A&E 01-02/2020

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20 1+2/20 AUTO&ÈVE

Isabelle Riederer, ir@awverlag.ch

Soyons zen!

N

ous vivons dans un monde de fous! Du matin au soir, on court de rendez-vous en rendezvous. On est perpétuellement connectés, sous pression, obsédés par la performance et minés par les soucis. En plus, sitôt que quelque chose échappe à notre contrôle, on en remet une couche. Ce n’est peut-être pas vrai pour tout le monde mais, en tout cas, ça l’est pour moi. Ça m’a d’autant plus frappée quand je suis partie en vacances à Bali pendant les vacances de Nouvel-An. Cette petite île de la mer d’Indonésie compte 4,22 millions d’habitants, environ autant de voitures et le double de scooters. Sur l’île, le trafic est une véritable horreur! Pour un trajet d’une vingtaine de kilomètres, prévoyez au moins deux à trois heures... Pourtant, alors que nous commencions déjà à mordre le volant et à jurer dans la voiture après seulement quelques minutes dans les embouteillages, les Balinais, eux, restaient parfaitement détendus. «Traffic? No problem! You can’t change it anyway!» Là-bas, on passe facilement une heure – ou deux – à attendre, tranquillement. Devant la voiture, les conducteurs de scooters s’entassent. Eux aussi attendent. Personne ne pousse, personne ne klaxonne. On se sourit, on secoue la tête avec un air amusé et… on continue d’attendre. Tout à coup, ça bouge! Tout le monde avance de quelques mètres et… l’attente recommence. Et on sourit à nouveau. J’aimerais beaucoup parvenir à un tel niveau de calme! D’ailleurs je vous souhaite, cordialement, le même calme pour toute cette nouvelle année!

«DANS CE MÉTIER, EN TANT QUE FEMME, ON DOIT FAIRE PARTIE DES MEILLEURS» Diana Schlup n’est pas seulement une des rares maîtres carrossier-tôlière de Suisse, c’est aussi la seule femme qui, en tant qu’experte, a coaché des jeunes talents en carrosserie à l’occasion des WorldSkills. En avril 2019, cette femme de 38 ans est devenue indépendante. Interview/Photo: Isabelle Riederer

AUTO&Sie: Madame Schlup, vous êtes experte en carrosserie-tôlerie, est-ce le métier dont vous avez toujours rêvé? Diana Schlup: J’ai su très vite que ça deviendrait un jour mon métier. Mon père a lui-même été tôlier en carrosserie jusqu’à sa retraite et j’avais toujours du plaisir à pouvoir l’accompagner à son travail. Même s’il n’avait pas forcément prévu que je marche sur ses traces, mon père m’a toujours soutenue et il est très fier de ce que je fais. Comment ça se passe quand on arrive dans ce métier en tant que jeune femme? Quand j’étais commencé mon apprentissage, nous étions deux filles. L’autre a fini par choisir un autre métier, moi j’ai continué. Au début, j’avais vraiment l’impression que je devais prouver plus de choses que mes collègues masculins. J’ai toujours pensé que, dans ce métier, une femme doit faire partie des meilleurs pour être acceptés. Alors je me suis toujours appliquée et j’ai montré de quoi j’étais capable. Il n’y a jamais eu de commentaires, de remarques méchantes? Bien sûr que si! Les remarques méchantes font un peu partie intégrante de l’argot de l’atelier (rire). Que l’on soit bon ou mauvais, il y a toujours des commentaires. Il faut être capable de vivre avec et savoir laisser couler. Sinon tu t’es trompée de métier. Je me rappelle que j’avais très souvent droit à la remarque: «t’es tôlière, toi? Tu n’as pas l’air d’une tôlière! Je pensais qu’elles étaient plus baraquées.» Je me souviens aussi qu’au début, beaucoup étaient sceptiques quant

à mes chances de réussite. Ça m’a toujours servi de motivation supplémentaire. Qu’est-ce qui vous fascine dans ce métier? Ce que j’aime surtout, c’est de voir la pièce au début et le résultat final. Quand un véhicule arrive dans l’atelier avec la carrosserie endommagée, qu’on se met au boulot et qu’on parvient à le faire ressortir comme neuf, ça me ravit. J’aime le côté technique du travail et le travail avec les différents matériaux. Je ne Toute petite déjà, Diana Schlup savait qu’elle voulait devenir tôlière en carrosserie.

suis pas une «dingue de voitures» comme on se l’imagine. Ce que j’aime de travailler sur auto et de voir le résultat qu’on peut obtenir. Quand vous avez commencé votre apprentissage de tôlière en carrosserie en 1977, il y avait peu de femmes. Qu’en est-il aujourd’hui? Ça a radicalement changé. Aujourd’hui, plusieurs femmes suivent une formation de carrossier-tôlière. Mais les femmes sont toujours sous-représentées dans la


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