Quoi de plus navrant que de croiser sur le sentier ou sur le côté les vestiges d'une défécation humaine et des papiers souillés. C'est comme un coup de couteau en plein cœur alors que nous jouissons tranquillement de l'effort et de la beauté du lieu. La pudeur est de mise, pour soi et les autres. Enterrer son produit ou le recouvrir de cailloux à l'écart des lieux de passage est la première chose à prévoir, tandis que les papiers peuvent être brûlés s'il n'y a pas de danger, enterrés ou de préférence emportés avec soi dans un petit sac prévu à cet effet. Dites-vous qui quiconque éprouve l'opprobre d'une personne offusquée en subit lui aussi un effet désastreux, même s'il n'en est pas conscient.
TEXTE DE JEAN BOURGEOIS MIS EN IMAGE PAR AUDREY CAUCHIEédito
Le mois de juin 2022 s’est terminé de manière dramatique : trois jeunes alpinistes sont décédés. Encordés, ils ont chuté peu avant d’atteindre la Tête de Milon (Suisse, Alpes valaisannes). Notre communauté de l’alpinisme et de la grimpe est sous le choc. Nous réitérons ici toutes nos condoléances aux familles et aux proches de nos amis Thomas, Bruno et Victoria. Ils nous ont quittés en pratiquant leur passion. Piètre consolation… Mais cela nous rappelle les dangers de la montagne. Cela nous rappelle que même des alpinistes prudents et expérimentés ne sont pas à l’abri d’un drame.
J’ai une pensée toute particulière pour Bruno, qui avait rejoint le Conseil d’administration de la Fédération il y a peu. Il avait pris à cœur cette mission d’administrateur. Ton dynamisme, ta bonne humeur et tes compétences nous manquent déjà, Bruno…
Paul De Genst, le plus ancien membre de notre Fédération, s’est éteint le 20 juillet dernier. Je vous invite à relire son « Testament », qu’il nous avait proposé dans Ardennes & Alpes 208 alors qu’il avait 95 ans (2021). Nos pensées vont à sa famille et à ses proches.
Les conditions climatiques que nous connaissons nous rappellent que le climat est bel et bien dans une phase de transition. Dans nos contrées wallonnes, il s’agit de sécheresse et de températures (très) élevées. Ceux qui ont eu la chance d’aller en montagne cet été ont pu constater le manque de neige et la poursuite du retrait des glaciers. Résultat : des conditions inhabituelles, l’obligation de s’adapter et de réinventer nos sports. L’alpinisme
d’aujourd’hui n’est décidément plus celui d’hier. Et qu’en sera-t-il demain ?
Une page se tourne à la Fédération : Geoffroy De Schutter a décidé de s’orienter vers d’autres horizons. Geoffroy s’est énormément investi pour la Fédération, il a redynamisé l’équipe et professionnalisé le Club Alpin. Au nom du Conseil d’administration et de l’équipe professionnelle, je tiens à le remercier chaleureusement pour tout ce qu’il nous a apporté. Nous le recroiserons très certainement sur un sentier alpin ou en Laponie. Bonne route Geoffroy !
Stéphane Winandy a été choisi pour remplacer Geoffroy à la coordination de notre Fédération. Vous aurez l’occasion de faire plus ample connaissance avec lui dans les mois qui viennent. Bienvenue Stéphane !
Signalons enfin que la nouvelle salle d’escalade du Centre ADEPS de Loverval a été inaugurée le 28 juin dernier. Elle est destinée à l’entraînement des grimpeuses et grimpeurs de haut niveau.
Je vous laisse découvrir ce numéro de rentrée. N’hésitez pas à nous envoyer vos récits et expériences de montagne, de randonnée, de nature, etc.
Bonne lecture !
Comme bien d’autres, le Glacier Blanc recule inexorablement (Parc national des Écrins, France)
Didier Marchal © 2022DOSSIER
POLITIQUE EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT ET ACTIVITÉS CAB
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L’été nous a rappelé combien la situation climatique et environnementale est critique, pour ne pas dire catastrophique. Nos sports sont impactés, dont, en première ligne, l’alpinisme estival qui subit de plein fouet le réchauffement du climat, avec pertes humaines à la clé.
FREYR ENFIN LIBÉRÉ ?
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On grimpe à Freyr depuis bientôt 100 ans ; toutes les voies ont été gravies au moins une fois. Les projets évidents qui restent à libérer sont peu nombreux : l’extension du Clou, la directe de Masque à Gaz et la directe de Shingen en face nord du Mérinos. Des voies déjà mythiques avant qu’elles n’aient été enchainées !
KILIMANDJARO 2022
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Paul Putzeys © 2022
La Tanzanie… À peine arrivés à l’aéroport, nous sommes plongés dans un tout autre monde, confrontés à une autre culture. Nous voici en Afrique, terre de vastes étendues sauvage et berceau de l’humanité.
BELGIUM HIGHLINE FESTIVAL
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À la verticalité des rochers calcaires, s’ajoutent des lignes horizontales qui traversent le site de Freÿr de part en part : des highlines. Les sangles tendues se mêlent aux cordes d’escalade, le temps d’un festival de 5 jours.
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Sommaire
5 Georges Janty
6 Lire : Himalaya, une histoire humaine
7 Politique en matière d’environnement et activités CAB
10 Freyr enfin libéré ?
14 Mon premier CABaret
14 Appel à projet
15 Kilimandjaro 2022
20 Belgium Highline Festival
22 De la recherche de liberté
26 5 jours sur le GR400
DOSSIER SPÉCIAL : Retour au bercail !
29 L’aventure est bouclée pour l’équipage de Cap sur El Cap
30 Au Mexique, nous abandonnons le navire !
31 Un roadtrip pas comme les autres
32 Le Yose et ses possibilités infinies
37 C’est par où qu’on rentre à la maison ?
39 L’histoire d’une folle compétition
43 Petit tour en Suisse
44 À toute allure
45 Paul De Genst
Georges Janty
Portrait d’un président BERNARD MARNETTE
Avec le décès de Georges Janty c’est un pilier du Club Alpin qui a disparu le 9 mai dernier. S’il s’était retiré de la gestion du club (choix plus provoqué que volontaire) voici quelques années, il était resté une figure de la montagne pour de nombreux anciens et notamment les Namurois. Né le 10 juin 1931 à Jambes, il fut enfant unique et lui-même n’a pas eu d’enfant bien que marié en 1954 avec Monique Fonder (1930-2006). La maladie (sclérose en plaques) de son épouse fut une des grandes épreuves de sa vie. Professionnellement, il fit carrière comme géomètre à la ville de Namur. Ces particularités qui ont marqué sa vie lui façonnèrent un caractère à la fois entier et méthodique, parfois ombrageux. La rigueur de sa personnalité se retrouve dans deux de ses hobbys : la photographie et la réalisation de maquettes. Ceci dit, la passion pour l’activité physique le prit très tôt. Il pratiqua de nombreux sports : football, cyclisme, natation, kayak et évidemment l’escalade et l’alpinisme.
C’est dans les Pyrénées, en 1961, que la montagne lui est véritablement révélée : « Je n’imaginais pas l’incidence qu’allaient prendre ces quelques jours sur le reste de notre vie. Ils ne furent pas, comme dans les reportages sportifs, le « tournant du match ». Cela est trop faible. Une convergence d’éléments fortuits et divers provoqua une véritable remise en question de notre existence et un changement de cap fondamental. » écrit-il dans son livre mémoire (À la poursuite du temps…
au hasard des vents – 2008). L’année suivante il réalisa l’ascension de la Montagne des Agneaux dans le Dauphiné, massif auquel il consacra l’essentiel de sa carrière alpine. Cette carrière, certes modeste, fut organisée essentiellement autour de sommets faciles et de randonnées glacières. Sa plus belle course étant réalisée en 1972 : la Traversée de la Meije avec son cher André (Gauci). On note également dans ses aventures des voyages vers les hautes montagnes : Kenya, Bolivie, Népal. En fait, la carrière de Georges Janty est davantage tournée vers le Club Alpin que vers la montagne. Il fut un modeste alpiniste mais il marqua davantage les esprits comme gestionnaire du Club Alpin et, ceci, durant de longues années. On peut dire que, durant près de 40 ans, il consacra une partie de sa vie au CAB, y sacrifiant une grande partie de son temps. Il y amena rigueur et professionnalisme, étant un des rares dirigeants de son époque à avoir une véritable vision pour le Club. Il fut indéniablement un gestionnaire scrupuleux, efficace et dur à la tâche. Son caractère rigoureux et son amour de la montagne le prédisposaient à prendre en main des responsabilités administratives au sein du Club. Un travail austère souvent incompris pour un monde de l’escalade réputé pour son individualisme.
De son affiliation à la section de Namur en 1963 à sa démission de la présidence en 2002, son dynamisme a permis au Club la réalisation de nombreuses évolutions et acquisitions. On peut citer en vrac : l’achat du local du Club à Namur,
HIMALAYA
l’aménagement des parkings et des abords des rochers de Néviau à Dave, la transformation de l’ancienne buvette du plateau de Freyr, la création de camps du CAB Namur en Oisans ainsi que du classique stage du 15 août, etc. Il a également investi ses propres deniers pour permettre l’achat des Rochers des Grands-Malades ainsi que celui du Refuge « Le Chamois » à La Bérarde. Il investira de même dans les aménagements du local de la section de Namur dans sa propre maison. C’est sous sa direction que la gestion des rochers se compliquera avec l’apparition des normes Natura 2000 ! Il y eut aussi l’affaire de la fédéralisation des rochers suite à la formation de la structure nationale (le CAB-BAC à l’époque). Après les sourires de circonstances, la fédération flamande s’octroya une bonne part de la ges-
Lire
HIMALAYA
Une histoire humaine
Une histoire humaine
Éd. Douglas, Editions Nevicata, 2022, 639 pages. Traduction par Guillaume Villeneuve.
ISBN 978-2-87523-190-1
Voici une somme sur l’histoire des états himalayens, de ses multiples royaumes souvent éphémères, des conflits pour le contrôle de ce massif stratégique encerclé par les puissances chinoise, soviétique, britannique puis indienne, du contrôle de la Route de la Soie qui est un enjeu économique de première importance. Mais c’est aussi une histoire des populations montagnardes népalaises, tibétaines et voisines. Les Tibétains qui rêvaient de préserver leur vie ancestrale à l’écart du monde extérieur et les Gurkhas népalais qui alimentaient en mercenaires exemplaires l’armée britannique coloniale. Je regrette que l’auteur ne s’attarde pas plus sur la formidable résistance des rebelles tibétains face à l’invasion chinoise, stigmatisant plutôt l’incompétence de l’armée tibétaine. Ces rebelles qui agissaient par raids meurtriers à partir de bases situées au nord du Népal n’ont sans doute pas assez alimenté les chroniques et les publications. Il est vrai que c’était
tion de rochers1. Ce coup de Trafalgar venu du nord marqua profondément Georges qui en garda d’ailleurs une vive amertume. Grâce à ses relations, il ramena dans le giron du CAB les rochers de Beez, du Néviau et de Pont à Lesse. À cette époque, il signa également une convention de longue durée pour l’accès aux rochers de Freyr. Comme on le voit, c’est par différentes facettes de son activité de gestionnaire que Georges Janty a influencé la vie et l’avenir du Club Alpin Belge pour de nombreuses années, Club auquel il a « trop sacrifié » de ses propres aveux.
On retiendra de cet homme omniprésent dans la vie du CAB son dévouement, sa rigueur, sa discrétion et son goût du travail bien fait. Dans la boîte à souvenir, il restera aussi le nom de cette voie ouverte sur les contreforts du Râteau en 2004 : « Gentil Georges 2 »
1 - Il est à noter qu’il s’agit d’un fait de gestion et non de propriété. Cependant, les premiers topos réalisés par la fédération flamande ne furent publiés qu’en néerlandais. Ceci cachant mal l’intention d’appropriation de nombreux rochers par les grimpeurs du nord.
2 - Voie ouverte par Jean-Pierre Bleus, Jean-Claude Maréchal, Bruno Soleymieux en juillet 2004 (réf : Guide du Haut Dauphiné – GHM – François Labande – p. 74)
un sujet tabou de la part des autorités népalaises, qui redoutaient d’irriter les Chinois en reconnaissant cet état des faits.
L’histoire de la conquête des plus hauts sommets est bien sûr abordée et l’on y découvre les implications sous-jacentes du monde politico-diplomatique. À qui appartient l’Everest ? Qui peut en octroyer l’autorisation d’accès ? Quels en sont les enjeux pour les nations qui les organisent ? La commercialisation récente des expéditions devient une source de richesses pour les pays hôtes (ou leurs dirigeants) et les organisateurs étrangers. Quelles sont les perspectives pour les autochtones ? Je pense aux Sherpas qui, en affrontant les dangers de l’équipement des itinéraires empruntés par les riches clients, rêvent d’envoyer leurs enfants se former ailleurs et même de s’expatrier afin de trouver, pour eux et leur descendance, un avenir satisfaisant et digne.
L’auteur est un alpiniste qui a consacré 25 ans de sa vie à élaborer cette fresque monumentale de l’histoire humaine de l’Himalaya. Son érudition est impressionnante, tout autant que la volumineuse bibliographie qu’il propose en fin d’ouvrage. Ce livre a sa place dans les mains des amoureux des montagnes himalayennes. Il en élargit leur vision. JEAN BOURGEOIS
Politique en matière d’environnement et activités CAB
L’été nous a rappelé combien la situation climatique et environnementale est critique, pour ne pas dire catastrophique. Nos sports sont impactés, dont, en première ligne, l’alpinisme estival qui subit de plein fouet le réchauffement du climat, avec pertes humaines à la clé.
En même temps, nos pratiques et notre mode de vie contribuent aussi à cette situation. Se déplacer 2 x 1000 km en voiture, avec tout notre attirail, consommer et profiter des aménagements touristiques de la montagne et puis partager le tout en photos et vidéos via les réseaux sociaux, tout ça pour constater et se plaindre que les glaciers disparaissent ou que la biodiversité s’érode, entre autres parce que justement nous sommes venus le constater, relève d’une forme de trouble dissociatif de l’identité. Nos sports, notamment du fait des déplacements et de l’intrusion dans les milieux naturels qu’ils nécessitent, contribuent inévitablement à la dégradation de la situation.
