PARIS RIVE GAUCHE : UNE ZAC D’EXCEPTIONS De Seine Rive Gauche à Paris Rive Gauche
Léa Daumalle Mémoire Sous la direction de Denyse Rodriguez Tomé École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Année 2020-2021
École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Année 2020-2021
PARIS RIVE GAUCHE : UNE ZAC D’EXCEPTIONS
De Seine Rive Gauche à Paris Rive Gauche
Léa Daumalle Mémoire
Sous la direction de Denyse Rodriguez Tomé
ÉTUD. UNIT
SRC
DAUMALLE Léa E0932C - MÉMOIRE 3 - MÉMOIRE INITIATION RECHERCHE RODRIGUEZ TOMÉ D. ROUEFF B. DE.MEM TUT.SEP
20-21 MARCH FI DEM AHD
S09 ARCH
© ENSAL
L’écriture de ce mémoire n’aurait pas eu lieu sans l’intervention de mon entourage professoral et proche.
Mes remerciements s’adressent en premier lieu, à Denyse Rodriguez Tomé, ma directrice de mémoire. Vous qui m’accompagnez depuis quelques années dans cette passion grandissante du Paris 13ème ; Vous qui m’avez laissé la chance de pouvoir traiter de ce sujet qui me tient particulièrement à cœur ; Vous qui m’avez transmis la passion de la recherche ; Je vous remercie infiniment pour le temps que vous m’avez consacré, pour tous les précieux conseils et votre regard éclairé.
Je remercie également Alessandro Panzeri pour ses conseils avisés qui m’ont guidée dans l’élaboration de mon plan.
Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance au Pavillon de l’Arsenal, qui m’a apporté la ressource première de mon mémoire, des découvertes extraordinaires me permettant d’enrichir mes recherches. Je souhaite porter une attention particulière et remercier Antonella Casellato pour son accueil, son accompagnement dans mes premières expériences de recherche en archive, et pour m’avoir fait découvrir en avant-première l’exposition consacrée au projet de Paris Rive Gauche. Je remercie Lucie Prohin pour s’être investie lors de mes courts séjours parisiens, en apportant son aide précieuse au bon déroulement de mes travaux.
Je remercie mes proches qui m’ont encouragée dans ce projet, qui m’ont soutenue dans les diverses étapes jusqu’à la relecture de ce travail ; Celles et ceux qui m’ont accueillie sur Paris pendant mes recherches, qui m’ont partagé leur expérience de la vie parisienne ; Ceux à qui je dois une partie de à l’illustration de mon mémoire.
Je désire enfin remercier infiniment mes amies pour leur bienveillance et leur soutien inestimable dans ce projet qui représente beaucoup.
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Chapitre I — La ZAC Paris Rive Gauche ou la plus grande opération d’urbanisme depuis Haussmann 19
I. Une situation géographique remarquable pour un nouvel aménagement urbain 21
1. Une position stratégique 21
2. Une topographie artificielle 21
3. Un site riche d’histoire 22
II. La ZAC Paris Rive Gauche : un aménagement exceptionnel 25
1. Objet 25
2. Montage de la ZAC 26
a) Lois et documents d’urbanisme 26 b) Administratif 30 c) Financier 31 d) Conception 31
3. Acteurs 35 a) Politique 35 b) Administration 35 c) Financeurs, commanditaires, maitrise d’ouvrage 37 d) Maitrise d’œuvre 37
4. Spécificités 38
III. Chaine entre les acteurs : de la coordination générale à la construction 40
Chapitre II — Paris Rive Gauche : un laboratoire architectural 43
I. La Bibliothèque nationale de France : le point de départ de la ZAC 45
II. Concevoir avec des architectures et des infrastructures déjà présentes sur le site 48
1. Le patrimoine industriel 48
2. Les architectures existantes 50
3. Les infrastructures de transport 53
III. Une exposition architecturale urbaine 54
1. Le néo-libéralisme dans l’architecture 54
Introduction 9
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2. L’avenue de France : une œuvre urbaine des « starchitectes » 59
a) L’avenue 59
b) Les architectures 61
3. Renouer avec la hauteur 64
IV. Le premier éco-quartier de Paris 68
Chapitre III — Comparaison avec d’autres ZAC parisiennes 73
I. La gestion 75
II. Volumétrie et gabarits 77
III. Programmation 79
IV. Les espaces verts 82
V. La trame urbaine 84
Conclusion 87 Lexique 97 Bibliographie 99 Annexes 109
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Introduction
Le 13e arrondissement,
« Un univers hybride et hétéroclite », 1
« Un monde de l’entre deux, celui de l’entre Paris et sa banlieue et de l’entre enceinte des fermiers généraux et de Thiers, aux marges du Paris haussmannien . » 2
Le 13e arrondissement se forme en 1860 lors de l’extension de la ville par le projet de l’enceinte des thiers. Il est alors un des derniers arrondissements de la capitale à se développer. Sa vocation est essentiellement industrielle jusque dans les années 1950, où les activités se délocalisent dans la banlieue Sud de Paris. Alors, le quartier devient le théâtre du nouvel aménagement parisien. Seulement un tiers de ses parcelles sont construites et les terrains que les industries cèdent représentent une ressource foncière indéniable pour un aménagement d’envergure.
Dans ce contexte, 1950 marque le début d’une nouvelle ère de construction : deux grandes périodes de travaux se succèdent le métamorphosant en un nouveau quartier important.
Le conflit de la Seconde Guerre mondiale provoque en France une insuffisance considérable de logements. Cette déficience s’accroit avec le recensement des îlots insalubres et le baby-boom. C’est dans ce cadre que les grands ensembles émergent. Ils marquent le début du renouvellement urbain de Paris. Cette période de construction débute dans les années 1950 et se poursuit de nos jours avec la construction de nombreuses ZAC.
Le 13e arrondissement de Paris se trouve au cœur de ce renouvellement. Dans les années 1960, le Président de la République Charles de Gaulle lance une grande opération urbaine nommée Italie 13. Elle se constitue de trois réalisations ponctuelles de grands ensembles dont celle des Olympiades, ainsi que de tours isolées. Cette urbanisation est portée par la forte croissance économique de 1946-1975 dénommée Trente Glorieuses. Seulement, le choc pétrolier de 1973 ralentit l’économie mondiale et freine les constructions. Parallèlement, des critiques sur les grands ensembles émergent allant jusqu’au rejet des tours et des barres. C’est dans ce contexte que s’éteint la première phase de renouvellement du 13e arrondissement. Après son élection Valery Giscard d’Estaing met un terme aux constructions modernes en vue d’un retour à la ville classique, traditionnelle du paysage parisien. Les années 70 marquent une rupture brutale dans la manière de concevoir et de penser la ville. Une phase de transition s’installe. Elle perdure pendant une vingtaine d’années durant lesquelles les politiques tentent d’imaginer un nouvel aménagement pour le 13e. Les opérations précédentes se concentrent au centre de l’arrondissement. Dès lors, les rives de ce dernier sont délaissées de tout aménagement et ce secteur se place à l’écart de la ville. Dans les années 80, avec l’arrivée du premier Président de la République de gauche, l’État projette un nouveau genre de projets basés sur la culture : parmi eux des candidatures pour l’accueil d’expositions universelles et des jeux olympiques. C’est dans ce contexte culturel que François Mitterrand lance la construction d’un édifice majeur : la très grande bibliothèque. Malgré le changement
1 Ibid 2 11
MOIROUX, Françoise. « Les tours du 13e », Le Moniteur, Dossier, 1er mars 2006.
politique nous remarquons une continuité dans les objectifs : tous les aménagements envisagés sont projetés en vue de redonner dynamisme et grandeur au 13e arrondissement.
En 1989, après 20 ans d’études, une consultation aboutie et lance le projet d’aménagement Seine Rive Gauche en 1991. Cette année marque l’origine de la deuxième phase d’aménagement. Ce nouveau projet urbain inscrit profondément la capitale dans le XXIe siècle. Nous assistons à la naissance d’un nouveau Paris qui diffère du Paris d’Haussmann, apparu au XIXe siècle ou encore du Paris des grands ensembles, de la seconde moitié du XXe siècle. Ce projet met en évidence les principaux critères qui déterminent la pensée de la ville de Paris au XXIe siècle. Il questionne les usages de la ville : avec l’évolution de notre société, la pratique de la ville ne se fait plus comme par le passé. Construire une ZAC est un moyen de pouvoir repenser les espaces en fonction des nouveaux usages et permettre ainsi de la faire évoluer. La considération du patrimoine historique prend une autre ampleur également. Les friches industrielles présentent sur le site sont conservées dans le but d’expérimenter un nouveau genre d’architecture.
Les orientations prises pour la ZAC de Paris Rives Gauche se traduisent à travers des politiques urbaines. Ces politiques évoluent en parallèle de notre société. Elles ne sont pas figées même si certaines orientations peuvent persister. Ainsi, elles correspondent à des périodes données de notre histoire. Les politiques urbaines reflètent les décisions prises par les gouvernants dans le domaine des transformations urbaines. Ainsi, le 13e arrondissement représente à lui seul plusieurs modèles urbains issus de différentes politiques urbaines. Elles permettent de diriger et d’instaurer une stratégie de développement sur un territoire précis. Pour cela elles sont régies par des outils administratifs. Nous convenons donc que les politiques urbaines sont des éléments fondateurs du projet urbain de la ZAC de Paris Rive Gauche. À travers le projet de Paris Rive Gauche, Paris espère se redonner une image moderne et imposante pour entrer dans la course des villes internationales. Les métropoles mondiales sont en pleine expansion. Le renouvellement urbain, lancé dans les années 50, est une opportunité pour lancer des constructions s’inscrivant dans l’époque actuelle et par conséquent faire évoluer la métropole parisienne à travers son temps.
Pour autant, ce projet qui se voulait en adéquation avec le paysage urbain et l’héritage du patrimoine parisien prend une orientation différente. Les architectures et les proportions démesurées procurent à cette ZAC un caractère théâtral et unique, en rupture avec le reste de la ville. En effet, Paris connaît depuis plusieurs décennies un changement de paysage urbain fort, faisant varier les échelles de la ville. Cependant, les gabarits proposés dans Paris Rive Gauche se démarquent encore du reste de la ville, alors pourtant voulu en écho. Paris est une capitale influente mais Paris reste Paris dans ses proportions et les architectes ne peuvent concevoir en harmonie sans prendre en compte cette caractéristique.
À travers cet exposé, nous allons développer par quoi et comment se manifeste ce caractère exceptionnel. Pour cela, nous certifierons que la marge de création de l’architecte dans le projet est en relation avec l’administration et ses programmes ainsi que les règlements mais qu'elle possède aussi des dérogations aux règlements génériques.
Ensuite, nous constaterons que l’hétérogénéité des architectures et des gabarits découlent de différents mouvements architecturaux, de différentes orientations urbaines et de l’implication des maîtrises d’ouvrage privées dans la création architecturale.
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Enfin, en sachant que la ZAC de Paris Rive Gauche se développe sur une superficie inouïe et dans une temporalité longue, nous affirmerons que ces deux critères favorisent une conception séquencée et antagoniste.
Ainsi, à travers ce mémoire, nous allons démontrer à quoi est due l’exemplarité de la ZAC de Paris Rive Gauche en abordant son montage et ses acteurs. Cela nous mène à nous interroger en quoi les éléments analysés permettent, ou non, de mettre en évidence les spécificités qui font d’elle une ZAC exceptionnelle.
Cette problématique générale soulève des sous-questions qui guident notre raisonnement. Avant de développer ses questions, il est nécessaire de bien distinguer trois termes - exceptionnalité, démesure et exceptions - qui conduisent cette réflexion.
L’« exceptionnalité » relève du caractère exceptionnel, c’est-à-dire de la dérogation d’une règle ou d’une procédure standard.
La « démesure » se traduit par la disproportion des architectures et l’outrance des styles architecturaux dans un secteur par rapport à ses alentours.
Par « exceptions » nous entendons les objets architecturaux dans leur totalité : de part la manière dont il est pensé par ses concepteurs, la manière dont il est articulé dans son espace urbain mais aussi la manière dont il est régi par des lois et des documents urbains.
Dans un premier axe, il est nécessaire de comprendre ce qui fait l’exceptionnalité de la ZAC. Pour cela, nous allons aborder en quoi et comment la ZAC de Paris Rive Gauche déroge aux règles architecturales et urbaines de la capitale, mais aussi le degré d’implication de l’administration dans la conception. En effet, le montage de la ZAC débouche sur la création d’une chaîne entre les acteurs où chacun n’a pas la même importance. Ainsi, nous nous questionnerons sur la manière dont les Hommes politiques et les politiques publiques envisagent l’aménagement de cette ZAC, quelles ont été les lignes directrices, les points de départ des constructions et comment sont articulées les architectures entre-elles. Enfin, nous nous interrogerons sur la manière dont la temporalité de la ZAC a joué un rôle particulier dans l’évolution et la démesure de celleci.
Le deuxième volet du travail porte sur la démesure de Paris Rive Gauche. Nous constatons que les villes d’aujourd’hui sont construites sous l’impulsion du système néo-libéral. La maîtrise d’ouvrage privée possède une part beaucoup plus importante dans la réalisation des projets urbains. Ainsi, les architectures qui en découlent semblent être plus influencées par les capitaux privés que par les orientations et les objectifs fixés par les aménageurs. De cette façon, cela nous conduit à penser le rapport entre architectures, architectes, politiques et capitaux privés. La concurrence induite par ce système capitaliste pousse les architectes à concevoir des œuvres en adéquation avec l’évolution de notre société, des avancées technologiques et des problèmes climatiques. Cette nouvelle manière de penser l’architecture se place en opposition avec la ville patrimoniale et historique qu’est Paris. En effet, la démesure de cette ZAC peut s’expliquer tant par le manque de cohérence entre la ville de Paris et ses gabarits que par l’innovation architecturale des œuvres de la ZAC. Cela implique de comprendre comment est assurée la transition urbaine et paysagère. Ce nouveau système de pensée exclut la prise en compte du site dans la conception des architectures et questionne sur le
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rapport au site et à son patrimoine. Paris est une ville forte et de caractère, et les dirigeants doivent défendre une relation avec l’environnement du site pour ne pas perdre l’identité de la ville.
La ZAC de Paris Rive Gauche apparaît comme une opération constituée d’exceptions dans un contexte parisien homogène et cohérent. Pourtant si le 13e est une réserve foncière extraordinaire pour concevoir un projet d’une telle ampleur, d’autres ZAC ont vu le jour dernièrement. Mais qu’en est-il pour les autres ZAC parisiennes et leur schéma de conception (programmation, montage et architectures) ? Répondre à cette interrogation permettra de révéler si la superficie et la temporalité de la ZAC de Paris Rive Gauche sont les seuls vecteurs de l’exceptionnalité et de la démesure de l’aménagement, de mettre en évidence les éléments qui rendent la ZAC plus propice à ce type d’aménagement urbain.
Ces questionnements dessinent un plan général en trois axes et en adéquation avec les interrogations soulevées.
Ainsi, nous allons définir comment se caractérise la ZAC de Paris Rive Gauche en tant qu’entité administrative. Pour cela, nous concentrerons notre recherche sur son histoire, sa position mais aussi son fonctionnement et son organisation.
Dans un second temps, nous allons opérer un travail sur tous les types d’architectures qui la composent. Pour finir, nous analyserons trois autres exemples de ZAC parisiennes, qui nous permettront d’affirmer les résultats obtenus.
Le cloisonnement de ce sujet était primordial dans la compréhension globale.
Le premier axe était de traiter de la ZAC de Paris Rive Gauche et de son hétérogénéité en nous appuyant sur l’ouvrage réalisé par Soline Nivet, Paris Rive Gauche . C'est à travers un large dépouillement d’archives que 3 l’auteur réalise un inventaire sur 30 ans de documents concernant l’aménagement de la ZAC de Paris Rive Gauche. Il nous renseigne sur l’opération urbaine des années 1985 jusqu’en 2016 à travers différents types de documents : concertations architecturales, publicités, grande presse, médias, politiques publiques,… Ainsi, il permet de comprendre le plus largement possible les enjeux de cette ZAC, les problèmes liés aux oppositions et à la conception ainsi que le déroulement des opérations. Un des intérêts majeurs de cet ouvrage est le panorama très large qu’offrent les documents. En effet, nous découvrons les points de vue d’un maximum d’acteurs concernés par cette ZAC et la manière dont ont été partagées les informations avec l’électorat français. En 2019, le Pavillon de l’Arsenal organise une exposition pour célébrer les trente ans du projet de Paris Rive Gauche. Celle-ci expose et met en avant le travail effectué par Soline Nivet dans son ouvrage. L’opportunité et la chance de cette visite à deux reprises dont une fois avec Antonella Casellato, ancienne directrice du centre de documentation du Pavillon de l’Arsenal, m’ont permis de mesurer l’ampleur de ce travail.
Les architectes-coordinateurs ont un rôle majeur ; ils définissent les grandes orientations du projet et donc la cohérence finale. C’est au travers du mémoire de Lim Yoo-Kyoung, « Coordinations architecturales dans les ZAC parisiennes - la régularité urbaine et la liberté architecturale » que j’ai pu approfondir le sujet de la 4 coordination architecturale dans les ZAC. À travers ce mémoire, il était traité la question du rôle du
NIVET, Soline. Paris Rive Gauche. Vol. 1. 1 vol., Paris, Editions du Pavillon de l’Arsenal, 2016. 3
YOO-KYOUNG, Lim. Coordinations architecturales dans les ZAC parisiennes - la régularité urbaine et la liberté architecturale 4 MES, Paris : Ecole d’architecture de Paris-Belleville, 2007.
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coordinateur dans une ZAC et l’influence qu’il possède à l’intérieur de cette dernière. Pour répondre à sa problématique, l’auteur détermine des grilles analytiques et effectue une analyse de documents graphiques. Cette méthode permet de mettre en avant la responsabilité du coordinateur dans la cohérence générale d’une ZAC. Ce dernier se charge de la coordination d’un secteur qui lui est attribué, il pense l’aménagement des îlots, des voiries et des gabarits généraux et créé le plan. Afin de l’élaborer, le coordinateur se base sur des orientations prédéfinies par le PAZ, Plan d’Aménagements des Zones, ou le PLU, Plan Local d’Urbanisme, mis en place par les politiques. Ce document administratif permet de maintenir une orientation générale et une homogénéité entre les différents secteurs qui composent les ZAC. Dans ce mémoire basé sur les ZAC Parisiennes, et où l’exemple de la ZAC Paris Rive Gauche est traité, nous comprenons que son hétérogénéité est due à la souplesse du PAZ qui ne permet pas de maintenir une homogénéité entre les différents secteurs. Ainsi, les orientations architecturales envisagées provoquent des bouleversements architecturaux. Pour autant, si cet élément explique les différences entre les trames urbaines et les gabarits, cela ne permet pas de comprendre le caractère exceptionnel et démesuré de l’architecture.
Un article de Donatien Senly « Paris Rive Gauche. Images, réseaux et financement de l’aménagement. »5 paru dans Les échelles de la ville, développe cette idée. À l’aide de différents articles de presses issus de la revue Le journal de Seine Rive Gauche et d’autres plus généraux, Donatien Senly nous retrace l’histoire de la ZAC. L’auteur nous explique profondément les choix émis par les décideurs du projet, de manière séquencée et thématique. Ainsi, nous explorons tous les aspects du projet, que ce soit son intégration urbaine, sa praticabilité ou son architecture. Dans son article, il fait notamment référence au PAZ établi pour cette ZAC et en fait ressortir cette question des échelles et du dimensionnement de la ZAC et donc sa démesure. À travers cet article qui date de 1999, cette immensité a déjà été relevée, mais reste inexpliquée.
Le sujet de mon travail porte sur les bouleversements architecturaux du 13e arrondissement et plus spécifiquement sur la ZAC de Paris Rive Gauche. Je cherche à comprendre qu’est ce qui fait de cette ZAC un aménagement urbain exceptionnel. Pour répondre à cette question, mon corpus se compose d’une typologie documentaire variée : il englobe autant des architectures réalisées, que des dessins, des illustrations et des textes. Après avoir établi des critères, notamment de localisation et d’impact du projet sur la ZAC, j’ai sélectionné une liste non-exhaustive d’architectures appuyant mes propos.
La Bibliothèque Nationale de France est le point de départ des constructions de la ZAC Paris Rive Gauche.
Le projet découle de l’envie de François Mitterrand d’ériger un dernier grand projet présidentiel. Dominique Perrault conçoit une architecture-objet en verre, simple et minimaliste mais monumentale. Ainsi ses tours rappelant un livre ouvert, se dressent dans le paysage urbain comme des totems.
Le projet Aurore T5B de Kengo Kuma se développe en surplomb du réseau ferré dans le secteur de Tolbiac. L’immeuble se veut être un poumon vert au sein du contexte dense de la ZAC. Il a pour but de devenir une référence dans ce nouveau quartier de la capitale.
Les industries présentent initialement seront conservées et réhabilitées comme la halle aux farines ou l’usine SUDAC qui accueillent le nouveau pôle universitaire.
SENLY, Donatien. « Paris Rive Gauche. Images, réseaux et financement de l’aménagement. » Les échelles de la ville, Les Annales 5 de la recherche urbaine, [en ligne] 1982, mars, no 82@0180-930X, 1, no 82 (1999): 25-35. Consulté le 14/10/2020. https://doi.org/ 10.3406/aru.1999.2220
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Le Monde de Snøhetta, bâtiment pont à la façade très travaillée, s’impose dans son environnement. Les dimensions et le détail de son architecture, le travail de liaison entre la gare et celui-ci et sa position stratégique au début de l’avenue Pierre Mendès-France, lui procure une prestance indéniable et surprenante. Home, le projet de Hamonic + Masson & Associés et Comte Vollenweider, est la première tour d’habitation, d’une hauteur de 50 m, construite à Paris depuis les années 1970.
La Tour de la biodiversité — M6B2, de Édouard Francois possède une architecture étonnante. Sa façade verte est englobée d’une résille de végétation, qui grâce aux vents et à la hauteur de la tour, se sème dans l’environnement proche. Ainsi elle participe pleinement à l’aménagement paysager du quartier et s’inscrit dans le projet écologique de la ville de Paris.
Les tours Duo de Jean Nouvel sont l’un des projets les plus exceptionnel et emblématique de la ZAC. D’une hauteur de 125m pour Duo 2 et 180m pour Duo 1, elles domineront la skyline parisienne. Leurs façades en verre et leurs inclinaisons permettront de réfléchir leur environnement et de créer du dynamisme au point d’orgue de l’avenue de France.
Le projet du lot T10, coordonné par l’Atelier Phileas, se compose de trois bâtiments. L’enjeu de ce projet était de créer une couture entre l’ancien 13e et la ZAC. Si chaque bâtiment possède son identité architecturale, les architectes coordinateurs ont défini des critères afin d’unifier le projet global et ainsi réussir la transition entre les deux secteurs. En parallèle mon corpus se compose de règlements d’urbanisme qui ont permis de coordonner la conception et les constructions dans les secteurs de la ZAC.
La ZAC de Paris Rive Gauche est découpée en quatre secteurs, redivisés pour un total de 9 sous-secteurs. Pour chacun des secteurs, des prescriptions architecturales et urbaines ont été établies par des architectes coordinateurs différents.
Pour coordonner la conception de ces différents secteurs, des plans d’aménagement de zone se sont succédés. Nous comptons trois variantes du PAZ initial, qui ont vu le jour suite à de contestations ou à de nouvelles lois. À travers l’ensemble des plans de 1991, 1993, 1996 et de 2003, nous étudierons les orientations architecturales et urbaines prises pour l’ensemble de la ZAC, mais aussi les évolutions législatives rencontrées au fil des années. C’est à partir de cette source que les architectes coordinateurs ont pu concevoir leurs plans d’aménagement et en conséquent que la ZAC a pu voir le jour.
Mon travail va se porter sur la compréhension de l’aménagement et de la position de la ZAC Paris Rive Gauche par rapport à la ville. Pour se faire, je vais travailler sur différents aspects : administratif, juridique, sémantique, social, historique et architectural.
Dans un premier temps, il va s’agir d’effectuer une analyse historique de la ZAC. Long de 31 ans, le projet a connu des changements majeurs au fil des années. En plus de retracer la chronologie de la ZAC, ce travail va permettre de décomposer le projet en étape afin de travailler plus précisément sur des points. Cette analyse va aussi permettre de restituer le contexte politique, économique et social tout au long de la construction. Pour cela, je vais me baser sur le dépouillement de la presse (internet et archives), mais aussi sur des ouvrages et des travaux scientifiques ainsi qu’une exposition au Pavillon de l’Arsenal, Paris Rive Gauche.
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Histoires et actualités d’un quartier . Une étude photographique va aussi permettre de comprendre les 6 évolutions du chantier de la ZAC Paris Rive Gauche.
Par la suite, il va s’agir de comprendre le fonctionnement de la ZAC sous deux angles : architectural et économique / administratif.
Pour comprendre les architectures de cette ZAC, je vais effectuer une analyse typo-morphologique. C’est au travers des concours, des documents techniques d’architecture, de revues spécialisées, des maisons de projets et d’une analyse sur site que je vais pouvoir obtenir les informations indispensables. Cela va me permettre de connaître les caractéristiques et les spécificités des architectures, la volonté des architectes, mais aussi la demande des commanditaires.
Une d’étude de terrain sera aussi nécessaire pour s’imprégner des lieux et comprendre visuellement le fonctionnement de cette ZAC, seule, par rapport au 13e arrondissement, à la banlieue proche : Ivry-SurSeine, à la ville de Paris et à d’autres projets d’aménagement étrangers.
Le fonctionnement économique et administratif de la ZAC sera analysé à travers des documents émis par la société d’aménagement et les politiques territoriales. Cela va nous dévoiler les singularités qui font de la ZAC un aménagement démesuré et exceptionnel.
Après avoir déterminé les modes de fonctionnement de la ZAC, il va s’agir de comprendre d’un point de vue plus général les origines d’une telle évolution de l’architecture, qui seront observées à travers des travaux scientifiques et des articles.
Ces architectures et l’aménagement de cette ZAC sont régis par des lois et des documents juridiques généraux. Une partie de mon travail consistera donc en l’analyse de ceux-ci. Que les documents soient locaux ou nationaux, leurs impacts ne sont pas moindres sur cette ZAC. L’analyse de ces documents et leurs contextes nous amèneront à comprendre les raisons de ces décisions et les conséquences sur le projet de la ZAC et son esthétique. Ce travail sera donc effectué en parallèle de l’analyse historique ; ces deux points étant liés.
Le projet Paris Rive Gauche se doit de plaire. Suite à l’échec des opérations de grands ensembles, les acteurs du projet ont porté une attention particulière quant à l’acceptation du projet par les habitants. La presse va jouer un grand rôle dans la retranscription des actualités de la ZAC pour le public. Il s’agit de comprendre les points de vue et les positions des différentes presses pour exposer les évolutions et les décisions. Cette analyse sera complétée par un travail de recherche sur les associations suivant le projet, leurs positions et leurs revendications. Le but étant de comprendre le point de vue des habitants sur le projet, et les différentes manières de communiquer les informations notamment à travers les concertations. Enfin, je vais utiliser la méthode de l’analyse typo-morphologique dans d’autres projets urbains que je vais croiser par la suite avec la ZAC de Paris Rive Gauche et ainsi déterminer des points de convergence et de divergence.
La première étude sera effectuée à l’échelle internationale. Elle permettra de comprendre le positionnement de la ville de Paris par rapport à d’autres villes mondiales et leurs quartiers d’affaire. Le premier d’entre eux se trouve à Londres, il s’agit de La City. Bien plus qu’un quartier d’affaires, elle représente le cœur historique de la ville. Ce cas d’étude permet de montrer comment une ville a su se développer internationalement en convoitant architectures patrimoniales et architectures cosmopolites. La deuxième
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Exposition Paris Rive Gauche. Histoires et actualités d’un quartier. Pavillon de l’Arsenal. 12 mars et 19 mai 2019.
étude de cas se trouve à Barcelone dans le quartier mythique du Poblenou et se nomme le 22@. Cette opération s’installe dans un contexte similaire à celle de Paris Rive Gauche. Ces terrains anciennement à vocation industrielle sont aménagés en vue de projeter Barcelone au rang mondial. Mon troisième choix s’est porté sur une ville française en pleine expansion. Il s’agit de la ZAC Bordeaux Saint Jean Belcier issue de l’opération Euratlantique. La ville ne porte pas la même renommée et les mêmes ambitions de développement que Paris, bien que celle-ci soit classée à l’UNESCO. Cependant, nous observons que les architectures qui en découlent et les problématiques suggérées sont semblables à celles de Paris Rive Gauche. Cela nous amène à nous questionner sur l’influence de la France dans les constructions. Enfin le dernier secteur étudié est la Business Bay à Dubaï. Les Émirats Arabes Unis sont en plein essor suite à un développement tardif (fin du XXe). Dépourvus de patrimoine, avec des ressources économiques importantes, les Émirats Arabes Unis et surtout Dubaï se lancent dans une course internationale de constructions où il n’y a pas de limite. La ville semble s’opposer en tout point à Paris, pourtant nous allons voir que certains points de convergences existent.
La deuxième étude sera effectuée sur d’autres ZAC parisiennes présentant des similarités ou des intérêts communs avec la ZAC de Paris Rive Gauche. La première ZAC se situe dans le 17e arrondissement de la capitale. Nommée Clichy-Batignolles, elle s’impose dans la ville en finesse mais a su par ailleurs se démarquer avec l’accueil du nouveau Palais de Justice parisien. La deuxième opération se compose de deux ZAC. Il s’agit des aménagements lancés parallèlement sur la ville de Paris dans le 12e arrondissement et à Charenton-le-Pont. Ces opérations se placent sur la rive droite de la Seine, en face de la ZAC de Paris Rive Gauche. Ainsi, les aménagements sont envisagés dans la continuité de notre opération.
La dernière ZAC se trouve dans la banlieue parisienne, à Boulogne-Billancourt. Il s’agit de la ZAC Île Seguin Rive de Seine. C’est une des premières ZAC qui innove dans la gestion de ses parcelles en utilisant le système du macro-lot. Les opérations sélectionnées, qu’elles soient internationales ou parisiennes, possèdent des caractéristiques qui leur sont propres et d’autres qu’elles partagent. Ainsi, à travers cette analyse croisée, nous allons tenter de comprendre qu’elles sont les composantes qui guident les projets et qu’elles sont les répercussions sur le paysage. Dans un dernier temps, il sera intéressant d’effectuer une analyse sur les photographies et les films mettant en avant la ZAC. Ils nous permettront de comprendre la représentation de la ZAC, de voir quels sont les éléments mis en valeur et caractéristiques de cette opération. Enfin, avec une approche marketing, comment et qu’est-ce que la ZAC permet de vendre ou de représenter.
Ainsi, cette étude permettra de mettre en évidence que la société néo-libérale influence considérablement nos constructions depuis le début du XXIe siècle. Dorénavant les architectures agissent comme des symboles publicitaires qui mettent en avant un parti pris ou un aménageur. Les opérations s’émancipent des mises en gardes des coordinateurs de l’époque pour former un nouveau paysage urbain en écho avec notre société, ressemblant à ceux des opérations voisines mais exceptionnelles face à la ville historique et patrimoniale qu’est Paris.
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CHAPITRE I — La ZAC Paris Rive Gauche ou la plus grande opération d’urbanisme depuis Haussmann
Cette première partie aborde l’exceptionnalité du projet de la ZAC par le biais de son histoire, de son organisation et de son fonctionnement.
La ZAC s’introduit dans un contexte urbain et historique unique. De par son ampleur, elle se place comme la plus grande opération d’urbanisme de Paris depuis les grands travaux d’Haussmann. En comparant cette nouvelle opération d'urbanisme à celle du préfet, les pouvoirs publics et la grande presse sous-entendent un prestige inégalé. Ce prestige est notamment influencé par sa spatialité. Elle implique de concevoir d'une manière différente dans l'intention de répondre aux attentes. Ainsi, nous allons voir comment cette opération tente de penser un aménagement cohérent dans un territoire hors du commun.
I. Une situation géographique remarquable pour un nouvel aménagement urbain
1. Une position stratégique
Le projet d’'aménagement se développe sur une superficie de 130 hectares, une chance inédite dans la capitale où les réserves foncières se font de plus en plus rare. Elle s’installe dans le 13e arrondissement de Paris, au sud-est de la capitale. Sa position est exceptionnelle : elle est délimitée par la Seine sur 2,8km, la rue du Chevaleret, la Place Valhubert et Ivry-sur-Seine. Elle se place comme une des nouvelles entrées de la capitale, proche de tout type de transports : Aéroport d’Orly, Gare de Lyon, Gare de Bercy, Gare d’Austerlitz.
Sa superficie exemplaire permet ainsi la réalisation de travaux d’exceptions en vue de répondre à des objectifs bien précis de la capitale française. Lors du démarrage de la construction elle se compose de terrains vagues où pratiquement seules les activités de la SNCF et du Port de Paris perdurent.
