Le rôle de l’industrie manufacturière dans la transformation 37
tardive, on trouve notamment l’effet de verrouillage qui affecte les premiers acteurs se lançant sur le marché, la sophistication grandissante des marchés et de la demande des consommateurs, la fragmentation de la production au sein de chaînes de valeur mondiales (CVM) ainsi que la complexité croissante des processus manufacturiers. Ces difficultés sont accentuées par les virages récents de l’économie politique, qui ont renforcé le protectionnisme au niveau du commerce international. En outre, la récente pandémie de COVID-19 (coronavirus) devrait avoir des conséquences importantes sur les perspectives d’industrialisation de la région. Les flux et reflux du commerce international, associés à des préoccupations sanitaires durables concernant la COVID-19, ont nourri un climat d’incertitude quant à l’avenir du commerce international et conduit l’industrie manufacturière à devoir repenser les CVM (Kassa, 2020). La COVID-19 et les tendances géopolitiques émergentes au sein des économies avancées font de plus en plus pencher la balance en faveur d’une stratégie de résilience ou de « diminution des risques ». On peut s’attendre à ce que la COVID-19 accentue les évolutions en cours au sein des CVM en matière de rééquilibrage géographique. D’importantes évolutions devraient avoir lieu au sein des CVM de l’industrie manufacturière, qui font l’objet d’un commerce important et nécessitent une main-d’œuvre abondante : de nombreux pays africains pourraient y trouver un avantage comparatif. Sur la base de ces avantages comparatifs, les pays africains pourraient établir des alternatives viables afin d’attirer les investissements susceptibles d’être réorientés. Les pays disposant de liaisons en amont relativement plus élevées avec des CVM du secteur manufacturier devront peut-être se repositionner afin de tirer avantage des profits qui pourraient découler de changements radicaux au sein des CVM liés aux chocs de l’économie mondiale et de la pandémie actuelle. De manière plus générale, la nature de l’industrialisation ne cesse d’évoluer, de telle sorte que la volonté d’industrialisation des pays africains s’apparente à la poursuite d’un objectif toujours mouvant. Il apparaît ainsi que l’industrialisation, si elle n’est pas impossible, est devenue plus complexe. Toutefois, il demeure quasi impossible pour les pays industriellement à la traîne de rattraper les économies développées en adoptant les approches traditionnelles. En résumé, industrialiser en se basant sur la conception traditionnelle reviendrait à poursuivre une chimère.
Repenser la politique industrielle du continent africain La théorie et la pratique de la politique industrielle ne cessent d’évoluer, et il n’en existe aucune définition qui fasse autorité auprès de tous. Dans le présent rapport, la politique industrielle désigne les actions gouvernementales de