OUTRE-MER grandeur Nature n° 16 _ mai-juin 2023

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SOMMAIRE OcéIndia grandeur Nature OUTRE-MER UNE n°16 L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT MAI | JUIN 2023 N.-CALÉDONIE | DES DONNÉES INÉDITES SUR LA POLLUTION LUMINEUSE ÉDITO | V alérie V erdier , P résidente - directrice générale de l ’ ird GUADELOUPE | Pourquoi cette hausse des Prix des billets d ’ aVion ? POLYNÉSIE FRANÇAISE | le P rojet a oa , P our régénérer la forêt 2 édito 3 actu outre-mer 5 Saint-Pierre-et-Miquelon 8 Saint-Barthélemy 11 Saint-Martin 12 Martinique 18 Guadeloupe 22 Guyane 28 Île de La Réunion 36 Mayotte 38 TAAF 40 Polynésie française 42 Nouvelle-Calédonie 46 Wallis-et-Futuna 47 Clipperton

ÉDITO

PAR VALÉRIE VERDIER, PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE

DE L’INSTITUT

DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT (IRD)

Les territoires ultramarins répartis sur tous les océans font de la France le deuxième espace maritime mondial (11 millions de km 2 de ZEE).

Les Outre-mer, dont la population s’élève à plus de deux millions de personnes, abritent 80 % de la biodiversité française, 5 000 km ² de récifs coralliens et lagons et plus de sept millions d’hectares de forêt tropicale en Guyane. Ces territoires, particulièrement vulnérables aux conséquences du changement climatique, aux risques naturels et aux pressions anthropiques, sont porteurs de solutions durables face aux enjeux planétaires actuels.

La science joue un rôle essentiel pour coconstruire ces solutions. Elle permet de favoriser le dialogue science-société et orienter les politiques publiques vers la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD).

Avec plus de 200 agents et quatre représentations dans l’océan Indien, le Pacifique, l’Atlantique et les

Caraïbes, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) est fortement ancré dans les Outre-mer. Cet ancrage dans les territoires ultramarins auprès des acteurs locaux est une priorité pour notre institut.

Par la recherche, nous nous engageons à contribuer au développement socioéconomique des territoires en coconstruisant avec les acteurs locaux des projets répondant aux enjeux liés aux changements globaux tels que les risques climatiques et environnementaux, l’érosion de la biodiversité, la surexploitation des ressources, les pollutions, les maladies vectorielles et infectieuses, la sécurité alimentaire, la malnutrition, les migrations, les inégalités. La pluralité des Outre-mer en termes géographique, démographique, de structuration de l’ESR, justifie une approche différenciée par territoire telle que l’IRD la conçoit.

Notre institut s’est vu confier en décembre 2022, par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESR), Sylvie Retailleau, le pilotage d’un programme prioritaire de recherche « Outre-mer » dans le cadre du plan France 2030. Il permettra de mobiliser l’ensemble de la communauté scientifique concernée, et de coconstruire avec les acteurs locaux et populations, des solutions opérationnelles limitant la pollution, favorisant la résilience des écosystèmes, préservant la santé des populations et réduisant les déséquilibres sociaux.

Ce projet, comme toutes nos actions, sera conduit selon l’approche de la science de la durabilité, une démarche de collaboration interdisciplinaire et transdisciplinaire, multiacteurs, tournée vers des solutions durables, qui est au cœur de notre politique scientifique. Je souhaite que nous renforcions encore nos actions en Outre-mer. C’est la raison pour laquelle l’IRD adoptera, avant la fin de l’année 2023, sa nouvelle « stratégie Outre-mer ». Elle constituera la feuille de route de nos actions de recherche, de partenariat et de formation pour les années à venir.

L’IRD ambitionne d’être un acteur majeur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESR) dans les Outre-mer aux côtés des universités ultramarines, en contribuant aux politiques et contrats de site qu’elles conduisent avec une volonté de développer ensemble des approches régionales – par bassins – qui répondent à nos missions de partenariat dans la zone intertropicale et de diplomatie scientifique.

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Photos de couverture : pollution lumineuse en Nouvelle-Calédonie. © ŒIL |
Valérie Verdier
Valérie Verdier. © Edwige Lamy. | Portrait ci-dessus : E. Lamy

DES ESPÈCES ENDÉMIQUES

ULTRAMARINES TOUJOURS PLUS MENACÉES

La « Liste rouge » de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est un indicateur permettant de suivre l’état de la biodiversité, et constitue l’inventaire mondial le plus complet pour décrire l’état de conservation des espèces animales et végétales.

L’état des lieux réalisé par l’UICN sur les petites îles tropicales, subtropicales et australes des outre-mer français a mis en évidence une situation alarmante pour la flore vasculaire endémique – c’est-à-dire qui n’existe dans aucune autre partie de la planète – de ces territoires.

Parmi les 17 espèces de plantes endémiques recensées et évaluées à Wallis-et-Futuna, à Saint-Martin, aux îles Éparses, et à Saint-Paul et Amsterdam, 15 espèces sont en effet menacées de disparition : trois sont jugées « vulnérables », huit « en danger » et quatre en « danger critique ».

Les résultats de cette nouvelle « Liste rouge » mettent ainsi en évidence la nécessité d’améliorer la protection de ces espèces et de leurs habitats, et l’urgence à renforcer la lutte contre les menaces pesant sur ces espèces endémiques, parmi les plus rares d’outre-mer.

LE FONDS VERT D’ORES ET DÉJÀ MOBILISÉ À HAUTEUR DE 8,5 MILLIONS D’EUROS EN OUTRE-MER

Nous vous présentions le Fonds Vert dans le précédent numéro de l’e-mag. Le fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires, ou Fonds vert, accompagne les collectivités territoriales et leurs partenaires pour les aider à accélérer leur transition écologique. Parmi les 150 premiers lauréats sélectionnés, 18 projets ont été retenus en outre-mer pour un montant total de 8,5 millions d’euros. Ces projets permettront de mettre en œuvre des actions dans le domaine de la performance environnementale. Citons par exemple la rénovation de l’éclairage public des communes d’Acoua ou de Bandrélé à Mayotte, ou encore de Saint-Pierre à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Dans le domaine de l’adaptation au changement climatique, le Fonds vert financera des études sur l’évolution du trait de côte et l’érosion du littoral à Macouria et Awala-Yalimapo en Guyane. À La Réunion, quatre des sept projets retenus seront quant à eux dédiés à l’amélioration du cadre de vie de la population, avec notamment l’aménagement d’un espace de verdure sur l’îlot Flamboyant à Saint-Denis.

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ACTU OUTRE-MER
+ d’info ici : https://www.ecologie.gouv.fr/fonds-vert
+
ici : Résultats de l’évaluation des 17 espèces
d’info
© MTECT
Le plantain à cinq graines (Plantago pentasperma), endémique de l’île d’Amsterdam dans les TAAF. © MNHN | G. Rouhan

LA GUADELOUPE ACCUEILLERA LA PROCHAINE RENCONTRE ANNUELLE DES RÉSERVES DE BIOSPHÈRE

Créé en 1971, le programme sur l’Homme et la Biosphère (Man and Biosphere) de l’UNESCO vise à étudier et promouvoir un développement humain respectueux des ressources naturelles.

Les Réserves de biosphère sont des territoires proposant des solutions pour concilier la conservation de la biodiversité et son utilisation durable et bénéficiant d’une reconnaissance de l’UNESCO.

Il existe aujourd’hui 738 sites labellisés « Réserve de biosphère » dans 134 pays. Parmi les 16 Réserves de biosphère françaises, trois sont situées dans les territoires ultramarins : la Réserve de biosphère de la commune de Fakarava en Polynésie française, dans l’archipel des Tuamotu, créée en 1977 ; la Réserve de biosphère de Martinique récemment créée, en 2021 ; et la Réserve de biosphère de l’archipel de Guadeloupe, dont le label a été obtenu en 1993.

C’est ainsi à l’occasion de son 30ème anniversaire que la Guadeloupe accueillera, du 29 mai au 3 juin, la rencontre annuelle des Réserves de biosphère françaises. Cette rencontre sera l’occasion pour le Parc national de la Guadeloupe, établissement porteur du label UNESCO, de présenter les espaces naturels de son territoire à l’ensemble des délégations des 15 autres Réserves de biosphère de France.

La REP, soit la responsabilité élargie du producteur, implique que les acteurs économiques – fabricants, distributeurs, importateurs – sont responsables de l’ensemble du cycle de vie des produits qu’ils mettent sur le marché, depuis leur conception et jusqu’à leur fin de vie.

Le récent rapport du Sénat sur la gestion des déchets en outre-mer (voir l’édito de l’e-mag n °15 des deux sénatrices co-rapporteures du rapport) fait état d’une situation alarmante dans les territoires ultramarins.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de février 2020 prévoit pourtant que les « éco-organismes » en charge de la collecte et du recyclage des déchets « REP », tels que les meubles, les produits électroniques, les piles, les emballages, etc. élaborent un plan d’action au plus tard en 2023. Lors d’une rencontre début avril avec ces « éco-organismes », Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, a constaté que la majorité des projets de plans d’action n’étaient pas d’une qualité suffisante, et que la concertation avec les collectivités territoriales d’outre-mer méritait d’être renforcée.

Les plans d’action pour la gestion de ces déchets devront donc être révisés par les éco-organismes de manière concertée, d’ici le mois de juillet.

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+ d’info ici : Les Réserves de biosphère françaises
VERS UNE COLLECTE ET UN RECYCLAGE DES DÉCHETS « REP » PLUS AMBITIEUX © Pixabay

SAINT-PIERREET-MIQUELON

DES BALISES ARGOS POUR ÉTUDIER LES PHOQUES

A près les TAAF, s A in T - p ierre - e T -M iquelon A bri T e l A plus gr A nde popul AT ion F r A nç A ise de phoques . d eux espèces y son T observées : le phoque co MM un – ou ve A u MA rin – e T le phoque gris. les pêcheurs du TerriToire relATenT des cAs de déprédATions. le projeT copeMAM A MonTré que ces MAMM i F ères ch A ssen T sur T ou T l A nui T e T conso MM en T des espèces ben T hiques .

Existe-t-il une compétition entre les phoques et les pêcheurs ? C’est l’une des questions du projet COPEMAM, qui cherche à mieux comprendre les conflits entre pêche et mammifères marins dans l’archipel. Ce programme a été mené, entre 2019 et 2022, par l’Université de La Rochelle/CNRS et Florida International University, en partenariat avec la Direction des territoires, de l’alimentation et de la mer (DTAM) et l’Office français de la biodiversité (OFB).

Alors que la plus grande population française de phoques communs a élu domicile à Saint-Pierre-etMiquelon, des pêcheurs relatent des cas de déprédations : lorsqu’une prise est volée ou que le matériel de pêche est dégradé. Pour comprendre ce conflit entre les mammifères et les activités humaines, il est nécessaire d’étudier le rôle des phoques dans les chaînes alimentaires autour de l’archipel. Selon les résultats du programme, les phoques consomment des espèces de poissons benthiques – c’est-à-dire qui vivent au fond de l’eau – mais leur régime alimentaire varie selon les saisons et la disponibilité des proies.

CHASSEURS DE NUIT

Ce projet, conduit par Cécile Vincent, maître de conférences et spécialiste de l’écologie des phoques, a permis d’en apprendre beaucoup sur ces mammifères.

« Le but était de mieux comprendre où vivent les mammifères marins – baleines, dauphins et phoques –autour de Saint-Pierre-et-Miquelon, d’estimer les tailles de leurs populations, ce qu’ils mangent et où ils chassent », explique la chercheuse interrogée par le Compteur biodiversité outre-mer.

Pendant cinq mois, 10 phoques communs et deux phoques gris ont été équipés de balises Argos. Ces appareils, munis de GPS, ont suivi les animaux dans l’eau, à sec ou durant leurs plongées. L’analyse de ces données a mis en évidence que les phoques chassent surtout la nuit et se reposent à terre à marée basse, en journée et aux heures les plus chaudes.

« Les zones de chasse des phoques ont été cartographiées, généralement très près des côtes mais également dans une moindre mesure à plusieurs dizaines de kilomètres au sud sur le banc de SaintPierre, ou à l’ouest de Miquelon », détaille le rapport du COPEMAM. Depuis la fin de l’été 2022, le programme est à l’arrêt en attendant de nouveaux financements.

« La DTAM et l’OFB continuent d’effectuer des recensements sur place et de la récolte de matière fécale pour de futures nouvelles analyses du régime alimentaire », nous confie Cécile Vincent.

Rédaction : Marion Durand

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Phoque commun équipé d’une balise Argos à SPM. © Cécile Vincent
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Phoque commun dans le port de Saint-Pierre. © Cécile Vincent
Photos de la page
Vincent
Rochelle Université

UN PLAN EAU DOM POUR ACCOMPAGNER LES COLLECTIVITÉS VERS UNE GESTION DURABLE DE L’EAU

l A ncé en 2016, le p l A n e A u do M A voc AT ion à A cco M pAgner dur A n T 10 A ns les collecT ivi T és ulT r AMA rines co M pé T en T es d A ns l ’ AM élior AT ion du service rendu à leurs us Agers en MAT ière d ’ e A u poTA ble e T d ’ A ss A inisse M en T . l e poin T sur les AvA ncées per M ises pA r ce disposi T i F de l ’ é TAT .

Le Plan eau DOM a été mis en place en mai 2016 par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, par le ministère des Outremer et le ministère de la Santé pour apporter dans six territoires ultramarins des réponses aux défaillances observées dans la gestion publique de l’eau et de l’assainissement, ayant des conséquences sanitaires, sociales et écologiques.

Les collectivités de Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin bénéficient ainsi d’un accompagnement spécifique pour les amener à se saisir pleinement de leurs compétences en matière d’eau et assainissement.

Au travers de contrats de progrès, les collectivités peuvent par conséquent augmenter leurs capacités d’investissements, renforcer leurs compétences d’ingénierie, bénéficier de formations, ou encore disposer d’études et d’expertises scientifiques 1

À ce jour, le Plan eau DOM a déjà permis, dans l’ensemble de ces territoires, une structuration des acteurs de l’eau et de l’assainissement et la réalisation d’infrastructures majeures, pour un meilleur service rendu aux populations ultramarines.

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Haut de page : lagune de traitement des eaux usées d’Apatou en Guyane. | Ci-dessus, de gauche à droite : filtres plantés de végétaux en Martinique. | Nouveau réservoir d’eau potable à Saint-Laurent du Maroni en Guyane. | Station d’épuration de Dembéni à Mayotte. © Toutes les photographies : Najib Mahfoudhi | Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) 1 Retrouvez ICI le guide du Cerema sur l’accompagnement des collectivités pour s’adapter au changement climatique.