Celui qui n’a pas compris le problème et à quelle dissonance cognitive nous sommes confrontés en allant grimper ou randonner en montagne et ne ressent pas (encore) d’éco-anxiété face à cette situation n’a probablement pas encore pris la pleine mesure du problème.
Au sein du Cercle Escal’pades, nous avons choisi d’y faire face. Nous avons tenté, à notre échelle, de proposer quelques pistes de réflexion dans un premier temps, puis d’actions dans un deuxième temps.
Ainsi, le conseil d’administration, avec quelques moniteurs, s’est réuni pour une journée de réflexion sur le sujet. Après avoir dessiné une fresque du climat (https://fresqueduclimat.org), les participants ont élaboré une politique en matière d’environnement. Cette politique a été validée par les membres en Assemblée générale en juin dernier. Le texte est accessible en ligne (https://users.escalpades. euescal3/polenv ou sur le site « escalpades.eu », via le menu « Escal’pades » « Politique en matière d’environnement »).
Cette politique a pour ambition de cadrer les activités du Cercle en matière de respect de l’environnement. Elle s’impose donc aux moniteurs qui proposent des activités, et aux membres qui
ERIC BERTHE ET SERGE RAUCQ, membres du CA d’ESCAL’PADES Julia Cassou © 2022« War should be against climate change »
Sébastien au Yosemite
L’astuce
Prendre le train avec son vélo est parfois difficile : le nombre de places avec vélo est limité (surtout en TGV) et il y a un supplément de prix. Par contre, en plaçant son vélo dans une housse après avoir retiré les deux roues, également placées dans la housse, on peut le prendre en train comme un simple bagage, sans réservation et sans supplément. Avec un peu d’entraînement, c’est rapide et facile. Les housses sont disponibles dans le commerce ou le bricoleur pourra la faire lui-même.
déplacements aisés vers les sites de grimpe ou de randonnée, matériel toujours plus rutilant, refuges alimentés en électricité et en chauffage et saucissons d’alpages pour tous… Pas marrant de se dire qu’il faudra se priver de tout ça. Pourtant, se passer d’une addiction offre des perspectives vers une nouvelle et belle vie. De même qu’un fumeur peine à entamer le combat contre son addiction, quelle belle perspective s’offre à lui lorsqu’il gagne sa lutte. Une nouvelle vie est à inventer, y compris pour la pratique de nos activités. Peut-être celle-ci sera-t-elle aussi belle, voire plus ?
participent à ces activités ou à des rassemblements organisés par le Cercle. Bien entendu, les membres, lors de leur pratique personnelle en dehors du Cercle, restent libres. Mais par leur validation de cette politique, ils sont fortement encouragés à s’en inspirer dans leur vie sportive, fut elle extérieure au Club (haha : pour éviter d’accentuer encore cette fameuse dissonance cognitive). La politique est évolutive : elle est donc amenée à s’adapter à l’évolution des situations et des contraintes.
Évidemment, Escal’pades ne prétend aucunement être pionnier ou innovateur en la matière. Nous présumons (et espérons) que d’autres Cercles ont déjà réfléchi, voire pris des mesures. Il en va de même pour la Fédération. D’autres pays d’Europe sont déjà bien avancés sur le sujet. La Fédération Allemande, la DAV, notamment, est bien engagée en la matière et a fixé des objectifs clairs et contraignants à tous ses clubs (www.alpenverein.de/ Natur-Klima/). Leur objectif est d’aller vers une neutralité carbone avant 2030. Au niveau de l’IFSC Europe également, un groupe de travail est déjà constitué et soyons sûr que des actions seront prises. Espérons qu’elles soient à la hauteur.
Nous souhaitons que la dynamique enclenchée par ces différentes initiatives permettra de faire évoluer nos politiques respectives par enrichissement mutuel. Et, on peut rêver, peut-être arriverons nous, ensemble, à enclencher une dynamique qui inverse la tendance.
Si la situation n’est pas du tout réjouissante, nous pouvons néanmoins tenter de voir les choses positivement. Le grand responsable du problème est notre addiction aux énergies fossiles et à tout ce qu’elles nous procurent : déplacements rapides, logements confortables, biens de consommation en quantité, nourriture à profusion, outils de communication… Et en ce qui nous concerne :
Choisir dès maintenant un chemin vers la sobriété nous épargnera de subir une pauvreté inéluctablement imposée par la situation, avec tous les troubles qui l’accompagneront.
Nous sommes à un stade où les « petits » efforts ne suffisent plus, nous sommes contraints à revoir tout notre fonctionnement. Et il y a urgence !
Suggérer, par exemple, aux membres de venir au CABaret sans voitures est bien gentil et le minimum. Mais quand sur place on constate qu’il y a des centaines de voitures garées sur plus d’un kilomètre de chaque côté de la route, on voit combien le message passe mal et que l’effort effectué par quelques uns venus en train ou à vélo reste du domaine du symbolique et ne suffit plus du tout.
Tout en étant bien conscients que les changements individuels ne résoudront pas le problème, et ne constituent qu’un levier vers une réforme nécessaire du système sur le plan institutionnel, nous devons passer à une autre dimension, que ce soit individuellement ou lors des activités de groupe. On partira moins loin, moins vite, moins souvent, moins facilement… Mais pourquoi ne serait-ce pas mieux ?
On partira moins loin, moins vite, moins souvent, moins facilement… Mais pourquoi ne serait-ce pas mieux ?
Quelques exemples de moins-moins qui ont donné « plus mieux » : Eric a testé le train + vélo pour Fontainebleau. Quelle expérience amusante. L’aventure a commencé dès le pas de la porte : rejoindre la gare à vélo, prendre, confortablement, un train puis un TGV, traverser Paris embouteillé à toute vitesse à vélo pour changer de gare, reprendre un train pour Fontainebleau et 1/2h après commencer à grimper, le tout en autant de temps que si le trajet avait été fait en voiture. Bon, il faut reconnaître que rouler à vélo avec un crashpad sur le dos n’était pas des plus agréable : il faudra trouver un truc pour résoudre ce petit détail. Mais pour l’ensemble, quel plaisir. Et se déplacer d’un coin à l’autre de la forêt à vélo est un avantage.
Serge guide des randonnées en autonomie. Il a expérimenté avec quelques groupes des repas zéro déchets : exit les lyophilisés chimiques polluants (et rarement bons), bonjour les polentas aux tomates séchées et autres raclettes revisitées : un délice. Bon, il y a encore de la marge de progression au niveau culinaire, mais quel plaisir de cuisiner ensemble au bivouac, de partager les tâches et les réchauds, puis de consommer le résultat face au coucher du soleil.
Corinne a entrepris la traversée des Pyrénées en plusieurs fois (combi Haute Route, GR11 et GR10). A chaque séjour, elle s’y rend en train depuis Arlon. Pour ceux qui prétendent que l’aventure n’est plus possible en Europe, qu’ils tentent l’aventure SNCF à travers toute la France : péripéties et problèmes garantis depuis la recherche des trains jusqu’à destination ! Beaucoup de souvenirs en perspective.
Et bien entendu, comme présenté dans les A&A précédents, on peut citer Sébastien et son groupe qui ont traversé à la voile, en aller-retour, l’Atlantique pour grimper au Yosemite ou Pablo et son tour de France à vélo à la recherche du plus beau 8a.
Des expériences similaires peuvent se répéter pour chacune de nos activités, pour tous nos déplacements et deviennent une part de l’aventure que nous cherchons. Nous pouvons, comme Fédération, membres d’un Cercle et pratiquants de nos activités, nous réinventer et conserver le plaisir qui est le nôtre de grimper et randonner.
Nous invitons les membres, les Cercles et la Fédé, à relayer dans les prochains A&A, des expériences, évolutions positives et démarches entreprises
pour mieux situer notre pratique à ce niveau. Via une rubrique « climat et environnement » dans chaque A&A ?
Et, tant qu’on y est, pourquoi pas aussi dans notre vie au quotidien ?
Par exemple, on s’aperçoit rapidement que notre chère et indispensable voiture ne l’est plus tant que ça. Il en va de même pour les autres aspects de nos vies : biens de consommation qui deviennent moins utiles qu’on ne le pensait, outils et réseaux numériques qui nous volent plusieurs heures de nos vies chaque jour, plaisir du temps consacré à une cuisine végétarienne, réappropriation de la gestion de notre chauffage par isolation de nos logements… Dans chaque cas, c’est une chaîne que l’on brise et le plaisir sans cesse renouvelé d’une victoire que l’on croyait impossible.
Pour conclure, un petit message personnel à tous les jeunes : les générations qui vous précèdent et dont nous faisons partie ont complètement disjoncté en installant ce mode de vie destructeur qui nous emprisonne, basé sur les énergies fossiles. Vous comprenez très bien les problèmes, enjeux ainsi que le changement radical de société et le démantèlement du système qui s’imposent. Les vieux qui nous gouvernent ou gèrent nos sociétés ne changeront pas ! Éjectez-les des organes de décisions à tous les niveaux de la société et, par tous les moyens, prenez le pouvoir !
ERIC BERTHE ET SERGE RAUCQ, membres du CA d’ESCAL’PADESRéinventer le plaisir qui est le nôtre : grimper et randonner.
Freyr libéré ?enfin
Les assauts de Loïc et David…
La petite histoire de deux nouvelles pépites en 8c+ et 9a LOÏC
DEBRY & DAVID LEDUCOn grimpe à Freyr depuis bientôt 100 ans ; toutes les voies ont été gravies au moins une fois. Les projets évidents qui restent à libérer sont peu nombreux : l’extension du Clou, la directe de Masque à Gaz et la directe de Shingen en face nord du Mérinos. Des voies déjà mythiques avant qu’elles n’aient été enchainées !
En ce printemps 2022, deux de ces trois derniers projets ont été réussis. L’une est la plus longue du massif, l’autre la plus courte ! Voici une petite présentation du contexte par les protagonistes, qui voulaient tous les deux vivre le plaisir de faire une grande première dans l’épicentre de l’univers.
Shogun
La face nord est connue pour ses voies teigneuses et courtes… Je me souviens être allé essayer le projet pour rire il y a quelques années avec Sébastien Berthe. Seb était déjà monté plusieurs fois dans ce projet. À chaque fois qu’il en descendait, il se répétait qu’il n’irait plus jamais. En effet, la première approche dans cette voie est complexe. Les prises sont mauvaises et quasi toutes verticales. Par contre, la voie donne envie. Elle se situe dans la partie la plus lisse et compacte du secteur, seule une fine fissure lisse montre la direction à suivre. La première fois que j’ai essayé le projet, j’ai à peine réussi quelques mouvements. Deux mouvements sont particulièrement difficiles : le « crux » au niveau de la troisième dégaine et un dernier mouvement aléatoire (il faut viser une fine fissure) qui signe la fin des grosses difficultés. Je me suis alors attelé à trouver des méthodes pour réussir tous les mouvements de la voie. Après
quelques séances, j’ai découvert des méthodes très particulières qui me permettaient de relier chaque prise. La clé du crux consiste à monter les pieds très haut (au-dessus des mains) et de trouver le bon équilibre pour valoriser un maximum chaque prise. C’est le seul moment où on est assez stable pour clipper la troisième dégaine (je reclippais les deux premières dégaines car je trouvais trop dangereux de les clipper du bas). Ensuite vient le mouvement final : en décalant un pied très loin à droite, j’arrivais une fois sur trois à attraper la fine fissure. Une fois chaque mouvement décortiqué, il a fallu les travailler, les enregistrer parfaitement pour les exécuter le mieux possible pour être capable de les empiler sans accumuler trop de fatigue. Les mois passent et je fais très peu de progrès en partant du bas. Chaque semaine je reviens pour essayer de parfaire chaque mouvement, mais je tombe chaque fois que j’essaie de clipper dans le crux. À force d’essayer, je trouve des petites astuces qui me permettent d’économiser de l’énergie : je mets un chausson gauche rigide et un chaussons droit souple, je découvre un meilleur pied lorsque des coulées d’eau m’empêchent d’utiliser mes pieds habituels, je tords un peu la troisième dégaine pour la positionner perpendiculairement au mur pour accélérer le clippage, etc. Finalement, un jour, je passe le clippage et je tombe au dernier mouvement aléatoire ! Après être resté coincé 4 mois au même endroit, c’est un énorme bond en avant. Je sais que je peux faire la voie… S’en suivent 3 mois où j’essaie de venir une à deux fois par semaine à Freyr pour essayer le projet. Je me rapproche petit à petit, avec toujours aucune certitude que je puisse réussir ce dernier mouvement aléatoire du bas.
En général, je fais deux essais sur la journée. Un très bon essai où je suis peu échauffé, mais où j’ai encore beaucoup de force. En général, je tombe les doigts engourdis au jeté final. Pour mon deuxième essai, je suis plus échauffé et je tombe trop fatigué au jeté final. Ensuite j’essaie encore une ou deux fois pour m’entraîner dans la voie, mais je n’ai plus aucune chance d’enchaîner.
Un jour de la fin avril, j’ai déjà mis mes deux essais habituels, je décide de prendre un peu plus de repos pour mon troisième essai et je retombe au dernier mouvement à un doigt de tenir la prise ! Je sais que je n’ai plus de chance de réussir aujourd’hui, mais on a le temps, alors je me repose de nouveau une heure et demie. Je n’ai plus de pression car ce n’est plus un run d’enchaîne-
Shogun
Premier ascensionniste : Loïc Debry
Date de l’enchaînement : 21 avril 2022
Temps de travail : 7 mois
Équipeur : Micha Vanhoudt (2014)
Cotation proposée : 9a
Longueur : 15 mètres
(dont 8 mètres de difficultés)
Nombre de mouvements : 11 durs, 22 au total
Capacités nécessaires : Une grande souplesse, beaucoup de force dans les doigts, de la résistance courte et une âme de Samouraï
Meilleures conditions : 12°C et un vent fort
Loïc Debry © 2022Gazoduc
Premier ascensionniste : David Leduc
Date de l’enchaînement : 6 mai 2022
Temps de travail : 3 mois en couple + 2 années de romance
Équipeur : Nicolas Favresse, avec Marc Debaecke (2013)
Cotation proposée : 8c+
Longueur : 55 mètres (dont 30 mètres indépendants)
Nombre de mouvements : Ça n’en finit pas !
