36 L’industrialisation en Afrique subsaharienne
d’emplois ne se sont pas produites à une échelle suffisamment importante pour avoir un impact sur la réduction de la pauvreté. En cherchant à appliquer les modèles traditionnels de transformation structurelle via un processus d’industrialisation, la région doit faire face aux défis que représentent l’évolution des politiques commerciales internationales, la transformation des processus de production internationaux – essentiellement liés à l’émergence de chaînes de valeur mondiales – ainsi que les avancées technologiques sans précédent dont les innovations ont pour effet de réduire les besoins de main-d’œuvre. Toutefois, le pessimisme quant aux perspectives d’industrialisation de l’Afrique paraît en grande partie disproportionné car le débat s’est focalisé sur les échecs passés, lesquels ont été interprétés comme le signe de perspectives limitées pour l’avenir de la région.
L’avenir de l’industrialisation en Afrique Les incertitudes relatives aux solutions potentielles pour les pays en matière d’industrialisation indiquent que les pays africains ne sont pas assurés de réussir leur industrialisation (Hallward-Driemeier et Nayyar, 2017). Cette incertitude s’explique en partie par l’émergence de technologies telles que l’automation, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et l’impression 3D, qui transforment radicalement la nature des activités manufacturières. L’évolution des technologies et la transformation des modèles de mondialisation suscitent des interrogations quant aux perspectives d’un développement basé sur l’industrie manufacturière. L’émergence de l’industrie 4. 0 – comme l’automation – et son évolution constituent des phénomènes présentant à la fois des opportunités et des défis. Il s’avère par conséquent nécessaire de repenser une politique industrielle adaptée à l’ère du commerce international et du développement technologique. Les stratégies industrielles ne peuvent se limiter à une vision selon laquelle les pays devraient se concentrer sur des industries spécialisées fournissant les meilleurs rendements en matière de bien-être et de répartition des ressources. Elles doivent plutôt être abordées par le prisme des avantages comparatifs dynamiques ou dans le cadre d’une transformation de l’économie capable de favoriser une croissance accrue et la création d’emplois. Les échecs de l’industrialisation constatés dans de nombreux pays africains depuis les années 1970 ont suscité des inquiétudes légitimes. En outre, l’urbanisation rapide et la croissance de l’économie des services ont occasionné une transformation structurelle qui a généré une baisse de la productivité (McMillan et Rodrik, 2011), ce qui s’est traduit par des gains statiques et des pertes dynamiques pour les économies africaines (de Vries, Timmer et de Vries, 2013). Parmi les défis essentiels auxquels doivent faire face les pays à industrialisation