- Le « Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau », également connu sous le nom de « Plan eau », apporte un véritable changement de paradigme dans notre rapport à l’eau, au regard des effets du changement climatique. Ce « Plan eau » national a été présenté le 30 mars 2023 par le chef de l’État. Il prévoit des moyens spécifiques qui seront mobilisés pour l’outre-mer, de même qu’un important renfort en termes d’ingénierie afin d’accompagner les collectivités. Récemment, c’est 35 millions supplémentaires qui leur seront ainsi consacrés, dans le cadre de la solidarité interbassins.

INTERVIEW

NAJIB MAHFOUDHI, COORDINATEUR

INTERMINISTÉRIEL DU PLAN EAU DOM À LA DIRECTION DE L’EAU ET DE LA BIODIVERSITÉ (DGALN)

• Quels sont les principaux résultats du Plan eau DOM à ce jour ?

- Après sept ans de mise en œuvre, on observe aujourd’hui différents facteurs de réussite dans les territoires. Même si les attentes, il est vrai, sont fortes, la mobilisation est importante avec 29 contrats de progrès signés. Le plan de relance a été mis à contribution. En termes d’infrastructures par exemple, une nouvelle station d’épuration verra le jour dans la commune de Koungou à Mayotte, et un réservoir d’eau potable a été réalisé à Saint-Laurent du Maroni en Guyane, ainsi qu’une usine de traitement d’eau potable à Saint-Pierre, sur l’île de La Réunion.

Des initiatives prometteuses émergent. La Communauté intercommunale du nord de La Réunion (CINOR) a créé une filière de valorisation et de traitement des boues. En Martinique, une expertise a été apportée sur l’usage de filtres plantés de végétaux pour l’assainissement. En Guadeloupe, l’État et les collectivités locales, dans le cadre d’une démarche partenariale inédite, accompagnent la structuration du syndicat unique créé en avril 2021. Le Plan eau DOM concourt à cette mobilisation.

• Comment s’articule ce Plan eau DOM avec les mesures du « Plan eau » national ?

Le « Plan eau » national s’inscrit donc en renfort du « Plan eau DOM » et intégrera pour les territoires ultramarins de nouvelles thématiques, telles que : la gestion quantitative de la ressource, la gestion des milieux aquatiques, la prévention des inondations ou la valorisation des eaux non conventionnelles.

• Que deviendra ce « Plan eau DOM » en 2026 ?

- L’objectif à terme serait de ne plus avoir de « Plan eau DOM », car cela signifierait que les collectivités sont autonomes quant à leur gestion de l’eau et de l’assainissement. Nous souhaiterions pouvoir, en 2026, compter sur des services publics structurés et parfaitement autonomes. Il restera ensuite de nombreux autres enjeux sur lesquels continuer à travailler, comme l’altération des milieux naturels, la réutilisation des eaux traitées ou pluviales, le recours aux solutions fondées sur la nature, par exemple pour l’assainissement, ou encore la résilience des territoires face au changement climatique.

+ d’info ici : https://www.guadeloupe.developpementdurable.gouv.fr/plan-eau-dom-r934.html

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Portrait : © MTECT
Usine de traitement d’eau potable inaugurée en septembre 2022 sur le site de Dassy à Saint-Pierre, à La Réunion. © N. Mahfoudhi | MTECT

SAINTBARTHÉLEMY

UNE 10 ÈME BOUGIE POUR L’ATE !

d epuis une décennie , l ’A gence T erri T ori A le de l ’ environne M en T (AT e ) œuvre A u MA in T ien de l A biodiversi T é sur l ’ île de s A in T - b A r T héle M y . l e poin T A vec M A rie -A ngèle A ubin , s A présiden T e , ég A le M en T 3 è M e vice - présiden T e de l A c ollec T ivi T é de s A in T - b A r T héle M y

• En 10 ans, quels ont été les principaux faits marquants à l’ATE ?

INTERVIEW

- L’ATE a été créée en mai 2013, avec des missions initialement centrées autour de la gestion de la Réserve naturelle, qui se sont peu à peu élargies et diversifiées. Un fait marquant a été la validation de la première version du Code de l’environnement de l’île. Une seconde version a été validée à la fin de l’année 2022, bien qu’incomplète. L’ATE s’adapte, mais rencontre des difficultés notamment au niveau de l’application des sanctions. Autre fait important, le commissionnement et l’assermentation des agents en 2016 qui a tout de même permis de faire appliquer plus efficacement la réglementation de la Réserve naturelle, puis dans un second temps de la pêche maritime.

Le passage d’Irma a eu un impact très important sur les milieux naturels, mais a aussi permis de constater que certains milieux, lorsqu’ils sont soumis en temps normal à des pressions relativement limitées, peuvent faire preuve d’une résilience impressionnante.

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MARIE-ANGÈLE AUBIN, PRÉSIDENTE DE L’AGENCE TERRITORIALE DE L’ENVIRONNEMENT (ATE) DE SAINT-BARTHÉLEMY

En octobre 2021, la Réserve naturelle a fêté ses 25 ans d’existence, et est désormais perçue comme un atout touristique pour l’île. Différents suivis scientifiques ont mis en évidence un « effet réserve » perceptible sur le nombre de poissons, ainsi que leurs tailles et diversités spécifiques, qui sont plus élevés dans la Réserve qu’à l’extérieur.

Enfin, en mars 2022 l’équipe de l’ATE a déménagé sur les hauteurs de Gustavia sur le site de l’ancien espace météo, dans des locaux plus adaptés.

• Quel bilan tirez-vous de ces 10 années ?

- L’ATE reste un établissement public relativement jeune avec un statut et des missions particulières. L’île jouit d’une biodiversité terrestre et marine particulièrement remarquable compte tenu de sa superficie, mais est soumise à une pression urbanistique et démographique très importante.

À Saint-Barthélemy peut-être plus qu’ailleurs, la petitesse du territoire fait que la moindre action ou le moindre projet peut avoir des répercussions positives ou négatives vite perceptibles. Ici la compétence environnement permet d’étoffer et d’ajuster plus rapidement le levier réglementaire afin de mettre en

place des règles en adéquation avec la réalité et le contexte du territoire

• Quels sont les prochains grands défis à relever ?

- Les prochains grands défis seront la création d’une Réserve naturelle terrestre, la Réserve étant exclusivement marine. 60 % de la superficie de l’île est classée en zone naturelle par la carte de l’urbanisme. Si les travaux et aménagements possibles y sont limités, ces zones ne sont pas pour autant protégées. Il n’est pas possible d’y envisager des actions de restauration, de limitation des espèces exotiques envahissantes ou de réintroduction sans l’accord des propriétaires.

Le contrôle des espèces exotiques envahissantes –notamment les chèvres et chats divagants – est un autre défi pour lequel plusieurs actions sont actuellement déjà en cours. Ces espèces sont une des premières causes de disparition de la biodiversité insulaire. Saint-Barthélemy ne fait pas exception à ce constat. L’île dispose de peu de ressources naturelles et est totalement dépendante des importations. Il conviendra donc de mettre en place les règles et infrastructures nécessaires pour empêcher l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes et limiter l’impact de celles déjà présentes sur le territoire.

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Page de gauche : l’île Fourchue. | À gauche : vue sur Gustavia depuis les nouveaux locaux de l’ATE. | Ci-dessus : structure créée à partir de fibres végétales visant à favoriser la captation de larves d’oursins diadèmes. © ATE

Plus généralement, le réchauffement climatique est un sujet qui nous préoccupe, la montée des eaux mais aussi la disparition de nos plages avec des phénomènes cycloniques de plus en plus forts.

L’arrivée des sargasses est également une préoccupation. Les échouages sont de plus en plus denses et répétitifs et l’impact est irrémédiable sur les espèces et les milieux marins.

• Un message à adresser à vos partenaires, collaborateurs ?

- Nous avons la chance d’avoir une équipe motivée, passionnée et totalement investie dans ses missions et surtout composée de scientifiques aguerris.

L’ATE a par ailleurs tissé avec les associations environnementales un lien particulier, elle est assistée dans ses missions par de nombreux bénévoles. Les associations sont très actives et apportent une aide précieuse à nos agents. Je tiens particulièrement à les

remercier tous pour leurs actions et leur implication.

Intégrée dans plusieurs réseaux régionaux et nationaux, l’ATE bénéficie des expertises et du concours de ces organismes. Elle reste ouverte à tout partenariat ou à toute collaboration ou projet de recherche dont les objectifs pourraient coïncider avec ses missions.

Rédaction et interview : Sandrine Chopot

LES

PRINCIPALES MISSIONS DE L’ATE :

- Maintenir la biodiversité de Saint-Barthélemy à travers des actions de sensibilisation, de communication et d’éducation.

- Améliorer les connaissances par le biais d’inventaires ou de suivis scientifiques visant à optimiser la protection des espèces et habitats les plus sensibles.

- Réaliser des missions de police de l’environnement, ainsi que des inventaires et avis sur les demandes d’autorisation de défrichement..

- Veiller au bon respect des règles d’importation d’animaux et végétaux sur le territoire. L’ATE est également en charge de la gestion des espèces exotiques envahissantes

Un membre de l’Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barthélemy en mission de surveillance sur l’île Fourchue. © ATE
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SAINT-MARTIN

UN PORTAIL DE SCIENCES PARTICIPATIVES À DÉCOUVRIR

l e por TA il in T erne T F A une -A n T illes A é T é M is en pl A ce d A ns le c A dre du progr AMM e l i F e biodiv ’ o M p ourvu du si T e web www FA une - sbs M org qui concerne spéci F ique M en T s A in Tb A r T héle M y e T s A in T -M A r T in , il A pour objec T i F de FA ire re M on T er les observ AT ions de l A FA une loc A le AF in de M ulT iplier le no M bre de données pour AM éliorer les conn A iss A nces .

Ces dernières années, les sciences participatives ont le vent en poupe et les sites de collecte de données se multiplient en ligne. Aujourd’hui, un nouveau portail a été créé dans le cadre du projet européen Life BIODIV’OM – qui contribue dans les outre-mer à la protection de cinq espèces et d’un habitat mondialement menacés – avec un site miroir s’adressant plus particulièrement à ceux qui résident ou voyagent dans les Îles du Nord que sont Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Pour participer, il suffit de créer un compte utilisateur puis de noter en ligne les observations réalisées ; une application mobile existe également (NaturaList). Une succincte description, le lieu d’observation, la date et des photos sont les bienvenus pour enrichir les données. Les deux dispositifs (www.faune-antilles.org et www.faune-sbsm.org) sont interconnectés, accessibles avec les mêmes identifiants.

L’objectif affiché est de partager et d’explorer les données naturalistes des Antilles françaises afin de mieux connaître la répartition des espèces caribéennes. Pour garantir la qualité des observations, des validateurs scientifiques travaillent dans l’ombre du portail pour vérifier les informations transmises. Ainsi, un large public peut participer à la collecte de données sans peur de se tromper. Ce portail constituera à terme un outil de gestion des espèces de l’île. Il générera automatiquement une cartographie des observations et les gestionnaires de la Réserve de Saint-Martin pourront en extraire des éléments, des cartes d’abondance et de diversité. Il pourra dans un second temps en découler des mesures de gestion pour préserver certaines espèces rares ou menacées par les activités humaines.

Le portail faune-sbsm 1 est aussi l’occasion pour les naturalistes amateurs d’enrichir leurs connaissances. On y trouve des aides à l’identification et un guide illustré des oiseaux de rivages est déjà disponible. Alors, il ne vous reste plus qu’à ouvrir l’œil, à écouter, observer et enregistrer vos données en ligne !

Rédaction : Mariane Aimar + d’info ici : www.faune-sbsm.org

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Sur l’île, on admire par exemple la grande aigrette. © Mariane Aimar Le pélican, l’oiseau marin symbole de Saint-Martin. © Mariane Aimar
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M. Aimar 1 Faune Saint-Barthélemy-Saint-Martin. 11
La tortue verte, un autre animal présent dans Réserve. ©

MARTINIQUE PROTÉGER

LES ÉCOSYSTÈMES MARINS : UN TRAVAIL COLLECTIF

A u c A rbe T , deux zones d ’ A c T ivi T és sous - MA rines on T vu le jour AF in de proT éger des F onds MA rins excepT ionnels l ’ ense M ble des A cT eurs ini T i A ux du proje T – M A irie , MA rins - pêcheurs e T l ’A sso -M er – en son T s AT is FA i Ts . A près quelques A nnées de M ise en pl A ce , le proje T se poursui T pour c A r A c T ériser noTAMM en T le rôle proT ec T eur de ce T ype de proje T pour l A biodiversi T é .

Protéger la biodiversité sous-marine tout en permettant aux pêcheurs professionnels d’exercer leur activité et aux touristes et locaux de profiter de la beauté et de la richesse des fonds marins du Nord Caraïbe. Tel est l’objectif de la création de deux zones d’activités sous-marines (ZASM) dans la commune du Carbet, interdites au mouillage hors bouée, à la chasse sous-marine et à la pêche. L’île compte en effet 425 espèces de poissons endémiques dont environ 15 % sont menacées par les activités humaines, la surpêche, la pollution…

Initié en 2016 sous l’impulsion de Michel Météry, Carbétien défenseur des milieux marins de Martinique, ce projet est le fruit d’un consensus entre la Mairie du Carbet, l’association des marins-pêcheurs de la ville et L’Asso-Mer, spécialisée dans la protection de l’environnement marin. Il bénéficie des financements de la DEAL et de l’Office de l’Eau Martinique. En 2018, L’Asso-Mer pose des balises et des bouées délimitant les ZASM. Elle supervise également le suivi participatif de la biodiversité qui a débuté en 2019, après avoir formé une quarantaine de bénévoles de deux clubs de plongée associatifs à l’identification des nombreuses espèces de poissons. Le bilan des quatre premières années de suivis indique une augmentation de l’abondance de certaines espèces de poissons comme les gorettes ou les sardes queues jaunes. Les zones semblent assurer leur rôle de nurserie, de part la présence de nombreux juvéniles.

Le Carbet des Sciences a réalisé un panneau d’information sur la plage à l’intention des baigneurs et créé un sentier sous-marin pédagogique à l’anse Turin, qui

permet aux collégiens de la ville et aux touristes de découvrir des fonds marins exceptionnels.

Le projet se poursuit sur le long terme, avec pour objectif notamment de suivre l’évolution de l’état des écosystèmes, qui nécessite des données sur plusieurs années au moins. Un nouvel acteur prend en charge depuis cette année une des deux ZASM : le Parc naturel marin de Martinique (PNMM), créé en 2017.

