OUTRE-MER grandeur Nature n°20 _ janvier-février 2024

Page 1

JANVIER | FÉVRIER 2024

OUTRE-MER

OcéIndia

grandeur Nature

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT n°20

ÉDITO | Éricka Bareigts, maire de Saint-Denis de La Réunion SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON | la relocalisation de miquelon

UNE

OUTRE-MER | AU CŒUR DE LA STRATÉGIE NATIONALE BIODIVERSITÉ 2030

SOMMAIRE

MAYOTTE | protéger les îlots forestiers sur les monts et crêtes

2 édito 3 actu outre-mer 5 Saint-Pierre-et-Miquelon 10 Saint-Martin 11 Saint-Barthélemy

14 18 20 24 34

Martinique Guadeloupe Guyane Île de La Réunion Mayotte

40 46 52 54

TAAF Polynésie française Nouvelle-Calédonie Wallis-et-Futuna


2

OUTRE-MER grandeur Nature

ÉDITO PAR ÉRICKA BAREIGTS, MAIRE DE SAINT-DENIS DE LA RÉUNION, ANCIENNE MINISTRE DES OUTRE-MER À Saint-Denis, l’environnement est notre priorité. La biodiversité réunionnaise est une véritable richesse de notre territoire ultramarin. La préserver fait partie des priorités de notre politique publique. À Saint-Denis, nous avons à cœur de prendre en considération les mutations urbaines et les enjeux environnementaux. Depuis le début de la mandature, j’ai ainsi entamé un virage à 180 degrés pour faire de notre capitale ultramarine un territoire vert et durable. Pour répondre à cette volonté, nous entreprenons plusieurs actions et projets, pour redynamiser la ville afin que chaque quartier dionysien devienne un véritable îlot de fraîcheur. Parmi les projets de la ville, le parc transitoire de loisirs et de détente Diony Parks qui deviendra ensuite une forêt aventure de trois hectares en 2026. De même, « Une naissance, un arbre », lancé en 2021, a notamment permis de planter plus de 5 000 arbres. Ajouté à cela, plus de 17 000 plants seront plantés – arbres, arbustes, plantes – sur la première forêt urbaine de La Réunion qui sera close aux passants afin de permettre à la nature de reprendre ses droits. Du côté des actions, nous avons investi plus de 170 000 euros pour le verdissement de nos écoles. Pour devenir cette Ville jardin, nous avons entrepris l’éradication d’espèces envahissantes, fragiles et malades. Les agents et les partenaires de la Ville s’engagent également dans la sensibilisation de la population au respect de la nature avec des actions terrains récurrentes comme les collectes géantes de déchets. En 2022, la Ville a investi dans l’énergie renouvelable en installant une nouvelle centrale solaire de 2 269 m² de panneaux photovoltaïques. Une ville verte c’est aussi une transition vers des modes de déplacements doux. Saint-Denis élargit donc le bus gratuit pour les 6-24 ans, le déploiement des

Stations de vélo en libre-service. Un deuxième téléphérique verra également bientôt le jour sur le territoire et les services de TCSP (Transport collectif en site propre) seront beaucoup plus denses avec le projet « Baobab » qui traversera Saint-Denis avec des bus à haut niveau de services. La Ville a déployé d’importants projets de rénovation urbaines, comme « Prunel » (Projet de renouvellement urbain nord est littoral), pour lequel Saint-Denis a reçu le label ÉcoQuartier. Ce projet a pour ambition de favoriser de nouvelles façons de concevoir, en renforçant le lien social et intergénérationnel, le tout dans un cadre de vie apaisé et valorisé. En cohérence avec cette politique de verdissement sur les projets de rénovation urbaines, le premier jalon du Renouvellement urbain du Chaudron (RUCH) est un îlot de verdure où 8 000 m2 de gazon ont été plantés au pied des immeubles. Pour préserver cette biodiversité peï, la Ville de Saint-Denis a également signé une convention avec le Parc national. Depuis 2016, nous travaillons main dans la main pour inverser la tendance, favoriser la transition écologique, même dans les zones les plus sensibles et ainsi impulser une dynamique de développement économique dans les Hauts. À Saint-Denis, nous partons également du principe que chaque citoyen a sa part de responsabilité. Une Ville citoyenne est une Ville où la participation citoyenne prime. Si chacun accepte de mettre les mains dans la terre, tout le monde pourra trouver son bonheur. La Ville de Saint-Denis vous adresse ses voeux les plus chaleureux. Que vos rêves se réalisent et que 2024 soit signe de bonheur et de réussite ! Éricka Bareigts

Couverture : lors d’une mission en Guyane sur l’Oyapock. © Najib Mahfoudhi / MTECT | Éricka Bareigts. © Ville de Saint-Denis de La Réunion


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

Avec son statut d’observateur de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le Cirad a organisé plusieurs événements parallèles aux négociations officielles de la COP28, tout en participant indirectement aux négociations.

3

ACTU OUTRE-MER

Marc Fesneau, ministre français de l’Agriculture, présent lors de l’événement parallèle intitulé « Cirad-IRD-4p1000 » sur le Pavillon Francophonie de la COP28. © Vincent Blanfort / Cirad

19 LAURÉATS ULTRAMARINS AU FONDS D’INTERVENTION MARITIME

La 28ème Conférence des Parties sur les changements climatiques s’est déroulée du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï et s’est notamment conclue par un engagement mondial des États à une transition hors des énergies fossiles. « Ce n’est pas le seul point notable de cette conférence », souligne Vincent Blanfort, chargé de mission changement climatique au Cirad. « Les systèmes agricoles et alimentaires ont fait l’objet d’une déclaration où ils apparaissent comme des secteurs essentiels de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique ». À la COP28, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) s’est investi sur les thèmes de la santé, de la préservation des forêts tropicales, du bilan carbone des systèmes d’élevages pastoraux et du stockage de carbone. L’outre-mer a été particulièrement mis en avant par le Cirad lors de la présentation de l’étude « 4 pour 1 000 Outre-Mer » qui dresse un bilan des stocks de carbone des sols ultramarins et formule des recommandations inédites pour préserver ces stocks, afin d’atténuer le changement climatique en outre-mer et au niveau mondial.

Créé en 2022, le Fonds d’intervention maritime (FIM) accompagne le financement de projets innovants portés par les territoires, autour de trois grands enjeux : la protection de la biodiversité marine, la modernisation de la filière maritime et le renforcement de l’attractivité des métiers de la mer. Le FIM sera mobilisé à plus de 25 % en outre-mer, en soutenant 19 initiatives lauréates de l’appel à projets 2023, à hauteur de 3,9 millions d’euros, pour contribuer au déploiement de solutions locales.

+ d’info ici : https://www.cirad.fr/les-actualites-ducirad/actualites/2023/cop28-climat-agricultureet-alimentation-des-negociations-a-petits-pas

En Guadeloupe et en Guyane, deux projets concerneront l’élimination d’épaves et navires abandonnés. À Saint-Pierre-et-Miquelon, le FIM contribuera à la sauvegarde du patrimoine maritime en finançant la construction d’embarcations traditionnelles. Le Fonds d’intervention maritime soutiendra également le monitoring de l’activité écotouristique d’observation des cétacés à La Réunion ou encore, en NouvelleCalédonie, la création d’un « parcours éducatif sur la mer et l’océan » ayant pour objectif de sensibiliser les jeunes Calédoniens aux problématiques culturelles et environnementales. + d’info ici : https://mer.gouv.fr/sites/default/ files/2023-11/V%20DEF%20DP-FIM.pdf

Démantèlement d’épave dans le cadre du FIM. © Gouvernement de la Polynésie française

LA PARTICIPATION ACTIVE DU CIRAD À LA COP28


4

Visuel : © DR| Photo des sargasses : © Filo Gèn

OUTRE-MER grandeur Nature

DE LA MÈRE À LA TERRE EN OUTRE-MER L’association En Terre Indigène organisait fin novembre le lancement de son projet « De la Mère à la Terre en Outre-mer » lors d’une soirée-événement à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris. Au rendez-vous : des extraits inédits de films réalisés en Polynésie française, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion, mais également quatre performances d’artistes ultramarines. Les artistes guyanaises Keywa et Yuu Henri, de même que la conteuse de La Réunion Isabelle Joly Hoarau et une danseuse de la troupe Tahiti Marquises ont ainsi eu l’opportunité d’incarner leurs territoires. Le tressage polynésien, les tisanes réunionnaises, l’agriculture sur brûlis des Kali’na en Guyane ou encore le sel des Mamas Shingo à Mayotte sont autant de savoirs traditionnels transmis de mère à fille qui pourraient s’éteindre alors même qu’ils sont aujourd’hui une alternative aux conséquences du réchauffement climatique et de la perte de la biodiversité. Ces femmes des outre-mer continuent de transmettre leurs savoirs écologiques aux jeunes filles en portant l’espoir d’une société plus respectueuse vis-à-vis de l’environnement et de ces traditions qui mettent la Terre au cœur de la vie. + d’info ici : https://delamerealaterreenoutremer.com/ https://enterreindigene.com/

LANCEMENT DE L’INITIATIVE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LES SARGASSES En marge de la COP 28, le ministère des Outre-mer a lancé l’Initiative internationale de lutte contre les sargasses en partenariat avec la Région Guadeloupe, le Costa Rica, la République dominicaine, le Mexique et l’Organisation des États de la Caraïbe orientale. Genre d’algues brunes pouvant former des radeaux de centaines de mètres carrés et de plusieurs mètres d’épaisseur, les sargasses prolifèrent anormalement au large des côtes de l’arc antillais. La Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin, SaintBarthélémy et, dans une moindre mesure, les côtes du plateau des Guyanes, ont ainsi subi depuis 2011 des épisodes d’échouages massifs de sargasses avec des conséquences préoccupantes pour la biodiversité côtière et la qualité des sols, la santé des populations et l’activité économique. Cette initiative diplomatique internationale de lutte contre les sargasses a donc pour ambition d’établir un plan d’action multilatéral pour répondre à la problématique de l’échouage massif de ces algues, qui sera présenté lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, en juin 2025. + d’info ici : Lancement de l’Initiative internationale de lutte contre les sargasses


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

5

SAINT-PIERREET-MIQUELON Le processus de relocalisation du village est initié, pour faire face à l’élévation du niveau de l’océan. © Mairie de Miquelon-Langlade

MIQUELON : UNE RELOCALISATION PROGRESSIVE DU VILLAGE

En 2018, la commune de Miquelon-Langlade a été fortement impactée par une tempête causant l ’ inondation de 37 caves d ’ habitations . P our faire face aux risques de la montée des eaux , le déplacement progressif du village dorénavant s ’ impose . Dans l’archipel, le réchauffement climatique menace directement la survie du village de Miquelon, qui compte 600 habitants. Les tempêtes et les inondations y sont récurrentes et accélèrent l’érosion côtière.

RÉUNION DE TRAVAIL À L’ÉLYSÉE Le 27 novembre dernier, Franck Detcheverry, maire de Miquelon-Langlade, présidait une délégation de l’archipel au sein de l’Élysée pour une réunion de travail. L’objectif était de présenter l’avancée du projet dans sa globalité, mais aussi d’aller dans les détails plus techniques et concrets.

1

Dotation d’équipement des territoires ruraux.

« Le but est d’avoir des premières constructions dès 2025. Ces annonces inédites sont la preuve d’une réelle prise en considération de Miquelon et de sa population. Au-delà des aspect purement techniques, l’avenir et le développement de Miquelon-Langlade s’ouvrent enfin », ajoute Nancy Hayes.

© Mayane

« Miquelon s’est doté d’un Plan de prévention des risques littoraux (PPRL) approuvé par arrêté préfectoral en date du 28 septembre 2018. Ce PPRL définit Miquelon comme un espace inconstructible. En effet, le village est situé à seulement trois mètres au-dessus de la mer et son déplacement semble être la solution la plus adaptée. C’est l’ensemble du village qui doit être déplacé sur un site à environ 20 mètres de hauteur. Aujourd’hui, 80 % de la population soutient le projet et il est important de permettre aux jeunes de s’installer. En 2024, 15 terrains seront disponibles à la construction ou au déplacement immédiat des habitants qui le souhaitent. C’est une délocalisation progressive qui est engagée et qui devrait durer jusqu’en 2050 », nous explique Nancy Hayes, première adjointe à la commune de Miquelon-Langlade.

Quatre engagements principaux ont ainsi été actés : la nomination d’un conseiller interministériel sur le sujet en prise directe avec le Première ministre ; un budget dédié à ce projet qui n’interférera pas avec les autres financements de l’archipel (hors Fonds Vert, DETR 1…) ; les indemnisations qui permettront aux habitants volontaires au déplacement de reconstruire sans être lésés ; les financements de la première phase urgente confirmés dès 2024 pour assurer le passage des réseaux et terrassements des 15 premières parcelles.


6

Carte : © DTAM 975 / SERAP

OUTRE-MER grandeur Nature

UNE INTERDICTION DE CONSTRUIRE FACE À UN RISQUE INÉLUCTABLE Ci-dessous : la carte de zonage réglementaire du Plan de prévention des risques littoraux (PPRL) du village de Miquelon. En rouge hachuré figurent les zones d’interdiction stricte de constructions correspondant aux aléas climatiques les plus forts en termes d’érosion et de risque de déferlement. Les zones rouges, de restriction élevée, sont soumises à la submersion marine. + d’info ici : Plaquette pédagogique de synthèse


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

7

Ci-dessus : le futur plan d’aménagement du village de Miquelon, élaboré à l’issue des Ateliers du territoire. © Cabinet d’études Alphaville

LA POPULATION AU CŒUR DE LA DÉMARCHE Durant l’année 2022, une réflexion d’aménagement sous la forme d’Ateliers du territoire a été lancée dans la commune de Miquelon-Langlade.

Cette démarche s’appuie sur la participation active de la population. « Quatre ateliers de travail ont été lancés depuis 2021 pour imaginer collectivement le futur village de Miquelon. Afin de soutenir la démarche, la Collectivité territoriale nous a cédés pour un euro symbolique le foncier qui se trouve de l’autre côté du pont. Tout le monde travaille conjointement pour repenser le village de demain, plus résilient ! », conclut Nancy Hayes. Rédaction : Sandrine Chopot

© Mayane

Elle est portée par tous les acteurs, la Préfecture, la Direction des territoires, de l’alimentation et de la mer (DTAM), la commune, la Collectivité territoriale, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT).

