L’INDUSTRIALISATION EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE 191
différents points des chaînes de valeur locales. Cet objectif est particulièrement pertinent pour des investisseurs présentant de forts liens en amont et en aval. Grâce aux IDE, les entreprises nationales peuvent bénéficier de nouvelles idées, de transferts de technologie ainsi que du partage du savoir-faire contenu chez les multinationales. Cette situation peut leur permettre de dynamiser la croissance de la productivité et d’étendre le périmètre de leurs activités. L’Afrique subsaharienne peut tirer profit des investissements – étrangers ou intérieurs – afin d’accroître ses performances dans les CVM, dans le cadre de ses échanges commerciaux ainsi que dans ses processus d’industrialisation, par le biais des mesures suivantes : (1) adopter des stratégies d’investissement qui améliorent la connectivité par la modernisation des infrastructures de communication, de transport et d’énergie, tout en réformant le secteur des services, qui est devenu crucial dans les réseaux de production mondiaux et continuera à générer des bénéfices importants pour les pays en développement dans le cadre de la chaîne d’approvisionnement ; (2) adopter des politiques unilatérales permettant de réduire les obstacles aux investissements et d’améliorer le climat des affaires ; et (3) harmoniser et consolider les réformes des politiques d’investissement aux niveaux régionaux et nationaux afin d’éviter toute fragmentation non désirée des régimes d’investissements, ou bien leur double emploi.
Cadre politique : intégrer, concurrencer, monter en gamme, habiliter La panoplie de politiques pouvant être mises en œuvre afin de promouvoir l’industrialisation peut être divisée entre deux catégories : les politiques « douces » et les politiques « dures ». Les politiques douces ont pour but de soutenir la croissance et la productivité de tous les secteurs de l’économie, tandis que les politiques dures ciblent le développement des industries manufacturières traditionnelles, la création de secteurs comportant une part d’activités manufacturières, ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat local dans les petites entreprises manufacturières6. Un cadre politique incorporant à la fois des éléments de politiques dures et douces peut ainsi être proposé, caractérisé par quatre piliers : Intégrer, Concurrencer, Monter en gamme et Habiliter (ICUE, pour « Integrate, Compete, Upgrade and Enable ») (graphique 6.7). Le pilier intégrer désigne les politiques promouvant la participation aux CVM, ainsi que de façon plus générale, l’intégration dans les économies régionales et internationales par le biais du commerce et des investissements. Ces politiques intègrent dans leurs mesures la libéralisation du commerce, la diversification des liens commerciaux de façon à s’orienter vers les économies des marchés émergents, ainsi que les accords commerciaux régionaux.