Quartier Esplanade : une petite place intimiste enfermée entre les barres d’immeubles. La cosmopolite Cour de Cambridge abrite commerces de bouche, petits restaurants orientaux et quelques pépites. Revue de détail. La Table—Le Quartier
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Par Lucie Chevron / Photos Jésus s.Baptista
Melting pot Tôt, le matin, les terrasses emplissent l’espace. Ici, même lorsque le temps est morose, les couleurs jaillissent de toutes parts. Laide pour certains, pleine de charme pour d’autres, construite dans les années 60 comme tout le quartier, la Cour de Cambridge est un lieu de passages quotidiens pour beaucoup, recelant petits commerces et restaurants aux propositions et prix alléchants. Ce qu’on y trouve ? Une boulangerie traditionnelle, une épicerie asiatique où les étudiants voisins viennent acheter leurs encas, le restaurant Onel et ses spécialités irakiennes (keftah, kebbeh de Mossoul et chawarma de bœuf, etc.), une boucherie-charcuterie halal, Beyrouth Market, épicerie libanaise, et le restaurant Damas, où déguster d’exquises pizzas traditionnelles syriennes : les Manaïch. Si une partie des commerçants a toujours vécu ici, d’autres, au contraire, sont venus là « où l’on trouve [son] gagne-pain ». Izoli gère le Habibi, un autre restaurant syrien. Il était le premier arrivé, bien avant que la place ne déborde de
commerces. La première fois qu’il a foulé « le centre », comme il l’appelle, il y a vu une opportunité. S’il regrette que ces bâtisses ne soient pas architecturalement très accueillantes (question de point de vue), il aime y travailler. « Le quar tier est vivant. Entre les habitants, les étudiants, et les Strasbourgeois d’autres quartiers qui viennent manger, ça bouge, ça vit. Il s’y rencontre une multi tude de cultures différentes. » Côté clients aussi, on y est attaché. Sandra a longtemps vécu ici, elle y a ses habitudes. Et, même si depuis, elle a déménagé, elle revient pour « l’atmosphère, les terrasses, le coin en général. On trouve de tout ici. » Comme une p etite ville dans la ville. Nombreux sont ceux qui, allant faire leurs courses au supermarché, s’arrêtent boire un café, avant de se fournir en épices. Geneviève, elle, vient presque chaque matin. Pour elle, comme pour Nicole, il ne manque qu’un restaurant alsacien pour parfaire l’identité plurielle et hybride de ce lieu qui semble évoluer dans un autre espace-temps.