Zut Strasbourg n°47

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La Cité—Théâtre

Au TNS, Stanislas Nordey met en scène Ce qu’il faut dire, recueil de trois textes de l’écrivaine franco-camerounaise Léonora Miano. Une performance poétique et politique, portée par trois jeunes comédiennes, où se croisent les voix et les regards sur la question noire, la question blanche, les manières d’y trouver sa place et d’en parler. Propos recueillis par Sylvia Dubost

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Regards croisés

* Le programme 1er acte, initié en 2014 par Stanislas Nordey et les Fondations Edmond de Rothschild et de la Fondation SNCF, vise à promouvoir une plus grande diversité sur les plateaux de théâtre. Le programme a permis, en cinq saisons, à 81 jeunes actrices et acteurs de suivre des masterclasses dans des théâtres partenaires avec des professionnels reconnus du spectacle vivant. Plusieurs élèves comédiens de l’école du TNS sont issus de ce programme (lire aussi Zut n°31) Photos (dans le sens des aiguilles d’une montre) : Stanislas Nordey, Océane Caïraty, Ysanis Padonou, Mélody Pini, par Jean-Louis Fernandez.

Pourquoi ce texte, pourquoi aujourd’hui ? L’écriture de Léonora, je la fréquente depuis longtemps, et je l’ai découverte par ses essais « politiques ». Ces textes-là, elle le performait elle-même. Quand j’étais artiste associé au festival d’Avignon en 2013, je lui avais demandé si je pouvais les mettre en voix. Elle m’a dit qu’elle ne l’accepterait que s’ils étaient dits par des femmes noires, et j’avais compris. Depuis, ils m’ont rattrapé, je lui ai fait mail timide en disant que c’était important. Elle m’a répondu qu’elle était devenue moins dogmatique. Cette envie s’est croisée avec la rencontre très forte des élèves du groupe 44 de l’école du TNS, et notamment trois jeunes comédiennes avec qui j’avais envie de travailler : il y avait là une espèce de synergie naturelle. Enfin, pour la petite histoire, je suis afro-descendant : mon grand-père était Martiniquais et mon arrière-arrière-grandpère a été emmené comme esclave à PointeNoire. Cela ne se voit pas mais je le sais. La question noire, la question blanche que Léonora aborde dans ses textes me touche aussi pour ça.

La forme graphique du texte est très importante : que devient-elle dans la mise en scène ? Évidemment, on la prend en compte. Léonora m’a donné des choses à voir, notamment des grandes figures américaines du Spoken Word. Elle m’a aussi raconté comment elle performait. Mais il ne faut surtout pas qu’on copie. Toute la calligraphie, la typographie, on en tient compte : c’est comme une partition, mais on essaye de se l’approprier. Il y aura des transitions musicales entre chaque texte [avec la percussionniste Lu­ cie Delmas, NDLR], l’espace sera plutôt performatif, très clair, très lumineux, très coloré. Le spectacle se situera entre performance, tri­bune politique et concert. Ce spectacle s’inscrit dans la continuité de votre travail en direction des comédiens issus de la diversité, notamment avec le programme 1er acte*. C’est important pour moi que sur scène il y ait une représentativité de la France entière. Ici,


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