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BELGIAN STORIES
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Printemps 2022 EDITO
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MYRIAM LEROY
©ANTHONY DEHEZ - BE PERFECT
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Copyright
La nature se renouvelle au printemps, Be Perfect aussi. Pour célébrer nos six ans, nous vous invitons à découvrir nos nouvelles rubriques à l’instar de nouvelles feuilles persistantes et vigoureuses. Bien sûr, celles-ci sont toujours dédiées au savoirfaire de nos compatriotes qui nous inspirent. #belgianstories ! Au fil des pages, vous découvrirez notre équipe, nos repérages, nos causeries, nos plaisirs, nos nomades et nos voyages.
Ils/elles font la fierté de notre pays. Entretien en tête-à-tête avec Myriam Leroy qui lutte au quotidien contre les stéréotypes de genre, la misogynie et le sexisme. Armel Job évoque la passion de l’humain qui anime ses mots. Adeline Dieudonné soulève de nombreuses questions pertinentes voire dérangeantes sur l’amour et la vie en couple. Alia Cardyn, avec sa sensibilité et sa justesse coutumière, éveille le lien vital à l’enfance. Odile d’Oultremont, dans un style exquis, parle de rédemption et d’accomplissement de soi. Pascale Seys interpelle sur l’importance du lien fondateur qui unit la mythologie à nos existences.
Rori a trouvé les bons codes pour prendre sa place sur les ondes et dans nos cœurs. Kid Noize boucle un projet artistique ambitieux et atypique. Emilien Vekemans retrace son parcours de comédien. Loin du stand-up, Fanny Ruwet se livre avec sensibilité. Sous sa nouvelle casquette de scénariste, Barbara Abel met en scène des êtres au bord de l’abîme.
Natan fête ses 40 ans ! Edouard Vermeulen et Christophe Coppens
signent la célébration d’une maestria résolument tournée vers l’avenir. Alexandre Hames continue son ascension sur mesure. Diane Govaerts croit en la complémentarité entre les hommes et les femmes dans le monde de l’entreprise. Virginie Morobé met la Belgique à ses pieds.
L’architecte Glenn Sestig cultive la sobriété avec une sublime sophistication, guidée par les lignes épurées et le luxe brut. Charles Leonet et Ngoc Hoang alternent les rôles d’architecte, fournisseur de mobilier et scénographe en totale harmonie.
Benjamin Laborie a ouvert « La Table » à Ohain, en décembre dernier. Quatre mois plus tard, il récolte 1 étoile au guide Michelin qui vient récompenser un parcours belge fulgurant. Christophe Hardiquest écrit une nouvelle page de sa vie en ouvrant « Menssa », un comptoir gastronomique de grande proximité avec ses clients. Pamela Michiels et Glenn Godecharle sont les heureux propriétaires d’El Socarrat qui met la Méditerranée à l’honneur. Jean Callens recentre son métier sur l’humain et ouvre « L’Epicerie Nomad » qui a du caractère et charme à revendre.
Le savoir-faire de ces expats rayonne à l’étranger. Véronique Alost crée des écohébergements en Tanzanie, le must en matière de safaris. Jean-Dominique Burton, intarissable sur les anecdotes de sa vie de globe-trotter, condense 50 ans de terrain dans un beau livre et une expo à l’Hospice Pachéco.
Rédactrice en chef ARIANE DUFOURNY
Remerciements : A ma « perfect » équipe et à nos partenaires pour leur fidélité et leur confiance.
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©, toute reproduction de textes et de photos publiés par Be Perfect est interdite sans l’autorisation de l’éditeur. Les photos confiées à ADN Productions ne stipulant aucune mention d’auteur restent sous la responsabilité de leur propriétaire ou de leur RP. L’éditeur décline toute responsabilité pour les propos, documents et images qui lui ont été confiés spontanément.