Capacités nécessaires : Attention, haute technicité, excitation obligatoire, endurance (il faut une bonne réserve d’hydrocarbures) et il faut tirer un coup de temps en temps.
Meilleures conditions : Matin printanier, avant l’arrivée du soleil sur la paroi
ment, mais je me sens encore assez en forme. Je passe le clippage, j’envoie le dernier jeté, et là, par je ne sais quelle magie, je tiens la prise. Je m’efforce de rester concentré, je manque d’énergie et les mouvements suivants qui normalement sont beaucoup plus faciles me font presque tomber. Un dernier effort de concentration et de gestion de mon effort et je clippe le relais !
La voie s’appelle « Shogun », comme je ne pense pas que cette voie avait déjà un nom avant. C’est une référence à la voie classique juste à gauche de « Shingen » qui est un grand général Samouraï. « Shogun » n’est autre que le grand chef des Samouraï du XIIe siècle.
L’idée de libérer un des derniers projets à Freyr m’avait motivé comme jamais. Je n’avais jamais mis autant d’énergie dans une voie. L’aboutissement de ces mois d’effort s’est conclu par un petit « clip ». Je sais qu’après avoir mis tant d’énergie à un seul endroit, il est parfois dur de repartir de plus belle. Je prends mon temps, mais les projets pullulent autour de moi, vivement le prochain !
PS : Nous avons pris le temps de faire quelques images pour réaliser un petit film, affaire à suivre.
LOÏC DEBRYGazoduc
Moi aussi, la première fois que je suis allé dans ce projet, c’était avec Sébastien Berthe. En 2019, il avait passé quelques semaines à essayer la voie et m’avait motivé à essayer avec lui. Je me rappelle avoir fait un gros vol de plus de 10 mètres dans le départ encore relativement facile de la voie et lui qui m’encourageait : « Haha bien joué, c’est LE vol que je n’avais pas trop envie de tester ». Plus haut, je n’avais pas réussi les mouvements difficiles et j’étais redescendu.
Entretemps, après avoir en toutes ces années remonté 1734 fois les pentes de Freyr depuis la Meuse, avoir léché chaque cm 2 de paroi, avoir dévoré des kilos de frites et des cubis de bière au Colébi, avoir goûté à toutes les combinaisons d’extensions de variantes des voies existantes, après avoir fêté mon 50 e enchaînement de Schwarzenegger et avoir bouffé 365 tartines de clous… Il me restait encore du temps précieux à perdre ! Donc j’ai lancé une offensive défensive pour libérer le dernier projet existant de l’Al
Lègne, pour assurer l’approvisionnement en Gaz, sans escalade du conflit !
Je retournais donc de temps en temps dans la voie, le matin ou en soirée, souvent seul, en lançant ma corde depuis le sommet, pour le plaisir de la découverte et aussi pour décortiquer le bazar. Au fil des mois et des années, sans objectif précis, je me rends compte qu’en fait je maîtrise tous les mouvements individuels. De plus en plus, je commence à rêver d’enchaîner cette voie incroyable et, qui sait, peut-être même d’en faire la grande première… Début 2022, j’enchaîne mon projet de manucure qui coupe la peau des doigts, le Razorblade. Donc je me lance. Le projet de la directe de Masque à Gaz est encore bien mouillé… mais je commence à retravailler les parties sèches, plus faciles. La partie du crux est souvent mouillée l’hiver, ça pimente un peu l’histoire car quand c’est sec il fait souvent déjà caniculaire dans le four de l’Al Legne, donc vive les réveils matinaux en saison tropicale ! La voie tracée par Nico F. commençait en fait au milieu de nulle part en faisant une traversée bizarre, donc j’ai rajouté un départ direct qui prolonge d’une douzaine de mètres la section de rocher neuf.
Pour les connaisseurs de l’Al Legne, voici quelques détails de l’itinéraire :
• Départ dans « Streap tilt » 6c+ jusqu’au relais. +- 20 m
• Section « Gazoduc » +- 30 m > 12 m en 6c bien gazeux > 12 m en 8a bien teigneux > 6 m de crux malicieux, puis détente pause-café, puis petit crux délicieux.
• Sortie dans « Masque à Gaz » +- 10 m > frissons et grimpe exceptionnelle jusqu’au relais.
3 nuits par semaine en avril et en mai, à 6 h 00 bip ! bip ! bip ! Échauffement rapide à la maison entre le café et la tartine, préparer la petite pour l’école ou bien pour la prendre avec moi, une voie d’échauffement et un seul essai dans le projet, avant que le soleil n’illumine la paroi et qu’on ait d’autres choses à faire que de jouer au lézard des murailles. Mes compagnons de grimpe étaient aussi motivés que moi ! C’étaient ma Laura et ma petite fille Fauve, Benoit Berthe (l’homme le plus matinal de Freyr) et aussi Xavier le boulanger local. Merci les gars !
Le jour où Loïc a réussi Shogun, je tombe au dernier mouvement de la voie. C’aurait été incroyable de réussir en même temps ! Mais mon vieux corps
meurtri aura besoin de 2 semaines supplémentaires avant la libération. Au total, je tombe 3 fois dans la toute fin de voie malgré un gros combat, là où je pensais ne plus pouvoir tomber.
Le 5 mai, je demande à Laura de me couper mes dreadlocks, que j’ai depuis 10 ans, méga projet et elle le fait ! Je ressemble à une klet mais le lendemain matin, bien coiffé pour l’asile, j’enchaine la voie ! Ensuite, les grimpeurs du vendredi me confirment que j’ai une gueule de plouc, qu’il faut absolument que je me fasse encore débroussailler, donc je fêterai la voie chez le coiffeur à Dinant !
« Gazoduc », le nom de la voie, a été inventé par le Lillois Ben Breton (le champion du monde toutes catégories de Freyr), en 2020 quand il m’a vu essayer la voie (« Masque à Gaz + Leduc » mais je ne savais pas encore ce que voulait dire gazoduc…). Le nom a pris tout son sens lors de l’enchaînement début 2022 vu l’actualité ! Donc voilà, l’approvisionnement en gaz est assuré, il y a de l’ambiance et un petit peu d’air entre les points, le style est plus important que la difficulté, merci papy Favresse de m’avoir trouvé un job.
« Alors c’était plutôt comme faire l’amour ou plutôt un accouchement ? » me demanda papy Nico. « Je viendrai essayer lors de ma prochaine crise de pets à Freyr » continua ce vieux guitariste exilé en France.
L’extension du Clou est le projet le plus fou, et il reste encore à faire, étant certainement un des efforts les plus complexes que l’escalade sur Terre peut nous offrir : avis aux amateurs, et allez Seb !
DAVID LEDUC Loïc Debry © 2022 Ardennes & Alpes — n°213Appel à projet
Deux dépôts par an : le premier avant le 30 avril et le second avant le 31 octobre.
Certains d’entre vous le savent depuis longtemps, d’autres non : le CAB a pour tradition de soutenir chaque année des projets d’expéditions de certains membres de sa communauté. Le système de soutien aux expés fait peau neuve, pour aller vers plus de clarté et d’équité.
Mon premier CABaret
Première fois que je me rends au fameux CABaret, ce petit festival pour les grimpeurs qui se déroule sur le plateau du bivouac de Freyr.
En tant que bénévole, je crée ce moment de mes mains avec les personnes qui m’entourent. En début d’après-midi, il n’y a pas grand monde au bivouac : tout le monde est dispersé entre les rochers, le barbaledge et les randonnées. Vers la fin d’après-midi/début de soirée, le bivouac se remplit avec les yogeurs et les jeux en bois sans oublier les crêpes qui nous ont régalé. Plus tard dans la soirée, des groupuscules se créeront autour des feux et des projections vidéo.
Jusque tard, j’ai fait des rencontres dont je me souviendrai longtemps.
Il est important de rappeler que tout membre du CAB peut soumettre un projet, pas besoin d’être un professionnel de la montagne ou de l’escalade ! Il vous suffit de présenter un dossier qui reprend une description de votre projet, le lien avec les valeurs du CAB, le budget et l’utilisation qui serait faite de la subvention demandée. Dans un souci de cohérence, le CAB donnera toujours priorité à des projets qui minimisent l’impact de nos activités sur notre terrain de jeu. L’engagement, c’est aussi beau en montagne sur une arête effilée qu’en écologie dans un monde qui brûle. La sélection se fera deux fois par an : une première fois pour les dossiers soumis avant le 30 avril et une seconde fois pour les dossiers soumis avant le 31 octobre. On attend vos projets avec impatience !
HUGOKilimandjaro 2022
Climb for Kids
FERNAND SOUPLY-PIERARD
La Tanzanie… À peine arrivés à l’aéroport, nous sommes plongés dans un tout autre monde, confrontés à une autre culture. Nous voici en Afrique, terre de vastes étendues sauvage et berceau de l’humanité. Le temps nous semble déjà passer différemment (en étant presque à l’équateur, c’est bien normal me direz-vous).
Lorsque nous sortons du petit aéroport du Kilimandjaro, Sébastien, Ludovic et moi sommes directement pris en charge par notre chauffeur, direction Moshi et notre hôtel/camp de base pour retrouver le quatrième membre de notre expédition, Paul, arrivé la veille. Moshi est une petite ville (de presque 200 000 âmes tout de même) qui s’est développée autour de l’économie touristique découlant de la montagne toute proche, sillonnée par quelques routes bitumées et par un
dédale d’allées et chemins de terre. Nous passons à côté du marché local où nous nous baladerons après l’ascension et nous découvrons un autre aspect de l’économie tanzanienne : l’agriculture. Les étals débordent de produits frais : carottes, aubergines, tomates, oignons, ail, épices en tout genre… Un plaisir pour les yeux et pour le nez.
Après une première nuit de rencontres (Sébastien et moi ne connaissions pas encore Paul, l’ami de Ludovic) et de discussions concernant l’ascension à venir, nous nous retrouvons avec le guide, Freddy, et son assistant, Dastan (alias Rasta Man pour le reste de l’aventure), pour faire l’inventaire du matériel nécessaire et un briefing sur ce qui nous attend durant les 6 jours suivants (initialement nous devions faire la voie Lemosho en 7 jours, mais nous la ferons finalement en 6 jours seulement). Une fois les préparatifs achevés, nous voici partis à bord d’un bus rempli (nous quatre ainsi que les porteurs, guides et le cuisto), direction la Londorosi Gate, point de départ pour nous. Au cours de la grosse heure de trajet qui nous sépare de la fameuse porte de départ de la Lemo-
Vers le sommet – Kilimandjaro, juillet 2022sho Road, nous avons la chance de croiser singes, zèbres et girafes sur notre route, de quoi nous mettre dans l’ambiance de la savane africaine.
Bien arrivés au départ, nous prenons un lunch copieux pendant que Freddy s’occupe des formalités administratives (il est interdit de se balader sans guide dans le parc national du Kilimandjaro).
La nourriture nous aura vraiment surpris tout au long du parcours : bonne, généreuse, fraiche, et chaude une à deux fois par jour… Nous avons presque à chaque fois eu trop à manger : des crêpes au petit déjeuner au poulet-frites du soir en passant par le popcorn du goûter, tout était délicieux et revigorant. Le staff nous a vraiment chouchoutés pour nous amener là-haut dans les meilleures conditions possibles, le tout dans une bonne humeur permanente.
Cette première journée se poursuit ensuite par une marche d’environ 7 km (les distances et les dénivelés/altitudes sont pour le moins… approximatifs… Vous savez, le Nord, le Sud…) à travers la jungle, et par quelques leçons de swahili. Nous avons la chance d’évoluer sur des sentiers bien secs et de croiser des singes aux abords. Le guide et son assistant commencent déjà à évaluer notre rythme et nous avançons « pole-pole » (petit à petit en swahili, ou doucement) en admirant la nature sauvage et en constatant que l’expression « jungle impénétrable » prend ici tout son sens. Nous nous établirons enfin au camp Mkubwa pour
la nuit, à près de 2 700 mètres d’altitude, dans la forêt.
La deuxième journée démarre tôt, après une nuit chahutée et peu reposante pour moi. Entre les bruits du camp, des animaux sauvages et l’excitation, difficile de trouver le sommeil. Il faut aussi se réhabituer à dormir par terre (certes sur un matelas gonflable, mais loin du confort d’une chambre d’hôtel, heureusement). Cette deuxième journée sera l’une des plus longues en nombre de kilomètres, nous en aurons plus de 17 à parcourir sous un grand soleil (bon d’accord, rien d’extraordinaire, mais tout de même). Les paysages changent rapidement, la forêt laissant place à un maquis avec une végétation de plus en plus basse à mesure que nous prenons de l’altitude. En milieu de journée, nous nous arrêtons au camp de Shira 1 (3 600 mètres d’altitude) pour déguster un lunch bien mérité à l’ombre d’une petite bâtisse. Le plateau qui s’étend devant nous est immense et la montagne, bien qu’encore lointaine, imposante. Notre guide nous montre au bout de cette étendue le camp de Shira 2 que nous rejoindrons pour notre deuxième nuit, à 3 850 mètres d’altitude si l’on en croit les panneaux (mais comme je l’ai mentionné, tout ça est très… très… très approximatif), après avoir traversé cette immense étendue de champs de lave s’étant formés il y a plus de 2 millions d’années. Bien que poussiéreux, le parcours est très simple et nous progresserons rapidement vers le camp. Il y fait encore bien chaud en fin de journée, mais dès que le soleil se couche, vers 18 h 30, le froid nous envahit et il est bien vite temps de filer au chaud dans les sacs de couchage. Lorsqu’on se relève la nuit pour assouvir un besoin pressant, en lien avec une nécessité d’hydratation très importante pour une bonne acclimatation, c’est un ciel plus étoilé que jamais avec une voie lactée incroyable qui se dévoile devant nos yeux. Un moment incroyable, hors du temps, perdu dans le cosmos. Je me sens infiniment petit et humble face à toute cette immensité resplendissante.