« Nous allons renouveler le balisage sur la zone, puis tester plusieurs méthodes de recensement et de caractérisation des fonds marins et de la faune par des plongeurs mais aussi par vidéo », détaille Margaux Pestel, chargée de projet Stratégie scientifique au PNMM. D’autres zones côtières de l’île feront aussi l’objet de ces suivis scientifiques.

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Les deux ZASM – zone du Pothuau et sentier sous-marin des Raisiniers – bénéficient d’un suivi régulier de leur biodiversité. © L’Asso-Mer Les coffres d’amarrage ont été installés en décembre 2018, mois de l’inauguration des deux ZASM. Le mouillage sur coffre y est autorisé aux navires de plaisance, sous réserve qu’aucun navire support de plongée ne s’y amarre. © L’Asso-Mer

« Ce projet est l’un des premiers mis en place par notre association, qui œuvre depuis 2016 à la protection du milieu marin. Ce travail, collectif, est une belle réussite : nous avons agi, et continuons à agir, pour la nature, et avec les humains. Les ZASM sont le résultat d’une large consultation et de nombreuses délibérations ayant abouti à un consensus. L’augmentation déjà détectable de certaines espèces de poissons indique que nous allons dans la bonne direction. »

Gwenaël Quenette

TÉMOIGNAGES

GWENAËL QUENETTE, PRÉSIDENT DE L’ASSO-MER ET ALBERT BABIN, VICE-PRÉSIDENT DE L’AMICALE DES MARINS-PÊCHEURS DU CARBET

« Nous sommes une bonne dizaine de marins-pêcheurs sur la commune. Une petite majorité d’entre eux a voté pour ce projet en 2016. Mais aujourd’hui tous les marins-pêcheurs sont satisfaits : nous ne sommes pas gênés pour faire notre travail. »

Rédaction et interview : Katia Delaval

+ d’info ici : Les ZASM du Carbet

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Panneau d’information installé devant la plage. La création des deux zones marines réglementées que sont les ZASM s’est inscrite dans une politique de protection du littoral côtier de la commune du Carbet et de valorisation de sa pêche et de son tourisme. © Katia Delaval

UNE

SEMAINE POUR L’EAU : « UN GRAND

CHANGEMENT COMMENCE PAR DES PETITS GESTES », PAR L’OFFICE DE L’EAU MARTINIQUE ET SON RES’EAU

d A ns le c A dre de l A j ournée M ondi A le de l ’ e A u , l ’ o FF ice de l ’ e A u ( ode ) M A r T inique e T son res ’ e A u on T org A nisé l A « s e MA ine pour l ’ e A u » du 20 A u 26 MA rs 2023. i ns T i T uée pA r l ’ o rg A nis AT ion des n AT ions unies , l A j ournée M ondi A le de l ’ e A u es T célébrée ch A que A nnée le 22 MA rs s on objecT i F pre M ier es T de sensibiliser le public à l ’ e A u e T de pro M ouvoir l A ges T ion dur A ble des ressources en e A u douce

Depuis 2020, l’ODE Martinique organise la « Semaine pour l’eau » en partenariat avec son RES’EAU. Il s’agissait de la 3 ème édition.

LE RES’EAU DE L’ODE

Le RES’EAU réunit des acteurs publics et privés du territoire ayant la volonté de prendre part à sa mission de sensibilisation et de préservation de l’eau et des milieux aquatiques. L’objectif de ce réseau est d’aller au plus près de la population et dans les territoires, en multipliant le type d’acteurs, de supports, de lieux et d’actions afin d’obtenir une meilleure appropriation des problématiques de protection des milieux aquatiques en Martinique. Les champs d’interventions des membres du RES’EAU ODE ne s’inscrivent pas nécessairement dans l’eau, les milieux aquatiques ou l’environnement. Composé en majorité par des associations, le RES’EAU est particulièrement mobilisé chaque année durant la Semaine pour l’eau.

C’est à travers des formations, expositions, animations, sorties pédagogiques et conférences que l’ODE incite les usagers à adopter les bons gestes. Plus d’une quarantaine d’actions ont eu lieu du 19 au 26 mars, en Martinique et au-delà de ses frontières.

DES ACTIONS DESTINÉES

AU GRAND PUBLIC

Comme chaque année, le grand public est une cible privilégiée de cette Semaine pour l’eau. Autour de divers événements, la population martiniquaise a été invitée à se mobiliser pour prendre part à cette grande opération.

Plusieurs actions de nettoyage – forêts, fonds marins, rivières etc. – se sont tenues avec les membres du RES’EAU. Plus de 1 400 personnes ont participé à ces opérations afin de venir à bout des déchets qui polluent les milieux aquatiques en Martinique.

Aussi, des événements familiaux ont été organisés : une exposition avec pour thème l’océan et l’opération « Tout Moun An Dlo » [en français : tous à l’eau] ont permis aux familles de s’intéresser au sujet de la protection des milieux aquatiques.

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Ci-dessus : formation sur les zones humides de Martinique lors de la Semaine pour l’eau 2023. © ODE Martinique

UNE SENSIBILISATION AUPRÈS

DES PLUS JEUNES ET DES PLUS ÂGÉS

Les interventions dans les établissements scolaires font partie des missions régulières de l’équipe de sensibilisation de l’ODE Martinique. Pour autant, la Semaine pour l’eau est une occasion idéale pour proposer aux établissements des activités diverses et variées : visite de mangrove, randonnée palmée, découverte des milieux marins et initiation aux activités nautiques, randonnées et ateliers découvertes en classe avec le journal Yekrik. Ces événements sont des moments privilégiés pour sensibiliser la jeune génération de manière ludique. Hormis les plus jeunes, les séniors ont pu bénéficier d’un programme adapté avec des visites de la mangrove.

DES ACTEURS DU PRIVÉ ENGAGÉS

La Semaine pour l’eau permet aux acteurs du privé de s’engager et de sensibiliser leurs collaborateurs à la question de la préservation de la ressource et des milieux aquatiques. La Chambre de commerce et d’industrie de la Martinique a organisé un webinaire sur l’apport de la bonne gestion de l’eau sur l’entreprise. D’autres membres du RES’EAU ont coordonné des opérations de nettoyage en y associant des entreprises privées et leurs salariés.

SE FORMER POUR ÊTRE ACTEUR DU CHANGEMENT

L’ODE Martinique a pour mission également de former les publics aux questions de préservation de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Cette semaine a été l’occasion de reconduire des actions de formation, en partenariat avec son RES’EAU sur des sujets comme : le développement durable et la préservation de la ressource, les mares, les nouvelles technologies d’assainissement industriels et les zones humides.

DES CONFÉRENCES D’ICI ET D’AILLEURS

L’Office de l’Eau Martinique a été invité à intervenir dans de nombreuses conférences en Martinique, en outre-mer et à l’international.

En Martinique, Loïc Mangeot, directeur des interventions et de la connaissance de l’ODE, est ainsi intervenu sur la résilience des infrastructures d’eau en Martinique – menaces, enjeux et solutions – dans une conférence organisée par la ville de Ducos et la Fédération Régionale du BTP Martinique.

Au-delà de nos frontières, l’ODE Réunion a sollicité l’intervention en distanciel de l’ODE Martinique sur deux sujets : l’importance des données dans la gestion de l’eau et sur la coopération internationale en présentant le projet CARIBSAN. Pour rappel, CARIBSAN est un projet de coopération régionale qui vise à valoriser des filtres plantés de végétaux (FPV), comme technique de traitement des eaux usées, adaptée au contexte tropical. Piloté par l’ODE Martinique, il réunit Cuba, la Guadeloupe, la Dominique, Sainte-Lucie, l’INRAE et l’Office international de l’Eau.

D’ailleurs, à ce titre, l’ODE Martinique a pu présenter en visioconférence le projet CARIBSAN dans deux événements caribéens : le « Symposium scientifique sur l’eau » organisé par le Global Water Partnership – Caraïbe et le « Sommet sur l’eau » du ministère des ressources naturelles du Bélize.

Aussi, l’ODE Martinique a été convié par le Gouvernement de Malte à participer à une table ronde sur la gestion de la ressource en eau dans les États insulaires dans le cadre de la conférence sur l’eau des Nations unies à New-York. Gaëlle Hiélard, cheffe de projets politiques de bassin et coopération décentralisée de l’ODE, a présenté les bénéfices de la coopération entre territoires insulaires, et notamment de la coopération régionale dans la Caraïbe.

Le thème de la Journée mondiale de l’eau 2023 « Soyez le changement que vous voudriez pour le monde » est un message de sensibilisation que l’Office de l’Eau Martinique a décliné dans une campagne de communication sur tout le territoire. Chaque geste compte et c’est avant tout le message que les équipes de l’ODE ont distillé auprès de toute la population martiniquaise.

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Ci-contre : visite de mangrove en kayak durant la Semaine pour l’eau.

LE LIFE ARTISAN EN APPUI AUX DROM POUR

L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

l es ou T re - M er F r A nç A is son T en pre M ière ligne FA ce A ux i M pA c T s du ch A nge M en T cli MAT ique . M A lgré ce TT e vulnér A bili T é , les T erri Toires on T l A c A pA ci T é de s ’ A d A p T er grâce A ux services rendus pA r les écosys T è M es n AT urels c ’ es T d A ns ce bu T que le proje T l i F e A rT is A n , piloT é pA r l ’ o F b , s ’ ATT elle A u déploie M en T de solu T ions d ’ A d A p TAT ion F ondées sur l A n AT ure

À l’échelle locale, les impacts du changement climatique sont nombreux : hausse des températures, baisse des précipitations, élévation du niveau de la mer ou encore submersions marines. Les zones littorales sont directement exposées aux événements climatiques extrêmes et le constat est sans appel : les écosystèmes côtiers naturels reculent, victimes de l’urbanisation grandissante, ils s’érodent, se dégradent et perdent peu à peu leur rôle de bouclier protecteur. Mais des solutions existent pour renforcer cette première ligne de défense côtière : des solutions d’adaptation fondées sur la nature qui favorisent la résilience des territoires face au changement climatique.

QU’EST-CE QUE LES « S f N » ?

Selon l’UICN, les solutions fondées sur la nature, les « SfN », sont définies comme « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité. »

Pour inciter au déploiement local des SfN, le projet Life ARTISAN, d’une durée de huit ans, a été lancé en 2020. Financé à 60 % par la Commission européenne et cofinancé par l’État, il est piloté par l’OFB et accompagné de 27 bénéficiaires dans l’Hexagone et les DROM. Le projet prévoit une animation régionale – océan Indien, Antilles et Guyane – pour accompagner les acteurs dans la mise en œuvre de solutions locales.

Le programme permet également le déploiement de 10 sites pilotes afin d’éprouver la faisabilité des SfN dans différents contextes d’adaptation. En Guyane, la Communauté d’agglomération du Centre littoral (CACL) développe ainsi un projet de génie écologique visant à aménager les canaux d’évacuation des pluies. Autre exemple, le projet Z’AB, porté par la Communauté d’agglomération du Centre de la Martinique (CACEM), expérimente des solutions fondées sur la mangrove pour renforcer la résilience du littoral martiniquais.

LES ANIMATRICES « OUTRE-MER » DU LIFE ARTISAN

Astrid Abel (Antilles, Guyane) : astrid.abel@ofb.gouv.fr Clémence Picard (océan Indien) : clemence.picard@ofb.gouv.fr Tenez-vous informés grâce à la newsletter SfN outre-mer !

En Martinique, les dispositifs légers et réversibles du projet Z’AB vont générer une accrétion sédimentaire, créant des conditions favorables au développement de la mangrove vers le sud de la Pointe des Sables. Cet « écran végétal » permettra de protéger le port de plaisance de l’Étang

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Embarquement des aménagements sur ce même site pilote. Le projet de réimplantation de mangrove Z’AB est mis en place par la Safège, société privée filiale du groupe SUEZ. © CACEM Z’Abricots. © CACEM

INTERVIEW

YANNIS LABEAU, CHEF DE PROJET

FRANGE LITTORALE ET PRÉVENTION DES INONDATIONS À LA CACEM

• Dans quel contexte avez-vous décidé de lancer ce projet pilote de « SfN » ?

- Le constat était le suivant : le littoral foyalais (de Fortde-France, NDLR) est largement artificialisé et le port de plaisance de l’Étang Z’Abricots est vulnérable face à l’élévation du niveau de la mer ; en parallèle, la mangrove régresse alors qu’elle nous rend de nombreux services. Jusqu’à présent, la mangrove de la Pointe des Sables a été conservée et nous souhaitions donc favoriser l’écosystème naturel via le génie écologique plutôt que de mener des opérations d’infrastructures « grises ». C’est ainsi que le bureau d’étude SUEZ Consulting a eu l’initiative du projet Z’AB et que la CACEM, convaincue par l’idée, a accepté de porter ce projet innovant pour qu’il intègre le Life ARTISAN. Ce projet expérimental innovant se base sur des techniques éprouvées, déjà testées en Indonésie, par exemple.

• En quoi ont consisté les travaux ?

- L’objectif était d’implanter des structures en mer pour favoriser la progression de la mangrove. Des aménagements légers et réversibles ont ainsi été installés dans le prolongement de la Pointe des Sables : des pieux en bois, des structures rugueuses ainsi que des géomembranes en fibres de coco qui doivent permettre de capter les sédiments provenant de la Lézarde. Ces structures ont été assemblées à terre puis transportées en mer. « Onal’impressiond’êtreretournéenenfance ! », a souligné l’un des ouvriers. Je pense qu’on peut affirmer que ce projet a une forte valeur artisanale.

• Maintenant que les structures ont été installées, quelles sont les prochaines étapes du projet ?

- Le projet va faire l’objet d’un suivi technique et scientifique poussé pendant au moins cinq ans. Il faut identifier le modèle qui fonctionne le mieux pour pouvoir le reproduire sur d’autres sites. L’un des paramètres cruciaux est le phénomène d’accrétion, c’est-à-dire l’accumulation naturelle de sédiments dans la zone. C’est ce qui conditionne la réussite de l’installation car l’objectif est de « rehausser le fond de la mer » pour permettre à la mangrove de s’étendre. Nous suivrons également le développement végétal de la mangrove et envisageons d’effectuer des plantations.

• Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ?

- Les principales difficultés tiennent principalement au caractère expérimental et pionnier du projet et se traduisent dans les démarches administratives qui ne sont pas toujours très flexibles. Par ailleurs, ce projet rassemble un très grand nombre de parties prenantes et c’est aussi une force car les regards sont bienveillants. L’inscription du projet dans les actions du Contrat de la Grande Baie et sa qualité de site pilote du Life ARTISAN assoient sa légitimité.