BE PERFECT, C’EST AVANT TOUT LE TRAVAIL D’UNE ÉQUIPE
Servane Calmant Journaliste
Nicolas De Bruyn Directeur artistique
Barbara Wesoly Journaliste
Olivia Roks Journaliste
Anthony Dehez Photographe
Luc Depierreux Coiffeur et Make-up Artist
10 BE PERFECT
Ariane Dufourny Rédactrice en chef
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Because
12 18 AUM – CLAIR /OBSCUR 20 MIX 22 LA BONNE ÉTOILE 24 SASKIA – ML – CORALIEN – YELLOWSTRAPS 26 WECANDANCE 28 CLIO GOLBRENNER – NO/AN X JEAN PAUL-KNOTT - KIPLING – MIEKE DIERCKX 30 RHODEE 32 SALVATORE MINNI 36 MYRIAM LEROY 42 ARMEL JOB 44 ADELINE DIEUDONNE 46 ALIA CARDYN 48 ODILE D’OULTREMONT 52 PASCALE SEYS 54 FANNY RUWET 56 EMILIEN VEKEMANS 58 BARBARA ABEL 60 KID NOIZE 64 RORI 72 EDOUARD VERMEULEN - CHRISTOPHE COPPENS 76 ALEXANDRE HAMES 80 VIRGINIE MOROBE 84 GLENN SESTIG 90 LEONNET HOANG 94 DIANE GOVAERTS 2 CAUSERIE 1 REPERAGE 36 - 95 18 - 32 SOMMAIRE
BE PERFECT
Myriam Leroy nous interpelle : Pourquoi a-t-elle été silenciée ? Parce qu’elle était femme ?
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Sous l’étoile, La Table
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REPERAGE
Des adresses à se refiler, des talents à suivre, des marques à connaître ...
AUM – CLAIR /OBSCUR – MIX – LA BONNE ETOILE – SASKIA – ML – CORALIEN – YELLOWSTRAPS – WECANDANCE CLIO GOLBRENNER – NO/AN X JEAN PAUL-KNOTT - KIPLING – MIEKE DIERCKX – RHODEE – SALVATORE MINNI
LES NOUVEAUX HOTSPOTS POUR LES LÈVE-TÔT OU LES COUCHE-TARD
Clair/Obscur se profile comme un Gastro Pub pour tous ceux qui aiment se faire plaisir, peu importe l’heure. Quant à AUM, c’est un nouveau concept de High Energy Fine Dining, une tendance qui commence à s’affirmer dans les villes les plus tendances et qui s’invite désormais en bordure de Bruxelles.
CLAIR/OBSCUR AU CHÂTELAIN
Ceux qui connaissaient Ramdam, bar à bière festif tout de noir vêtu installé dans une ancienne bâtisse alsacienne, à deux pas de la Place de la Trinité, du côté du quartier Châtelain à Ixelles, vont être surpris ! Les murs du Ramadam accueillent désormais Clair/ Obscur, une nouvelle adresse lumineuse qui s’adresse à tous les profils, les matinaux dès 9h comme les festifs, jusque tard dans la nuit.
Fort de leur savoir-faire dans le monde du café et du brunch avec les établissements Woodpecker (à Saint-Gilles, au Bois de la Cambre, au Parc royal, etc.) l’équipe de Clair/ Obscur a fait le pari d’un juste milieu entre ambiance conviviale le jour, festive et musicale, le soir venu. La cuisine maison propose notamment de délicieux French Dips, des sandwichs garnis de viandes braisées cuites pendant 8 heures à basse température, à tremper sans complexe dans leur jus de cuisson, et des œufs à gogo (Bénédicte, à la Turque, façon Huevos Rancheros…), à arroser de bières artisanales (une bière signature a été imaginée avec la Brasserie de la Source, micro-brasserie bruxelloise), de cidre ou de Kombucha au gingembre au fût.
www.clairobscur.space
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MOTS : ARIANE DUFOURNY
BE PERFECT | CLAIR/OBSCUR - AUM
© Clair/Obscur
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C’est en bordure de Bruxelles, au carrefour des Quatre-Bras, au rez-de-chaussée du bâtiment aux escargots, oui oui là où le bar « Soko » a investi le rooftop, qu’un concept de « High Energy Fine Dining » vient d’ouvrir ses portes. Si la carte invite à déguster du Naan (un pain indien traditionnel) ou du mouton Tandoori, il ne s’agit pas d’un resto indien pour autant. Une explication s’impose. Inspiré de la culture indienne, AUM a été pensé comme une véritable expérience où l’énergie créée par les clients va permettre de s’immerger totalement dans l’atmosphère du lieu.
