Chapitre XII : Le Cas Francesca Scodelario (Partie 1 : La Rencontre)
Nos invités de marque s’installaient sur les chaises qui leur étaient réservées, les uns après les autres. Certains avaient fait un long chemin pour arriver ici. Ils avaient tous une coupe remplie de vin devant eux. Si quelques uns osaient tremper leurs lèvres à l’intérieur, assoiffés par le voyage, la plupart d’entre eux restaient plus distants. La méfiance était de mise. Personne ne se faisait vraiment confiance ici. Ils avaient tous, pour la peine, songé à faire appel à plusieurs gardes du corps, juste au cas où. Leborgne s’était assuré de leur faire déposer leurs armes à l’entrée. Mais, dans ce milieu, les mots sont bien plus dangereux que n’importe quelle arme. Certains d’entre eux se connaissaient, intimement comme de réputation. Patientant le temps qu’il faudrait, ils avaient commencé à entamer diverses discussions chacun de leur côté. Leborgne se tenait, non loin de la place encore vide de Luther. Il écoutait attentivement, sans pour autant en donner l’impression, les dires des uns et des autres. Il essayait déjà de retenir un maximum des nombreux visages qui se tenaient devant lui. Heureusement que la pièce était large et que certains avaient refusé l’invitation. Nous n’aurions jamais pu faire asseoir tant de monde autour d’une même table, sinon. Chacun d’entre eux avait ses propres attentes, ses propres idées, ses propres demandes. Assassins, marchands, mages, espions, alchimistes, … Ils avaient tous un domaine de prédilection. Mais ils attendraient. Ils attendraient tant que je le jugerais nécessaire. Il fallait bien que Luther se prépare, pendant ce temps. C’était lui le porte-parole de Monsieur S, après tout. Il devait passer pour quelqu’un de très occupé. William et Mélanie, quant à eux, avaient été positionnés chacun à une porte. Leborgne leur avait demandé à chacun de surveiller un côté de la table, mais de n’intervenir que si on leur en donnait l’ordre. Héléna, quant à elle, n’était pas conviée à la réunion. Ni Luther, ni moi-même ne souhaitions que qui que ce soit ici puisse l’identifier. Nous ne voulions pas lui donner une grande importance. Moins elle se mêlait des affaires du Gant Noir, moins elle prenait de risques. Alors que les nouveaux invités ne cessaient de pénétrer dans notre quartier général, je n’étais, de mon côté, même pas sur les lieux. C’était l’heure du souper. Je dégustais donc avec ma vraie Famille de bons morceaux de viande que mon Père venait tout juste de couper. Il me fallait attendre le lendemain pour savoir ce qu’il s’était dit lors de cette réunion. Ils étaient 4 à y avoir assisté. J’espérais donc que chacun d’entre eux saurait me faire une parfaite retranscription des faits sans omettre le moindre détails. Quand je fus de retour dans notre quartier général, je les surpris à relire un long parchemin sur lequel se tenait une succession de tirets. Ils énuméraient les différents grands points de la réunion. Je me mis alors à alourdir mon pas, de façon à ce que l’on m’entende approcher malgré la distance. En entendant cela, Leborgne fit signe à sa sœur et à son neveu de quitter la salle. Ils obéirent, non sans laisser s’échapper un soupir, nous laissant ainsi tous les trois dans la salle : Luther, Leborgne et moi. Je m’étais donné la peine d’écrire au préalable sur une simple feuille de papier une question tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pourtant, la réponse à cette dernière était tout sauf à prendre à la légère. « Tout s’est bien passé ? » Luther fut le premier à me répondre. « Les nouvelles sont bonnes. Cette petite réunion nous a permit de consolider les liens et les atouts du Gant Noir plus que nous ne pouvions l’espérer ! J’ai une liste de doléances à vous fournir. Je me suis déjà permis de cocher ce que j’ai accepté de leur laisser au nom du Gant Noir. Et pour le reste, j’ai préféré vous réserver le droit de choisir. »
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