Troisième jour, temps parfait ! Le soleil nous réchauffe rapidement et nous nous mettons en route à 8 h, une heure plus tard que la veille. En effet, notre guide Freddy, qui a déjà eu le temps de nous cerner et estime que nous avons un niveau homogène et une excellente condition physique, nous a informés la veille au soir que nous allions pouvoir partir plus tard et prendre directement notre repas du midi sur le camp suivant, au lieu de nous arrêter à la fameuse Lava
Paul Putzeys © 2022 Fernand Souply-Pierard © 2022Ci-dessus
Tower. Rien d’étonnant vu nos pédigrés respectifs : marathonien pour moi, randonneur ayant fait le PCT pour Sébastien, trails/randos pour Ludovic, et une vie d’expérience pour Paul (notre doyen a 60 ans sur le papier, mais nettement moins dans les jambes… et dans la tête). Ludo et Paul se sont d’ailleurs connus sur le GR20.
Cette renommée Lava Tower se trouve déjà à 4 600 mètres d’altitude et est relativement exposée au vent. Nous sommes donc assez contents de ne pas spécialement nous y attarder, même si l’endroit en vaut le détour pour deux raisons évidentes : il est impressionnant et c’est un excellent passage pour l’acclimatation active. Passage impressionnant donc, qui fait résonner l’écho lointain d’un déchainement titanesque de notre Terre, formant cette immense structure de lave. On peut sentir à quel point ces éruptions ont dû être cataclysmiques.
Nous en descendons ensuite, en direction d’une après-midi et d’une nuit de repos sur le charmant campement Barranco situé à 3 900 mètres d’altitude, dans une petite « vallée » coincée entre les hauteurs que nous venons de quitter et le Barranco Wall. Nous sommes presque dans un petit canyon abrité du vent, et où une végétation dépaysante a su trouver sa place (on peut notamment y admirer les « kilimanjaro trees », étonnant héritage d’un passé lointain), surplom-
bant une mer de nuage qui nous accompagnera de manière presque permanente. Durant le briefing du soir, nous décidons, en accord avec notre guide et après avoir constaté l’excellente acclimatation de chacun d’entre nous, de monter directement au camp de base le lendemain, sans nous attarder sur le camp Karanga où nous aurions du passer une nuit de plus.
Pour notre quatrième jour, nous prenons donc la direction du camp Barafu, ledit camp de base, situé à 4 600 mètres d’altitude sur une arrête rocheuse étroite un peu exposée aux vents. Afin de retrouver le chemin qui nous fera progresser jusqu’au départ de l’ascension sommitale, il nous faudra d’abord passer par le Barranco Wall, haut d’environ 150 mètres. Aucun passage vraiment aérien n’est à faire remarquer, mis à part, peutêtre, le kissing rock (petit passage ou le sentier devient plus étroit et où les moins confiants pourront se coller à la paroi rocheuse pour traverser sur moins de deux mètres). Nous nous aidons tout de même régulièrement de nos mains pour évoluer sur le sentier qui serpente vers le haut de ce « mur ». La vue, en haut, est splendide, que ce soit sur la vallée que nous abandonnons, ou sur la montagne qui se rapproche désormais de nous. Le sommet reste invisible, mais on peut vraiment contempler l’ampleur de la tâche du lendemain et l’assaut à faire sur le sommet. Cette nuit, malgré l’excitation, je dormirai bien et serai parfaitement reposé pour un réveil nocturne.
4 h du matin, c’est l’heure à laquelle nous nous levons pour boire un thé, manger un peu de popcorn et attaquer l’ascension du sommet. Nous avons décidé que démarrer plus tard nous permettrait de progresser plus agréablement : moins
Page de gauche : Ludovic Dalla Corte, Paul Putzeys, Fernand Souply-Pierard, Sébastien Laurent – Shira 2 Camp – Kilimandjaro, juillet 2022Première collecte de dons pour les enfants
Gravir des montagnes pour mieux les déplacer, c’est l’objectif que nous nous sommes fixés. Avec une première ascension réussie sur les 7 prévues, nous nous attaquons maintenant à notre première collecte de dons pour les enfants.
Vous pouvez y participer (avec une déduction fiscale pour les dons de 40 € et plus) et soutenir l’enfance avec nous :
• via ce lien https ://donate.kbs-frb.be/ actions/GC-ClimbForKids ?lang=fr_FR
• ou en réalisant un versement sur le compte de la Fondation Roi Baudouin pour Climb for Kids (Compte BE10 0000 0000 0404 – BPOTBEB1 – *** 623/3706/90057 ***).
Les fonds ainsi récoltés seront intégralement utilisés pour permettre à des enfants de découvrir les environnements naturels que nous affectionnons tant et de prendre conscience de la nécessité de les préserver.
Nous vous invitons aussi à nous suivre et/ou à prendre contact avec nous via notre page Facebook : facebook.com/ClimbforKidsProject
longtemps dans le noir, plus vite dans la chaleur du soleil, sans personne au sommet quand nous y arriverions. Ce choix était vraiment excellent pour nous. Nous avons profité d’un beau lever de soleil en étant déjà assez haut, bien qu’un voile de brume enveloppait l’horizon (nous n’avons donc pas manqué un lever de soleil extraordinaire au sommet, sans regrets donc) et de sa douce chaleur, contrebalançant le froid de la très haute montagne. Les pentes sont parfois raides, mais ne représentent aucune difficulté majeure. La trace monte en lacets, sans discontinuer, jusqu’à Stella Point et ses 5 756 mètres de haut, au terme d’un effort maitrisé par un rythme adapté à notre groupe et à l’effort requis. Il n’y a pas eu de neige (ni de glace) sur la route du sommet, mais nous en apercevons sur les pentes avoisinantes, tout comme nous apercevons les reste de glaciers en contrebas, sur le chemin entre Stella Point et Uhuru Peak, long d’une toute petite demi-heure.
Il ne nous aura fallu, du camp de base au sommet, qu’un petit effort de 5 h 30 pour gravir les 1 300 mètres de dénivelé et atteindre ainsi le toit de l’Afrique, le sommet du Kilimandjaro à 5 895 mètres d’altitude, sans rien ni personne autour de nous. La joie est immense, comme le sentiment d’accomplissement. On l’a fait, pour nous et pour les enfants, nous sommes au sommet pour Climb for Kids ! Nous prenons quelques photos, nous déployons le drapeau de l’expédition, nous prenons le temps d’admirer le monde qui nous entoure et de prendre conscience de la chance que nous avons d’être là. Nous contemplons aussi, malheureusement, l’impact du changement climatique, plus visible que jamais avec le recul et la fonte dramatique du glacier qui aura, à ce rythme, disparu dans une dizaine d’années.
Après la quinzaine de minute qui nous est impartie au sommet, il est déjà temps de redescendre vers le monde des vivants, de quitter cet environnement austère et rude, mais combien incroyable, d’une beauté brute et originelle. Quitter un sommet pour lequel des jours d’ascension ont été nécessaires est toujours un moment un peu particulier, mais cette fois, en plus, j’ai vraiment le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’extraordinaire pour la bonne cause. C’est
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Ci-contre : Ludovic Dalla Corte, Paul Putzeys, Fernand Souply-Pierard, Sébastien Laurent – Sommet – Kilimandjaro, juillet 2022 1. Vue sur la mer de nuages 2. Fernand Souply-Pierard, vue sur la montagne 3. Barafu Campm, way to the top Paul Putzeys © 2022 Fernand Souply-Pierard © 2022ce sentiment qui m’accompagnera, ainsi que mes camarades, tout au long de la descente. Merci à vous, Sébastien Laurent, Ludovic Dalla Corte et Paul Putzeys pour cette incroyable aventure !
Je souhaiterais conclure ce récit par quelques mots au sujet du projet « Climb for Kids ». L’idée m’est venue, en 2021, de réaliser le 7 summits challenge. Mais j’avais envie de donner un sens à cette démarche, de ne pas le faire que pour le plaisir de l’ascension, mais pour combiner le sport et quelque chose de plus grand, de plus important. En Belgique, 1 enfant sur 4 vit toujours sous le seuil de pauvreté et doit faire face à de grandes inégalités, d’autant plus lorsqu’il est porteur de handicap. Étant moi-même papa de deux bouts de choux, j’ai voulu combattre, à ma manière, ces inégalités. Climb for Kids était né et le projet allait grandir au fil des mois, soutenu par Deca-
thlon Belgique (et leur marque Simond), l’UMons et la société Gexham. Quelques mois plus tard, Sébastien Laurent prenait contact avec moi pour me rejoindre dans l’aventure. Il a mis sur pied une ASBL de sport outdoor inclusif, Onvamarcher.be, avec laquelle nous nous associerons pour organiser des activités à destination d’enfants porteurs de handicap et/ou issus de milieux défavorisés, au terme d’une collecte de dons encadrée par la Fondation Roi Baudouin et sous le Haut Patronage de Leurs Majestés le Roi et la Reine.
À très bientôt !
Belgium Highline Festival – 2e édition
Freÿr fait place à la highline
LAURANE NÉRON & NATALIA VICENTEÀ la verticalité des rochers calcaires, s’ajoutent des lignes horizontales qui traversent le site de Freÿr de part en part : des highlines. Les sangles tendues se mêlent aux cordes d’escalade, le temps d’un festival de 5 jours. Les grimpeurs et les highlineurs se côtoient, s’observent et s’encouragent mutuellement pour parvenir au bout d’une ligne ou d’une voie. Freÿr, ce site d’escalade mythique en Belgique, se trouve aussi être un terrain de jeu exceptionnel pour la highline. La deuxième
édition du Belgium
Highline Festival – BHF, en a été une belle démonstration.
Entre le 13 et le 17 juillet 2022, un total de 18 highlines ont été installées à Freÿr. Elles étaient réparties en 4 secteurs : il y en avait pour tous les goûts !
Les débutants se sont dirigés vers la Jeunesse où ils ont tenté de mettre un pied sur des highlines de 30 à 40 m. Premières sensations de hauteur garanties. Les amateurs de freestyle ont foncé vers le « Bounce corner » entre Cinq Ânes et Mérinos. Ici, l’objectif n’est pas de marcher mais de rebondir. L’élasticité des sangles en nylon permet de jouer avec la ligne et de réaliser de multiples figures, toutes plus impressionnantes les unes que les autres.
Les adeptes de longlines ont trouvé leur bonheur entre l’Al Lègne et Gruyère, où des highlines de 100 à 150 m avaient été installées. En s’aventurant un peu plus loin au bout de l’Al Lègne, ils ont aussi pu accéder à deux lignes secrètes de 70 m. Une belle surprise pour marcher discrètement entre les arbres jusqu’au Pape.
Enfin, les plus expérimentés ont tenté de traverser les « big lines » du festival de 330, 350 et 550 m de longueur. Une grande dose d’endurance et de concentration était nécessaire pour accomplir de si longues traversées.
Une quarantaine de bénévoles ont été impliqués dans l’organisation du festival. Après plusieurs mois de préparation, de réunions, d’installation des nouveaux points d’ancrage et de rassemblement du matériel ; finalement 4 jours ont suffi à
l’installation complète des highlines. Un camp de base a aussi été monté sur le parking de Freÿr pour l’occasion, avec une zone d’accueil, une cuisine, un bar, une scène de concert et un feu de camp.
Pendant 5 jours, en pleine canicule et sans le brouillard qui caractérise les matins de Freÿr, la deuxième édition du BHF a accueilli 120 highlineurs venus de différents coins du monde, avec plus de 15 nationalités différentes. Les festivaliers ont été ravis de pouvoir profiter de la magie du site avec la Meuse à leurs pieds.
Pour les plus joueurs, certains esprits créatifs ont développé le « Freestyle challenge ». Dix niveaux, composés de 5 figures de freestyle – ou “tricks” –chacun. Pour valider un niveau, le highlineur doit être capable de réaliser l’ensemble des figures de ce niveau pendant la durée du festival. Ainsi, les highlineurs expérimentés tout comme les débutants ont pu tester leur capacité de freestyle et définir personnellement leur prochain objectif. Et pour tester l’équilibre et la stratégie, d’autres ont participé au défi « pierre-papier-ciseaux ». Le jeu se déroulait sur des lignes parallèles, où les highlineurs devaient se tourner en face à face pour pouvoir jouer. Rien ne manquait pour s’amuser !
La highline est un sport personnel, mais il est loin d’être individuel. En étant seul au-dessus du vide, on ne peut oublier l’importance des cris de soutien venant des ancrages : « Allez ! », cette petite note qui peut nous apporter l’énergie nécessaire pour faire un pas de plus et se battre encore un peu. À l’arrivée au bout de la ligne, c’est une victoire collective quand on réalise que l’on a réussi à surpasser ses propres défis.
Page précédente : Les freestylers font danser les lignes au Merinos
En haut : Emma traverse une highline de 140 m avec le Chateau de Freÿr en arrière-plan
En bas : Les bénévoles concentrés finissent les préparatifs en assemblant les sangles. C’est toujours mieux en musique !
Tout au long du festival, la joie et la bienveillance ont régné entre les participants. Le camp de base a été un lieu propice aux rencontres et aux débriefings de fin de journée autour du bar. Vendredi soir, une grande scène a été ouverte aux groupes belges : Jan De Cat, Je suis m’appelle et Trubadur en het nieuwe normaal. Après avoir marché toute la journée sur des sangles de 2,5 cm de large, les highlineurs ont enfin pu se relâcher, chanter, danser et se laisser porter par la musique jusqu’au petit matin.
Après 5 jours intenses, où chacun a pu profiter de la highline, de l’escalade ou des balades le long de la Meuse, la semaine s’est terminée autour d’une longue table avec un grand repas partagé. Les chefs cuisiniers se sont démenés pour préparer un chili con/sin carne pour l’ensemble des participants. De quoi combler tout le monde ! Chaque année, ce festival est possible grâce aux organisateurs BeSlack et Lyapunov, mais aussi aux sponsors tel que le CAB, KBF, The Wall et LECOMTE. Le Belgian Highline Festival est devenu un rendez-vous à ne pas manquer sur la carte des festivals européens. À peine terminé, nous pensons déjà à la prochaine édition. Et d’ici là, n’hésitez pas à venir marcher dans les airs avec nous…
LAURANE NÉRON & NATALIA VICENTE Natalia Vicente © 2022 Karel Downsbrough © 2022J’aime les nuances de bleu de cette photo, et le fait que l’œil puisse être dupé : est-ce du sable ? Est ce de la neige ?