Plus concrètement ? Une vaste salle à la déco orientale moderne et raffinée s’articule autour d’un restaurant intimiste flanqué d’une cuisine ouverte, d’un bar à cocktails et son espace lounge propice à un food-sharing entre amis, et d’une piste de danse quand l’énergie vitale est à son comble. www.aumbrussels.be
19 REPERAGE
AUM À KRAAINEM
We Want More
We Want More
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MIX, UN NOUVEAU LIEU DE VIE À BRUXELLES
Installé dans le joyau architectural iconique abritant autrefois le siège de la Royale Belge, « Mix » ouvrira ses portes au printemps. Cet espace de 21.000 mètres carrés abritera un hôtel 4 étoiles, un centre de fitness, un vaste espace de bien-être avec piscine intérieure et extérieure, un coworking, un lieu d’événements, des restaurants et des bars, ainsi qu’un food market, « Fox », le frère de « Wolf ». Un nouveau lieu de vie avec vue imprenable sur la forêt de Soignes.
« Mix », le bien nommé concept pluridisciplinaire voire révolutionnaire de Bruxelles a tout pour plaire. Mais qui se trouve derrière ce nouveau hotspot de près de 21.000 mètres carrés. Beaucoup de monde ! Jean Michel André (l’homme derrière le Jam, Le Berger, le Jardin Secret et le Domaine de Ronchinne), Stéphane Rutté (directeur du David Lloyd), Sébastien Lob, Alexandra De Boeck, Gilles Poot Baudier et Emmanuel Andries (les quatre partenaires de D-side Venues, repreneurs des Jeux d’Hiver), Corentin Poels (co-fondateur de Crossfit Dansaert et Cosmoliving) et Benjamin Patou (fondateur du Moma Group). Leur principal objectif ? Créer un lieu de vie dans un îlot de paix et de verdure où l’on peut flâner durant des heures.
Pourquoi le nom « Mix » est-il déjà sur toutes les lèvres ? Ce concept exceptionnel avec vue imprenable sur la forêt de Soignes est installé dans un édifice monumental en forme de croix que l’on doit à l’architecte belge René Stapels et son complice français Pierre Dufau, remis au goût du jour par les architectes Peter St John, Dirk Somers, DDS+ et Ma2by. Quant à l’aménagement, il a été confié à une star de l’architecture belge : Lionel Jadot. Fidèle à lui-même, Jadot a travaillé avec l’équipe d’artisans et designers créatifs de Zaventem Ateliers.
On couvrira évidemment l’ouverture du Mix, pour vous offrir un reportage en long et en large dans notre édition été.
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www. mix.brussels
MOTS : ARIANE DUFOURNY
© DR BE PERFECT | MIX
L’entreprise familiale Waroquet-Lengrand fête ses 100 ans !
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Pergolas de terrasse & bioclimatiques, stores bannes & screens, volets et portes de garage
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LA BONNE ÉTOILE
D’ISABELLE ARPIN
Isabelle Arpin, c’est la lady cheffe que tout le monde adore ! Hôtel, cercle d’affaires, chocolatier, critiques gastronomiques, ses clients, et nous bien sûr ! On l’apprécie autant pour sa personnalité pleine de vie que pour sa cuisine créative remplie de surprises. En voici une excellente : un atelier comptoir « La Bonne étoile par Isabelle Arpin », place Keym à Bruxelles.
