Chapitre XIII : Le Cas Francesca Scodelario (Partie 2 : Eldeth Grisebrum)
Eldeth Grisebrum, hein ? Eldeth Grisebrum. Était-ce donc lui qui m’avait fait espionner sur le chemin du retour ? Ça me semblait bien trop gros pour être vrai. Bien sûr, en m’alliant à Francesca Scodelario, je savais que je me ferais beaucoup d’ennemis. Je savais également qu’il me fallait me méfier de ce Haut-elf. Mais, comment pouvait-il se douter, lui qui n’avait même pas daigner mettre les pieds ici, que j’étais Monsieur S et que j’emprunterais ce chemin pour rentrer chez moi ? Si jamais c’était bien lui derrière tout ça, cela signifiait qu’il possédait une force de frappe majeure et des espions extrêmement doués. Pourtant, ceux de la dernière fois avaient beau être 4, ils s’étaient fait réduire en charpie par William. Non pas que le petit Leborgne n’était pas un adversaire redoutable, mais des espions professionnels n’auraient jamais été repérés par un jeune garçon à la formation non achevée. Toute cette histoire me semblait comme orchestrée de toute pièce. J’avais la désagréable impression de participer, à mon insu, à une gigantesque pièce de théâtre grandeur nature. Mais, si c’était le cas, il me fallait découvrir qui tirait les ficelles. Qui pouvait pousser ces hommes à risquer leur vie de la sorte dans l’unique but de me tromper en me mettant sur la mauvaise voie ? Si la réponse pouvait paraître évidente à première vue, tout semblant pointer vers Francesca, je commençai néanmoins de plus en plus à douter de sa culpabilité à elle aussi. Bien sûr, elle avait déjà montré une certaine curiosité quand à ma véritable identité. De plus, elle aurait très bien pu profiter de son arrivée ici pour déposer quelques uns de ses espions dans les alentours afin d’en apprendre un maximum sur moi. Et ce, même si ça signifiait : les envoyer à l’abattoir. Après tout, à l’instar de ses maris, cette femme avait la capacité de pousser les hommes à mourir pour elle rien qu’en le leur demandant. Ils l’aimaient bien trop pour la dénoncer ou lui refuser quoi que ce soit. D’ailleurs, c’était elle qui fut la première à me parler d’Eldeth Grisebrum. Et comme par hasard, ces espion avouent travailler pour le compte du Haut-elf du Nord le jour même où j’appris son existence. Certainement un moyen pour Francesca de se débarrasser d’un ennemi à elle sans se salir les mains ou être impliquée directement. Si je me chargeais de faire le sale travail pour elle, elle aurait le beurre, l’argent du beurre et l’assurance que personne ne puisse jamais remonter jusqu’à elle. Cependant, il y avait trop de failles pour que je puisse l’accuser d’en être la fomenteuse. Une femme aussi méticuleuse qu’elle n’aurait jamais osé s’en prendre à moi si tôt et par des moyens si grossiers. Elle aurait fait preuve de plus de finesse, de plus d’ingéniosité. De plus, elle avait tout à perdre en prenant le risque de me faire douter d’elle. Le simple fait qu’elle ait accepté de mettre sa rancœur envers Leborgne de côté pour me plaire était une raison suffisante pour me prouver à quel point elle était prête à faire des sacrifices pour obtenir ma confiance. Jamais elle n’aurait tout gâché de la sorte. Or si l’ennemi que je recherchais n’était ni Grisebrum, ni Scodelario, qui était-ce ? Cette interrogation m’occupait l’esprit depuis quelques jours déjà. Alternant entre mon lit, mon tapis à jouets, ma bassine et les marches à l’entrée de ma maison, je ne fis rien d’autre de mes journées que de réfléchir à qui pouvait bien être le commanditaire de ces hommes. Je dessinai des
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