Photos : Or Norme
Véronique Bier (à gauche) et son associée Stéphanie Rançon
SOIGNANTS
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OR NORME N°37 Horizons
OR SUJET
Texte : Benjamin Thomas
INFIRMIERES LIBÉRALES
Elles se sentent abandonnées Véronique Bier (48 ans) exerce sa profession d’infirmière libérale à Mittelhausbergen et les communes alentour, associée avec Stéphanie Rançon (elle est également syndiquée à Convergence Infirmières 67, un syndicat qui regroupe les infirmières libérales -ndlr). C’est au détour d’une formation à Montpellier, début mars dernier, qu’elle « prend conscience de la gravité de l’épidémie. Le 8 mars dernier, à mon retour en Alsace, on comprend l’ampleur du “cluster” mulhousien et, à titre personnel, je réalise que ce qui nous attend va être grave » raconte-t-elle. « À ce moment-là, je suis encore dans cette croyance que notre tutelle, l’Agence Régionale de Santé (ARS) va nous fournir, via le réseau des pharmaciens, les indispensables équipements de protection nous permettant de nous protéger durant notre travail et aussi, bien sûr, de protéger nos patients. Notre toute première attente concernait les masques car déjà, on tournait avec un seul masque chirurgical par
jour, alors qu’en fait on ne pouvait le garder que durant quatre heures. Dans le cabinet que je partage avec une autre infirmière libérale, nous n’en avions plus que quelques-uns. On les a économisés au maximum car on avait très peur de ne pas en avoir. La première dotation organisée par l’ARS fut de cinq masques par infirmière ! Faites le calcul : en un jour et demi (huit heures de travail en journée plus deux heures en soirée) nous n’avions plus rien ! On a alors alerté la presse et via Or Norme que je remercie au passage et France 3 Alsace, on a appelé au don de matériel avec la consigne de le déposer à l’ARS. Je ne sais pas comment ces dons ont été dispatchés mais toujours est-il que nous avons pu récupérer quelques masques seulement, et encore, bien tardivement… Nous n’avons pas vu la couleur d’un quelconque autre matériel. Ce n’est qu’un mois plus tard, après avoir écrit un courrier à l’attention du président de la Région Grand-Est, Jean Rottner, adressé