2. Une topographie artificielle
L’est du 13e arrondissement s’inscrit sur le versant d’une colline en pente douce. Son point le plus haut se situe au niveau de la place d’Italie, au croisement de l’avenue d’Ivry et du boulevard Masséna. Il culmine à 60m au-dessus du niveau ville de paris (NVP). La pente qui en découle croise la rue Chevaleret, à 35m NVP et se poursuit jusqu'à la rive de la Seine, à 30m NVP (Annexe. 1 ; Fig. 1). Cette zone située entre la rue du Chevaleret et la rive de la Seine est nommée plaine basse dû à son léger dénivelé. C’est dans ce secteur que s’inscrit l’opération d’urbanisme Paris Rive Gauche.
La projection de cet aménagement tend progressivement à modifier la topographie afin d’accueillir les infrastructures de transports ferrés mais aussi pour le développement des quais. En conséquent, le terrain a considérablement évolué depuis son origine : un plateau logé entre 7m et 10m au-dessus du réseau ferré sert de base aux constructions de la ZAC. Ainsi, l'avenue de France se situe entre 39 et 44m NVP et descend aux 7 quais de Seine par une pente douce. A contrario, la rupture de niveau entre la rue du Chevaleret, point le plus
PAZ
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(2003)
bas, et l’avenue de France est brutale : des escaliers permettent la transition entre les deux niveaux (Annexe. 1 ; Fig. 2).
En outre, les travaux de rehaussement engagés dans la ZAC permettent de limiter le risque d'inondation. Originellement, les quais se trouvaient entre 30m et 33m NVP. Lors de la crue centennale (1910), le niveau de l'eau est monté jusqu’à 34,5m NVP, débordant ainsi sur le site.
3. Un site riche d’histoire
Le 13e est un des derniers arrondissements de Paris à s’être développé. Il est créé début 1860, lors de l’extension de la capitale jusqu’aux fortifications de Thiers, annexant en partie ou en totalité les communes avoisinantes. Il regroupe notamment quelques parties de l’ancien 12e arrondissement de Paris, d’Ivry (PetitIvry) et de Gentilly (Petit-Gentilly). Ancien quartier industriel et artisanal, il accueille la première usine automobile créée par Panhard et Levassor, l’usine à air comprimé SUDAC mais aussi la raffinerie de sucre Say, la chocolaterie Lombart, des ateliers de constructions, de menuiseries, de tanneries et bien d’autres. Sa population est majoritairement ouvrière jusque dans les années 1950. À cette période, seulement un tiers du quartier est construit.
Les besoins engendrés par l’après-guerre, le baby-boom et la permanence après-guerre des îlots insalubres définis à Paris en 1904 , poussent les dirigeants français à mettre en place une politique de grands ensembles 8 en vue de répondre à la nécessité de relogement. L’industrialisation naissante permet d’innover dans les modes de constructions : construire vite et moins cher. C’est sous l’impulsion de la IVe République que naissent les grands ensembles.
Après la délocalisation des usines dans la banlieue sud de Paris, Charles de Gaulle lance, en 1960 dans le 13e arrondissement, une grande opération de table rase et de reconstruction urbaine nommée Italie 13. L’opération se base sur le principe des villes à l’américaine étudié par Michel Holley, collaborateur de l’architecte en charge Raymond Lopez. Elle se compose de trois secteurs d’urbanisation ainsi que de quelques tours isolées.
En 1959, les politiques rédigent le PUD, plan d’urbanisation directeur, appliqué dès 1961. Après avoir testé la véracité de ce modèle d’architecture, le PUD est validé en 1967. L’opération des Olympiades en est le symbole. Elle débute en 1969. Cette même année, Georges Pompidou, ancien Premier ministre de De Gaulle, lui succède à la présidence. De droite gaulliste tout comme son prédécesseur, il poursuit les orientations d’urbanisation engagées sous l’ancien septennat. L’architecture de cette période est portée par la forte croissance économique mondiale de 1946-1975, appelée Trente glorieuses.
Seulement, en 1973, le choc pétrolier vient ralentir l’économie mondiale, et donc, l’économie française. Les constructions engagées sont freinées et des contestations apparaissent face à cette architecture « de points et de lignes », qualifiée d’inhumaine. Tandis que certains pointent le manque d’équipement, d’autres rejettent le changement de population, car si à travers les Olympiades et ses logements sociaux, les politiques souhaitent instaurer une mixité sociale dans le quartier, les autres opérations de logement sont privées. L’exode des
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FIJALKOW, Yankel. La Construction des îlots insalubres. Paris 1850-1945. Paris, L'Harmattan, 1997. p.274.
classes populaires et moyennes, n’ayant plus les moyens d’habiter le quartier, engendre à moyen terme une gentrification du quartier fortement critiquée.
En 1974, Valéry Giscard d’Estaing, politiquement de centre-droit libéral, remporte les élections présidentielles et passe au pouvoir. Il fonde sa politique sur une plus grande écoute de la population. Il s’inspire notamment de la circulaire du 6 avril 1973 d’Olivier Guichard, ministre de l'équipement et du logement du gouvernement antérieur, « ni tours ni barres » et met un terme aux constructions de grandes 9 hauteurs en vue d’un retour à une ville classique traditionnelle du paysage parisien. Le PUD a permis de s’émanciper des réglementations traditionnelles. Dans cette ère de rénovation urbaine, les architectes reprennent le pouvoir sur leurs créations et entraînent une rupture brutale avec l’environnement parisien.
Cependant, le retour à la ville imposé par Giscard d’Estaing marque un premier bouleversement politique et architectural.
Dans les années 70, le PUD est revu en POS, Plan d’orientation des sols. Ce changement de nom renforce le changement de courant politique.
Dans la même année, Valery Giscard d’Estaing réinstalle la mairie de Paris et en 1977, Jacques Chirac, son ancien Premier ministre est élu à la tête de l’Hôtel de Ville. En 1976, il crée l’entité administrative de Paris et la nomme Région Île-de-France. Désormais, les projets architecturaux sont gérés par la région et la municipalité et non plus par l’Etat.
En 1977, la mairie de Paris crée le SDAU, schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme, afin de définir les orientations d’urbanisme de la ville de Paris. Il est élaboré par l’APUR, Atelier Parisien d’urbanisme, fondé le 3 juillet 1967 par le Conseil de Paris. L’APUR va notamment réfléchir à un nouvel aménagement du 13e arrondissement dans le but de redynamiser le secteur. Dans cette logique, un premier aménagement rassemblant les rives du 12e et du 13e arrondissement est envisagé par les politiques. Cette opération portera le nom de réaménagement de l’Est parisien. Seulement, si les terrains de part et d’autre de la Seine appartiennent à la SNCF, seuls ceux sur la rive droite seront légués à l’Etat. Ainsi, les deux zones se sont développées inégalement. Tandis que le 12e arrondissement voit la ZAC de Bercy se construire, le 13e arrondissement se contente de petites opérations urbaines isolées. C’est en 1981, après l’élection de François Mitterrand, premier président de gauche de la Ve République, que l’aménagement de la rive gauche du 13e arrondissement va prendre une nouvelle tournure. Celui-ci met en avant dans sa politique la culture. Ainsi, il propose en 1981 la candidature de Paris à une exposition universelle pour 1989 . Seulement, Jacques Chirac, maire de Paris et adversaire de François Mitterrand, va 10 s’y opposer, son coût serait trop élevé et causerait trop de perturbations pour la ville. En parallèle, l’APUR travaille sur un plan d’aménagement de l’Est de Paris. Il est proposé en 1983. Cependant, en 1984, l’Etat tente de présenter la candidature de Paris pour les Jeux olympiques de 1992, mais celle-ci est refusée. Après cet échec, l’APUR lance, en 1987, une consultation pour l’aménagement du secteur Rive Gauche puis une nouvelle en 1988, après la fermeture de l’usine SERNAM. Cette même année, la SNCF cède des terrains qui vont agrandir le secteur d’Austerlitz. La ville de Paris imagine alors un « super » quartier d’affaires. Il aura
GUICHARD, Olivier. « Circulaire du 21 mars 1973 relative aux formes d'urbanisation dites « grands ensembles» et à la lutte contre 9 la ségrégation sociale par l’habitat. » Journal Officiel, le 5 avril 1973.
PATIES, Félix. « L'exposition universelle à Paris pour 1989 annulée », François Mitterand – Le verbe et l’image, INA. [en ligne] 10 Consulté le 23/04/2020, URL : https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00305/l-exposition-universelle-a-paris-pour-1989annulee.html
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pour enjeu de placer Paris au rang de l’économie mondiale. En parallèle, la municipalité cède 7 hectares de terrain pour édifier un pôle culturel souhaité par Mitterrand : la Très Grande Bibliothèque. En 1989, une nouvelle consultation est lancée par l’APUR. C’est durant cette année que le projet de Paris Rive Gauche, nommé Seine Rive Gauche voit le jour. Un an après, les grandes orientations sont fixées et en 1991, le projet de la ZAC est accepté par le Conseil de Paris et la SEMAPA est désignée comme aménageur. Depuis l’annexion de ses terrains à la ville de Paris en 1860, le 13e arrondissement représente une réserve foncière des plus importantes pour le développement de la capitale. Ses terrains inexploités ont permis d’envisager des plans d’urbanisation de grandes ampleurs. Pourtant, les intentions architecturales n’ont pas toujours été comprises. Ainsi, suite aux changements et conflits politiques dix-sept années ont été nécessaires à la ville de Paris pour élaborer un nouveau plan d’aménagement. À travers le projet de Paris Rive Gauche, Paris espère se redonner une image moderne et imposante pour entrer dans la course des villes internationales. Pour autant, ce projet qui se voulait en adéquation avec le paysage urbain et l’héritage du patrimoine parisien va prendre une orientation différente. Les architectures et les proportions démesurées procurent à cette ZAC un caractère théâtral et unique en rupture avec le reste de la ville.
Depuis sa création le 13e arrondissement connait de fortes transformations. Cependant le secteur de la ZAC connait des évolutions mineures qui tendent à le domestiquer. Ce n'est que dans les années 90 que les constructions s’accélèrent.
Originairement, le site est rural. Seul l’hôpital de la Salpêtrière, construit en 1656 en retrait des rives dû au caractère inondable, compose le paysage. C’est durant le XIXe siècle qu'il se densifie.
Avant 1789, les parcelles étaient la propriété des abbayes de Saint-Victor et de Saint-Marcel . Seulement, la 11 Révolution Française amène la vente des terrains au titre de biens nationaux à des paysans pour combler les dettes de l’Etat, en vertu du décret du 2 novembre 178912
En 1830, l’Etat projette l'enceinte des Thiers (opération débutée en 1841). Dans ce contexte, le secteur intègre la ville de Paris et en 1840 l’entreprise des chemins de fer d’Orléans acquiert les terrains. Cet achat génère une forte industrialisation sur les parcelles vides : en une vingtaine d’années, les terrains voient se construire la grande halle d’Austerlitz, la gare de Tolbiac, les magasins généraux, la SERNAM et la Halle aux marchandises . Ces installations poussent les pouvoirs publics à aménager des voies de circulation et 13 des ponts pour fluidifier les déplacements. Se succèdent de nouvelles usines comme la SUDAC. Le site continue de s'industrialiser mais les secteurs de l'industrie se diversifient. Seulement, au cours du XXe siècle, le territoire est en déclin : les industries se délocalisent dans la banlieue Sud de Paris. C’est dans ce contexte que les politiques envisagent à partir des années 70 un plan 14 d’aménagement en vue de redynamiser le secteur.
Au nord de la ZAC, au niveau de la gare d'Austerlitz se trouve l’empreinte de l’ancien lit de la Bièvre. Au début du XIXe, cette dernière se jette dans la Seine au niveau de la première gare d’Austerlitz édifiée en
PAZ 2003 p.30 11
« Décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation ». Wikipédia. [en ligne] Consulté le 07/02/2021. URL : https:// 12 fr.wikipedia.org/wiki/Décret_des_biens_du_clergé_mis_à_la_disposition_de_la_Nation
PAZ 2003 p.30 13
BASTIÉ, Jean. La croissance de la banlieue parisienne. Presses universitaires de France, 1964. p.624. 14
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1840. Dès le XIe siècle, elle s'impose comme une ressource majeure dans la capitale permettant le développement d’activités autour de l’eau. Mais la pollution des sols liée aux industries et l’apparition de l’hygiéniste au XIXe siècle poussent au recouvrement de la Bièvre. De nos jours, devenue égout, elle trouve sa finalité dans la station d'épuration d’Archères et non plus dans la Seine. Un projet de restauration de cette rivière naturelle est imaginé dans les années 2000 en vue de restituer certaines portions dans Paris.
L'opération de la ZAC était l’occasion de remanier le site en vue d’en faire un site idéal pour l'accueil de nouvelles infrastructures. Si ces modifications ont notamment permis de réduire certains risques, on observe que le terrain devient un artéfact effaçant certaines traces du passé de Paris. Si les dimensions de la ZAC sont inédites et rares, on observe que l’exceptionnalité de l'opération s’explique aussi par cet aménagement d'envergure de terrain ainsi que par son artificialité : on ne remanie pas tous les terrains des ZAC de la sorte.
II. La ZAC Paris Rive Gauche : un aménagement exceptionnel
1. Objet
La ZAC de Paris Rive Gauche est née à la suite d’une concertation en 1989, dans le but de développer le Sud-Est de Paris. Si initialement le projet a été accepté en 1991 par la ville de Paris, en 1993 il est remis en cause par l’opposition et ce n’est qu’en 1995 que les travaux débutent. En 1996 la ZAC « Seine Rive Gauche » de son nom initial est rebaptisée « Paris Rive Gauche ». La date provisoire de livraison est fixée pour 2025.
La ZAC avait pour objectifs premiers de rééquilibrer le secteur tertiaire entre l’ouest et l’est de Paris, de redynamiser le 13e arrondissement et d’élever la capitale au rang mondial. Au fil des années, les objectifs se sont affinés. Ainsi la nouvelle ZAC doit servir au développement de « la mixité urbaine et sociale en rééquilibrant notamment la part du logement social et des logements étudiants », au renfort de « la fonction 15 universitaire et intégrer l'université dans la ville » et de « la fonction de pôle d'emplois diversifiés. À côté 16 des grands sièges sociaux, en augmentant les surfaces destinées aux activités liées à la recherche, à l'artisanat, aux PME et PMI », à la faveur de « la conservation du patrimoine et l'affirmation d'un projet 17 culturel », à la création d’un « environnement exemplaire en augmentant la surface d'espaces verts de 18 quartier propices au développement de la vie sociale », au renfort des « circulations douces et les transports 19
« Les objectifs » Paris Rive Gauche. [en ligne] Consulté le 14/02/2021. URL : http://www.parisrivegauche.com/Le-projet-urbain/ 15 Les-objectifs
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Ibid. 16 Ibid 17 Ibid. 18 Ibid 19
collectifs » et à l’amélioration des « " coutures " avec les tissus environnants : ancien 13e arrondissement et 20 Ivry-sur-Seine ». 21
2. Montage de la ZAC
a) Lois et documents d’urbanisme
Le projet de Paris Rive Gauche est né à travers une procédure de ZAC : Zone d’aménagement concerté. Les ZAC sont des outils d’aménagement du territoire. Ces opérations publiques sont créées à l’initiative de l’État, d’un établissement public ou d’une collectivité publique. Son initiative est donc exclusivement publique, pour autant, son aménageur peut être privé. En effet, les terrains acquis par l’organisme public sont cédés à des aménageurs publics, privés ou issus d’une société d’économie mixte, ce qui est le cas de la ZAC de Paris Rive Gauche.
Un des premiers documents qui fonde l’opération se trouve être un traité de concession d’aménagement. Il s’agit d’un contrat de délégation signé entre un concédant à l’initiative de l'aménagement urbain et un concessionnaire public pour la réalisation du projet, dans notre cas la Ville de Paris et la SEMAPA, aménageur de l’opération. Ce traité instaure les obligations des deux parties et les généralités du contrat (durée, objet, spécificité,…) Ainsi, le concessionnaire a pour missions de réaliser la maitrise d'ouvrage des travaux et les études nécessaires à l’exécution des documents et constructions, l'acquisition des biens utiles à l’élaboration du projet, la vente des terrains, etc. Ce contrat est établi par les articles du code de l’urbanisme L. 300-4 à L. 300-5-1 et R. 300-4 à R. 300-13.
La ZAC est réglementée par le décret 73-1022 1973-11-08 JORF 13 novembre 1973, issu du chapitre Ier du code l’urbanisme : Zones d'aménagement concerté (Articles L311-1 à L311-8). Les articles qui composent cette loi ont connu des modifications à travers les époques visant à la préciser. Dans la majeure partie des articles qui compose le Chapitre Ier - Zones d'aménagement concerté (Articles L311), nous observons un bouleversement suite à la modification des textes à la date de 2001. En effet, ceuxci prennent généralement une tournure bien différente : il n’est pas question de modifier des composants des articles mais de les réécrire. Ces changements interviennent à la suite de la création de la loi SRU (13 décembre 2000). Son impact dans le domaine de l'aménagement urbain n'est pas moindre puisqu’elle modifie considérablement l’utilisation des documents d’urbanisme dans les ZAC. Cependant, les modifications n'ont pas toutes concernées la ZAC. En effet, les articles modifiés en 2001 concernant la création de la ZAC (L311-1) n’ont aucun impact, celle-ci étant validée en 1991. L’article L311-4 est partagé : si une première partie de celui-ci est modifié en 2001, il n’aura aucune répercussion sur la ZAC, tandis qu’une seconde partie, concernant le financement de constructions publiques, ajoutée en 2001, s’intègre dans le montage financier de la ZAC. Enfin on observe d’autres articles comme le L311-6, qui a entièrement été remanié pour devenir l’article actuel avec quelques modifications mineures. En l’occurrence, cet article vise à durcir la réglementation. Il impose la création d’un cahier des charges pour chaque parcelle régissant les
Ibid., p. 25 20
Ibid., p. 25 21
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constructions. À l’inverse, la loi initiale n’imposait pas de limite. Cette règle appliquée dans le projet de Paris Rive Gauche permet, à partir de 2001, de réguler les constructions dans la ZAC en imposant des contraintes dans le but d’unifier le paysage entre les parcelles. Parallèlement, la ZAC a bénéficié de dispenses à certaines règles. C’est le cas de l’article L311-7 qui vise à intégrer les PAZ dans les plans locaux d’urbanisme, en se basant sur le chapitre III du titre II du livre Ier de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000.
Ainsi, si certains articles malgré leurs modifications n’ont pas provoqué de transformations majeures dans la ZAC, d’autres ont abouti à des changements dans la manière de gérer la ZAC et ses terrains. Les impacts sur la ZAC varient selon différents critères. Selon l’avancée de la ZAC dans sa construction et en fonction de la nature de l’article, celui-ci aura plus ou moins d’impact sur le projet. Ensuite, la ZAC étant le résultat d’une longue réflexion entre les politiques, il se devait être plus aisé de conserver l’application de certaines lois en vigueur afin de ne pas bousculer la gestion de la ZAC et de ralentir le procédé de conception. L’intégration du PAZ de la ZAC dans les documents d’urbanismes locaux représente un long travail qui aurait mis en stand-by les constructions. Il a probablement été plus simple de conserver ce type de document à titre exceptionnel pour ne pas faire perdurer les travaux encore trop longtemps.
Les ZAC assurent des opérations d’aménagement de grande envergure. Ainsi, cet outil facilite la concertation entre les différents acteurs publics et les capitaux privés.
La procédure de création de ZAC se déroule en quatre étapes. La première consiste à réaliser des études urbaines préalables et des concertations avec les citoyens concernés par le projet. Durant la seconde phase, la collectivité en charge du projet, ici le préfet, établie un bilan de la concertation et crée officiellement l’entité de la ZAC. S’ensuit la réalisation du projet. La collectivité en charge du projet approuve le dossier de réalisation choisi par l’aménageur. Enfin, les terrains sont viabilisés pour être vendus et ainsi faire débuter les constructions.
Le projet de ZAC est établi autour d’un programme précis. Il répond à des documents d’urbanisme mis en place par les collectivités. C’est en 1976, que l’article de loi no 76-1285 oblige les ZAC à s’adapter au SDAU en vigueur (schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme). Pour autant, les ZAC peuvent posséder leur propre document d’urbanisme : le Plan d’aménagement de zone. Mais en 2000, la loi SRU supprime l’utilisation du PAZ, au profit de l’intégration des règles d’aménagement des ZAC dans le PLU pour une meilleure intégration dans le territoire. Pour autant, la ZAC de Paris Rive Gauche déroge à cette règle et conserve son PAZ.
Le 30 décembre 1967, la loi d’orientation foncière est adoptée. Elle permet la création de nouveaux documents d’urbanismes tels que le POS et le SDAU, mais elle crée surtout lune nouvelle procédure d’aménagement du territoire : les ZAC. Ce changement de nom marque une rupture avec celle développée au début de la seconde moitié du XXe
En 1959, les politiques créent les ZUP (zone à urbaniser par priorité). Cette procédure administrative d’opération d’urbanisme vise à concevoir de nouveaux quartiers pour répondre à la forte demande de logements de l’époque. Si leur objectif principal visait à combler le manque d’habitat, les ZUP ont aussi permis la création de bâtiments nécessaires à la vie quotidienne, comme les commerces et les équipements. C’est dans ce contexte que sont nées les architectures de tours et de barres, nommées plus communément
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grands ensembles dont est issue l’opération urbaine d’envergure Italie 13 . Suite au rejet de ses 22 aménagements urbains, les ZUP sont vouées à disparaître. En effet leur architecture, et la mixité sociale qu’elles représentent vont pousser les politiques à remplacer les ZUP par les ZAC. Ainsi, dès 1969, il ne sera plus possible de créer des ZUP. Celles-ci seront soit éteintes, comme Italie 13, soit transformées en un autre outil d’aménagement du territoire comme la ZAC. C’est donc grâce à la Loi LOF que la ZAC de Paris Rive Gauche a pu être conçue. Pour autant, elle a 23 connu des modifications au cours des années notamment lors de la création de la loi SRU, en 2001, qui transforme le POS en PLU et le SDAU en SCoT
Ainsi, la ZAC de Paris Rive Gauche est réglementée par un Plan d’aménagement de zone.
Le PAZ est un document d’urbanisme français créé dans le contexte d’un aménagement de ZAC. Il permet de réglementer les droits d’utilisation de sols. Il comporte un rapport de présentation, des documents graphiques, un règlement, des annexes. Ce contenu est semblable à celui des POS et PLU que nous connaissons aujourd’hui.
Le PAZ de la ZAC a subi plusieurs modifications depuis sa création.
Le premier PAZ voit le jour en 1990. Il permet de fixer les grandes orientations du projet : la couverture des voies ferrées entre la gare et boulevard périphérique, le type de programme le long de l’avenue de France (tertiaire), il contraint les immeubles à des hauteurs maximales (en bord de Seine, une hauteur de 24 m tandis que ceux côté avenue, 35 m), il intègre le projet de la BnF, seule construction verticale présagée, au projet et il divise le terrain de la ZAC en trois secteurs.
En 1993, le tribunal administratif de Paris annule le PAZ pour cause de manque d’espaces verts et contraint les aménageurs à des modifications.
En 1996, le PAZ est modifié pour laisser place à sa nouvelle version : augmentation des espaces verts, mise en valeur du patrimoine, abandon de certains projets d’infrastructures comme la voie souterraine sous les quais de la Seine et la traversée routière de la halle de la Gare d’Austerlitz.
En 2003, le PAZ est une troisième fois modifié. Les politiques souhaitent alors faire de la ZAC de Paris Rive Gauche, un quartier vivant, diversifié dans ses programmes avec une architecture de taille humaine, sans tour ni barre. Ce troisième PAZ base ses objectifs d’aménagement sur deux axes principaux. Il s’agit de poursuivre certaines orientations engagées précédemment comme le rééquilibrage des bureaux entre l’est et l’ouest parisien, la création d’un quartier mixe et équilibré, la liaison harmonieuse entre l’ancien 13e et les nouveaux quartiers de la ZAC ainsi que de pallier le manque de logements dans l’arrondissement. Par ailleurs, la modification du PAZ permet l’ajout de nouvelles orientations. Ainsi, l’opération vise dorénavant à favoriser des modes de transports doux, à la création d’un environnement de vie exemplaire, à la conservation et la reconversion des éléments les plus importants du patrimoine industriel et l’affirmation d’une identité culturelle, à l’implantation d’un pôle universitaire d’excellence, à la prise en compte d’une logique de développement durable et au renforcement des liens avec la ville d’Ivry-sur-Seine. Par ailleurs, elle revoit certains objectifs initiaux notamment le rééquilibrage des programmes pour répondre à une
DAUMALLE, Léa. Paris XIIIe : Les bouleversements architecturaux durant les années 1960-1990, Rodriguez Tomé Denyse (dir.), 22 Rapport d’étude en architecture, ENSA Lyon / Université de Lyon, Soutenue le 09 mai 2019.
Loi d’orientation foncière adoptée par le sénat en 1967. Elle fixe les grandes règles d’aménagement et d’urbanisme.
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meilleure mixité d’usage et contenter l’opinion sans pour autant oublier de procurer à cette ZAC un rôle majeur pour l’emploi dans le 13e arrondissement et dans Paris.
Au fil des années, les objectifs de la ZAC augmentent. Cette hausse explique certaines diversités architecturales notamment celles liées au développement durable. Les modifications successives créent des ruptures dans les orientations architecturales envisagées durant les différentes périodes. Ainsi, nous comprenons que la temporalité du projet joue un rôle dans l’exceptionnalité des architectures : elle génère une hétérogénéité liée aux décisions d’aménagement successives.
La ZAC insère ces objectifs en corrélation avec le SDRIF (schéma directeur de la région Ile-de-France). Le premier document est rédigé en 1965 et est dénommé Schéma d’aménagement et d'urbanisme de la région de Paris (SDAURP). Ce dernier est régulièrement révisé permettant de s’adapter aux évolutions de la région parisienne (1976 : SDAURIF, 1994 : SDRIF, 2008 : nouvelle révision du SDRIF acceptée, 2012 : nouveau SDRIF nommé : Objectif : Île-de-France 2030). À partir de 1995, l’État intervient dorénavant dans la réalisation des SDRIF en vertu de la loi du 4 février 1995 portant sur l'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.
Le SDRIF est un document d'urbanisme et d’aménagement territoriale qui régit la destination générale d’un territoire donné : détermination des extensions urbaines des villes, réduction la disparité spatiale économique et sociale, développement des offres de déplacement et préservation des espaces ruraux. Île-de-France est la seule région française à maintenir ce type de document (arrêt à la suite de la loi SRU). Par ailleurs, il existe d’autres types de document d’une échelle plus petite qui se réfère aux orientations du SDRIF dans leurs réglementations. Nous comptons le PLU à l’échelle de la commune et le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) à l’échelle intercommunale. Cependant, dans le cadre de la création de ZAC et plus particulièrement celui de la ZAC de Paris Rive Gauche qui conserve ce document d’urbanisme, le PAZ doit également prendre en compte les directions du SDRIF dans sa conception. En l’occurrence, dans le cas de la ZAC Paris Rive Gauche, le PAZ remplace le PLU de Paris. Il permet notamment la préservation du patrimoine de qualité du site.
La réglementation de la ZAC évolue en parallèle de la création et la modification de lois en France. En 2000, l’état met en place le plan U3M « universités du 3e millénaire ». Avec cette réforme, la superficie des parcelles dans le secteur Masséna, dédié à accueillir un pôle universitaire, augmente. Une autre loi structurante du projet est la mise en place de la loi SRU. Cette réforme fixe un nombre de logements sociaux dans les villes, et vise à rétablir un équilibre entre celles-ci. Paris fait partie des villes en déficience. La ZAC et ses terrains libres à la construction sont donc propices à l’accueil potentiel de logements sociaux. La ZAC fait alors l’objet d’une nouvelle étude pour combler ce manque. Lors de son arrivée à la tête de l’hôtel de ville, Bertrand Delanoë, élu socialiste, lance une politique de rééquilibrage entre les logements et les bureaux dans la capitale. Depuis un certain nombre d’années, il est dénoncé un trop fort engouement pour la construction de bureaux en ville. Ainsi, à l’écoute de l’électorat, le maire socialiste lance des appels à projet pour repenser la ville.
Ces réformes mènent à la modification du PAZ en 2003. Elle vise à changer une partie de la destination des programmes. Il ne sera plus question de 900 000 m² de bureaux mais 700 000 m². Les logements passent ainsi de 4 200 initialement prévus à 5 200. Quant à la surface des terrains du pôle universitaire, la surface
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passe de 130 000 m² à 210 000 m². Le projet de modification du PAZ de la ZAC est accueilli favorablement par la plupart des 24 élus lors du conseil et notamment par l’opposition, bien que l’objectif initial de rééquilibrer les bureaux entre l’ouest et l’est parisien ait été revu à la baisse.
Les constructions sont aussi régies par des lois, notamment celles issues de la commande publique. Le 12 juillet 1985 est voté une loi relative à la maitrise d’ouvrage public, dénommée loi MOP. Elle est un des documents français des plus importants qui encadre le droit de la construction publique. Elle impose à la maitrise d’ouvrage unique la gestion du projet par une maitrise d’œuvre privée. Ce critère est fondamental pour l’application de la loi.
Si les politiques publiques sont à l’initiative de certaines architectures, le travail est réparti avec un intervenant privé pour un partenariat entre le public et le privé.
b) Administratif
Initialement, la ZAC de Paris Rive Gauche est gérée par une SEM, société d’économie mixte nommée la SEMAPA. Elle est créée en 1985 sous la loi n°83-597 du 7 juillet 1983 relative aux sociétés d'économie mixte. Sa réglementation est établie par l’article L1521-1 du code général des collectivités territoriales et 24 l’article L2225-1 du code du commerce. Les SEM permettent de réaliser des opérations d’aménagement 25 telles que des ZAC, la construction ou l’exploitation de bâtiments publics industriels ou commerciaux, ainsi que tout autre type d’activités d’intérêt général.
Seulement, en avril 2012, le statut juridique de la ZAC change pour devenir une SPLA, c’est-à-dire une société publique locale d’aménagement. L’acronyme de la SEMAPA évolue également pour devenir : Société d’étude, de maîtrise d’ouvrage et d’aménagement parisienne et non plus Société d’économie mixte de Paris. À l’instar de la SEM qui se compose de capitaux publics et privés, la SPLA, société anonyme est exclusivement publique et détenue par au moins deux collectivités. Ainsi, ce changement de régime juridique permet à la SEMAPA de s'inscrire dans une règlementation en correspondance avec son statut : elle est constituée uniquement de capitaux issus des collectivités territoriales (Ville de Paris à 92 % et Région Île-deFrance à 8 %). Les SPLA sont créées le 13 juillet 2006 par la loi n° 2006-872. Elles sont essentiellement régies par l’article L327-1 du code de l’urbanisme et par le livre II du code de commerce. Par ailleurs, les missions réalisées par la SPLA sont semblables à celles de la SEM : aménager une opération urbaine, réaliser des études préalables, acquérir du foncier… Ainsi, mis à part les capitaux, les différences restent mineures et n’influencent pas pleinement sur la société d’aménagement de la ZAC.
La SEMAPA s’entoure d'une équipe pluridisciplinaire afin de réaliser ses missions d’aménagement. Celle-ci est dirigée par un conseil d’administration public : il se compose du président de la SEMAPA, Jérôme Coumet également maire du 13e arrondissement, d’une directrice générale, Sandrine Morey mais aussi d’un conseiller régional et de représentants de la Ville de Paris : un élu du 13e arrondissement et délégué à la
Code général des collectivités territoriales. Chapitre Ier : Objet (Article L1521-1). Art L1521-1. URL : https:// 24 www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000006389507/2012-06-14/
Code de commerce. Chapitre V : Des sociétés anonymes. (Articles L225-1 à L225-270). Art L225-1. URL : https:// 25 www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000042339625/
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résilience et aux enjeux climatiques, une élue du 11e arrondissement et déléguée à l'égalité, aux droits et à l'économie sociale et solidaire, une élue du 13e arrondissement et déléguée à la Petite enfance et aux familles, un autre élu du 13e arrondissement et adjoint à la Maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale, du maire du 20e arrondissement et d’un dernier élu du 13e arrondissement.
c) Financier
Le financement de l’opération s’effectue selon deux moyens.
Le premier type concerne la commande publique. Elle se traduit par des contrats passés entre des acteurs publics et d’autres acteurs des domaines compétents. Parmi ces types de contrats nous comptons les marchés publics, les délégations de services publics et les contrats de partenariat public/privé. Ils sont régis par trois piliers principaux : la liberté d’accès à la commande publique pour tous, peu importe la taille et le statut des candidats, l’égalité de traitement entre tous et la transparence des procédures, c’est à dire la détermination et la publication des règles dans la procédure avant le lancement de la consultation. L’enjeu d’un financement public est important dans des opérations d’envergure de la taille de la ZAC de Paris Rive Gauche. Les architectures issues de la commande publique sont le reflet de l’Etat et des orientations prises. Ainsi, les résultats émergents dans la ZAC de Paris Rive Gauche donnent de la visibilité et témoignent des actions des politiques pour s’ancrer dans des problématiques actuelles. Elles renvoient également un symbole de pouvoir aux usagers en soulignant la présence de l’Etat dans la ville. L’opération ne pouvant être entièrement lancée par la commande publique, il est nécessaire de faire appel à un deuxième type de financement. Pour cela, les aménageurs se tournent vers des capitaux privés. Ils sont des sociétés ou des entreprises privées dirigées par des organisations non gouvernementales ou par un nombre très restreint d’actionnaires publics. Ainsi, ils n’interagissent pas dans les marchés boursiers, ils procèdent à des échanges ou des ventes d’actions dans un cadre privé.
d) Conception
Lors d’une opération d’aménagement, le terrain issu de la division foncière d’une ZAC se nomme îlot. Ce dernier est divisé en plusieurs parties : des macro-lots. C’est une modalité de production à la fois publique et privée qui permet de réaliser des constructions sur site, en faisant intervenir différentes maitrises d’œuvre. C’est là l'une des spécificités majeures de ce type de montage : les architectures hétéroclites, les maîtres d’ouvrages et les architectes se mêlent pour concevoir ensemble un paysage urbain. Même si un coordinateur dicte les grandes orientations, on observe une grande disparité architecturale et urbaine qui laisse place in fine à une mosaïque d’architectures sans lien.