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Ci-dessus : en Martinique, le site de la Pointe des Sables avant (en haut) et après (en bas) l’installation des dispositifs. © CACEM

GUADELOUPE

DES DÉPLACEMENTS PLUS CHERS MAIS PLUS PROPRES ?

e n F évrier 2023, les prix des bille T s d ’ Avion en T re l A g u A deloupe e T p A ris A ug M en TA ien T de nouve A u , Avec une h A usse de 47,9 % pA r r A ppor T A u débu T de l ’ A nnée 2022, selon l ’ indice ipTAp 1 de lA direcTion générAle de l ’ AviATion civile éric Michel, direcTeur générAl AnTilles chez A ir c A r A ïbes , nous en di T plus sur les FA c T eurs de ce TT e A ug M en TAT ion .

Ci-dessus : la plage de Bois-Jolan à Sainte-Anne offre un décor de rêve aux amoureux de la mer, avec son sable blanc, ses eaux turquoise et ses cocotiers majestueux... Parmi les territoires de l’outre-mer français, la Guadeloupe est une destination touristique particulièrement impactée par les récentes hausses de prix des billets d’avion. © Mariane Aimar. | Ci-dessous : l’Airbus A350-900 permet de nettes réductions des consommations de carburant par rapport aux appareils de génération précédente. © Olivier Cabaret - Wikimedia Commons | 1 IPTAP : indice des prix du transport aérien de passagers.

AIR CARAÏBES, UNE COMPAGNIE AYANT À CŒUR DE « VERDIR » SA FLOTTE

« L’industrie aéronautique est polluante certes, mais nous nous efforçons de réduire au maximum notre empreinte carbone. Cela passe notamment par des avions plus légers, équipés de moteurs d’une très grande performance énergétique », indique Éric Michel. Dans le monde aérien depuis ses 26 ans, il a d’abord intégré une promotion de chefs d’escale au sein d’Air France. Après 31 ans dans la compagnie aérienne, où il occupe différents postes de direction, Éric Michel rejoint Air Caraïbes en 2022. « Aujourd’hui j’exerce mon activité professionnelle avec passion au sein d’équipes ultramotivées, à côté d’un PDG charismatique, Marc Rochet, et d’un actionnaire visionnaire, la famille Dubreuil ».

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et moins polluants, avec une consommation de carburant réduite de 25 %, ces investissements n’ont jusqu’à maintenant pas été pris en compte dans le prix des billets.

INTERVIEW

ÉRIC MICHEL, DIRECTEUR GÉNÉRAL ANTILLES DE LA COMPAGNIE AIR CARAÏBES

• Comment peut-on expliquer une telle augmentation des tarifs des billets d’avion ?

- La hausse du prix des matières premières, notamment celle des carburants, impacte fortement les tarifs des déplacements aériens. En 2022, le prix du Brent, utilisé comme référence pour déterminer le prix du pétrole, a pratiquement doublé, avec une incidence sur le tarif du Jet fuel, le carburant utilisé dans l’aviation. Hors carburant, le prix des matières premières et des composants électroniques a également accusé une hausse de 10 à 25 %. Par ailleurs, l’effet de change négatif, dû à la parité entre le dollar et l’euro depuis 2022, a entraîné des pertes de résultat conséquentes pour les compagnies en zone euro.

Déjà fortement touchées par l’arrêt brutal de l’activité durant le confinement, les compagnies aériennes n’ont eu d’autres solutions que de répercuter ces hausses sur le prix des billets d’avion afin de pouvoir poursuivre leur activité opérationnelle et éviter le dépôt de bilan. Il faut cependant noter que ces coûts haussiers pour les compagnies, estimés entre 20 et 30 % d’augmentation, n’ont pas été totalement intégrés aux prix des billets réservés par les clients.

• Quel est l’impact de la transition énergétique sur le prix des billets ?

- Bien qu’Air Caraïbes ait déjà enclenché sa transition énergétique, en exploitant notamment la flotte la plus moderne qui soit, avec des Airbus A350-900 et 1 000 de toute nouvelle génération, plus légers

Toutefois, dans le cadre d’obligations nationales et européennes, nous devrons nous atteler à l’intégration d’au moins 5 % de SAF – « Carburant durable d’aviation » en français – à notre mix énergétique d’ici 2030, ce qui ne sera pas sans effet sur nos charges dans le futur proche. Les coûts liés au carburant peuvent en effet représenter jusqu’au tiers des charges des compagnies et ce carburant plus propre, composé d’un mélange d’huiles usagées et de compost de biomasse, représente un coût quatre à huit fois supérieur à celui du Jet fuel.

La recherche de plus d’efficacité énergétique va aussi passer par l’investissement dans des moteurs plus efficients et donc plus coûteux, qui vont surenchérir le prix des avions. La transition est une bataille au long cours mais l’aviation a toujours été une industrie de pointe, au développement très rapide. Je ne doute donc pas que la recherche permettra de trouver des solutions moins onéreuses à plus long terme.

• Quels sont les projets de transition notables d’Air Caraïbes ?

- Au-delà de la modernisation de notre flotte, notre démarche durable prend aussi place à l’intérieur de nos avions. Nous utilisons de la vaisselle lavable, et notamment des couverts en bambou, en remplacement du plastique, en classe Soleil. Nos pilotes sont par ailleurs certifiés Green Pilot®, reconnaissance de leur capacité à adapter leurs procédures de pilotage afin de réduire la consommation en carburant et les émissions de CO2. Nous planchons aussi avec les contrôleurs aériens sur des solutions de réduction de notre empreinte carbone, par l’amélioration des approches des avions lors de la phase d’atterrissage.

En juin, nous allons entamer une collaboration avec l’organisme Aéro Biodiversité, afin de contribuer à la mise en valeur de la richesse floristique et faunistique des zones aéroportuaires ainsi qu’à la préservation de cette biodiversité, en particulier dans les départements d’outre-mer qui sont notre cœur de réseau.

Rédaction et interview : Axelle Dorville

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© Air Caraïbes

RISQUES NATURELS DANS LES OUTRE-MER : LES ÉLUS ET LEURS ÉQUIPES SE MOBILISENT !

le 19 Avril, inTerco’ ouTre-Mer orgAnisAiT un webinAire sur les risques MAjeurs en ouTre-Mer. plus de 40 pArTicipAnTs onT répondu à l ’ inviTATion, conTribuAnT Ainsi à lA quAliTé des réFlexions. r encon T re Avec des élus ulT r AMA rins en ch A rge de ces ques T ions environne M en TA les

Face aux risques naturels particulièrement accrus dans nos territoires d’outre-mer et aux impératifs et obligations des enjeux environnementaux, il est urgent de mieux comprendre ce que signifient les risques majeurs : qu’implique le risque au quotidien ? Comment construire une culture du risque ? Quels moyens pour préparer et protéger les populations ? Quels outils, démarches et mécanismes sont mobi-

lisables par les communautés pour les accompagner au quotidien dans la gestion du risque ?... Autant de questions abordées durant le webinaire organisé par Interco’ Outre-mer. Cette session d’échanges fut également une opportunité de communication, de partage et de retours d’expériences, de bonnes pratiques et de recommandations avec à l’appui les témoignages de collectivités d’outre-mer.

TÉMOIGNAGES

CLAUDE FABRI, RESPONSABLE AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’OUEST GUYANAIS (CCOG)

« La Guyane est confrontée en priorité aux risques d’inondation liés aux crues de ses fleuves frontaliers : le Maroni-Lawa à la frontière avec le Suriname et l’Oyapock à la frontière avec le Brésil. Depuis une dizaine d’années, la fréquence et l’intensité de ces crues ont augmenté, obligeant les communes concernées à envisager le déplacement d’une partie des populations impactées. Sur sa frange littorale, la Guyane est soumise également à des risques d’inondation par submersion marine en raison d’une érosion cyclique du littoral qui touche plusieurs communes, Awala Yalimapo, Kourou, Remire-Montjoly. Les autres risques sont plus anecdotiques ou localisés, avec un risque de mouvement de terrain dans la région de Cayenne ».

« De par leurs insularités, les outre-mer sont en première ligne face aux risques naturels engendrés par les changements climatiques. En effet, l’insularité expose plus fortement nos territoires aux aléas climatiques : montée des eaux, cyclones et tempêtes intenses, mouvements de terrain, baisse des rendements agricoles... C’est sur nos territoires, que les transitions énergétique et écologique doivent s’opérer en premier lieu. S’investir sur les enjeux de production d’énergie verte, de mobilité durable et de préservation de nos ressources, est une priorité pour nous. Par exemple, la CINOR a été labellisée CIT’ergie par l’ADEME, pour saluer sa maîtrise de l’énergie et de son bilan carbone ».

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RAMATA TOURÉ, VICE-PRÉSIDENTE DÉLÉGUÉE À LA COMMISSION ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE À LA CINOR (RÉUNION)

INTERVIEW

SYLVIE ADELAÏDE, DIRECTRICE DE CABINET DE LA VILLE DE POINTE-À-PITRE, ARCHITECTE, URBANISTE

• Quels sont selon vous les risques naturels majeurs en Guadeloupe ?

- Par sa situation géographique et sa morphologie, la Guadeloupe cumule pratiquement tous les risques naturels majeurs : cycloniques, aléas sismiques, volcaniques liés à la présence de la Soufrière (volcan encore actif), mouvements de terrain, inondations, tsunamis. Tout ceci dans un contexte de réchauffement climatique avec des effets déjà constatés de multiplication de ces phénomènes et d’augmentation du niveau de la mer. L’objectif étant de préserver les vies, mais également de faire preuve d’adaptation permanente, en termes d’organisation du territoire et de modes de vie, afin d’être en mesure de faire face à ces événements annoncés.

• Comment faire pour anticiper ces risques ?

- La mauvaise nouvelle est que ces événements sont inéluctables, la bonne est que nous sommes prévenus. De ce fait, une approche multisectorielle qui nécessite partenariat et coopération entre institutions, acteurs privés et usagers, doit se mettre en place. Des actions, dispositifs et réglementations existent déjà. Ils permettent notamment d’adapter les constructions avec de nouvelles normes, d’occuper le territoire en fonction des différents aléas, de sensibiliser la population aux

différents risques. Mais la Guadeloupe est loin d’être prête à affronter des changements de façon durable. Selon moi, il ne s’agit pas de manque de moyens, mais bien d’une prise de conscience générale qui nous pousserait à agir aujourd’hui afin d’être prêts au moment opportun.

Le processus d’adaptation et de transition qui doit prendre en compte ces aspects de risques naturels doit se concrétiser dans tous les domaines : mobilité, renaturation et biodiversité, économie, autonomie et qualité alimentaire, urbanisme et architecture, politiques publiques. Nous devons être prêts, quelle que soit la catastrophe qui se présentera, à nous plier comme un roseau et à nous redresser le plus vite possible, ceci dans un mouvement d’adaptation continue laissant large place aux nouvelles technologies et à l’innovation.

• Un projet phare en cours dans ce domaine à Pointe-à-Pitre ?

- Pointe-à-Pitre est une ville en pleine mutation qui a décidé de prendre à bras le corps sa transition écologique. Son ambition portée par Harry Durimel, maire de la Ville, intègre des solutions d’adaptation au changement climatique et aux différents aléas naturels. Ville centre, ville universitaire, ville littorale, ville d’Art et d’Histoire, une ville qui souhaite aussi se positionner comme exemplaire du point de vue expérimentation et innovation. Un de ses projets à moyen terme est celui de création d’une liaison piétonne longeant une partie de son littoral et intégrant un dispositif de protection capable de contenir le phénomène d’augmentation du niveau de la mer.

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Photo à gauche : Sylvie Adelaïde. © Lou Denim | Ci-dessus : darse de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. © Laurent De Bompuis

GUYANE

LE SOTALIE, AMBASSADEUR DE LA PROTECTION DU LITTORAL

p résen T er , in F or M er , sensibiliser l A popul AT ion guyA n A ise A ux spéci F ici T és e T à l A r A re T é des M ilieux li TTor A ux du T erri Toire , e T noTAMM en T AM éliorer les conn A iss A nces en FAveur de l A présence du d A uphin de g uyA ne , T elle es T l A voc AT ion du proje T co A s T ( c onn A iss A nce , observAT ion , A ni MAT ion en FAveur du soTA lie ). é cl A ir Age Avec M ATT hieu d el FA ulT , depuis l ’ A n T enne de g uyA ne du c onservAToire du li TTor A l

pédagogiques… L’objectif est de développer des outils de communication thématiques pour permettre aux usagers d’acquérir de l’information sur les milieux naturels qu’ils ont l’habitude de fréquenter.

INTERVIEW

MATTHIEU DELFAULT, CHARGÉ DE MISSION AMÉNAGEMENT ET GESTION AU CONSERVATOIRE DU LITTORAL, ANTENNE DE GUYANE

• Pouvez-vous nous présenter la genèse du projet COAST ?

- Le Conservatoire du littoral est un établissement public qui a pour mission de protéger les rivages littoraux de métropole et d’outre-mer. En Guyane, il est propriétaire de plus de 50 000 hectares d’espaces protégés. En fonction des spécificités de sites, une partie de ces espaces est aménagée par des sentiers, observatoires, mobiliers de repos, scénographies

Dans le cadre du projet COAST, trois espaces naturels ont été identifiés sur l’île de Cayenne : le sentier de Montabo, l’Anse de Châton et l’îlet la Mère. Ils sont des points d’observation stratégique de la côte, des milieux naturels et de la faune. Sur le sentier de Montabo par exemple, on peut observer des oiseaux marins, le dauphin de Guyane, le lamentin. Le projet COAST a été initié en 2019. Il est piloté conjointement par le Conservatoire et le WWF de Guyane, en partenariat avec la ville de Cayenne et le GEPOG (Groupe d’Études et de Protection des Oiseaux en Guyane). La thématique majeure du projet est la mise en valeur du patrimoine littoral local. Il s’agit aussi de comprendre le fonctionnement de ces écosystèmes particuliers.

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Outils pédagogiques didactiques sur le dauphin de Guyane. © CDL Les îlets de Rémire, dont l’îlet la Mère, l’un des sites naturels accueillant la scénographie COAST. © Mael Dewynter

• Quels sont les principaux objectifs de COAST ?

- Il s’agit avant tout de sensibiliser les usagers à la connaissance et au respect des milieux naturels qui composent notre territoire. Depuis l’embouchure de l’Amazone au delta de l’Orénoque au Venezuela, les uniques formations rocheuses continentales que l’on peut observer se situent sur l’île de Cayenne, d’où l’importance de les protéger car ces milieux sont rares à l’échelle du plateau des Guyanes.