De la recherche de
Articulation de la psychiatrie et de la photographie
Texte et images – ISALINE KEUNEN
liberté
Je suis médecin, en cours de spécialisation en psychiatrie, et photographe amateure. En réfléchissant à cet exercice photographique, je me suis mise à penser à quel était le sentiment que m’inspiraient mes photos de montagne. Le parallèle m’est venu rapidement avec mon travail professionnel. Je m’explique.
Il y a un proverbe que j’affectionne beaucoup, que j’ai croisé alors que je voyageais seule pour la première fois dans les Highlands écossais.
« Many are the memories one can bring back from the mountains, some of the peace and some of the stern fight with the elements, but they are all memories of freedom. The restraint of ordinary life no longer holds us down, we are in touch with nature – the Sky, the winds, the waters and the earth, surely these ancient elements of life can teach us secrets that a more protected existence hides from us. ».
Norman CollieMon quotidien de (future) psychiatre me mène à réfléchir à la question de rencontres de personnes qui souffrent de ce qu’on appelle parfois les pathologies de la liberté (maladies mentales, addictions). Mon idée du soin psychiatrique est d’aider les personnes à retrouver un peu de cette liberté.
C’est animée de la même ténacité dans mes recherches de liberté que j’escalade des montagnes armée de mon appareil photo. Je trouve la montagne éloquente, le sentiment au sommet est incomparable. J’aime bien y photographier des personnes. J’aime à croire que mon appareil photo parvient à capturer certains de ces instants de liberté, que je peux les ramener avec moi.
1 - Solalex, Suisse – 2022
2 - Mammoth lakes, Californie, USA – 2019
3 - Norway in a nutshell, Norvège – 2015
4 - Incegiz kanyony, Denizli, Turquie – 2019
ISALINE KEUNEN Page précédente : Florianopolis, Brésil –2017 J’aime bien imaginer la vie des personnes que je photographie, pourquoi ont-ils empaqueté des cônes oranges dans leur voiture ce matin ?
5 jours sur le GR400
11 juillet 2022, 8 h 00, nous voilà en route vers le Cantal. Après une semaine de déménagement et un week-end de mariage, nous voilà bien fatigués pour commencer une petite semaine de randonnée… Mais une semaine de randonnée, quelle qu’elle soit, on y va toujours avec le sourire ! À 16 h, nous voilà arrivés dans le Cantal, nous sommes déjà charmés par les paysages, alors que nous sommes plutôt des amateurs de haute montagne en règle générale !
12 juillet
Après une nuit au camping municipal du Claux et des petites courses dans la micro-épicerie de la bourgade, nous voilà prêts à décoller avec nos sacs à dos, chargés de nourriture pour les cinq prochains jours. La randonnée démarre calmement en remontant du Claux vers les crêtes à travers les bois. Après deux heures de grimpette sur des chemins relativement faciles, nous voilà sur les crêtes. Que c’est joli ! On profite de deux heures de marche dans les alpages d’altitude pour admirer les vues et pour créer des liens avec les belles Salers du Cantal. À court d’eau, nous remplissons nos gourdes filtrantes dans les sources menant l’eau aux troupeaux. En fin de journée, nous remontons du Falgoux vers notre lieu de bivouac, une petite clairière avec une jolie vue et surtout une rivière qui nous permettra de nous rafraîchir après cette chaude journée d’été.
13 juillet, 7 h 00
Nous revoilà sacs au dos, prévoyant de marcher un maximum avant les heures chaudes de la journée. Nous remontons vers les crêtes et marchons à l’ombre pendant plusieurs heures. Nous arrivons alors en bas d’une pente très exposée dans un alpage déjà grillé par le soleil… La montée s’annonce longue ! Ni une ni deux, l’équipe de quatre que nous sommes cesse immédiatement de se parler et se lance rapidement dans cette ascension. Au bout d’une heure de marche, nous voilà arrivés au sommet. Les deux garçons de l’équipe étant arrivés un peu en avance, nous les retrouvons en caleçon, séchant au vent leurs habits mouillés de transpiration. Après une courte pause pour manger quelques noix et ainsi recharger nos batteries, nous nous remettons en route. Vers 14 h, nous arrivons dans le petit village du Faux où nous avons la chance incroyable de trouver une petite terrasse ombragée. Nous en profitons pour nous y installer, nous désaltérer et attendre quelques heures que la température redescende. Nous parlons avec la tenancière du charmant petit bistrot de nos plans de bivouac et elle nous suggère de remonter de quelques 400 m de dénivelé sur un chemin forestier à l’ombre pour arriver dans une jolie clairière le long d’un cours d’eau. Nous nous remettons alors rapidement en route vers cette oasis… Quelle ne fut pas notre surprise quant au chemin à emprunter : une longue marche sur le bitume brûlant avant d’entamer une très longue montée totalement exposée au soleil ! L’arrivée dans cette clairière, chaudement méritée, rempli toutes nos attentes : une vue magnifique, une rivière coulant à flots, de l’ombre et de la lumière.
Texte et images – ROSE PAQUE14 juillet, 6 h 30
Aujourd’hui nous démarrons un peu en retard sur notre planning. Nous commençons l’ascension vers les crêtes directement après avoir replié nos tentes. C’est une pente très raide que nous monterions généralement d’une traite. Cependant, le chemin, jonché de myrtilles, nous invite régulièrement à nous arrêter pour déguster une ou l’autre baie. Arrivés au sommet, nous avons le souffle coupé par la beauté de la vue. À 360° autour de nous, tout est magnifique ! Le ciel bleu et la lumière du matin sur ces montagnes imposantes nous émerveillent. Une longue route sur les crêtes s’ensuit. Tout du long, les paysages sont exceptionnels. Nous finissons par redescendre dans la forêt vers un patelin du nom de Saint-Julien. Par chance, nous rencontrons une rivière avec une zone de baignade. Ni une ni deux, nous larguons nos sacs à dos, enlevons nos chaussures de marche et sautons à l’eau. Après une bonne heure de détente, nous rechargeons nos sacs à dos et complétons les quelques kilomètres qu’il nous reste à parcourir en fond de vallée. Ce soir-là, nous avions décidé de loger au camping de Mandaille. Nous en profitons pour prendre une douche et aller manger dans un petit restaurant aux recettes locales. Truffades, bourioles au bleu et autres cochonnailles auront eu raison de nos papilles gustatives. C’était tout de même la fête nationale française, il fallait en profiter un peu.
15 juillet, 8 h 00
Aujourd’hui, le parcours prévu est plus court. Nous démarrons donc un peu plus tard. Sur notre chemin, nous rencontrons un guide touristique local qui nous accoste et nous demande de lui raconter nos plans pour la journée. En lui expliquant notre trajet, il s’exclame et nous arrête, disant qu’entre Mandaille et le Puy Griou, il fallait faire une petite sortie hors GR pour découvrir la « plus belle vue du Cantal ». Nous le remercions chaleureusement pour ses conseils (oui, nous sommes belges, la politesse, c’est important !). Intrigués, nous décidons de suivre ses conseils et de grimper vers cette fameuse vue. Nous ne sommes pas déçus, c’est absolument magnifique ! Encore une journée entre forêts et crêtes ensoleillées s’est offerte à nous. Ce jour-là, nous avons eu la chance de trouver une zone de bivouac sur les crêtes avec une vue sur le Puy Mary, sommet probablement le plus connu du Cantal. Après avoir apprécié un magnifique coucher de soleil, nous nous sommes gentiment glissés dans nos duvets, nous laissant bercer dans les bras de Morphée pour attaquer, en forme, la dernière journée de marche.
16 juillet, 7 h 00.
Après un thé et une Clif Bar, nous avons commencé la journée par une marche sur les crêtes en direction du Puy Mary. Nous sommes rapidement arrivés face à la fameuse Brèche de Roland, que nous avons eu la chance de pouvoir traverser seuls. S’en est suivi une longue et douce descente vers le Claux. Notre randonnée s’est clôturée sur le coup de midi et nous en avons profité pour nous offrir un repas de fin de séjour à l’école de parapente du Claux. Une super adresse, chaudement recommandée.
Entre vues imprenables, levers et couchers de soleil magnifiques, truffades, baignades à la rivière, apéro pastis avec l’eau fraîche des sources, pauses myrtilles, achat de Cantal et de bons saucissons, notre team a su profiter de ce qu’elle découvrait au détour de ce super sentier. Nous repartons du Cantal avec de magnifiques souvenirs et des jambes bien musclées !
ROSE PAQUE
1 - Simon Vankeerbergen, Puy Mary – Cantal
2 - Le Fau – Cantal
3 - Crêtes du Cantal
4 - Brèche de Roland – Cantal
5 - Puy Mary – Cantal
6 - Mathilde Paque, Crêtes du Cantal
7 - Cantal
L’aventure est bouclée pour l’équipage de Cap sur El Cap
En ce début de mois de juillet, après plus de 9 mois d’expédition, une traversée aller-retour de l’Atlantique, l’équipage de Cap sur El Cap est enfin arrivé à bon port. La boucle est alors bouclée, nous voilà de retour en Espagne, là où tout a commencé en octobre dernier, après plusieurs mois d’aventures, de navigation et d’escalade. Encore une petite semaine pour remettre Samsara (notre fidèle destrier des océans) en ordre à son propriétaire, et l’équipe se séparera pour que chacun reprenne sa vie normale, des souvenirs et des récits pleins la tête. Certains de ces récits, nous les partageons ici dans cet article.
Dans les précédents A&A, nous vous avons parlé de l’équipe, du projet et nous vous avons raconté nos premières péripéties de navigation. Si vous avez manqué ces récits, je vous invite à ressortir vos magazines du placard !
Images : JULIA CASSOUAu Mexique, nous abandonnons le navire !
Raconté par Clovis & Seb
Replaçons le contexte : 8 grimpeurs qui passent 2 mois et demi sur un bateau, à s’entraîner les doigts sur quelques poutres, à s’abimer la peau sur un pauvre bout de granite (eh oui nous avons bel et bien emporté un morceau de granite avec nous sur le bateau) et à combattre la flemme que la mer nous impose, par son roulis, par son paysage constant, par ces quarts de nuit qui déstructurent notre sommeil. Bref en voilà qui étaient ravis de grimpouiller aux Canaries, en Guadeloupe, mais dont le but du voyage les pousse à reprendre la mer. Cette pression constante de vitesse s’explique par tous ces imprévus qui font perdre une journée par ci, une journée par là… les jours défilent et le trajet s’éternise…
Mais ça y est ! Nous y sommes !
Le sol est dur sous nos pieds, plus rien ne bouge, enfin. Ça sent la terre et les tacos. Nous sommes au Mexique, la pointe sud : Cancun, Merida, le Yucatan !
Le bateau est sorti de l’eau et trône fièrement sur des socles en bois dans un port à sec, au beau milieu de chantiers navals mexicains !
L’équipe s’agite et s’affaire : trouver un van, refaire une beauté à Samsara, s’assurer que rien ne va s’abimer durant nos mois d’absence, se réentrainer, découvrir l’escalade au Yucatan, etc.
Cette to do list présidentielle est abattue en quelques jours… Faut dire, certains membres du groupe dont nous tairons les noms semblent particulièrement pressés de prendre la route et les falaises qui se trouvent au bout.
Au bout de quelques recherches, nous tombons donc en amour pour un van. Mais pas n’importe lequel ! Un gros camping-car sorti tout droit d’un autre temps. Au moins deux fois plus âgé que Soline, il nous charme par son espace, son aménagement et sa touche old school. Le deal avec les propriétaires du van, une très sympathique famille mexicaine avec qui nous passons un réveillon de noël made in Mexico, est vite réglé, non sans craintes et appréhensions…
Rien ou presque rien ne nous sépare de l’objectif final de ce périple, l’Amérique et ses plus beaux bout de cailloux. Quelques kilomètres à peine… Bon ok, 5 à 6 000 tout de même.
La bête tiendra-t-elle jusqu’au Yosemite ?
Les falaises du Mexique nous attirent, mais pas le temps de tout faire. Alors on choisit un spot majeur et on se pose, on y reste, on profiiiiite !
Enfin ! Se lever, manger, grimper, manger, dormir…. Voilààà ce qui fait le bonheur d’un grimpeur ! Fini les quarts de nuit, fini les heures et les heures de recherches pour débusquer le camion qui nous accompagnera dans cette aventure, fini la galère, place à la vie de baroudeurs que l’on chérit tant ! Un camion, du matos, de la bouffe et des copains, El Salto, nous voilà !
À ce qu’on nous a dit, El Salto est l’un des meilleurs spots du Mexique. On s’accorde pour y aller et on prévoit d’y rester une semaine, au moins.
Finalement nous y passons 3 semaines à nous régaler du calcaire local, mais l’envie de reprendre la route nous assaille. L’histoire continue et nous devons rejoindre Seb, Soline et Julia qui ont déjà bougé au Yosemite ! Malgré le manque que leur absence a créé, on va prendre notre temps, il y a tant à voir !
De Peñoles à Indian Creek, de Red Rock à Hueco Tank, on va avoir le choix pour cette découverte de l’escalade au Nouveau Monde.
Un roadtrip pas comme les autres
Raconté par Baptiste & Maud
Après ces semaines de grimpe bien méritées à El Salto, nous reprenons la route tout à fait normalement : une vidange moteur par-ci, un changement de filtre par-là et, en option, le démontage du carter de boite (durant lequel Loïc se fait un soin intégral du corps à l’huile usagée)… La situation dégénère lorsqu’à mi-chemin, les roues de notre fier destrier, éléments essentiels à son bon fonctionnement, explosent les unes après les autres… Plus sereins après avoir visité une demi-douzaine de vulkas (spécialistes mexicains du remplacement de pneus avec un matériel minimaliste),
nous fuyons les sentiers battus pour nous aventurer sans encombre sur les pistes menant à Peñoles, probablement l’un des plus beaux sites de bloc au monde.
Peñoles est niché dans ce labyrinthe de blocs de granite rouge et de cactus roses. Nous nous fondons dans une communauté de chaleureux Mexicains. Chaque soir autour d’un grand feu, ils y cuisent du pain, des frijoles et partagent des tranches de rires. Un crumble aux pommes au feu de bois ? Testé et approuvé !
