150 personnes issues du monde de la recherche, gestionnaires ou opérateurs privés (bureaux d’études, Cluster maritime…). « Cela fait au moins six ans que nous n’avions pas fait ce genre d’exercice de communication grand public. J’avais à cœur de répondre à une demande forte de la part des collectivités, des entreprises et des partenaires scientifiques », confie Benoît Soulard, nouveau délégué Ifremer en Nouvelle-Calédonie.

sur la mise au point de pratiques innovantes pour le développement de la filière, et « PRESENCE » (Pressions sur les écosystèmes lagonaires de Nouvelle-Calédonie), en lien avec les acteurs publics et privés du développement pour la gestion durable des écosystèmes reconnus parmi les plus remarquables de la planète. Dans les thèmes abordés, l’influence du microbiote sur le développement des crevettes, les indicateurs de santé des crevettes ou l’intérêt de disposer du génome de Litopenaeus stylirostris (crevette bleue du Pacifique) pour pouvoir identifier des marqueurs de résistance aux maladies ou facteurs de stress environnementaux liés au changement global ont suscité de nombreux échanges avec le public. En matière d’innovation, les probiotiques issus de bactéries locales, l’incorporation de micro-algues en nutrition animale ou leur valorisation en cosmétique, alicaments ou agroalimentaire ont également suscité un intérêt croissant par les parties présentes. En parallèle à ces travaux de recherche, d’autres axes se développent désormais, en particulier autour des pressions que subissent les écosystèmes coralliens, notamment lors d’épisodes climatiques intenses (cyclones, dépressions tropicales). La restitution a permis de présenter les outils développés (modèles hydrodynamiques, algorithmes d’analyses d’images satellites) ou méthodes innovantes de suivi des communautés microbiennes par ADN environnemental afin de caractériser l’impact des activités minières, ainsi que les résultats d’étude sur le fonctionnement du lagon de Poé lors d’épisodes d’efflorescences massives d’algues vertes. De nombreux enjeux émergent avec en fil rouge le dérèglement climatique mondial, comme les algues toxiques, la gestion halieutique, les observatoires du milieu marin et la durabilité de l’aquaculture calédonienne. Contact : Benoît Soulard, Délégué de Nouvelle-Calédonie benoit.soulard@ifremer.fr

Parmi les projets fédérateurs sur un territoire couvrant 13 % de la ZEE française, étaient attendus les résultats des programmes « RESSAC » (Ressources et écosystèmes aquacoles en Nouvelle-Calédonie), projet pluridisciplinaire axé sur l’amélioration de la survie en écloserie, des gains de robustesse des post-larves et En haut : panache turbide face au récif. © Ifremer | B. Soulard. Ci-dessus : crevette bleue du Pacifique Litopenaeus stylirostris. © Ifremer | O. Dugornay


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© Delphine Mayeur

La pérennité de la filière représente donc un enjeu socioéconomique majeur pour l’île. Hélas, des mortalités larvaires massives en écloseries causent une pénurie impactant l’ensemble de la production et les causes de ces mortalités sont actuellement inconnues. Mon projet de thèse étudie l’évolution physicochimique de l’eau d’élevage ainsi que la dynamique des communautés microbiennes associées à ces eaux et aux larves afin d’identifier des biomarqueurs microbiens pour la mise en place d’outils de détection et de prédiction.

• Qu’est-ce qui est passionnant dans l’étude de la crevette ?

C arolane G iraud , doctorante au sein de l’unité « Lagons, Écosystèmes et Aquaculture Durable en Nouvelle-Calédonie » à Saint-Vincent, a reçu le Prix Jeunes Talents France 2022 Fondation L’Oréal Unesco Pour les Femmes et la Science, le 12 octobre au CNAM à Paris. Retour en interview suite à la cérémonie.

- Je suis toujours fascinée par l’étude du monde complexe et pourtant infiniment petit des micro-organismes. Pouvoir les étudier dans le monde de la crevette rajoute un enjeu concret et donc une motivation supplémentaire. À cela s’ajoutent des échanges diversifiés et passionnants avec les acteurs de la filière qui amènent toujours de nouvelles perspectives de travail.

• Comment te projettes-tu dans les années à venir ?

INTERVIEW CAROLANE GIRAUD, LAURÉATE DU PRIX JEUNES TALENTS FRANCE FONDATION L’ORÉAL UNESCO POUR LES FEMMES ET LA SCIENCE • Quel est l’objectif de ta thèse en NouvelleCalédonie ? - La crevetticulture se développe depuis les années 1970 en Nouvelle-Calédonie. Cette activité se répartit sur 700 hectares d’exploitation, génère plus de 500 emplois et produit environ 1 500 tonnes de crevettes par an dont 55 % sont exportées.