Responsabiliser les citoyens, leur ouvrir les yeux sur l’extraordinaire ou le commun, former les futurs ambassadeurs de ces milieux est une priorité.

• Quelles sont les actions mises en œuvre ?

- Le Conservatoire aménage des sentiers pour les rendre fréquentables. Nous essayons de penser des aménagements qui optimisent les observations.

Par exemple, la scénographie a été pensée en partenariat avec le GEPOG. Les trois espaces sont dotés de panneaux informatifs, renforcés par des QR codes que l’usager peut flasher avec son smartphone, une première en Guyane. Il est ensuite renvoyé sur un site dédié pour acquérir de l’information supplémentaire : témoignages de scientifiques, paroles d’anciens, photos d’archives, etc. Sur Montabo et l’Anse de Châton, la scénographie est en place. Il reste quelques ajustements à faire sur l’îlet la Mère.

Rédaction et interview : Sandrine Chopot

LE SOTALIE, UN DAUPHIN CÔTIER

Sotalia guianensis, dauphin de Guyane , sotalie ou marsouin en créole, est une espèce emblématique du patrimoine naturel guyanais. Avec son 1m70 pour environ 60 kg, il compte parmi les plus petits cétacés au monde.

« En raison de sa répartition très côtière, il est soumis à de nombreuses pressions anthropiques, comme la mortalité liée aux captures accidentelles dans les filets de pêche, la dégradation de son habitat et la pollution des eaux côtières. Il est classé sur la liste rouge mondiale de l’UICN, comme espèce quasi menacée » (source : WWF).

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Le projet COAST va permettre de faire découvrir au plus grand nombre l’extraordinaire diversité des milieux et espèces peuplant le littoral de Cayenne. Panneau visant à mieux faire connaître le dauphin de Guyane aux usagers du site. © Conservatoire du littoral
+ d’info ici : Sentiers du littoral : l’extension numérique
© WWF Guyane
Le
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PLANÈTE OUTRE-MER

DIFFICILE POUR LA BIODIVERSITÉ OUTRE-MER DE BÉNÉFICIER DES BUDGETS EUROPÉENS

d i FF icile pour les ou T re - M er de béné F icier des F in A nce M en T s européens pour préserver leur biodiversi T é. l e c A dre européen qui proT ège l A FA une e T l A F lore ne s ’ A pplique pA s ou T re - M er . l es deux direc T ives , « o ise A ux » e T « h A bi TAT s », ne F onc T ionnen T que dA ns l ’ h ex Agone o r les proje T s l i F e F in A ncés pA r l ’ e urope doiven T répondre A ux objec T i F s de ces deux direc T ives de l ’ u nion européenne.

Pour obtenir les financements européens alloués au programme Life, les porteurs de projets en outremer doivent donc faire autrement.

Ils s’appuient sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Le projet Life BIODIV’OM, qui a commencé en 2019, préserve sur cinq territoires d’outre-mer un habitat et cinq espèces en danger critique d’extinction à l’échelle mondiale.

Autre problème, les Life sont compliqués à élaborer.

Delphine Morin, coordinatrice du projet européen Life BIODIV’OM à la LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux : « Dans les territoires français d’outre-mer, il y a peu de structures, peu d’organismes

publics ou privés qui ont la capacité de gérer des gros budgets. Et donc par exemple dans le cadre du Life BIODIV’OM, le fait que la LPO coordonne le projet – nous sommes basés en métropole, et nous sommes la première association de protection de la nature en France – cela permet de pouvoir gérer un gros budget et de pouvoir faire bénéficier aux structures ultramarines de nos fonctions supports, ou encore de notre service de comptabilité, de notre trésorerie... »

En plus des projets Life, d’autres programmes existent outre-mer, comme Te Me Um, de l’Office français de la biodiversité (OFB), qui soutient des micro-projets moins longs et plus simples à élaborer.

En 2022, Te Me Um a financé 44 nouveaux microprojets outre-mer, mais ce programme ne bénéficie pas des financements européens.

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT
Ce texte est issu de la chronique radio « Planète Outre-mer »
sur La1ere.fr , l’offre numérique Outre-mer
Télévisions
présentée par Caroline Marie à écouter
de France
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Coucher de soleil depuis Motu Uta à Papeete. © Julien Meillon97px

LA DYNAMIQUE D’INVASION DES ESPÈCES EXOTIQUES

SOUS SURVEILLANCE

à l A r éunion , p A s M oins de 1 800 espèces de pl A n T es son T A ujourd ’ hui recensées co MM e é TA n T exo T iques , don T 150 qui F on T l ’ obje T d ’ une ATT en T ion p A r T iculière d ’ un groupe de T r A v A il co A ni M é p A r le c ir A d e T le p A rc n AT ion A l de l A r éunion

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) représentent ainsi une menace pour la flore endémique de l’île, à laquelle elles se substituent jusqu’à détruire les écosystèmes et uniformiser les milieux naturels. Afin d’enrayer cette dynamique, l’unité mixte de recherche Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical (Cirad, Université de La Réunion) pilote des actions de connaissance des espèces et de modélisation de scénarios de lutte.

MATHIEU ROUGET, CHERCHEUR EN ÉCOLOGIE AU CIRAD DE LA RÉUNION

« En collaboration avec un ensemble d’acteurs de la gestion du milieu naturel, dont le Parc national depuis 2018, nous cherchons à caractériser les interactions entre les plantes exotiques envahissantes et le milieu naturel afin d’accompagner les stratégies de lutte. Nous réalisons actuellement un diagnostic de la

situation afin de remettre à jour les connaissances, à la fois sur les espèces présentes (Quelles espèces posent problème et comment les prioriser ?) ainsi que sur les espaces d’intervention (Quelles sont les zones les plus envahies par les EEE ?). L’idée est, d’une part, de coordonner la collecte de données et de les homogénéiser, dans le but de réaliser des cartes d’invasion ; et d’autre part, de concevoir des protocoles d’inventaire et de suivi sur le terrain, avec l’ensemble de nos partenaires. Ces actions de connaissancepermettentalorslamiseenplacedeprojets de lutte biologique spécifiques. En 2022, nous avons notamment monté un projet de recherche afin d’identifier les agents de lutte potentiels contre la liane papillon (Hiptage benghalensis), qui se propage rapidement, étouffe la forêt sèche et provoque la chutes d’arbres ».

© Éric Rivière | Cirad grandeur Nature OUTRE-MER 26 PUBLI-COMMUNIQUÉ + d’info ici : www.cirad.fr
Les fruits ailés de la liane papillon facilitent sa propagation et son caractère envahissant dans les forêts semi-sèches.
© PN de La Réunion
Envahissement de la Plaine des Fougères par le raison marron, le longose...

PAULINE FENOUILLAS, INGÉNIEURE DE RECHERCHE À L’UNIVERSITÉ DE LA RÉUNION

« Dans le cadre de mon post-doctorat encadré par Mathieu Rouget au Cirad, je travaille au développement de scénarios de lutte contre les EEE. Il s’agit ainsi de mettre en œuvre un panel de scénarios à l’échelle de plusieurs sites pilotes, afin de pouvoir par la suite prioriser au mieux les actions de gestion des EEE et adapter les stratégies d’intervention.

Selon les actions de gestion mises en place et le budget alloué, les bénéfices de la lutte seront différents. Un scénario est caractérisé par un ensemble de paramètres : par exemple le type de lutte, la surface de lutte ou le budget mobilisé. Les différentes combinaisons de paramètres forment divers scénarios que j’évalue ensuite au regard de plusieurs indicateurs : l’évolution du recouvrement d’une espèce exotique ou indigène, la création d’emplois, l’efficience économique, notamment.

Au Maïdo-Grand Bénare par exemple, sur 5 000 hectares, deux types de végétation et quatre niveaux d’envahissement sont observés, ce qui permet de construire différents scénarios, pour lesquels je vais chercher à prédire dans le temps l’évolution des indicateurs, en fonction du type d’habitat et du niveau d’envahissement. En résumé, mon objectif est de développer un outil permettant d’analyser différents scénarios de gestion mis en place et leur efficacité dans le temps ».

ÉMILIE CAZAL, CHARGÉE DE MISSION STRATÉGIE

DE CONSERVATION DE LA FLORE

ET RESTAURATION DES HABITATS

AU PARC NATIONAL DE LA RÉUNION

« Je coanime avec Mathieu Rouget le groupe de travail sur un projet intégré de lutte contre les plantes exotiques envahissantes et de restauration des milieux naturels prioritaires. Ce programme partenarial, qui est piloté par le Parc national, réunit

le Département, le Cirad, la DEAL, l’ONF, la Région, le CBNM, l’Université, ainsi que d’autres partenaires gestionnaires d’espaces naturels. Ce programme vise à accompagner et à améliorer les capacités opérationnelles du territoire et produire des outils, afin que les actions de restauration des milieux naturels sur le territoire soient plus efficientes.

Cela passe par une meilleure connaissance de l’état de conservation de ces milieux ; la priorisation des actions de restauration selon les dynamiques d’invasion et scénarios d’intervention possibles ; l’expérimentation d’itinéraires techniques de restauration ; l’accompagnement des partenaires en charge des chantiers ; l’évaluation des actions entreprises pour ajuster nos programmes d’actions.

Les premières sessions de diagnostic de l’état d’invasion de plusieurs massifs en cœur de Parc révèlent des niveaux d’invasion hétérogènes, pour lesquels différentes actions de lutte vont être mises en œuvre.

Le Grand Bénare bénéficie par exemple d’un bon état de conservation, contrairement à la Plaine des Fougères, fortement envahie par le longose notamment, une peste végétale très difficile à éliminer ».

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT 27
© Parc national de La Réunion

ÎLE DE LA RÉUNION

Rédaction : Stéphanie Castre

COULISSES D’UN TOURNAGE

SUBAQUATIQUE : « LA RÉUNION, UNE GOUTTE D’EAU DOUCE DANS L’OCÉAN INDIEN »

lA réunion A Accueilli le TournAge d ’ un 52 MinuTes qui serA inTiTulé « lA réunion, une gouTTe d ’ eAu douce dAns l ’océAn indien ». c e docu M en TA ire F or M er A le 3 è M e vole T de l A série « Au Fil de l ’ eAu » qui A eu lieu en p olynésie F r A nç A ise e T en c orse , Avec u shu A ï A T v z oo M sur un Tourn Age en e A u douce , d A ns les rivières F leurs j A unes , l A ngevin , des M A rsouins

C’est un tournage original que La Réunion a accueilli du 6 au 16 mars dans ses rivières et cascades. Au programme : des rencontres et discussions au fil de l’eau avec des passionnés de milieux aquatiques, scientifiques, riverains... En effet, La Réunion regorge d’eau douce, dont la répartition s’avère très inégale, avec des records de pluviométrie à l’Est, et une façade ouest plus protégée des intempéries, et donc plutôt sèche.

ANNE-CÉCILE MONNIER, PASSIONNÉE DE RIVIÈRES

Dans le film, Anne-Cécile, hydrobiologiste et photographe subaquatique, cherche à comprendre les interactions des humains avec les rivières, les usages de l’eau et les actions menées pour préserver la biodiversité aquatique, souvent fragile et méconnue.

Dans le futur film, Anne-Cécile Monnier s’immerge à la rencontre de quelques-unes des 25 espèces de poissons indigènes d’eau douce, dont le célèbre alevin du cabot bouche ronde consommé traditionnellement en « carry bichique ». Ce joyau des rivières, dont une espèce est endémique des Mascareignes, a vu ses populations s’effondrer, et sa survie pourrait être compromise en raison de la surpêche, mais aussi des

À La Réunion, si 13

grandeur Nature OUTRE-MER 28
rivières irriguent l’île toute l’année, jusqu’à 750 cours d’eau sont actifs en période de fortes pluies et de cyclones durant l’été austral, de décembre à mars.
© Les
films en vrac
Cette série est produite par Les Films en Vrac et réalisée par Anthony Binst.

aménagements nuisant à la continuité écologique des cours d’eau. Le cycle de vie de ce poisson migrateur diadrome, c’est-à-dire qui se déplace entre rivière et océan pour accomplir son développement – est le fil conducteur du documentaire. Un pêcheur rapporte qu’il n’observe quasiment plus de remontées de bichiques vers les rivières, alors que la pression de pêche se poursuit, bien qu’encadrée par une période d’interdiction. D’où le constat de l’urgence des mesures de conservation et d’une gestion raisonnée de la ressource, avant qu’elle ne disparaisse.

TÉMOIGNAGE

AURÉLIE DUBARD-GRONDIN, FONDATRICE DE L’ASSOCIATION O’SPHÈRE, BASÉE À L’ENTRE-DEUX

« Engagés avec passion dans des projets d’éveil à la nature, au sein de l’association O’Sphère nous mettons l’accent sur la préservation des écosystèmes. Objectif ? Faire naître une véritable conscience de la biodiversité réunionnaise et encourager les jeunes générations à en devenir les ambassadrices. Nous leur confions la gestion d’aires terrestres éducatives, où faune, flore et activités humaines sont étudiées. Les élèves mettent en œuvre des actions concrètes sur le terrain : inventaires, chantiers écologiques de lutte contre les espèces exotiques... accompagnés par des spécialistes tels que la Fédération de Pêche, Plant Ali et l’Office de l’Eau. Dans ce film “Au fil de l’eau” dédié à La Réunion, c’est à travers ce reportage que nos ambassadeurs ont su révéler la beauté de leur terrain d’action : le Bras de la Plaine. »

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT 29
Ci-dessus : l’une des plongées d’Anne-Cécile Monnier. © Stéphane Granzotto | À droite : Aurélie Grondin entourée d’élèves à La Réunion, lors d’une journée de sensibilisation sur le terrain. Long de 3 cm, le fameux « bichique », ou cabot bouche ronde, est un gobie indigène prisé par la gastronomie réunionnaise (70 €/kg). Le cabot bouche ronde pond sous les galets. Ses larves suivent le courant pour se nourrir dans l’océan et reviennent quelques mois plus tard vers leur futur lieu de reproduction en rivière. Ces rivières qu’on assassine, un texte de Jean Paul Maugard, Président de la Fédération départementale de Pêche et de protection du milieu aquatique de La Réunion, à lire ICI © Anne-Cécile Monnier

L’ADN DANS TOUS SES ÉTATS POUR SUIVRE

LES ESPÈCES ET

LES ÉCOSYSTÈMES MARINS

l A géné T ique ouvre de nouvelles porT es A ux scien T i F iques en écologie MA rine pour A ppréhender l A biodiversi T é unique e T riche des écosys T è M es de l ’ océ A n i ndien l es qu AT re le TT res de l ’A dn qui conTiennenT TouTe l ’ inForMATion généTique perMeTTenT d ’ idenTiFier des espèces, de déTerMiner leur âge e T leur sexe , leur présence dA ns l ’ environne M en T à pA rT ir d ’ éch A n T illons d ’ e A u de M er e T M ê M e bien T ô T leur MAT uri T é sexuelle e T leur espér A nce de vie .