Dans une précédente édition, nous vous parlions de l’ouverture de son restaurant éponyme « Isabelle Arpin » que la cheffe a ouvert avec son associée Dominika Herzig en 2019. Depuis, la lady cheffe a allié son savoir-faire à celui du chocolatier Benoît Nihant, a signé la carte du restaurant « Maison Louise » au sein du « Le Louise Hotel Brussels » ou encore celle du « Ciao » , le restaurant italien du club bruxellois « The Merode ».
Isabelle Arpin est avant tout une femme généreuse et engagée. Durant la crise Covid, elle a lancé avec son binôme créatif, une opération de cuisine visant à fournir des repas aux personnels des hôpitaux.
« La Bonne étoile » a ensuite évolué vers un service de traiteur sur-mesure
émulsionné d’un service d’e-shop étoilé. Depuis deux ans, les clients peuvent venir chercher des petits plats soignés directement au restaurant Isabelle Arpin, ou se les faire livrer sans que la mise en place n’ait bougé grâce aux précautions d’équilibristes prises par une start-up belge indépendante. Et depuis le mois de février, un atelier comptoir « La Bonne étoile par Isabelle Arpin» a ouvert place Keym à Bruxelles. A travers son amour pour la cuisine, pour les autres et sa bonne humeur, elle vous propose de prendre soin de vous : « Vous recevez, nous cuisinons ! ».
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© Myriam
Baya
MOTS : ARIANE DUFOURNY
BE PERFECT | LA BONNE ÉTOILE
www.labonneetoile.cooking www.isabellearpin.com
Découvrez l’univers de la Ferme de Mont-Saint-Jean
La Brasserie de Waterloo, la micro-brasserie, la micro-distillerie, le Comptoir avec ses bières, gins et whiskies, son musée et ses magnifiques salles événementielles.
Ferme de Mont-Saint-Jean
de Charleroi 591 • 1410 Waterloo • T : 02.385 01 03 www.fermedemontsaintjean.be
Chaussée
TALENTS BELGES
« Pour ceux qui ont ce truc dans les yeux. Repense aux choses simples », suggère Saskia. « Ouuuh, c’est tout. Ressaisis-toi, ressaisis-moi. Regarde comme la vie passe », annonce conseille ML. « Alors aime, vas-y aime » recommande Coralien. Même si « L’amour est une torture, mais j’aime toujours », argue Yellow Straps. La musique, cette passion commune anime nos talents chaque jour…
SASKIA
Un véritable coup de cœur ! Il y a un an, Saskia dévoilait son premier EP « Quand je vois l’humain » où figure notamment « Dans ma tête » et « La mer ». Autrice et compositrice bruxelloise, elle nous ouvre les portes de son univers situé entre la pop, le R&B, la musique électronique et la chanson française. Un timbre rare, légèrement voilé d’une brume de chaleur. Une voix élastique, gorgée d’âme, qu’on a immédiatement envie d’écouter, en boucle ! S’ensuivent une dizaine de dates solo, des scènes sur les plus grands festivals belges et une première partie d’Angèle lors d’un showcase privé à l’Atomium. Pour en arriver là, Saskia a débuté avec Simon LeSaint, le fils de Dani Klein (Vaya Con Dios) et l’un des collaborateurs de Stromae. « Pour s’aimer » annonce le premier titre de son album qui sortira le 7 avril 2023. A l’écoute de notre instinct, nous espérons la retrouver lors des prochaines Victoires de la musique.
ML
Maria-Laetita Mattern a débarqué sur la scène bruxelloise entourée de son frère, Aurélio, et d’un ami, François de Moffarts, sous le nom de « Sonnfjord ». L’an dernier, la chanteuse qui imagine ses compositions à la guitare ou au piano, nous est revenue en solo et en français, sous le nom de « ML » avec un premier EP bien nommé « Changé », co-produit par Sage, dont un featuring avec Flore Benguigui. Un timbre de voix accrocheur, une Belgian Pop à la française, des paroles touchantes et poétiques à l’instar du titre « Un peu plus haut », sont la clé de son succès. Son nouveau single « Ressaisis-toi » au rythme planant, à écouter en mode roadtrip, musique à fond, nous fera patienter jusqu’à la sortie de son nouvel EP en juin 2023.
