SPÉCIAL L’AFRIQUE AU FRONT
interview
FREDDY TSIMBA LA CRÉATION EN RÉSISTANCE L’artiste congolais utilise des matériaux de récupération pour prôner un message de paix. Ses sculptures monumentales sont un hommage à la vie. À l’espoir de la jeunesse africaine aussi, symbole de richesse et de dynamisme, qui crée et s’épanouit dans un contexte improbable. propos recueillis par Fouzia Marouf
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er de lance d’un art en résistance, Freddy Tsimba est un plasticien et un sculpteur humaniste ancré dans l’effervescence artistique et la complexité des déséquilibres de Kinshasa, sa ville natale. L’artiste est né en 1967 dans la commune de la Gombe, puis a grandi dans le quartier de Matonge, le cœur musical de la capitale. À 22 ans, il est diplômé de l’Académie des beaux-arts de la mégalopole. Curieux, touche-à-tout, il apprend ensuite la ferronnerie avec les artisans locaux. Fortement marqué par les conflits qui frappent son pays, il rend hommage à la mémoire des victimes anonymes des guerres dans ses œuvres : dans une urgence de création, il détourne des douilles usagées récoltées sur des zones de combat et les soude afin d’en faire des sculptures monumentales. Une pulsion héritée de l’art de la débrouille (appelé « article 15 » selon une expression congolaise), un art singulier qui a contribué à forger sa renommée internationale. Ses pièces font partie d’illustres collections. En 2018, La Porteuse de vies a intégré les espaces publics du Théâtre national de Chaillot, à Paris. AFRIQUE MAGAZINE
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404 – MAI 2020