Contributeurs au programme de recherche Atlasea 1 , les scientifiques de la Délégation Ifremer de l’Océan Indien (DOI) observent la biodiversité et l’état de santé des espèces marines des 71 millions de km ² de l’océan Indien à l’aide de l’ADN, molécules de quelques nanomètres de diamètre. « Différentes techniques de biologie moléculaire ont révolutionné notre compréhension du monde marin, à l’échelle des individus, des populations ou de tout l’écosystème », s’enthousiasme Sylvain Bonhommeau, chercheur en écologie marine à la DOI.

En adaptant aux poissons une technique développée il y a une dizaine d’années par des chercheurs californiens à partir de marqueurs à la surface de l’ADN qui vont réguler l’expression des gènes (les horloges génétiques), l’équipe de la DOI a identifié celles de l’espadon et du germon en estimant leurs âges avec une précision de moins d’un an et avec seulement 30 milligrammes de tissu. « Cette nouvelle méthode permet de décupler notre capacité d’observation car à l’heure actuelle, l’âge est estimé à l’aide de petites pièces calcifiées dans l’oreille interne des poissons, les otolithes, sur lesquels on observe des stries annuelles comme les cernes sur les troncs des arbres. Cette méthode est très chronophage. De plus, les poissons auxquels nous avons accès proviennent de la pêche et sont étêtés et donc sans otolithes », précise Sylvain Bonhommeau.

Pour gérer l’exploitation des espèces marines, les gestionnaires ont besoin de connaître le nombre d’individus et leur évolution dans le temps avec la pression de pêche et les changements environnementaux. La DOI applique une nouvelle méthode d’estimation d’abondance sur la population de l’espadon : le « Close-Kin Mark Recapture ». « Il s’agit de retracer la généalogie de la population à partir des liens de parenté entre des individus échantillonnés.

Si vous prenez 1000 personnes au hasard à La Réunion, vous avez beaucoup de chance d’avoir des liens de parenté. Mais si vous prenez 1000 personnes en Inde, vous aurez peu de chance d’avoir ces liens. Il y a donc un lien entre la taille de la population et le nombre de liens de parenté que l’on a dans un échantillonnage aléatoire », résume Thomas Chevrier, VSC à la DOI. Une première étape a été franchie en 2023 à partir d’analyses sur 2 000 espadons dans tout l’océan Indien, qui ont permis de trouver quelques parents et enfants, des frères et sœurs. Il faudra en collecter beaucoup plus, environ 20 000, pour avoir des indicateurs robustes.

Une autre méthode utilisée, dite d’ADN environnemental, permet d’identifier les espèces présentes au moment d’un prélèvement d’eau de mer, en passant à travers des filtres microscopiques qui récupèrent cet ADN. Les chercheurs ont intégré ce système de filtration à une planche autonome pour échantillonner les lagons réunionnais et déterminer la biodiversité entre les lagons dans le temps. Un bodysurf équipé de propulseurs et d’un autopilote est programmé pour aller chercher et filtrer des échantillons d’eau dans les lagons, puis revenir sur la plage pour que les filtres soient analysés au laboratoire. Ce nouveau moyen de collecte permet l’accès à des zones difficiles avec des très faibles profondeurs et de retourner aux mêmes endroits pour comparer les résultats, dont les premiers sont attendus pour juin 2023.

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1 + d’info ici : PEPR Atlasea France 2030 Filtration
autonome. © Ifremer
des échantillons d’espèces ciblées avec la planche

• Matteo, tu es arrivé comme VSC à la Délégation Océan Indien. Aujourd’hui, tu prépares une thèse. Peux-tu nous décrire les étapes importantes sur cette évolution de poste ?

- Je suis arrivé il y a un peu plus de deux ans, c’était ma première longue expérience de travail. Dès le départ, j’ai été impressionné par l’environnement. L’atmosphère sur l’île, et aussi sur le lieu de travail, est détendue et amicale. Les gens s’entraident facilement et les relations humaines me rappellent celles de l’Italie, de l’Espagne ou de l’Amérique du Sud. Les missions qui m’ont été confiées correspondaient à ce que je souhaitais : un mélange de terrain et d’analyse/traitement de données au bureau.

Je ne pensais pas faire une thèse dans ma vie, et encore moins à La Réunion. Mais à la fin de mon contrat, j’ai pris conscience que j’aimais beaucoup mon travail et que je n’étais pas prêt à quitter l’île. Lorsque Sylvain Bonhommeau m’a proposé un sujet de thèse, j’ai accepté sans hésiter ! Je crois que l’étape la plus importante qui m’a conduite sur la voie du doctorat est le côté humain que j’ai trouvé ici à La Réunion.

• Sur quoi va porter le sujet de ta thèse ?

- Le titre est « Multi-scale mapping of changes in tropical reefs ». L’objectif principal est de suivre l’évolution de l’état des récifs tropicaux dans l’océan

Indien en fournissant des cartes temporelles des différents habitats (coraux, herbiers, sable, roches...), des différentes classes du « Global Coral Reef Monitoring Network » (GCRMN 2) et des espèces emblématiques telles que les concombres de mer, oursins, palourdes, espèces de poissons...

Pour atteindre cet objectif, je vais développer un algorithme d’identification à fine échelle en utilisant les données d’un véhicule de surface automatisé (ASV) équipé de caméras sous lumière visible et UV, ainsi que les données du projet citoyen Seatizen 3 Ceci inclut l’entraînement et les prédictions validés sur les différentes zones locales échantillonnées à La Réunion, Mayotte, Europa, aux îles Glorieuses et Aldabra afin de garantir une grande diversité de récifs tropicaux.

Ensuite, je vais concevoir des outils de « deep learning ». Les prédictions des données de l’ASV seront utilisées pour entraîner l’algorithme utilisant les données des drones, et les prédictions des données des drones seront utilisées pour entraîner l’algorithme utilisant les données des satellites.

Au final, des indices de l’évolution des habitats et des aires de distribution des classes GCRMN seront produits en appliquant l’algorithme entraîné sur l’imagerie satellite aux récifs de l’océan Indien sur différentes périodes.

• Que mettrais-tu en valeur dans l’environnement de travail à la DOI ?

- L’air que l’on « respire » à La Réunion est bien ce qui m’a poussé à rester trois ans de plus. Dans mon bureau, je suis entouré de personnes qui me stimulent intellectuellement et humainement. Les échanges de vues autour d’un bon café ne manquent jamais et avec bon nombre de collègues, je me retrouve même en dehors des heures de travail pour partager des passions communes qui tournent principalement autour de la montagne et, bien sûr, de la mer !

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INTERVIEW MATTEO CONTINI, DE VSC À DOCTORANT
2 GCRMN : https://gcrmn.net/ | 3 Seatizen : https://ocean-indien.ifremer.fr/Projets/Innovations-technologiques/SEATIZEN-2020-2022
Ci-contre : Matteo Contini (à gauche), assisté de Mervyn Ravitchandirane, technicien en électronique maritime, en train de mettre au point la navigation automatisée de leur bodyboard dont ils se servent pour cartographier les petits fonds. | © Nicolas Mathys - Zeppelin - EDM

PORT RÉUNION S’ASSOCIE À L’OPÉRATION

DE PLANTATION « UN MILLION D’ARBRES »

d A ns le c A dre de son pA rT en A ri AT Avec le d épA rT e M en T , qui A M is à s A disposi T ion des pl A n T es indigènes e T endé M iques de l ’ île , le g r A nd p orT M A ri T i M e de l A r éunion A org A nisé réce MM en T une sé A nce de pl A n TAT ion sur le si T e des j A rdins des M A isons des i ngénieurs c ouronné de succès , ce T événe M en T A A ccueilli noTAMM en T des éléves du p orT e T des A ssoci AT ions loc A les

Depuis 2021, le GPMDLR s’est associé au Département qui a engagé un ambitieux programme de reboisement de l’île intitulé « 1 million d’arbres pour La Réunion ». L’objectif affiché par le Département est la plantation d’un million de plantes indigènes et endémiques d’ici 2024 en milieu naturel et dans les espaces publics urbains et périurbains. Ce chiffre représente symboliquement un arbre par Réunionnais à l’horizon 2030. Après une première opération réalisée dans l’enceinte portuaire en 2022, le site des jardins des Maisons des Ingénieurs, au Port Ouest, a été retenu pour une seconde phase de plantation le 8 mars dernier, à laquelle ont été associés les élèves du collège Titan et du lycée Léon de Lépervanche, deux établissements de la commune du Port.

En une demi-journée, 600 « pié d’bwa » endémiques ou indigènes fournis par le Département ont ainsi été plantés, sous la supervision des équipes du Département, de la Team Espaces Verts et du groupe PA2D (Plan d’aménagement et de développement durable) du Grand Port Maritime ; les jeunes ont également participé à des ateliers animés par deux associations spécialistes des espèces exotiques envahissantes : la SREPEN et Nature Océan Indien. Les membres du Conseil de surveillance, qui s’était réunis le même jour, ont pu aller à la rencontre des participants sur le terrain afin de les encourager à poursuivre de telles actions contribuant au développement durable du territoire réunionnais et s’inscrivant parfaitement dans la politique RSE du GPMDLR.

« Cette opération a été pour nous très satisfaisante. C’était la deuxième action de ce type que nous menions avec le GPMDLR, la première ayant eu lieu l’an dernier. Les pratiques ont évolué depuis, car l’action de cette année a été élargie à d’autres publics que les agents du Grand Port Maritime, et notamment à des classes du Port. Cela traduit une volonté de sensibiliser les jeunes aux questions de biodiversité. C’est une très bonne chose. Les thématiques n’ont pas été limitées à la flore, mais étendues à d’autres enjeux : la lutte contre l’agame des colons par exemple a été exposée par l’association NOI, tandis que la SREPEN a notamment évoqué la problématique de la perruche verte, une autre espèce exotique envahissante à La Réunion. Cet événement a permis de brosser de nombreux champs d’action des gestionnaires du GPMDLR.

Nous sommes sur le bon chemin et espérons que la prochaine édition sera encore plus élargie, en faisant intervenir des riverains, et pourquoi pas une association d’ancien dockers, afin de transmettre aussi à nos jeunes l’histoire portuaire de la Réunion lontan. »

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TÉMOIGNAGE YANN FONTAINE, CHEF DE PROJET DU PLAN «1 MILLION D’ARBRES » MENÉ PAR LE DÉPARTEMENT DE LA RÉUNION

Les emplacements des plants ont été soigneusement choisis en collaboration avec le paysagiste et l’assistant à maîtrise d’ouvrage du projet de restauration en cours des Maisons des Ingénieurs, afin d’assurer la pérennité des espèces mises en terre sur le site. Aux côtés de professionnels des espaces verts et des équipes du Grand Port, les élèves conviés, dont de nombreux écodélégués et écovolontaires, ont ainsi participé avec enthousiasme à cet effort collectif.

Cet engagement des élèves a été salué par plusieurs officiels présents, dont Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, Olivier Hoarau, maire de la commune du Port et Éric Legrigeois, directeur général et président du directoire du Grand Port Maritime de La Réunion.

TÉMOIGNAGE

EMMANUELLE DE LAVERGNE, RÉFÉRENTE

DÉVELOPPEMENT DURABLE AU LYCÉE

PROFESSIONNEL LÉPERVANCHE DU PORT

« Au lycée Lépervanche, j’essaie de fédérer la communauté éducative et de mettre en place des actions pour sensibiliser les élèves au développement durable. Notre lycée professionnel est tourné vers la mer, l’océan étant le futur espace de travail de certains de mes élèves. Je noue ainsi des partenariats avec des entreprises ou collectivités afin de mener ces actions. Notre partenariat avec le GPMDLR, débuté il y a trois ans, nous a permis par exemple de former nos écodélégués à la protection du pétrel de Barau, grâce à l’intervention de la SEOR. En plus d’être référente Développement durable, je suis professeure de Lettres, d’Histoire et de Géographie. En géographie, on se doit de travailler sur les Objectifs de développement durable (ODD). Dans mon programme de 1ère, on travaillait sur la recomposition du paysage urbain, sur les nouvelles façons d’habiter plus écologiques. L’action du 8 mars au port était parfaite pour illustrer cette thématique auprès de mes élèves. L’événement a donné du sens à ce que je fais en classe. Cela permet aux élèves d’être acteurs de leur formation et rend la connaissance beaucoup plus concrète. »

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT 33
Stand tenu par la SREPEN, Société réunionnaise pour l’étude et la protection de l’environnement. © GPMDLR Atelier proposé par Nature océan Indien (NOI). © GPMDLR Un chantier qui a mobilisé les collégiens et lycéens. © GPMDLR

INTERVIEW

FLORENCE MÉZINO, ENSEIGNANTE DE SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE (SVT) AU COLLÈGE TITAN DU PORT

• Cet événement organisé par le GPMDLR vous a-t-il apporté satisfaction, et pourquoi ?

- En tant qu’enseignante de SVT ayant pour mission de former mes élèves à faire face aux enjeux de demain, cette approche concrète et de proximité était une opportunité à saisir pour l’accompagnement de mes élèves dans leur parcours citoyen.

J’attendais cet événement avec impatience et je suis pleinement satisfaite de notre participation. En effet, la confrontation au réel, à des professionnels de terrain et aux personnalités de la vie politique enrichissent de façon évidente les enseignements et cela plus spécifiquement dans le cadre de l’Éducation au développement durable (EDD).

Sur place, l’accueil chaleureux qui nous a été réservé par l’ensemble des acteurs du projet – Département, GPMDLR et notamment par Priscille Labarrère, qui y est responsable du service Environnement et aménagement – a permis à mes élèves de mesurer l’importance de leur présence dans cette action aux Villas des Ingénieurs.

Une organisation bien ficelée, des animations et une prise en charge des collégiens de qualité, mais également des réactions extrêmement positives de la part de mes élèves, le tout sous une météo idéale, ont

contribué à ma pleine satisfaction et au sentiment de leur apporter une éducation de qualité.

• Quels ont été les retours de vos élèves ?

- Notre participation à ce projet a suscité dès le départ un vif enthousiasme de la part de mes élèves. Ils étaient nombreux à souhaiter contribuer à leur niveau à une action de cette envergure dans leur quartier. Leur investissement et leurs sourires le jour J étaient à la hauteur de l’envie qu’ils avaient manifestée lors de la présentation de ce projet.