Le macro-lot permet la construction d’architectures répondant aux problématiques écologiques, de densité tout en étant financées par des capitaux privés ou publics. Ce système est en pleine expansion depuis le début du XXIe siècle. Pourtant il connaît ses limites. Pour ne pas créer de blocs monotones, assimilés aux barres des années 70, les concepteurs imaginent des architectures avec des hauteurs variables afin de casser la skyline. Cela génère des architectures d’apparence diverses mais avec des programmes identiques. En effet, les programmes s’articulent toujours de la même manière : un rez-de-chaussée commercial, des programmes
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de logements ou de tertiaire sur les étages supérieurs et une toiture végétalisée . Ce schéma voue à penser 26 les villes comme des duplications où leur identité n’est plus respectée. Ainsi, le macro-lot aboutit à concevoir un paysage urbain dirigé par l’économie.
La ZAC de Paris Rive Gauche est immense. Il était difficile de penser un aménagement urbain d’un seul tenant. Ainsi, les acteurs l’ont divisé en différents secteurs et sous-secteurs. Ils ont pour but de faciliter et d’équilibrer la coordination de la ZAC, d’échelonner les constructions dans le temps et de repartir les programmes par thématique. Cette organisation a généré des quartiers au sein de la ZAC (Annexe. 2).
Nous comptons compte quatre grands secteurs : Austerlitz, Tolbiac, Masséna et Bruneseau. Cependant, nous trouvons deux autres secteurs d’aménagement moins évident. Il s’agit des bords de Seine et des axes de circulation.
Le secteur Austerlitz est le premier secteur de la ZAC : il est l’entrée de l’opération, en lien direct avec les autres quartiers de la capitale comme le 13e et le 5e. Il se compose de trois sous-secteurs. Le premier est celui d’Austerlitz-Gare. Situé à l’extrémité ouest du projet, adjacent au quartier Latin, il est de forme triangulaire et d’une superficie de 12,8 hectares. Pour cet aménagement, le projet prévoit une restructuration et une dynamisation du secteur, avec comme épicentre la gare d’Austerlitz. Le deuxième sous-secteur est AusterlitzNord. De forme triangulaire également, il est délimité par l'avenue Pierre-Mendès-France, le quai d'Austerlitz et le boulevard Vincent-Auriol. Déjà construit avant l’opération de la ZAC, certains immeubles sont conservés et d’autres reconstruits. Son aménagement se clôt notamment avec la réhabilitation de l’îlot Fulton. En parallèle, il est envisagé des constructions d’immeubles de bureaux, accueillant de grandes entreprises. Ce type de programme est favorisé dû à la proximité avec la gare d’Austerlitz. Le dernier soussecteur se nomme Austerlitz-Sud. Composé en bande, les terrains se succèdent au-dessus de l’emprise ferroviaire (Annexe. 4 ; Fig. 2). Il se situe le long de l’avenue Pierre-Mendès-France, entre le boulevard Vincent-Auriol et le pont Charles-de-Gaulle. Sur cette partie, cinq immeubles de taille moyenne sont bâtis. Reichen et Robert & Associés, architectes coordinateurs du secteur, et de Jacqueline Osty, paysagiste, pensent alors une composition urbaine aérée et fractionnée. Cette nouvelle composition s’oppose en tout point aux caractéristiques de la composition haussmannienne qui tend à être régulière dans ses gabarits et hauteurs. Le deuxième secteur de la ZAC est celui de Tolbiac. Dans le prolongement d’Austerlitz, il est le premier secteur de l’opération à être aménagé. Il se divise de deux sous-secteurs. Le premier, TolbiacChevaleret, se situe entre l’avenue de France et la rue Chevaleret. Il fait le lien entre le nouveau et l’ancien quartier. Sa parcelle longitudinale est traversée par plusieurs petites artères qui lui procurent une forme particulière. Sa topographie aussi est originale. Sa partie Est surplombe les voies ferrées tandis que sa partie ouest, avec la halle Freyssinet se situe en contre-bas. Ainsi, nous pouvons diviser ce secteur en trois parties. Une première bande de construction (logements, activités, bureaux), une seconde bande non-constructible, aménagée en promenade (promenade Claude-Lévi-Strauss), et enfin une dernière avec la Halle Freyssinet transformée en station F. Le deuxième sous-secteur, Tolbiac Nord, se situe entre la Seine et l’avenue de France. Il accueille le programme exceptionnel souhaité par le président de la République François Mitterrand : la Bibliothèque nationale de France (achevée en 1995). Le secteur de Tolbiac-Nord prend forme
DAVOINE, Gilles. « Jacques Lucan "Le macrolot est devenu en France la pensée unique de l’urbanisme" ». Le moniteur. 26 14/01/2013. [en ligne] Consulté le 06/02/2021. URL : https://www.lemoniteur.fr/article/jacques-lucan-le-macrolot-est-devenu-enfrance-la-pensee-unique-de-l-urbanisme.485129
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dès 1996 de part et d'autre de l’édifice. Il est le premier secteur à être programmé et se trouve être le premier secteur achevé. Il se compose essentiellement de logements (quartier résidentiel calme), et de deux jardins : James Joyce et Georges Duhamel. Les logements du secteur Tolbiac-Nord sont dédiés au social. Cependant, le secteur comporte plusieurs immeubles de bureaux avec notamment des sièges sociaux qui s’y sont installés ( CDC-Ixis, Accenture…). Autour du parvis de la Bibliothèque nationale de France s’est aussi installé un complexe cinématographique MK2 (Cité de l’image et du son, dessinée par Jean-Michel Wilmotte et Frédéric Namur) composé d'un multiplex (Annexe. 4 ; Fig. 5). Le secteur Masséna est en pleine expansion. Il doit notamment sa renommée à Christian de Portzamparc et son concept d’îlots ouverts. C’est dans le sous-secteur Masséna-Nord que l’architecte-coordinateur met en place son concept. Le quartier est étudiant car une grande partie de ses parcelles est dédiée au nouveau site universitaire de Paris. Les industries présentent initialement ont été conservées, réhabilitées et agrandies pour accueillir les universités. Ces écoles s’entremêlent avec de nombreux programmes de logements, de bureaux et de commerces. Une grande liberté d’expression a été laissée aux architectes pour les immeubles, dans les limites prédéfinies par l’architecte-coordinateur. Masséna-Nord fait partie des secteurs qui vont accueillir des programmes innovants, souhaités par l’appel à projets de la maire de Paris « Réinventer Paris » dont le projet Algo’Rythm (initialement In vivo). Le deuxième sous-secteur, Masséna-Chevaleret, se place dans le prolongement de Tolbiac-Chevaleret. Il fait face à la même contrainte de topographie. Il a fallu trouver des solutions innovantes pour relier le sol naturel de la rue du Chevaleret à la dalle de couverture des voies ferrées, située à 8m de hauteur. Pour se faire, Bruno Fortier base son plan d’aménagement sur la perméabilité entre espaces publics et privés, l’alternance des volumétries des bâtis (ce qui permet de mettre en scène le cœur d’îlot) et un socle mono-matériau (en pierre Buxy) qui sert de soutènement aux bâtiments et permet la liaison entre les deux niveaux. Si Masséna-Nord est terminé, ce secteur est en cours de construction. Le dernier secteur de la ZAC se trouve être Bruneseau. Ajouté à l’aménagement urbain bien plus tard que les trois précédents, il s’impose comme le nouvel écoquartier de la capitale. Les aménageurs décident de couper ce secteur en deux portions. Sa première, Bruneseau Nord, permettra de faire le lien entre Paris et Ivry-surSeine. Aujourd’hui très peu habité et très peu connu, il va devenir un quartier parisien où les habitants, passants, employés et étudiants créeront une nouvelle dynamique. La possibilité de la mutation de ce secteur reposait sur la restructuration de l’échangeur du quai d’Ivry. La reconfiguration des bretelles d'entrée et de sortie du périphérique a permis de libérer les terrains nécessaires à l'urbanisation du site. Ainsi, il pourra accueillir des logements, des bureaux, des équipements publics, des commerces et activités ainsi que des jardins. Ce secteur est devenu le nouveau terrain d’expérimentation des architectes. En 2002, la mairie de Paris accepte de reconstruire en hauteur notamment, suite au projet d’aménagement d’Yves Lyon pour le secteur Masséna-Bruneseau. Depuis, redivisé en deux secteurs, le secteur Bruneseau va tout de même accueillir des tours pouvant culminer jusqu’à 180 m de haut pour les bureaux et 50 m pour les logements. Le deuxième sous-secteur, Bruneseau-Sud se situe entre le boulevard du Général-Jean-Simon, l'avenue de la Porte de Vitry et les voies ferrées. C’est une zone de pleine terre occupée par les ateliers de maintenance des trains Corail de la SNCF. Dans le futur, les trains vont être changés pour des rames automotrices. Ainsi l’emprise libérée pourra être urbanisée sans difficulté, dans la continuité du quartier Bédier. Ce secteur est aujourd'hui à l’étude.
Les bords de Seine ont été pensés comme un aménagement indépendant des autres secteurs de la ZAC. L’aménagement des quais du 13e s’inscrit dans une logique de redynamisation liée aux réaménagements du
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Port Autonome de Paris et des ports de la Gare, Austerlitz et National. Le premier projet s’inscrit sur le port de la Gare, situé entre le pont de Bercy et le pont de Tolbiac. Depuis, la piscine flottante Joséphine-Baker et l'ouverture de la passerelle piétonne Simone-de-Beauvoir, en face de la BnF, participent pleinement au dynamisme des berges. Le second aménagement se situe entre le pont de Tolbiac et le pont National. Il concerne le port de Tolbiac. Le secteur accueille des infrastructures industrielles servant au transport fluvial. Elles seront rénovées afin de répondre à des normes strictes de qualité environnementale (meilleure insertion architecturale, réduction des émissions de poussière et du bruit). 50% de l’espace public sera redonné aux promeneurs des quais hors des moments d’exploitation. Le projet d’Austerlitz sera aussi réhabilité avec des Docks en Seine et la gare. Il sera question de prolonger la promenade des quais jusqu’au jardin Tino Rossi. Les Docks en Seine sont issus d’un projet de reconversion des magasins généraux en lieu de valorisation de création de la mode et du design français. L’architecture de ce projet est un mélange audacieux et respectueux de l’histoire industrielle du lieu et de l’architecture contemporaine de notre époque. Depuis 2008 se trouve l’Institut français de la mode ainsi que des espaces accueillant des expositions dédiées à la mode et au design, des restaurants, brasseries, commerces, services et le musée des arts ludiques. Le dernier aménagement de la ZAC est constitué des axes de circulations. Il se compose de différents types d’axes : des mineurs et des majeurs. Les axes majeurs ont suscité un aménagement particulier effectué par des architectes-coordinateurs. En effet par leur prestance, les aménageurs se doivent de penser un aménagement reflétant l’importance et la prestance souhaité par ces artères. Elles sont des espaces publics partagés, des lieux de vie, de partage où les flux transitoires et les usagers se rencontrent.
L’axe le plus important de la ZAC est l’avenue de France. Elle se veut être la nouvelle artère majeure de la capitale. Elle relie la gare d’Austerlitz au boulevard des Maréchaux. Elle est l’axe centrale de l’opération de la ZAC Paris Rive Gauche. Toutes les rues du 13e arr, qui descendent vers la Seine la chevauche. Une grande place est dédiée aux circulations douces grâce à de larges trottoirs ainsi qu’un terre-plein central. La partie de l'avenue comprise entre le pont Charles-de-Gaulle et le boulevard Vincent-Auriol est rebaptisée avenue Pierre-Mendès-France en 2002.
Le deuxième axe majeur de l’opération est la rue du Chevaleret. Elle doit son importance à sa position : elle est l'une des limites de l’opération qui la sépare du 13e originel. Ainsi, son aménagement a suscité une attention particulière. En effet il existe un important dénivelé dû aux voies ferrées. Cette artère doit pourvoir créer une « couture » entre le quartier originel et le nouveau. Les architectes lancent alors des travaux d’élargissement de la voie, la bordent d’immeubles et de jardins sur ses deux côtés. Elle retrouve une fonction primaire dans le quartier en devenant la liaison entre « ancien » et nouveau ; répondant à l’objectif de Paris Rive Gauche d’intégrer le nouveau dans l’ancien.
La conception de la ZAC est pensée en cohérence avec des documents d’urbanisme et réglementation de la ville de Paris. Ainsi, la ZAC répond au contrat de Plan Etat Région de 2000-2006. Ce plan est instauré dans le cadre de la reconquête sociale des espaces déqualifiés de la couronne parisienne. La ZAC est aussi pensée avec les PLU de la ville de Paris et d’Ivry-sur-Seine. Bien qu’elle ne soit pas inscrite dans le PLU de Paris, elle tend cependant à concevoir en lien avec les orientations prises autour. Enfin, la ville d’Ivry lance dans les années 2000 un plan d’aménagement. Dans sa logique d’adaptation au territoire, la ZAC pense sa conception en lien avec ce plan.
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Plusieurs critères rentrent en compte pour penser une cohérence globale dans la ZAC. Les politiques ont donc établi une stratégie sur trois échelles différentes : à l’échelle de la ville proche, de la ZAC et de la parcelle. Si cette stratégie devait permettre de penser une conception en cohésion avec le territoire, d’autres critères entres en compte et vont faire différer la ZAC du reste du paysage.
3. Acteurs
a) Politique
Dans ce projet, on observe différentes interventions de politiques à des échelons variés et à des époques distinctes.
Le projet de la ZAC est à l’initiative de la tête de l’Hôtel de Ville, Jacques Chirac (1977-1989). Il découle du projet de redynamisation de l'Est parisien. Si le projet est né en 1989, d’autres projets au préalable ont été envisagés. La gestion n’a pas toujours été laissée à l’hôtel de ville. Ce n’est qu’en 1977, avec l’élection de Jacques Chirac à la mairie que le président Valery Giscard d’Estaing se dédouane des projets de Zones d’aménagement concerté et l’administre à la ville.
Cependant, on observe toujours une implication de la part de l’état dans le projet. Il est notamment intervenu dans les années 90 pour la construction de la très grande bibliothèque souhaitée par le président de la République François Mitterrand ou lors de la construction d'université . L’État intervient plus 27 spécifiquement lors des évolutions ou des créations de lois. On compte parmi elles le plan U3M ou la loi SRU mises en place en 2000.
La région Île-de-France participe au projet de la ZAC à travers la société d’aménagement.
b) Administration
Par administration, nous entendons ici un ensemble de personnes morales et physiques qui accomplissent des tâches précisent au sein du projet de la ZAC de Paris Rive Gauche. Nous distinguons deux catégories : la première se compose d’acteurs issus du secteur public tandis que la deuxième se constitue du public concerné par le projet de la ZAC de Paris Rive Gauche.
L’acteur principal de ce projet est l’aménageur désigné, c’est à dire la SEMAPA. Elle assure des missions tout au long de l’aménagement urbain. Elle est un des organes essentiels du projet. En effet, dès le début, la société réalise des études urbaines, architecturales, paysagères et environnementales permettant de créer les règlements qui définissent les orientations programmatiques, urbaines et architecturales. Dans un deuxième temps elle gère la viabilisation des terrains à céder ainsi que les consultations pour la vente des droits à construire à des promoteurs publics et privés. Lorsque la commande est publique, la SEMAPA prend aussi pour rôle l’aménagement des espaces et la réalisation des ouvrages. D’un point de vue plus général, elle assure la coordination de l’ensemble des réalisations de la ZAC et la gestion financière des opérations. En
Code de l’éducation. Chapitre II : Dispositions communes aux établissements publics. (Articles L762-1 à L762-3). Art. L762-2. 27 URL : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000036432954/
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tant qu’aménageur, elle accompagne tous les acteurs de la construction tout au long du processus d’aménagement : de la conception à la livraison. Enfin, le rôle de la SEMAPA ne se limite pas aux acteurs du projet puisqu’elle a pour rôle de communiquer les informations auprès du public concerné. En effet, la concertation est un des fondamentaux d’un projet urbain, elle permet la transmission des informations et d’échanger avec les associations locales et les habitants pour espérer une entente générale sur le projet et éviter les désaccords. Pour réaliser ses missions, la SEMPA s’entoure de professionnels de l’aménagement : architectes, urbanistes, ingénieurs, techniciens, chargés de développement immobiliers, financiers, juristes, et bien d’autres).
Pour la création cette opération urbaine, la SEMAPA s’entoure de partenaires. Ils offrent à l’aménageur un appui opérationnel. Dans les années 90, la SNCF et le port de Paris possèdent la grande majorité des terrains de la ZAC. C’est grâce à leurs cessions que la ville acquiert les espaces nécessaires à la construction de ce nouvel aménagement. Par la suite, leur collaboration perdure puisque l’opération prévoit la réhabilitation de leurs infrastructures (les docks anciennement appelés magasins généraux et la gare d’Austerlitz). Ainsi, ces organismes participent aux financements de l’aménagement. D'autres partenaires publics s’intègrent au projet tels que l’APHP de Paris, la RATP mais aussi l’université Paris-7.
La deuxième partie de l’administration liée au projet se compose essentiellement de citoyen. On distingue deux types d’organisations. Le premier type est les Conseils de Quartiers. Ce sont des structures constituées d’habitants d’un quartier. Ces conseils sont régis par la loi du 27 février 2002 , nommée loi Vaillant, issue du code général des 28 collectivités territoriales. Elle porte sur la démocratie de proximité. Les villes de plus de 80 000 habitants sont dans l’obligation de concevoir des conseils de quartier. Ils visent à relayer des informations entre la municipalité et la population concernée sans pour autant représenter une des parties. Ils sont notamment sollicités par les acteurs publics dans des projets d’aménagement urbain comme la ZAC de Paris Rive Gauche. Dans la ZAC de Paris Rive Gauche nous en comptons trois : celui d’Austerlitz-Salpêtrière, Bibliothèque-Jeanne-d’Arc et Patay-Masséna.
Le deuxième type est les associations. Avec la construction du projet de la ZAC, plusieurs associations ont vu le jour. Elles sont nées à la suite de contestation dans le but de défendre un intérêt. On observe des associations plus ou moins actives dans le projet. Ada 13 est la plus connue d’entre elles, qui se compose d’habitants du 13e arrondissement. Elle est créée en 1964 des militants des membre d’autres associations de cet arrondissement. Cette association s’implique activement dans les projets du 13e arrondissement pour veiller à conserver une bonne qualité de vie. Ainsi, ses membres se répartissent dans d’autres organismes en vue d’avoir une action des plus larges : nous les retrouvons dans des Conseils de Quartier, au CICA, ainsi que dans le Comité Permanent de Concertation de la ZAC Paris Rive Gauche. Pour permettre aux riverains de suivre leurs actions et l’actualité d’un quartier, ils rédigent des publications et se consacrent à l’édition d’une revue trimestrielle, nommée ABC 13. Une deuxième association qui a joué un rôle majeur lors de la concertation de la ZAC se trouve être Tam-Tam. Elle est née en avril 1990 pour défendre un projet écologique en adéquation avec les volontés des habitants. Cette pensée est née en opposition avec le plan
Code général des collectivités territoriales. Chapitre III : Participation des habitants à la vie locale (Articles L2143-1 à L2143-4). 28 Art L. 2143-1. URL : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070633/LEGISCTA000006164885? init=true&page=1&query=L. +2143-1%C2%A0&searchField=ALL&tab_selection=all&anchor=LEGIARTI000028640661#LEGIARTI000028640661
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« tout béton » souhaité dans ces années-là par les aménageurs de la ZAC de Paris Rive Gauche. Depuis, cette association effectue de nombreuses actions sur le terrain en vue de défendre des points de vue des habitants face aux décisions et orientations prises dans la ZAC, allant même jusqu’à des procédures judiciaires. En effet, en 1993, ils rendent possible le rejet du plan d’aménagement de zone validé en 1991 par l’hôtel de ville et demandent le rajout d’espaces verts supplémentaires. Ils ont participé dans les années 2000 au rééquilibrage programmatique entre les bureaux et les logements mais aussi au rejet du projet d’installation du Tribunal de grande instance de Paris sur le site de la halle Freyssinet. Ils se sont aussi battus contre la campagne de tours émergentes dans Paris dans le but de favoriser une architecture en adéquation avec le territoire. Pour mener à bien leurs actions, comme l’association Ada 13, l’association est membre du Comité permanent de Concertation de Paris Rive Gauche, l’Odyssée Lutece, Aparis13 et Vivre le nouveau XIIIe. On observe d’autres associations plus petites qui rassemblent des habitants de rues ou de quartiers comme l’ALFBF (Amicale des Locataires des rues Fulton, Bellièvre et Edmond Flamand), l’ALSF (Association des Locataires du Site des Frigos), l’APLD 91 Quai de la Gare, l’Association 13 O’QUAI.
En parallèle, on trouve des associations beaucoup plus grandes avec un intérêt municipal voire national. Nous pouvons citer notamment Autre-13 (une partie de l’Association des Usagers des Transports), l’Association Les Droits du Piéton, la Plateforme des associations parisiennes d’habitants, SOS Paris, la SPPEF (Société pour la Protection des Paysages & de l'Esthétique de la France).
c) Financeurs, commanditaires, maitrise d’ouvrage
La maîtrise d’ouvrage de la ZAC est exclusivement publique. Elle est commanditée par la mairie de Paris, la mairie du 13e, la RATP, la Région Île-de-France et l’État. Pour autant son financement se base sur une économie mixte. Le secteur privé et le secteur public se partagent équitablement le financement de l’opération.
Si le secteur public décide des grands aménagements de la ZAC (espaces verts, voiries, tracés urbains, réseaux…) les parcelles sont cédées à des investisseurs. Des banques et des promoteurs immobiliers tels que CDG Habitat, Hertel, BDP Marignan, Altaréa Cogedim, Ogic, Ivanhoé Cambrige/Hines, Paris-Habitat, RIVP, et Linkcity commandent aux architectes un bâtiment et un programme. Cependant, le secteur public conserve la création de bâtiments d’intérêts publics tels que les équipements de quartiers (écoles, crèches, collège, gymnases…) ou les bâtiments d’intérêts nationaux (grande bibliothèque, universités).
d) Maitrise d’œuvre
L’équipe de maîtrise d’œuvre rassemble des corps de métier divers nécessaires à la conception et l’élaboration de l’opération d’aménagement. On observe plusieurs équipes de maîtrise d’œuvre dans le projet. Elles varient en fonction des étapes du projet.
Une première maîtrise d’œuvre s’organise pour la conception du projet globale de la ZAC. Elle se compose d’architectes-coordinateurs qui s’associent à des collaborateurs.
Les architectes-coordinateurs ont la charge d’un sous-secteur de la ZAC. Leur travail consiste à définir des règles urbaines qui guident les architectes dans la création des architectures futures du site. Pour le secteur Austerlitz, on compte trois équipes d’architectes coordinateurs : Austerlitz Nord coordonné par Christian
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Devillers, Austerlitz Sud par Reichen et Robert et Austerlitz Gare par les architectes AREP, Jean-Marie Duthilleul et AJN. Le Secteur Tolbiac se compose du sous-secteur Tolbiac Nord-Grande Bibliothèque coordonnée par Roland Schweitzer et de Tolbiac-Chevaleret agencé par Pierre Gangnet. Masséna se constitue de deux sous-secteurs : Masséna Nord ordonné par Christian de Portzamparc et Masséna-Chevaleret par l’équipe Bruno Fortier, Jean-Thierry Bloch et Ateliers Lion & Associés. Le dernier secteur de la ZAC, Bruneseau, se divise en deux parties qui sont toutes les deux gérées par les Ateliers Lion & Associés. Enfin, les deux avenues principales de la ZAC sont aussi coordonnées par des architectes : nous retrouvons Paul Andreu pour l’avenue de France et l’avenue Pierre Mendes-France et Bruno Fortier avec Jean-Thierry Bloch pour la conception de l’avenue du Chevaleret.
Pour une meilleure coordination, les architectes s’entourent d'une équipe pluridisciplinaire composée d’urbanistes comme Patrick Céleste pour l’avenue Pierre Mendes-France, ou de paysagistes. Michel Desvigne composera le paysage d’Austerlitz Gare, Jacqueline Osty d’Austerlitz Sud, l’agence Empreinte de Tolbiac Chevaleret et Jean-Claude Hardy de Masséna Chevaleret. D’autres équipes de maîtrise d’œuvre se forment par la suite pour la création des architectures du site. Les architectes s’entourent de professionnels qui les aident dans la conception du bâtiment : des ingénieurs structures, des ingénieurs thermiciens, des ingénieurs acousticiens, des éclairagistes, des économistes de la construction… Parmi les architectes qui interviennent dans la ZAC nous pouvons citer X'TU et MU avec le projet Algo’Rythm, Lina Ghotmeh et DGT Architectes pour le projet réalimenter Masséna, Catherine Dormoy et AAVP Architecture pour le bâtiment Nudge, Jean-Michel Wilmotte et Frédéric Namur pour la cité image et son, Frédéric Borel pour l’extension de l’ENSAPVS, Jean Nouvel et ses Tours Duo, Philippe Ameller et Jacques Dubois pour leur tour à usage mixte dans le quartier de Bruneseau, Norman Foster et son immeuble de bureaux, Marc Rolinet et son Centre de formation, Ricardo Bofill et son immeuble d’habitat, Gaëlle Hamonic et Jean-Christophe Masson et le projet Home, Rudy Ricciotti et son îlot mixte mais aussi la rénovation du complex de la halle au farine qu’il a réalisé en parallèle avec Nicolas Michelin, Tania Concko et MGAU / NRAU qui réalisent des îlots mixtes dans le secteur Bruneseau.
4. Spécificités
Nous constatons que la ZAC de Paris Rive Gauche possède des spécificités dans la gestion de sa conception notamment dans sa gestion car celle-ci est entièrement gérée par des acteurs publics.
Sa superficie nécessite une gestion d’autant plus précise et coordonnée que pour une ZAC d’une taille plus raisonnable. Pour autant on observe que la gestion de celle-ci notamment par le principe des macro-lots n’a pas permis d’unifier le paysage entre les architectures. Cela est notamment dû au fait que la ZAC ait été séquencée en différents secteurs.
La ZAC de Paris Rive Gauche est séparée en trois secteurs - Austerlitz, Tolbiac, Masséna - avant que le secteur Bruneseau y soit intégré et forme le 4ème secteur, reliant Paris à Ivry. Cette organisation est mise en place en vue de faciliter la gestion de la coordination dans la ZAC.
Chacun de ces secteurs possèdent un coordinateur qui définit les formes urbaines et les tracés répondant aux réglementations imposées par le plan d’aménagement des zones (PAZ).
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Seulement, le PAZ de la ZAC Paris Rive Gauche reste très vague. Si le secteur d’Austerlitz et une partie du secteur Tolbiac sont pensés dans la tradition parisienne et dans une certaine sobriété, le sud du secteur Tolbiac, et surtout l’avenue de France dans le secteur Masséna ont pris des orientations nouvelles, beaucoup plus contemporaines en rupture franche avec le retour à la ville des années 80 et osées. Si les règles des gabarits Haussmannien sont respectées, l’architecture innove et donne à ce quartier une toute nouvelle identité bien lointaine de celle du quartier d’Austerlitz. Le secteur Masséna illustre le concept de l’îlot ouvert mis en place dans les années 80 par Christian de Portzamparc, architecte coordinateur de ce secteur. Ce système où chaque bâtiment est indépendant permet une variation de hauteur au sein d’un même îlot. Ce jeu de hauteur permet de créer un lien entre le secteur Tolbiac et le secteur Bruneseau. Au fil du temps, les questions autour du paysage urbain vont prendre une autre importance. La ZAC n’est plus pensée comme un nouvel élément qui vient se greffer dans une ville historique mais comme un nouveau quartier qui s’intègre dans une ville forte de caractère, et de développement international. Ainsi, le secteur Bruneseau réintègre dans son projet des immeubles de grandes hauteurs. Une première depuis les années 70. Ils vont créer un lien visuel entre les architectures modernes, cumulant à plus de 100m de hauteur, d’Ivrysur-Seine et de l’opération Italie 13 dans le 13e arrondissement.
Les changements politiques sont aussi à l’origine de nombreux bouleversements dans la ZAC. En effet, avec les changements de partis, on observe une perte des objectifs d’origines. Initialement, la ZAC devait permettre de contre balancer les bureaux de l’Ouest parisien et le quartier d’affaire de la Défense avec 900 000 m² de programme tertiaire. Mais les élections municipales de 2001 provoquent un changement de tête à la mairie et un changement d’orientation : il est souhaité moins de bureaux au profit de plus de logements. Cette réforme s’inscrit dans la logique de la loi SRU votée en 2000. La capacité supplémentaire de logements permet à la ZAC d’accueillir 2/3 de logements sociaux et ainsi réduire le déficit dans la capitale. Si certaines lois ont affecté le projet de Paris Rive Gauche et ont fait dévier son programme initial, d’autres n’ont pas été appliquées. C’est le cas de l’article relatif au PAZ dans la loi SRU. Celui-ci supprime l’utilisation des PAZ dans les aménagements aubains au profit de son intégration dans les PLU (ou POS selon les dates de création PLU). Pourtant, la ZAC de Paris Rive Gauche conserve le sien. Aucune information relative à la construction de cette ZAC n’apparait dans le PLU de Paris mais une note portant la mention « voir orientation d’aménagement de programmation de Paris Rive Gauche » , qui nous renvoie au 29 PAZ en vigueur.
Enfin, nous constatons une grande communication autour du projet de la ZAC. En effet, les aménageurs ont porté une attention particulière quant à la communication des informations sur le projet. Cela s’explique en deux raisons. Premièrement, suite à de nombreuses contestations, il était dans l’intérêt des aménageurs de transmettre les étapes du projet et du chantier pour une meilleure compréhension et acceptation du projet de la part des usagers. Ainsi une communication d’une grande échelle et visuelle a été faite afin de sensibiliser la population au projet. Les aménageurs utilisent des moyens tels que la publication d’un magazine trimestriel « Paris Rive Gauche », alimentent un site internet, rédigent des lettres d’informations aux habitants « Dans votre quartier », organisent des visites de chantier, mettent en place des panneaux d’information, ainsi que des centres d’information et d’exposition tels que des maisons de projets,
Mairie de Paris, Plan Local d’Urbanisme de Paris. URL : http://pluenligne.paris.fr/plu/sites-plu/site_statique_48/pages/
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mais ils créent aussi un comité de site, un atelier ville et organisent des concertations et des conseils. Mais la communication sur le projet ne s’arrête pas seulement à la valorisation du projet par une transmission d’information. La SEMAPA instaure un plan directeur des lumières de Paris Rive Gauche afin d’éclairer le chantier. Cela permet une mise en valeur du site et une plus large visibilité pour les habitants parisiens et les investisseurs qui financent les constructions. Plus que simplement représenter des investisseurs, la communication visuelle du projet permet également d’attirer des financeurs à l’échelle internationale. La publicité est un moyen de communication très répandu dans le monde néo-libérale. Les investisseurs sont la clé de la construction de la ZAC. Ils dirigent une grande partie des travaux. Si ceux-ci n’interviennent pas dans le projet, la ZAC risque de rester vide.
La ZAC Paris Rive Gauche est une opération-synthèse des politiques publiques françaises. Elle regroupe, à elle seule, une grande partie des problématiques contemporaines des grands travaux d’aménagement en France. Elle allie le retour à la hauteur décidé dans les années 2010, tout en préservant le patrimoine fort et caractéristique du site, et intègre un grand campus universitaire symbole de dynamisme et de culture. Elle peut être considérée comme une maquette à échelle 0 représentant les grands axes des politiques urbaines mises en place en France.
III. Chaine entre les acteurs : de la coordination générale à la construction
Lors de la conception de la ZAC se crée une chaine où chaque acteur et chaque moment représentent un maillon.
Le projet de la ZAC a débuté, dans les années 90, lors du deuxième septennat de François Mitterrand, en même temps que s’est lancé la Très Grande bibliothèque. Il était nécessaire de prendre en compte cet ouvrage lors de la détermination des grandes lignes du projet. Ainsi, les grandes orientations envisagées découlent des choix architecturaux émis par Dominique Perrault pour cette bibliothèque. Nous en déduisons donc un lien direct entre ces deux aménagements. Si la bibliothèque peut exister seule, son aménagement environnement ne peut exister sans elle. Cette imbrication de projets marque le début de la longue chaîne de conception de cette ZAC.