À
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SUIVRE
© Ella Hermë
© TClotilde Billiette
BE PERFECT | SASKIA - ML - CORALIEN - YELLOWSTRAPS
MOTS : ARIANE DUFOURNY
CORALIEN
Originaire de Louvain-la-Neuve, Coralien est auteur, compositeur, multi-instrumentiste et entrepreneur. Il a appris à gérer sa propre promotion en devenant un vrai storyteller et Community manager, il réalise des vidéos, stories, tutos qui par leur spontanéité, humour et originalité gagnent le cœur de followers qui ne cessent de croître. 100K followers sur Instagram, une véritable communauté qui adhère à son univers décalé ! Mais Coralien, c’est avant tout un interprète qui illumine notre journée. Après 5 singles qui ont fait vibrer les radios nationales, il dévoile son premier album « Métronome » composé de 10 titres teintés d’envolées lyriques à l’instar de « Aime ». « J’ai pas envie de t’aimer, en sachant que tu vas m’oublier », aucun risque Coralien. Nous t’aimons ! « Alors aime, vas-y aime » et emmène-nous dans ton monde parallèle.
YELLOWSTRAPS
Nous étions déjà fan des frères Murenzi, alias « YellowStraps ». Le duo se mue en solo ! Aucune lutte fratricide derrière cette décision mais une prise de conscience pour le cadet Murenzi pour qui le plaisir de créer est devenu inconciliable avec la pression du succès. Donc, Alban part, Yvan reste et sort son album « Tentacle » qui intègre ses influences rock aux tropismes R&B, nu soul et electronica. On y retrouve le talent d’Yvan Murenzi dans une collection de titres bien assortis avec Sofiane Pamart, Sam Wise et Roméo Elvis. L’album parle de la complexité de l’amour, un paradoxe que le chanteur résume : « L’amour est une torture, mais j’aime toujours ». YellowStraps est désormais signé par Universal Music France qui a un faible pour les artistes belges. Pas étonnant, nous sommes incontournables et YellowStraps en particulier !
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REPERAGE
© Emilie Nitim
© Lou West
TALENTS BELGES À SUIVRE
WECANDANCE RÉVÈLE SON NOUVEAU THÈME
WECANDANCE célébrera ses 10 ans sur la plage de Zeebruges en août prochain. Sept scènes dédiées à la musique électro, un cadre exceptionnel bordé par des dunes et la mer du Nord, une offre culinaire alléchante, des fashonistas qui se lâchent, et c’est la côte belge qui est en ébullition …
Pour fêter ses 10 ans, WECANDANCE promet d’envoyer du lourd ! Une scène supplémentaire sera installée sur la plage, portant le total à sept. Elle explorera de nouveaux sous-genres tels que l’amapiano, en plus des styles musicaux propres au festival : hip-hop, techno, desert house, disco, all-round, slow dance et concerts live.
« Sea, Sand & Sun » sera le thème de l’édition anniversaire de Wecandance qui se tiendra sur la plage de Zeebruges les samedis 5 et 12 et dimanches 6 et 13 août. Le mythique festival offrira à ses visiteurs un océan de possibilités afin de profiter pleinement de cette escapade sur sa plage enchantée, avec au programme des expériences dédiées à la musique, à la gastronomie et à la mode. On vous raconte tout dans notre édition été. D’ici là, on repère les looks les plus glam’ des créateurs de mode belges.
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NATAN
À PAPA
FILLES
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MOROBE
MOTS : ARIANE DUFOURNY
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Gemmologue, je vous accompagne dans votre démarche de création ou transformation de bijoux.