LES AIDES FINANCIÈRES À VENIR POUR DÉPLACER LE VILLAGE Sans précédent en outre-mer, le déplacement du village de Miquelon bénéficie dans un premier temps d’un financement à hauteur de 1,5 million d’euros (Fonds européen d’investissement FEI 2023). L’ensemble des habitations du village bénéficieront d’aides issues du fonds Barnier. Et grâce au Programme d’actions de prévention contre les inondations (PAPI), des aides complémentaires sont possibles afin d’améliorer et protéger les habitations.


8

OUTRE-MER grandeur Nature

Pour tout savoir sur les Outre-mer 24h/24 Rendez-vous sur la1ere.fr

Le portail des Outre-mer Guadeloupe • Guyane • Martinique • Saint-Pierre-et-Miquelon • La Réunion • Mayotte • Nouvelle-Calédonie • Polynésie française • Wallis-et-Futuna


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

9

TERRE OUTRE-MER

Aux A ntilles françaises, le sanctuaire Agoa est une aire marine protégée dédiée à la protection des mammifères marins. I l englobe les espaces marins des îles de la M artinique, de la G uadeloupe, de Saint-Barthélemy et de Saint-M artin, sur une surface totale de plus de 143 000 km 2. Collisions avec les navires, chasse et pêche des cétacés, pollution acoustique, physique et chimique, les menaces qui pèsent sur les cétacés sont nombreuses. Sans oublier les changements globaux et les mauvaises pratiques d’observations en mer. Les sanctuaires comme Agoa ou Pelagos en Méditerranée sont précieux, mais encore trop peu nombreux. Pourtant d’autres sites pourraient s’ajouter à la liste comme à Saint-Pierre-et-Miquelon, où les passionnés ont repéré un espace à préserver.

Les cétacés jouent un rôle écologique majeur et participent au maintien de l’équilibre des écosystèmes marins. En fin de vie, les baleines séquestrent au fond des océans tout le CO2 absorbé par l’alimentation au cours de leur vie, 33 tonnes en moyenne. Leur alimentation et leur digestion permettent également de remettre en circulation les nutriments essentiels à la production du phytoplancton, qui est à la base des réseaux trophiques marins (ensemble de chaînes alimentaires). Les cétacés sont ainsi qualifiés d’espèces parapluies, primordiales à la préservation des autres espèces qui dépendent du même écosystème.

Ce texte est issu de la chronique radio « Terre Outre-mer » présentée par Caroline Marie à écouter sur La1ere.fr , l’offre numérique Outre-mer de France Télévisions

Interview : Caroline Marie

Roger Etcheberry, naturaliste : « Il y a une zone qui se trouve à peu près à 20 milles nautiques de SaintPierre, dans le sud-sud-ouest. Cette zone a été découverte par Joël Etcheberry en 2011, qui y a observé près de 300 baleines. C’est un endroit extraordinaire qui mériterait d’être investigué sérieusement parce que les baleines, c’est là. En effet, si les baleines sont présentes au large de l’archipel, on sait à coup sûr qu’elles fréquentent cette zone, ce n’est pas la peine de chercher ailleurs. »

« Joël me disait l’autre jour qu’il y avait une épaisseur de détection de nourriture à cet endroit-là qui était assez impressionnante. Cela mériterait d’être étudié d’un peu plus près, notamment pour éventuellement en faire une zone un peu protégée, parce qu’il y a quand même beaucoup d’impacts avec les bateaux. Une hécatombe s’est produite cette année sur la côte des États-Unis, avec 15 ou 16 baleines, peutêtre plus, retrouvées mortes. »

Sur l’île de Saint-Pierre, la vierge de l’Anse à Henry. © Jean-Christophe Paulau - 97px

UN SANCTUAIRE POUR LES BALEINES À SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON


10

SAINTMARTIN

Photographies : © AGRNSM

RECOREA : ATTÉNUER LES PRESSIONS SUR LES CORAUX, HERBIERS ET MANGROVES

Plongée sur un massif corallien à Saint-Martin dans le cadre du projet.

Fin 2022, la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin était l’un des 10 heureux lauréats en outre-mer de l’appel à projets pour la Résilience des récifs coralliens et des écosystèmes associés (R e C or EA), lancé par l ’OFB. L e point sur cette action visant à réduire sur l ’ île les pressions humaines subies par les écosystèmes marins côtiers . présents : sable, mangroves, récifs corallien, herbiers. En plus de ces nouvelles cartes nous pourrons suivre beaucoup de choses : la fréquentation nautique, l’évolution du trait de côte, les panaches d’eau troublée par les rejets de ravines ou d’eaux usées, diverses pollutions et même la décomposition des sargasses.

• Comment va se dérouler la suite du projet ?

INTERVIEW CLÉMENT BONNARDEL, CHEF DE PROJET RECOREA À LA RÉSERVE NATURELLE NATIONALE DE SAINT-MARTIN • Quelle est la première étape de ReCorEA? - L’étape préliminaire est d’actualiser la cartographie des zones marines et terrestres de la Réserve à partir d’images satellites. Notre prestataire i-Sea est ainsi chargé de produire un échantillon robuste des habitats

- La deuxième étape, celle de la gestion, va consister à déployer un nouveau parc de mouillages. L’utilisation de ces bouées d’amarrage des bateaux sera encadrée pour protéger les habitats marins. Ensuite, il s’agira de suivre l’état de santé des habitats concernés par le projet, à savoir les mangroves, herbiers sous-marins et communautés coralliennes. Enfin, la quatrième étape de ReCorEA, essentielle, c’est la sensibilisation. Elle a déjà débuté avec « La journée pour les oubliés des vacances », organisée par le Secours populaire, et qui a permis à 300 enfants de Saint-Martin, Sint Maarten, Anguilla et la Guadeloupe de découvrir avec la Réserve la richesse écologique de la baie de l’Embouchure. La sensibilisation va se poursuivre dans l’ensemble des établissements scolaires saint-martinois. Nous souhaitons initier une prise de conscience de la richesse et la fragilité de ces écosystèmes indispensables. L’enjeu, c’est aussi de changer les comportements en accompagnant la mise en place de nouveaux usages plus durables en mer. Rédaction et interview : Stéphanie Castre


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

SAINTBARTHÉLEMY PROTÉGER LES HABITATS POUR SAUVER LES CHAUVES-SOURIS L e naturaliste B aptiste A ngin a réalisé un inventaire des populations de chauves-souris à S aint -B arthélemy . L a préservation des habitats est un enjeu crucial pour la protection Le molosse commun est une petite chauve-souris insectivore facilement visible le soir dans le ciel de Saint-Barthélemy. © Baptiste Angin

de ces derniers mammifères indigènes de l’île.

mammifères indigènes, leur survie représente donc un enjeu majeur. Elles jouent un rôle écosystémique important. Comme certains insectes ou oiseaux, des espèces de chauves-souris participent à la pollinisation des plantes où à la dissémination des graines.

• Quelles sont vos techniques d’étude ?

INTERVIEW BAPTISTE ANGIN, DIRECTEUR DU BUREAU D’ÉTUDES ARDOPS ENVIRONNEMENT • Vous avez effectué un inventaire des populations de chauves-souris à Saint-Barthélemy, comment s’est déroulée cette campagne ? Nous avons réalisé, avec l’Agence territoriale de l’Environnement de Saint-Barthélemy, un inventaire d’une semaine en décembre dernier. L’objectif était de recueillir des informations sur l’état des populations et sur les habitats car il n’existait aucun inventaire récent des espèces présentes sur l’île. Aux Petites Antilles, les chauves-souris sont les derniers

- La technique principalement utilisée est la capture au filet. Sur cette mission, nous avons préféré effectuer des inventaires acoustiques pour identifier l’espèce grâce aux ultrasons qu’elle produit. Cela permet d’étudier leur répartition et leurs activités sans les stresser ou les blesser. Nous avons également fait des prospections pour étudier les gîtes où elles se reposent la journée. Elles utilisent des grottes, le feuillage ou les troncs creux des arbres ou le toit de nos maisons.

• Qu’avez-vous appris grâce à cette campagne ? - Certaines espèces sont très communes, d’autres sont plus rares et nous ne les avons observées que sur un seul site. La principale préoccupation pour l’île est la conservation des gîtes et le maintien des habitats naturels. Dans plusieurs gîtes, on observe un dérangement trop important des colonies qui peut aller jusqu’à un abandon du site. Leur protection est un point crucial pour améliorer la conservation des chauves-souris sur l’île. Rédaction et interview : Marion Durand

11


PUBLI-COMMUNIQUÉ

12

OUTRE-MER grandeur Nature

LES TERRITOIRES ULTRAMARINS AU CŒUR DE LA STRATÉGIE NATIONALE BIODIVERSITÉ 2030

Présentée par la Première ministre le 27 novembre 2023, la Stratégie nationale biodiversité (SNB) 2030 représente l’engagement de la France au niveau mondial au titre de la Convention sur la diversité biologique. Cette stratégie a pour objectif fort d’inverser la trajectoire du déclin de la biodiversité en F rance hexagonale et dans les outre - mer . La Stratégie nationale biodiversité 2030, fruit de plus de trois années de travail, s’est basée sur l’évaluation de la stratégie précédente, dont le bilan a été partagé avec l’ensemble des parties prenantes. En 2021, une grande consultation des territoires a été lancée pour rassembler les propositions des acteurs locaux. Dans les outre-mer, des ateliers « sciences pour l’action » ont également été menés dans les quatre bassins ultramarins pour faire émerger les enjeux de chaque territoire. Des négociations ont eu lieu en parallèle pour doter le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) d’un budget dédié à la mise en œuvre de la SNB 2030 à hauteur de 264 millions d’euros.

Visant à stopper puis inverser l’effondrement de la biodiversité, cette stratégie opérationnelle inédite directement rattachée à la Première ministre et incluant des objectifs chiffrés, se base sur quatre axes : • réduire les pressions 1 s’exerçant sur la biodiversité ; • restaurer la biodiversité dégradée partout où cela est possible ; • mobiliser l’ensemble des acteurs ; • garantir les moyens d’atteindre ces ambitions. La SNB se décline en 209 fiches de mise en œuvre d’actions leviers – ayant un impact direct sur la biodiversité – et d’actions d’accompagnement.

En haut : la Guyane héberge des écosystèmes parmi les plus riches et fragiles de la planète : forêts tropicales primaires, mangroves, savanes, inselbergs... © MTECT| Le cirque de Mafate à La Réunion. © Jean-Pierre Mareschal / MEDDE-METL | Le maki de Mayotte, un lémurien emblématique de l’île, protégé et vulnérable. © S. Castre | 1 La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a identifié cinq pressions causant les principales dégradations de la biodiversité : destruction et artificialisation des milieux, changement climatique, pollutions, surexploitation des ressources naturelles, introduction d’espèces exotiques envahissantes.


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

13

L’important pour nous, c’est que les ultramarins sachent qu’ils ont été entendus et que le ministère est présent pour les accompagner afin de protéger la biodiversité exceptionnelle des outre-mer.

• Comment se déclinera la SNB 2030 à l’échelle de chacun des territoires ultramarins ?

INTERVIEW CROISÉE NADIA VARGAS, CHEFFE DE PROJET STRATÉGIE NATIONALE POUR LA BIODIVERSITÉ AU MTECT ET NAJIB MAHFOUDHI, COORDINATEUR INTERMINISTÉRIEL DU PLAN EAU DOM • Comment les outre-mer ont-ils été pris en compte dans la Stratégie nationale biodiversité (SNB) 2030 ?

L’enjeu principal en outre-mer sera de structurer des réseaux d’acteurs locaux qui soient en mesure de se servir de cet outil, et de traduire cette stratégie en projets ayant des impacts au quotidien pour les usagers. La stratégie qui sera déclinée dans chaque territoire devra être proche des citoyens, permettre de renforcer les moyens de surveillance et réussir à mobiliser le monde des entreprises. Le message fort de la SNB 2030 pour les outre-mer est qu’il est possible de concilier développement d’un territoire et préservation de la biodiversité. + d’info ici : https://biodiversite.gouv.fr/

Dès le départ, nous avons fait le choix de ne pas avoir un cahier spécifique ou un axe dédié uniquement aux outre-mer, mais au contraire, d’avoir les outre-mer intégrés partout dans la stratégie. En effet, l’ensemble des pressions qui s’exercent sur la biodiversité sont également présentes dans les territoires ultramarins, et se rapportent par conséquent autant à l’Hexagone qu’aux territoires ultramarins. Certains sujets concernent plus particulièrement les outre-mer, comme la protection des mangroves et des récifs coralliens, la lutte contre la pêche illégale, la déforestation ou encore l’orpaillage illégal. Sur ces thématiques, les moyens vont être prioritairement alloués aux outre-mer. La passe de Tikehau en Polynésie française. © Olivier Chatté / Terra

Rédaction et interview : Lucie Labbouz

Nadia Vargas - Lors de l’élaboration de la SNB 2030, nous avons souhaité prendre en compte les territoires ultramarins dès le début. Les consultations mises en place en 2021 ont fait émerger ces trois axes stratégiques communs à l’ensemble des territoires : • le développement économique endogène respectueux de la biodiversité ; • les fonctionnalités du continuum terre-mer et l’aménagement du territoire ; • les liens entre humains et nature, et la protection de la biodiversité.

Najib Mahfoudhi - Une réflexion est en cours pour établir une stratégie de territorialisation de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030 en outre-mer. Les territoires ont leurs propres particularités et nous devrons nous attacher à prendre en compte les enjeux locaux dans les différentes mesures de la SNB. Cette stratégie est un outil extraordinaire, qui donne un cap et comporte des leviers opérationnels qu’on pourra mobiliser différemment en fonction des territoires.


14

OUTRE-MER grandeur Nature

MARTINIQUE L’ART COMME OUTIL DE SENSIBILISATION

Avec la vidéo « ÎLE - Dancing for nature », le réalisateur Lucas Pelus, la danseuse Anissa Zapata et la slameuse Lola invitent à prendre conscience de la fragilité des territoires insulaires et plus particulièrement de la M artinique . U ne ode à la préservation de notre biodiversité et un cri d ’ alerte face à l ’ érosion , aux pollutions et à l ’ extinction d ’ espèces .

Lucas Pelus - En 2021, la SNCF sortait un spot publicitaire porté par un slam de Gaël Faye en voix off. Cette publicité m’avait donné des frissons, ce que j’avais trouvé plutôt improbable venant d’une communication d’un annonceur comme la SNCF. J’ai alors eu l’envie d’adapter le concept de ce spot avec la danse en toile de fond. Anissa Zapata, une amie, travaille justement dans l’environnement en plus d’être danseuse et nous réalisions depuis déjà deux ans des projets vidéo communs. Elle a rapidement été partante et après nous être rendus à un spectacle de la slameuse Lola (Lola-Jeanne Cloquell), nous avons décidé d’intégrer le slam à cette idée de vidéo.