Depuis, les retours de mes élèves ont été plus que positifs. Ils sont reconnaissants d’avoir pu participer à cette action dans leur quartier et me sollicitent encore aujourd’hui afin de renouveler au plus vite une action de cet ordre aux côtés du Grand Port Maritime de La Réunion.

• Est-ce important d’organiser de telles sorties scolaires pour sensibiliser à la biodiversité réunionnaise ?

- À mon sens, la sensibilisation à la biodiversité réunionnaise passe nécessairement par l’approche de terrain aux côtés des acteurs locaux engagés dans cette mission.

En effet, la richesse des échanges avec les équipes dynamiques de la SREPEN et de Nature Océan Indien lors des ateliers de sensibilisation sur les espèces exotiques envahissantes a permis d’illustrer avec des exemples locaux des notions qui ont ainsi pris tout leur sens pour mes élèves.

Les discussions que j’ai depuis la sortie avec eux révèlent que mes élèves ont pu prendre conscience qu’ils pouvaient à leur niveau être acteurs de changements pour leur ville et plus largement pour la biodiversité de leur île.

Travaillant depuis plusieurs années au collège Titan, établissement classé REP+ – Réseaux d’éducation prioritaires, NDLR – je suis fière que, au travers de cette action, la lumière soit faite sur l’engagement de mes élèves, leur dynamisme et leurs capacités d’écoute et d’adaptation aux enjeux de demain.

grandeur Nature OUTRE-MER 34 PUBLI-COMMUNIQUÉ

De nombreuses espèces indigènes ou endémiques de l’île ont été plantées : patate à durand, veloutier, bois d’arnette, saliette, mauve, benjoin, bois de sable, manioc marron, bois d’éponge... © GPMDLR| Ci-dessous : des élèves ravis de participer à l’événement. © GPMDLR

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT 35

MAYOTTE

UNE NOUVELLE CABANE D’OBSERVATION DES OISEAUX AU LAC KARIHANI

Le niveau de l’eau du lac Karihani varie de quelques centimètres à

l e c onservAToire du li TTor A l de M AyoTT e e T le d épA r T e M en T s ’ A ssocien T Avec l ’ A ssoci AT ion g epo MAy – g roupe d ’ é T udes e T de proT ec T ion des oise A ux de M AyoTT e – pour préserver l A FA une e T l A F lore du l A c K A rih A ni e T sensibiliser les visi T eurs .

plus grande présence sur place, notamment grâce à des animateurs, pour renforcer les actions d’accueil et de sensibilisation du public

• Pourquoi est-il important de préserver ce lac ?

- Le lac Karihani, appelé « Dziani Karihani » en shimaoré, est le seul lac d’eau douce de Mayotte. Ce site, géré par le Département, appartient au Conservatoire du littoral depuis 2001. Il présente une très grande richesse en termes de biodiversité, c’est un lieu idéal d’observation de la faune et la flore, qui propose un espace de promenade familiale.

INTERVIEW

CHRISTIAN BEILLEVAIRE, RESPONSABLE DE L’ANTENNE DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL À MAYOTTE

• Pourquoi le Conservatoire du littoral s’associe-t-il avec le Gepomay pour la gestion du lac Karihani ?

- Le Gepomay – Groupe d’Études et de Protection des Oiseaux de Mayotte – intervient déjà dans le suivi et le comptage des oiseaux présents sur le site, et l’association réalise aussi de nombreuses animations autour de la préservation de la faune. Nous travaillons avec le Département et le Gepomay pour consolider la gestion du lac et fédérer davantage d’acteurs. Cette collaboration permettra d’avoir une

On peut y observer des poules d’eau ou des crabiers blancs, une espèce en danger critique d’extinction à Mayotte. Un Plan national d’actions (PNA) protège cet oiseau, ainsi qu’un programme Life BIODIV’OM. Il est important de préserver et maintenir les zones humides que représentent les mangroves ou les plans d’eau douce comme le lac Karihani car les crabiers blancs s’alimentent ou nichent sur ces sites. Si on parvient à baisser le dérangement et les pressions sur ces habitats naturels, cette population d’oiseaux pourra se maintenir et même augmenter

• Quels sont les projets en cours actuellement sur le lac Karihani ?

- Il y a sur le site un observatoire de l’avifaune, une petite cabane cachée qui permet d’observer discrètement les oiseaux. Elle a été construite il y a 10 ans et présentait un état très dégradé, une réhabilitation

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deux mètres selon les saisons et les années. © Frédéric Larrey | CDL

était nécessaire. Ces travaux, financés par les fonds propres du Conservatoire du littoral, sont en cours d’achèvement. Il faut souligner la sobriété du chantier puisque près de 70 % des matériaux ont été réutilisés par l’artisan en charge des travaux. À l’intérieur de cette cabane, et dans le cadre des actions du Life BIODIV’OM, le Gepomay souhaite installer un média d’interprétation et de reconnaissance de la faune observée à destination du public.

Nous allons aussi, dans le cadre de l’actualisation du plan de gestion, être accompagnés par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), pour mieux comprendre comment le plan d’eau fonctionne sur le plan hydrologique. Parallèlement, le plan de gestion définira les niveaux d’eau favorables au maintien des oiseaux.

Rédaction et interview : Marion Durand

Aménagé par le Conservatoire du littoral et le Département de Mayotte, un observatoire sur le sentier du lac permet aux promeneurs d’observer les oiseaux sans les déranger. © CDL

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Ci-dessus : le Lac Karihani est situé dans une dépression, l’eau de ce lac naturel provient essentiellement des eaux de ruissellement. © CDL | Le site abrite une grande variété d’oiseaux dont l’emblématique crabier blanc. © Pierrick Lizot | Aperçu de l’intérieur de la cabane. © CDL

TAAF

« LES DÉCISIONS

QUE L’ON PREND AUJOURD’HUI PRÉDISENT

LA SURVIE OU L’EXTINCTION DU MANCHOT ROYAL »

Le manchot royal est le deuxième plus grand des manchots, le plus grand étant le manchot empereur en Antarctique. © Robin Cristofari

isolées Au sud de l’océAn indien dAns les Mers AusTrAles, les îles subAnTArcTiques FrAnçAises AbriTenT lA plus grAnde populATion de MAnchoTs royAux Au Monde, Avec près de 750 000 couples d ’Après les derniers coMpTAges lA survie de l’espèce esT MenAcée pAr le réchAuFFeMenT cliMATique

front polaire, une zone d’une largeur restreinte de quelques dizaines de kilomètres, où l’eau est très froide et oxygénée, donc très riche en poissons. Mais cet espace autour de l’Antarctique se déplace vers le sud, du fait de l’augmentation de la température de l’eau et de la circulation des vents. Si la température de l’eau augmente de 1 ° C, la zone d’alimentation se déporte de 300 kilomètres. Les manchots, qui se reproduisent sur les îles, auront besoin d’aller encore plus loin pour se nourrir.

INTERVIEW

ROBIN CRISTOFARI, MANCHOLOGUE

À L’UNIVERSITÉ DE TURKU

(FINLANDE) - INSTITUT POLAIRE

FRANÇAIS PAUL-ÉMILE VICTOR

• La survie des manchots royaux présents dans l’archipel Crozet et dans les îles Kerguelen est-elle menacée ?

- Ce n’est pas une espèce en danger immédiat mais son espérance de vie inquiète. Ces populations se sont multipliées grâce à l’abondance alimentaire du

On sait que lorsqu’on atteint la limite des 700 kilomètres à parcourir, le temps écoulé est trop long et les poussins, restés à terre, meurent de faim en attendant le retour de leurs parents. Quand on prévoit un réchauffement de 1,5°C, on condamne à mort toutes les populations de manchots royaux des Terres australes françaises.

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• Un autre lieu de reproduction n’est-il pas envisageable ?

- Ces grands oiseaux pourraient se déplacer mais ils ont besoin d’une île sans glace, avec de la terre ferme. D’autres espèces vivent déjà dans ces habitats potentiels et plus l’eau se réchauffe, plus elles se dirigent toutes vers le sud.

À terme, ces mouvements de populations observés par les scientifiques obligeront les manchots à s’entasser et certains pourraient en mourir.

• Le manchot royal est-il plus vulnérable ?

- Il n’est pas plus en danger que les autres mais c’est une espèce très structurante dans l’océan Austral. C’est un pilier de notre écosystème. Ces manchots sont tellement robustes que le fait qu’ils soient menacés de disparition est révélateur de grands changements. On ne peut absolument rien faire pour les protéger si ce n’est d’arrêter le réchauffement climatique sur notre planète. Toutes les décisions que l’on prend aujourd’hui prédisent la survie ou l’extinction du manchot royal.

Rédaction et interview : Marion Durand

ÎLE AUX COCHONS : LE MYSTÈRE DU DÉCLIN DE LA PLUS

GRANDE COLONIE DE MANCHOTS ROYAUX DU MONDE

Charles-André Bost, directeur du Centre d’études biologiques de Chizé, station de recherche du CNRS : « Plusieurs hypothèses pourraient expliquer le déclin de la colonie de manchots royaux sur l’île aux Cochons. Il semble que les effectifs ont d’abord été surestimés. Le déclin est probablement d’origine multifacteurs comme l’importante anomalie chaude de 1997 ou une épidémie. Les prédateurs introduits (chats) ne semblent pas avoir affecté la mortalité des poussins et des adultes. Il est très difficile de fournir des explications du fait de l’absence de campagnes de terrain pendant des décennies. »

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Colonie de manchots royaux à Crozet, sur l’île de la Possession, où se trouve la base australe Alfred-Faure. © Robin Cristofari

POLYNÉSIE FRANÇAISE

« AOA », RÉGÉNÉRER LA FORÊT POLYNÉSIENNE

dAns lA coMMune de MATAieA, à TAhiTi, lA sociéTé AoA polynesiAn ForesTs prévoiT de conTrôler les pl A n T es inv A sives pour l A isser pl A ce A ux espèces indigènes e T endé M iques . u n proje T de 30 A ns don T le bu T es T de recons T i T uer l A biodiversi T é des F orê T s n AT ives polynésiennes .

du Gabon sont en train de remplacer l’équivalent de 70 plantes endémiques. Les précédentes campagnes d’arrachage des plantes invasives ont contribué à leur développement.

Le falcata, un arbre parasol de grande envergure, empoisonne le sol et le rend impropre à la repousse des végétaux. Ces espèces dégradent la qualité des sols et réduisent la biodiversité botanique, ce qui entraîne une baisse de la diversité des oiseaux, des insectes ou des champignons présents sur ces sites.

INTERVIEW

CHRISTOPHE BALSAN, DIRECTEUR DE LA SOCIÉTÉ AOA ET INGÉNIEUR AGRONOME

• Vous avez créé la société Aoa pour reconstituer la forêt polynésienne. Est-elle en mauvais état ?

- La plupart des forêts polynésiennes sont recouvertes de plantes invasives. Dans la vallée d’Atimaono à Mataiea où nous menons le projet, elles couvrent 70 % de la forêt. Ces plantes n’ont pas de prédateur et ont, au fil du temps, étouffé la végétation locale.

Aujourd’hui, une quinzaine d’espèces très virulentes comme le miconia, les lianes parachutes ou les tulipiers

• Votre objectif est de régénérer la biodiversité des forêts, comment ?

- Le premier gros travail, commencé il y a deux mois, est de nettoyer la vallée. On a mis en place des protocoles stricts et nous sommes encadrés par des botanistes. L’idée, c’est de retirer ces espèces invasives, de protéger les espèces endémiques et de replanter quelques arbustes.

Nous avançons progressivement par parcelles, c’est un travail minutieux et sur un temps long. L’horizon du projet est évalué à 30 ans. On est installé dans un bassin versant de 1 000 hectares, nous en louons 300 au territoire pour notre projet.

Cette vallée est constituée de différentes strates de végétation, avec des zones plus ou moins préservées. Dans les parcelles basses, on développera des projets d’agroforesterie axés autour des savoirs polynésiens.

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Photos de l’article : © Aoa Polynesian Forests
La vallée d’Atimaono, recouverte à 70 % de plantes invasives.

• Est-il difficile d’allier tourisme et protection environnementale ?

- Quand la première phase du projet sera terminée, nous ouvrirons cette forêt au public en proposant des visites guidées.

Nous voulons nous adresser d’abord aux enfants pour leur montrer ce qu’est un écosystème, comment il fonctionne, comment le préserver et quels sont les impacts de nos attitudes sur la nature.

On souhaite, dans un deuxième temps, ouvrir la forêt aux touristes, toujours sous la forme de visites guidées, pour expliquer notre objectif de régénération de la forêt native. On leur propose déjà de participer à notre projet en apportant une aide financière. Les voyageurs restent en effet ouverts à l’idée d’une compensation pouvant réduire l’empreinte carbone de leur visite à Tahiti. C’est une manière de laisser une trace positive de leur passage sur le territoire.

• Ces dons sont-ils votre seul moyen de financement ?

- Pour financer ce projet, on a deux axes économiques. Le premier repose sur les dons des particuliers grâce au site internet, et les 200 000 touristes annuels sont notre principale cible, car c’est une population qui a les moyens et qui est sensible au thème de l’environnement. Ces dons permettent de financer des mètres carrés de parcelles régénérées. Les entreprises sont

notre deuxième source de financement. On leur vend des éléments de communication par le biais de la marque Aoa et on organise des « team building » animés par nos équipes, des conférences ou des formations dans le domaine. Nous sommes flexibles, on s’adapte aux demandes de nos partenaires.

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Depuis début mars 2023, l’équipe d’Aoa Polynesian Forests s’attelle à la préservation de la flore dans la vallée d’Atimaono. Le lent et difficile travail d’arrachage manuel d’espèces invasives. Rédaction et interview : Marion Durand
+ d’info ici : https://www.aoa.pf/
Cascade de la vallée, entourée de plantes et fougères endémiques.

NOUVELLECALÉDONIE

POLLUTION LUMINEUSE : RÉGLEMENTER POUR PROTÉGER LES ÊTRES VIVANTS

l e proje T p ollux nc Fourni T pour l A pre M ière Fois des données sur l A pollu T ion lu M ineuse à l ’ échelle loc A le . l ’ Agglo M ér AT ion du g r A nd n ou M é A , les si T es M iniers K oni AM bo n ic Kel e T prony resources, Ainsi que les bAndes liTTorAles, AFFichenT d ’ iMporTAnTes vAleurs de luMinAnce

• Le projet Pollux NC étudie pour la première fois la pollution lumineuse en Nouvelle-Calédonie. Pourquoi l’OEIL s’intéresse-t-il à ce sujet ?