Seule une infime partie des blocs y ont été grimpés et le potentiel y est infini. Carlos Verduzco nous a accueillis en nous demandant combien de jours nous comptions rester, 4-5 jours ? Il rit et nous répond que chaque grimpeur finit par s’y installer au moins le double de temps planifié. Nous y resterons deux semaines et sommes repartis avec un petit goût de trop peu. Il fait bon vivre et grimper à Peñoles.
Quelques 1 500 km plus loin, après une traversée de la frontière Mexique-USA rondement menée, malgré l’absence de marche arrière, les jours de routes s’enchaînent. Ils sont ponctués par le remplacement des bougies et des câbles d’allumage. 5 litres d’huile moteur et des tâches sur mon pantalon, nous atteignons enfin Las Vegas et les fameuses falaises de Red Rocks.
Le démarreur nous lâche lors d’un arrêt banal dans le centre de Vegas. Démontage, nettoyage, remontage, démarrage,… Plus tard c’est au tour de l’alternateur de nous lâcher sur la route, de nuit bien sûr.
Las Vegas laisse ensuite place, non sans peine auto-mécanique, au majestueux site de bloc de Bishop. Mais très vite les fissures et les grands murs de notre objectif final nous poussent à reprendre la route.
Il nous reste le sprint final : Fresno-Yosemite. Tout notre voyage est sur le point de passer un cap : atteindre ce but tant recherché après des semaines de navigations, maritimes et terrestres, toucher du doigt ces falaises légendaires… Et bim, on casse encore une petite courroie. C’est assez pour nous faire rater l’apéro de retrouvaille avec les copains… Nous arrivons de nuit au Camp 4 et il faut filer au lit car demain, les murs du Yose nous attendent !
Le Yose et ses possibilités infinies
Raconté par Soline & Seb
Un demi-nose – Soline
Les semaines dans la vallée se succèdent et les petits projets laissent place aux grands. Les tentatives pour se mettre à l’aise en fissure n’étant guère concluantes, il m’a semblé que le moment de mettre ses mains sur El Capitan était venu. Mon idée était de réaliser une montée de repérage pour un futur projet. Une seule personne a répondu à ma proposition de cordée, et cette personne n’était autre que Clovis. Aussi inexpérimenté que moi en Big Wall, ce dernier fait tantôt preuve d’une grande confiance en escalade trad, tantôt perd pied en rentrant dans une forme plus ou moins atténuée de panique. L’idée de partir avec Clovis dans une voie engagée, effrayante et dénuée de magnésie ne me mettait pas particulièrement à l’aise. Je lui ai donc proposé de partir pour trois jours dans le Nose, la voie la plus parcourue d’El Cap.
C’est au milieu de la deuxième journée que l’histoire se gâte, alors que le bien-être et la sérénité de la veille ont laissé place à l’inconfort du vide et de l’inconnu, réunis dans une boule venue se loger dans mon ventre. Je m’équipe pour partir dans un beau dièdre à doigt finissant en fissure large et, à mon habitude, organise l’équivalent de huit racks et demi sur mon baudrier pour grimper les 25 premiers mètres en protégeant deux (quatre) fois trop. Je remonte une petite cheminée et place une dernière protection m’inspirant n’importe quoi sauf de la confiance, dans une fissure interne évasée et émiettée. Je lève mon regard, distorsionnée par la peur, sur cet offwidth, impossible à protéger, qui semble si raide. Je regarde encore plus haut et l’ampleur du mur se dressant devant moi me fait déglutir. Impuissante et navrée, mon cerveau ne me laisse même pas l’option d’imaginer essayer. Je me tourne vers Clovis, qui analysait les rappels depuis déjà quelque temps « Aller déséquipe, on se casse d’ici. » Un vent à coucher Samsara s’est levé et menace de faire tourner nos rappels au boudin. La première partie de la descente est aussi hasardeuse qu’un jeu de l’oie. Nos cordes partent dans tous les sens et vont flirter avec des coinceurs en décomposition dans l’antre de profondes fissures. Descendre les 40 kg du sac est également plutôt intéressant. Nous rejoignons enfin une ligne de rappel plus évidente qui nous conduit jusqu’au sol. Seb et Nic Martinez, qui passaient par là, nous accueillent. Stupéfaits quant à notre marche arrière, ils nous font comprendre que nous étions en réalité très bien partis et manifestement plus proches du sommet que du sol. Il faut dire que ce n’est pas l’impression que ça donne quand on y est !
24 h sur El Cap, quelles sont mes limites ?
Golden Gate + El Niño à la journée ! – Seb
Alors qu’il ne me restait que quelques jours dans la vallée, une idée folle, inspirée par Tommy Caldwell, m’est venue à l’esprit pour satisfaire ma soif de grimpe. En 2005, Tommy a réalisé l’un des exploits les plus impressionnants de tous les temps sur El Cap en enchaînant le Nose et le Freerider en 24 h : 2 000 m d’escalade sur coinceur, plus de 60 longueurs exigeantes, une descente escarpée, le tout à la journée !
La question est alors venue me tarauder l’esprit. Pourrais-je réaliser quelque chose de similaire ? Suis-je capable de grimper aussi vite pendant aussi longtemps ?
Eh bien, si je voulais savoir, je me devais d’essayer. Golden Gate et El Niño étaient les itinéraires parfaits, car je venais de les grimper. Le planning était serré avant de rentrer au Mexique et sur le bateau, et 3 jours avant de partir je n’avais toujours pas de partenaire… Grâce à la super
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communauté du Yose, et quelques messages et discussions plus tard, j’avais deux partenaires : Amity Warme me rejoindrait sur Golden Gate et Danford Jootse a accepté de me soutenir sur El Niño. Ils étaient tous les deux assez excités et je n’avais plus d’excuses pour ne pas essayer. Une journée de préparation paraît courte tant il y a de choses à penser : par quelle voie commencer ? Quelle est la tactique ? Que faire en corde tendue ? Où s’arrêter ? Quelle bouffe et combien de litres d’eau emporter ? Après un conseil de guerre digne des grandes batailles, un plan est fixé.
L’idée serait de commencer par Golden Gate (avec Amity) de nuit et de passer maximum 12 h sur cette première voie, d’être au sommet à 14 h 30, de laisser mon rack et mes cordes, prendre 1 h pour descendre les East Ledges en courant (la descente d’El Cap sur des grandes dalles de granit, plutôt scabreuse et prend habituellement 2 h à 4 h de marche avec des sacs). L’objectif serait d’être au bas d’El Niño, où Danford m’attendrait, vers 16 h, exactement l’heure de la journée où l’ombre arrive sur la première et dure longueur.
Voici donc le résumé de ma dernière journée d’escalade au Yosemite, mais aussi la plus longue et la plus intense de ma vie !
Amity et moi démarrons dans Golden Gate en pleine nuit noire, vers 2 h 30 du matin, avec la stratégie de grimper le moins possible au soleil.
À la lueur de nos frontales, nous avalons en 4 h les 17 premières longueurs jusqu’au fameux Monster Offwidth (longue fissure large d’une cinquantaine de mètres dans laquelle il faut fourrer son corps et ramper verticalement et souvent bruyamment). J’ai alors près d’une heure d’avance sur mon planning initial et malgré quelques soucis pour manger des barres sucrées (je dois ravaler en effet plusieurs fois des bouchées qui tentent de s’évader de ma bouche…), tout se passe comme sur des roulettes. Quelle joie de parcourir autant de mètres de grimpe si rapidement ! Quel bonheur de grimper une si grande paroi sans faire de relais, sans s’arrêter ! De ces quelques heures de grimpe intense, je me souviendrai toute ma vie !
La « Downclimb », longueur 18, considérée comme le crux de la voie, est le premier véritable obstacle : malgré quelques bonnes sensations je zippe lors mes 1er, 2e et 3e essais avant d’enchaîner à mon 4e essai. Après 7 h de grimpe, nous sommes à la « move pitch », deuxième 5.13a (7c+) de la voie. J’enchaine la longueur directement sans trop de problèmes. Après 9 h et 900 m de grimpe, je commence à ressentir de la fatigue dans mon corps et mes avant-bras commencent à sacrément gonfler. Je réussis tout de même à enchaîner les dernières longueurs dures au premier essai et nous arrivons rapidement au sommet après exactement 11 h 07 d’escalade. Je suis déjà vraiment content et ravi d’avoir gravi cette voie incroyable en moins de 12 h, mais la journée n’est pas finie. Durant cette première partie de journée, Amity a été une partenaire géniale : rapide, sûre, solidaire ; tout s’est passé selon le plan grâce à elle !
J’abandonne alors Amity au sommet avec tous le matos, corde et coinceurs et pars pour une « récupération active » en faisant un p’tit jogging sur les East Ledges, dalles glissantes qui mènent au bas de la vallée. « Reste concentré, ne pas trébucher ! »
En descendant, tout mon corps me supplie d’arrêter… J’ai mal au ventre et je ne veux plus de gel ni de barres, ma hanche, mes pieds et la peau des doigts me font très mal. Je souffre déjà du manque de préparation spécifique à l’endurance et me maudis de ne pas avoir couru un peu plus ces dernières semaines.
Je retrouve Danford à la base d’ El Niño après presque 13 h d’effort, et nous nous jetons dans l’escalade sans plus attendre !
Pour être honnête, au moment d’entamer cette deuxième voie, je me sens usé mentalement. Tout ce que je veux, c’est fuir, laisser ma peau loin de
ce rocher, mes pieds loin de mes chaussures, mes hanches loin de ce baudrier… mais je savais avant de me lancer dans ce défi que ce genre de pensée viendrait et je fais de mon mieux pour ignorer tous les signaux.
Je savais que les 5 premières longueurs, dont 3 x 5.13a/7c+, seraient les premiers vrais tests de cette tentative de link-up. L’escalade est assez soutenue et technique sur les pieds (et donc particulièrement douloureuse après 1 000 m de grimpe). Étonnamment, j’enchaine assez facilement les premières sections. Mais en arrivant au crux de la longueur 3, les choses se compliquent, quelques erreurs de méthodes me font hurler jusqu’au relais. Le vrai combat peut commencer ! Même son de cloche pour les deux longueurs suivantes, 13a/7c+ et 13b/8a : à la limite de tomber, se battre pour chaque prise. Je ne sais pas comment je peux me maintenir sur le mur dans la longueur 5. Les longueurs plus faciles qui suivent me remettent sur la bonne voie, Danford fait un travail incroyable et le rythme est plutôt bon. Nous arrivons sur Big Sur (longueur 10) avec 45 minutes d’avance sur mon horaire planifié et je me sens de mieux en mieux. La longueur clé, 8a+, est juste au-dessus de nous et j’ai juste le temps de faire un essai avant la tombée de la nuit. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre car en travaillant sur les mouvements deux jours plus tôt, la prise de la clé du crux s’est cassée, ce qui a rendu la longueur légèrement plus dure.
30 minutes plus tard pourtant, c’est avec joie que je clippe la chaîne ! « Wouaw, je pourrais peut-être le faire ?! » Pour la première fois depuis que nous avons commencé cette voie, j’ai l’impression d’avoir une chance d’y arriver.
Malheureusement, les 3 longueurs suivantes me montrent le contraire. Malgré leurs cotations plus faciles, 12b-c/7b-c, elles me donnent du fil à retordre… Je souffre et dois me battre si fort pour rester sur le mur !
Quand nous arrivons à la base de la « black cave » vers 23 h (longueur 17) je suis toujours en course avec l’horaire et je ne suis pas encore tombé, mais je me sens dans un mauvais état mental et physique. Tout mon corps souffre de crampes, mes pieds et ma peau me font mal, j’ai vraiment froid et je ne peux plus rien manger de la nourriture que nous avons dans notre sac. Avec le support et les encouragements de Danford, je peux encore me frayer un chemin jusqu’à la dernière section du toit où tout s’arrête… Je chute. J’essaye le mouvement séparément, je rechute,
je ne peux plus faire le mouvement. Ma journée est finie. La seule option qui me vient à l’esprit est de descendre. Lâcher prise, abandonner. D’un côté c’est un soulagement, de l’autre, j’ai honte. Je me sens lâche. Lâche de m’arrêter alors que j’ai encore du temps et de la bouffe. Je suis à la fois si proche et si loin d’y arriver. Je pourrais me reposer pendant une heure ou moins et peut-être avoir une chance d’enchainer cette longueur et de continuer, mais j’ai froid et peu de couches de vêtements. Je suis épuisé mentalement et ne peux pas faire ce mouvement, c’est ma meilleure excuse pour abandonner. Je me répète les raisons de m’arrêter (il y en a un paquet), pour me convaincre. Et cela fonctionne : nous installons les rappels et je laisse derrière moi l’exploit qui selon moi aurait pu être le plus beau de ma vie de grimpeur… C’est le jeu et je me réjouis d’y rejouer.
Danford était un excellent partenaire, super efficace et solidaire, merci !
Quelle belle dernière journée sur El Cap, avec environ 55 longueurs pour près de 1 500 m d’escalade incroyables !
Heureux d’avoir un océan à traverser pour laisser mon corps récupérer…
Astroman à cloche pied – Soline
Pour mon dernier jour de grimpe dans le Yose, rien n’aurait pu plus me combler qu’une aventure dans la mystique et redoutée grande-voie de Washington Column : la masterpiece Astroman ! Mais pour cela, il me fallait trouver un partenaire… rien de plus simple ! Alors que je venais informer mon amie Amity de ma recherche de cordée, son voisin de gauche, un parfait inconnu, me saute dessus. Il aurait formulé, 2 minutes avant mon arrivée, son désir ardent d’aller dans cette même voie. L’arrangement est conclu et je retourne à mon emplacement moitié convaincue, moitié résolue.
Le lendemain, au pied de la première longueur, alors que je dois rejoindre Nate au premier relais, j’enfile mon chausson gauche, puis j’enfile mon… autre chausson gauche ? Heu, non, mon autre chausson gauche ne rentre pas sur mon pied droit… Alors je grimpe la première lon -
gueur jusqu’à lui pour lui signaler mon petit souci d’équipement… Je ne formule pas de volonté de redescendre, il n’en émet pas l’idée non plus. Il faut dire que c’est notre unique chance d’ascension. Par fierté et devoir, je me lance dans la deuxième longueur en tête, sans encombre, malgré le petit pas de bloc sur coinceurs auquel je me mesure.