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LES SACS BELGES QU’ON
Entre les femmes et leurs sacs, c’est une véritable histoire d’amour. Loin d’être de simples accessoires de mode, ils renferment leurs petits secrets et révèlent leurs personnalités. L’élu de leur cœur ? Au pluriel ! Pourquoi en effet se limiter à un seul sac quand la tentation de les collectionner est si forte ? Et pourquoi se cantonner aux seules femmes ? Entre les hommes et leurs sacs…
CLIO GOLBRENNER
Clio Goldbrenner lance une toute nouvelle ligne baptisée « Signature ». A cette annonce, nous avons frémi, de crainte de voir nos modèles iconiques devenir has been. Que les inconditionnelles de la marque, comme nous, se rassurent, ils n’ont jamais été aussi en vogue et des couleurs vitaminées s’ajoutent aux grands classiques que nous collectionnons dans notre dressing. Alors en quoi se distingue cette nouvelle ligne ? Son design est résolument épuré, tout en noir et blanc. La cotte de maille emblématique de la marque belge orne l’ensemble des pièces en toute discrétion. Les quatre modèles exclusifs sont produits en quantité restreinte. Oh là là, pourvu que l’élégant sac noir en bandoulière que nous avons repéré ne soit pas en rupture de stock !
www.cliogoldbrenner.com
NO/AN X JEAN-PAUL KNOTT
C’est la collab qu’on adore ! Anna Lehmusniemi et JeanPaul Knott, unis par le même désir d’épure et du travail bien fait, lancent une collection commune à laquelle nous ne pouvons résister. Retranscrivant parfaitement l’esthétique et l’univers des deux designers basés à Bruxelles, les deux modèles en cuir bicolore se déclinent en deux tailles avec en prime, une pochette individuelle interne que nous pouvons porter séparément. Leurs atouts ? Ils sont parfaits pour voyager ou pour la vie quotidienne de ceux et celles qui voient la vie en grand. Eh oui, mesdames, les hommes pourront aussi porter ces tote bags qui échappent à la logique du genre.
www.noanstudio.com
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ADORE
BE PERFECT | CLIO GOLBRENNER - NO/AN X JEAN-PAUL-KNOTT - KIPLING X VICTORIA TANG - MIEKE DIERCKX
MOTS : ARIANE DUFOURNY PHOTOS : DR
KIPLING X VICTORIA TANG MIEKE DIERCKX
Qui parmi nous n’a jamais possédé un sac à l’effigie du petit singe ? C’est assurément une belgian success story!
Fondée en 1987 à Anvers, la marque belge Kipling reste leader des sacs à dos, bagages et cartables de nos enfants.
Dernière tendance ? Une nouvelle collab avec Victoria Tang. Qui est-elle ? Née à Londres et ayant grandi à Hong Kong et au Japon, elle est à présent directrice artistique, designer, consultante et collaboratrice de Kipling. Des sacs à dos aux sacs portés à l’épaule, en passant par les sacs fourre-tout et les sacs à bandoulière, cette nouvelle collection est dédiée aux femmes actives. Comme nous !
www.kipling.com
Tous les chemins mèneraient-ils à la maroquinerie ? Mieke Dierckx a lancé sa marque en 2012, après avoir suivi des études de design d’intérieur et de mobilier, additionné d’un master en design de bijoux. Un bagage qui influence son approche de la conception de sacs à main d’une manière moins conventionnelle. Le résultat ? Un sac à main comme une gravure de mode. Ce printemps, trois couleurs phares éclatantes, orange, vert et jaune, vont parfaire nos tenues en leur ajoutant une touche glam, classe, ou rock.
www.miekedierckx.be
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REPERAGE
LES SACS BELGES QU’ON ADORE
RHODÉE SIGNÉE EMILIE CRICKX
fashionistas
collection aussi solaire
Nous avons découvert Emilie Crickx à travers ses post Instagram qui mettent en lumière « Pimprenelle », le conceptstore lasnois de sa maman. Nous avons fait plus ample connaissance sur le shooting Be Perfect du chanteur Pierre de Maere où Emilie assurait le stylisme. Quel talent ! Pas étonnant qu’elle lance sa propre marque de maillots de bain, «Rhodée », soutenue dans cette aventure par ses amies Valentine Witmeur et Betty Kafouni, responsables respectivement du développement des collections et du marketing. Toutes les pièces sont créées en Belgique et produites à partir de bouteilles en plastiques recyclées dans des ateliers au Portugal qui partagent les mêmes valeurs environnementales. Et chaque pièce est découpée au laser sur le tissu afin de rendre l’imprimé exclusif.