Initialement les aménagements urbains étaient issus d’une affaire collective publique. Seulement au sein de la ZAC de Paris Rive Gauche, cet aménagement est laissé à de grands noms de l’architecture. Ceux-ci sont sélectionnés pour leur griffe architecturale et non pas leur capacité à concevoir un aménagement en cohésion avec le site. Cette intervention marque une rupture avec le mouvement précédant où la technique de l’architecte et l’Etat travaillaient ensemble pour concevoir un aménagement réfléchi. Pouvons-nous toujours penser que les politique maitrisent les aménagements ? Le manque de coordination entre les aménagements laisse présager à une trop grande liberté laissée aux architectes. En déléguant la construction des architectures, et en instaurant l’économie mixte pour financer la ZAC, l’Etat a mis en place une nouvelle chaîne de construction. Les investisseurs s’insèrent dans la chaine de la conception pour devenir des commanditaires de substitution. Ainsi, ce sont les banquiers et les promoteurs immobiliers qui constituent les équipes de maîtrise d’œuvre. Aucun budget, ni programme ne sont décidés en amont par les politiques. À
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travers les réglementations générales instaurées par le PAZ pendant les études, il est fixé la programmation. Les investisseurs doivent être en capacité de présenter un projet répondant à un des programmes établis et de pouvoir le financer intégralement. En supplément, il est souhaité si possible que les investisseurs puissent gérer les entreprises qui s’installent dans le tertiaire. La sélection des projets s’effectue sur concours organisés par la société d’aménagement publique, autrement dit par les politiques. Pour s’assurer de remporter les concours, les équipes choisissent des stars de l’architecture, plus proche du design que de l’architecture urbaine. Ainsi, les architectes sont sélectionnés pour le caractère innovant du projet et l’image que celui-ci renvoie, dans une ère où la compétition est rude. Nous comprenons donc qu’une partie de l’exceptionnalité de cette ZAC repose sur le nouveau système de chaîne mis en place entre les acteurs. Les architectes possèdent un degré de liberté de création beaucoup plus important depuis que les investisseurs commanditent les projets, ceux-ci ne pensant pas à l’échelle nationale comme les politiques pouvaient le faire, mais à l’échelle de leur architecture et de leur image.
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CHAPITRE II — PARIS RIVE GAUCHE : UN LABORATOIRE ARCHITECTURAL
Cette partie permet de mettre en évidence les différentes architectures qui résultent des choix émis par les acteurs du projet. C’est à travers celle-ci que nous allons dévoiler le caractère démesuré des architectures du site.
La ZAC est pensée comme un quartier mixte et innovant, elle est d’une richesse architecturale sans précédent avec un paysage très hétéroclite témoignant des innombrables projets des acteurs. Ainsi, l’avenue de France au niveau de la BnF ne ressemble pas au secteur de la faculté de Paris Diderot, ni au secteur de la Halle Freyssinet, ni de l’avenue Pierre Mendes, ni au quartier Bruneseau. Ce dernier possède une grande diversité urbaine avec la Cité Kagan, l’hôtel industriel Berlier de Perrault, les Tours Duo en cours de construction et les Silos rénovés, en s’insérant dans un contexte historique fort : le Paris d’Haussmann, avec la rue de Tolbiac.
Dès lors, la construction dans cette ZAC soulève plusieurs problématiques : il s’agit de composer avec des architectures issues d’époques variées dans un système économique où les concepteurs délaissent le paysage urbain au profit de l’objet architectural.
I. La Bibliothèque nationale de France : le point de départ de la ZAC
Après sa réélection, François Mitterrand décide d'un dernier grand projet présidentiel. Ce projet a une vocation particulière. Premier président socialiste de la Ve république, il met en avant dans sa politique la culture. Avec ce projet, il souhaite marquer la capitale et son mandat. Il pense un nouveau projet en lien avec ses ambitions de son premier mandat ; c’est-à-dire offrir la culture aux citoyens en imaginant une architecture d’une ampleur nouvelle. Le projet découle du besoin d’agrandir et de moderniser la Bibliothèque nationale de France du site Richelieu.
Le concours est lancé en 1989, en parallèle de la naissance du projet de la ZAC Paris Rive Gauche. François Mitterrand souhaite inaugurer son œuvre avant la fin de son mandat. Le délai est très court. Pourtant le pari est tenu et la bibliothèque est inaugurée en 1996.
La Bibliothèque nationale de France découle des architectures issues de la politique mitterrandienne. Il s’agit d’une architecture symbole. Elle est à la fois le symbole du savoir : elle regroupe quelques milliers d’ouvrages dans tous les domaines du savoir, et un symbole politique : son accès est libre, ouvert à tous. Ainsi, il marque la ville et son époque.
Le projet retenu est celui de Dominique Perrault. Jeune architecte à l’époque, il s’impose face aux agences Chaix et Morel, Jan Kaplicky & James Stirling. L'architecture imaginée par ce dernier fait écho à son architecture qu’il réalise quelques années auparavant pour le projet de l’hôtel Berlier, plus au sud dans la ZAC.
Le projet envisagé par le Président est d’une superficie extrêmement conséquente : 350 000 m² de plancher. Cela correspond à trois fois la surface du centre Pompidou. Ainsi pour ne pas créer un objet architectural trop massif, l’architecte décide d’enterrer une partie du projet. À cette période, il mène des recherches, avec des étudiants de l’école polytechnique de Lausanne, sur la question de « l’épaisseur du sol » et ce qu’il peut contenir comme programme en vue de dégager et d’alléger l’espace au-dessus.
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Le bâtiment se compose d’un socle en bois, servant de parvis, sur lequel sont posées quatre tours de verre en équerres (Annexe. 4 ; Fig. 4). Elles permettent de signaler et de délimiter les angles de l’ouvrage enseveli 30 m sous l’esplanade . Leur forme fait écho à des livres ouverts. Au centre du parvis, se trouve dans une 30 excavation profonde variant de 2,5m à 3m dans laquelle loge un jardin, « un autre monde » . Creusé dans de 31 la roche calcaire, le jardin se compose de 126 pins sylvestres transférés de la forêt de Bord en Normandie. D’autre espèces comme le pin, le chêne, le bouleau, la jacinthe, le géranium ou la fougère complètent le sous-bois. Cette forêt recomposée est un atout pour la ville et l’éco-système. Son inaccessibilité à l’homme permet d’accueillir différentes espèces animales et végétales temporairement ou définitivement. Ainsi, ce jardin participe pleinement à l’expansion de la trame verte dans la ZAC et dans la capitale . 32
La bibliothèque est le premier bâtiment français à ne pas être clôturé et fermé au public. Son esplanade est pensée comme un lieu générateur de liens sociaux par ses concepteurs. Elle joue un rôle très important dans la ZAC puisqu’elle est un des rares espaces publics du projet urbain. L’esplanade est réalisée en bois d’ipé. En cas d’intempérie, ce bois exotique devient glissant, surtout dans les escaliers. Ainsi, il a été nécessaire d’intervenir pour réduire cet inconvénient en vue de sécuriser les usagers.
Les tours comprennent les espaces de bureaux réservés au personnel et les magasins de stockage des collections . 33 L’organisation des programmes ne correspond pas à la logique d’agencement d'une bibliothèque. Pour réduire le risque de surchauffe des magasins, il aurait été plus intéressant de les placer en sous-sol. Contrairement à cela, ce sont les espaces de lecture qui sont placés au sous-sol : ils se séparent en deux niveaux. Le premier comporte la bibliothèque de recherche en rez-de-jardin, qui permet de consulter les collections patrimoniales. Le deuxième niveau accueille la bibliothèque publique.
Formellement, la bibliothèque s’inspire du cloître médiéval : un espace de déambulation vitré et agrémenté de mobiliers sépare les salles de lectures du jardin central. Cet espace est d’un grand calme rappelant celui des monastères. Cela est dû à la disposition des espaces autour. Toutes les salles sont ouvertes sur cette coursive. Ainsi, le bruit se répand facilement. La bibliothèque est donc plongée dans un silence constant pour le bien-être des usagers, cela incite une ambiance particulière.
Le projet se voulait simple, classique, minimaliste, monumentale mais complet. Ainsi, l’architecte a pensé le moindre détail du projet allant même jusqu’à concevoir l’agencement et le mobilier, ce qui est rare dans l’histoire de la commande publique française. À cette période, il était déjà question d’exploration et d’innovation, notamment pour les matériaux intérieurs. L’architecte utilise le métal tissé, une première dans l’architecture.
ROBERT, Jean-François et LE CHATELIER, Luc. « Rencontre avec le créateur de la BnF ». Télérama n°3563. 25/01/18. [en 30 ligne] Consulté le 04/06/2020. URL : http://www.perraultarchitecture.com/data/news_1dab7/fiche/ 2475/20180425_telerama_e3c45.pdf
« Bibliothèque Nationale de France ». Dominique Perrault Architecture. [en ligne] Consulté le 12/05/2020. URL : http:// 31 www.perraultarchitecture.com/fr/projets/2465-bibliotheque_nationale_de_france.html
BnF Le site François-Mitterrand. URL : https://www.bnf.fr/fr/le-site-francois-mitterrand#bnf-le-jardin-for-t 32
« Bibliothèque Nationale de France ». Dominique Perrault Architecture. [en ligne] Consulté le 12/05/2020. URL : http:// 33 www.perraultarchitecture.com/fr/projets/2465-bibliotheque_nationale_de_france.html
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Pour autant, si la façade de son architecture semble être simple, elle s’avère être en réalité d’une grande complexité. Elle a suscité un grand travail sur l’isolation, relevant de la prouesse technique. Les programmes au sein des tours doivent répondre à une bonne thermique afin que le verre ne crée pas de surchauffe. La conservation des livres dans les magasins de stockages répond à des normes strictes liées à la température et à l’hygrométrie. Ainsi l’architecte et les ingénieurs ont mis en place une nouvelle climatisation hors norme qui permet de réguler la totalité des bâtiments. Mais celle-ci est à l’origine de plusieurs problèmes de dysfonctionnement. Premièrement, très peu d’artisans sont assermentés pour réparer ce prototype. De plus l’attention portée à la plomberie a été négligée au profit de la machinerie, causant des dérèglements notamment dans la climatisation de certains espaces. S’ensuit un problème d’inondation. Les pentes des dalles permettant d’évacuer l’eau des placards de climatisations n’ont pas été réalisées dans le bon sens à certains étages. Ainsi, l’eau s’infiltre à travers le sol pour inonder les étages inférieurs . 34 Le projet initial ne comportait pas de volet. La façade se devait être filtrante et transparente : une innovation supplémentaire pour le projet et la ZAC. Seulement, l’architecte s’est ravisé suite aux échecs de ses prototypes. Ne souhaitant pas revoir le concept de transparence de son projet en vue d’insérer des verres opaques, il décide d’ajouter des volets en bois. Les volets sont pivotants sur les premiers étages. Ils permettent aux usagers des bureaux de les incliner en fonction de leurs besoins. Pour les magasins, les volets sont fixes afin d’assurer une opacité constante pour la conservation. Si le projet initial se voulait transparent, avec cette double peau de bois, le concept perd sa force. D’autant plus que ce rajout vieilli mal : le bois collé sur des plaques métallique se détériore laissant entrevoir la structure.
Enfin des incidents sont survenus notamment dans les salles de lectures, avec l’effondrement d’une plaque de faux-plafond en bois, ou d’une vitre des portes en verres extérieurs qui par le poids s'est brisée, et d’un problème avec une herse en métal qui s’est écroulée à la suite d’un défaut de fabrication. Ces problèmes ont provoqué une vague de critiques négatives sur ce nouvel édifice culturel, desservant sa notoriété. Des opposants de François Mitterrand dénoncent aussi le projet qualifié de trop couteux, trop imposant ou conçu par un architecte trop jeune.
Le projet initial, livré en 1996, a connu des corrections en vue d’améliorer son fonctionnement. Ces modifications, essentielles pour un bon accueil du public, ont mené au déclin de la qualité architecturale du bâtiment.
Si l’architecture possède de belles qualités architecturales notamment dans ses salles de lecture, elle correspond mal à son programme. Un des objectifs de ce projet était de donner à Paris un nouvel emblème symbolisant la modernité de la ville. Le choix de ce site pour implanter la grande bibliothèque n’est pas anodin : sa vocation à devenir un quartier international correspond avec les orientations souhaitées par le président. Ainsi, avec sa mise en scène au bord de la Seine et la hauteur de ses tours, elle culmine dans le quartier et devient visible à travers la capitale. Elle s’insère dans la continuité d’un tissu de places de renommées historiques et mondiales : la Concorde, le Champ de Mars et les Invalides. Ainsi, la bibliothèque est placée comme une œuvre d’art urbaine, une nouvelle place emblématique de Paris. La nouvelle place du XXe siècle.
« La véritable histoire de la Grande Bibliothèque », L’Express, publié le 01/09/2002, [en ligne] Consulté le 10/12/2020. URL 34 https://www.google.fr/amp/s/www.lexpress.fr/culture/livre/la-veritable-histoire-de-la-grande-bibliotheque_806736.amp.html
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Cet objectif a primé sur la cohérence des espaces et sur la fonctionnalité du lieu. Les architectes ont souhaité innover et ont délaissé l’aspect pratique. De plus, si l’architecture a su se faire une place importante dans la vie de la ville, dans la culture et dans la ZAC, elle s’efface dans le paysage urbain au profit des nouvelles tours qui poussent dans le quartier.
II. Concevoir avec des architectures et des infrastructures déjà présentes sur le site
1. Le patrimoine industriel
La ZAC de Paris Rive Gauche possède un fort patrimoine industriel historique, tel qu’il est entré en considération depuis les années 80. Ancien quartier industriel, six grandes industries présentes ont étaient conservées et rénovées pour les intégrer dans la programmation de la ZAC. Ce programme permet de conserver un lien avec le programme urbain initial et ainsi agir comme une mémoire du passé.
Trois d’entre elles ont permis d’accueillir la nouvelle université souhaitée par les politiques dans le secteur Masséna.
L’usine à air comprimé de la Sudac accueille une des vingt-deux ENSA de France. Elle est édifiée en 1891 par l’architecte Guy Lebris et l’ingénieur Joseph Leclaire. La halle et sa cheminée sont rénovées une première fois en 1994 et inscrite au titre des monuments historiques.
En 2002, un nouveau bâtiment réalisé par l’architecte parisien Frédéric Borel, complète le programme. Ce nouveau bâtiment est pensé comme un anti-bloc blanc, s’opposant à l’architecture uniforme et coloré de l’usine. Composé de sept étages, il domine ainsi l’usine par sa hauteur. Pour autant la sobriété de sa couleur n’efface pas le patrimoine industriel et le met en avant.
Les Grands Moulins de Paris sont une ancienne meunerie industrielle bâtie par l’architecte Georges Wybo, au début du XXe siècle. Au milieu du XXe, le programme est complété par d’autres bâtiments annexes tels que la halle aux Farines construite par Denis Honegger. Ce grand complexe ferme ses portes en 1996 et un bon nombre de silos et d’entrepôts sont détruits. Il ne reste de cet héritage que la halle principale et la halle aux Farines qui brulent en partie dans un incendie en 1997. Après avoir acquis les terrains, la mairie de Paris fait appel aux architectes Rudy Ricciotti et Nicolas Michelin pour les rénover en deux bâtiments d’enseignement de l’université Paris VII-Denis-Diderot. Les projets de reconversion sont d’une grande finesse. Leur identité originelle est sauvegardée. Dans les années 2010, Antonini + Darmon Architectes dessine un projet d’extension indépendante dans l’angle de la halle aux Farines. La légèreté qu’elle laisse transparaitre et le jeu de lumière qui laisse percevoir la trame des fenêtres et de la structure rappellent celle de la halle et permettent une intégration fine de cette architecture. Son esthétique sobre et épurée met en valeur celle de la halle en l’insérant un peu plus dans l’ère contemporaine. Cependant, sa forme est en rupture totale. Sa hauteur déséquilibre le paysage. Si la tour s’insère parfaitement avec les bâtiments aux alentours, elle crée une discordance de hauteurs avec le bâtiment universitaire de la halle mais aussi des Grands Moulins adjacents.
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Les Frigos sont une ancienne gare frigorifique. Elle est désaffectée en 1971 à la suite du départ des Halles de Paris pour le marché de Rungis. Abandonné, le site est réinvesti au début des années 80 par des artistes dont Ben, Jérôme Mesnager, Dominique Fury et Jean Paul Réti.
En 1992, une association nommée « Les Frigos APLD 91 » convainc Jacques Toubon, maire de Paris et ministre de la Culture, de sauver les frigos de la destruction. Ainsi en 2003, la mairie de Paris rachète les lieux et procède à des rénovations internes. Aujourd’hui, le lieu est devenu une référence de l’art contemporain.
Les magasins généraux sont également conservés et réhabilités. Situés sur les berges de la Seine, ces docks sont les premiers de Paris. Ils sont bâtis en 1907 sur le terrain du domaine public pour le compte du Port de Paris avant que l’activité ne soit délocalisée dans le port de Gennevilliers. Ancienne gare maritime, ils assuraient la transition des marchandises entre la Seine et les gares ferroviaires. Aujourd’hui rénovés et réhabilités pour PAP, leur nouveau programme, un hôtel de logistique, renvoie à leur programme originel. Pourtant, lors de la création du plan d’aménagement de la ZAC en 1991 et lors de sa modification en 1996, leur démolition est actée. Dans cette logique, une première partie des bâtiments est détruite pour la construction du pont Charles de Gaulle en 1992, réduisant considérablement leur surface. Son architecture témoigne de l'histoire du béton armée à usage industriel, même si celle-ci a suscité des réactions controverses à l’époque. Les architectes en charge de la rénovation de ce site (2005-2008) ont su prendre en compte et préserver les traces du passé. Initialement construite par l’architecte Georges MorinGoustiaux, il ose imaginer une façade sur Seine en béton dévoilant la structure du bâtiment. Celle-ci est conservée par Dominique Jakob et Brendan MacFarlane qui en font le point fort de leur reconversion. Ils ajoutent une structure légère verte, en démarcation avec le bâtiment industriel permettant d’ajouter des programmes aux bâtiments. Dénommée « plug-over », elle accueille les circulations qui desservent un café. Le programme d’hôtel logistique est complété par une école de mode et des espaces d’exposition d’où le bâtiment tire son nouveau nom : les Docks, Cité de la Mode et du Design.
La halle Freyssinet est la dernière rénovation de friche industriel en date. Elle se démarque des autres projets par son caractère mixte. En effet, après l’arrêt de l’exploitation de la SERNAM en 2006 et l’échec du projet du grand tribunal de Paris, un investisseur privé rachète la halle, avec le soutien de la mairie de Pairs pour en faire le plus grand campus de startups du monde. Dans la même logique que les précédents projets, la halle est rénovée dans un profond respect de l’architecture originelle. Ses attributs caractéristiques du lieu tels que ses travées, ses ouvertures et ses piles sont conservées.
Ce patrimoine nous offre une double lecture. Bien qu’elles cohabitent avec des architectures contemporaines, ces infrastructures se trouvent être en contradiction avec les productions actuelles. En effet, la présence patrimoniale qu’elles suggèrent représente le passé du secteur. Elle ancre la ZAC dans un contexte géographique, historique et urbain propre à Paris et à cet arrondissement, en contradiction avec l’architecture cosmopolite qui émerge dans le quartier. A contrario, nous pouvons considérer que les rénovations effectuées sur ces infrastructures les projettent au rang d’architectures contemporaines.
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Bien qu’il y ait un coté exceptionnel dans la rénovation d'un aussi grand patrimoine industriel, nous observons un paradoxe entre les deux types d’architectures contemporaines présentes sur le site : les architectures industrielles sont rénovées dans le respect et la continuité de l’architecture existante tandis que les nouvelles architectures se veulent spectaculaires. Nous devons ce paradoxe à leurs commanditaires. Majoritairement, les architectures industrielles font parties d’une opération de rénovation lancée par la commande publique. Ainsi elles sont plus sujettes à une critique de l’électorat. Dans le but de se promouvoir une belle image, les politiques restaurent ces emblèmes dans la plus grande considération de l'architecture initiale. Paris s’impose comme une capitale occidentale avec un fort patrimoine. Il est obligatoire de le conserver et de le mettre en valeur.
Pour autant cette considération pour le patrimoine industriel se limite aux grandes et belles industries. Nous comptons dans le secteur de la ZAC Paris Rive Gauche à peu près 27 établissements industriels35 (Annexe. 3). Pourtant l’opération de la ZAC s’est contentée d’en conserver sept d’entre eux (les bâtiments cités précédemment ainsi qu’un ancien bâtiment de la SNCF reconverti en théâtre). Une ancienne usine rénovée dans les années 80 n'a pas eu ce privilège. Reichen & Robert reconvertissent cet ancien bâtiment industriel en un atelier d’art nommé Cité des Arts. Seulement, dans les années 1990-2000, ce dernier est démoli et toute trace est effacée.
Réutiliser le patrimoine industriel pour de nouveaux programmes publics, rénové par de grands noms de l’architecture, permet aux politiques de se démarquer, de conserver ce patrimoine cher à la ville tout en s’inscrivant dans le durable. Cette logique s’inscrit dans la démarche de construire autrement souhaitée par le ministère de l’environnement.
2. Les architectures existantes
En plus de la présence des friches industrielles se trouvent sur le site des logements et des équipements publics. Ces architectures témoignent d’époques de constructions bien distinctes.
Nous comptons parmi elles l’Hôtel Berlier. Situé au sud de la parcelle, entre le boulevard Masséna et le périphérique urbain, cet hôtel est un des emblèmes de l’architecture-symbole des années 80. Construit par Dominique Perrault, il est pensé dans une esthétique sobre, épurée, de verre et métal. Cette architecture bien que très séduisante, ne correspond pas à sa programmation. Ainsi, il subit une vague de critiques lors de son édification. De plus, il se trouve dans un secteur vide où sa hauteur dominait, précédemment, le paysage ; il rayonnait dans son secteur. Aujourd’hui, des tours d’une hauteur de 180m sont en construction, à côté de l’hôtel industriel. Ainsi, il se retrouve écrasé par ces géantes. Pour autant, les architectures, de 40 ans d’écart, sont concordantes. Nous retrouvons des façades rideaux de verre et métal avec une structure en béton.
Si l’hôtel Berlier perd de sa prestance avec la construction des tours, son architecture se trouve projeté dans l’ère contemporaine. Mais ce bâtiment qui été perçu à l’époque comme un élément surdimensionné dans la ville se trouve être anodin aujourd’hui.
Mairie de Paris, Plan d’Aménagement de Zone (2003)
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La Cité technique et administrative de la ville de Paris, dite Cité Kagan est une autre présence architecturale forte de ce secteur. Elle se situe après le périphérique urbain, au bord de la Seine. Cette architecture est conçue par Michel Kagan en 1991, en même temps que l’hôtel Berlier, cependant elle s’inscrit dans une architecture contradictoire. Elle est pensée en correspondance avec les échelles de la ville traditionnelle. Elle se compose de différents blocs blancs orientés autour d’une cour centrale. Bien qu’elle soit en tous points différente, cette architecture suscite la même critique que sa consœur.
En 2005, l’architecte est rappelé pour y construire un immeuble universitaire dans la continuité de sa première œuvre.
Récemment, l’ensemble a fait face à une menace de destruction. Finalement il est conservé mais est voué à s’effacer face aux projets de tours du secteur Bruneseau Nord. En effet une tour de 100m de haut doit venir compléter le programme. Cependant, le nouveau propriétaire va réinvestir ces espaces dans le but d’en faire à terme une cité artisanale et redonne un nouveau souffle à cet espace vide et délaissé.
La gare d’Austerlitz ouvre ses portes la première fois en 1840. Elle dessert la capitale dans le sud de l’Île-deFrance, de l’Orléanais, du Berry et de l’ouest du Massif central. Après deux agrandissements, la gare que nous connaissons actuellement est reconstruite entre 1862 et 1867, par l’architecte Pierre-Louis Renaud. Son environnement, lui procure un atout majeur : sa capacité d’agrandissement. L’architecte a ainsi pu multiplier par 2,5 sa surface initiale. Elle se compose d’une grande halle métallique d’une portée exceptionnelle de 51,25m et de 280m de long conçue par Ferdinand Mathieu. Elle est la seconde plus grande en France après celle de Bordeaux. La structure de la couverture est assurée par des fermes issues du système Polonceau. Elles font parties des plus belles construites. Ces éléments participent pleinement au patrimoine de la gare. Elis Robert, ajoute au bâtiment des allégories au décor de la gare. Malgré le nouvel aménagement et l’agrandissement, cette gare s’oublie dans le paysage. Elle se cache derrière un immeuble d’administration plus haut et plus imposant, et qui ne lui procure aucune visibilité depuis la place Valhubert. La gare ne se compose pas d’aménagements habituels comme d’autres grandes gares avec leurs parvis. Ainsi, ce bâtiment se perd dans son contexte urbain avec l’hôpital de la PitiéSalpêtrière, le jardin des plantes et la Bnf. Aujourd’hui le bâtiment du monde qui émerge s’ajoute à la liste. Bien que son architecture soit pensée en adéquation avec le patrimoine de la gare, il lui fait tout de même de l’ombre.
Si sa position lui a permis d’être agrandie contrairement aux autres gares parisiennes, elle soulève de nombreuses interrogations. Bien qu’elle soit stratégique par sa proximité avec le port fluvial de Paris, la gare se trouve excentrée et isolée par rapport au reste de Paris. Elle se trouve dans un des anciens quartiers les plus pauvres de Paris, délaissé par les opérations d’aménagements du Baron Haussmann. Ainsi, de nombreux parisiens abandonnent cette gare. L’arrivée du métro et du RER en souterrain relancent cependant l’attraction. Mais c’est en 2011, avec l’aménagement de la ZAC, qu’une opération de rénovation est lancée en vue d’accroître le trafic et de lui redonner du dynamisme et de la centralité dans la ville. L’aménagement et l’organisation de la gare sont revus afin d’optimiser les espaces et d’en créer de nouveaux pour imaginer une nouvelle vie de quartier. Les bâtis historiques seront rénovés en vue d’améliorer leurs performances techniques. Ces rénovations permettent de restaurer les caractéristiques originelles : couleurs, architectures… Un autre aménagement se porte sur le parvis de gare, face à la Seine. Il s’agit de concevoir une marquise en
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béton commune entre la gare et le bâtiment du monde. Dans la continuité de l’aménagement extérieur du bâtiment du monde, il va s’agir de créer un nouvel extérieur convivial qui ramène de l’attractivité sur le site.
Au fil des années, l’isolement de la gare a primé sur ses qualités d’espaces et son activité. L’opération de la ZAC de Paris Rive Gauche est donc l’opportunité de redonner vie à ce hall ferroviaire. L’attractivité qu’il va engendrer notamment avec son quartier d'affaires amènera de nouveaux voyageurs tant bien à la gare qu’au métro et au RER.
Dans les années 70, les capitales du monde renouvellent l’utilisation de la gare comme élément attrayant36 Elles deviennent de nouveaux points d’attraction et le point de départ des nouveaux aménagements urbain, autour desquelles vont se succéder de nouvelles architectures. La gare et son moyen de locomotion ont pour but d'attirer toutes cibles d’usagers (employés, touristes, voyageurs d’affaire, habitants…). Dans cette dynamique, la rénovation de la gare prend d'autant plus d’importance.
L’îlot Fulton fait partie, à un moment donné, du projet de sauvegarde des constructions du site. Situé en bord de Seine dans le secteur d’Austerlitz, il est construit dans les années 1950. La parcelle se constitue de plusieurs constructions formant un ensemble d’une centaine de logements sociaux, pensés par l’architecte en charge, Daniel Michelin.
En 1985, il subit une première rénovation. Lors de la conception de la ZAC une deuxième réhabilitation à neuf est alors envisagée en vue d’améliorer les logements. Seulement, les normes en vigueur et les exigences écologiques et thermiques remettent en cause ce projet et les politiques optent pour une opération de démolition-reconstruction. Ce nouveau projet permet notamment d’augmenter la surface constructible et de faire évoluer le programme pour tendre vers une mixité fonctionnelle. Les nouvelles études débutent alors en 2008 grâce à la collaboration entre la filiale HLM de la SNCF, la SEMAPA et la mairie du 13e arrondissement. Les locataires seront relogés et participent pleinement au projet de reconstruction. Ainsi, ce projet, initialement de rénovation urbaine, devient un projet de programmes neufs où l’architecture d’origine laisse place à de nouvelles architectures contemporaines et surprenantes. C’est notamment le cas du premier immeuble de logements, Résidence Fulton (inauguré en 2017) pensé par l’architecte bordelais Bernard Bülher, pour le maître d’ouvrage ICF la Sablière. Son architecture se repère grâce à ses garde-corps en verre dichroïque qui colorent l'environnement urbain (Annexe. 4 ; Fig. 3). Cependant, pour ne pas effacer la trace du passé, le fils de l'architecte Daniel Michelin, Nicolas Michelin, réalise une exposition retraçant l’œuvre de son père et l’histoire de l’architecture des années 50, au sein du bâtiment.
Durant le mois d’octobre 2013, avant la construction de la résidence, la Galerie Itinérrance, avec l'aide de la mairie du 13e et du bailleur ICF la Sablière, envisage une exposition de street art au sein du bâtiment. Une centaine d’artistes internationaux se regroupent pour investir la totalité de la surface et des meubles restants (intérieur comme extérieur). Cette pratique artistique permet de marquer le site dans la mémoire des visiteurs et de le démolir à travers un nouveau processus : ce n’est plus un bâtiment qu’on détruit mais une œuvre d’art éphémère qui tend à disparaître. Le 8 avril 2014, la tour est détruite. Cette exposition s’intègre dans la logique de mise en valeur de l’art urbain au sein de la ZAC avec les Frigos mais également de l’arrondissement avec le « musée à ciel ouvert du street-art », comme qualifié par la grande presse, à
PAZ 2003. p. 31 36 52
l'initiative du maire Jérôme Coumet. Grâce à la mise en lumière de cette pratique artistique urbaine, Paris se place culturellement aux cotés de grande villes mondiales comme New-York, Melbourne ou encore Lisbonne.
À terme, la surface de logements augmentera de 148%. Des commerces et des équipements de quartier accompagneront le projet. Pour assurer un minimum de relogement des habitants de l’îlot, les politiques organisent l’opération en plusieurs étapes. Ainsi, la livraison de la Résidence Fulton permet d’officialiser le lancement de la deuxième phase de travaux : détruire d’autres immeubles pour débuter la reconstruction. Mais ceux-ci ne pourront débuter qu’une fois que les fouilles archéologiques engagées sur la parcelle seront terminées.
3. Les infrastructures de transport
À la fin du XXe siècle, les terrains de la ZAC de Paris Rive Gauche sont recouverts d’infrastructure de transports. Pour construire cette ZAC, il s’agissait de concevoir avec ces infrastructures.
Le réseau ferré qui lie la gare d’Austerlitz au reste de la France traverse le site. La SNCF cède une partie de ses terrains à la Ville en vue de construire le nouvel aménagement urbain mais conserve leur activité. Avec la réhabilitation de la gare d’Austerlitz, les voies ferrées reprennent du service. Il a donc fallu trouver un moyen de concevoir avec les infrastructures ferroviaires. Les architectes ont pris le parti de concevoir par-dessus. Ainsi l’architecte en charge de la coordination de l’avenue de France ainsi que ceux des secteurs Tolbiac et Masséna pensent un aménagement sur dalle. Pour autant, on observe une disparité des choix avec les autres secteurs. En effet, contrairement aux secteurs Tolbiac et Masséna qui font disparaitre les voies, le secteur Austerlitz et Bruneseau prennent le parti de les laisser à découvert. Ces choix provoquent des vides dans le paysage urbain et une incohérence dans la lecture globale.
Une autre infrastructure forte de caractère se situe à la limite sud du secteur. Il s’agit du périphérique. Ce nœud d’infrastructures routières se positionne comme une barrière visuelle, un obstacle insurmontable dans le paysage urbain. Il représente la frontière entre Paris et Ivry. L’aménagement du secteur Bruneseau Nord dépend du réaménagement de ce périphérique. Il possède de nombreux désavantages tels que son aspect ou les nuisances sonores qu’il provoque. Ainsi, pour permettre de construire et d’attirer les investisseurs, il était nécessaire d’intervenir. Il s’agit de remodeler une portion dans ce secteur dans le but de le rendre habitable.
Le périphérique fait également partie du patrimoine de ce secteur. Il est le symbole des années 1980 et 1990. Toutefois, nous observons une incohérence dans son traitement. En effet, celui-ci n’est pas considéré comme une seule et même opération. Son réaménagement se décompose en petites opérations ponctuelles au sein des secteurs qui en montre le besoin. Ainsi, dans le secteur Bruneseau, il est remodelé pour le faire disparaitre dans le nouveau quartier. À la porte des Lilas, les constructions se positionnent au-dessus de celui-ci. Ces opérations font écho à celles opérées sur la petite ceinture, elles ne sont pas pensées d’une manière générale. Ainsi, nous observons une discordance entre les différents tronçons. Le périphérique perd son unité et de son patrimoine.
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Une exposition architecturale urbaine
1. Le néo-libéralisme dans l’architecture
Les années 80 marquent le retour d’une architecture esthétique et monumentale. Après la fin des tours en France, il est souhaité un retour à une ville traditionnelle comme imaginée par le Baron Haussmann. Cette politique mène petit à petit à une logique de star-système. Ce système se fonde sur deux pratiques courantes dans l’architecture : les concours des commandes publiques et la vulgarisation des résultats.
