H Ô P I TA L P U B L I C
AU CŒUR DE LA CRISE SANITAIRE
Le service réa de Hautepierre n’a jamais été débordé
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OR NORME N°37 Horizons
OR SUJET
Texte : Jean-Luc Fournier
Photos : Nicolas Roses
Francis Schneider, 64 ans, dirige le service de Médecine Intensive-Réanimation du CHU de Hautepierre. Même sans idées préconçues, on se dit qu’une rencontre avec lui début juin dernier va mieux nous faire prendre conscience de la grande vague qui a tant secoué le pays (et plus particulièrement l’Alsace) ces mois derniers. Mais loin de décrire un service débordé avec un cauchemar à chaque détour de couloir, ce professeur expérimenté (c’est le moins que l’on puisse dire…) va au contraire nous faire prendre conscience de réalités de terrain bien concrètes et, au final, bousculer notre vision de ce service essentiel au cœur de l’hôpital public… Début juin dernier. Francis Schneider, en personne, arrive dans le hall d’entrée du CHU pour nous accueillir et nous conduire à son service de réanimation, à deux pas de là. Tout de suite, sous le masque de rigueur dans cet espace et ces couloirs où pas mal de gens se croisent, on remarque les yeux qui nous scannent sous de fines lunettes sans monture, on entend la voix assurée qui nous souhaite la bienvenue et on pressent que durant les quasi deux heures qui vont suivre, nous allons pouvoir nous plonger dans la réalité sans fard d’un service qui aura été à l’épicentre de la crise sanitaire des trois derniers mois. Nous ne sommes évidemment pas les premiers journalistes qui pénètrent dans ce service. On le devine quand Francis Schneider, avec beaucoup d’assurance mais sans surjouer le moins du monde, commence à nous raconter le scénario de ces semaines où la pandémie a surgi puis s’est développée. Il nous faut presque l’interrompre pour apprendre son parcours : « J’ai fait mes études de Médecine en Franche-Comté » nous répond-il. « À Besançon, plus précisément. Je suis arrivé au CHU de Hautepierre il y a… quarante ans ». Et devant notre (petit) étonnement, il rajoute aussitôt : « Eh oui, j’ai quarante ans de maison.
Je sais tout de ce service, rien ne m’échappe, je sais même où il y a de la poussière ! (rires). Je suis arrivé comme interne et j’ai gravi tous les échelons, j’ai occupé tous les postes possibles jusqu’à devenir chef de service… » Et de nous expliquer, ce qui est loin d’être inutile, la spécificité précise de son service de réanimation (l’un des plus importants de France, on y reviendra) qui « traite l’ensemble des malades ayant au moins un organe défaillant et, en général, toutes les personnes en danger létal » à ne pas confondre avec le service d’Anesthésie-Réanimation « dont le rôle est d’endormir puis réveiller et prodiguer ensuite les soins médicaux liés aux actes chirurgicaux ». Quand on le relance pour qu’il nous raconte ce que fut le quotidien de son service depuis près de trois mois, Francis Schneider tient tout de suite
“ Ici, ce fut zéro drame et zéro bruit, tout a toujours tourné parfaitement. ”