La manipulation des personnes décédées expose-telle à la contamination, comment et dans quelles circonstances ? SEKKAL Samira.
Réponse Lorsqu’il est vivant, le coronavirus est un virus très contagieux qui se transmet par voie respiratoire et par contacts physiques. Les scientifiques semblent s’accorder sur le fait qu’une personne infectée peut potentiellement contaminer deux à trois personnes en moyenne (1). Lorsqu’il est hébergé chez un hôte vivant, le coronavirus serait donc très agressif, en revanche, que devient-il à la mort d’une personne contaminée ? Le coronavirus est un virus que les scientifiques ne connaissent pas encore très bien. Mais il se pourrait qu’il survive quelque temps et qu’il soit toujours contagieux même si la personne malade est décédée (2). Les corps des victimes du Covid-19 pourraient toujours présenter un risque de contagion, d’après une lettre, écrite dans le Journal of Forensic and Legal Medicine (3). À Bangkok (Thaïlande), un professionnel de la médecine légale a en effet été contaminé (4,5). Les cadavres continuent d’être contagieux. Le risque infectieux ne disparaît pas immédiatement avec le décès d’un patient infecté, mais les voies de transmission sont réduites, et en particulier la voie respiratoire, qui constitue le mode principal de transmission du coronavirus, confirme le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) qui précise aussi que le virus a pu être retrouvé dans les voies aériennes supérieures et potentiellement dans les voies aériennes profondes et le système digestif des personnes infectées (6,7,8). La transmission du coronavirus des surfaces contaminées vers les mains n’a pas été prouvée. Cependant, elle ne peut être exclue, à partir de surfaces fraîchement contaminées par les sécrétions. En effet, il semble en effet y avoir un risque de transmission de la maladie même après la mort. Lorsque des sécrétions corporelles d’un défunt décédé du coronavirus se déposent sur une surface plane et métallique, le virus pourrait être contagieux. Néanmoins, les chercheurs ne savent pas encore le niveau de contagion sur du tissu ou sur des vêtements par exemple (9,10). Cependant, le temps de vie du virus chez une personne morte n’est pas exactement connu par le personnel scientifique. Michel Sapanet, médecin légiste, au CHU de Poitiers a déclaré à France Bleu qu’il était vraisemblablement de l’ordre de 3 heures sur des surfaces inertes sèches et jusqu’à 6 jours, voire plus en milieu humide. En surface, sur le corps, les virus sont toujours présents et dangereux. Ainsi, la transmission manuportée à partir de l’environnement ou du patient est possible. La manipulation d’un corps peut exposer le personnel le manipulant à des germes à transmission aérienne (11). En France à Garches (Hauts-de-Seine), l’autopsie d’une personne décédée a confirmé la présence du virus du Covid-19 cinq jours après le décès. Pour autant, la détection du virus en post mortem ne signifie pas forcément que le virus est encore actif. Devant ce risque, les scientifiques préconisent de ne réaliser aucun acte, ou soin de conservation du corps. Les recommandations En Algérie, le ministère de la Santé a mis en place des mesures préventives strictes afin de respecter les dispositifs du rite musulman pour le bon déroulement des obsèques. Le comité des fatwas assure que le corps sera purifié à la manière islamique et enveloppé dans un linceul, puis placé dans un cercueil fermé et scellé avant son transfert vers le cimetière. Dans le même sillage, la fatwa exige la récupération de tous les objets que le défunt avait utilisée avant sa mort en les amassant dans un sac en vue de les brûler.
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