Les concours issus de la commande publique sont régis par de nombreuses règlementations notamment deux principales. Ce sont ces règles qui mènent essentiellement à une mise en concurrence permanente. En effet, les politiques publics se voient dans l’obligation de faire appel à une maitrise d’œuvre privée pour la conception de leurs architectures, selon les articles de la loi MOP. Aussi, la réglementation des marchés publics impose aux acheteurs une mise en concurrence des candidats. L’article 1er du Code des marchés publics se base sur la liberté d’accès pour toutes offres issues de la commande publique pour tous les types d’entreprises. Ce principe est applicable dans tous les domaines confondus notamment dans le milieu de l’architecture. Ces pratiques poussent les architectes à la concurrence. Ils sont sans cesse entrainés à penser et concevoir des architectures innovantes et démesurées pour se démarquer. Ces objectifs concurrentiels sont fixés dans le but d’attirer le plus d’investisseurs, d’entreprises et de touristes. Cela génère des élites dans l’architecture, qui, par leur renommée, procurent magnificence au bâtiment. Ainsi, l’aménagement urbain ne semble plus être guidé par le site qu’il offre, mais par le besoin incessant de croissance et de profit. Nous ne demandons plus aux architectes de développer une architecture en adéquation avec son territoire, mais une architecture représentative de leur style et de leur nom. Cette manière de penser la ville génère un paysage urbain déséquilibré. Pourtant, certains architectes comme Dominique Perrault « trouve plutôt positif qu’il existe un certain star-system en architecture depuis quelques années. Cela signifie que le tissu architectural est redevenu bien vivant après des années 70 un peu difficiles ». Néanmoins, ce star-system produit une ville image, où l’architecture devient le logo de la ville. Le paradoxe étant que chaque ville essaie de se démarquer en utilisant les mêmes moyens. Si cette architecture paraît exceptionnelle dans son contexte proche, au niveau mondial elle est beaucoup plus répandue. Dans le même esprit, la vulgarisation des résultats au public prône indirectement un classement d’excellence entre les candidats. Ce classement, jouant en la faveur des lauréats, induit dans l’imaginaire collectif, un modèle d’excellence qui peut se répercuter dans le choix des gagnants pour les futurs concours.
Les capitaux privés sont appelés pour financer les aménagements restants, non subventionnés par la commande publique. Bien que ces architectures représentent l’image de la ville, elles restent l’œuvre des investisseurs, qui prennent le pouvoir sur les politiques et la ville. La création architecturale de notre époque est affranchie ; les capitaux privés offrent une grande liberté aux architectes. Ils vont sélectionner les élites de l’architecture pour les représenter, leur donnant aucune limite. Ainsi, ils deviennent les nouveaux commanditaires de l’esthétique des villes.
III.
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Ce type d’architecture se concentre dans des quartiers d'affaires. Si nous pouvons penser que son impact visuel se restreint à son environnement proche, il est en réalité beaucoup plus grand. Le but des investisseurs est de répandre leur notoriété à travers le monde. Il est nécessaire que l’architecture soit visible dans la ville par sa présence, mais aussi dans le monde par son exceptionnalité et sa nouveauté. Cet exemple d’aménagement de la ville s’observe dans le monde entier à des échelles différentes. Pour comprendre ce concept, nous allons voir à travers quatre aménagements urbains comment les villes conçoivent de nouveaux quartiers d'affaires répondant à la logique du néolibéralisme, avec leurs outils : la ZAC Saint-Jean Belcier dans l’opération Euratlantique de Bordeaux, l’aménagement 22@ dans le quartier du Poblenou à Barcelone, la City à Londres et la Business Bay à Dubaï. Chacun de ces projets émergent dans un contexte particulier les distinguant les uns des autres.
En 2010, la ville de Bordeaux lance une vaste opération d’intérêt national nommée Euratlantique. D’une superficie de 738 hectares, elle s’étend sur Bordeaux et des villes alentours. Elle se compose de plusieurs ZAC dont une nommée Bordeaux Saint-Jean Belcier. Cette ZAC a pour but de créer un quartier d'affaires rayonnant à l’échelle européenne. Cette opération se veut être une vitrine du secteur tertiaire de la métropole bordelaise avec une identité architecturale forte. Pour autant, la ville de Bordeaux possède un fort caractère patrimonial. Le nouveau quartier inclut dans son projet la conservation de ce patrimoine afin de préserver son identité originelle.
La ville de Barcelone envisage, dans les années 2000, une transformation urbaine de 200 hectares. Tout comme Paris, la ville est dotée d’un quartier industriel des plus importants. Seulement, à la suite de la fermeture d’un grand nombre d’usines, il s’est appauvri. Pour redynamiser ce secteur, la municipalité, avec l’aide financière de capitaux privés, bâtit un quartier d'affaires européen, à l’architecture moderne. D’imposants édifices contemporains se mélangent à d'anciennes usines rénovées. La taille de la zone d’aménagement, sa situation centrale dans la ville et les liaisons de transport confèrent à ce quartier un grand potentiel de développement international. Il permet à Barcelone, dans un contexte de compétitivité entre les métropoles du monde, de s’insérer dans la course. Le quartier est pensé en perpétuelle évolution, où la contemporanéité de l’architecture à sa place. Aucun document ne fige le paysage définitif du quartier. Ainsi, héritage, patrimoine et nouveauté se mêlent pour créer le nouveau quartier moderne de la ville de Barcelone. La City est le berceau historique de la ville de Londres. Sa position est stratégique. Sa situation dans le centre géographique de la ville lui procure une centralité attrayante. Elle devient le quartier d'affaires de Londres au début du XXIe siècle. De nombreux sièges sociaux s’y installent : banques, compagnies d’assurance, journaux, grandes entreprises multinationales, … Aujourd’hui ce quartier d'affaires s’impose largement à l’échelle internationale. Il possède la première place financière du monde avec sa bourse. La libéralisation des marchés financiers britanniques par la ministre Margaret Thatcher en 1986, le Big Bang, marque une nouvelle ère pour le quartier d'affaires : il relance les activités jusqu’à dépasser New-York. Bien qu’aujourd’hui il se compose de nombreux gratte-ciels, le comté abrite des bâtiments historiques de renommée mondiale comme la cathédrale Saint-Paul ou la tour de Londres. Il possède à la fois les plus anciennes constructions de la ville et les plus récentes.
La Business Bay est créée en 2003. Dubaï est un pays émergent. Ce n’est qu’en 1833 que Dubaï est considérée comme une ville. Mais celle-ci ne commence à s’étendre lentement qu’au début du XXe siècle. C’est en 1960, avec la découverte du pétrole que la ville se révèle. À partir de ce moment, la ville se dote d’infrastructures nécessaires pour son expansion. Les politiques commencent alors à imaginer des plans
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d’aménagement développant la ville au rang mondial. C’est dans ce contexte que le projet de Business Bay émerge. Contrairement aux autres métropoles européennes, Dubaï ne possède pas de patrimoine : il est en train de se construire. Ainsi, son terrain de jeu est immense, sans contrainte. Les ressources financières engendrées par l’activité commerciale vont permettre d’imaginer une ville spectaculaire représentative de notre ère. Dubaï s’impose très largement dans la course aux villes mondiales. Business Bay est souhaitée comme une nouvelle ville au sein de la ville. Ce projet est pensé dans le but de développer le secteur économique du pays et de la ville avec le reste du monde. Elle a pour but de devenir la capitale des affaires de la région. Business Bay est un projet imaginé par le vice-président des EAU, Premier ministre, ministre de la Défense et dirigeant de Dubaï et développé par l'un des trois principaux promoteurs contrôlés par le gouvernement de Dubaï, Dubaï Properties, une filiale de Dubaï Holdings. Le secteur continue d’attirer de nombreux investisseurs, de ce fait les constructions poussent à grande allure.
Bien que leurs contextes soient différents, ses quartiers poussent sous l’impulsion du néolibéralisme. Nous observons des méthodes de gestion, de construction et des architectures similaires. Le néolibéralisme dans l’architecture se qualifie par une mobilisation de capitaux privés par les politiques, pour concevoir des opérations d’aménagement, en utilisant l’architecture comme média pour promouvoir. Cette notion se développe dans les années 70 en Angleterre et n’arrive en Europe que dans les années 90. La définition n’évolue pas au fil des années, a contrario les architectures qui en découlent s’adaptent aux avancées technologiques et aux problématiques qui s’imposent.
Les métropoles mondiales se construisent sur le principe de la « ville compacte » ; c’est-à-dire une ville de densité haute. En découle de ce principe d’aménagement une course à la hauteur entre les mégapoles. La Tower 42 bâtie par l’architecte Richard Seifert ouverte en 1980, est la 7e plus haute tour de la capitale britannique et la 3e de la City. Haute de 183 m, pendant plus de 30 ans elle a été la plus haute tour du Royaume-Unis et du Grand Londres jusqu’en 1991 et de la ville de Londres jusqu’en 2010. La Tower 42 ou initialement appelée NatWest Tower est le premier gratte-ciel de la ville. Ce projet était un pari risqué et très controversé pour la National Westminster Bank, car il se place en rupture totale avec les immeubles de grande hauteur de Londres. Une politique de mise en lumière des bâtiments apparaît au cours de ces dernières années. Elle permet de donner une visibilité aux grandes entreprises même de nuit, tout en mettant en avant leurs architectures. Ainsi, en 2012, un système d’éclairage est installé à partir du 39e étage. Cet éclairage a notamment permis de projeter les anneaux olympiques et les Agitos Paralympiques lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Avec cette exposition, la tour et ses propriétaires se sont donnés une visibilité mondiale. Aujourd’hui cette tour se place derrière deux géantes construites respectivement en 2010 et 2014. La tour Heron de 230m de haut, se positionne comme la deuxième plus haute tour de la ville de Londres et la première de la City. Le 122 Leadenhall imaginé par Richard Rogers et sorti de terre en 2014 se positionne comme la 4e plus haute tour de Londres et la 2e du quartier d'affaires. De style high-tech, elle culmine à 225m de haut. Sa forme prismatique lui permet de se distinguer des autres tours du quartier. Les trois tours citées précédemment sont toutes construites en béton avec une façade en verre et acier, typique de ce type de constructions hautes. Les concepteurs jouent sur des effets de matières, de textures et de formes afin de se démarquer des autres et de renforcer l’idée d’unique et exceptionnelle. Nous constatons ce genre de constructions dans d’autres villes telles que Barcelone avec les tours jumelles Torre Mapfre d’Inigo Ortiz & Enrique de Leon et l’Hotel de las Artes de Bruce Graham. Ces tours ont été
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construites pour les Jeux Olympiques de l’été 1992. Elles culminent à 154m de haut. La tour Mapfre a connu à l’époque une architecture qualifiée de futuriste. Les fenêtres sont orientées vers le sol et sa façade en verre avec une structure en acier inoxydable produit un effet de miroir. La ville et le mouvement se reflètent alors. Entre cette tour et l’hôtel trône une sculpture gigantesque en forme de poisson doré réalisée par l’architecte Franck Gehry. La position de cette œuvre témoigne de l’intérêt stratégique de ces tours pour la visibilité de l’architecte.
Toujours dans le quartier du Poblenou se trouve la Torre Telefonica Diagonal ZeroZero. Le studio d’architecture EMBA érige cette tour de 110m de haut. Sa forme, un prisme trapézoïdal, avec une façade rideau verre et profilé en aluminium blanc, est remarquable. Avec sa position stratégique en bord de mer, à la limite du Forum, elle signalise une des entrées de la Diagonal del Mar et la fin de l’avenue Diagonal. Cette avenue est une des principales de Barcelone. Elle est créée lors de l’extension de la ville imaginé avec le plan Cerdà. Cette avenue se borde, notamment dans le quartier d'affaires, de grands sièges sociaux. Elle fait écho à l’aménagement de l’avenue de France dans la ZAC de Paris Rive Gauche. Barcelone est une ville aux lignes géométriques instaurées par le plan Cerdà, avec un paysage urbain horizontal. Pour autant, certains de ses bâtiments anciens tels que la Sagrada Familia ou sa topographie avec sa banlieue sur le flanc de la colline de Tibidao mais aussi certains bâtiments contemporains comme la tour de télécommunications ou les tours du Village Olympique lui confèrent aussi une lecture verticale. À partir de ces informations, les architectes ont conçu des projets de tours avec des gabarits répondant aux IGH et à cette lecture verticale. Dubaï s’impose comme la ville la plus haute du monde. Archgroup Consultants conçoit en 2012 l’hôtel JW Marriott Marquis Dubaï Towers. Ces tours jumelles avoisinent 355m de haut : elles dominent les environs et marquent l’entrée de la zone Business Bay. Elles donnent à voir les meilleures vues sur le Burj Khalifa, Business Bay et la mer. Cette architecture permet grâce à sa hauteur de vendre un paysage unique. L’hôtel est, à ce jour, le plus haut du monde. Au vu de la position stratégique de la zone d'affaires, de la classe élevée qui est attirée, du luxe que les bâtiments proposent, du tourisme engendré par ce quartier ainsi que de la politique de libre propriété des étrangers [capacité d'un investisseur d'acquérir une propriété en pleine propriété dans un pays dont il n'a pas la citoyenneté .], nous constatons que ce quartier a été entièrement 37 pensé comme un quartier de business, tant par ces programmes que la rentabilité qu’il doit apporter. Il est entièrement contrôlé par le gouvernement et répond directement aux critères instaurés par la mondialisation et le système capitaliste de notre ère. La rapidité du développement et de la construction de ce quartier nous démontre comment le capitalisme peut influencer, diriger et être comme finalité dans un aménagement urbain, dans ce cas, l’extension de la ville de Dubaï. Comme de nombreuses tours construites dernièrement, nous observons une déconnexion entre chacune d’entre elles. Les quartiers s’érigent sur des centaines de mètres de haut, dans une incohérence totale. Rem Koolhaas, a soutenu cette idée dans son ouvrage New-York délire : « un archipel de gratte-ciels fait de solitudes extrêmes, tracé sur une matrice qui les sépare radicalement les uns des autres, et flottant imperceptiblement sur la vaste mer du capitalisme . » 38 Si cette manière de construire en désolidarisation totale avec les architectures environnantes persiste, nous observons de nos jours une prise de conscience sur la manière de concevoir les architectures. La construction
« Foreign freehold property ownership by country ». Financial freedom index. [en ligne] Consulté le 08/08/2020. URL : http:// 37 www.financialfreedomindex.com/freehold_property.php
KOOLHAAS, Rem. Delirious New York: A Retroactive Manifesto for Manhattan. p.320. The Monacelli Press, 1978. p.123 38 Citation traduite par l’auteur
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se veut équilibrée et durable. La planification urbaine répond à des règles environnementales strictes en vue d’améliorer la qualité de vie des habitants. Tout comme les grandes métropoles, la ville de Bordeaux se dote de tours dans son nouvel aménagement. Trois tours vont voir le jour : le projet Hyperion de Jean-Paul Viguier, la tour Silva du studio d’architecture Bellecour et le tour Innova de Hobo Architecture dont la plus haute culminera à 55m de haut, ce qui dépassera la tour Wood’Up dans la ZAC de Paris Rive Gauche. C’est trois tours sont construites en bois. Elles répondent à de nombreuses certifications écologiques. Ce critère est aujourd’hui un gage d’excellence. Il témoigne de l’implication des investisseurs dans les problèmes écologiques. Seulement, ce critère devient une manière comme une autre d’acquérir une notoriété face à la population. Si la ville de Bordeaux ne fait pas partie des mégapoles mondiales, elle s’impose en France comme la ville avec la plus grande opération d’urbanisme du territoire. Ses aménagements sont le reflet des réflexions autour de la question de la sauvegarde du patrimoine français et de la modernisation des villes pour entrer dans la course des villes mondiales. Bien que ses architectures soient moins spectaculaires elles reflètent les constructions mondiales en vogue : des architectures hautes, qui agissent comme un totem et innovent par leurs techniques de construction pour sortir des sentier battus.
Le Mama Shelter Hotel Dubaï est un hôtel répondant aux mêmes problématiques. Bâti par l’architecte Franklin Azzi, sa construction a débuté en 2017. Il se compose d’une enveloppe en verre englobant une peau en bois. Cette architecture fait écho à l’immeuble en projet dans la ZAC de Paris Rive Gauche imaginé par LAN architecture nommé Wood’Up. Sa position dans la Business Bay est stratégique. Ce quartier étant au centre de la ville, il permet à l’hôtel de se situer à proximité de pôles touristiques tels que le centre-ville de Dubaï, le Burj Khalifa et le Dubaï Mall.
Si les tours se font plus basses avec ce type de construction, la mise en concurrence se maintient. Il est maintenant question d’exceller dans la construction écologique et de construire toujours plus haut, bien que les échelles ne soient pas comparables aux architectures de béton, de verre et d’acier.
Enfin, nous trouvons dans ces quartiers d'affaires des immeubles emblématiques avec une réputation mondiale. Seulement, celle-ci est bien souvent générée grâce à leurs architectures et non à leur programme. Ces architectures remarquables reçoivent très généralement des avis mitigés, allant même jusqu’à avoir des surnoms péjoratifs.
À Londres nous pouvons citer le 30 St Mary Axe (Swiss Re Building) surnommé « The Gherking ». Il est construit par Foster + Partners est livré en 2004. Cette tour d’usage tertiaire, de style néo-futuriste, est construit en béton avec structure en acier et une façade en verre. Il culmine à 180m de haut, s’imposant dans les plus hauts bâtiments de Londres. Sa forme spécifique, au-delà de son esthétisme, est aérodynamique. Elle utilise le vent pour son système de ventilation ; elle permet d’économiser de l’énergie. De plus, malgré les matériaux utilisés, il tente de s’inscrire dans une démarque en respect avec l’environnement. Avec seulement dix-huit places de parking pour un immeuble d’une aussi grande hauteur, il tente de réguler l’utilisation de la voiture dans ce quartier d'affaires.
La Torre Agbar à Barcelone surnommée « El Supositori » s’inscrit dans une architecture similaire. Conçue par Jean Nouvel elle remporte le prix International Highrise Awards. Elle culmine à 142m de haut et se place comme la 3e plus haute tour de Barcelone. La tour est qualifiée par l’architecte comme une émergence unique, qui s’inscrit dans son contexte. Sa forme, « une masse fluide », s’intègre dans son contexte par sa matérialité, sa couleur, sa luminosité, sa légèreté, rappelant l’eau, contexte proche du site. Elle se veut en
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rupture avec les tours droites et élancées qui poussent dans le paysage des villes horizontales. Elle symbolise l’entrée de la diagonal del Mar, la partie de l’avenue Diagonal traversant le Poblenou. Elle est un symbole de la nouvelle métropole mondiale que devient Barcelone. À travers ces deux exemples nous constatons le rôle primordial qu’a l’architecture sur la perception des usagers. Si des démarches sont envisagées en vue de répondre à des problématiques actuelles, ou de s’insérer dans un contexte donné tout en modernisant et renouvelant l'esthétique des constructions, celles-ci ne sont souvent que très peu comprises ou oubliées derrière leurs apparences. Enfin, une des architectures des plus exceptionnelles et démesurées du monde et qui a fait la renommée de la ville se trouve être le Burj Khalifa à Dubaï. Il est adjacent à la business Bay mais n’en fait pas partie. Il se situe dans le quartier le Downtown Burj Khalifa. C’est un vaste complexe à usage mixte dans lequel se trouve le plus haut gratte-ciel du monde, ainsi que le Dubaï Mall accompagnés d’une vaste variété d'immeubles résidentiels et de complexes touristiques. La mise en scène de ce bâtiment avec ses nombreuses attractions (spectacles de fontaines…) participe pleinement à la spectacularité du quartier souhaitée par les investisseurs. Avec pour objectif de « toujours plus » en vue d’impressionner.
Face à ce besoin incessant de visibilité, les politiques laissent une grande liberté à l’architecture et n’interfèrent plus dans les décisions. A contrario, l’architecture des années 60 est basée sur de nombreuses études et un dialogue entre politique et concepteur. Aujourd’hui, l’intuition de l’architecte prime sur la réflexion entre politique, concepteur, et territoire afin de créer une disparité dans le paysage urbain.
Dans cette logique, Paris projette un aménagement urbain des plus ambitieux d’Europe : le Grand Paris Express. Il vise à concevoir plus de 200km de nouveau réseau ferré alimentant 68 gares (prolongement de la ligne 14 et création de quatre nouvelles lignes : 15, 16, 17 et 18). Aménagé par une EPIC, société du Grand Paris, il regroupe une vingtaine de maîtres d’œuvre et d’équipes d’architecte françaises et internationales de grandes renommées. Nous comptons notamment Kengo Kuma and Associates, Franklin Azzi Architecture, Elizabeth de Portzamparc, Dominique Perrault Architecture, Atelier d'architecture King Kong, Benthem Crouwel Architects, Groupe-6, et bien d’autres encore. Parmi les équipes sélectionnées, la plupart d’entre elles ont participé à l’élaboration de grands projets urbains mondiaux. Nous constatons notamment des noms récurent cités dans les projets internationaux étudiés précédemment. L’intervention de ces grands noms de l’architecture permet aux financeurs de défendre leur image et de susciter l’envie d’autres investisseurs. Cela produit un cycle répétitif sans fin. De ce fait, nous retrouvons aussi bien ces équipes de maîtrises d’œuvre dans des opérations étrangères que parisiennes et notamment pour la conception des architectures de la ZAC de Paris Rive Gauche. C’est le cas notamment d’Arcadis et de AIA Ingénierie.
2. L’avenue de France : une œuvre urbaine des « starchitectes »
a) L’avenue
L’avenue de France, BJ/13 de son ancien nom, est une artère majeure de la capitale, au centre de l’opération de la ZAC de Paris Rive Gauche. Parallèle à la Seine, elle prend sa source au carrefour du pont d’Austerlitz
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et du quai d’Austerlitz et se termine sur le boulevard du général d’armée Jean-Simon. En 2002, le premier tronçon de l’opération, entre la gare d’Austerlitz et le boulevard Vincent Auriol, est rebaptisé Avenue Pierre Mendès-France.
D'une longueur totale de 2,4km ; 650m pour l’Av. Pierre Mendès-France et 1750m pour l’Av. de France, elle est coordonnée par l’architecte en charge Paul Andreu. Il s’entoure de deux architectes et urbanistes, chacun responsable d’un tronçon de l’avenue : Patrick Céleste est en charge de l’Av. Pierre Mendès-France et JeanMichel Wilmotte endosse l’aménagement de l’Av. de France.
Les premières esquisses sont réalisées au début des années 90, en parallèle de la construction de la Bibliothèque nationale de France et du projet Météor. Le projet du métro, bien que plus technique, a eu moins d’impact sur l’avenue contrairement à la BnF qui a sollicité une plus grande attention. Ce projet monumental est le point de départ de l’avenue. Il s’agit à la fois de concevoir une avenue qui s’adapte à cet ensemble et qui possède sa propre identité. Il était impensable de ne pas prendre en compte l’œuvre de Perrault, au risque de réaliser un ensemble urbain incohérent. Il s’agissait donc de trouver le juste milieu en vue d'atteindre l’équilibre du projet. L’avenue a été pensée d’une manière homogène sur toute sa longueur. Par sa prestance, la Bnf se suffit à elle-même. Ainsi, l’architecte coordinateur n’a pas eu à rajouter d’effet architectural supplémentaire au risque de faire trop. La bibliothèque se dévoile derrière les arbres, surprenant l’usager.
Large de 40m, elle s’inspire des grandes artères de la capitale. C’est au travers de longues analyses que l’architecte-coordinateur décide des grandes orientations de l’avenue. Elle s’inspire du tracé rectiligne des avenues du XIXe siècle, où se succèdent espaces publics, immeubles, monuments et jardins. Cependant, Paul Andreu a rompu avec la linéarité des façades haussmanniennes. Il découpe les îlots afin de créer des architectures sur rue indépendantes, de taille raisonnable : ni trop longue, ni trop haute. L’avenue est le résultat d’une équation entre les tracés historiques du Baron Haussmann et les nouvelles pratiques de la rue d’aujourd’hui. Ses dimensions impressionnantes découlent de la proportion établie par le Baron Haussmann, entre hauteur des immeubles et largeur de la rue. Cette proportion permet de créer une percée visuelle et de laisser passer une lumière optimale.
Paul Andreu a pensé son projet dans les moindres détails afin de créer un ensemble totalement cohérent et équilibré. Ainsi, Jean-Michel Wilmotte a dessiné le mobilier urbain dans une grande sobriété.
L’enjeu principal de l’aménagement urbain de cette avenue a consisté à préparer les terrains pour les architectes qui construisent. L’avenue prend sa matérialité finale avec la construction des projets architecturaux. L’avenue se place comme un berceau qui les accueille. C’est un travail complémentaire entre architecte-coordinateur et architectes ; ils sont indissociables.
Si Paul Andreu a tenté de dissimuler la démesure de l’avenue grâce à un aménagement réfléchi dans les moindres détails : végétation, mobilier, proportions, matériaux…, cette grandeur ne passe pas inaperçue dans la capitale et les architectures qui la complète, accentuent cette sensation.
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b) Les architectures
L’avenue de France tient un rôle central dans l’organisation et la conception de la ZAC de Paris Rive Gauche. Les concepteurs ont porté un soin particulier quant aux architectures qui bordent cette avenue. En effet, celle-ci joue le rôle d’une vitrine dans laquelle chaque architecture est mise en scène, comme exposée aux passants.
Lors des études, au début des années 1990, Paul Andreu met en garde les architectes sur les « architecturesmonuments » qui ponctuent la ZAC. À cette époque nous comptons la Bnf en construction, le hall de la gare d’Austerlitz et le Ministère des Finances, sur la rive droite. Son dessin de l’avenue de France se base sur le respect des échelles de la ville de Paris. Comme expliqué précédemment, l’architecte coordinateur base son aménagement sur un croisement de la rue du XIXe et celle du XXIe. Ainsi il souhaite ne pas cumuler trop de bâtiments à l’architecture exceptionnelle pour ne pas rompre avec cette échelle classique de la ville parisienne. Cependant, nous constatons que l’évolution de l’architecture est à contre-sens avec cette pensée. En effet, si la commande publique est très regardée, peu de critiques sont émises sur la commande privée. Cette production architecturale est réservée aux sièges sociaux des multinationales. Ce phénomène de constructions reste cependant très ponctuel à l’échelle de la ville. Pour autant, à l’échelle de l’avenue de France, ce phénomène est très répandu, causant une incohérence dans le paysage urbain (Annexe. 4 ; Fig. 6, 7, 8, 10, 11, 15 et 16).
Si le PAZ fixe une hauteur de gabarit, il n’y a aucune réglementation concernant les façades des bâtiments. Nous observons un panel très divers de matériaux, de couleurs et de formes se distinguant les uns des autres. Aucun projet n’est pensé en cohérence avec ses voisins, impulsés par la logique du star-system
Nous allons voir à travers différents exemples comment se manifeste l’architecture sur l’avenue de France. La première architecture se trouve dans le secteur d’Austerlitz. Il s’agit du bâtiment Le Monde de Snøhetta (Annexe. 4 ; Fig. 1). Son architecture est pensée comme un bloc dans lequel des parties ont été soustraites afin de créer des espaces publics : en résulte un bâtiment pont. Sa forme et sa position géographique lui confèrent un rôle de porte d’entrée de l’avenue et donc du quartier. Les espaces soustraits sous le pont ont permis la création d’une place publique, divisée en deux. Une première partie fait face à l’avenue Pierre Mendes-France et à la Seine et permet l’accès à l’accueil, à l’entrée de l'auditorium ou à l'entrée du personnel. Des plafonds voûtés en voile de béton se répandent reliant le bâtiment du monde à la gare d’Austerlitz. Ils représentent le « flux transitoire d'informations comme les nuages ou les étoiles se déplaçant dans le ciel ». Cette installation doit permettre de créer un lien visuel entre les deux bâtiments en vue de redynamiser le parvis de la gare. Ainsi, il est escompté que l'attractivité des nouveaux espaces publics du bâtiment du journal Le Monde profite aussi à la gare. La seconde partie de l’espace public de l’architecture fait face aux voies ferrées. Elle reçoit plus de lumière directe du soleil. Son aménagement a donc été pensé en conséquent. Un café et un aménagement paysager plus intime, doté de sièges et d’espaces verts permettent aux usagers de profiter pleinement de cet espace et de ses atouts. Pour faire sortir ce bâtiment du commun, les architectes ont porté une grande réflexion à sa forme mais aussi à sa façade. Elle est formée par une mosaïque de carreaux de verre semblant représenter des pixels. Cet effet est amplifié par la translucidité variable du verre - de transparent à opaque. L’idée est de porter un double regard sur cette façade : de loin,
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elle semble être homogène, simple, sobre et lisse alors qu’en réalité, elle se trouve être beaucoup plus complexe et travaillée. La complexité du projet Aurore T5B de Kengo Kuma réside dans sa parcelle. Elle fait partie des architectures construites en surplomb des voies ferrées du secteur Tolbiac. Ce projet est réalisé en association avec Marchi architectes. Il se compose de deux bâtiments abritant des complexes hôteliers. Le premier est une auberge de jeunesse « Slo Living Hostel » de 44 chambres, composée de programmes annexes. Elle permet de répondre aux besoins de logements des startupers de la station F. Le deuxième bâtiment est un hôtel cinq étoiles de 140 chambres avec des programmes adjacents . Son architecture inspire une forme naturelle qui laisse 39 descendre le ciel à la rue. La façade est constituée de panneaux formant des écailles. Avec sa forme déstructurée, les architectes ont cherché à créer une confusion dans la lisibilité du bâtiment. La structure en bois du bâtiment est modulable. Ce matériau vient se marier et jouer avec les reflets des panneaux en acier inoxydable. Le bâtiment s’animera en fonction des heures de la journée et de la luminosité, créant des jeux d’ombres et de lumières avec les écailles. L’immeuble se veut être un poumon vert au sein du contexte dense de la ZAC. Cela permet de répondre à des exigences écologiques mais aussi de faire écho au jardin de la BnF situé en face. Au centre, se trouve un jardin public de plantes locales ainsi que de multiples terrasses suspendues qui renforcent aussi le lien avec la promenade verte Claude-Lévi-Strauss à l’ouest . Ce projet a 40 pour but de devenir une référence dans ce nouveau quartier de la capitale. L’Atelier Phileas se charge de la coordination d’un aménagement décisif dans la conception de la ZAC. Situé sur le lot T10, au-dessus des rails de chemin de fer, il s’agit de concevoir un ensemble de trois immeubles, permettant de recréer un lien entre l’ancien 13e et le nouveau. La parcelle se situe à la limite de la ZAC, en lien direct avec le tissu plus ancien du 13e. Pour répondre à ce défi, les architectes jouent avec un épannelage sur les façades et en toiture afin d’offrir des points de vue sur le tissu existant. Cela permet d’ouvrir la percée visuelle et de ne pas se placer en opposition au reste du 13e. Ils s’entourent de deux autres équipes : LA Architectures et Architecte Search. Ensemble, ils conçoivent un complexe avec des identités architecturales définies et distinctes pour chaque bâtiment mais avec des concepts transversaux qui permettent de garder une unification générale. Les bâtiments se développent autour de trois axes : des espaces de programmes définis et délimités en façade, une skyline assurant une transition entre les deux quartiers (avec des ouvertures laissant entrevoir des vues et passer la lumière) et enfin un fil conducteur vert. Des terrasses collectives et privatives, des jardins partagés, des jardinières et des toitures végétalisées seront mises en place dans le but de répondre à des exigences écologiques et de ramener la nature en ville tout en liant les bâtiments entre eux. Les façades blanches des bâtiments garantissent une lisibilité claire. Elles ne surchargent que très peu l’espace urbain. Par ailleurs, malgré son aspect élémentaire, l’ensemble se trouve être imposant dans ce contexte urbain aéré par les espaces publics et le dénivelé qui le borde.