INTERVIEW CROISÉE LUCAS PELUS, VIDÉASTE ET ANISSA ZAPATA, DANSEUSE ET CHEFFE DE PROJET ÉNERGIE-CLIMAT POUR L’ENTREPRISE ECO CO2 • Quel est le contexte de création de cette vidéo ?

Anissa Zapata - Cette vidéo me permettait de conjuguer deux de mes passions. L’environnement d’une part, milieu dans lequel je travaille, et plus particulièrement la mer où je passe beaucoup de temps par la pratique du kite surf depuis une dizaine d’années. La danse d’autre part, qui est pour moi un langage, un moyen de faire passer des messages. Ce qui m’a animée, c’est de pouvoir réaliser ce que je sais faire, à savoir sensibiliser à la cause environnementale, avec le corps et la danse, plutôt qu’avec des Powerpoint !

En haut : tournage à l’Anse Couleuvre. © Kroket Productions | Ci-dessus : Lucas, Anissa et Barthélémy, assistant vidéaste. © Stéphane Warin


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

• Les plans autant que les chorégraphies sont superbes, comment ont-ils été pensés ? Anissa Zapata - Je suis partie de ce que m’évoquait le milieu marin et j’ai cherché à le traduire dans le corps : l’eau et la fluidité, le fait de marcher dans le sable, la mangrove… Puis après la livraison du texte de Lola, la chorégraphie a été retravaillée autour des mots employés avec l’idée de personnifier la Martinique à travers le langage. Pendant les prises de vue, j’ai également laissé part à de l’improvisation, en fonction des lieux dans lesquels on tournait et de ce qu’ils m’inspiraient. L’expérience de la danse en apnée a été une révélation. J’ai été formée à l’apnée dynamique à travers deux séances d’accompagnement afin de descendre suffisamment en profondeur pour avoir un certain rendu, danser avec des lests de trois kilos, puis remonter, en séquences d’environ une minute. J’ai adoré la sensation procurée par la danse sous l’eau. La vitesse et la notion d’espace sont totalement bouleversées. Lucas Pelus - Nous souhaitions en effet explorer toutes les façons de danser sur, sous, avec, à côté de l’eau de mer, aller au-delà de ce que l’on a l’habitude de voir. Les milieux marins présentent une tout autre facette dans leur version sous-marine, notamment une

15

pollution invisible depuis la terre. La ligne directrice était de montrer la fragilité de ces espaces à travers la danse. L’idée était aussi de filmer dans des endroits peu connus et difficilement accessibles, afin de montrer la diversité et la beauté des paysages martiniquais.

• Quelle est pour vous la place de l’art dans la sensibilisation ? Anissa Zapata - Je suis convaincue que les arts peuvent permettre de sensibiliser davantage ou autrement qu’une conférence ou que des campagnes de communication. La forme artistique demeure cependant sous-exploitée comme médium de sensibilisation. J’espère que ce projet motivera les organisations engagées dans la protection de l’environnement à se saisir de l’art comme moyen de sensibilisation. Lucas Pelus - La vidéo et l’art en général permettent de faire passer des messages de façon imagée, pour aller au-delà de la sensibilisation brute. Chacun peut alors interpréter le contenu selon sa grille de lecture. Rédaction et interview : Axelle Dorville + d’info ici : Lien vers la vidéo « Île - Dancing for Nature » : https://www.youtube.com/watch?v=5yS6UXe18Ks

La réalisation de cette vidéo de sensibilisation a été financièrement soutenue par le Parc naturel marin de Martinique (OFB). © Stéphane Warin


16

OUTRE-MER grandeur Nature

Images réalisées sur le tournage de la vidéo « ÎLE - Dancing for nature ». Photos en haut : © Kroket Productions, et ci-dessus : © Stéphane Warin


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

17

Réalisation : Kroket Productions. Chorégraphie et danse : Anissa Zapata. Texte et voix : Lola-Jeanne Cloquelle. Musique : Tijany Bacci. © S. Warin


18

OUTRE-MER grandeur Nature

GUADELOUPE UNE AIRE DE JEUX EN BOIS POUR SENSIBILISER LES ENFANTS À ANSE-BERTRAND

Animatrice et élèves en arts appliqués formés aux gravures sur bois.

Dans le nord de la Grande-Terre, à Anse-Bertrand, l’œil est attiré par de curieuses créations en bois : un immense pélican, un bateau et une tortue de mer font à présent partie du décor en haut de la longue plage de la Chapelle. Le point sur un chantier aussi ludique qu’atypique. Le projet a été mené par le Conservatoire du littoral, propriétaire de cet espace naturel protégé, en collaboration avec la commune d’Anse-Bertrand, gestionnaire du site, et avec le concours des écoles communales. Début décembre, trois structures ludiques offrant aux enfants d’escalader, se cacher, explorer... ont ainsi été intégrées dans le paysage : une tortue marine pour les tout petits, rappelant la présence de pontes sur la plage de la Chapelle ; un bateau corsaire adapté aux enfants de trois à six ans, inspiré du film Le radeau de la Méduse tourné sur la côte d’Anse-Bertrand en 1987 ; et un pélican long de 10 mètres pour les six à 12 ans, symbole de la faune à protéger. Ces équipements, dont l’inauguration est prévue en début d’année, ont été conçus par David Steinfeld, créateur d’aires de jeux, de mobilier urbain et sculptures d’animaux en bois pour jardins et parcs publics. Ils ont été fabriqués à la main en cèdre rouge imputrescible, un gage de durabilité face aux éléments naturels.

TÉMOIGNAGE ÉDOUARD DELTA, MAIRE DE LA COMMUNE D’ANSE-BERTRAND « Nous sommes heureux d’avoir fédéré les écoles d’Anse-Bertrand autour de ce projet, qui a vocation à créer un espace collectif d’animation pour la population et les visiteurs. Près du chantier, des ateliers ont fait participer les élèves de trois écoles maternelles et élémentaires – Guéry, Campêche et Massioux – pour qu’ils puissent assister à l’installation des jeux et se les approprier par la suite. Les enfants ont par exemple composé des phrases mystères à découvrir sur les jeux, afin d’évoquer un enjeu du site, une légende locale...Deux de nos agents des services techniques, qui ont reçu une formation d’une demi-journée délivrée par David Steinfeld, seront chargés de veiller au bon état et à l’entretien des sculptures. »

Gravure sur bois effectuée à partir de mots choisis par les élèves. | Bateau corsaire. | Le maire Édouard Delta et, à sa droite, David Steinfeld.


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

19

Le Conservatoire du littoral et le concepteur des jeux entourés d’une équipe pédagogique et des élèves ayant participé au projet. | Gravure sur bois.

INTERVIEW DIDIER LAMBERT, CHARGÉ DE MISSION À L’ANTENNE DE GUADELOUPE DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL • Dans quel contexte cette aire de jeu unique en Guadeloupe a-t-elle vu le jour ? - Dans le cadre de son projet « Océan », la Région Guadeloupe a sollicité le Conservatoire du littoral pour un transfert de maîtrise d’ouvrage, de façon à mettre en œuvre une première tranche de travaux sur la plage de la Chapelle, qui fait partie du domaine de notre établissement. Ces travaux ont consisté au remplacement des équipements vétustes – carbets, tables et bancs, barbecues – et à la sécurisation des accès à la plage à travers sa mise en défens et l’installation d’une barrière de service. À la suite de ces travaux de la Région, nous avons signé fin août 2023 une convention de gestion avec la commune d’Anse-Bertrand, pour une durée de six ans, qui couvre 25,73 hectares protégés par le Conservatoire et réglemente les activités, les usages et les modes d’occupation du sol et des bâtiments. La commune a ainsi pour missions de surveiller et garder les propriétés, de maintenir en bon état les terrains, ouvrages et bâtiments, d’accueillir le public, d’animer et améliorer la connaissance des sites.

s’engage fortement à préserver les espaces naturels. L’aire de jeux va permettre d’accentuer le caractère familial, récréatif et ludique de la plage, qui est d’ailleurs idéalement située à proximité du bourg et du centre de vacances d’EDF. L’objectif est ainsi de renforcer l’attractivité touristique du site et d’améliorer le cadre de vie des habitants. Nous espérons également des retombées économiques pour les professionnels de la commune, et notamment les restaurateurs.

• Ce projet d’aire de jeux à Anse-Bertrand a-t-il impliqué un grand nombre d’acteurs ? - Tout à fait. À ce stade, quatre entreprises locales sont intervenues pour l’étude géotechnique, le terrassement, l’implantation et la pose des pieux vissés. En plus des élèves précités, 10 étudiants préparant le Diplôme national des métiers d’art et du design d’espace au lycée polyvalent Raoul Georges Nicolo de Basse-Terre ont contribué au chantier en tressant des cordages, en ponçant et en s’attelant à la gravure sur bois, en accord avec la société Steinfeld. Rédaction et interview : Stéphanie Castre

• Pourquoi avoir choisi le site de la Chapelle ? - C’est un lieu qui a été réorganisé récemment pour accueillir du public, avec une équipe municipale qui

La tortue marine en bois et en arrière-plan, le pélican. Les trois jeux ont été scellés sur des pieux vissés, de manière à garantir une réversibilité des installations et à limiter l’artificialisation du sol par du béton. Photographies de l’article : © Conservatoire du littoral


20

OUTRE-MER grandeur Nature

GUYANE

UNE BIODIVERSITÉ AU SERVICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Dans cette région française d’Amérique du Sud, la forêt, qui recouvre plus de 96 % du territoire, renferme une diversité biologique extrêmement riche . A lors qu ’ une grande partie des maladies infectieuses se transmet par les animaux , la G uyane est une terre émergente dans l ’ étude des maladies tropicales . • Pourquoi la Guyane représente-t-elle un avantposte scientifique dans la détection des maladies émergentes ? - On estime que 75 % des maladies infectieuses sont d’origine zoonotique, c’est-à-dire qu’elles se transmettent des animaux vertébrés à l’Homme par contact direct ou par l’intermédiaire d’un vecteur, comme un insecte.

INTERVIEW ANNE LAVERGNE, RESPONSABLE ADJOINTE DU CENTRE NATIONAL DE RÉFÉRENCE (CNR) ARBOVIRUS À L’INSTITUT PASTEUR DE GUYANE.

La Guyane est un territoire qui héberge une importante biodiversité, on s’attend donc à ce qu’elle soit une terre d’émergence de maladies car les réservoirs naturels y sont plus nombreux. Les animaux comme les rongeurs, les primates, les chauves-souris, les moustiques, sont des espèces qui hébergent un grand nombre de virus. On qualifie un virus d’émergent lorsqu’un nouveau pathogène est découvert, comme c’était le cas pour le SRAS, ou qu’une nouvelle distribution de ce virus apparaît, comme pour Zika en Amérique du Sud.


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

Photographies de la page précédente et ci-dessus : travaux en laboratoire à l’Institut Pasteur de la Guyane situé à Cayenne, dans le cadre de la recherche sur les maladies émergentes en Guyane. © Institut Pasteur de la Guyane (Imazone)

• De nouveaux virus ont-ils été détectés récemment ? - À l’heure actuelle, on dénombre peu de phénomènes d’émergence. Ce n’est pas si fréquent, nous en découvrons en moyenne un tous les deux ans. En 2020, le virus Oropouche, présent au Brésil, a été détecté pour la première fois en Guyane par l’Institut Pasteur. Au début de l’année 2022, quatre cas d’infection à hantavirus ont été relevés, le virus Maripa a été identifié en Guyane depuis 2008. Nous surveillons de près ses hôtes réservoirs, des rongeurs qui vivent généralement dans les savanes.

• Comment étudiez-vous ces maladies émergentes ? - Il y a d’abord une approche moléculaire classique lorsqu’on connaît l’agent pathogène. C’est le cas lorsqu’on recherche un virus comme la dengue, on peut le détecter par PCR (une technique d’amplification d’ADN in vitro). Quand on ne connaît pas ce que l’on cherche, on fait appel à une approche de séquençage haut débit pour caractériser le génome des virus sans a priori. On cherche alors tous les virus possibles présents dans un échantillon, on peut le faire chez l’Homme ou chez les animaux. Cette approche a été utilisée sur des chauves-souris vampires, ce qui a permis de mettre en évidence une cinquantaine de familles virales jamais décrites auparavant sur ces espèces.

• Doit-on s’attendre à l’avenir à une augmentation du nombre de virus ? - Il y aura peut-être davantage de virus émergents, cela dépendra de ce qui se passe entre la faune sauvage et l’Homme. Lorsqu’une zone est perturbée, les réservoirs des pathogènes présents uniquement en forêt vont parfois se retrouver en contact avec l’Homme, ce qui favorise une transmission de ces pathogènes. La Guyane reste une zone assez bien préservée mais ce n’est pas le cas du Brésil, où la déforestation, en plus de détruire l’environnement, induit des processus de contact entre les maladies et les populations humaines.

• Le SRAS, responsable de l’épidémie de la Covid19, aurait-il pu être détecté ? - La recherche de virus au sein des réservoirs animaux nécessite des travaux très lourds car il faut capturer les animaux, identifier les potentiels virus qu’ils hébergent et leurs potentiels pathogènes. De gros programmes de surveillance sont menés en Asie mais on peut dire que, depuis l’expérience du SRAS, on observe une plus grande anticipation, avec la nécessité d’identifier ces nouveaux virus qui circulent dans les populations animales pour prévenir les situations émergentes. Rédaction et interview : Marion Durand

21


PUBLI-COMMUNIQUÉ

22

OUTRE-MER grandeur Nature + d’info ici : www.cirad.fr

VERS UNE AGRICULTURE SANS INTRANT CHIMIQUE

Les travaux de l’unité HortSys sont centrés sur la recherche de systèmes de cultures horticoles agroécologiques. Ici, un atelier animé par Caroline Brunel et Anaïs Chailleux. © Thibault Neve / Cirad

C omment passer d ’ une agriculture gourmande en produits de synthèse polluants à des systèmes de production agroécologiques à La Réunion ? C’est la question à laquelle s’appliquent à répondre les chercheurs du C irad , en collaboration avec tous les acteurs du territoire . « Un des axes de travail pour aller vers des systèmes agroécologiques est de s’appuyer sur la biodiversité des organismes présents dans les sols et leurs fonctions. Certains organismes rendent en effet des services écosystémiques tels que le recyclage des nutriments du sol ou la gestion de pathogènes. Ils contribuent alors à une meilleure croissance des plantes, à la dépollution de certains sols et à l’équilibre entre les mécanismes de symbiose et antagonistes, garantissant un sol fonctionnel sans apport d’intrants.

