a C ULT U R E – P ORTRAIT Véronique Leblanc
Alban Hefti - DR
NOUVEAUX POSSIBLES LEONARDO VARGAS, L’ŒUVRE AU-DELÀ DE L’IMAGE Que peut encore nous dire l’image aujourd’hui ? A-t-elle gardé sa capacité à « créer un lien émotionnel » dans une ère où nous sommes tous devenus producteurs et consommateurs frénétiques de selfies et vidéos marqués au sceau du vite produit et vite oublié ? a publicité avait préparé le terrain, rappelle Leonardo Vargas, peintre colombien arrivé à Strasbourg en 2016 après un master en arts à la Hogeschool voor de kunsten de Utrecht aux Pays-Bas. « L’image a été banalisée », dit-il, mais « certaines, au-delà d’une dimension superficielle, garde la capacité de nous attirer, de nous retenir. Pour moi, elles sont le prétexte pour aller ailleurs ». Cette quête de l’image « interpellante » qui l’ouvre à l’inconnu de la création, Leonardo Vargas la mène depuis plusieurs années. Il l’a débutée en dialoguant avec des scènes d’intérieur classiques du siècle d’or de la peinture néerlandaise qu’il avait découverte sur catalogues en Colombie avant de s’y confronter « en vrai » dans les musées des Pays-Bas. Sous son pinceau, ces univers en suspension ont révélé de nouveaux « possibles » prétextes à des « devenirs » qui jamais ne renient l’harmonie initiale. Pour lui, Il s’agit de traduire à la fois d’où vient l’œuvre et où elle peut aller au filtre de sa création. Après s’être ensuite consacré aux Ménines de Velásquez et aux œuvres de Watteau, il a découvert l’univers des daguerréotypes en préparant des cours pour la Faculté d’Arts plastiques de Strasbourg où il enseigne.
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Daguerréotype
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№45 — Juin 2022 — De Kyiv à Strasbourg