Rudy Ricciotti conçoit entre 2012 et 2014 un ensemble de bureaux/logements nommé le Nid (Annexe. 4 ; Fig. 9). C’est un des ouvrages emblèmes de la ZAC de Paris Rive Gauche. Il se situe au carrefour de l’avenue de France et de la rue de Tolbiac, les deux axes majeurs du quartier. Tout comme les architectures bordant l’avenue de France, il se situe au-dessus des voies ferrées. Adjacent à la Bibliothèque nationale de
« Projet Aurore -T5B Paris Rive Gauche - Paris (75) ». OTEIS. [en ligne] Consulté le 20/08/2020. URL : http://www.oteis.fr/ 39 project/aurore-t5b-paris-rive-gauche-paris-75/
« Projet Aurore T5B Paris Rive gauche développé par la Compagnie de Phalsbourg et Station F ». Arcadis. [en ligne] Consulté le 40 03/08/2020. URL : https://www.arcadis.com/fr/france/news/communiques-de-presse/2017/projet-aurore-t5b-paris-rive-gauchedeveloppe-par-la-compagnie-de-phalsbourg-et-station-f/
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France, il s’impose dans une architecture à la fois élégante et raffinée mais tout autant spectaculaire. Il se décompose en deux parties : un immeuble de bureaux et un de logements, séparés par un cœur d’îlot. Les façades des bureaux sont vitrées et recouvertes d’une résille de bois symbolisant un nid d’oiseau. Celle-ci a une fonction technique puisqu’elle agit comme un brise soleil. L’immeuble de logements est totalement différent. Il se démarque par ses façades lisses, dues aux pierres sombres noires et vertes, même si les balcons rendent les façades anguleuses. Les deux bâtiments distincts sont liés grâce à un cœur d’îlot hors du commun. Il se compose d’un petit jardin et d’un plan d’eau. La végétation y est haute et dense. Si les façades sur rue restent très sobres et simples, au cœur de l’îlot, l’architecture se révèle. Les façades donnant sur le jardin et le plan d’eau sont en verre et ondulantes. La hauteur des immeubles est à peu près de 33m de haut. Le bâtiment Home construit par Hamonic + Masson & Associés et Comte Vollenweider (Annexe. 3 ; Fig. 13 & 14) se compose de la première tour d’habitation du quartier depuis les années 70. Elle marque définitivement le retour à la hauteur dans la capitale française. Haute de 50m, elle forme un ensemble de logements avec un immeuble d’une hauteur plus basse. La tour verticale se compose de strates horizontales, de différentes orientations. Cet effet procure mouvement et dynamisme au bâtiment qui semble s’élever au ciel. Cette composition formelle possède un autre atout pour les logements : les balcons pivotants les uns par rapport aux autres garantissent le meilleur ensoleillement. La forme de l’immeuble horizontal est dessinée grâce à des gradins rappelant des courbes topographiques. Cette forme permet de laisser pénétrer la lumière de la rue au sein de l’îlot. Ces gradins prennent leur accroche sur un socle commun qui relie les deux bâtiments entre eux. Ce socle mêle espace commercial et logements, surplombé par un jardin en toiture. Ce projet possède une structure innovante pour pallier aux problèmes liés aux infrastructures de transports sous l’avenue de France : 333 boîtes à ressorts sont mises en place entre l’infrastructure et la superstructure. Cela permet de protéger le bâtiment des vibrations du réseau ferré. Les façades sont habillées d’un bardage en métal doré et argenté, qui reflète la lumière donnant au bâtiment un aspect de bijou, sur la vitrine urbaine qu’est l’avenue de France.
Les architectures sont soumises à une concurrence permanente dans le but d’être la plus innovante. La ZAC et plus précisément l’avenue de France devient le nouveau terrain de jeu des architectes : un laboratoire d’expérimentation où les concepteurs n’ont pas de limites ; encouragés par les aménageurs, les investisseurs et les politiques. C’est la grande visibilité mondiale que possède cette avenue, dans ce tout nouveau quartier d’affaires, qui rend attrayantes les parcelles aux yeux des investisseurs. Pourtant, lors de la composition urbaine de l’avenue, les aménageurs tentent de trouver une équité entre les règles urbaines et la marge de liberté de création individuelle de chaque architecte afin de conserver une uniformité et une régularité dans le paysage urbain41
Si un bon nombre des constructions justifient leur design grâce à la logique de star-system, nous distinguons deux catégories. La première, durant les années 80, représente la naissance de cette logique de construction. La deuxième apparaît durant les années 2000. Les architectures son impulsées par la constante recherche de
« L'avenue de France ». Paris Rive Gauche. [en ligne] Consulté le 01/03/2020. URL : http://www.parisrivegauche.com/Les- 41 quartiers-et-leurs-projets/2-axes-de-circulation-majeurs/L-avenue-de-France
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notoriété de la part des investisseurs due à la vague néo-libérale. À partir du XXIe siècle, les architectures deviennent un moyen d’attirer les investisseurs.
Dans les années 80, les starchitectes apparaissent grâce à l’impulsion des concours d’architecture essentiellement issus de la commande publique : la pyramide du Louvre, la très grande bibliothèque, l'Institut du monde arabe. Cette décennie marque l’âge d’or de l’architecture : elle fait parler d’elle à travers différents supports : presse, publications, médias, … mais elle est aussi en grande majorité réalisée. Elle permet de mettre à jour une nouvelle génération de jeunes architectes qui règne de nos jours. De nos jours, ces architectes comme Jean Nouvel, Frank Gehry, Bernard Tschumi, Dominique Perrault et Christian de Portzamparc s’attirent la convoitise des grands capitaux privés de la ZAC et participent activement au changement du visage de la capitale parisienne.
En septembre 1997, la ville de Paris organise un Conseil de Paris afin d’éclaircir les dettes de la Ville. Cellesci sont en partie causées par la ZAC de Paris Rive Gauche dont son déficit est estimé à 6 milliards de francs. L'achat conséquent de terrains fonciers est en partie responsable de cette somme. À ce moment-là, il représente 60% des dépenses globales, c’est-à-dire 531,4 millions de francs pour un total de 909,5 millions. Seulement, les recettes estimées des constructions s’élèvent à 485,2 millions, trop peu pour rentabiliser les dettes de la Ville de Paris . Ainsi, avec cette dette, la Ville de Paris ne peut envisager trop de frais 42 supplémentaires liés à la construction d’infrastructures publiques. L’État sollicite donc des capitaux privés pour financer les opérations qu’il ne pourra assurer. Dans cette logique, nous constatons que les architectures nées avant les années 2000, comme la BnF, ne se développent pas dans le but d’attirer des investisseurs, mais dans le but de produire des architectures-objets. Cependant elles restent tout autant exceptionnelles et démesurées dans leur contexte.
3. Renouer avec la hauteur
Tours et gratte-ciels ne sont plus seulement des architectures rayonnantes à l’échelle nationale. De nos jours, leurs impacts à l’échelle mondiale sont énormes. Pour la plupart, elles sont devenues un des vecteurs du tourisme international constituant le symbole d’une ville. Nous pouvons prendre en exemple les tours de télévision Fernsehturm à Berlin, ou Žižkov à Prague, la tour CN à Toronto ou encore la Space Needle à Seattle. Cette attraction peut être due à leurs architectures et dimensions impressionnantes. Si pendant des années un certain nombre de tours (habitations comme techniques) ont été critiquées et rejetées, aujourd’hui la prestance qu’elles dégagent, anciennes comme nouvelles, est un moyen de véhiculer la grandeur et la modernité d’une nation.
Si initialement la tour était un moyen de construire pour répondre à des besoins techniques ou de logements, aujourd’hui, son programme est plus complexe. Très sollicitée dans un environnement urbain dense pour sa petite emprise au sol, elle symbolise le dynamisme d’une ville. Elle permet de regrouper un grand nombre de services permettant d’attirer différentes cibles et ainsi atteindre une certaine rentabilité. En effet, la tour se doit d’être des plus spectaculaires pour attirer investisseurs et usagers afin d’amortir les coûts onéreux engendrés par leur complexité structurelle et les normes techniques. Pour autant nous observons un paradoxe
ECHEGUT, Alain. « Paris : le PS réclame des éclaircissements sur la dette de la Ville ». Les Echos. 24/09/1997. [en ligne] Consulté le 12/02/2021. 42 URL : https://www.lesechos.fr/1997/09/paris-le-ps-reclame-des-eclaircissements-sur-la-dette-de-la-ville-820768
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: il est compliqué de concevoir une tour, sans empiler, à partir d’une certaine hauteur, qu’elles soient de logements ou tertiaire, des typologies identiques. Cela entraîne une monotonie architecturale. Si des exceptions arrivent à se démarquer, comme le Tribunal Judiciaire de Paris, elles sont majoritairement toutes semblables. La prolifération de ce type d’architecture aboutit à la création d’une image dépersonnalisée où toutes les villes sont vouées à se ressembler. Par ailleurs, le bilan énergétique qu’elles dégagent n’est pas moindre, même pour les plus performantes, dites écologiques.
Ces géantes de l’architecture témoignent de l’évolution des représentations des usagers. Aujourd’hui, la tour renvoie des signaux très positifs. Cette image renvoyée au rang mondial produit des quartiers d'affaires internationaux dans une ville. Les plus grandes entreprises s’y installent pour le prestige et les prestations qu’elles offrent. Les tours sont le reflet du système capitaliste qui consiste à faire du profit pour enrichir le pays.
Pour autant, la tour possède des inconvénients. Son impact dans l’environnement urbain n’est pas négligeable. Par sa hauteur, elle fait perdre toutes notions de proportionnalité dans une ville, l’usager peut se sentir déstabilisé. Elle occupe un espace dimensionnel beaucoup plus important qu’un immeuble bas, qui se place comme une barrière face à la ligne d’horizon. Enfin, la tour, par sa hauteur, s'octroie la lumière. Ainsi ces tours peuvent devenir un environnement austère et inhumain. Le risque d’en faire un quartier est de provoquer une rupture entre les liens sociaux : le voisinage, la vie de quartier, la proximité et les interactions entre les usagers ne se font plus de la même manière. La tour est avant tout un moyen de vendre du prestige, de témoigner d’un pouvoir. En résumé, la tour est un moyen de conception facile et évident pour montrer la grandeur des dominants.
La ville de Paris possède un urbanisme condensé et étalé. Au fil des siècles, elle connaît des agrandissements urbains qui font d’elle, aujourd’hui, une ville aussi dense que Manhattan. Son architecture, bien que ponctuée par des tours et des monuments hauts, est équilibrée et harmonieuse. Les grands travaux engagés par le Baron Haussmann au XIXe siècle lui procurent une identité architecturale de renommée mondiale. Ainsi, a contrario de Dubaï, les tours ne caractérisent pas Paris. Celles-ci servent seulement à exposer les investisseurs et se placent en opposition avec le paysage urbain parisien. Seulement, dans cette course à la hauteur impulsée à l’échelle mondiale, la ville de Paris pouvait-elle rivaliser avec ses immeubles de 30m de haut face aux tours de Londres et de Dubaï, bien que leurs concepteurs soient les mêmes ? Le Grand Paris se place aujourd’hui comme la métropole européenne ayant le plus de tours.
La mairie de Paris vote en novembre 2010 le déplafonnement des hauteurs de constructions limitant les logements à 50m de haut et les immeubles de bureau à 180m de haut. Les capitaux privés sollicités répondent favorablement à cette nouvelle orientation urbaine. Cette typologie offre une réponse positive à la demande des usagers qui souhaitent vivre près de leur lieu de travail, dans la logique où l’objectif principal est de rééquilibrer le secteur tertiaire entre l’Ouest et l’Est de la capitale. Seulement, cette population n’est pas majoritaire et les parisiens qui sont détachés de cette idée ne sont pas en admiration devant les tours. Ainsi la tour reste le meilleur moyen de construire sur des emprises minimes, un nombre de logement bien supérieur à un immeuble standard et ainsi répondre aux attentes de vie des usagers : vivre proche de son travail.
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Cette prise de conscience de la part des politiques et des usagers témoigne d’un changement de mentalité des représentations à l’égard de l’utilité et des avantages des gabarits de la tour. Mais peut-on penser que les problèmes soulevés dans les années 70 avec les constructions de tours, sont résolus ?
Pour rappel, l’esthétique des Olympiades est décriée, la mixité sociale souhaitée réduit considérablement l’attractivité du secteur, le prix du foncier augmentant réduit également la cible potentielle d’acheteurs sans compter le manque de transport en commun. En outre, les équipements de quartier tardent à se construire. Ce n’est qu’en 1974, avec l’arrivée de la population asiatique que la dalle des Olympiade se dynamisme. Le quartier est alors catégorisé, jusqu’à être dénommé « quartier chinois », et formant la réputation du 13e dans Paris. Ainsi, aujourd’hui dans l’imaginaire collectif, le 13e et ses tours sont assimilés à cette population, bien que cela ne représente pas la majorité de l’arrondissement.
Le sujet du retour des tours dans la capitale provoque des réactions et des mouvements engagés par les 43 associations dont Tam-Tam. Ces manifestations nous laissent comprendre que la construction des IGN n’est pas bien perçue dans le 13e arrondissement, depuis l’opération de grand ensemble des années 70, Italie 13. Pourtant nous constatons qu’une majorité des problèmes soulevés à l’époque sont résolus : de nombreux transports en commun desservent le quartier, les équipements sont présents, la mixité sociale semble fonctionner, seul l’esthétisme des tours restent à prouver. Si l’impact paysager de la tour n’est pas anodin (Annexe. 5), car il dénote par rapport à l’histoire de la ville et prend le dessus sur le reste du paysage, la tour devient un véritable symbole de renouvellement urbain et politique, mis en avant par nos dirigeants.
Les nouveaux IGH émergents se distinguent totalement des IGH des années 70. Ils répondent à des architectures variées et spectaculaires, issues d’appels d’offre et inscrites dans des problématiques actuelles. La première tour de la ZAC, nommée Home, est livrée en 2015. Elle symbolise le retour à la hauteur dans la ville et marque le début d’une longue série de tours dans le quartier. Une deuxième tour émerge en 2016. Il s’agit de la tour de la biodiversité construite par l’architecte Édouard François (Annexe. 4 ; Fig. 17). Elle s’élève à 50m de haut. Sa façade est composée d’un revêtement de titane aux reflets bleus-verts qui fait changer l’aspect du bâtiment selon les heures de la journée. Une résille métallique tendue, créant le gardecorps, englobe la tour, comme une seconde peau. Elle est habillée par des plantes sur toute la hauteur des quatre façades. Ces espèces ont une capacité à se développer dans tout type de milieu. À terme, il a été souhaité que cette tour devienne sémencière : les vents permettent de répandre les graines dans l’environnement proche de la tour. Ainsi elle participe à l’aménagement paysager du quartier. Pour autant, elle connaît des controverses. En effet, le revêtement métallique est obtenu avec des plaques d’aluminium anodisées. Ce processus de fabrication est loin de correspondre à la démarche écologique dans lequel veut s’inscrire le projet. S’ajoute à cela le reflet qu’elles créent : au contact des rayons du soleil celui-ci peut devenir aveuglant tant pour les usagers de la tour que pour les passants dans la rue. La couleur verte, avec le soleil procure aussi une ambiance colorée sur le balcon et au sein des appartements, pas forcément souhaité par les habitants. La résille métallique qui englobe la tour en soutien des plantes, procure une sensation
« Lettre ouverte aux candidats du 13e : Pensez-vous vraiment qu’un nouveau quartier privé de tours ‘’Bruneseau-Seine’’ soit une 43 bonne idée ? ». France Nature Environnement Paris. 20/03/2020. [en ligne] Consulté le 27/03/2020. URL : https://fne-paris.fr/ 2020/03/03/lettre-ouverte-aux-candidats-du-13e-pensez-vous-vraiment-quun-nouveau-quartier-prive-de-tours-bruneseau-seine-soitune-bonne-idee
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d’enfermement, une fois sur le balcon. Le mur végétal imaginé n’est pas non plus des plus réussis. La tour est livrée depuis 4 ans, pourtant les plantes ne sont pas encore très répandues. Comme un bon nombre de murs végétaux, cette façade n’atteint pas le niveau escompté. Est-ce dû à l’exposition, au support, à sa localisation ou faut-il plus de temps pour que ce projet aboutisse ? Bien que fortement critiqué, il illustre les expérimentations architecturales engagées dans la ZAC et plus spécifiquement, il tente de répondre aux orientations écologiques et de densification en hauteur des villes souhaitées par les politiques. Un des projets phares de ce retour à la hauteur dans Paris est le projet des Tours Duo de Jean Nouvel (Annexe. 6). Il est actuellement en cours de construction. Il se compose de deux tours : Duo 1 se compose de 39 étages et culmine à 180m. Duo 2, qui atteint les 125m de haut, s’agence sur 27 étages. La parcelle de ce projet est particulièrement petite : 8 794m². Avec un projet de grande hauteur, l’architecte a pu atteindre une surface de plancher de 106 950m². Ainsi ce type de construction prend sens à l’échelle de la parcelle. Il permet la construction d’une surface intéressante sur une petite zone, toujours dans une logique de rentabilité et de prospection. Les Tours Duo possèdent une spécificité qui les démarquent des architectures de tours standards. Elles ont un angle d’inclinaison qui leur procure un sentiment de déséquilibre. Ces deux tours s’imposent dans la perspective visuelle de l’avenue de France. Elles se placent comme une butée qui clôt cette avenue. Ainsi, si nous comparons l’avenue de France à une vitrine urbaine, la position des Tours Duo les place comme l’élément principal, à mettre en valeur. Ainsi, leurs hauteurs et leurs architectures concordent avec la prestance et la grandeur que leur offre l’avenue de France. La livraison de ces géantes est prévue pour 2021. Leur grande surface aura une vocation tertiaire : elle permettra d’accueillir des bureaux, un hôtel quatre étoiles ainsi que des commerces. Son attractivité ne doit pas concerner seulement un type d’usager. En imaginant un tel projet, la cible visée est beaucoup plus large. En effet, il a été souhaité que celles-ci soient ouvertes à tout public, notamment grâce à des terrasses - espaces publics en étage. Parmi les différents types de cibles visées nous pouvons citer les voyageurs d'affaires et les touristes. Ils participent pleinement à répandre la visibilité d’une architecture au niveau mondial. Ce projet se veut respectueux de la qualité et de l’environnement et engrange les labels et certifications44
Un autre des projets emblématiques de la ZAC se trouve être celui de l’agence d’architecture LAN, avec son projet de tour en bois dans Bruneseau Nord. Wood’Up est une des premières tours en bois de France et des plus hautes du monde. Avec sa hauteur de 55m, elle se compose de 17 étages avec une charpente et une toiture en bois. Afin de ne pas détériorer le bois en façade, elles seront recouvertes d’une double peau de verre. Celle-ci permettra d’imperméabiliser la structure et de la protéger de la pollution. Cette technique est une première : elle innove dans les modes de construction. Le bois joue un rôle majeur dans le projet, il permet de dessiner une trame en façade. Elle permet de dessiner un module type à multiplier selon la taille des logements souhaitée. Le bois a ainsi été mis au cœur du projet ; il permet de structurer des espaces, de concevoir sa structure et de créer l’esthétique qui définit la tour. Cette trame se développe sur deux étages. Cela permet de générer un espace extérieur tous les deux étages. Ainsi, ils profitent d’une meilleure qualité d’ensoleillement. La tour de logements privés répondra à une excellence environnementale, à des prouesses techniques importantes et des innovations concernant les conditions de logements. Ces caractéristiques offriront un standing à cette tour. Seulement, il représente un certain prix car le bois et ses coûts de fabrication sont plus élevés que des matériaux standards. Ainsi, cette construction est un grand défi.
« DUO ». AJN. [en ligne] Consulté le 12/06/2020. URL : http://www.jeannouvel.com/projets/tours-duo/
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Aujourd’hui, les constructions de grande hauteur ne sont pas des goûts de tous. Avec son prix au m² plus important, elle nécessite une plus grande attractivité afin de trouver des acquéreurs. Enfin, pour rompre avec l’idée que la tour se place en rupture totale avec les liens sociaux, l’immeuble prévoit un espace partagé au 8e étage. Celui-ci doit permettre de fédérer des interactions entre les habitants. Pourtant, ces derniers se regroupent entre eux au sein de l’immeuble et ne s’ouvrent pas au reste du quartier. Cela créé une rupture entre le bâtiment et le reste de la ville.
Ce retour à la hauteur, notamment dans le quartier Bruneseau est prévu dans le projet conception de 2003. En effet, dans le chapitre III : Analyse des impacts du parti d’aménagement sur l’environnement et mesures compensatoires envisagées - I : Les effets permanents et les mesures compensatoires du parti d’aménagement sur la population et le cadre urbain (structure foncière, bâti et cadre de vie), il est stipulé que le secteur initialement nommé Masséna Bruneseau se placerait en rupture avec le reste de la capitale et de la ZAC en imposant un paysage urbain bien différent et où l’urbanisme serait d’une densité nouvelle . Ainsi, la 45 cohérence architecturale entre le 13e, la banlieue et Paris, est volontairement délaissé, au profit d’une image de ville moderne. De plus, la tour reste le meilleur moyen de répondre à la problématique parisienne que soumet le manque de parcellaire : une rentabilité offre/demande de surfaces disponibles, de la densification et un bon développement économique.
Depuis le XXe siècle, la prolifération de tours dans le monde s’accroît considérablement. Si la ville de Paris a cessé ce mode de construction pendant près de quarante ans, aujourd’hui la capitale française s’impose dans la course. En l’espace de dix ans, elle envisage un certain nombre de projets de grande hauteur, répondant aux différentes thématiques actuelles : la construction de grande hauteur spectaculaire et la construction en hauteur écologique. Seulement, la tour ne possède pas de réel intérêt urbain pour la ville, elle permet simplement de renvoyer une image de modernité et une logique de promotion immobilière mise en place dans la ZAC et plus largement dans le monde. En outre, l’accumulation des tours depuis les années 70, en bordure de la capitale fabrique une frontière physique isolant le Paris historique du Grand Paris.
IV. Le premier éco-quartier de Paris
Suite aux débats sur la COP21, les politiques ont pris conscience de l’urgence écologique dans la conception de la ZAC. La ville de Paris vise à concevoir un quartier répondant à de hautes exigences écologiques. Le quartier de Bruneseau sera le premier quartier décarboné répondant au label E+C- au niveau 3. Il marque une nouvelle ère pour l’aménagement de la capitale : il devient le démonstrateur de la ville de demain. Il aura pour objectif d’allier le confort à une énergie basse ainsi qu’une grande innovation technologique et la pérennité des systèmes.
Un éco-quartier est un aménagement fondé sur les principes du développement durable : limiter son impact environnemental, favoriser le lien social, se développer économiquement.
Mairie de Paris, Plan d’Aménagement de Zone (2003). p.180.
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En France le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie. Ainsi le quartier de Bruneseau se compose de bâtiments à basse consommation, construits à partir de matériaux écologiques. Des panneaux solaires sont projetés sur les toitures pour alimenter le quartier en énergie. Ainsi, 50% de l’énergie produite sera réutilisée sur le site.
La mixité sociale est également mise en avant dans le projet. Elle vise à offrir une diversité sociale, culturelle et générationnelle dans un rayon d’une centaine de mètre. Ainsi, des équipements tels que des résidences étudiantes et seniors, des logements privés et sociaux, des équipements publics comme une crèche multiaccueil, un groupe scolaire et un jardin public sont projetés. La mixité sociale est aussi pensée au sein même des immeubles. Joseph Falzon réalise une bande dessinée du projet Bruneseau Seine pour le compte des architectes Hardel Le Bihan, Youssef Tohme, Adjaye Associates et Buzzo Spinelli, lauréats du concours Inventer Bruneseau (Annexe. 7). Les architectures s’articulent d’une multitude de programmes, visant une auto-suffisance et se plaçant en marge du quartier.
Les modes de transports doux (à pied, à vélo ou en transports en commun) sont favorisés afin de limiter considérablement l’usage de la voiture. Ainsi les aménagements de voies piétonnes, des pistes cyclables, des parkings à vélos et de la continuité du réseau de transports déjà dense permettent d’offrir une variété de solutions à l’usager. Pour autant, cet aménagement est pensé à l’échelle de la ZAC et ne se cantonne pas à l’éco-quartier Bruneseau Nord. Cela s’inscrit dans la continuité des décisions politiques prises par la maire de Paris Anne Hidalgo. Nous observons ce jeu de réflexion permanent entre Paris-ZAC Paris Rive GaucheBruneseau Nord, afin d’obtenir une cohérence territoriale dans les décisions politiques en vigueur.
La biodiversité est une des caractéristiques de l’éco-quartier. Elle vise à développer la faune et la flore dans le quartier et notamment au cœur des ilots qui représentent l’espace de vie des immeubles. Ainsi, cette opération se traduit par la végétalisation des sols, des terrasses et des toitures améliorant le confort de vie des usagers. Cet aménagement s’inscrit dans une logique de re-naturalisation de cet ancien espace industriel et routier. Cependant, on observe que si l’accent est mis dans ce secteur, il ne s’insère pratiquement que dans des parcelles d’immeubles. Ainsi, si quelques parcs ponctuent la ZAC, majoritairement cette dernière se trouve en déficience. Peut-on donc dire que la végétation souhaitée dans ce quartier permettra, à long terme, de recréer un écosystème à travers la ZAC de Paris Rive Gauche ? Enfin, l’éco-quartier avance la notion d’éco-citoyenneté. L’éco-citoyenneté est une prise en considération de l’environnement dans lequel nous vivons. Ce terme se compose des notions d’« écologie » et de « citoyenneté ». Ainsi, cela implique que l’usager possède des droits et des devoirs face à son environnement. Les habitants du quartier sont donc impliqués dès le début de la conception, dans la gestion des projets et dans la construction de ceux-ci.
Nous observons que les valeurs qui fondent l’éco-quartier se retrouvent également dans d’autres secteurs de la ZAC. Les modes de transport doux s’étendent à l’échelle de la ville de Paris, l’implication des habitants dans le projet est développé dès 1990, la prise en compte de la biodiversité dans le projet s’inscrit dans la démarche de conception de la bibliothèque de France… Seule la labellisation des bâtiments reste propre au quartier Bruneseau. Ainsi, cela nous mène à nous questionner sur la réelle nature de l’éco-quartier Bruneseau Nord.
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Le projet lauréat de l’étude de définition de ce secteur est celui des ateliers Yves Lion. La force de ce projet réside dans la prise en compte et l’intégration du périphérique urbain dans la ville : il n’est plus pensé comme une infrastructure hostile mais comme une artère parisienne.
En 2017, le projet Nouvel R, rebaptisé Bruneseau Seine, de l’équipe coordonnée par Hardel Le Bihan est lauréat du concours Inventer Bruneseau. 85 000 m² de logements neufs, de bureaux et de commerces et d’activités sont projetés sur le secteur dessiné par les ateliers Lion. Ils basent leur aménagement sur des gabarits haut et dense en bois. Le projet Bruneseau Seine doit ainsi prolonger et affirmer la skyline du 13e arrondissement. Les immeubles de grande hauteur permettent de recréer une centralité dans le projet et ainsi redonner à ce quartier vide un sens dans la ville et le projeter comme un point stratégique en Paris et Ivry.
Les projets architecturaux proposés dans ce secteur de la ZAC restent très hétéroclites et l’urbanisme très dense. Nous observons une typologie qui diffère des autres secteurs de la ZAC. Le périphérique urbain qui traverse le secteur impose un aménagement habile et ingénieux du terrain. La superficie du secteur Bruneseau est bien moindre comparée à celles des autres secteurs. Pour rentabiliser la construction, il faut pouvoir augmenter la superficie de plancher. Ainsi un certain nombre de tours vont voir le jour. La nécessité de composer un quartier s’inscrivant dans une ville durable s’est vite imposée dans la capitale. Avec les Accords de Paris sur le Plan Climat, les politiques souhaitent réduire tant que possible l’empreinte carbone. Pour cela ils envisagent de changer les modes de construction dans la capitale. Un bâtiment standard utilise 50% de ressources naturelles et produit 25% de CO2. Le ciment contenu dans le béton représente à lui seul 5% du CO2 dégagé. Ainsi la ville de Paris projette des constructions en bois dans le quartier Bruneseau. Ce sera l’opportunité d’innover dans le domaine de la construction. Ce matériau a l’avantage d’être naturel et renouvelable. Le promoteur de la tour Wood’Up affirme que chaque arbre utilisé sera replanté. Par ailleurs, nous ne pouvons affirmer que la ressource n’est pas inépuisable. Car même si les arbres repoussent, cela prend du temps. L’ampleur du phénomène de tours en bois augmente considérablement dans le monde. Cette ressource pourra donc faire face à la surconsommation bien connue dans notre ère et cela mènera à une pénurie.
Le projet Wood’Up est né à la suite d’un appel à manifestations d’intérêts (AMI) lancé par Adivbois (Association pour le Développement des Immeubles à Vivre en bois). Les projets issus de cet appel ont pour ambition de démontrer l’intérêt et les avantages du matériau pour la construction durable. Wood’Up est un des IGH en bois des plus hauts du monde. Le projet inclut dans son aménagement des terrasses végétalisées. Elles permettent de poursuivre la trame verte importante pour un bon équilibre de la biodiversité. Il se compose d’une structure bois. Pour autant son infrastructure est conçue en béton. Les planchers et les murs de contreventement sont en CLT de résineux tandis que l’ossature est en lamellé-collé. En plus d’être bas carbone, le bois est réputé pour ses qualités de bon isolant. Une deuxième tour en bois est prévue pour 2021. Il s’agit de la Tour Commune : c’est une résidence étudiante dessinée par les agences WOA et Nadaud Lavergne. Penser la ville durable de demain signifie penser une éventuelle évolution programmatique. Ainsi, à travers leur architecture, les architectes imaginent une structure aérée permettant d’anticiper ce changement de destination. Pour cela ils associent différents matériaux : le bois, l’acier et le béton. Chacun possède des atouts et un but précis dans la construction. Le béton permet de stabiliser la structure de la tour sur les deux premiers étages. Au-dessus du socle s’élance la tour. Elle est composée d’un noyau central également en béton. L’ossature du bâtiment vient s’accrocher sur
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les cinq côtés de ce noyau. C’est une structure poteaux-poutres en lamellé-collé. Ce système permet de générer de grands plateaux libres. Ainsi, il sera aisé de réaménager les espaces en fonction des futurs besoins. La façade du bâtiment sera imaginée en métal. Cela permet de protéger le bois. Par ailleurs, il sera mis en évidence dans l’architecture intérieure du bâtiment et dans le mobilier des espaces communs. Tout comme la tour Wood’Up des espaces extérieurs végétalisés sont pensés en façade et en toiture pour amener la biodiversité : insectes, plantes grimpantes, légumes, oiseaux, prairies… Un maximum d’espaces plantés seront aussi créés devant le bâtiment. Ces deux bâtiments répondront aux labels E+C- et BBCA. Notre société est de plus en plus sensible aux problèmes soulevés par le développement durable et les changements climatiques. Poussés par cette prise de conscience, les éco-quartiers deviennent des habitats en vogue. Ainsi, il est aisé de trouver acquéreur dans ce type d’aménagement. Seulement, si un grand engouement est produit autour de ce type de construction, cet aménagement pose des questions. Les coûts beaucoup plus importants liés aux matériaux utilisés et à la typologie des constructions mais aussi à d’autres vecteurs demandent une plus grande rentabilité qu’une construction dite classique. Les constructions hautes impliquent de nombreuses réglementations relativement contraignantes, mais la construction en bois en impose davantage. L’épaisseur des planchers en bois est bien plus conséquente qu’avec des planchers en béton. De ce fait, les investisseurs perdent de la surface. Si les bâtiments en bois répondent à certaines exigences environnementales, leur bilan global est moins intéressant comparé à un bâtiment standard. Pour répondre à cette problématique, les concepteurs imaginent des bâtiments multifonctionnels. Cela peut causer des déséquilibres entre les secteurs. Le secteur Bruneseau peut se refermer sur lui-même jusqu’à devenir une entité à lui seul, se distinguant ainsi de la ZAC, du 13e arrondissement, de Paris et d’Ivry. Cette conséquence vient en opposition avec le but initial de l’aménagement de ce secteur : recréer un lien entre Paris et sa banlieue Ivry-sur-Seine.
Enfin, si les éco-quartiers sont bien perçus par l’opinion publique, le débat sur les tours persiste : personne ne remet en cause l’initiative d’un éco-quartier pensé dans le PAZ de la ZAC de Paris Rive Gauche en 2003, mais les constructions hautes sont beaucoup moins acceptées, pointées comme étant énergivores par les Verts. Pourtant, dans la logique impulsée par le néo-libéralisme, les tours sont un bon moyen de promouvoir ce type d’architecture inscrit dans une logique de démarche écologique et ainsi rentabiliser le coût des constructions. Les architectures de ce quartier ont donc un double enjeu : s’insérer dans l’écologie mais conserver l’attractivité répondant aux attentes internationales.
Les tours DUO s’imposent donc comme l’emblème attractif de ce quartier. Pourtant, elles se placent en rupture avec les architectures souhaitées : elles se composent de verre, d’acier et de béton, atteignant 180m de hauteur, par ailleurs elles répondent à quelques labels écologiques, bien que critiquées. Ainsi, à travers ce projet, nous constatons que le prestige véhiculé permet de développer un autre type d’architecture : les tours DUO deviennent le visage du secteur Bruneseau Nord et propulsent ses consœurs.
Ainsi, le projet de Bruneseau Seine répond au défi d'habiter la hauteur au XXIe siècle en insérant les ambitions écologiques portées par la Mairie de Paris : il est le laboratoire de la ville durable de demain.
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CHAPITRE III — Comparaison avec d’autres ZAC parisiennes
Cette partie permettra d’observer les différences et les similitudes entre Paris Rive Gauche et trois autres ZAC parisiennes, ayant toutes des spécificités singulières. Ainsi, nous pourrons observer d’une manière autre les caractéristiques qui font de Paris Rive Gauche une ZAC démesurée et exceptionnelle.
La ZAC Seguin Rives de Seine se situe dans la ville de Boulogne-Billancourt au sud-ouest de la capitale. Elle se développe sur une superficie de 74 hectares. Cette ZAC a été pensée dans le but de redynamiser la ville et de la promulguer à l’échelle mondiale. Elle a notamment su se faire une place et une renommée grâce à son programme axé autour de la culture musicale. Elle se découpe en trois secteurs dont un dédié à la Seine musicale, l’île Seguin. Elle se dote aussi d’un nouveau quartier du Pont de Sèvre, qui est le résultat de la réhabilitation de la dalle des années 70, et du Trapèze, un nouveau secteur construit répondant au label écoquartiers.