CAROLINE BRUNEL, CHERCHEUSE EN ÉCOLOGIE MICROBIENNE AU SEIN DE L’UNITÉ HORTSYS

La biodiversité des sols des systèmes agricoles de La Réunion est cependant encore peu connue. Il est donc crucial de réaliser un état de l’art 1 de leur état de conservation pour estimer le pourcentage de perte de biodiversité des milieux, à la fois agricoles et naturels. 1

Désigne l’état des connaissances d’un domaine à un instant donné.

En haut de la page : la parcelle expérimentale STOP. © Marion Dailloux / Cirad | ST0P signifie « Systèmes de production Tropicaux 0 Pesticide de synthèse ». Basé sur la biodiversité fonctionnelle, le projet ST0P lancé à La Réunion expérimente trois systèmes agroécologiques de cultures multi-espèces, coconstruits par plusieurs acteurs experts. L’objectif : identifier les leviers agroécologiques menant à une meilleure protection des cultures sans recours à des intrants de synthèse. Ces trois systèmes sont ensuite évalués selon des critères économiques, environnementaux et sociaux.


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

Ma mission consiste à extraire l’ADN présent dans les sols, plus particulièrement des champignons mycorhiziens et rhizobactéries, afin de produire un référentiel de différents types de sols provenant de parcelles maraîchères ou de paysans. En collaboration avec Anaïs Chailleux, également chercheuse en écologie au Cirad, nous analysons la régulation naturelle par l’entomofaune et les bénéfices de ces communautés pour limiter les intrants. Une campagne d’échantillonnage démarre en janvier 2024 et ses conclusions, disponibles en 2027, fourniront des préconisations aux agriculteurs en termes d’association culturale, de rotations et d’amendement pour optimiser la biodiversité de leur système agricole et ainsi limiter l’usage d’intrants chimiques. Ce projet participatif et collaboratif a pour ambition d’impliquer les différents acteurs de l’île, qu’il s’agisse des associations environnementales, des lycées agricoles, des organisations de producteurs, des instituts techniques et des gestionnaires de milieux. Neuf unités de recherche participent au projet. »

23

Afin d’étudier la pollution des eaux par l’usage des produits phytosanitaires, un observatoire agrohydrologique a été mis en place sur un captage d’eau potable. Cela permet de mesurer la teneur en pesticides contenue dans des échantillons d’eau. L’objectif est de comprendre les facteurs générant les pollutions, puis d’établir un diagnostic destiné aux acteurs territoriaux et aux agriculteurs pour proposer des solutions et faire évoluer les pratiques, principalement en matière de gestion de l’enherbement, c’est-dire de retrait des mauvaises herbes. En effet, parmi les cinq molécules observées dans les échantillons d’eau, l’hydroxy atrazine, produit de dégradation de l’atrazine, herbicide utilisé depuis les années 1960-1970 jusqu’en 2003 sur l’île, et perturbateur endocrinien avéré, se retrouve, en 2021, dans plus de 80 % des échantillons d’une station. La gestion de l’enherbement a par ailleurs pour but de réduire les pollutions des quatre autres molécules retrouvées, à savoir le glyphosate et son produit de dégradation l’AMPA, le métolachlore et le 24D.

CHARLES MOTTES, CHERCHEUR AU SEIN DE L’UNITÉ HORTSYS « Je travaille à la compréhension et à la gestion des pesticides dans l’eau et dans les sols pour accompagner les producteurs vers des pratiques agricoles plus vertueuses. En 2022, 165 tonnes de pesticides ont ainsi été vendues à La Réunion, dont un petit pourcentage est transféré des sols vers l’eau, mais qui générerait un coût démesuré de 50 à 165 millions d’euros s’il devait être dépollué.

Chaque minute, une mesure des débits est effectuée et chaque heure et quart, un dispositif automatisé prélève 200 ml d’eau dans la rivière, qui est ensuite stockée dans des contenants. Une fois par semaine, les chercheurs récupèrent alors des aliquots d’échantillons, ou échantillons composites, pour analyser les produits contenus dans l’eau. © Cirad

Rédaction : AxelleDorville

À partir des résultats d’analyse, les acteurs territoriaux impliqués ont coconstruit une représentation partagée de la gestion de l’enherbement. Celle-ci sera intégrée à un outil interactif ou “serious game” qui évaluera des scénarios d’évolution de pratiques agricoles et leurs impacts sur la qualité de l’eau. Des solutions seront ainsi testées dans le monde virtuel avant d’être appliquées dans la vie réelle. »


24

OUTRE-MER grandeur Nature

ÎLE DE LA RÉUNION MIEUX CONNAÎTRE UNE FAUNE EXCEPTIONNELLE : LES ÉLASMOBRANCHES

Remise des prix le 15 décembre 2023. Claude Schilling a remporté le prix Coup de cœur des élèves des Aires marines éducatives (AME). © ARBRE

D ans le cadre du projet M ascarene A rchipelago E lasmobranch O bservatory (MAEO), la remise des prix du concours d’images sous-marines régional dédié aux élasmobranches – qui regroupent les raies et requins – a eu lieu le 15 décembre à S aint -G illes - les -B ains . Ouvert à tous les photographes sous-marins, amateurs et experts, ce concours organisé par l’association ARBRE 1 réunit le bassin Ouest de l’océan Indien. Les clichés reçus, une centaine lors de cette 2ème édition, documentent les chercheurs sur les raies et requins de la région. En effet, les élasmobranches sont encore méconnus, ce qui limite les mesures de gestion et de conservation. D’ailleurs, une plateforme écoparticipative en ligne (accessible ICI) a été créée pour inviter les usagers de la mer à y saisir leurs observations.

« Nous avons lancé ce concours d’images sous-marines consacré aux raies et aux requins de l’océan Indien afin de promouvoir l’Observatoire des élasmobranches au sein de l’Archipel des Mascareignes (MAEO). Ce programme de recherche repose sur la participation citoyenne : nous encourageons ainsi tous les passionnés de l’océan à nous partager leurs observations de raies et requins pour enrichir la base de données MAEO. Cependant, maintenir cette communauté engagée représente un défi considérable. Bien que le projet ait été présenté à de nombreuses reprises aux usagers, qu’ils soient professionnels ou amateurs, peu d’entre eux pensent à nous transmettre leurs observations.

TÉMOIGNAGE ESTELLE CROCHELET, DOCTEUR EN ÉCOLOGIE MARINE, DIRECTRICE SCIENTIFIQUE DE L’ARBRE 1

Le lancement du concours d’images sous-marines vise à toucher un public plus large, en unissant l’Art et les Sciences. Les photographes participants envoient leurs clichés, capturés exclusivement dans l’océan Indien occidental, et remplissent une fiche d’observation détaillée comprenant la date, le lieu de l’observation, l’espèce, le nombre d’individus, ainsi que les paramètres environnementaux. Ces informations contribuent à renforcer la base de données du programme MAEO et à réaliser des analyses approfondies. Nous espérons vivement que les photographes ayant pris part au concours, notamment les lauréats, poursuivront leur collaboration en nous envoyant régulièrement leurs observations de raies et de requins tout au long de l’année. » Propos recueillis par : Stéphanie Castre


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

25

Visuel : © Les illustrations bleues

1

L’AGENCE DE RECHERCHE POUR LA BIODIVERSITÉ À LA RÉUNION (ARBRE)

Créée à La Réunion en 2016, l’association a pour objet de contribuer à la veille, au suivi et à la mise en valeur de la biodiversité marine et terrestre à La Réunion et dans l’océan Indien, ainsi que de diffuser l’information. L’ARBRE alimente notamment les bases de données susceptibles d’être intégrées aux différents systèmes d’informations géographiques régionaux. + d’info ici : https://arb-reunion.fr/


26

OUTRE-MER grandeur Nature

En haut : Gabriel Barathieu a remporté le prix Or, catégorie expert, avec cette photo d’un requin-tigre rencontré à Mayotte. © Gabriel Barathieu / https://www.underwater-landscape.com/ | De gauche à droite : cette image de raies fouets prise à La Réunion a été récompensée par le prix Argent, catégorie amateur. © Annick Murgier | Requin-taureau en Afrique du Sud, prix Argent, catégorie expert. © Gérald Rambert


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

27

De haut en bas : raie pastenague à taches noires aux Seychelles, prix Argent ex-aequo, catégorie expert. © Simon Deblock | Raie guitare à La Réunion, prix Bronze, catégorie amateur. © Charlotte Marais | Les élèves des Aires marines éducatives (ci-dessus) ont décerné leur prix Coup de cœur à cette photo de raies aigles ocellées à La Réunion. © Claude Schilling | Raie aigle ocellée à l’île Maurice, prix Or, catégorie amateur. © Stéphane Robert


PUBLI-COMMUNIQUÉ

28

OUTRE-MER grandeur Nature

L’ESPACE NATUREL SENSIBLE (ENS) DE DIORÉ : ENTRE FORÊT MULTICOLORE ET PANORAMAS Facilement accessible depuis le centre-ville de Saint-André, le site de Dioré offre des panoramas époustouflants sur Bois-Rouge, le cirque de Salazie et même le Piton des Neiges. Immersion dans cet ENS protégé par le Département de La Réunion, qui abrite principalement une forêt de « bois de couleurs » de moyenne altitude . Dans l’est de l’île, la forêt de Dioré est recouverte en grande partie de luxuriants bois de couleurs, une appellation due aux variations chromatiques de ses feuilles, écorces et lichens. Joyau de biodiversité, cet Espace naturel sensible (ENS) contribue au plan départemental « 1 million d’Arbres pour La Réunion ». L’association gestionnaire du site produit ainsi chaque année près de 3 000 plants de bois de cabri rouge, ambavilles, bois de corail, foulsapates marrons ou encore bois de pomme destinés à renforcer l’ENS dans une démarche de reconquête écologique. Par ailleurs, la forêt de Dioré est réputée pour héberger diverses Plantes aromatiques, à parfum et médicinales (PAPAM), ainsi que des espèces endémiques comme le papangue, unique rapace de l’île, le « z’oiseau la Vierge » ou le « z’oiseau vert ». Un écosystème remarquable, aménagé par le Département pour inciter au changement d’air, dans le respect de la nature.

Des ateliers de plantation de semis et repiquage d’espèces indigènes et endémiques sont régulièrement proposés dans les deux serres de l’association APDEM. Ici des bénéficiaires de l’ALEFPA, une structure accueillant des personnes en situation de handicap, partenaire du plan « 1 million d’Arbres pour La Réunion » au même titre que les communes de l’île (Saint-Denis, Petite-Île, Bras-Panon, Le Port...). © APDEM

L’ENS de Dioré, qui s’étend sur 252 hectares, héberge la dernière forêt primaire de Saint-André. Le visiteur y découvre des espèces rares comme le bois de fer, le takamaka ou l’arbre-perroquet, avant d’admirer un très beau point de vue sur le cirque de Salazie. © APDEM


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

29

Ci-dessus : vue aérienne de l’un des six kiosques aménagés par le Département de La Réunion dans l’environnement très verdoyant de l’ENS de Dioré. © APDEM | Le lézard vert de Bourbon (Phelsuma Borbonica) est un reptile protégé dit subendémique, car sa présence naturelle est pratiquement limitée à La Réunion. En effet, une sous-espèce a été observée sur le petit archipel mauricien d’Agaléga. © Nature Océan Indien

TÉMOIGNAGES DIDIER BOLON, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION ALLONS PREN’ DIORÉ EN MAIN (APDEM)

Pour faire connaître l’ENS dans le respect des lieux, nous organisons des visites guidées jusqu’au point de vue, lors desquelles nous transmettons aux visiteurs des explications sur la faune et la flore locales : le lézard vert des Hauts, le papangue, le tec-tec, et au niveau végétal le change-écorce qu’on appelle aussi “goyave marron”, une fabuleuse plante médicinale, tout comme le petit natte ou le joli cœur, également présents. Ces visites en petits groupes sont notre point fort ! Au retour, nous proposons un déjeuner créole et l’après-midi est consacrée à des ateliers de semis, de repiquage et de replantation. Le public que nous accueillons, y compris scolaire bien sûr car nous recevons de nombreuses classes, participe ainsi à la reforestation de l’ENS. À Dioré, on sème un peu, beaucoup, passionnément ! » + d’info ici : Actualités de l’association APDEM

« Nature Océan Indien est intervenue en 2019-2020 comme prestataire pour le Département, à l’occasion de la rénovation des six kiosques intégrés dans l’écosystème de Dioré. Notre mission a été de veiller à protéger le gecko vert de Bourbon, qui apprécie ces éléments paysagers abrités du soleil et des intempéries pour thermoréguler, se cacher et pondre ses œufs. Ce reptile classé en danger d’extinction est nommé communément “gecko vert des Hauts” car il a quasi disparu à plus faible altitude suite à la perte d’habitat. Nous avons tout d’abord obtenu une dérogation – l’espèce est protégée depuis 1989 – pour pouvoir déplacer les individus, préalablement photographiés, de quelques mètres le temps des travaux. Le démontage des kiosques s’est fait très minutieusement à la main et les œufs trouvés ont été mis en incubateur artificiel grillagé afin d’écarter leurs prédateurs (rat, couleuvre loup, gecko vert de Madagascar...). Après les travaux, les œufs ont été suivis jusqu’à l’éclosion et les nouveaux kiosques ont été très vite recolonisés par l’espèce. Nous avons par la suite pu constater 49 éclosions, autant de petits geckos qui n’auraient pas survécu sans notre intervention. » + d’info ici : Actualités de l’association NOI

Rédaction et interview : Béatrice Tevanee | Stéphanie Castre

« Notre association, Allons Pren’ Dioré en main, est gestionnaire de l’Espace naturel sensible de Dioré depuis 2009. Un atout du site est son point de vue sur Salazie, qui attire nombre de touristes. Et puis, on nous dit souvent que le site est propre et accessible.