La première collection nommée « Islands » parle d’elle-même et nous emmène découvrir à travers 4 imprimés signature: Ibiza, Lanzarote, Zanzibar et Andaman. Chaque imprimé propose 3 hauts, 2 bas et 2 maillots une pièce. Pour vous les présenter, qui de mieux que le mannequin Lena Simonne (la femme de Roméo Elvis) et la scénographe bruxelloise Kénia Raphaël.
www.rhodee.com
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Rhodée, la nouvelle marque belge de maillots de bain créée par de la styliste Émilie Crickx a tout pour nous plaire. Des pièces colorées aux imprimés organiques alliant le charme rétro au respect de l’environnement. Les
ont déjà adopté cette
que durable.
MOTS : ARIANE DUFOURNY
BE PERFECT | RHODÉE
© Victoria Nossent et par Victor Pattyn
Salvatore Minni, retenez bien son nom ! Cet auteur bruxellois fait partie de la nouvelle génération d’écrivains à suivre impérativement. Son nouveau thriller, « Désobéissance », se déroule à Bruxelles dans une ambiance à la fois oppressante et mystérieuse. Un roman plus palpitant qu’une série addictive !
Rien ne vaut un bon roman noir à dévorer ! Nous découvrons « Désobéissance » un dimanche midi. Le titre nous met bien sûr en appétit. Ce thriller psychologique met en exergue des sentiments liés au chagrin et les émotions qui peuvent en découler : injustice, perdition, colère ou pire.
Captivée, nous tournons les pages avec ferveur. Incapable de nous arrêter de lire. Tambour battant, l’auteur nous embarque au fil de chapitres efficaces, haletants. Les protagonistes fouillés jusqu’à l’intime nous confrontent à l’extrême complexité humaine et nous happent. Les héros comme les personnages les plus monstrueux. Jusqu’où le chagrin et le deuil peuvent-ils nous conduire ? Dans les méandres de l’esprit humain. Objectif atteint !
Salvatore Minni est l’auteur des thrillers psychologiques « Claustrations » et « Anamnèse ». Alors, rien d’étonnant qu’il partage papotes et taquineries avec Barbara Abel qu’il remercie en fin de livre. Nous lui souhaitons une longue carrière, à l’instar de celle de la reine belge du thriller dont le roman « Derrière la haine » a été adapté au cinéma par le réalisateur belge Olivier Masset-Depasse sous les titres « Duelles » et « Mothers’ Instinct », son remake hollywoodien, bientôt dans nos salles.
Alors que Guillaume peine à accepter son deuil, Sarah, une quadra accro à son boulot, est renversée par une voiture, ce qui lui impose de ralentir son rythme de vie. En quittant l’hôpital, elle fait la connaissance d’une fillette qui lui demande son aide. Malgré ses hésitations, Sarah finit par accepter. Pourtant, un danger la guette, mais trop absorbée par ce qui lui arrive, elle n’en a pas conscience. Ressortira-t-elle indemne de cette quête ?
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MOTS : ARIANE DUFOURNY
BE PERFECT | SALVATORE MINNI
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CAUSERIE
Ils/elles font la fierté de notre pays. Entretiens en tête-à-tête.
MYRIAM LEROY – ARMEL JOB – ADELINE DIEUDONNE – ALIA CARDYN – ODILE D’OULTREMONT – PASCALE SEYS – FANNY RUWET
EMILIEN VEKEMANS – BARBARA ABEL – KID NOIZE – RORI – EDOUARD VERMEULEN - CHRISTOPHE COPPENS
ALEXANDRE HAMES – VIRGINIE MOROBE – GLENN SESTIG – LEONNET HOANG – DIANE GOVAERTS
Myriam Leroy nous interpelle :
Pourquoi a-t-elle été silenciée ?
