Chapitre V : Le Trésor de Subario
Le soleil venait tout juste de se lever. Cette nouvelle journée allait être d'une importance capitale pour moi. Je me devais d'innover compte tenu de la situation dans laquelle je m'étais immiscé la veille. Cette nuit encore, je devais retrouver les cinq gnomes de la dernière fois et renforcer notre relation de confiance mutuelle. Aussi, je passai toute ma matinée, ainsi qu'une bonne partie de mon après-midi, à peser le pour et le contre, à calculer mentalement quelles seraient les façons les plus avantageuses de procéder, quels seraient les bénéfices les plus importants que je pouvais en tirer. J'en vins finalement à ce verdict : il me fallait continuer à aider ce groupe de malfrats dans leurs braquages et augmenter graduellement le montant des sommes à dérober, pendant encore quelques temps. Cette première étape n'était pas pour me plaire, mais elle était indispensable. Sans elle, impossible de passer à la suivante. Et sans la suivante, impossible d'atteindre mon but ultime. Je ne pouvais cependant pas me contenter de vendre la position des convois des simples petits marchands de Kürsk. Si je voulais faire de ces cinq là ma porte d'entrée pour le monde des puissants, il me fallait m'assurer qu'ils finissent par s'en prendre à ces derniers. Tout le but de la manœuvre était de faire en sorte que ce groupe finisse par entrer en contact avec l'une des grandes figures locales. Peu importait laquelle, du moment qu'ils réussissaient à acquérir ses faveurs. Comme je l'ai déjà expliqué, le simple fait de tendre l'oreille à ce que les autres racontent, sans laisser deviner qu'on y crédite de l'intérêt, est la meilleure façon d'agrandir son savoir. Et le savoir, c'est le pouvoir. Entendre les histoires de querelles entre les nobles, d'héritages, de successions, ... C'était en réalité monnaie courante, à l'époque. Même pour les gens de peu. Ils avaient tout à gagner à révéler l'étendue de leur puissance ou de leur importance à nos yeux. Suivre leurs aventures était en quelque sorte un moyen d'occuper les masses en dehors du travail. Seules leurs petites manigances demeuraient cachées. Elles n'étaient révélées par la suite que par le vainqueur, et ne concernaient bien évidemment que le vaincu. Le point positif lorsque l'on grandit entouré de marchands, c'est que les informations circulent très vite et atteignent tout aussi rapidement les oreilles de qui sait entendre. Les inspirations me vinrent par milliers lorsque les complots, les manigances et les conspirations qu'ils menaient les uns envers les autres m'étaient indirectement narrées. Je pouvais m'inspirer de la base, sans pour autant commettre les mêmes erreurs qu'eux. Ils étaient, après tout, bien plus disposés que moi à innover dans ce monde d'intrigues et de vices dans lequel ils avaient grandi. Mêler les deux regards me permettraient ainsi de très vite trouver ma place. Une fois le contact établi, il me faudrait simplement gravir les échelons puis, une fois assez haut dans la hiérarchie, mettre en
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