JÉRÉMIE SOUCHET, RESPONSABLE SCIENTIFIQUE DE L’ASSOCIATION NATURE OCÉAN INDIEN (NOI)


PUBLI-COMMUNIQUÉ

30

OUTRE-MER grandeur Nature

L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE, UN AXE FORT DE LA STRATÉGIE PORTUAIRE L e G rand P ort M aritime de L a R éunion (GPMDLR) se mobilise fortement en matière de maîtrise de l’énergie à travers différentes actions, qui découlent notamment d’un partenariat signé début 2021 avec EDF, et ayant déjà permis d ’ accompagner sept opérations . Au GPMDLR, la maîtrise de l’énergie se traduit notamment par la sensibilisation des agents aux écogestes, le suivi des consommations d’énergie, l’amélioration de la maintenance des équipements, l’utilisation d’éclairage LED, la rénovation des groupes de production de froid ou encore la motorisation efficiente avec variation de vitesse. Dans ce cadre, le contrat de partenariat noué avec EDF permet de gagner en efficacité énergétique.

maîtrisée des coûts liés à l’énergie. En 2022, la facture d’électricité de Port Réunion s’élevait à environ 1,9 million d’euros. Cette volonté forte de maîtriser notre consommation d’énergie se matérialise, notamment, par la mise en place d’un référent énergie depuis décembre 2020 et la construction d’un plan d’action issu de notre audit énergétique, de notre bilan des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que des réflexions menées dans le cadre de notre Plan d’aménagement et de développement durable (PADD). En février 2021, nous avons concrétisé notre engagement en faveur de l’efficacité énergétique en signant un contrat de partenariat avec EDF. Ce contrat, intégré au programme en faveur de la MDE piloté par le comité MDE de La Réunion 1, nous permet de bénéficier du soutien d’EDF dans la mise en œuvre de notre plan d’action. Cette collaboration englobe un accompagnement technique, comprenant l’identification des critères à intégrer dans nos cahiers des charges, ainsi qu’un volet financier. La simplicité de cette démarche remporte un succès croissant au sein de nos équipes. »

TÉMOIGNAGE ÉMILIE ROBERT, CHARGÉE D’ÉTUDES ENVIRONNEMENT ET AMÉNAGEMENT AU GRAND PORT MARITIME DE LA RÉUNION « Port Réunion a positionné la maîtrise de la demande en énergie (MDE) en haut de ses priorités dans son dernier Projet stratégique. Cette orientation découle de la nécessité de relever deux défis majeurs : la diminution de notre empreinte carbone et la gestion 1

Ce comité réunit la DEAL, la Région Réunion, l’ADEME et EDF.

Pour économiser l’énergie, un variateur de vitesse a été intégré aux moteurs électriques de ces portiques de manutention. © GPMDLR


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

31

Au Port Est, un parc de 300 projecteurs LED a été équipé en télégestion, ce qui permet de surveiller en temps réel la consommation électrique et d’adapter l’intensité lumineuse en fonction des heures. | L’optimisation énergétique s’étend également aux entrepôts frigorifiques. © GPMDLR

INTERVIEW

• En quoi consiste le partenariat conclu entre EDF et le Grand Port Maritime de La Réunion ? - Il consiste à accompagner le GPMDLR dans la réalisation d’actions pour faire des économies d’énergie. EDF peut notamment verser des aides financières incitatives – précisées dans le « Cadre territorial de compensation de La Réunion pour les petites actions de maîtrise de l’énergie » – afin que le GPMDLR puisse effectuer des travaux pour réduire sa consommation d’électricité.

• Pouvez-nous nous parler de quelques actions réalisées ou prévues dans ce partenariat, et du potentiel d’économies d’énergie associé ?

Parmi les opérations phares à venir dans le partenariat figure l’installation d’un parc d’éclairage à LED en télégestion, qui limitera les nuisances lumineuses en adoptant un éclairage raisonné, en particulier pour mieux protéger les oiseaux. La future consommation évitée est ici évaluée à 101 mégawattheures par an, soit la consommation annuelle de 30 foyers réunionnais chaque année ! Il y a aussi l’optimisation énergétique des entrepôts frigorifiques qui est en cours. Les économies d’électricité annuelle envisagées sont de 568 mégawattheures, grâce au passage à une technologie très optimisée pour les groupes de production de froid dédiés au stockage de poissons : le CO2 transcritique. Grâce à ces travaux supplémentaires, c’est l’équivalent de consommation d’électricité d’environ 160 foyers qui seront évités chaque année. Je rappelle que le froid est le plus gros consommateur d’électricité en outre-mer et qu’avant de changer un groupe froid, on conseille de bien isoler le bâtiment, en commençant par la toiture. En résumé, notre partenariat avec le GPMDLR est gagnant-gagnant et couvre une grande diversité d’actions. Il est dynamique et vraiment passionnant.

Rédaction et interview : Stéphanie Castre / Émilie Robert

DAMIEN PICAULT, ADJOINT DU SERVICE EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE D’EDF À LA RÉUNION

Parmi les sept actions définies, deux sont finalisées. La première concerne les portiques de levage de containers, auxquels une régulation intelligente a été ajoutée aux moteurs, très gourmands en énergie, pour qu’ils ne tournent pas toujours à plein régime. Un variateur de vitesse module et commande désormais la vitesse des moteurs, pour n’utiliser que le strict nécessaire selon les besoins. C’est l’opération la plus génératrice en économies d’énergie de notre partenariat. La seconde action déjà finalisée est, au Port Ouest, la mise en place de moteurs plus performants (classe IE4) pour entraîner les tapis de convoyage du terminal sucrier, où le sucre est stocké dans les silos portuaires en vue de son acheminement par voie maritime.


PUBLI-COMMUNIQUÉ

32

OUTRE-MER grandeur Nature

Un projet financé par :

« RÉCIFS EN FÊTE ! », POUR S’AMUSER TOUT EN APPRENANT À PROTÉGER LE LAGON Le samedi 18 novembre 2023, la belle plage de l ’E rmitage accueillait la 4 ème édition de « Récifs en fête ! » organisée par la Réserve marine de La Réunion. Rétrospective de cet événement à la fois convivial et instructif . La Réserve naturelle marine de La Réunion protège 80 % des récifs coralliens de l’île. Cette mission conduite par la Réserve et ses partenaires comporte un volet de sensibilisation des jeunes et du grand public, qui était à l’honneur lors de l’événement annuel « Récifs en Fête ! ». Baptême de plongée, cours de dessin sous l’eau, chasse au trésor sous-marine, ateliers sur les requins, raies et récifs, nage avec les baleines via un casque de réalité virtuelle... Autant d’occasions de faire passer des messages clés en faveur du lagon et de la biodiversité marine.

TÉMOIGNAGES PIERRE PETITJEAN, ANIMATEUR DU SENTIER SOUS-MARIN DE L’ERMITAGE « La sensibilisation est une mission importante de la Réserve marine, qui prend tout son intérêt avec le temps. On met l’accent sur le public scolaire, en aidant les enfants, qui sont de bons relais auprès des parents, à devenir des citoyens responsables. Quand nous le pouvons, nous ouvrons aussi le sentier sous-marin au grand public. On veut montrer qu’on peut profiter de plein de manières du lagon – baignade, kayak, paddle, snorkeling... – mais qu’il faut respecter quelques gestes indispensables du fait que nous sommes nombreux. »

L’événement Récifs en fête ! a su attirer de nombreux visiteurs.

JÉRÔME SUROS, J. CLOTAGATIDE ET DANIEL FONTAINE, GARDES, AGENTS DE POLICE DE L’ENVIRONNEMENT « Nous constatons moins d’infractions qu’avant dans la Réserve, ça va dans le bon sens. Qui dit répression dit sanction. Les gens comprennent mieux dès qu’on touche au porte-monnaie ! En effet, la sensibilisation montre certaines limites. Les braconniers de poissons, langoustes, etc. encourent une amende allant jusqu’à 22 500 euros, assortie de la confiscation du bateau. »

ROLAND TROADEC, MEMBRE FONDATEUR DE L’ASSOCIATION VIE OCÉANE « Chez Vie Océane, nous sommes des gens passionnés du milieu marin. Nous étions parmi les premiers plongeurs réunionnais avec, disons, un regard scientifique. Vie Océane a été à l’origine de la création en 1997 de l’association du Parc marin, dont l’objectif fondamental était de développer une structure de protection du lagon, car il se dégradait beaucoup. La Réserve marine est ainsi née en 2007 à la suite d’un long combat. »


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

33

Parmi les activités proposées, un conteur et un dessinateur sont venus s’adresser aux enfants.

INTERVIEW CROISÉE KARINE POTHIN, DIRECTRICE DE LA RÉSERVE NATURELLE MARINE DE LA RÉUNION ET ANNE-LAURE CLÉMENT, RESPONSABLE DU PÔLE USAGES ET ACTIVITÉS DE LA RÉSERVE • Quels sont les principaux messages véhiculés par « Récifs en Fête ! » aujourd’hui ?

D’autres consignes sont transmises aux visiteurs, comme le fait de privilégier une approche douce de la faune récifale, qu’il convient de ne pas déranger ni nourrir. Il y aussi l’écogeste qui consiste à ne rien ramener du lagon. Par exemple, un coquillage peut servir d’abri à un bernard-l’ermite et les petits débris naturels forment le sable. Dans la nature, chaque élément, même mort, a sa place. Nous rappelons aussi le périmètre de la zone de réserve intégrale, qui représente 5 % de la Réserve et où les activité humaines

• Pouvez-vous nous parler du quiz « Allons bat’karé ! » qui attire beaucoup de monde ? Anne-Laure Clément - C’est un jeu mené en commun avec le Parc national de La Réunion et la Réserve naturelle de l’Étang de Saint-Paul, pour fêter les 15 ans de nos trois aires protégées. Cette animation sensibilise au “zéro déchet ” dans les aires de pique-nique, une activité traditionnelle de l’île. Lors du World Clean Day en septembre, nous avons trouvé peu de déchets sur la plage, mais de multiples mégots et débris plastiques étaient à déplorer en arrière-plage sous les filaos, où cela passe davantage inaperçu... Dans le quiz, nous conseillons par exemple la vaisselle réutilisable et nous invitons les usagers à apporter leur propre bois pour les barbecues, afin ne pas casser d’arbres sur les sites. + d’info ici : http://www.reservemarinereunion.fr/

Rédaction et interview : Stéphanie Castre

Karine Pothin - Nous distribuons un petit guide sur les écogestes à adopter, qui résume assez bien les choses. Tout d’abord, nous informons sur le fait que les coraux sont des animaux et que si on les piétine, on écrase les polypes, ce qui bouleverse l’équilibre déjà fragile des écosystèmes coralliens. Nos lagons peuvent recevoir plus de 10 000 visiteurs par jour, alors ces piétinements isolés sont loin d’être anodins. La navigation en paddle, en kayak ou encore sur matelas gonflable doit également se limiter aux zones sableuses pour préserver les récifs coralliens.

ne sont pas autorisées afin d’aider le récif à se repeupler. Nous communiquons sur les risques de pollution en demandant aux usagers de ne rien laisser sur la plage, et enfin nous leurs demandons de privilégier des vêtements protecteurs contre le soleil, d’appliquer sur les endroits encore exposés des crèmes solaires minérales moins nocives pour les récifs, et ce au moins 20 minutes avant la baignade.


34

OUTRE-MER grandeur Nature

MAYOTTE PROTÉGER LES ÎLOTS FORESTIERS SUR LES MONTS ET CRÊTES Rédaction et interview : Stéphanie Castre

Fruit d’un long processus, la RNN des forêts de Mayotte créée en 2021 marque un nouveau pas vers l ’ objectif de protection forte de 10 % du territoire mahorais . L a constitution de l ’ équipe de gestion dédiée est en cours dans cette jeune aire protégée qui abrite les précieux reliquats de forêts anciennes humides de l ’ île . 1

pâturage par les zébus (surtout dans le sud). De plus, la forêt joue un rôle clé sur nos précieuses ressources en eau, en réduisant l’érosion des sols. La réserve héberge des massifs caractéristiques des forêts tropicales, avec quelques forêts de nuages et zones plus sèches que l’on observe sur certaines crêtes et le mont Choungui. On parle de forêts relictuelles plutôt que primaires, car il y a eu des activités humaines. L’enjeu est ainsi de protéger les îlots forestiers sur les monts et crêtes, de manière à sauvegarder ces dernières reliques de forêts dites naturelles, ainsi que la faune qui y vit, comme les chauves-souris, roussettes, drongos de Mayotte, lémuriens bruns...

INTERVIEW AMÉLIE VAN GEMERT, DIRECTRICE DE LA RÉSERVE NATURELLE NATIONALE (RNN) DES FORÊTS DE MAYOTTE • Quel est l’enjeu principal de la RNN ? - Depuis des décennies, alors qu’elles possèdent un intérêt écologique exceptionnel, les forêts de Mayotte subissent des dégradations croissantes, qu’il s’agisse de cultures illégales (surtout dans le nord), brûlis, coupes de bois pour la construction ou autres usages,

• Qu’est-ce que la RNN va changer ? - Nous sommes en plein recrutement de nos huit écogardes qui seront supervisés par le chef de police, quant à lui déjà sélectionné. L’équipe sera au complet en février. Si dans le Code forestier qui s’appliquait avant à ces espaces, un défrichement inférieur à 0,25 hectare n’était pas sanctionnable, au sein de la RNN nous pourrons intervenir dès le premier arbre coupé. Plus largement, la RNN va permettre de renforcer les actions de protection grâce à de nouveaux moyens financiers, humains et scientifiques alloués à nos quatre grandes missions que sont la surveillance, l’acquisition de connaissances, la conservation et la sensibilisation.

Vue de la RNN et sur le mont Choungui. © DEAL Mayotte / ONF | 1 Objectif prévu dans la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030.


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

La RNN des forêts de Mayotte est répartie sur six massifs forestiers : Choungui, Bénara, Combani, Majimbini, Sohoa et Chirongui. Le sommet du mont Choungui, d’où la photo ci-dessus a été prise, couvre environ trois hectares qui abritent une endémicité nullement comparable à ce qui existe par ailleurs à Mayotte. En effet, pas moins de cinq espèces végétales y ont été confirmées et deux autres, récemment découvertes, sont en cours d’étude et potentiellement endémiques elles aussi. © Abassi Dimassi

Ci-dessus : cette fougère arborescente (Alsophila hyacinthei) présente à Majimbini et Combani en RNN est très rare, menacée et classée vulnérable. | Orchidée (Graphorkis concolor) connue de la forêt de Majimbini et de Bénara, espèce exceptionnellement rare et protégée. | Camptolepis sp. nov. (Sapindaceae), taxon en cours de description, endémique des forêts de Mayotte. | Aloe (Asphodelaceae) connu uniquement du mont Choungui à Mayotte, taxon exceptionnellement rare à l’échelle du territoire. Photographies : © Abassi Dimassi

35


PUBLI-COMMUNIQUÉ

36

OUTRE-MER grandeur Nature

LES PRÉMICES DE LA RÉSERVE NATURELLE NATIONALE DES FORÊTS DE MAYOTTE

Le Conseil départemental possède et gère 75 % des forêts publiques du territoire, ainsi que ses cours d ’ eau . R encontre avec quelques acteurs de la R éserve naturelle nationale des forêts de M ayotte , dont la mise en place opérationnelle a lieu actuellement . est un atout avec une mise en protection forte des espaces inclus dans son périmètre. Il s’agit de 2 800 hectares, majoritairement situés sur les crêtes et en tête de bassins versants. Plusieurs études scientifiques démontrent le rôle de la forêt dans le cycle de l’eau ; il est important, surtout dans ce contexte de crise hydrique, de redoubler d’effort pour la préservation de nos forêts. Par ailleurs, Mayotte est principalement connue pour son lagon. La création de la RNN des forêts de Mayotte est l’occasion d’apporter un regard sur la beauté des paysages forestiers et la richesse de la biodiversité également présente côté terre.