Puis vient l’enduro corner, un dülfer raide, parfait, d’une trentaine de mètres. Soulagée, je grimpe en second et enchaîne les coincements de pieds-nus, grands écarts et adhérences, pour arriver au relais, sans avoir chuté, et avec la curieuse impression que j’ai réalisé ma meilleure performance du séjour. Plus tard dans la journée, nous sommes au pied (nu) du harding slot, l’une des longueurs les plus anecdotiques du Yose. Le fameux Warren Harding serait mort desséché dans cet offwidth, son casque encore coincé dans la fissure, son crâne encore coincé dans son casque… Même le grand Eric Berthe y aurait coulé quelques larmes. Seb m’avait vendu cette escalade comme la plus effrayante de ma vie… ce à quoi j’avais claironné que je la grimperais en tête, sans stress. Alors après les grands mots, l’heure est aux actes. Je m’arme du chausson en 43 de mon partenaire que j’enfile sur mon pied rougi qui taille du 36 et me lance. Ça couine, ça coince, ça tombe. Ca zippe, ça pousse dans tous les sens et finalement je me faufile dans l’antre de cette grosse faille déversante, tombe, re-couine, re-coince et finalement me hisse jusqu’à un confortable engloutissement dans l’étroite cheminée. Encore 10 mètres et me voilà au relais, non sans fierté, car, entre nous, je n’ai même pas eu peur ! Nate me rejoint après une heure de braillement.
Nous sommes environ à la moitié de la voie et faire demi-tour est maintenant impossible. Je tente d’inhiber mes craintes par ma complicité croissante avec mon partenaire. Il n’y a que lui et moi, ici, personne d’autre ne nous sortira d’affaire. Nous continuons notre escalade, toujours en réversible dans la nuit tombante. Notre lente ascension prend un goût plus épique à chaque longueur. Longueurs Ô combien magiques, dans ce noir et ce silence imperturbable. Je coince mes mains, mes coudes, mes pieds dans la délectation la plus totale.
Je sais que c’est la dernière fois, que demain, une autre aventure commence. Je sais, au fond de moi, ce qu’a coûté d’être ici, que ce moment n’a pas de prix. Nous arrivons au sommet dans la nuit et retrouvons le camping quelque deux heures plus tard, une belle aventure et, surtout, un nouvel ami au compteur.
Heureux d’avoir un océan à traverser pour laisser mon corps récupérer
C’est par où qu’on rentre à la maison ?
Raconté par Seb, Baptiste & Maud
Au vu de la situation ici au Yosemite, mieux vaut ne pas s’attarder : la tête de Kroux, si mignon soit-il quand il gambade en liberté, est mise à prix par les gardiens du Camp 4. En même temps, il est marqué NO PETS un peu partout. Nous avons beau mettre de gros sacs devant les panneaux, les rangers ne sont pas dupes. Seb ne se promène plus sans son camouflage, subtile combinaison casquette-capuche digne d’un dealer de meth de Fresno.
Puis voilà que toute l’équipe se retrouve dans le collimateur de ces protecteurs en uniforme vert du bon touriste américain.
Un feu crépite. Les conversations vont bon train sur notre emplacement du Camp 4 :
- Alors les gars, vous rentrez demain à la maison ?
- Eh ouais, on rentre… Mais la maison est encore loin !
Un retour épique du Yose au Mexique, une préparation caliente du bateau, une traversée houleuse de l’Atlantique… Le chemin jusqu’à la maison est encore long et rempli de surprises !
Le guetto-van étant mis en vente en Californie, notre retour au Yucatan, où Samsara nous
attend, prend la forme d’un marathon de transport en commun rarement égalé. Mais après tout, qu’est-ce que 5 jours non-stop de bus lorsqu’on s’apprête à passer 30 jours sur un bateau de 15 m ?
En voici encore une d’aventure épique : Kroux est transformé en « service-dog » afin d’être autorisé à entrer dans les bus, et nous sommes bien sûr accompagnés de tout notre barda, au minimum trois sacs chacun, et il est pratiquement impossible de se mouvoir d’un moyen de transport à l’autre. Non sans peine (notamment lorsque la supercherie de Kroux se fit démasquer à l’entrée du dernier bus), nous arrivons au port à sec sains et saufs !
Après quelques jours de préparatifs, déjà bien entamés depuis quelques semaines par nos courageux capitaines, nous voilà prêts à partir pour plus d’un mois sur l’eau. Le bateau déborde de vivres, les derniers papiers administratifs ne sont plus qu’un mauvais souvenir et notre némésis, le remplissage des bonbonnes de gaz, s’est réglé à la mexicaine après nous avoir fait courir aux quatre coins de la ville.
Ainsi, nous avons mis les voiles et quitté les terres mexicaines. À bord du Golf Stream Express, nous nous sommes faufilés entre la Floride et les Bahamas. On vient de frôler les Bermudes… direction plein Est vers les Açores ! Et nous voilà à nouveau à la merci du vent : pétole, nous sombrons dans l’impatience ; quand le vent se lève, notre moral rebondit. Sauf que là… le vent ne se lève pas pour rire. 35 – 40 – 45 nœuds de vent, notre canasson
Merci !
Si Samsara et ce projet sont enfin arrivés bon port, en Galice espagnole, c’est grâce aux nombreux supports et soutiens : nos sponsors, les contributeurs de notre crowdfunding, nos parents, nos amis, Bruno et son bateau Samsara, et bien sûr le Club Alpin Belge… Merci à Maud et Loic de nous avoir partagé leur connaissances de navigation et d’avoir réalisé la prouesse de nous ramener tous entiers !
1 – Baptiste prend son pied dans un des nombreux offwidth du Yosemite
2 – Samsara, notre fière embarcation, à l’arrêt en plein milieu de l’Atlantique par jour de pétole.
3 – Maud en action sur un des magnifique bloc de Penoles, au Mexique
4 – Ça chauffe sur les bords de route mexicains… Alors on s’abrite à l’ombre sous le camion, et éventuellement y faire de la mécanique !
5 – Seb concentré sur ses placements de pied dans la 9e longueur du redoutable Dawnwall
6 – L’équipe de Cap sur El Cap en plein shooting photo au beau milieu de l’océan. Mais qui est à la barre ?!?
fait rugir ses voiles et se cabre devant cette houle qui monte. Nos heures de quart, parfois si calmes, se transforment en violente aventure aquatique digne des meilleurs parcs d’attraction. Amateurs de sensations fortes, vous êtes servis : toutes les 5 minutes de puissantes vagues te désarçonnent et te mouillent jusqu’à l’os. Il faut s’agripper fermement à la barre sous peine d’être expulsé par-dessus bord. À l’intérieur, tout se renverse, impossible de cuisiner, les cabines prennent l’eau, nos habits et nos affaires moisissent…
On aurait apparemment rencontré le premier ouragan de la saison. Heureusement pour Samsara, le prénommé Alex était déjà en fin de vie. Puis le vent baisse et tourne… au près… dans un vacarme pas possible ! Une semaine très humide qui passe au ralenti vient s’ajouter aux trois précédentes.
Encore une bonne poignée de jours sous spi, guidés par d’incroyables baleines… et, enfin, des terres colorées, des vieux marins bariolés, du gin qui coule à flot, des tas de rigolos matelots… ce sont bien les Açores !
Notre port d’arrivée « Horta » est un véritable rond-point de la navigation Atlantique et la vue sur l’île d’en face, Pico, est fantastique. Avec le pic le plus haut du Portugal, notre nouveau décor détonne franchement avec le mois de plat que l’on vient de vivre. Après une semaine à terre, nous repartons pour les 900 derniers miles vers la Galice, ce qui semble si court après le chemin que l’on vient de parcourir…
L’histoire d’une folle compétition
NICOLAS COLLIN
L’histoire commence en 2020 lors des championnats d’Europe, je ne le savais pas encore mais cette compétition était sélective pour les jeux mondiaux (World Games) de 2022. Et grâce à mon titre de vice-champion d’Europe d’escalade de difficulté, je gagne mon ticket pour cette compétition dans l’épreuve de difficulté.
12/07
: Acclimatation
11/07
: Début de l’aventure
On se retrouve avec Liselotte Debruyn (coach), Chloé Caulier et Hannes Van Duysen à l’aéroport de Zaventem. On voyagera avec une partie du Team Belgium. La routine des longs vols se met en route (lutte contre le sommeil, déshydratation, visualisations de film, musique, papotages). On arrive fin d’aprèm à Birmingham (Alabama). On s’installe, on partage un petit kot avec Hannes au sein du campus, on mange en équipe dans la cantine du village des athlètes et il est déjà l’heure d’aller se coucher.
Après une bonne nuit de sommeil, il est temps de préparer le corps à travailler dans ce nouveau fuseau horaire. La matinée est dédiée à une séance de fitness. Au programme : mobilité articulaire, proprioception, cardio, gainage et un petit rappel de force. L’après-midi, séance de récupération avec bain froid et massage pour optimiser la forme. C’est ce jour-là que l’organisation de la compétition nous contacte, car il manque un participant pour le bloc. Elle me propose de prendre part à la compétition de bloc qui aura lieu la veille de la compétition de difficulté. J’ai envie de laisser parler ma passion pour l’escalade et la compétition. J’appelle tout de même mon coach Chris, afin de prendre la meilleure décision. On pèse le pour et le contre et très rapidement, on s’accorde pour dire que je participerai également à la compétition de bloc.
13/07 : Entraînement (aiguisage des lames)
Bon, le fitness c’est sympa, mais il est temps de remettre les chaussons et d’user sa peau sur des arquées miteuses.
On se retrouve avec les grimpeurs des autres nations, dans un petit pan. L’émulation est bien
présente, on invente chacun à son tour des blocs plus extrêmes les uns que les autres. Et ça fini en concours de bloc no-foot (bon à ce jeu-là je ne suis pas très avantagé avec mes 72 kg, mais j’arrive à élever mon niveau et pourfendre les arquées du panneau à 45°).
L’après-midi est réservée à la récupération. Avec Hannes, on remplit le bain de gros glaçons, on met une playlist de piano classique et on s’alterne pour 15 minutes d’immersion dans une eau glaciale (contrôle de soi garanti).
14/07 : Le repos du guerrier
La veille de la compétition, j’aime bien libérer mon esprit, ne pas subir la pression de l’événement. Souvent, j’essaie de profiter de ce moment pour explorer les lieux et me vider l’esprit. Du coup, je passe la journée avec Hannes à me balader dans la ville, puis nous rejoignons l’équipe pour assister à la compétition de kickboxing et encourager les athlètes du Team Belgium. (En VIP aux premières loges pour contempler un condensé de testostérone et d’’hémoglobine !).
Le soir, je me recentre sur la compétition du lendemain et je mets en place mes routines en plongeant dans les bras de Morphée.
15/07 : Début des hostilités
Réveil à 6 h 30 : petit-déjeuner de champion et je file vers la zone de compétition (20 min de bus), la musique à fond dans mes oreilles. Un café et c’est parti pour l’échauffement. J’ai de très bonnes sensations, je vole sur le mur. Je mets mon dossard, prépare mon sac et me dirige derrière le mur de compétition.
La compétition commence, et elle commence plutôt mal. 1er bloc : je passe les 5 minutes à essayer de démarrer dans le bloc sans jamais aller toucher la zone. Pas grave, c’est le jeu…, il faut être résilient ; il reste 3 blocs ! Deuxième bloc, on part sur le même délire que le bloc 1 : je ne bouge pas. Je comprends très vite que si je veux passer les qualifications il va falloir que je fasse mieux que ça et dans les 5 dernières secondes j’arrive à aller chercher la zone. Ouf, c’était moins une ! Bloc 3 : je le lis et je vois que celui-là, il est pour moi ! Il y a plein de coincements et placements. Je sors toute ma technicité et j’enchaîne le bloc à quelques secondes de la fin ! Enfin, le 4e et dernier bloc, pas très dur : je le fais à vue en jouant sur mon 1 m 92 d’allonge.
Bilan : 2t3z ; ce n’est pas top mais le scénario fera que je finis 6e des qualifs, soit le dernier qualifié pour les finales.
Maintenant, place à la récupération, car les finales sont dans quelques heures et mon corps subit déjà le contrecoup des qualifs avec en prime une contracture à chaque triceps.
Le repos est de courte durée : 4 h plus tard me voilà de retour dans la zone d’isolement/échauffement. Le format des finales est différent, le temps de repos entre les blocs est allongé ; on a deux minutes pour lire chaque bloc. L’ouverture
Gajda Daniel (IFSC) © 2022 Gajda Daniel (IFSC) © 2022est plus axée sur des mouvements spectaculaires. (Globalement plusieurs points à mon avantage).
À la lecture des blocs, je suis inspiré et trouve toute une série de placements qui vont me permettre d’assurer et perdre moins d’énergie. Je décrypte à la perfection les passages difficiles et garde bien dans ma tête tous ces éléments.
Fin de la lecture. J’ai donc 4 minutes pour me préparer avant le 1er bloc. Je sais qu’il faut être à fond dès la 1re seconde. Je passe 1er car en finale on prend l’ordre inversé des qualifications. Je n’ai rien à perdre et tout à gagner, mais pour ça, va vraiment falloir faire mieux que le matin. Je démarre à fond dans le bloc 1 et le réalise à vue. Je suis comme dans un état d’hypnose. Les sportifs appellent ça le « flow ». Ma concentration est maximale et je suis comme coupé du monde. Je démarre dans le bloc 2 en sachant que je suis 1er après le 1er bloc, personne n’a réussi à faire le bloc 1 au premier essai. Je reste concentré sur
le deuxième bloc. Je démarre dans le bloc, mais tombe au moment d’aller chercher la zone. J’ai bien senti le mouvement, je sais que je vais faire le bloc à condition que je prenne tous les risques dans le jump. J’y vais à fond et j’accroche la zone, puis quelques secondes plus tard c’est le top. Je conserve la 1 re place après ce deuxième bloc. Le bloc 3 est un bloc bien physique. De grands mouvements sur de bons plats en compression. Je mets un premier essai et j’attrape la zone, mais je zippe du pied dans la fin du bloc. Je suis conscient que je peux y arriver au prochain essai, mais je ressens une sensation bizarre dans ma main droite. Un rapide coup d’œil pour constater un petit saignement sous l’ongle de mon index. Je cache bien ma main dans mon sac à magne. Je dois réussir au prochain essai, car la douleur va s’amplifier rapidement et compliquer les choses. Je repars dans le bloc, le couteau (un katana) entre les dents, et atteint le top. Retour à l’isolement… C’est l’occasion de créer l’exploit qui s’offre à moi et je la saisis. Il me suffit de faire le dernier bloc en moins de 3 essais et c’est dans la poche. Ce n’est pas le moment de gamberger.
