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Et si l’intelligence artificielle apportait une solution au manque de chauffeurs ? Le personnel de santé et les forces de l’ordre mis à part, il n’y a guère que les chauffeurs routiers qui doivent dormir sur leur lieu de travail après leurs heures. Or, la pénurie de chauffeurs se pose partout en Europe. En Belgique, il en manquerait près de 5000. Cette pénurie est en partie liée au fait que la moitié des chauffeurs belges a plus de 50 ans et que ceux qui prennent leur retraite ne sont pas remplacés. La profession attire peu de jeunes. C’est une vie où l’on travaille seul et où l’on vit la plupart du temps loin de sa famille. De plus, les chauffeurs longue distance sont souvent plus sujets aux problèmes de santé, tels que l’obésité et l’hypertension. Et si l’histoire pouvait nous instruire ? Au VIe siècle avant JC, le roi Cyrus le Grand, à la tête de l’immense empire achéménide, se trouva confronté au dilemme suivant : comment communiquer efficacement entre des régions distantes de plus de 7.000 km ? Il trouva la solution dans un système innovant basé sur des stations de relais qui permettaient aux messages de voyager de l’Inde à la Macédoine actuelle, sans pause, de jour comme de nuit. Ce système de relais est une forme de transport ra-
pide et efficace mais maintenant, grâce à l’avènement du Big Data et de l’intelligence artificielle, il a le potentiel de révolutionner un secteur du transport routier longue distance en grand besoin de renouveau. Grace à un algorithme qui calcule le point optimal de relais pour les chauffeurs, nous pouvons réduire les temps de transit de 50% et augmenter l’efficacité de 20% par rapport aux autres solutions express. Le risque de vol de marchandises est également réduit de 95%, puisque les chargements sont rarement à l’arrêt. Cette technologie met les chauffeurs au centre des opérations. Le système de relais leur permet de rentrer chez eux tous les jours après avoir effectué un trajet de 4,5 heures dans une direction, échangé leur chargement avec un autre chauffeur et retracé leur chemin avec un nouveau chargement vers un nouveau relais. Ce système est non seulement plus humain pour les chauffeurs qui peuvent rétablir un équilibre travail-famille et dormir chez eux plusieurs fois par semaine, mais cela permet aussi de limiter les passages de frontière. Un long trajet international se découpe ainsi entre plusieurs chauffeurs
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régionaux qui connaissent mieux les routes, parlent la langue locale et regagnent leur domicile après leur journée de travail. Dieu sait ce que Cyrus Le Grand aurait pensé de l’intelligence artificielle et du Big Data, mais il apprécierait certainement un tel progrès !
En attendant l’apparition de camions partiellement autonomes, le système de relais est une solution efficace pour le transport longue distance.
Grégory Truyens Directeur Belgique, Trucksters.