INTERVIEW CROISÉE

• Quels sont les projets du Département dans les prochains mois au sein de la RNN ?

RACHIDA OMAR, CHEFFE DU SERVICE RESSOURCES FORESTIÈRES AU DÉPARTEMENT ET BIBI CHANFI, PRÉSIDENTE DU GIP DE LA RÉSERVE NATURELLE

Bibi Chanfi - Rappelons tout d’abord que 10 ans après les premières démarches entreprises pour créer la réserve, le Groupement d’intérêt public (GIP) de la RNN des Forêts de Mayotte a enfin vu le jour en mars 2023.

• Pourquoi est-il si important de préserver l’environnement dans la RNN des forêts de Mayotte ? Rachida Omar - C’est une mission qui est prise au sérieux par les agents, et qui est de plus en plus compliquée. La création de la Réserve naturelle nationale

L’aménagement des locaux est en cours et dans les prochains mois, une formation spécifique sera dispensée par l’OFB aux écogardes de la réserve. Nous espérons ainsi avoir au second semestre 2024 une équipe formée, avec les outils juridiques et les moyens matériels nécessaires pour remplir leurs fonctions de protection des ressources naturelles de Mayotte.

Photographie en haut de page : vue de la forêt de Saziley et de l’îlot de sable blanc du sud, depuis le mont Choungui. © Abassi Dimassi


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

37

En vert, la RNN couvre 2 800 hectares de forêts – soit 7,5 % de la superficie terrestre de Mayotte – répartis sur six massifs difficiles d’accès. | Le drongo de Mayotte (Dicrurus waldenii), un oiseau endémique. | Cynometra floretii, une espèce végétale protégée. © DEAL Mayotte / ONF

TÉMOIGNAGES SOULAIMANA ISSOUFFOU, DIRECTEUR ADJOINT DE L’AGENCE ONF DE MAYOTTE

Dans les six massifs forestiers classés en RNN, l’ONF œuvre depuis 10 ans à l’élimination d’espèces exotiques envahissantes, au reboisement, à la restauration écologique... Nous nous basons sur des plans d’aménagement relevant du Code forestier. Le futur plan de gestion de la réserve, qui devra être achevé en juin 2026 après concertation de tous les acteurs, sera notre future feuille de route. Je souhaite que la relation de confiance liant l’ONF et le GIP soit de longue durée et la protection des espaces naturels efficace. »

« La Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) fait partie du conseil de gestion de la RNN des forêts de Mayotte. À ce titre, nous espérons que les avis des associations soient réellement pris en compte par les collectivités et partenaires. En effet, nous regrettons par exemple que de la RNN de l’îlot M’Bouzi, nous ne savons rien, comme si elle était sous cloche... Les associations de proximité ont développé des connaissances locales, par exemple en agroforesterie, qui représentent un savoir précieux, alors que l’application de directives parisiennes ne ferait que générer des conflits avec la population. Un autre atout de taille des associations est qu’elles sont en capacité d’assurer si besoin la médiation avec les habitants des villages. On espère aussi que les autorités ne se cantonneront pas aux délimitations de la RNN. Car les anciennes réserves forestières sont plus larges et c’est ce qui a permis de garder préservées ces six massifs. Sinon, on risque de ne plus avoir de “zones tampons”. »

Rédaction et interview : Stéphanie Castre

« Dans cette jeune réserve – 2ème créée à Mayotte après l’îlot M’Bouzi – l’Office national des forêts partage avec le Conseil départemental la gouvernance du GIP présidé par Bibi Chanfi, 2ème vice-présidente du Département. L’ONF à Mayotte, c’est une équipe de huit personnes qui compte trois agents assermentés pour les patrouilles, un trio dont je fais partie. Chaque début d’année, nous planifions avec le Département et la DAAF des patrouilles communes, auxquelles nous allons cette année intégrer le GIP. L’idée est de travailler tous ensemble, afin de protéger ces forêts et leur biodiversité.

NAÏLANE ATTOUMANE ATTIBOU, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FMAE


PUBLI-COMMUNIQUÉ

38

OUTRE-MER grandeur Nature

À LA RENCONTRE DES INTERCOMMUNALITÉS DE LA RÉUNION ET DE MAYOTTE Fin novembre 2023, Lyliane Piquion-Salomé, présidente de l’association Interco’ Outre-mer, se déplaçait à L a R éunion et à M ayotte pour sa première visite officielle auprès des élus intercommunaux des deux départements français de l ’ océan I ndien . R encontre avec quatre de ses interlocuteurs , à l ’ actualité particulièrement riche en matière d ’ environnement .

TÉMOIGNAGES EMMANUEL SÉRAPHIN, PRÉSIDENT DU TERRITOIRE DE L’OUEST (TCO) - ÎLE DE LA RÉUNION

« J’ai eu la chance de recevoir Lyliane Piquion-Salomé le 27 novembre. Cette rencontre a ouvert la voie à des discussions cruciales sur les enjeux majeurs de La Réunion, et a permis d’explorer des opportunités pour faire progresser ces questions tout au long du mandat de la présidente d’Interco’ Outre-mer. Les enjeux des ports de plaisance tout comme ceux de la pêche traditionnelle ont également été au cœur des discussions, avec en filigrane les questions du développement touristique et de la protection de l’environnement. Le domaine de la coopération décentralisée a lui aussi été abordé, mettant en avant les actions à entreprendre pour renforcer les liens entre les territoires d’outre-mer. Enfin, le dossier délicat de la zéro artificialisation nette en outre-mer a été soulevé, illustrant les défis complexes auxquels La Réunion est confrontée en matière de préservation de son environnement. Cette rencontre marque ainsi sans conteste le début d’une collaboration prometteuse entre le Territoire de l’Ouest et Interco’ Outre-mer. »

ANDRÉ THIEN AH KOON, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU SUD DE L’ÎLE DE LA RÉUNION (CASUD)

« L’étude (2009-2015) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) place Le Tampon, commune principale de la CASUD, dans le top 10 des villes aux airs les plus purs au monde. Cependant, La Réunion et ses territoires subissent depuis quelques années les graves conséquences du réchauffement climatique mondial. En tant qu’élu, il m’incombe de laisser aux générations futures un environnement meilleur. Concernant la CASUD, comme évoqué lors de la visite de Mme Lyliane Piquion-Salomé, présidente d’Interco’ Outre-mer, des mesures ont déjà été prises dont celle de faire de la CASUD la première Autorité organisatrice des Mobilités des Outre-mer à rendre, en 2024, son réseau de transport public gratuit pour tous. Nos transports en commun seront ainsi plus attractifs. Du pouvoir d’achat sera donné à la population des quatre communes de la CASUD (Le Tampon, Saint-Joseph, Entre-deux, Saint-Philippe). Et surtout, cette mesure contribuera à la transition écologique en réduisant considérablement les émissions de gaz à effet de serre. »


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

39

Lyliane Piquion-Salomé à La Réunion, reçue à la CINOR par son président Maurice Gironcel (à gauche) et son directeur de cabinet Gilles Leperlier. | À Mayotte, vue aérienne de la passerelle mise en place le 26 octobre 2023 sur la rivière de M’tsapéré, future voie piétonne et cyclable du projet Caribus. © CADEMA | Lyliane Piquion-Salomé a rencontré de nombreuses personnalités à Mayotte, où elle a été accompagnée par Christelle Éthève-Vadier de la CIVIS. Étaient présents à ces échanges : Rachadi Saindou, Faardine Ahamada, Ahmed Rama, Saïd Manrifa Ibrahima, Attoumani Black Abdoullah, Archadi Abassi, Mikidache Houmadi, Assani Saindou Bamcolo, Mahamoudou M’Dallah, Marianne Damary et Bacar Mohamed.

RACHADI SAINDOU, PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE DEMBÉNIMAMOUDZOU (CADEMA)

Caribus poursuit deux objectifs principaux : désengorger les axes routiers dont la saturation dégrade notre qualité de vie, et développer une mobilité responsable avec le report modal en faveur du bus ou du vélo (cinq kilomètres de pistes cyclables prévues). Dès cette année 2024, les usagers pourront bénéficier des premières mises en service du Caribus et, dès 2027, de l’intégralité des lignes. Dans l’attente, des navettes gratuites nous permettent de constater le succès des bus, de nombreux automobilistes ayant déjà adopté ce mode de transport. Le report modal attendu a donc débuté, et il ne fait nul doute qu’il sera amplifié avec le réseau public de transport pérenne Caribus. »

« Lors de la visite de la présidente d’Interco’ Outremer à Mayotte, tous les présidents d’intercommunalités étaient présents, il y a eu une forte mobilisation. Nous subissons la crise de l’eau, dont la cause est environnementale : la déforestation. Pour remédier à l’urgence d’avoir de l’eau, la capacité de production de l’usine de dessalement de Petite-Terre va être largement augmentée dès ce mois de janvier, comme l’a indiqué la Première ministre qui s’est rendue sur le site. Cependant cette urgence ne doit pas venir dégrader notre environnement, et notamment notre lagon : qu’allons-nous faire de la saumure, sousproduit du dessalement ? Cela n’a pas été étudié... Je prône pour une étude au plus vite. L’autre sujet crucial à mes yeux, dans l’ensemble des outre-mer, c’est le foncier, sans lequel aucun projet d’aménagement n’est possible. À Mayotte, le foncier appartient au Département et à l’État. Toutes nos intercommunalités sont en demande de terrains pour répondre aux besoins éducatifs, sportifs, culturels... Or les lenteurs administratives bloquent ces projets. »

Rédaction et propos recueillis par : Stéphanie Castre

« Caribus, un projet de transport collectif urbain, permet une alternative viable à la voiture individuelle en développant un service de transports publics intégrés, comprenant divers modes de transport et des modes doux tels que le vélo. Notre volonté de protection de l’environnement se traduira d’ailleurs par le choix d’une motorisation propre.

AHMED RAMA, VICE-PRÉSIDENT D’INTERCO’ OUTRE-MER ET CONSEILLER COMMUNAUTAIRE DU CENTRE-OUEST DE MAYOTTE (3CO)


40

OUTRE-MER grandeur Nature

TAAF ÎLE AMSTERDAM : UNE OPÉRATION D’ÉRADICATION D’ENVERGURE POUR PROTÉGER UN ÉCOSYSTÈME UNIQUE

Dans le cadre du projet RECI de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) se préparent à l’éradication des mammifères terrestres – souris, rats surmulots et chats harets – introduits sur l’île Amsterdam.

À l’instar des îles Crozet, Kerguelen et Saint-Paul, l’île Amsterdam est extrêmement éloignée des centres d’activité humaine et constitue un véritable sanctuaire de biodiversité. « L’administration des Terres australes et antarctiques françaises, en tant que gestionnaire de ces territoires, est porteuse du projet RECI (Restauration des Écosystèmes insulaires de l’océan Indien) afin de restaurer et sauvegarder cet écosystème unique », indique Lucie Pichot, chargée de la sensibilisation et de la visibilité du projet RECI. L’île est, par exemple, le site de reproduction de l’otarie à fourrure subantarctique, de neuf espèces d’oiseaux marins, ainsi que de l’albatros d’Amsterdam, espèce endémique stricte de l’île particulièrement rare avec seulement environ 60 couples. Côté flore, ce sont 17 plantes à fleurs autochtones qui y vivent, dont neuf endémiques aux îles SaintPaul et Amsterdam, ainsi que le Phylica arborea, le seul arbre indigène des Terres australes françaises.

UN ÉCOSYSTÈME EN DANGER FACE AUX PRÉDATEURS VENUS D’AILLEURS Cet écosystème est fragilisé par les changements globaux, en particulier par la présence des rats surmulots, des souris domestiques et de quelques chats harets. « Ils sont arrivés par bateau à partir du XIXème siècle. Sachant qu’il n’y a aucun prédateur autochtone de l’île Amsterdam, leurs populations mettent en danger la faune et la flore indigènes de l’île », retrace Fabrice Le Bouard, responsable technique du projet RECI et chef des opérations pour l’île Amsterdam. Ces mammifères terrestres s’attaquent directement aux oiseaux marins, à leurs œufs ainsi qu’aux poussins. Au-delà de la prédation, « les rats sont également vecteurs du choléra aviaire dans les colonies d’oiseaux. Cette maladie est la principale cause de déclin des populations d’oiseaux depuis une dizaine d’années dans les falaises d’Entrecasteaux, et menace sérieu-


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

41

Avant de partir, c’est une logistique de précision qui est menée par l’équipe : « En ce moment, notre rôle est principalement logistique au bureau, on achète le matériel pour les hélicoptères comme les GPS et les épandeurs, on établit le plan opérationnel permettant de détailler nos actions, la densité de granulés que l’on va épandre... En résumé, on supervise tout en amont. J’ai hâte de revenir sur cette île pour participer à cette action concrète, coordonner l’opération et nous assurer que l’épandage se fasse de la meilleure des manières ». Fabrice Le Bouard était en effet venu sur l’île Amsterdam il y a 22 ans pendant son service militaire en tant qu’ornithologue avant de poursuivre sa carrière dans les îles subantarctiques.

Rédaction : Pierre-Yves Fouché

L’île Amsterdam. © AFP / Patrick Hertzog. | Le projet RECI, doté de 4,7 millions d’euros sur la période 2019-2024, est financé à hauteur de 77 % par l’Union européenne, avec le soutien de l’AFD, 17 % par l’administration des TAAF et 6 % par l’OFB. Au-delà de l’opération programmée sur l’île Amsterdam, il a permis de financer d’autres actions dans les TAAF, à Tromelin et Grande Glorieuse.

sement la conservation des espèces locales, dont les albatros à bec jaune de l’océan Indien qui ont une reproduction quasi nulle aujourd’hui », continue Fabrice Le Bouard.

