En revanche, selon une grande partie des participant-es à l’enquête, les entreprises qui se concentrent davantage sur l’ensemble des parties intéressées, et pas seulement sur les profits et les actionnaires, ont de meilleures chances de privilégier le long terme plutôt que le court terme. On peut donc en déduire que le fait de lier le profit à la finalité en créant de la valeur et en la partageant avec les parties intéressées peut aider une entreprise à être plus performante à long terme.
4) Partager la valeur créée « L’ère de la primauté de la valeur pour l’actionnaire est révolue. Les principes de la valeur partagée ont émergé. » – Michael McCain, président et chef de la direction des Aliments Maple Leaf Le mouvement voulant que les entreprises génèrent de la valeur et la partagent avec leurs parties intéressées, voire avec l’ensemble de la société, est en plein essor. À cet égard, de nombreux(-ses) participant-es à l’enquête, décrivant le rôle futur des entreprises dans la société, affirment qu’en plus de générer de la valeur les entreprises devront la partager avec les parties intéressées. Certain-es participant-es à l’enquête soulignent une nuance importante : une entreprise pourrait être attachée à une finalité donnée, sans pour autant partager la valeur créée. Par conséquent, un certain nombre de participant-es à l’enquête considèrent que le monde des affaires doit passer d’un modèle philanthropique à un modèle centré sur la mission sociale. Sophie Brochu insiste : « Il faut passer d’un système philanthropique à un système réellement social. » Certain-es avertissent que ce virage se produira, avec ou sans l’apport des entreprises. Marc-André Blanchard prévoit que, dans un avenir proche, les entreprises qui se contentent de pratiquer la RSE ne seront plus considérées comme en faisant assez pour la société. Zita Cobb va encore plus loin et affirme que le modèle économique actuel comporte un problème qui doit vraiment être abordé : trop de chef-fes d’entreprise décident de retirer leurs activités de communautés souvent plus petites, les laissant sans ressources. Selon elle, les entreprises sont souvent consolidées sous le prétexte de l’efficacité et de la nécessité, alors qu’en réalité cela sert à répondre au désir insatiable de croissance perpétuelle chez les actionnaires et investisseur(-euse)s. Zita Cobb plaide pour un nouveau type de capitalisme, fortement axé sur le partage de la valeur avec les communautés : « Nous devons trouver un moyen de faire en sorte que notre système ressemble davantage à un capitalisme communautaire qu’à un capitalisme corporatif. » Il semble que ce soit pour ces raisons qu’une poignée de participant-es à l’enquête avancent que les chef-fes d’entreprise devraient adopter le concept de « valeur partagée ». Selon Cathy Glover, « définir la mission sociale tient plutôt des relations publiques » et les entreprises devraient s’aligner davantage sur l’école de pensée de Michael Porter/Mark Kramer : la « valeur partagée ».32 Pour Porter et Kramer, la « valeur partagée » consiste à « créer de la valeur économique d’une manière qui crée également de la valeur pour la société en répondant à ses besoins et défis ».33 Michael McCain est d’avis que la « finalité » et la « valeur partagée » doivent toutes deux faire partie des opérations de base d’une entreprise afin que celle-ci puisse faire une contribution positive à la société de manière authentique et réelle. Il place ces deux éléments sur un axe et propose quatre quadrants qui permettent de déterminer si l’entreprise poursuit une finalité et crée une valeur partagée. 56