qu’il s’agit d’intégrer cette réalité dans un contexte plus large et d’accepter l’existence et la légitimité de ce cadre élargi. En fin de compte, une vision bien conçue et bien exécutée, pour créer de la valeur à long terme, est une bonne chose pour les actionnaires. » De même, pratiquement aucun-e participant-e à l’enquête n’avance qu’une entreprise devrait négliger la grande importance de réaliser des profits. En fait, plusieurs soulignent que les entreprises sont soumises à une immense pression d’atteindre leurs objectifs financiers trimestriels et de générer des profits. Par exemple, un-e chef-fe d’entreprise affirme que les profits sont essentiels à la poursuite de son travail : « En fin de compte, c’est bien beau tout ça, et vos programmes d’ESG ont beau être les meilleurs, si le cours de votre action n’est pas performant, vous êtes dans le trouble. » Hassan Yussuff commente : « Assurez-vous que l’entreprise soit prospère et cela vous permettra de réaliser plein d’autres choses. » John Bragg mentionne simplement : « Faites attention à l’entreprise. Atteignez vos chiffres. » Un-e chef-fe d’entreprise est d’avis qu’« à moins que les règles du capitalisme et ses notions sous-jacentes ne soient complètement réécrites – et je ne crois pas que cela se produise de sitôt –, vous devez performer ». Toutefois, la plupart des participant-es à l’enquête reconnaissent que la réalisation de profits pour les actionnaires, les fournisseur(-euse)s de capitaux ou les propriétaires, quoique cruciale au succès de l’entreprise, ne sera plus suffisante pour être considérée comme une réussite ou pour maximiser la création de valeur à long terme. Ils et elles prédisent que le rôle futur des entreprises dans la société ira au-delà de la génération de profits et inclura la création de valeur et l’apport de bienfaits à la société en général. Selon Martin LeBlanc, « il faut définir ce que signifie être une entreprise qui ne se limite pas à la simple croissance des profits ». Le très honorable David Johnston estime qu’un tel modèle est nécessaire : « Il faut voir plus loin que le résultat net, le profit et la récompense des actionnaires. Il faut envisager quelque chose de plus durable. » À cet égard, les termes « malavisé », « manque de vision » et « mauvaise approche » ne sont que quelques-unes des réactions négatives exprimées par les participant-es lorsque nous sollicitons leur opinion sur l’idée selon laquelle « les dirigeant-es d’une entreprise doivent se concentrer d’abord sur la génération de profits; s’ils ou elles réussissent, ils/elles pourront alors envisager de soutenir d’autres causes qu’ils/elles considèrent comme importantes, comme l’environnement et les défis sociaux ». La réaction des participant-es à cette affirmation est un autre indice du rôle futur des entreprises dans la société, à l’encontre du postulat de Milton Friedman selon lequel la seule responsabilité sociale d’une entreprise est de « s’engager dans des activités destinées à augmenter ses profits ».31
3) Une pensée à plus long terme « La pensée à courte visée est souvent problématique, mais plusieurs investisseur(-euse)s ne choisiraient probablement pas une entreprise qui ne produit pas de rapports trimestriels. » – Helen Antoniou, mentore exécutive et présidente du conseil d’administration de l’Université Concordia Les actionnaires peuvent exercer une pression considérable sur les dirigeant-es et le/la chef-fe de la direction d’une entreprise. Ils et elles investissent après tout dans une entreprise donnée – souvent pour une courte durée – afin de voir fructifier leurs capitaux investis. Vu cette dynamique, les actionnaires placent une pression énorme sur les dirigeant-es d’entreprise et les chef-fes de la direction afin qu’ils/elles se concentrent sur la maximisation des profits, ce qui peut favoriser des priorités et des visées à plus court terme dans l’ensemble de l’organisation. 54