Concernant l’épandage, il se veut rassurant : « Le fait de travailler sur une île où les seuls mammifères terrestres sont les espèces introduites facilite notre mission. Les oiseaux et mammifères marins, à l’instar de l’albatros à bec jaune et des otaries, viennent sur l’île uniquement pour se reproduire. Ces espèces jeûnent ou s’alimentent en mer et ne sont donc pas susceptibles de consommer les appâts. » Cette méthode d’épandage reconnue est efficace pour restaurer l’écosystème local comme elle l’a été par exemple sur l’île Saint-Paul, distante de 85 kilomètres. « Jusqu’en 1997, les lapins et les rats causaient les mêmes problèmes que sur l’île Amsterdam. Grâce à cette même méthode, ils ont été éradiqués de l’île Saint-Paul et plusieurs espèces d’oiseaux marins ont recolonisé la petite île. D’une dizaine de couples, ils sont passés à des milliers une vingtaine d’année plus tard », illustre, confiant, Fabrice Le Bouard.

UNE MISSION D’ÉRADICATION D’ENVERGURE Depuis cinq ans, les agents de la direction de l’environnement des TAAF travaillent sur place afin d’étudier les espèces cibles et réaliser des tests in situ pour optimiser la méthode d’éradication et augmenter les chances de réussite de l’opération. « Cette année, entre avril et août, deux hélicoptères spécialement équipés épandront des granulés sur l’ensemble de l’île en un temps restreint. On souhaite éradiquer tous les rats et toutes les souris en une seule fois, il ne doit pas rester un seul individu », avance le responsable des opérations. Poussin d’albatros à bec jaune prédaté par des rats. © Jordan Bazile


42

OUTRE-MER grandeur Nature

En haut : avec une population estimée à un peu plus de 200 individus, l’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis), endémique de l’île éponyme, est l’un des albatros les plus menacés de disparition au monde. © Cédric Marteau. | Ci-dessus : paysage de l’île Amsterdam. © Alexandre Trouvilliez | Otarie à fourrure subantarctique, ou otarie d’Amsterdam (Arctocephalus tropicalis). © Alexandre Trouvilliez


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

De haut en bas : Amsterdam concentre plus de 65 % des albatros à bec jaune de l’océan Indien (Thalassarche carteri). Les maladies aviaires et la prédation des œufs et des poussins, en particulier par le rat surmulot (Rattus norvegicus), sont les principales causes du déclin de l’espèce. © Cédric Marteau | Les falaises d’Entrecasteaux sont le refuge d’importantes colonies d’oiseaux marins. © Lucie Pichot / © Julien Mieusset

43


PUBLI-COMMUNIQUÉ

44

OUTRE-MER grandeur Nature

ARTISAN D’UNE PÊCHE RESPONSABLE ET DURABLE Membre du Cluster maritime, Cap Bourbon est un armement réunionnais spécialisé dans la pêche à la légine, filiale du groupe Le Garrec. Agir en faveur des milieux marins, promouvoir la valorisation optimale de la ressource , investir pour la décarbonation de son activité sont quelques - uns de ses engagements en faveur d ’ une pêche responsable . • Quels sont vos principaux engagements ?

© Corine Tellier

- Le respect strict des quotas qui nous sont attribués par l’administration des TAAF et les règles encadrant la pêche comme celles dédiées à la protection des espèces non ciblées, la limitation des interactions aviaires et la préservation des fonds marins.

INTERVIEW TUGDUAL POIRIER, DIRECTEUR D’EXPLOITATION DE CAP BOURBON « NOUS DÉFENDONS UNE PÊCHE DURABLE »

Rédaction et interview : Thomas Lauret

• Comment arrivez-vous à concilier la pêche et la préservation des milieux marins ? - C’est une question de prise de conscience. Chacune de nos actions a des conséquences directes sur l’environnement et la biodiversité. Cette responsabilité nous engage à travailler aux côtés des administrations et des professionnels de la mer, pour définir ensemble des règles strictes à appliquer.

Notre palangrier, le Cap Kersaint , intègre des solutions innovantes comme une rampe arrière pour le filage et un « moon pool ». Avec une propulsion diesel/ électrique, nous réduisons notre empreinte carbone. Nous pêchons au-delà de -500 mètres pour éviter les juvéniles, assurant une pêche sélective et de qualité. De plus, le Cap Kersaint a été équipé pour permettre le travail du poisson à bord sans rejets en mer. • Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ? - Poursuivre nos efforts en faveur de la valorisation complète de la ressource pêchée. Nous explorons aussi différentes voies vers la décarbonation de nos activités. Et parmi les options, l’utilisation du vent nous semble prometteuse. Pourquoi ne pas réapprendre à travailler en symbiose avec ce facteur inhérent à toute activité maritime ?

Le pêcheur, « sentinelle de la mer », va là où personne d’autre ne va. Il peut ainsi, en plus de son métier, être l’œil des scientifiques et faire pour eux des constats sur l’état des écosystèmes. Les données remontées contribuent à mieux comprendre les milieux marins et la ressource, mieux les protéger et in fine à pérenniser notre activité. Outre le cadre réglementaire, nous sommes certifiés MSC et défendons une pêche durable. Le Cap Kersaint, palangrier de Cap Bourbon. © Corine Tellier


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

45

PROJET OCÉANO POUR TOUS L es lycéens en première année du CAP maritime du L ycée professionnel L éon de L épervanche du P ort participent au concours de reportage vidéo « O céano pour Tous » porté par l’Institut océanographique de Monaco - Fondation Albert Ier. Les jeunes du lycée Léon de Lépervanche sont les premiers élèves d’un lycée professionnel à participer à ce concours, qui fête durant l’année scolaire 2023-2024 sa 10ème édition. © Gisèle Dalama

élèves se plongent dans une étude approfondie du contexte maritime des TAAF, pour mieux comprendre comment agir face aux défis spécifiques à ces écosystèmes océaniques.

TÉMOIGNAGE

« L’initiative monégasque offre à ces futurs marins une opportunité éducative inestimable pour mieux connaître les enjeux environnementaux actuels, avec le Cluster Maritime de La Réunion comme partenaire.

Le projet se déploie à travers des ateliers interactifs et sessions de sensibilisation qui mettent en avant l’importance de sauvegarder les écosystèmes marins des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), si riches en biodiversité et essentiels à l’équilibre écologique global. À travers “Océano pour tous”, les

En parallèle, des partenariats avec des acteurs de l’économie maritime durable, tel le Cluster Maritime, enrichissent le projet en intégrant diverses perspectives – Sapmer, Cap Bourbon, TAAF – et permettent de tirer parti de l’expertise de ces organisations. Ce projet collectif est en cours de création par les élèves durant toute l’année scolaire. Il s’inscrit dans les Objectifs de développement durable (ODD) 13 et 14 des Nations Unies, sur la lutte contre le changement climatique et, d’autre part, la conservation et l’exploitation durables des océans. “Océano pour tous” incarne ainsi un authentique parcours éducatif vers la durabilité, où la jeunesse réunionnaise s’engage passionnément pour un avenir marin plus prometteur et respectueux des océans, ces espaces uniques et vitaux. »

Propos recueillis par : Stéphanie Castre

GISÈLE DALAMA, PROFESSEURE DE LETTRES - HISTOIRE ET RÉFÉRENTE DU PROJET AU LYCÉE LÉON DE LÉPERVANCHE « CONSTRUIRE L’AVENIR DE NOS JEUNES »

Les élèves produiront une vidéo de cinq minutes accompagnée d’une maquette et d’un livret illustré sur les pratiques exemplaires pour la gestion des déchets à bord des navires et en mer, en mettant spécifiquement l’accent sur la menace persistante du plastique. Guidée par l’urgence de protéger la vie marine dans les TAAF, la classe du Port s’investit pleinement dans ce projet de vidéo et s’imprègne des directives essentielles pour une future gestion responsable de ces environnements.


46

OUTRE-MER grandeur Nature

POLYNÉSIE FRANÇAISE

L’ASSOCIATION MANU AU CHEVET DES OISEAUX MENACÉS Créée en 1990, la Société d’Ornithologie de Polynésie « Manu » contribue à protéger les oiseaux sauvages du Fenua et à préserver leurs habitats. L’association et ses huit employés parcourent les cinq archipels polynésiens afin d ’ étudier et sauver les espèces menacées . • Quelles sont les espèces en danger et pour quelle(s) raison(s) sont-elles menacées ? - La Société d’Ornithologie de Polynésie - Manu œuvre pour la protection et l’étude des oiseaux de Polynésie française. Son but est de maîtriser l’impact des menaces pour éviter l’extinction de l’une des 32 espèces d’oiseaux menacés du Fenua, dont 10 sont en danger critique d’extinction selon l’UICN. Les effectifs des espèces les plus menacées sont dangereusement bas : il ne reste que 18 individus pour le monarque de Fatu Hiva, 150 pour le monarque de Tahiti ou pour le martin-chasseur de Niau, 160 pour le ptilope de Rapa.

INTERVIEW THOMAS GHESTEMME, DIRECTEUR DE LA SOCIÉTÉ D’ORNITHOLOGIE DE POLYNÉSIE (SOP « MANU»)

Dans la plupart des cas, ces oiseaux sont menacés par les espèces introduites envahissantes mais la disparition des habitats, les maladies et la consanguinité sont également à considérer. Il est regrettable que nos moyens permettent uniquement de mener des actions sur les oiseaux les plus menacés, en effet les espèces possédant quelques centaines d’individus ou de couples ne font l’objet d’aucune mesure.

En haut de page : arrivée des ornithologues sur l’île de Mohotani aux Marquises. © SOP - Manu | Jeune monarque de Tahiti, une espèce en danger critique d’extinction. © Alain Petit | Ci-dessus : Thomas Ghestemme lors du baguage d’un jeune monarque de Fatu Hiva. © R. Luta


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

47

avec des épandages par hélicoptère. Nous réalisons également des éradications à la main ou grâce à un drone qui répand le raticide. Depuis 2014, nous éradiquons les colonies de petite fourmi de feu ou fourmi électrique, l’une des pires espèces envahissantes de fourmis à Tahiti. Enfin, nos principales actions de restauration de l’habitat se déroulent à Tahiti pour améliorer le statut du monarque, dont l’habitat est composé à 90 % de pestes végétales ! Cela consiste à couper ou arracher ces plantes introduites et à planter ensuite des arbres endémiques. Nous avons ainsi planté 4 000 arbres endémiques en 10 ans.

• Quels projets pour cette nouvelle année ?

Le monarque de Fatu Hiva (ici un jeune adulte) ne compte plus que quatre couples reproducteurs. © Benjamin Ignace

• Dans quelle mesure les espèces exotiques envahissantes mettent-elles en danger les oiseaux ? - C’est très clair : les espèces introduites envahissantes, aussi bien les rongeurs que des oiseaux nuisibles, des fourmis ou des pestes végétales, sont aujourd’hui le principal facteur qui impacte les oiseaux endémiques de Polynésie française. Les actions de lutte constituent la majeure partie de nos activités : campagnes d’arrachage de pestes végétales, biosécurité contre les espèces envahissantes, contrôle des prédateurs introduits, éradication complète des nuisibles.

- Ils sont nombreux car la conservation des espèces se déroule le plus souvent sur le long terme. Un des principaux projets est la sauvegarde du puffin de Rapa – espèce récemment séparée du puffin de Newell – qui est devenue une espèce endémique d’oiseau marin et dont il reste seulement une cinquantaine de couples. Il s’agit d’éradiquer les rats des îlots et de contrôler le goyavier de Chine, un arbuste envahissant qui empêche les oiseaux de creuser leurs terriers pour la reproduction. L’autre projet majeur est la sauvegarde du monarque de Fatu Hiva qui ne possède plus que quatre couples reproducteurs... Pour tenter de sauver l’espèce de l’extinction définitive, nous essayons de l’élever en captivité à partir d’œufs prélevés dans la nature. Rédaction et interview : Marion Durand

• Comment restaurez-vous les habitats ? - Il y a la restauration d’îles entières en éradiquant complètement les espèces envahissantes comme les rats. Nous travaillons avec des spécialistes comme Island Conservation et BirdLife International pour mener ces actions complexes nécessitant parfois des années de préparation. En 2015, nous avons ainsi mené une opération simultanée sur trois atolls et trois îlots Opération d’arrachage de la plante exotique envahissante Miconia calvescens, nommée « cancer vert » en Polynésie. © SOP - Manu


48

OUTRE-MER grandeur Nature

En haut : vue panoramique sur Rapa, une île des Australes extrêmement éloignée, accessible après 36 heures de bateau depuis Tubuai, qui est l’île la plus peuplée des Australes, elle-même à 640 kilomètres au sud de Tahiti.| Ci-dessus : une mission de cinq semaines a pris fin le 22 décembre 2023 sur deux motus inhabités de Rapa, afin d’y éliminer les rats et de protéger les colonies d’oiseaux marins. © SOP - Manu


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

De haut en bas : en amont de la mission, des chemins parallèles ont été tracés tous les 20 mètres dans le relief escarpé des deux motus. Ici Poquelin Usa’ng de la Société d’Ornithologie de Polynésie (à droite) accompagné d’un membre de l’association Raumatariki Rapa. | Épandage de raticide. l Le puffin de Rapa, surnommé « kaki kaki », est endémique de l’île et en danger critique d’extinction. © SOP - Manu

49


PUBLI-COMMUNIQUÉ

50

OUTRE-MER grandeur Nature

UN PROJET EXPÉRIMENTAL POUR ÉRADIQUER LA FOURMI FOLLE JAUNE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE L’association Tetiaroa Society, lauréate de l’appel à projets MobBiodiv’ lancé par l’OFB en 2021, mène un projet d’éradication de l’une des 100 espèces exotiques envahissantes les plus problématiques pour la biodiversité au niveau mondial 1 : la fourmi folle jaune . S’ il s ’ avère satisfaisant, le protocole expérimental testé pourrait à terme être répliqué sur d’autres territoires. La fourmi folle jaune (Anoplolepis gracilipes), appelée ainsi en raison de ses mouvements a priori désordonnés et imprévisibles, est un insecte originaire d’Afrique et d’Asie. Elle a été introduite sur une trentaine d’îles de Polynésie française, dont l’atoll de Tetiaroa en 2007. Capable d’atteindre des densités très importantes et de créer des « super-colonies », cette espèce peut fortement perturber les écosystèmes insulaires. À Tetiaroa, un fort impact négatif a été constaté sur les populations d’invertébrés et notamment sur plusieurs espèces de crabes, mais aussi sur les oiseaux nichant au sol, comme le noddi brun. La fourmi folle jaune n’étant pas encore répandue à forte densité sur tous les motus de Tetiaroa, une opération de contrôle semblait importante compte tenu

des enjeux écologiques. Tetiaroa Society a donc lancé un projet expérimental de trois ans en partenariat avec l’IRD pour préserver durablement les écosystèmes de l’atoll. Ce projet a bénéficié de l’un des plus importants financements de l’OFB pour la biodiversité de Polynésie française.