ACCORD DE COOPÉRATION IFREMER - CPS

- Ma soutenance de thèse devrait avoir lieu en avril 2023. Après cette première (grosse) étape, j’espère continuer mon aventure calédonienne un peu plus longtemps pour finaliser ce projet qui a pris du retard à cause de la Covid. J’aimerais pouvoir apporter des solutions concrètes à la filière avant de poursuivre en post-doc (pourquoi pas au Canada) pour continuer à enrichir mes compétences en écologie microbienne marine et peut-être un jour retrouver l’Ifremer. Pour cette 16ème édition, la Fondation L’Oréal et ses partenaires ont réaffirmé leur engagement aux côtés des femmes scientifiques, afin de les accompagner, les rendre visibles, et soutenir leurs recherches : 23 doctorantes et 12 post-doctorantes ont été sélectionnées parmi 660 candidatures éligibles par un jury d’excellence composé de 28 chercheurs de l’Académie des sciences.

+ d’info ici : « Jeunes Talents » France 2022

+ d’info ici : Accord-cadre Ifremer- CPS

Le 29 septembre, François Houllier, PDG de l’Ifremer, et Stuart Minchin, DG de la Communauté du Pacifique Sud (CPS), ont signé un mémorandum d’entente dont l’objectif est de faciliter les collaborations entre les deux organisations dans le domaine des sciences océaniques. Les thèmes concernés portent entre autres sur la gestion durable des ressources marines, l’exploration et l’observation des fonds et de la colonne d’eau ou encore le partage d’outils d’aide à la décision et données face aux enjeux globaux tels que réchauffement climatique, montée des eaux…

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grandeur Nature

WALLISET-FUTUNA LA MISE EN PLACE DE LA PREMIÈRE AIRE MARINE ÉDUCATIVE DE L’ARCHIPEL Né

aux

Marquises

il y a

10

Ce projet d’aire marine initiée dans l’archipel en milieu scolaire existe depuis déjà plus d’un an. Il s’agit d’un projet expérimental.

ans , le concept d ’ aires marines éducatives s ’ est étendu depuis

à l ’ échelle nationale .

Aujourd’hui, en métropole et en outre-mer, plus de 260 écoles sont impliquées dans la gestion et le suivi de petites zones maritimes littorales. À Wallis-et-Futuna, l’école de Malaefoou travaille à la création de la première « AME ». Une aire marine éducative permet à des élèves, encadrés par leurs enseignants, de s’impliquer pour la défense de leur milieu naturel, en définissant les enjeux et les priorités de préservation d’une petite zone littorale à proximité de leur école.

• l’étude du platier et des herbiers ; • le lagon et ses richesses ; • la barrière de corail et l’îlot Faioa (espèces exotiques envahissantes et biodiversité) ; • le large : les grands poissons et migrations.

À Wallis-et-Futuna, la Direction de l’enseignement catholique (DEC) en partenariat avec le Service territorial de l’environnement (STE) et l’Office français de la biodiversité (OFB) ont émis le souhait de développer un projet d’aire marine éducative dans l’archipel, et ont reçu pour cela le soutien du chef du territoire en juillet 2021. Grâce à la motivation et à l’engagement de deux enseignants des classes de CM1 et CM2 de l’école Logolelei du village de Malaefoou, cet établissement au sud de Wallis a été identifié comme la structure porteuse du projet.

Grâce à ces activités, les enseignants délivrent des savoirs dans plusieurs matières : mathématiques, histoire, géographie, français et valeurs citoyennes.

« Au travers de ce projet d’aire marine éducative, les enseignants bénéficient de champs exceptionnels d’exploration pour les élèves mais aussi d’un support pédagogique pour la mise en oeuvre du parcours citoyen de l’élève prévu par les programmes scolaires », considère le Service territorial de l’environnement. Le projet doit se structurer autour d’un conseil de la mer où les élèves échangent et délibèrent sur les étapes à suivre, avec l’accompagnement de leurs enseignants. Le programme est prédéfini par l’équipe projet et se partage selon ces cinq périodes scolaires : • l’étude d’un écosystème littoral : la mangrove ;

Au total, 28 élèves ont organisé le premier conseil de la mer à l’école de Malaefoou. Ce travail a consisté à déterminer le périmètre de la zone marine, à faciliter l’accès à cette zone et à lister les actions que les élèves souhaitent y réaliser. À ce jour les jeunes de cette école ont pu découvrir et étudier l’écosystème de la mangrove via des ateliers d’information et de sensibilisation organisés par les agents du STE et l’équipe pédagogique. Une sortie scolaire a été proposée le 25 août dernier par l’association Fakakolo du village de Utufua pour que les enfants puissent participer eux-mêmes à la restauration de la mangrove. Une autre sortie a eu lieu en octobre dans la mangrove, et les enfants ont présenté aux parents d’élèves les informations apprises et acquises sur cet écosystème fragile. En parallèle, la classe étudie le platier et les herbiers avec l’appui technique du STE et du service Pêche de Wallis-et-Futuna. L’objectif est de vivre la mer, apprendre la mer et transmettre la mer ! Rédaction : Malia Pelo


