MAGRIT COULON
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OR NORME N°37 Horizons
OR BORD
Texte : Véronique Leblanc
Photos : Alban Hefti - Dominique Houcmant
Construire un pont avec l’extrême autre côté de l’âge
La crise sanitaire a mis en lumière la situation des EPHAD en France mais aussi en Belgique où ils sont appelés « Homes pour personnes âgées ». La jeune metteuse en scène strasbourgeoise Magrit Coulon leur a consacré une pièce de théâtre créée à Liège, quelques jours avant le confinement. Le quotidien « La Libre Belgique » y a vu « la révélation du Festival Factory », une « pépite » dans laquelle il faut plonger pour « y tâter de la vitalité des scènes d’aujourd’hui ». Magrit Coulon a 24 ans et retrouver cette jeune fille rencontrée enfant à Saint-Thomas est une des joies de ce mois de juin de déconfinement. Discuter avec elle de l’ultime horizon de l’existence humaine est aussi inattendu que tendre et passionnant.
‘‘ Un spectacle pour le prix d’une pinte, quelle chance ! ” Passée par les Pontonniers où elle a intégré la classe de théâtre, Magrit est devenue Bruxelloise après son inscription à l’Institut Supérieur des Arts du Spectacle et des techniques de diffusion (INSAS). Confidence : elle garde un souvenir enthousiaste de la vie culturelle strasbourgeoise. Les spectacles du TJP, ceux du Maillon et… la carte « Atout Voir ». « Un spectacle pour le prix d’une pinte, quelle chance ! » « Home » est le fruit de son travail de fin d’études, de sa «vraie tendresse pour les
personnes âgées » et d’une « incompréhension » par rapport à ce lieu de la maison de retraite qui s’inscrit comme une « bulle » hors du temps, bâtie dans la ville mais « hermétique », tenue loin des yeux et des consciences. De ses parents architectes, Magrit a reçu « un regard sur l’espace » qu’elle a nourri de ses lectures : « Hétérotopies » de Michel Foucault, « Eloges de l’ombre » de Junichorô Tanizaki… « Comment met-on 90 ans d’existence dans une chambre de 15 m2 ? Que voit-on du monde depuis ces lieux-là ? » interroge le dossier de presse. L’ENJEU THÉÂTRAL DE « L’ÉTAT DU CORPS » Avec ses trois jeunes comédiens, Carole Adolff, Anaïs Aouat et Tom Geels, elle a voulu « construire un pont avec l’extrême autre côté de l’âge », « comprendre un autre corps, un autre rythme peu à peu sorti de notre quotidien ». « Nous croisons de moins en moins de personnes très âgées dans nos villes qui vont de plus en plus vite et leur sont devenues dangereuses », souligne la metteuse en scène. Cette question du rythme fut essentielle. Il leur a fallu l’approcher, l’apprivoiser, l’incorporer