LE PROTOCOLE DE TRAITEMENT MENÉ SUR LE TERRAIN Les premières étapes du projet, réalisées en 2022, ont consisté à cartographier précisément la répartition de la fourmi invasive sur l’ensemble de l’atoll, ainsi qu’à valider la méthode d’éradication par traitement chimique sur un motu de taille réduite (A’ie).

Ci-dessus, de gauche à droite : fourmis folles jaunes photographiées dans l’hydrogel. |Le motu A’ie, premier terrain d’éradication de la fourmi folle jaune en Polynésie française. | Des œufs de noddis bruns. Ces oiseaux nichant au sol sont menacés par la fourmi folle jaune, qui asperge ses victimes d’acide formique. Images : © OFB | 1 Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

À ce jour, la fourmi folle jaune semble bel et bien éradiquée du motu A’ie, un résultat qui ne pourra être confirmé qu’à l’issue du suivi post-traitement fin 2024. En parallèle, les équipes constatent une reconquête encourageante de la faune locale : la nidification au sol des noddis bruns semble en augmentation, tout comme la densité des crabes. Forts de ce premier succès, des bénévoles encadrés par Tetiaroa Society ont entrepris un traitement à grande échelle sur tous les motus colonisés. En 2023, trois sessions de traitement ont ainsi été menées sur une surface totale de 60 hectares, hors A’ie. Lors de chaque nouvelle journée d’intervention, nos « hyménoptères fous » font face à des équipes déterminées et motivées, chargées de : préparer le produit de traitement, transporter 30 à 40 lourds seaux en bateau jusqu’aux motus, se frayer un chemin dans la végétation dense pour épandre à la main de manière méticuleuse le produit sur la surface à traiter, délimitée par des quadrats correspondant chacun à 10 kg d’appâts. Un protocole étayé et rigoureux qui a été approuvé par la communauté scientifique telle que la Pacific Invasive Ant Toolkit, des spécialistes de traitements chimiques et d’éradication d’espèces exotiques envahissantes.

51

Initialement, le traitement pressenti pour ce projet était l’AntOff, un produit à base de Fipronil et de protéines. Seulement voilà, cet appât protéiné ne se serait pas contenté d’attirer les fourmis, mais aurait aussi pu impacter d’autres espèces comme les crabes. C’est pourquoi l’association s’est tournée vers une préparation à base de sucre, d’eau, de cristaux d’hydrogel et de Fipronil. Le principe actif reste donc le Fipronil, un insecticide utilisé dans les antiparasitaires vétérinaires, mais la nature sucrée de l’appât et l’appétence des fourmis pour les cristaux d’hydrogel permettent de mieux cibler l’espèce invasive. Un suivi de la persistance du principe actif et des cristaux d’hydrogel (dérivé du plastique) dans l’environnement a été envisagé, mais les doses employées sont trop faibles pour être détectables.

DES SUIVIS SCIENTIFIQUES ET UN RENFORT DE LA BIOSÉCURITÉ En parallèle des épandages, des suivis scientifiques sont assurés pour connaître l’évolution des colonies de fourmis folles jaunes. D’autres études évaluent l’impact du traitement et de l’éradication des fourmis sur la faune, notamment l’évolution des communautés d’invertébrés, principalement les crabes. L’évolution de la structure de la végétation et les populations d’oiseaux sont, elles aussi, étudiées. Les suivis se poursuivront jusqu’à fin 2024 et déboucheront sur la publication de plusieurs articles scientifiques. Ces données fiables permettront ainsi, peut-être, de répliquer la méthode sur d’autres atolls voire d’autres territoires. À noter qu’en France, la fourmi folle jaune est également installée en NouvelleCalédonie et à La Réunion.

Rédaction : Romy Loublier

L’équipe de Tetiaroa Society réalise un épandage de l’appât au Fipronil sur le motu Horoatera de l’atoll de Tetiaroa, pour protéger les populations et habitats d’espèces natives. © OFB

Enfin, paramètre essentiel pour prévenir de nouvelles invasions biologiques, Tetiaroa Society mène des campagnes de renforcement des mesures de biosécurité. Le risque principal se situe au niveau du seul motu possédant un hôtel. Des interventions de sensibilisation sont réalisées à destination du personnel de l’hôtel qui vit sur place et serait susceptible d’importer des fourmis dans des pots de terre par exemple. Les clients de l’hôtel sont également conviés aux conférences, un public parfois plus difficile à mobiliser…


52

OUTRE-MER grandeur Nature

NOUVELLECALÉDONIE UN KIT DE COMMUNICATION POUR LUTTER CONTRE LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE DANS LES CANTINES

Cette action contre le gaspillage alimentaire va inciter les élèves à adapter les quantités qu’ils se servent à la cantine. © Province Sud

D ans le monde , plus d ’ un milliard de tonnes de nourriture est perdu ou gaspillé chaque année , ce qui représente environ un tiers de la quantité totale de nourriture produite . F ace à la démesure de ces chiffres , en N ouvelle -C alédonie , la province S ud et l ’A deme ont réitéré leur engagement contre le gaspillage alimentaire . En lien avec l’événement national de la Semaine européenne de la réduction des déchets (SERD) relayé localement par l’Ademe, la province Sud a décliné des actions, non pas sur une semaine, mais du 2 au 29 novembre autour de la thématique « Emballages : la sobriété avant le recyclage ». Des ateliers, visites guidées, expositions et concours scolaires ont ainsi ponctué ce mois de novembre 2023 en province Sud afin d’inciter le public à limiter sa production de déchets d’emballages. Comme le rappelle l’Ademe, « tout l’enjeu est d’en avoir un usage sobre et plus responsable, tant du côté des fabricants que des consommateurs. » Dans le cadre des nombreuses actions proposées en Nouvelle-Calédonie pour réduire les quantités de déchets au quotidien, la province Sud et l’Ademe ont souhaité mettre à disposition des établissements scolaires un kit de communication visant à lutter spécifiquement contre le gaspillage alimentaire au sein des cantines. À ce sujet, la province Sud rappelle que « plus de 38 kg de nourriture sont jetés à la poubelle chaque seconde dans le monde… Et à l’école, c’est en moyenne 100 g de nourriture gaspillée par élève et par jour ! Ce gaspillage représente un prélèvement inutile des ressources naturelles, il est responsable des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées et il coûte cher car lorsqu’on gaspille de la nourriture, on gaspille de l’argent. »

Dans un contexte où l’on constate tous les ans plus d’1,5 million de tonnes de déchets de tous types produit en province Sud, ce kit pédagogique proposé aux établissements scolaires est une initiative locale dont la volonté est « d’engager la jeunesse calédonienne dans des projets écocitoyens, de faire connaître pour une meilleure appropriation les enjeux et donc de sensibiliser à la protection de l’environnement, et enfin de susciter des vocations dans des filières porteuses et innovantes ».

Dans l’internat provincial de la Foa, les élèves choisissent une étiquette S, M ou XL déterminant la quantité de plat qu’ils souhaitent avoir dans leur assiette. © Province Sud. + d’info ici : https://

www.youtube.com/watch?v=EiyAmhXm51g


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

Ce dispositif de lutte contre le gaspillage alimentaire est porté par les directions du développement durable des territoires (DDDT) et de l’Éducation (DES) de la province Sud, en partenariat avec le Vice-rectorat et le Centre d’initiation à l’environnement (CIE).

Il est attendu des établissements scolaires s’inscrivant dans la démarche qu’ils organisent des semaines de pesées durant l’année et qu’ils collectent un certain nombre de données, comme les menus du jour, les quantités de nourriture préparées et gaspillées. Une fois ces informations transmises à la province Sud, elles seront analysées afin d’évaluer les quantités de nourriture gaspillées au sein de la cantine scolaire et d’établir un plan d’action à l’échelle de l’établissement permettant de réduire ce gaspillage : modification des menus, définition d’objectifs de réduction, récompense d’élèves, projets de jardins partagés, compostage, lancement de campagnes de sensibilisation, etc. Le dispositif place ainsi les élèves au cœur d’une démarche concrète favorisant une réelle prise de

conscience du gaspillage alimentaire. Il nécessite d’être piloté par une équipe projet référente par établissement, chargée d’assurer le suivi des opérations à la cantine et la collecte des données. L’inscription à cette démarche d’éducation au développement durable peut s’effectuer de manière simplifiée en ligne. Le kit de communication de lutte contre le gaspillage alimentaire est ensuite mis à disposition de l’établissement scolaire par voie numérique, de même qu’un accompagnement technique de la province Sud pour la mise en place du projet. Cette initiative ambitieuse est ouverte à l’ensemble des classes et établissements de l’enseignement public ou privé de la Province Sud, depuis le CP et jusqu’au BTS. Rédaction : Stéphanie Castre

Ci-dessus : aperçu du kit de communication. | Grâce à cette opération auprès des jeunes, la province Sud va pouvoir recueillir des données sur les quantités de nourriture gaspillées dans les cantines scolaires, pour ensuite élaborer des plans d’action. © Province Sud

53


54

OUTRE-MER grandeur Nature

WALLISET-FUTUNA LES JEUNES PRÊTS À RELEVER LE « DÉFI NATURE » !

Des jeux pédagogiques appréciés dans les outre-mer. © Bioviva

En outre-mer, le Comité français de l’UICN s’associe à l’entreprise Bioviva pour créer des jeux de cartes éducatifs uniques à l’effigie des territoires : les « Défis Nature » font sensation dans les cours d ’ école ! U ne collection qui s ’ agrandit avec l ’ édition d ’ un nouveau jeu mettant en lumière la richesse et la vulnérabilité de la faune de W allis - et -F utuna . Chaque jeu « Défi Nature » est un petit condensé de connaissances scientifiques vulgarisées sur les animaux qui peuplent notre planète : nom, nom local, nom latin, poids, taille, durée de vie, temps de gestation, mais aussi caractéristiques écologiques de l’espèce… Autant d’informations à découvrir, à apprendre mais surtout, à jouer ! Ce jeu de bataille permet également d’introduire la notion d’espèces menacées puisque le statut de conservation selon la Liste rouge de l’UICN tient une place centrale dans la partie.

La force de ce projet réside tout particulièrement dans l’ancrage local de la démarche : le Service territorial de l’environnement de l’archipel a ici été impliqué dès la conception du jeu, pour la validation du choix des espèces et des cartes, et jusqu’à la distribution et l’animation dans les établissements scolaires. Un processus de création partenarial qui a aussi été mis à l’épreuve dans les autres territoires ultramarins et qui participe certainement à la réussite systématique de la sortie de ces jeux.

Grâce à la collaboration des équipes du CF UICN, les jeunes des outre-mer auront bientôt tous un jeu pour leur propre territoire. De quoi inciter petits et grands à ouvrir l’œil sur la vie sauvage qui les entoure et les animaux qu’ils pourraient peut-être croiser en vrai... À Wallis-et-Futuna, le jeu a généré un engouement qui a surpassé les attentes, suscitant un enthousiasme tant chez les élèves que chez les enseignants.

Quand des experts et passionnés de l’apprentissage, du jeu, de l’animation et de l’écologie scientifique travaillent ensemble, le résultat est sans appel : les jeunes sont réceptifs… et en redemandent ! Rédaction : Romy Loublier

La distribution de 1 500 exemplaires dans toutes les écoles primaires de l’archipel s’est accompagnée de formations spécifiques pour les enseignants et de la diffusion de fiches pédagogiques. Le jeu a par ailleurs été présenté à l’occasion de la Fête de la Science 2022, organisée par le Vice-rectorat dans un collège à Wallis où le succès a, là aussi, été au rendez-vous. Pour la conception et la distribution de ce « Défi Nature », le CF UICN a reçu le soutien financier de l’Office français de la biodiversité via le programme TeMeUm.

Explication du jeu dans une classe de l’archipel. © CF UICN


L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT

LISE

VOTRE JEU PERSONNA

e Un produit original pour mettr sociétal ! en valeur votre engagement

ent jeux sur la Nature, exclusivem Depuis 1996, Bioviva conçoit des tion démarche d’éco-concep fabriqués en France, selon une de l’environnement. respectueuse des hommes et

BVCert 6055233

Vous souhaitez créer un jeu à votre image ? Merci de contacter Jean-Thierry Winstel : jt@bioviva.com

www.bioviva.com

55


OUTRE-MER grandeur Nature

Fédérer l’outre-mer, favoriser les échanges, mettre en lumière les acteurs de terrain, les initiatives pour la protection de la nature et le développement durable

NOV. | DÉCEMBRE 2023

E-MER OUTR deur Nature gran

L’E-MAG ULTRAMARIN

OcéIndia

DE L’ENVIRONNEMENT

n°19

nI , prés Iden t du d épar

teme nt de m ayOt te

ÉDITO | Ben Issa Ousse u ’ en janv Ier Caret InterdIt d’aCCès jusq GUADELOUPE | l ’ îlet ges ’arChIpel quI rêve d’éCO-vIlla WALLIS-ET-FUTUNA | l

SOMMAIRE

UNE

MARTINIQUE | 12 % DU 2 édito 3 actu outre-mer on 5 Saint-Pierre-et-Miquel 10 Saint-Martin 11 Saint-Barthélemy

TERRITOIRE DÉSORMAIS 14 Martinique 20 Guadeloupe 26 Guyane 30 Île de La Réunion 40 Mayotte

INSCRIT À L’UNESCO ! 44 TAAF 46 Polynésie française 54 Nouvelle-Calédonie 56 Wallis-et-Futuna

L’E-MAG ULTRAMARIN DE L’ENVIRONNEMENT SUPPORT D’INFORMATION BIMESTRIEL GRATUIT ADRESSÉ AUX : décideurs publics acteurs ultramarins de l ’ environnement académies d ’ outre - mer internautes via de nombreux sites web et réseaux sociaux

Page Facebook « E-mag Outre-mer » Un support proposé par OcéIndia aux Éditions Insulae 7 chemin Léona Revest - 97417 La Montagne, île de La Réunion Stéphanie Castre, directrice de publication | oceindia@icloud.com Rédaction : Stéphanie Castre, Lucie Labbouz, Axelle Dorville, Romy Loublier, Mariane Aimar, Sandrine Chopot, Marion Durand, Pierre-Yves Fouché, Béatrice Tevanee, Émilie Robert, Caroline Marie Conception graphique : Océindia


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook

Articles inside

Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.