- Ce projet a été retenu en décembre 2020 par le programme de financement européen BEST 2.0+. Il a démarré en juillet 2021 et a pris de l’ampleur en cours de route car nous avons rencontré un grand engouement de la part des collectivités, des gestionnaires des parcs d’éclairage public, des associations…

INTERVIEW

ANNE LATASTE, RESPONSABLE COMMUNICATION SCIENTIFIQUE À L’OBSERVATOIRE DE L’ENVIRONNEMENT EN NOUVELLE-CALÉDONIE (OEIL NC)

L’accompagnement financier de ces acteurs nous a permis d’acheter des images satellitaires, d’approfondir les analyses et de louer une sonde au CNES (Centre national d’études spatiales) pouvant mesurer la qualité du ciel nocturne, afin de croiser nos données avec les informations enregistrées au sol.

• Après 20 mois de travail, quelles conclusions tirez-vous de cette étude ?

- L’étude nous a montrés que la Nouvelle-Calédonie

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Lumières nocturnes sur le port de plaisance de Nouméa. © ŒIL

À partir d’informations inédites sur la pollution lumineuse du territoire, Pollux NC

recommandations

se situe parmi les zones les moins touchées par la pollution lumineuse dans le monde. Environ 90 % du territoire affiche des valeurs de luminance non perturbées, à l’exception de certains lieux dont les scores indiquent une importante pollution lumineuse.

C’est le cas de l’agglomération du Grand Nouméa, avec un noyau très perturbé sur la presqu’île de Nouméa, de la commune de Voh (Nord), où est implanté le site de Koniambo Nickel, et des communes de Yaté et du Mont-Dore, où se trouve le complexe industriel et minier Prony Resources.

Partout où il y a de l’activité humaine, on observe des îlots de luminance élevée, particulièrement sur les parkings de supermarchés, près de certains hôtels, sur les sites miniers et leurs quais de chargement lorsqu’ils travaillent la nuit. Les îlots et les bandes littorales sont aussi particulièrement soumis aux lumières artificielles car une grande partie de la population s’y retrouve.

• Quelles sont les conséquences de cette pollution nocturne sur les êtres vivants ?

- On a recensé 2 300 échouages d’oiseaux marins en 15 ans de données. Trois espèces sont particulièrement touchées, le puffin fouquet, le pétrel de Gould et le pétrel de Tahiti. La pollution lumineuse a de nombreuses conséquences sur les êtres vivants mais il n’existe aucune réglementation sur le territoire. Elle provoque notamment un déplacement des lieux de vie de certaines espèces, change les rythmes de reproduction des coraux…

• Le danger est-il plus grand au sein de certaines communes ?

- On a identifié les communes sensibles selon l’intensité de l’enjeu écologique et l’importance de la pollution lumineuse. Les sites abritant des mangroves, des forêts sèches, des herbiers peu profonds, des récifs coralliens frangeants ou les zones de microendémisme végétal sont les plus fragiles. Nouméa, le Mont-Dore, Dumbéa, Païta ou Voh sont les communes les plus concernées.

• En quoi consistent vos recommandations pour intégrer cette pollution lumineuse dans les politiques publiques du territoire ?

- Il est nécessaire de prendre en compte ces enjeux dans la réglementation, afin d’adapter par exemple les choix techniques des équipements.

Il faut ensuite étudier et suivre cette pression car on fait face à un important déficit de données sur les impacts de cette pollution à l’échelle locale. Nous recommandons de standardiser les protocoles et d’adopter de bonnes pratiques d’éclairage dans les parcs et espaces publics. On peut envisager une extinction saisonnière sur le littoral ou définir une liste de zones sensibles où l’éclairage est prohibé.

Enfin, il est important de sensibiliser le grand public, les gestionnaires, les collectivités et les acteurs privés.

Rédaction et interview : Marion Durand +

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émet des pour sa prise en compte dans les politiques publiques. © Eugène Vama
d’info ici : https://oeil.nc/page/pollux-nc
Carte de modélisation de la luminance zénithale en NouvelleCalédonie. Ce document a été publié en 2021 à partir des données satellitaires du capteur VIIRS. © Nasa | ŒIL

L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT

ENGAGÉE POUR UNE GESTION DURABLE DES DÉCHETS DANS LE PACIFIQUE

F in A ncé pA r l ’ AF d e T M is en œuvre pA r le p rogr AMM e région A l océ A nien de l ’ environne M en T ( proe ), le proje T « s ’ eng A ger pour une ges T ion dur A ble des déche T s d A ns le p A ci F ique » ou proje T swA p – coMMiTTing To susTAinAble wAsTe AcTions in The pAciFic – es T déployé d A ns six é TAT s insul A ires ou T erri Toires d ’ ou T re - M er du p A ci F ique , depuis 2021.

Doté de trois millions d’euros, le projet SWAP vise à accompagner les îles Fidji, Salomon, Samoa, Tonga, Vanuatu, ainsi que Wallis-et-Futuna, dans la gestion durable de leurs déchets. Il a été pensé autour de quatre grandes thématiques : la gestion des huiles usagées, des déchets marins, des déchets liés aux catastrophes naturelles, et le financement durable de cette gestion des déchets.

Le projet SWAP permet ainsi de financer des projets pilotes sur les différents territoires. Des opérations de nettoyage de plages comprenant une analyse détaillée des déchets ramassés ont par exemple été menées, afin de fournir des données précises aux gouvernements et accompagner la mise en place

de politiques publiques spécifiques à chacun des territoires.

Le projet SWAP a également permis de financer l’amélioration ou la consolidation des décharges à ciel ouvert, en prévention de futurs épisodes cycloniques au Vanuatu et aux Îles Salomon, ou la réalisation d’études de faisabilité, en vue de l’installation d’une filière de gestion des huiles usagées aux Îles Salomon, Samoa, Tonga et au Vanuatu.

Des formations, ainsi que la création de communautés de pratiques pour encourager les échanges entre l’ensemble des partenaires, à l’échelle régionale, ont aussi été rendues possibles grâce au soutien de l’AFD.

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Ci-dessus, de gauche à droite : gestion d’huiles usagées. © SPREP | Opération de nettoyage. © AFD | Amoncellement de déchets. © AFD

INTERVIEW CROISÉE

PAULINE FAYE, CHARGÉE DE MISSION À LA DIRECTION

RÉGIONALE OCÉAN PACIFIQUE DE L’AFD, ET JULIE PILLET, COORDINATRICE DU PROJET

SWAP - PROE

• Comment ce projet de l’AFD s’inscrit-il dans le contexte régional propre au Pacifique Sud ?

Julie Pillet - Le Programme régional océanien de l’environnement, ou PROE, coordonne la stratégie « Cleaner Pacific 2025 » 1. Le projet SWAP financé par l’AFD s’inscrit dans cette stratégie qui est portée par le PROE.

Il s’articule avec différents autres projets, tels que le POLP (Pacific ocean litter project – projet de gestion des déchets de l’océan Pacifique) financé par l’Australie dans le domaine des déchets marins et de la pollution plastique, ou encore le projet GEF Island financé par les Nations Unies, qui est dédié aux déchets de catastrophes naturelles ou aux véhicules hors d’usage. Le projet SWAP et l’intervention de l’AFD s’insèrent donc dans une véritable dynamique régionale de gestion durable des déchets, dans le Pacifique.

• Dans quelle mesure le territoire de Wallis-etFutuna est-il impliqué dans le projet ?

Pauline Faye - Wallis-et-Futuna est un territoire assez avancé sur la thématique des déchets et dispose notamment de filière de collecte des huiles usagées. L’archipel français s’est donc principalement investi en matière de financement durable de la gestion des déchets. Un projet pilote de valorisation des déchets, financé par l’AFD au travers du projet SWAP, est en cours de développement. Un atelier de démantèlement sera mis en place pour récupérer et reconditionner des pièces réutilisables : électroménager, mécanique, etc. La création d’une fonderie métallique permettra quant à elle de fondre les matériaux non réutilisables en l’état. Ce projet pilote améliorera la gestion des déchets métalliques à Wallis tout en promouvant l’économie circulaire locale.

• Quelle sera la suite donnée à ce projet SWAP après sa clôture ?

Julie Pillet - L’objectif du projet est de générer des résultats qui puissent être valorisés à l’échelle régionale. Les projets pilotes initiés illustrent ainsi une volonté très forte d’avoir des solutions développées localement, et qui puissent être répliquées dans l’ensemble des autres territoires du Pacifique Sud confrontés à des problématiques similaires. Les perspectives pour ce projet SWAP passent donc par le partage des réussites obtenues dans chacun des territoires et par la promotion de solutions qui seront mises à disposition des autres îles du Pacifique. Une visite de terrain est par exemple prochainement prévue à Wallis pour permettre aux représentants de différents pays de prendre connaissance du projet d’atelier de démantèlement et de fonderie afin qu’ils puissent dupliquer cette initiative dans leurs îles. L’enjeu sera, à la clôture du projet SWAP, de pouvoir constater effectivement une gestion plus durable des déchets, dans un Pacifique propre !

+ d’info ici : Le projet SWAP

Vidéo « Plastic Paradise », que l’AFD souhaite promouvoir

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Audit standardisé des déchets lors d’un nettoyage de plage. © SPREP
1 « Un Pacifique plus propre en 2025 ».
: © AFD, SPREP
Portraits ci-dessus

WALLISET-FUTUNA

L’INAUGURATION DE TROIS FERMES SOLAIRES SUR L’ÎLE DE WALLIS

d A ns le c A dre de son p rogr AMM e pluri A nnuel de l ’ énergie ( ppe ), w A llis - e T -F u T un A s ’ es T Fixé l ’ objecTiF d ’ une AuTonoMie énergéTique coMplèTe d ’ ici 2050. des poinTs d’éTApe sonT prévus en 2024 e T 2030. p our l ’ heure , les T rois dis T ric T s de w A llis son T désor MA is équipés d ’ une F er M e phoTovolTA ïque , deux d ’ en T re elles ven A n T d ’ ê T re in A ugurées

Le 8 mars, le préfet de Wallis-et-Futuna Hervé Jonathan inaugurait, aux côtés du directeur d’EEWF 1 , du PDG d’ENGIE Pacifique Sud et en présence des autorités coutumières, politiques et civiles de l’archipel, la ferme solaire de Ninive, dans le district de Hahake. Ce même jour, à Mu’a, dans le sud de l’île, la ferme solaire de Lavegahau, visitée le 6 mars par Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, a aussi été inaugurée. Chacun de ces nouveaux centres alimentera 200 foyers.

Enfin, à Hihifo, une autre ferme a été inaugurée le 8 mars, avec un millier de panneaux solaires installés sur un hectare. Si avant l’ouverture de ces trois fermes solaires, l’énergie locale produite était issue entièrement d’énergies fossiles, ces installations aideront à viser un objectif à court terme du PPE : hisser dès 2024 à 30 % la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du territoire.

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Ci-dessus : la transition énergétique se met en route dans l’archipel. | 1 Compagnie d’eau et d’électricité de Wallis-et-Futuna. La ferme solaire de Ninive inaugurée par le préfet Hervé Jonathan.
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Photos de la page
©
Préfecture de Wallis-et-Futuna Rédaction : Stéphanie Castre

LA FRANCE INTÈGRE LE CORRIDOR MARIN DE CONSERVATION DU PACIFIQUE TROPICAL (CMAR)

l A F r A nce A rejoin T , le 2 MA rs dernier , une ini T i AT ive région A le de coopér AT ion l A ncée en 2004 pA r le p A n AMA , l ’ é qu AT eur , l A c olo M bie e T le c os TA r ic A : le c AM r . o bjec T i F : cons T ruire , à T r Avers un rése A u libre d ’ A ires MA rines proT égées in T erconnec T ées , un c A dre in T ern AT ion A l pour l A conservAT ion conjoin T e des écosys T è M es de l A région

Le CMAR couvre, sur plus de 500 000 km2, les aires marines protégées des îles Cocos, Coiba, Galápagos, Gorgona et Malpelo. Du fait de la proximité de l’atoll de Clipperton et de sa zone économique exclusive, la France a rejoint ce projet visant à protéger les voies de migration d’espèces comme les baleines, les tortues, requins et raies, à lutter contre la surpêche et la pêche illégale – et à promouvoir la collaboration scientifique entre les pays membres, notamment sur l’étude des effets du changement climatique.

Hervé Berville, secrétaire d’État chargé de la mer, était présent au Panama lorsque le CMAR a accepté l’adhésion de la France , qui « est un nouvel acte fort témoignant de l’engagement de la France pour la protection de la biodiversité marine et nous nous tenons prêts à collaborer avec les autres pays de ce corridor maritime [...]. Cette étape pourrait ouvrir la voie dans un avenir proche à la création d’une aire marine protégée unique en haute mer et reliant toutes les îles du Pacifique tropical Est. »

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CLIPPERTON
Clipperton, atoll français depuis 1858. © Stéphane Dugast Photos : Stéphane Dugast |
http://www.stephanedugast.com
Rédaction : Stéphanie Castre

OUTRE-MER

fédérer l ’ outre-mer, faVoriser les échanges, mettre en lumière les acteurs de terrain, les initiatiVes Pour la Protection de la nature et le déVeloPPement durable

grandeur Nature OUTRE-MER

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SUPPORT D’INFORMATION

:

pAge FAcebooK « ouTre-Mer grAndeur nATure »

Un support proposé par aux Éditions Insulae

OcéIndia

7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de la Réunion

Stéphanie Castre, directrice de publication | oceindia@icloud.com

Rédaction : Stéphanie Castre, Lucie Labbouz, Axelle Dorville, Romy Loublier, Mariane Aimar, Sandrine Chopot, Marion Durand, Katia Delaval, Caroline Marie Conception graphique : Océindia

grandeur
Nature
GRATUIT ADRESSÉ AUX
décideurs publics acteurs ultramarins de l ’ environnement académies d ’ outre-mer internautes via de nombreux sites web et réseaux sociaux SOMMAIRE 2 édito 3 actu outre-mer 7 Saint-Pierre-et-Miquelon 8 Saint-Martin 9 Saint-Barthélemy 12 Martinique 16 Guadeloupe 20 Guyane 26 Île de La Réunion 30 Mayotte 36 TAAF 40 Polynésie française 44 Nouvelle-Calédonie 48 Wallis-et-Futuna OcéIndia
BIMESTRIEL
UNE n°15 L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT MARS | AVRIL 2023 ÎLE DE LA RÉUNION | LE DÉCLIN DU GECKO VERT DE MANAPANY SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON | l’invasion surveillée du crabe vert GUYANE | le Maroni se Meurt : interview de Pierre-Yves le bail N.-CALÉDONIE | les agriculteurs face au changeMent cliMatique

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