MONUMENTS DU GRAND CIRCUIT
PRÉ RUP (Tourner le corps) Prononcer : Prè Roup Date : seconde moitié du Xe siècle (961) Roi constructeur : Râjendravarman (nom posthume : Çivaloka) Culte : brahmanique (çivaïte) Dégagement par H. Marchal et G. Trouvé de 1930 à 1935 Situé à 2,3 km à l’est du croisement du Grand et du Petit Circuit (Srah Srang), de suite après le coude à angle droit que fait la route pour remonter vers le nord, et à 500 m au sud de la digue méridionale du Baray oriental marquée par la borne kilométrique 16, le temple de Pré Rup se présente malheureusement avec un recul insuffisant : il aurait assurément gagné à être laissé solidaire de l’allée de bornes décoratives en grès qui le précédait du côté est. Œuvre de grand style et de proportions impeccables, Pré Rup, construit presque uniquement en matériaux d’un ton chaud (latérite et brique) en un temps où le grès n’était employé qu’avec parcimonie, demande à être vu de bonne heure le matin ou lorsqu’il se dore aux rayons du soleil couchant. Son dégagement, relativement récent,
120. Pré Rup, soubassements du sanctuaire central, côté est.
a coûté de longs efforts, les monuments de brique exigeant des précautions spéciales pour être débarrassés de leur gangue de terre et d’éboulis et de l’enchevêtrement des racines. Toute anastylose étant impossible, les travaux de reprise se sont réduits à quelques raccords de briquetage et des consolidations. Postérieur de peu d’années au Mébôn oriental et de style identique, Pré Rup est la dernière réalisation de « templemontagne » ayant précédé l’apparition des galeries continues, qu’annoncent déjà les enfilades de salles longues ceinturant la base. C’est le « Meru » en tant que pyramide couronnée d’un quinconce de tours dédiées à des personnages divinisés, avec douze petits prasats à lingâ sur l’un des gradins comme à Bakong. L’inscription, après quelques détails sur la généalogie de Râjendravarman, donne la date de fondation (961) et le nom du monument, Râjendrabhadreçvara, qui était celui du lingâ placé dans le sanctuaire central ; puis c’est la désignation des statues placées dans les tours d’angle et dont le culte était lié à celui du roi lui-même (Çiva), d’un de ses ancêtres maternels (Vishnou), de sa tante maternelle (Umâ) et de son demi-frère, le roi Harshavarman (Çiva), fils de cette dernière. Le texte précise que l’essence royale ou « moi subtil » du souverain se trouvait incorporée dans son image, érigée de son vivant.
Fig. 31. Pré Rup.
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