L A R E S TA U R AT I O N A U D É F I D U C O R O N AV I R U S
JEAN-NOËL DRON (TRASCO)
“ Cette épreuve m’a appris la patience ”
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OR NORME N°37 Horizons
OR SUJET
Texte : Jean-Luc Fournier
Photos : Nicolas Roses
Avec seize restaurants à son actif (la plupart à Strasbourg mais aussi en Lorraine, à Reims et à Paris), le président du groupe TRASCO revient sur les conséquences de la crise sanitaire de ces derniers mois et raconte comment lui-même et ses collaborateurs ont réagi et entendent aujourd’hui relever les défis… Or Norme. Tout d’abord, comment avez-vous « encaissé » l’annonce du confinement le 14 mars dernier à 20h. On peut imaginer que ça a constitué pour vous un énorme choc… Non, pas vraiment ou plutôt « plus vraiment » : depuis la dernière semaine de février et le début des gros problèmes en Italie, les mauvaises nouvelles s’enchaînaient… Les uns après les autres, des segments complets de clientèle se sont fermés, comme des lampes qu’on éteint, soudainement, simplement, on-off.. Les premiers ont été les Tour Operators, pays après pays, qui ont commencé à annuler dès la fin février les réservations jusqu’au 15 mars, puis quelques jours plus tard jusqu’au 30 mars. Puis le Parlement européen a annulé sa session. Ce fut ensuite le tour des entreprises
“ En Alsace, nous avons ressenti tout cela très vite et très fort en raison de notre proximité avec Mulhouse. Mes directeurs, dans le reste du pays, ne s’alarmaient pas trop. ” à partir du 2 mars, enfin la clientèle strasbourgeoise a aussi, dans la seconde semaine de mars, commencé à décliner sérieusement. Souvenez-vous
quand même que le jeudi 12 au soir, le Président en personne demandait au plus de 65 ans de rester chez eux… On sentait bien que quelque chose de majeur était en train de se passer. On n’était plus dans la simple et petite séquence conjoncturelle. En Alsace, nous avons ressenti tout cela très vite et très fort en raison de notre proximité avec Mulhouse. Mes directeurs, dans le reste du pays, ne s’alarmaient pas trop, à Paris la seconde semaine de mars fut presque normale. Ce sont eux qui ont été réellement surpris par l’annonce du Premier ministre, nous ne l’avons pas été vraiment, à Strasbourg… Or Norme. En quelques heures, quand on apprend que le service du samedi soir sera le dernier avant longtemps, on peut quand même imaginer la stupeur de vos responsables d’établissements… C’est exactement ça. Ils nous ont bien sûr tous appelés dans la minute. On leur a dit de faire leur service et de nous retrouver pour une conférence téléphonique à 22h30. On avait donc trois heures devant nous : on a créé des check-lists de fermeture, en essayant de ne rien oublier et de rester le plus calme possible, technique. Pour nous c’était nouveau, on a fait comme si nos restaurants devaient fermer leurs portes pour des vacances, à la nuance prête que dans le groupe, pas un seul restaurant ne ferme pour des vacances, on est ouvert 365 jours sur 365… Quand un restaurant