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« Apprendre en s’amusant, en explorant diverses matières – maths, français, géographie... – grâce à l’AME, engage les élèves de CM1 et CM2 de l’école Logolelei à la protection de la mer autour d’une zone marine de 13,8 km2. Cette zone regroupe quatre villages pour la partie littorale – Utufua, Malaefoou, Teesi et Kolopopo – et quatre îlots pour la partie lagon et récif : Nukutaakimoa, Nukufetau, Faioa et Nukuafo.

TÉMOIGNAGE ANGELINA TOFILI, ANIMATRICE PÉDAGOGIQUE DE LA DIRECTION DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE (DEC) DES ÎLES WALLIS-ET-FUTUNA

Ce qui a motivé les élèves en premier lieu, c’est le fait d’être sensibilisés aux démarches écocitoyennes et de renouer des liens avec la Nature, en partant à la découverte de leur Territoire et en approfondissant leurs connaissances sur le milieu marin. Une prise de conscience s’opère déjà : faire se rencontrer élèves, acteurs de la mer (usagers, professionnels...) et gestionnaires d’espaces naturels ne peut qu’être un atout. Les transferts de savoirs dont les enfants bénéficient de la part de leurs aînés vont leur permettre d’évoluer avec assurance face aux problématiques soulevées lors des conseils de la mer tenus en classe. »

Les élèves de l’école de Malaefoou sont devenus des acteurs de leur environnement, à travers ce projet précurseur pour Wallis-et-Futuna.

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Fédérer l’outre-mer, favoriser les échanges, mettre en lumière les acteurs de terrain, les initiatives pour la protection de la nature et le développement durable

SEPT.| OCTOBRE 2022

E-MER OUTR deur Nature gran

L’E-MAG ULTRAMARIN

OcéIndia

DE L’ENVIRONNEMENT

n°12

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SOMMAIRE

UNE

GUADELOUPE 2 5 7 12 13

|

LA BEAUTÉ DU « PETIT

édito actu outre-mer Saint-Pierre-et-Miquelon Saint-Martin Saint-Barthélemy

16 22 26 30 36

» SELON MILTON BOUCAR

Martinique Guadeloupe Guyane Île de La Réunion Mayotte

39 42 46 48

D

TAAF Polynésie française Nouvelle-Calédonie Wallis-et-Futuna

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT SUPPORT D’INFORMATION BIMESTRIEL GRATUIT ADRESSÉ AUX : décideurs publics acteurs ultramarins de l’environnement académies d’outre-mer internautes via de nombreux sites web et réseaux sociaux

Page Facebook « Outre-mer grandeur Nature » Un support proposé par OcéIndia aux Éditions Insulae 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion Stéphanie Castre, directrice de publication | oceindia@icloud.com Rédaction : Stéphanie Castre, Lucie Labbouz, Axelle Dorville, Romy Loublier, Mariane Aimar, Sandrine Chopot, Marion Durand, Christian Beillevaire, Jean Faatau, Caroline Marie, Malia Pelo Conception graphique : Océindia


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OUTRE-MER grandeur Nature

1min
page 48

Wallis-et-Futuna

4min
pages 46-47

Ifremer

5min
pages 44-45

Nouvelle-Calédonie

3min
pages 42-43

AFD

4min
pages 40-41

Polynésie française

4min
pages 38-39

Fondation des mers australes

5min
pages 36-37

TAAF

4min
pages 34-35

Conseil départemental de Mayotte

3min
pages 32-33

Mayotte

4min
pages 30-31

Port Réunion

5min
pages 28-29

Île de La Réunion

5min
pages 26-27

Cirad

4min
pages 24-25

Guyane

4min
pages 22-23

Guadeloupe

3min
pages 20-21

ODE Martinique

3min
pages 18-19

Martinique

4min
pages 16-17

Interco' Outre-mer

4min
pages 14-15

Saint-Barthélemy

3min
page 13

Saint-Martin

3min
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OFB

4min
pages 10-11

Saint-Pierre-et-Miquelon

3min
page 9

Actu Outre-mer

5min
pages 7-8

Planète Outre-mer

2min
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Le pôle Outre-mer de France Télévisions

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pages 4-5

ÉDITO

7min
pages 2-3
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