La ZAC de Clichy-Batignolles se situe dans le 17e arrondissement de la capitale, aux abords du périphérique, à la limite de Clichy. D’une superficie de 54 hectares, elle s'est construite sur un faisceau de voies ferrées. Elle se dote du nouveau pôle judiciaire de la capitale. Cette ZAC se démarque par son aménagement vert très vaste. Ainsi, elle se place comme le nouveau poumon de la capitale.
La ZAC de Bercy-Charenton est le résultat d’un travail entre deux villes . Sa première partie se situe sur les 46 terrains de la ville de Paris, au sud de Bercy dans le 12e arrondissement. Ses limites sont formées par la Seine, les voies ferrées et le périphérique urbain. Cette première partie est gérée par la ville de Paris et par un premier aménageur. La seconde partie de la ZAC se trouve sur des terrains de la ville de Charenton-le-Pont, en bord de Seine, dans la continuité de la première partie. Seulement, ce projet dépend de la métropole du Grand Paris. Ainsi, un autre aménageur a été sélectionné et les orientations dessinées diffèrent en fonction des besoins des villes.
I. La gestion
La ZAC Paris Rive Gauche est aménagée par la SEMAPA, une SPLA depuis 2012. L’opération de BercyCharenton, dans le secteur du 12e arrondissement de la capitale, est également conduite par cette même société. La ZAC de Batignolles-Clichy se voit attribuer un aménageur différent mais découlant du même objet juridique : la SPLA Paris Batignolles Aménagement. Par ailleurs, la ZAC Seguin Rives de Seine à Boulogne-Billancourt est gérée par la SPL Val de Seine. La Société Publique Locale se distingue de sa consœur, antérieure, la SPLA . Elle possède un champ d’action plus large. Les SPL possèdent également un 47 capital public divisé en au moins deux collectivités mais à l’instar de la SPLA, elles peuvent se le partager à 50%. Un troisième type d’aménageur intervient pour la ZAC de Charenton-Bercy, dans la ville de
LARATTE, Aubin. « Bercy-Charenton, un quartier à l’aube d’un grand chambardement entre Paris et la banlieue ». Le Parisien 46 18/11/2019. [en ligne] Consulté le 18/10/2020. URL : https://www.leparisien.fr/immobilier/bercy-charenton-un-quartier-a-l-aube-dun-grand-chambardement-entre-paris-et-la-banlieue-18-11-2019-8195478.php
ADAM, Muriel et COCQUIÈRE, Alexandra, 2020 « Les opérateurs de l’aménagement ». L’institut Paris région. Mis en ligne le 19 47 février 2020, Consulté le 05/02/2021. URL : https://www.institutparisregion.fr/planification/outils/les-operateurs-delamenagement.html
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Charenton, qui est le Grand Paris Aménagement. Ce dernier est un EPA : Établissement Public 48 d’Aménagement. Il s’agit d’un établissement public à caractère industriel et commercial national composé de représentants de l’État et de collectivités territoriales regroupés au sein d’un conseil d’administration. Le Grand Paris Aménagement est un aménageur qui couvre des projets au sein de l’Île-de-France, dans le cadre d’Opérations d’Intérêt National (opération d'urbanisme possédant un régime juridique particulier dû à son importance et où l'État conserve la maîtrise de la politique d’urbanisme) ou pour des communes et intercommunalités.
L’organisation des acteurs est relativement similaire entre les ZAC. De par le statut public des aménageurs, les maitrises d’ouvrages se composent de la région Île-de-France, de la ville de l’opération en l’occurrence la ville de Paris pour Bercy-Charenton, Paris Rive Gauche et Batignolles-Clichy, Charenton-le-pont pour Charenton-Bercy et Boulogne-Billancourt pour Seguin Rives de Seine.
Par ailleurs, la ville de Paris travaille également en collaboration avec les mairies des arrondissements. Suite à la loi no 82-1170 du 31 décembre 1982, l’Hôtel de ville doit composer ses actions avec les conseils des arrondissements. Ainsi, les ZAC au sein de Paris se composent de trois acteurs publics d’échelles différentes. La ZAC Batignolles-Clichy fait exception à ce système. Bien qu’elle se situe dans le 17e arrondissement de la capitale, la ville de Clichy-la-Garenne se joint au projet.
La ZAC de Charenton-le-Pont voit d’autres acteurs intervenir dans sa maîtrise d’ouvrage. La ville fait partie d’une intercommunalité regroupant treize communes de la banlieue parisienne. Ces communes sont représentées par un établissement public territorial nommé Paris-Est-Marne-et-Bois. Outre son aménageur, le Grand Paris Aménagement, la ZAC se conçoit également sous la direction de cet établissement. Nous constatons qu’au-delà du fait que la maîtrise d’ouvrage soit exclusivement publique, un certain nombre d'acteurs touchant de près ou de loin au projet l’intègre. Cela laisse présager que cette large cible développe une coordination architecturale en adéquation avec le paysage alentour mais aussi le nombre conséquent d’acteurs peut complexifier la gestion de cette dernière. En effet, de nombreux partenaires interviennent également dans les projets. Nous distinguons des organismes récurrents dus à la présence d’infrastructures sur le site. C’est le cas de la SNCF, de la RATP, d’Île-de-France Mobilités (anciennement STIF) ou encore de la SNEF.
Afin d’organiser et d’optimiser la construction de la ZAC, les aménageurs déterminent des secteurs gérés par des architectes-coordinateurs. Nous observons que ce type de coordination est surtout employé pour de grandes superficies.
En plus de la ZAC de Paris Rive Gauche, la ZAC de Bercy-Charenton s’articule en différentes zones. Cela permet d’envisager des opérations de construction différentes dans chacun d’eux (quartier de tours, quartier standard, …).
La ZAC Seguin Rives de Seine se découpe en trois secteurs : le secteur Île Seguin est strictement réservé au pôle culturel, le quartier du Pont de Sèvres connaît une réhabilitation de ses architectures des années 70, tandis que le Trapèze supporte une nouvelle opération d’aménagement neuve. Seulement ce type d’organisation séquencée tend à une disparité architecturale.
Ibid, p. 75 48 76
De plus, si les ZAC n’optent pas toutes pour une division du site en secteurs, nous observons que tous les aménageurs emploient le système du macro-lot pour concevoir leurs opérations. Le macro-lot né dans les années 2000 grâce à un aménageur, Jean-Louis Subileau . C’est à travers l’exemple de la ZAC Seguin Rives 49 de Seine, en traitant les problématiques actuelles (éco-quartiers : densité, mixité sociale, mixité programmatique, biodiversité) et en concevant avec le secteur privé, que ce système de gestion voit le jour.50 La ZAC de Boulogne devient la référence de cette pratique. Cependant, le système de macro-lot arrive à ses fins. La comparaison architecturale de ces ZAC permet de mettre à jour les faiblesses de ce système : une production d’îlots denses dans lesquels des programmes se répètent, orchestrés par des maitres d’ouvrage qui font appels aux mêmes architectes dans le but d’avoir la plus belle œuvre. En effet nous constatons une innombrable liste d’opérateurs pour chaque ZAC. Ainsi cette gestion des parcelles, en plus de la coordination par secteur lorsqu’elle est présente, aboutie à un déséquilibre architectural et urbain.
Ainsi la présence d’un trop grand nombre d’acteurs, publics comme privés, dans un projet peut être perçu comme un point fort pour intégrer au mieux l’opération dans un contexte urbain. Seulement celle-ci nécessite une organisation stricte, où les rôles sont clairement définis. Dans notre système de gestion et de construction, nous observons un jeu complexe entre acteurs publics et capitaux privés, où chacun tente de trouver sa place maladroitement. Ces hésitations se répercutent sur le projet d’aménagement en produisant une nouvelle ville tangible, à l’écart de la ville traditionnelle.
II. Volumétrie et gabarits
Paris est une ville de caractère avec une grande homogénéité dans ses gabarits. Sa skyline est globalement uniforme bien que quelques tours comme dans le quartier de la Défense ponctuent la capitale. À l’échelle de la ville, les gabarits établis par le Baron Haussmann prédominent. Pourtant, nous constatons qu’à l’échelle de certaines ZAC, les gabarits diffèrent et ne sont pas concordants.
La ZAC Clichy-Batignolles possède une certaine homogénéité dans ses gabarits. Pour autant, ceux-ci s’élèvent à une hauteur bien supérieure à ceux environnants. Ces nouvelles formes émergentes jouent un rôle de transition entre Paris et le parc. Les bâtiments s’orientent autour d’un vide central occasionné par l’espace vert. Ainsi, la hauteur des bâtiments est plus imposante depuis le parc à la différence de la ville historique. Bien que le sommet des gabarits se discerne dans la skyline parisienne, il reste moindre face aux tours. Les formes architecturales et les matérialités attirent davantage le regard. Néanmoins, on atteste d’une exception car une tour se place au Sud de l’opération. Il s’agit du nouveau Palais de justice. C’est une des tours les plus hautes de Paris. Cette architecture diffère des tours classiques : elle se monte en escalier, créant des terrasses face au parc. La hauteur s’impose progressivement. Par ailleurs
DAVOINE, Gilles. « Jacques Lucan "Le macrolot est devenu en France la pensée unique de l’urbanisme" ». Le moniteur. 49 14/01/2013. [en ligne] Consulté le 06/02/2021. URL : https://www.lemoniteur.fr/article/jacques-lucan-le-macrolot-est-devenu-enfrance-la-pensee-unique-de-l-urbanisme.485129 Ibid. 50
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si cette transition est assurée côté du parc, elle s’impose massivement du côté du boulevard du périphérique. L’architecture se place comme un mur face à cette infrastructure inhospitalière.
La ZAC Bercy - Charenton est très hétéroclite. Par sa position, elle doit assurer une transition spatiale entre l’ancien Paris et les nouveaux gabarits générés par la ZAC de Paris Rive Gauche. Nous distinguons deux quartiers en contraste.
Le premier se situe dans le 12e arrondissement de la capitale. Il se compose de six tours accompagnées par des immeubles bas. Ces tours, situées au niveau du pont national, en face du secteur Bruneseau Nord de la ZAC de Paris Rive Gauche, assurent une transition avec les tours de cette dernière. Leurs hauteurs s’approcheront des 200m de haut, faisant d’elles les tours les plus hautes de la capitale, avec le palais de justice et les Tours Duo.
Le deuxième quartier se situe dans la ville de Charenton-le-Pont. Il s’ordonne de bâtiments bas, similaires aux gabarits traditionnels de la capitale. Ils s'inscrivent en rupture totale avec les tours du quartier en amont. Cela crée une grande disparité dans le paysage urbain. En effet, les tours se placent ponctuellement dans un secteur encadré par des immeubles bas. Elles cassent la ligne d’horizon visible depuis la rive de la ZAC de Paris Rive Gauche. D’autre part, les infrastructures routières et l’espace verts disposés en amont des tours instaurent un vide qui accentue la monumentalité des tours. Concomitant à cette idée, l’emplacement de ces géantes au-devant des voies ferrées leur confère une allure de barrière.
La ZAC Seguin Rives de Seine se compose de trois secteurs dont deux avec des gabarits discordants. Le quartier du Pont de Sèvres est un quartier réhabilité. Il se compose d’architecture de tours et de barres des années 70. Les hauteurs sont variables avec des espaces publics larges en pied d’immeuble. Ainsi, cette zone est aérée laissant suffisamment d’espace entre les bâtiments. Le quartier du Trapèze s’inscrit en opposition. Ce quartier neuf a été pensé avec des îlots denses dotés de cours végétales. Les façades sur rue sont de hauteurs similaires créant des percées visuelles semblables à celle d’Haussmann.
Bien que ces deux opérations soient pensées en simultané, nous observons différentes logiques de construction qui nuisent à la lisibilité globale du projet. Ainsi, si les hauteurs paraissent homogènes créant une belle skyline, elles sont altérées par des constructions plus hautes, avec des toitures variées.
L’homogénéité dépend essentiellement de la composition de la ZAC. La majorité des opérations étudiées s’organise en différents secteurs. Ceux-ci sont conduits par des architectes coordinateurs qui définissent les gabarits et la volumétrie générale. C’est pourquoi nous remarquons des quartiers de différentes typologies et hauteurs : des tours allant de 50 à 180m de haut, des immeubles standards de 30m de haut et des bâtiments bas. Seule ZAC de Batignolles-Clichy déroge à l’organisation en secteur. Ceci explique sa cohérence globale.
Si nous révélons l’origine d’une partie des instabilités volumétriques par l’organisation en secteur, cela n’explique pas les inégalités de gabarits à l’intérieur de ceux-ci. La hauteur des gabarits témoigne également des ambitions portées par les acteurs du projet. Selon les programmes portés nous constatons une variation. Nous pouvons soumettre l’idée que la hauteur hiérarchise l’importance des programmes et des commanditaires. Nous pouvons prendre comme exemple le palais de justice dans la ZAC de BatignollesClichy ou de la BnF dans le secteur Tolbiac de Paris Rive Gauche.
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Programmation
Aujourd’hui nous concevons des ZAC à usage mixte. Cela permet de toucher un large public et d’atteindre une meilleure rentabilité économique. Par conséquent, les ZAC se construisent sur un même modèle. Les programmations restent très souvent similaires à quelques exceptions près.
La ZAC Clichy-Batignolles connaît un destin similaire à celui de la ZAC de Paris Rive Gauche. Ancien secteur de voies ferrées, il est d’abord proposé pour accueillir les Jeux Olympiques de 2012, projet abandonné qui permet le lancement de la construction de la ZAC. L’île Seguin, un des quartiers de Seguin Rives de Seine, accueille une programmation bien particulière. Elle se concentre autour des arts, de la culture et de l’innovation. Ces thématiques sont récurrentes dans les nouvelles ZAC. Nous la retrouvons notamment dans la ZAC de Paris Rive Gauche. Par ailleurs, dans l’exemple de la ZAC Seguin Rives de Seine, les programmes sont concentrés dans un secteur, ce qui permet de générer un espace dédié à ces disciplines. Dans la ZAC Paris Rive Gauche, les programmes équivalents se répartissent dans les anciennes usines réhabilitées ou dans le cas de la BnF dans un programme neuf. Ils s’étendent sur la totalité du secteur sans réelle ordonnance ou composition urbaine. Ainsi, lors d’une balade urbaine, sans connaissance, il est moins évident de distinguer les programmes culturels ou artistiques des programmes tertiaires, de logements ou d’éducation.
La ZAC de Paris Rive Gauche est projetée en vue de rééquilibrer les bureaux entre l’ouest et l’est parisien. Ainsi, les bureaux sont le programme dominant du projet. A contrario les ZAC de Batignolles-Clichy, Bercy-Charenton et Seguin Rives de Seine possèdent une surface bien moindre. Si pour Seguin Rives de Seine et pour Bercy-Charenton nous observons une certaine équité entre les programmes de bureaux et de logements, les logements dominent dans la ZAC de BatignollesClichy. Cette caractéristique peut être due à la composition et au cadre engendrés par celle-ci. La ZAC s’organise autour d’un poumon vert, ainsi il est souhaité que ce cadre de vie unique soit offert aux logements. Cet élément représente 20% de la superficie de la ZAC, la programmation de logements est donc prédominante. De plus, cette ZAC se trouve être proche du quartier d'affaires de la Défense. Les programmes tertiaires sont donc moins prioritaires que dans d’autres parties de la capitale comme à l’est. Un des objectifs de la ZAC de Paris Rive Gauche est le rééquilibrage du secteur tertiaire dans la capitale. Cet objectif étant atteint, il n’était plus nécessaire de construire autant de bureaux dans les autres ZAC de la ville. L’insertion de ce programme permet donc de conserver un équilibre (ne pas créer un quartier dortoir mais un quartier dynamique) et de rentabiliser les coûts de construction de l’aménagement grâce aux capitaux privés. Cette analyse nous permet de comprendre que les architectures de bureaux dominent largement la composition et la construction de la ZAC de Paris Rive Gauche. Les bâtiments tertiaires sont beaucoup plus libres de conception : les capitaux privés laissent une grande marge de créativité aux architectes. Ainsi, la surface de bureau de la ZAC explique une partie de son exceptionnalité : la surface de bureaux étant 2,4 fois plus grande que dans d’autres ZAC, les architectures exceptionnelles qui en découlent sont plus importantes.
III.
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Les ZAC s’insèrent toutes dans des secteurs possédant un patrimoine. La ZAC de Batignolles-Clichy s’inscrit dans la même thématique que celle de Paris Rive Gauche. Ces terrains appartenaient à la SNCF. C’est grâce à ce foncier que le projet a pu voir le jour. Si ses parcelles étaient en majeure partie vides, quelques bâtiments historiques ont subsisté. Des entrepôts sur l’avenue Berthier sont conservés et projetés en vue d’accueillir la nouvelle Cité du théâtre. Celle-ci accueille l’Odéon, déjà installé dans les locaux, le Théâtre de l’Europe, la Comédie Française et le Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique. La même stratégie de rénovation est lancée dans ce secteur. La ZAC Seguin Rives de Seine conserve un tout autre style de patrimoine dans son quartier Pont de Sèvres. Il s’agit des logements sur dalle dans les années 70. Les espaces sont requalifiés en vue de les intégrer pleinement dans le projet urbain. Ici, contrairement aux autres ZAC, le patrimoine conservé n’est pas de la ressource du programme public. Ainsi, la visibilité du projet est bien moindre que pour une rénovation issue de la commande publique.
Par ailleurs, si la ZAC Bercy-Charenton s’insère dans un tissu industriel et commercial, rien ne sera conservé. Le secteur sera entièrement repensé et réaménagé pour recréer du dynamisme dans ce secteur excentré de la capitale et de Charenton-le-Pont.
Nous observons un phénomène récurrent dans les ZAC : les aménageurs décident d’un programme public qui sert d’image pour l’opération. Son architecture se doit d’acquérir une prestance et de se démarquer des autres projets afin d’interagir comme un symbole.
La ZAC de Paris Rive Gauche se dote dans les années 90 d’une grande bibliothèque. Ce projet découle de la commande du Président de la République. En 2009, après l’abandon du site de la halle Freyssinet, dans la ZAC de Paris Rive Gauche, pour la conception du nouveau Tribunal judiciaire, le Président Nicolas Sarkozy propose les terrains de la ZAC Batignolles-Clichy. Dans la même logique, la ZAC de Seguin Rives de Seine se dote du projet de la Seine Musicale. Lancé par le département des Hauts-de-Seine, ce projet a pour vocation d’ouvrir la culture musicale à tous, dans un rayonnement large. La ZAC de Bercy-Charenton se voit doter d’un hôtel de logistique pensé par Sogaris. Il sera le premier site trimodal de Paris. Par cette nouvelle fonctionnalité et par son programme mixte qui fait de ce projet un projet d’une nouvelle génération, il devient l’emblème de cet aménagement urbain.
Les architectures qui découlent de ces programmes exceptionnels ne sont pas moindres. Les commanditaires s’entourent d’architectes de renommée mondiale pour offrir une œuvre des plus spectaculaires et innovantes qui saura répondre aux programmes. Le Tribunal judiciaire de Paris est conçu par Renzo Piano. Il réalise un programme qui rassemble les activités de première instance de la justice parisienne. Le bâtiment se veut moderne et exemplaire. Il s’agit d’une tour haute de 160m (38 étages). Elle fait partie des IGH qui ont su se démarquer par leur forme. Sa typologie en gradin génère des espaces verts qui se tournent vers le parc Martin Luther-King. Un jeu de question-réponse s’instaure, intégrant le projet dans son contexte. Cependant, avec sa hauteur, cette tour s’impose dans un contexte dense, bas et régulier. Ainsi, elle se démarque et agit comme un emblème dans le nord-ouest de la capitale. Ce projet répond aux exigences fixées pour la création de l’écoquartier Clichy-Batignolles aussi bien qu’à celles instaurées par le Plan Climat de la ville de Paris pour les IGH. Il est certifié HQE et labellisé BBC. Aujourd’hui, il devient nécessaire d’obtenir ces récompenses pour la bonne visibilité du projet. La plupart de ces architectures d’envergures ayant poussé ces dernières années, répondent à ces critères.
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La Seine Musicale, conçue sur la pointe de l’île Seguin est imaginée par Shigeru Ban et Jean de Gastines. Ces architectes se sont basés sur le respect du lieu. Cette architecture est pensée comme un symbole : les architectes pensent un bâtiment comme une coque de bateau portée sur la Seine. Les courbes de celle-ci viennent épouser la forme de la pointe de l’île. Elle se révèle en symbiose avec son milieu naturel. De plus, sa position stratégique en aval de l’île participe à sa mise en scène et lui procure un statut prodigieux. Ce bâtiment devient le symbole de l’entrée ouest de Paris. Il innove par la forme ovale de son auditorium. Il se démarque des architectures classiques du reste de la ZAC. Un voile rotatif englobe la résille de l’auditorium. Ces deux éléments architecturaux participent à la singularité du bâtiment. Le projet de la Seine Musicale s'inscrit aussi dans une démarche écologique. La ZAC se veut être un modèle d’excellence environnementale et son symbole en est un exemple. L’hôtel de logistique trimodal est un des aménagements majeurs du quartier de Bercy-Charenton. D’un genre nouveau il permet d’expérimenter un croisement de programmes : sa construction doit redynamiser le secteur de la logistique, créer de nouveaux emplois dans la capitale et instaurer une grande mixité d’usages (logistique, bureaux, hôtels, co-living, activités, commerces, espaces événementiels et sportifs). Ses objectifs participent à en faire un symbole pour le quartier, pour la ville de Paris mais aussi pour son secteur d’activité. Il est conçu par les architectes Marc Mimram et Enia. Ce bâtiment se compose de plusieurs formes géométriques assemblées qui accueillent les divers programmes. Bien qu’esthétiquement les architectures soient distinctes, elles forment un ensemble cohérent. Il s’implante dans son site comme une pièce architecturale forte avec une grande visibilité. Le périphérique et le boulevard Poniatowski créent des percées visuelles et ouvrent le bâtiment sur le fleuve. Si l’ensemble architectural n’est pas un des plus hauts du quartier, sa position lui confère un statut particulier qui le met en avant. Ainsi, l’architecture prouve qu’elle s’intègre aussi bien dans un contexte urbain dense, que dans un espace vide de construction, tout en étant en harmonie.
À travers ces exemples, nous constatons que plusieurs critères permettent aux architectures de devenir des symboles. Pour autant, celles de la ZAC Seguin Rives de Seine et de la ZAC Bercy-Charenton paraissent beaucoup moins impressionnantes que le tribunal judiciaire ou la Bibliothèque nationale de France. Ces architectures ont par ailleurs beaucoup moins fait parler d’elles alors qu’elles découlent toutes de la commande publique. Nous pouvons donc en conclure que la hauteur et la surdimension d'une architecture dans ses contextes (spatiaux et temporels) participent grandement à la symbolisation de celle-ci. Elle marque l’imaginaire collectif et devient un repère spatial qui renforce le caractère symbolique de l’architecture.
Les ZAC de ces dernières années s’imposent comme des quartiers d'affaires de grande importance pour le développement de la capitale et du Grand Paris à l’échelle mondiale. Avec leurs mixités d’usages elles permettent d’instaurer un nombre de bureaux et d’équipements attractifs pour les grandes entreprises.
La ZAC Batignolles-Clichy avec ses 140 000 m² de bureaux et le grand tribunal de Paris se place comme un des premiers quartiers d'affaires de la capitale. Sa position stratégique renforce son attractivité : elle se situe au sein du triangle des affaires composé de la Défense, du quartier Central des Affaires et de la Plaine SaintDenis. Les terrains libres de la SNCF étaient une aubaine pour la ville de Paris et son développement notamment avec la banlieue ouest.
La ZAC Seguin Rives de Seine possède aussi un fort potentiel d’attractivité. À travers cette ZAC, la ville de Boulogne-Billancourt souhaite se développer dans les domaines du numérique et de la créativité, qui font
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partie des métiers de l’avenir. Ainsi, 123 500m² de bureaux sont projetés en plus des bureaux déjà existants. Ce programme permet de redynamiser la ville face à la capitale. De plus, son programme de scène musicale inédit dans le Grand Paris lui confère une grande considération.
Les ZAC sont construites en fonction d’un schéma prédéfini. Les nouveaux usages de la ville déterminent des composantes qui les organisent. Ainsi, les programmes sont récurrents à la différence que leurs pourcentages varient en fonction de la nécessité du secteur. Chaque programme possède un enjeu architectural. Le secteur tertiaire admet divers sièges sociaux internationaux qui recherchent une intention architecturale. L’accumulation de tels programmes contribue à un dérèglement esthétique. Ainsi, nous pouvons affirmer que la prédominance d’un certain programme au sein d’une ZAC l’amène à devenir unique tant par sa répartition des programmes que par son architecture. Cela occasionne des réactions venant du public (grande dominance de certains programmes et leur style architectural) qui tendent à les rendre exceptionnelles51
IV. Les espaces verts
La végétation occupe une place importante dans les villes occidentales. Les espaces verts sont des lieux de ressourcement et de vie importants pour les grandes villes comme Paris. L’urbanisme dense et la pollution omniprésente produisent une forte chaleur urbaine. La végétation permet de créer des zones de fraîcheur, d’atténuer les nuisances sonores et d’embellir les espaces publics/privés. Elle rompt avec l’environnement froid de la ville. La nature possède de réelles vertus sur le corps humain, mises en avant notamment à travers la biophilie, concept en pleine expansion dans le domaine de l’architecture. C’est pourquoi les espaces verts sont un élément essentiel dans la conception d’une ZAC. Ils se développent à différentes échelles, à travers plusieurs types d’aménagements : des parcs, des jardins, des cœurs d’îlot, des allées, des voies de circulation et des espaces de transition public/privé…
La ZAC Clichy-Batignolles a su exploiter pleinement cet aménagement en le mettant au cœur de son projet. La ZAC s’articule autour d’un vaste parc vert accueillant diverses activités : aires de jeux, espaces de détente, chemins de promenade, équipements sportifs… La totalité des espaces verts représentent 10 hectares du projet soit 27% de sa superficie totale. Le parc de 3,5 hectares constitue 6,5% de la ZAC. Il est conçu par la paysagiste Jacqueline Osty. Par sa topographie, les immeubles autour semblent l’encercler et le protéger comme un grand cœur d’îlot. Ce sentiment est accentué par la hauteur des immeubles environnants, créant un jeu de vides et de pleins.
Le parc se décompose en deux parties distinctes : une première accueillant les activités et une deuxième formée par des bassins de rétention d’eau. La biodiversité est mise en avant et protégée. Ainsi, le parc devient un réel lieu de vie pour l’écosystème, un poumon vert dans la capitale.
Par « exceptionnelles » nous entendons que les architectures dérogent aux règles habituelles face aux incompréhensions qu’elles 51 dégagent.
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Les espaces verts au sein de la ZAC de Seguin Rives de Seine se déclarent de différentes manières dans les secteurs.
La ZAC se compose de 27% d’espaces verts dont 9,5 sont dédiés à un grand parc dans le quartier du Trapèze, le Parc de Billancourt. Ce quartier se développe autour de l’idée d’une « ville-parc » ; la nature s’insère dans la ville avec pour objectif que 50% des espaces publics soient plantés (en sachant que les espaces publics représentent 50% de la surface du Trapèze). Le parc est pensé comme la pièce maîtresse de cet aménagement.
Un autre grand espace vert se développe sur l’île Seguin : le jardin de l’île Seguin. D’une superficie de 2 hectares, il représente à peu près 3% de la ZAC. L’espace vert crée un lieu d’une grande beauté qui met en avant les architectures du site et la richesse des coteaux du Val de Seine. Ainsi, la superficie de 11 hectares de cette île au milieu de la Seine est plantée à 63% (dont 18% de parc).
Le quartier du Pont de Sèvres est construit sur dalle dans les années 1970. Il est intégré au projet urbain en vue de requalifier son patrimoine bâti et de restructurer ses espaces publics. Dans ce quartier, il n’existe pas de grands espaces verts comme observés précédemment. Malgré cela, sa trame urbaine laisse place à de nombreux lieux plantés. Ainsi, un certain nombre d’espaces verts viennent orner le quartier. Parallèlement, de nouveaux accès sont créés pour relier le secteur aux deux grands parcs de la ZAC. Le pont de Sèvres ne s’inscrit pas en marge de ce type de programme.
La ZAC de Seguin Rives de Seine est conçue autour d’espaces verts dimensionnés généreusement. Ils participent pleinement à l’esthétisme du projet mais aussi à la conception d’un éco-quartier réfléchi et innovant. Ces espaces plantés ont un but technique : le site est inondable, les espaces de pleine terre vont donc permettre d’absorber le surplus d’eau.
La ZAC de Paris Rive Gauche n’a pas mis en exergue ce type d’aménagement dans son projet. Elle se compose de 7,53% d’espaces verts. Ce programme est en infériorité face aux autres programmes. Cela s’explique tout d’abord par l’envergure du parvis de la BnF. Il génère un lieu de vie convivial et apprécié des riverains. Cette place est pensée pour se substituer à un espace vert tel qu’un parc. Même si son rôle est identique et qu’elle est accessible à tout public, cet espace crée une forte carence en espaces verts dans la ZAC et son fonctionnement.
Nous observons aussi ce manque dans la ZAC parisienne Bercy-Charenton. Elle se situe en face du secteur Bruneseau. Les aménageurs projettent de créer un vaste espace devant le projet des six tours. Il aura pour vocation de créer une bulle de verdure délimitée par infrastructures routières, au bord de la Seine. Pourtant, les espaces verts ne représentent que 2,5% de la superficie de la ZAC soit 2 hectares. Nous pouvons expliquer cette déficience par la présence du Parc de Bercy, au-dessus de la ZAC. En effet, sa superficie et son ampleur sont telles que son rayonnement se répercute sur la nouvelle ZAC de BercyCharenton. De plus, se trouve à l’est de la ZAC, le bois de Vincennes, qui est l’un des plus grands bois de la capitale. Ainsi, si des espaces verts permettront de ponctuer le paysage urbain et de créer des respirations, par la présence de ces deux grands parcs, il n’est pas nécessaire d’envisager un aménagement d’une ampleur égale à celui de la ZAC de Clichy-Batignolles.
Dans la seconde partie de la ZAC située à Charenton-le-Pont, les espaces verts seront bien supérieurs : ils représentent 42% des 12 hectares. Un jardin sera notamment prévu.
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Bien que ces deux ZAC soient issues d’un projet commun, leurs objectifs diffèrent notamment sur les espaces verts. Ce parc de 5000m² permettra de redonner de la végétation à la ville de Charenton, Paris ayant déjà des espaces importants notamment avec le parc de Bercy.
Par ailleurs, la surface totale des espaces verts des deux ZAC ne représente que 7% de la superficie. Ce chiffre reste bien inférieur aux autres ZAC parisiennes mais est égal à la ZAC de Paris Rive Gauche. Si, dans ce cas, le manque d’espaces verts se justifie par la présence d’espaces verts proches, nous pourrions appliquer cette théorie à la ZAC de Paris Rive Gauche. En effet, avec la construction de la passerelle Simone de Beauvoir, les habitants et usagers de la ZAC de Paris Rive Gauche possèdent un accès direct et rapide au parc de Bercy. De plus, nous observons sur les plans réalisés dans le cadre du nouveau PAZ de 2003, la mise en abîme du parc de Bercy. Celle-ci conforte l’idée que l’aménagement vert de la ZAC de paris Rive Gauche organise son fonctionnement en lien avec le parc de Bercy.
À travers ces ZAC, nous comprenons que les espaces verts jouent un rôle primordial dans l’esthétique, la conception, la programmation et le fonctionnement d’une ZAC. Ils sont autant importants pour le respect de l’environnement et de l’écosystème que pour atténuer les risques naturels et stimuler le bien-être des usagers. L’absence de ce programme dans la ZAC de Paris Rive Gauche, bien qu’il soit compensé sur certains aspects, reste un vide important qui perdure au fil des constructions des secteurs. Pourtant, cet aménagement participe pleinement au bon équilibre et fonctionnement de la ZAC de Paris Rive Gauche.
V. La trame urbaine
La trame urbaine réfère au maillage des voies de circulation d'une ville. Elle dépend des coordinateurs qui dessinent le projet. Aujourd’hui, les ZAC sont régulièrement divisées en secteur voire en sous-secteur. Ainsi plusieurs acteurs interviennent et créent une discordance entre les différents projets.
La trame urbaine de la ZAC Seguin Rives de Seine varie en fonction des secteurs. Celle du Trapèze est dense et resserrée. Les constructions sur rue dessinent clairement le tracé urbain. Le quartier du pont de Sèvres est plus aéré et vaste. Les architectures de tours et de barres des années 70 se concentrent ponctuellement dans la parcelle. En conséquence, elles génèrent des espaces publics formant les limites des îlots et dessinant les tracés des voies de circulation. Ainsi, la trame n’est pas aussi régulière et bien définie que dans les autres secteurs. Elle semble aléatoire, issue des formes architecturales hétéroclites du quartier. Cette conception produit une lisibilité moins aisée du quartier, allant même jusqu’à faire penser que ce secteur ne fait pas partie de l’opération de la ZAC. Cela est provoqué par la réhabilitation du quartier qui diffère allant même jusqu’à s’opposer à la conception d’un quartier neuf. En résulte un manque de coordination et de transition entre les deux secteurs. L’île Seguin se compose du programme de la Seine Musicale sur la pointe de l’île. En amont, elle est recouverte d’un jardin. Elle a été pensée comme un îlot à elle seule.