L’hématome grandit sous mon ongle ; il est impératif de toper au premier passage. Je fais le vide autour de moi et me concentre sur ce dernier bloc. À la lecture, c’était un bloc qui semblait bien me convenir. Je monte sur le tapis et suis plongé dans ma « bulle ». Je contemple le bloc quelques secondes pour confirmer mes repères et m’élance. Je négocie le mouvement dynamique aléatoire du premier coup et me retrouve sur la zone. Il me reste deux mouvements physiques pour aller au top. Je serre les prises du plus fort que je peux et gaine mes abdos tout en mettant une pression maximale sur les pieds. J’arrive sur le top, je ramène, job is done. Je descends du bloc, je suis sur le cul, qu’est ce qui s’est passé ? Je viens de gagner les Jeux Mondiaux devant Kokoro et Ogata, les meilleurs bloqueurs de la planète. Après l’étonnement, place à la joie. Je m’effondre sur les tapis…
< Team Belgium © 2022 Ardennes & Alpes — n°213Je repense à tous les moments difficiles endurés. Derrière cette victoire se cache une montagne de sacrifices, d’échecs, des heures passées dans l’ombre à souffrir. Mais le jeu en valait la chandelle, j’ai enduré, persévéré, je me suis acharné et je peux maintenant savourer cette victoire. Je me reconnecte à la réalité du moment, je sors de cette hypnose. J’aperçois enfin les gens autour de moi. La partie est finie, place à quelques heures de célébrations avant de retourner se préparer pour la compétition du lendemain. En effet, la compétition de difficulté démarre le lendemain et je sais que les courbatures, les blessures et le manque de sommeil seront de la partie.
16/07
6 h : il est l’heure de sortir de mon lit, je n’ai pas vraiment réussi à dormir, direction le petit-déjeuner. Puis même routine : bus et direction la zone d’isolement/échauffement. Je me demande ce que je fais là. Je pourrais prendre des vacances (enfin je dis toujours ça, mais ça fait plus de 10 ans que je n’en ai pas pris). Mais ce n’est pas le cas, je me suis engagé dans cette compétition. Je me mets au défi d’aller donner le meilleur de moi-même, les conditions sont pourries, mais c’est là qu’on
verra si j’ai du caractère ! Je ne m’échauffe quasi pas, car c’est trop douloureux de serrer les prises avec l’hématome sous mon ongle. Je sers fort un tape autour de mon doigt pour inhiber la douleur et je le retirerai juste avant de grimper.
C’est à mon tour dans 2 grimpeurs et je sens que je dois vomir, la chaleur, le syndrome inflammatoire, la douleur, le stress me rendent vraiment malade. Va falloir faire avec, un run de voie c’est maximum 6 minutes ; je peux bien passer au-dessus pour cette courte période. Je démarre dans la voie, ma grimpe est efficace et en 2 minutes j’arrive sur le dernier panneau. Je lutte contre fatigue, je donne tout ce que j’ai et chute à 3 mouvements du top. Je suis exténué, au bout de ma vie. Mais la bonne nouvelle c’est que je suis 3e des qualifications, du coup j’ai la chance de grimper en finale dans quelques heures…
Place à la récupération, mais ce n’est pas très efficace, je touche à ma limite physique.
La finale fut compliquée : une voie hyper exigeante dès le départ. Je n’arrive pas à imposer ma grimpe. Je n’arrive plus à bien serrer les prises et je chute au même endroit que bon nombre d’autres concurrents. Résultat in fine : 6e ! J’espérais mieux, mais je suis allé au bout de mes ressources ; l’objectif est atteint.
Pour conclure, lors de ces jeux mondiaux, la Belgique aura remporté 11 médailles d’or, 4 médailles d’argent et 5 médailles de bronze, ce qui nous place à la 7e place du classement mondial. Pas mal pour notre petit plat pays. Pour ma part, je retourne à l’entraînement, il y a encore plein de grandes échéances à préparer, la saison n’est pas finie.
NICOLAS COLLINRemerciements :
Je voudrais remercier tous ceux qui font partie de mon quotidien et qui partagent avec moi cette aventure : Merci Chris (coach), Xavier (préparateur physique), Jean (préparateur mental), Arius (kiné), Louis et Simon (les meilleurs potes)
Merci à la famille
Merci à mes sponsors pour leurs soutiens : C.A.B. / ABLOC/ Scarpa/ Myléore/ L’ADEPS
Derrière cette victoire se cache une montagne de sacrifices, d’échecs, des heures passées dans l’ombre à souffrir.
Petit tour en Suisse
pour un séminaire sur l’ouverture en paraclimbing
FLORIAN GOURGUE
Cela ne vous aura pas échappé, l’escalade de compétition se développe de plus en plus. Avec son entrée aux Jeux Olympiques, on en parle plus largement et plus fréquemment. Mais il y a un pan entier de l’escalade qui reste encore relativement peu connu et encore plus en Belgique : l’handi-escalade.
On l’entend régulièrement, l’escalade est un sport pour tous. Tous, vraiment tous ? Eh bien, oui ! Figurez-vous que ce n’est pas parce qu’il vous manque la vue que vous ne pouvez pas enchaîner de 8a en falaise (en tête !) ou que vous avez une malformation à la main droite que les 7B de Fontainebleau vous résisteront. Ces deux performances reviennent respectivement à Nicolas Moineau et à Solenne Piret, deux para-athlètes français. Je pourrais également citer Urko Carmona, l’espagnol amputé d’une jambe qui grimpe régulièrement dans le 8 e degré sur les falaise catalanes, et bien d’autres.
Mais rassurez-vous, la Belgique n’est pas en reste, loin de là ! On se souvient des deux titres de championne du monde d’Elodie Orbaen (RP3), des trois victoires en coupe du monde de Pavitra Vandenhoven (RP1) ou encore de la médaille d’or de Frederik Leys (AL2) à Los Angeles en octobre 2021.
décolle pas encore et les athlètes sont souvent trop peu nombreux pour pouvoir organiser des compétitions qui leur sont dédiées. On greffe souvent aux coupes et championnats de Belgique quelques catégories paraclimbing, avec le plus souvent des voies communes et pas spécialement adaptées aux grimpeurs et à leur handicap.
J’ai eu la chance de participer, début juillet, à un séminaire sur l’ouverture des voies de compétitions pour les para-grimpeurs, organisé dans la foulée de la coupe du monde de Villars-sur-Ollon. Le CAS (Club Alpin Suisse), en partenariat avec l’IFSC (Fédération Internationale d’Escalade Sportive), avait prévu deux jours d’ouverture et de discussion dans la salle Grimper.ch d’Echandens près de Lausanne sous la houlette de Christophe Cazin, ouvreur IFSC pour le paraclimbing depuis plusieurs années déjà.
Vous vous êtes sûrement demandé ce que signifiaient ces lettres et ces chiffres que j’ai mis entre parenthèses après les noms de nos para-grimpeurs belges. Eh bien, c’est justement par là que le séminaire a commencé : les catégories parmi lesquelles les para-athlètes sont répartis en fonction de leur handicap. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais on les divise comme suit :
déficience visuelle : B 1, 2 et 3
• amputation supérieure (bras, main) : AU 1, 2 et 3
• amputation inférieure (jambe, pied) : AL 1, 2 et 3
• déficience neurologique et physique : RP 1, 2 et 3
Les ouvreurs qui prenaient part au séminaire venaient de plusieurs pays : Portugal, République tchèque, Danemark, Suisse et enfin, Belgique. Quel meilleur exercice que d’ouvrir une voie à plusieurs pour pouvoir partager les idées et les conseils ?
Après avoir tramé1 notre voie, il a fallu la tester
pour chaque catégorie qui la grimperait. C’est un sacré casse-tête que de modifier les mouvements pour faire en sorte qu’ils soient tous équitables pour un handicap autant du côté droit que du côté gauche. Et bien sûr, sans retirer la complexité et l’intérêt des mouvements que l’on a imaginés au moment de mettre les prises sur le mur.
Comment faire en sorte que les voies pour les personnes en chaise roulante ne soient pas des échelles de bacs, et que les voies pour les personnes malvoyantes sortent de l’ordinaire et soient challenging ? Ce sont entre autres les sujets que nous avons abordés ensemble lors de ce séminaire. Grâce à la présence de para-athlètes autrichiens et canadiens, nous avons pu échanger, entendre leurs avis, leurs ressentis et ainsi enrichir notre pratique d’ouvreurs. Ce moment fut d’autant plus intéressant qu’il est très rare de pouvoir s’offrir ce temps lors des compétitions.
Bien que la Belgique n’est pas la plus au fait dans le domaine du paraclimbing, on constate toutefois une forte volonté de la fédération de s’améliorer sur la question des para-athlètes en formant les ouvreurs, en mettant en lumière cette discipline peu connue et en organisant des compétitions de paraclimbing. La prochaine en date se passera à Sittard, aux Pays-Bas et sera coorganisée par CMBel. Tous les para-athlètes sont les bienvenus, les infos se trouvent sur le site de la NKBV : https://nkbv.nl/actueel/events/ paraclimbing-open-2022.html
FLORIAN GOURGUE1 - Il y a deux étape quand on ouvre une voie ou un bloc : le tramage, qui consiste à poser les prises sur le mur, et le calage, qui consiste à tester et modifier la trame pour la faire fonctionner.
À toute allure
De champion de Belgique à champion d’Europe !
STÉPHANIE GREVESSESacré champion de Belgique de trail début juin, Maximilien Drion (cf. interview dans l’A&A 212) a été sélectionné pour représenter la Belgique au championnat d’Europe le 2 juillet. Après quelques hésitations, il décide d’y participer avec pour ambition de terminer dans le top 10, notamment pour préparer son objectif de l’été, Sierre-Zinal. Deux semaines de préparation pour s’aligner sur un format qui lui était inconnu (47 km et 2 400 m D+- sous le soleil de La Palma), tel était le challenge. Parti dernier, il franchit la ligne d’arrivée seul en tête 3 h 43 après le départ. Un exploit incroyable et inattendu ! Avec une belle plume, il raconte sa préparation, sa course et l’after sur sa page Facebook. Un récit authentique et rempli d’émotions. Foncez le lire sur : facebook.com/ maximilien.drion
STÉPHANIE GREVESSEPaul De Genst
MARIANNE COUPATEZ
Le 20 juillet, le CAB a perdu son membre le plus ancien, Paul De Genst, âgé de 96 ans.
Il a été longtemps un des piliers du CAB et a décrit son parcours dans un article rédigé à 95 ans, qu’il avait intitulé « Mon testament ».
J’espère, par ces quelques extraits, rendre hommage à un homme qui a consacré une partie importante de sa vie à nos associations et qui a tant œuvré à la promotion de nos sports.
« C’est à 5 ans, lors d’un voyage en Suisse avec mes parents, que je découvre les glaciers, les neiges éternelles et la Face Nord de l’EIGER encore invaincue. Ce fut un choc qui me marqua pour la vie. […]
Mes débuts à Freyr
En 1943, Pierre Brichard, un compagnon de mon âge, me propose d’aller grimper à Freyr. En pleine guerre, le train nous déposait à Anseremme munis de notre tente et de notre matériel d’escalade, pour monter à pied au plateau de Freyr. Le camping étant strictement interdit par les Allemands, nous n’allumions aucune lumière.
M’inscrire au CAB
Lorsque en 1946, les voyages à l’étranger deviennent possibles, j’ai voulu m’inscrire au CAB pour faire de l’alpinisme, mais pour cela il me fallait 2 parrains…l’escalade de rochers c’est pour les week-ends, faute de mieux.
Lorsque j’ai eu fait à Freyr, à peu près toutes les voies dont j’étais capable en premier de cordée, je me suis mis à l’escalade artificielle, qui était en vogue à l’époque. Il s’agissait d’escalader les rochers à l’aide de pitons que le premier enfonçait dans des fissures et que le second retirait, là où aucune voie n’était ouverte. […]
Mes courses en montagne
En 1947 étant enfin membre du CAB, je fais ma première course en montagne…
Cette fois je n’abandonnerai plus l’alpinisme qui devient une passion, jusqu’à mes deux dernières courses, faites à 81 ans avec un débutant : l’Index et la Petite Verte. […]
Le camp des Houches
J’ai fréquenté pendant de nombreuses années le camp des Houches, remarquablement tenu par Michel Fagot. […]
Le Monitorat
En 1986, Éric Saintrond organise le stage de TACCONNAZ. Ayant un moniteur défaillant, il me demande de le remplacer, bien que je ne possède aucun brevet. J’accepte malgré mes 60 ans, un âge où la plupart des guides prennent leur retraite. […]
Retour dans les Dolomites
À 70 ans, vu que je commence à sentir mes genoux, je me consacre au rassemblement dans les Dolomites organisé par le CAB Hainaut. […] Sur le plan associatif, j’ai été pendant 35 ans, soit Président, soit Secrétaire du CAB Hainaut. J’ai aussi été pendant de nombreuses années administrateur de la Fédération et du CAB-BAC qui regroupait les membres francophones et des néerlandophones, remplacé ensuite par le CMBEL (Climbing and Mountaineering Belgium) dont je suis membre d’honneur.
Sur le plan culturel, j’ai écrit 55 articles dans la revue Ardennes et Alpes et 150 autres dans le bulletin du CAB-Hainaut. »
Il a aussi pratiqué le ski et la randonnée et guidé des sorties spéléo pour le CAB Hainaut
Quelle belle et longue vie. Paul, j’espère que tu as pu rejoindre Mimi, ton épouse.
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