Ce principe d’assemblage de trame fait écho à une mosaïque. La ZAC de Paris Rive Gauche fonctionne de la même manière. Chaque secteur coordonné par un architecte se base sur un principe élaboré par ce dernier. Il n’existe que très peu de lien entre ces différentes zones. Cela s’explique par le nombre d’intervenants dans la
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conception de l’aménagement et par le manque de concertation et de règlementation dans la gestion globale du projet.
Comme pour le reste de son aménagement, les compositions urbaines des ZAC de Bercy-Charenton et Charenton-Bercy diffèrent entre chaque ville.
Paris pense son aménagement en hauteur. Cela génère des architectures ponctuelles agrémentées d’espaces verts en pied. Pour autant, nous distinguons des immeubles s’inspirant de la composition urbaine traditionnelle de Paris : des immeubles sur rue qui donnent lieu à des espaces verts en cœur d’îlot et voiries rectilignes et claires. Alors, deux types de tracés s’entremêlent pour créer une trame aérée parsemée d’immeubles.
Charenton-le-Pont se compose d’îlots ouverts vastes. Cela génère un tracé uniforme ponctué de percées qui offrent des respirations le long des voiries. La dimension des îlots permet tout de même de créer un dessin très aéré avec de nombreux espaces verts mais qui garantît une certaine densité.
A contrario, la trame urbaine de la ZAC de Batignolles-Clichy s’individualise des autres types de trames. Un seul aménageur est intervenu sur l’opération, assurant une continuité des tracés. Le projet de la ZAC de Paris Rive Gauche est un terrain d’innovation. Les architectes coordinateurs ont ainsi pu tester de nouveaux tracés de ville. La ZAC s’ancre dans la continuité urbaine de Paris. Les acteurs n’ont pas souhaité concevoir un nouveau quartier mais créer une extension de Paris, inscrite dans la ville contemporaine du XXIe siècle : une ville durable et dynamique. De ce fait, bien que les gabarits inventent un nouveau paysage, ses tracés restent classiques.
Le parc génère cependant une nouvelle manière de concevoir le plan. Les voiries et les îlots s’orientent autour de celui-ci.
Les tracés des rues s’inscrivent dans la continuité de ceux de Paris et génèrent les surfaces constructibles. Les îlots s’inspirent du concept de l’îlot ouvert, permettant d’accentuer la présence d’espaces verts. Cela fait écho à l’évolution des modes de vie. Les usagers sont à la recherche d’un lien beaucoup plus fort avec la nature. Si la ville possède des atouts indéniables pour ses usagers, elle ne doit plus délaisser la nature pour l’intégrer pleinement dans la composition de sa trame urbaine.
La trame urbaine des villes est en perpétuelle évolution. Elle s'adapte aux nouveaux besoins des usagers et des villes. Ainsi, si dans certaines zones il est possible de créer une unification générale autour d’un axe de conception, certaines ZAC sont le reflet des études dans la conception de la ville de demain. Cela crée des incertitudes dans les trames urbaines et des problèmes de lisibilité entre les secteurs. La ZAC de Paris Rive Gauche n’est pas le seul projet basé sur cette méthode de conception. Nous observons qu’une majorité de ZAC tente de s’approprier son territoire tout en l’inscrivant dans des logiques de constructions nouvelles, délaissant l’équilibre général de la trame.
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Conclusion
À travers ce mémoire, nous avons abordé un certain nombre d’aspects de la ZAC de Paris Rive Gauche nous permettant d’affirmer son exceptionnalité et sa démesure dans la ville de caractère qu’est Paris.
Notre argumentaire s’est ainsi développé autour de trois axes principaux. Dans un premier temps, nous avons démontré l’exceptionnalité de la ZAC à travers le fonctionnement et l’organisation de l’opération. Le deuxième axe s’est penché sur l’analyse des différentes architectures présentes sur le site (historiques et nouvelles) pour comprendre quels types s’inscrivent dans le territoire. Enfin, l’étude s’est achevée par le croisement de l’opération de la ZAC de Paris Rive Gauche avec d’autres ZAC parisiennes dans le but de comprendre les stratégies opérées dans ces dernières et de faire des parallèles avec celle du 13e arrondissement.
La ZAC s’inscrit dans un contexte urbain et historique unique. Retracer son histoire avant sa création et pendant, permet ainsi de comprendre dans quel contexte spatial et temporel elle s’insère et dans lequel elle évolue. Les changements politiques engagés durant ces années mènent à des modifications profondes dans la gestion et la conception de cette dernière. Ainsi, à travers ce point, nous faisons ressortir le caractère exceptionnel : les modifications juridiques et urbanistes plus ou moins prises en compte, la complexité de son organisation par intervention des capitaux privés…
Ces modifications imputent la manière de penser et concevoir les architectures sur site. De plus, la ZAC se trouve être le théâtre de plusieurs époques de conception et de types en fort contraste. Par conséquent, il s’agit pour les agences d’architecture de concevoir en tenant compte de tous ces facteurs. Seulement, nous constatons que l’époque dans laquelle nous nous inscrivons prime sur le caractère patrimonial de la ZAC.
Les architectures qui découlent de ce projet sont le reflet des acteurs qui les conçoivent et les financent sans prendre en compte la ville de Paris en tant qu’entité urbaine.
La dernière étape de ce mémoire a consisté à analyser typo-morphologiquement trois autres opérations. Elles nous ont permis de comprendre que les ZAC sont généralement toutes construites sur un même schéma. Mais ce dernier possède des variantes en fonction de différents critères : situation géographie, historique, intervenants du projet, orientations, etc.
À travers ce travail, il a été notamment question d’observer la manière dont se manifeste l’exceptionnalité dans l’opération de la ZAC de Paris Rive Gauche.
Pour ce faire nous avons émis que la marge de création de l’architecte dans le projet était en relation avec l’administration et ses programmes et règlements, mais qu'elle possède aussi des dérogations aux règlements génériques.
Parallèlement, l’hétérogénéité des architectures et des gabarits qui découlent de différents mouvements architecturaux, des différentes orientations urbaines et de l’implication des maîtrises d’ouvrage privées dans la création architecturale ont été révélés.
Ainsi cela nous a permis d’articuler la surdimension de la superficie et la longue temporalité du projet qui ont favorisé une conception séquencée et antagoniste.
L’exceptionnalité de l’opération se traduit par différents aspects : réglementations architecturales et urbaines, le degré d’implication de l’administration dans la conception, mais aussi par la topographie de son site. Elle est totalement artificielle et remaniée en fonction des besoins. Ainsi, l’opération se développe sur un secteur vierge et lisse où tout semble être réalisable.
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La ZAC se construit sur un site d’une superficie exemplaire : 130 hectares et permet de penser l’aménagement d’une manière novatrice, car cette superficie est inédite en France. Nous observons d’autres aménagement de superficie largement supérieur comme le projet Bordeaux-Euratlantique (738 hectares) ou similaire avec le Projet Part-Dieu de Lyon (177 hectares) mais ceux-ci sont des projets composés de plusieurs ZAC. A contrario, la ZAC de Paris Rive Gauche est une seule ZAC composée de différents secteurs. Cette organisation tend à l’exceptionnalité et à l’exemplarité en France. L’organisation de la ZAC s’établie en secteurs et sous-secteurs. Cette gestion du territoire fait intervenir un certain nombre de coordinateurs chacun prônant une idée de coordination. Bien que des documents d’urbanismes régissent et tente d’établir une cohérence entre les organisations, nous observons que la légèreté de ceux de la ZAC et les multiples coordinateurs génèrent une disparité dans les orientations prises. La ZAC se développe dans un secteur délaissé de tout aménagement et riche d’une histoire forte. Les politiques ont la possibilité de projeter des travaux d’une grande ampleur et de répondre à la quasi-totalité des objectifs fixés dans la capitale. Ces objectifs projetés sont conséquents : si initialement celle-ci en comptait deux ou trois, on en dénombre plus d’une dizaine de nos jours. Le site représente le nouvel espoir parisien. Ces travaux permettent de redynamiser le secteur et de le propulser au rayonnement parisien. Paris est une ville influente, attrayante et rêvée, l’opération d’aménagement de la ZAC se doit de réduire le déficit entre le 13e arrondissement et le reste de la capitale en utilisant tous les moyens nécessaires dont l’exceptionnalité.
La création de la ZAC est contrôlée par de nombreux documents urbanistiques et des lois. Ils influent tous sur la ZAC à des degrés différents en fonction de leurs caractéristiques. Une première catégorie se dégage de notre étude. Il s’agit de documentations sans réelle incidence sur l’évolution du projet et son esthétisme. Ils permettent d’instaurer un cadre de conception à la ZAC ou d’aboutir à des lois et des documents actuels. Parallèlement, ce travail met en exergue des documents qui conditionnent pleinement le projet. Le principal est le PAZ. Ce document d’urbanisme permet d’établir les règles générales de la coordination de la ZAC. Outre le fait que celui-ci soit très tolérant, les modifications successives apportées durant les dix premières années ont amené la ZAC à changer considérablement ses choix initiaux et ses objectifs. Ces changements ont notamment été induits à la suite de l’émergence de certaines lois comme la loi SRU ou le plan U3M. En résulte une architecture qui diffère de celles émergées dans les années antérieures, en rupture avec ces dernières mais aussi avec le paysage parisien classique. La multiplicité des acteurs est un inconvénient dans la pensée du projet. Cette difficulté se traduit aussi dans la relation entre pouvoir public, maîtrise d’ouvrage privée, maîtrise d’œuvre et habitants. Il est nécessaire de contenter chacun dans le respect et la cohérence de l’opération. Ainsi, plus le nombre d’acteurs est élevé plus l’opération conspire à être désordonnée et hétéroclite. Ce sentiment est notamment appuyé avec le nouveau système de gestion en chaîne composé par les acteurs : les politiques publics n’intervenant plus dans le choix des équipes de maîtrises d’œuvre et dans celui des architectures, les architectes possèdent une marge de création beaucoup plus grande, fortement sollicités par les commanditaires.
La société d’aménagement de la ZAC se constitue en intégralité de capitaux publics, issus des collectivités territoriales. Par ailleurs, le financement des opérations est partagé avec des capitaux privés. Ce montage est rendu possible grâce au système du macro-lot. Cette logique de construction prédomine le monde de la construction depuis le début du XXIe siècle. Ainsi, si celui-ci parait anodin, il explique une partie de
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l’exceptionnalité de la ZAC. Les différentes maîtrises d’œuvres interviennent pour le compte d’un certain nombre de maîtrises d’ouvrage. Cela entraîne une production d’architectures sans liens entre elles. Elles démontrent une fois de plus que le nombre d’acteurs influe pleinement sur les architectures du projet.
La ZAC ne possède pas une identité architecturale définie et précise. Elle se compose d’une multitude d’architectures qui participent à sa démesure.
Le néo-libéralisme conduit la conception du projet. Les investisseurs sont à la recherche constante d’une visibilité. Ils utilisent l’architecture comme support de communication. Les Starchitectes conçoivent une œuvre démesurée représentative de leur griffe architecturale, à la hauteur des ambitions et de l’image des investisseurs. Leur renommée suscitera l’attention d’autres investisseurs et de la population. Ainsi, c’est en faisant parler de l’architecte et de son architecture que cette chaîne de production prend de l’importance. Cette nouvelle pratique de l’architecture se développe dans le monde entier. Les architectures suivent un schéma de conception identique. On observe ainsi des récurrences dans chaque ville mondiale. Seulement, à l’échelle d’une ville, celles-ci sont uniques et dénotent avec les architectures environnantes. Ce phénomène est essentiellement observable en occident où les villes possèdent un fort patrimoine historique. Cependant, la logique de star-system n’a pas fait émerger que des architectures inspirées par le néolibéralisme. Dans les années 80, malgré le retour à une ville classique, la politique Mitterrandienne amène à la conception d’architectures-objets qui prônent esthétismes et monumentalités. Les terrains de la ZAC libres permettent d’imaginer de nouveaux bâtiments emblèmes pour marquer Paris (Hôtel Berlier, Cité Kagan, Bibliothèque nationale de France, etc.).
La production de ces architectures provoque un manque de cohérence évident avec le reste de la ville. Les nouveaux gabarits se débarquent cruellement du paysage parisien. La Bibliothèque Nationale de France se place comme une œuvre urbaine qui marque le point de départ des constructions. Sa hauteur est pensée pour régner dans le paysage de Paris et s’imposer comme un nouvel emblème. Seulement des tours d’une hauteur bien supérieure émergent transformant encore plus la skyline parisienne (bien que certaines tours ponctuent déjà le ciel parisien). Dans cette course à la hauteur, Paris décide de construire des tours d’une hauteur inédite dans la capitale créant un fossé avec les constructions classiques. Outre leur élancement, elles tendent vers un esthétisme répondant des prouesses techniques exceptionnelles. Le design des architectures tend également à démesurer l’architecture de la ZAC. Paris Rive Gauche est perçue comme un laboratoire d’expérimentations urbaines, où une grande place est laissée à la liberté architecturale. L’arrondissement semble s’être émancipé des règles induisent par les architectures traditionnelles de la ville de Paris.
Plusieurs axes de recherches émergent laissant apparaître des formes architecturales novatrices. Le projet Bruneseau Seine témoigne d’une nouvelle manière d’habiter la ville du XXIe siècle. Au-delà de la hauteur, il s’agit de la concevoir avec des matériaux innovants tels que le bois, très peu utilisé dans les constructions traditionnelles parisiennes qui se tournent vers la pierre, dans le but de répondre aux ambitions écologiques de la Mairie de Paris.
Nous observons que les architectures de la ZAC sont les témoins des époques de constructions dans lesquelles elles s’insèrent. Le groupement de ces architectures redouble la démesure dans le secteur. Ainsi, nous constatons que la superficie de la ZAC joue un rôle dans la concentration d’architectures éclectiques.
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Cependant, Paris se doit d’assurer une transition paysagère et de conserver des liens avec sa ville historique pour ne pas créer une entité à part. À travers les projets étudiés, nous avons pu constater que les aménageurs sont conscients de cette problématique et tentent d’inscrire les projets en cohérence avec le reste de la capitale dans leur ère de construction. La bibliothèque nationale de France s’inscrit dans la continuité des grandes places parisienne. Paris continue de grandir en gardant le même principe d’organisation. L’avenue de France en est un autre exemple. Bien qu’elle réponde aux pratiques de la ville du XXIe siècle, elle se base sur les tracés historiques des boulevards haussmanniens. Cependant, si le procédé de conception se base sur les inspirations des tracés parisiens, les résultantes diverges totalement et ne permettent pas de distinguer les influences. En parallèle, les politiques prennent en considération le patrimoine industriel présent initialement sur le site. Pourtant, ceux-ci se contentent de conserver les belles industries, possédant un réel intérêt de sauvegarde et de patrimoine pour la ville. On distingue deux types d’interventions : une première consiste à rénover les industries dans un profond respect de l’architecture originelle. La deuxième consiste à agrandir le bâtiment en y ajoutant une extension en totale démarcation sans compter sur le bâtiment adjacent. Seulement, cette sauvegarde du patrimoine ne découle pas seulement de l’envie de conserver une trace historique ou d’intégrer la ZAC dans un contexte donné (ici le contexte parisien), mais de s’inscrire dans une logique de démarche durable en réutilisant les sites abandonnés et de vendre une belle image des politiques.
La ZAC résulte d’une multitude de choix. Dans le but de concevoir un aménagement rentable, il est nécessaire de faire appel à des investisseurs privés. En parallèle, les politiques optent pour la préservation du patrimoine industriel. Enfin, les styles architecturaux évoluent en parallèle des problématiques. L’équation de ces trois composantes donne à voir la ZAC que nous connaissons : une ZAC hétéroclite et démesurée par rapport au reste de Paris.
Pourtant, cette ZAC ne possède pas un schéma de construction exceptionnel puisqu’elle se fonde sur les mêmes principes que ses consoeurs parisiennes. Ce sont la récurrence et la répétition des programmes et des architectures dans la ZAC qui la poussent à l’exceptionnalité. Par ailleurs, si cela est exceptionnel à l’échelle de Paris, ce ne l’est pas à l’échelle internationale. Ce type d’aménagement urbain émerge dans de nombreuses grandes villes internationales, et parfois de manière encore plus monumentale ou démesurée. Ainsi, l’exceptionnalité de la ZAC dépend du contexte dans lequel on la regarde. Si nous ne pouvons pas la qualifier de telle par rapport à Londres ou à Dubaï, elle s’intègre dans un contexte urbain précis où elle est sans cesse en concurrence. Ainsi cette nouvelle ZAC amène à produire un nouveau paysage urbain en contradiction avec celui de la capitale bien qu’il soit ponctué de certaines tours. Par ailleurs, ce nouveau paysage dense et haut répond symétriquement au quartier d’affaires de la Défense.
Ce mémoire tend à démontrer la démesure et l’exceptionnalité de la ZAC à travers différentes analyses. Cependant, une étude approfondie de l’intégralité de tous les documents nécessite des recherches et analyses de longue durée. Un premier travail complémentaire consisterait à continuer d’explorer les documents urbains et les lois qui cernent le projet. En effet, il existe un grand nombre de codes qui régissent la ZAC. Nous nous sommes concentrés sur celui de l’urbanisme mais d’autres permettraient de mettre en avant
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d’autres aspects, peu traité encore comme celui du code du commerce. Il permettrait de comprendre plus spécifiquement la mise en concurrence des maîtrises d’œuvres dans le projet. Dans un second temps, nous avons traité une liste non-exhaustive d’architectures, et nous avons centré ce choix sur celles bordant l’avenue de France. Bien que celle-ci soit majeure, elle représente qu'une infime partie de la ZAC. Il serait intéressant de poursuivre l’analyse vers d’autres architectures au sein des soussecteurs et notamment comprendre plus profondément les différentes orientations urbaines entre les secteurs. Enfin, la ZAC est toujours en cours de construction. Depuis 4 ans, j’ai pu observer des évolutions qui ont profondément marqué le paysage de la ZAC, grâce notamment à un relevé photographique. De nouvelles architectures, encore plus innovantes, sont amenées à voir le jour prochainement. Il sera donc nécessaire et intéressant de poursuivre ce travail en vu de marquer les profonds changements opérés et au-delà du terme de ce mémoire.
En résumé, le traitement de la problématique n’est qu’une partie. Il existe encore de multiples sujets de recherche qui permettrait de poursuivre le travail et de mettre en évidence d’autres facteurs confirmant les résultats énoncés.
Ce travail nous mène à nous questionner sur l’influence et le devenir de cette ZAC dans la ville de Paris. Nous avons pu pointer à travers cette étude les facteurs qui permettent de la qualifier d’exceptionnelle. À partir de ce constat, nous pouvons nous interroger sur la manière dont cette exceptionnalité va agir sur la capitale et dans son fonctionnement.
À travers les résultats, nous avons mis en exergue sa relation paysagère avec le quartier de La Défense. Par leurs programmes, leurs ambitions et leurs architectures, il existe d’autres points de convergence. Les deux quartiers d’affaires semblent être mis en concurrence. Mais ne sont-ils pas plutôt complémentaires ?
Cette ZAC se place comme une nouvelle entrée de la ville-capitale proche de nombreux transports (aéroports, gares, transports francilien…). Elle se situe à un endroit stratégique au niveau international et cet attribut a bien été pris en compte lors de sa conception. Seulement, nous sommes actuellement dans une ère instable où le télétravail prend de plus en plus d’ampleur au détriment des quartiers d'affaires. De ce fait, nous sommes amenés à nous questionner sur le devenir de cette ZAC où les bureaux ont été mis sur un piédestal et où son bon fonctionnement repose en majorité sur ce programme. Les investisseurs privés s’y installent à travers des programmes tertiaires, et bien que la majorité des constructions soient édifiées la crise sanitaire peut amener à un abandon des locaux. De plus, nous avons observé que la création de tours était notamment impulsée par le souhait de vivre près du lieu de travail, seulement si le contexte de travail à domicile perdure, les usagers peuvent se tourner vers un cadre de vie plus confortable et moins dense. En raison de ces arguments, le dynamisme escompté peut être amené à disparaître.
Les tours sont au cœur de notre société et ce travail met l’accent sur leur importance depuis le dernier siècle. Paris ne s’est pas agrandi en marge de ce phénomène. Nous constatons au sein de cette ville les évolutions de ces constructions et le symbole qu’elles renvoient de nos jours.
La création de la ZAC de Bercy-Charenton agrandi l’intérêt de la ZAC de Paris Rien Gauche. Ces deux dernières composent un nouvel ensemble urbain qui occasionne un point de centralité nouveau dans la capitale. Le développement des activités tertiaires et les soucis écologiques portés par le projet amènent les aménagements à redoubler d’importance. Ils attireront une nouvelle clientèle mais quelles seront les conséquences sur la ville de Paris ? Bien que celle-ci ait un attrait historique, patrimonial et culturel
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indéniable, nous pouvons nous questionner sur le devenir de certains quartiers comme le quartier de l’Opéra, le quartier central des affaires ou le quartier d’affaires de la bourse de Paris.
Les verrues foncières deviennent un réel atout pour l’extension de la capitale et son image. Les liens étroits avec la banlieue permettent de redynamiser ces secteurs délaissés. Ivry-sur-Seine avec son opération IvryConfluence, Charenton-le-Pont et Bercy avec leurs ZAC et Paris Rive Gauche sont amenés à former un nouveau centre d’affaire dynamique du Grand Paris.
Aussi, la création de ces nouveaux quartiers amène à favoriser les liaisons entre Paris intra-muros et la banlieue. Par conséquence, les villes aux alentours prennent de l’importance : les ZAC jouent un rôle de « pont », où la frontière parisienne se dissipe pour s’étendre.
Le projet de la ZAC de Paris Rive Gauche va connaitre de grands retentissements sur la capitale française et son organisation. Une autre poursuite de ce travail consisterait à approfondir ces aspects et à les prolonger. Une opération urbaine d’une telle ampleur spatiale et temporelle ne pouvait avoir une influence mineure sur une ville aussi riche que Paris.
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ZAC : Zone d’aménagement concertée
PAZ : Plan d’aménagement de zone
BnF : Bibliothèque nationale de France
Plan U3M : Plan de modernisation des universités françaises
Loi SRU : Loi solidarité et renouvellement urbain
PS : Parti socialiste
RPR : Rassemblement pour la République
PLU : Plan local d’urbanisme
PUD : Plan d’urbanisme directeur
POS : Plan d’occupation des sols
ZUP : Zone à urbaniser en priorité
SDAU : Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme
PRG : Paris Rive Gauche
IGH : Immeuble de grande hauteur
SEMAPA : Société d’étude, de maitrise d’ouvrage et d’aménagement parisienne
EPCI : Etablissement public de coopération intercommunale
OPAC : Office public d’aménagement et de construction
LOF : Loi d’orientation foncière
SCoT : Schéma de cohérence territorial
OIN : Opération d’intérêt national
SPLA : Société publique locale d’aménagement
SPL : Société publique locale
SEM : Société d’économie mixte
EPA : Établissement public d’aménagement
SNCF : Société nationale des chemins de fer français
SNEF : Société Nouvelle Electric Flux
RATP : Régie autonome des transports parisiens
APUR : Atelier Parisien d’urbanisme
Lexique
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Code de l’urbanisme. Partie réglementaire - Décrets en Conseil d’Etat. Livre III : Aménagement foncier. Section 2 : Concessions d’aménagement. Sous-section 1 : Procédure relative aux concessions d'aménagement transférant un risque économique (Articles R300-4 à R300-9). Art R300-4 à R300-13. URL : https:// www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074075/LEGISCTA000020894097? dateVersion=13%2F02%2F2021&nomCode=KsWAYw%3D%3D&page=1&query=R+300-4&searchField= ALL&tab_selection=code&typeRecherche=date&anchor=LEGIARTI000037776010#LEGIARTI000037776 010
GUICHARD, Olivier. 1973.« Circulaire du 21 mars 1973 relative aux formes d'urbanisation dites « grands ensembles» et à la lutte contre la ségrégation sociale par l’habitat. » Journal Officiel, le 5 avril 1973.
Règlements
Mairie de Paris, Plan d’Aménagement de Zone (1993)
Mairie de Paris, Plan d’Aménagement de Zone (1996)
Mairie de Paris, Plan d’Aménagement de Zone (2003)
Mairie de Paris, Plan Local d’Urbanisme de Paris. URL : http://pluenligne.paris.fr/plu/sites-plu/ site_statique_48/pages/page_1021.html
Sitographie
106
Vidéographie
PATIES, Félix. « L'exposition universelle à Paris pour 1989 annulée », François Mitterand – Le verbe et l’image, INA. [en ligne] Consulté le 23/04/2020, URL : https://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/ Mitter00305/l-exposition-universelle-a-paris-pour-1989-annulee.html
Bande dessinée
FALZON, Joseph. Déambulations à Bruneseau. Illustration pour le projet Nouvel R. Mars 2019. p.14
107
Annexes
Annexe 1 : Topographie du secteur de la ZAC
Fig. 1. Topographie générale du secteur et positionnement de la ZAC PRG Source : Plan d’aménagement de zone 2003, p. 13
Fig. 2. Topographie du périmètre de la ZAC en 2002 Source : Plan d’aménagement de zone 2003, p. 15
111
Annexe 2 : Plan de la ZAC Paris Rive Gauche
GARE D’AUSTERLITZ
LE MONDE LES DOCKS CITÉ DE LA MODE ET DU DESIGN RÉSIDENCE FULTON ÎLOT T10 AURORE T5B HALLE FREYSSINETSTATION F BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE LE NID LES FRIGOS LES GRANDS MOULINS LA HALLE AUX FARINES HOME TOUR DE LA BIODIVERSITÉ ANCIENNE USINE SUDACENSAPVS CITÉ TECHNIQUEKAGAN TOURS DUO HÔTEL BERLIER WOOD’UP TOUR COMMUNE
AUSTERLITZ GARE
AUSTERLITZ SUD
AUSTERLITZ NORD TOLBIAC NORD TOLBIAC-CHEVALERET
MASSÉNA-CHEVALERET
MASSÉNA NORD BRUNESEAU NORD BRUNESEAU SUD
Plan de situation de la ZAC illustrant les sous-secteurs et les architectures étudiées Source : Document graphique personnel
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Annexe 3 : Établissements industriels anciens, disparus ou reconvertis
ÉTABLISSEMENTS ÉTAT
Magasins généraux d’Austerlitz
Reconvertis en locaux d’activités PAP
Sucrerie SAY Disparue
Compagnie des Omnibus Disparue
SERNAM - Tolbiac Disparue
Verrerie SAGET Disparue
Entrepôt frigorifique CECF - Les frigos Reconverti en locaux d’activités artistiques
Entrepôt des sucres Disparu
Compagnie des eaux de Vichy Disparue
Gazomètres Disparus
Garage Quai de la Gare Disparu
Garage Quai de la Gare Disparu
Usine de la SUDAC Reconvertie en école d’architecture - ENSAPVS
Entrepôt frigorifique Croix Jarry Disparu
Poste d’aiguillage SNCF Disparu
Grands Moulins de Paris et Halle aux Farines Reconvertis en programmes universitaires
Centre de Tri Postal d’Austerlitz Disparu
Société Anonyme de télécommunication Disparue
Bâtiment SNCF Disparu
Atelier SNCF Masséna Disparu
Atelier de vitrerie du Temple Disparu
Garage rue Watt Disparu
Bâtiment SNCF Reconverti en théâtre
Hangar SNCF Disparu
Usine et ateliers SAGEP Démolis
Centrale à béton du port Disparue
Sous-station SNCF Disparue
SERNAM - Chevaleret - Halle Freyssinet
Reconvertie en incubateur de start-uppers
113
Annexe 4 : Photographies des architectures de la ZAC de Paris Rive Gauche
Fig.
Source
Fig.
2. Immeuble de bureaux sur voie ferrée, Brenac & Gonzalès.
: Photographie personnelle. 11 septembre 2020
1. Le Monde, Snøhetta.
Source : Photographie personnelle. 12 août 2020
Fig. 4. Bibliothèque nationale de France, Dominique Perrault.
Source : Photographie personnelle. 13 octobre 2019
Fig. 5. MK2, Jean-Michel Wilmotte et Frédéric Namur. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
115
Fig. 3. Résidence Fulton, Bernard Bülher. Source : Photographie personnelle. 9 février 2021
Fig. 6. Avenue de France, secteur Tolbiac. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
Fig. 7. Avenue de France, secteur Tolbiac. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
116
Fig. 8. Avenue de France, secteur Tolbiac. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
Fig. 9. Immeuble mixte - Le nid, Rudy Ricciotti. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
117
Fig.
Fig. 11. Avenue de France, secteur Masséna. Source : Photographie personnelle. 11 février 2021
Fig. 12. Immeuble de bureau, Norman Foster. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
118
10. Avenue de France, secteur Masséna. Source : Photographie personnelle. 09 février 2021
Fig.
119
13. Home, Hamonic + Masson & Associés et Comte Vollenweider.
Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
Fig. 15. Avenue de France, secteur Masséna. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
Fig. 14. Tour du bâtiment Home, Hamonic + Masson & Associés et Comte Vollenweider.
Source : Photographie personnelle. 12 novembre 2018
120
Fig. 17. Tour de la biodiversité, Édouard François. Source : Photographie personnelle. 22 janvier 2020
Fig. 16. Avenue de France, secteurs Masséna et Bruneseau. Source : Photographie personnelle. 10 août 2020
121
Fig. 18. Tours Duos, Jean Nouvel & Hôtel Berlier, Dominique Perrault.
Source : Photographie personnelle. 11 septembre 2020
Fig. 19. Immeuble mixte, Tania Concko & Rémi Salles. Source : Photographie personnelle. 11 septembre 2020
Annexe 5 : Confrontation de la ville traditionnelle parisienne aux tours contemporaines du XXIe siècle
Vue sur la ZAC de Paris Rive Gauche et les tours Duo depuis la rue Cantagrel dans le 13e arrondissement.
Source : Photographie personnelle. 09 février 2021
122
Annexe 6 : Chronologie de la construction des tours Duo de Jean Nouvel (2019-2021)
123
Fig. 2. Tours Duo, 22 janvier 2020 Source : Photographie personnelle
Fig. 1. Tours Duo, 12 octobre 2019 Source : Photographie personnelle
Fig. 4. Tours Duo, 09 février 2021 Source : Photographie personnelle
Fig. 3. Tours Duo, 10 août 2020 Source : Photographie personnelle
Fig. 5. Tours Duo, 10 février 2021 Source : Photographie personnelle
Annexe 7 : Bande dessinée de Joseph Falzon pour le projet Bruneseau Seine lauréat du
127
130
© Illustration pour le projet Nouvel R des architectes Hardel Le Bihan, Youssef Tohme, Adjaye Associates et Buzzo Spinelli, lauréats du concours Inventer Bruneseau
L’État lance dans les années 1980 une opération d’aménagement, nommée Paris Rive Gauche, dans le 13e arrondissement en bord de Seine. Dotée d’un double enjeu, cette opération doit servir à ouvrir l’arrondissement sur la capitale mais aussi permettre à Paris de s’élever au rang de grande capitale économique mondiale. Les études perdurent sur une quinzaine d’années, avant que le projet nal ne soit validé par la Ville de Paris puis remis en cause par l’opposition. Les incertitudes politiques qui règnent depuis la moitié du XXe siècle ont un impact considérable sur le paysage urbain du 13e arrondissement qui est loin d’être abouti au début des années 90. La ZAC de Paris Rive Gauche se xe comme objectif d’uni er le paysage très hétéroclite du 13e arrondissement avec le reste de la capitale. Seulement, les orientations décidées dans les années 2000 font prendre à la ZAC une toute autre tournure. Aujourd’hui l’opération urbaine arrive à sa n et se place en marge du Paris haussmannien : Paris Rive Gauche se transforme en un laboratoire d’expérimentation où les plus grands architectes se succèdent. Elle devient la vitrine de l’architecture néo-libérale dans Paris, plaçant la capitale dans la courses des villes internationales. Seulement, l’opération urbaine se révèle être démesurée et exceptionnelle face à la ville parisienne.
In the 1980s, the State launched a second development operation named « Paris Rive Gauche » and located along the Seine. This operation would link the 13th district to the capital and also, raise Paris to the rank of a major world economic capital.
The studies last for about fteen years, before the nal project is validated by the city of Paris. But challenged by the opposition. Political uncertainties since the middle of the 20th century, signi cantly impact the 13th district urban landscape, which is far from being achieved at the beginning of the 1990s. Paris Rive Gauche set itself the aim of unifying the heterogeneous landscape of the 13th district with the rest of the capital. However, the orientations decided upon in the 2000s have taken the ZAC in a completely di erent direction.
Today, the urban operation is coming to the end and it stands apart from the Haussmann's Paris: Paris Rive Gauche is transformed into a laboratory of experimentation where the greatest architects succeed one another. It becomes the showcase of neo-liberal architecture in Paris, placing the capital in International Cities Race. Only, Paris Rive Gauche turns out to be disproportionate and exceptional in font of the city of Paris.
Paris Rive Gauche - Architecture XXIe - Renouvellement urbain - Exceptions