Parce qu’elle était femme ?
Dans son nouveau roman au titre intriguant, « Le Mystère de la femme sans tête », Myriam Leroy ressuscite Marina Chafroff, résistante bruxelloise d’origine russe, décapitée à la hache à 33 ans durant l’Occupation, et grande oubliée de l’Histoire. Par là même, la romancière prend la défense de toutes les femmes humiliées, réduites au silence, reléguées à l’arrière-plan. Rencontre à la KBR à Bruxelles avec une autrice, combattante d’un autre type certes, qui lutte au quotidien contre les stéréotypes de genre, la misogynie et le sexisme.
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MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : ANTHONY DEHEZ COIFFEUR ET MAKE-UP ARTIST : LUC DEPIERREUX
Nous avons interviewé une première fois Myriam Leroy à la sortie d’« Ariane », le récit d’une relation siamoise entre deux ados du Béwé. C’était en 2018. En 2019, parait « Les Yeux rouges » où elle dépeint la mécanique glaçante du harcèlement en ligne. Avec « ADN », en 2022, création du Théâtre de la Toison d’Or (TTO), elle évoque sa propre histoire, celle d’une fille née d’un donneur de sperme anonyme.
Février 2023, à la faveur de la sortie de son nouveau roman, « Le Mystère de la femme sans tête », on recontacte Myriam pour un long entretien et un shooting-cover. Elle accepte, ravie.
Youpi ! On commençait à avoir le temps long…
Nous nous rencontrons à la KBR, la Bibiothèque Royale de Belgique qui conserve et gère quelque sept millions de documents. Ce lieu, Myriam, c’est vous qui nous l’avez suggéré. Pourquoi ? L’écriture de mon nouveau roman m’a amenée plusieurs fois à fréquenter la salle de lecture de la KBR, ainsi que les Archives de la Ville de Bruxelles. Le passé, la guerre, m’ont toujours paru abstraits. Mais peu à peu, au rythme de mes recherches journalistiques, en enquêtant sur Marina Chafroff, cette femme décapitée pendant l’Occupation, ce passé s’est matérialisé. D’une image fixe, celle de sa tombe au cimetière d’Ixelles, je découvrais graduellement un film animé... Je me suis prise de
BE PERFECT | MYRIAM LEROY
passion pour la KBR, le site physique, cet imposant bâtiment moderniste, et son site en ligne, qui est devenu une véritable obsession. Je rêve d’un nouveau projet qui m’oblige à nouveau à fréquenter la KBR avec assiduité.
L’écriture du « Mystère de la femme sans tête » a nécessité un travail journalistique et d’historienne... Oui, mais d’historienne avec un regard profane (rire). Les historiens ont des méthodes plus orthodoxes et professionnelles que les miennes, mais j’assume et revendique complètement les libertés prises avec le réel. Cela étant, c’est en effet la première fois que je me documente autant pour un roman. L’écriture de la pièce « ADN» avait
nécessité des recherches mais sur un thème, la procréation médicalement assistée, plus contemporain, qui ne me demandait pas de compulser des tonnes d’archives. « Le Mystère de la femme sans tête », en revanche, c’est plus de deux ans de travail …
Marina Chafroff, jeune Russe exilée en Belgique, fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942, pour avoir poignardé à Bruxelles un officier allemand. Il n’y a pourtant ni rue ni monument à son nom. Qu’elle soit née femme a-t-il encouragé cet oubli ? Quand j’ai découvert la tombe de Marina Chafroff au cimetière d’Ixelles avec ce mot : décapitée, j’y ai vu deux anomalies. Une femme.
Décapitée. Après la Seconde Guerre mondiale, le centre du cimetière d’Ixelles fut aménagé en « Reposoir des Martyrs » destiné aux victimes de la terreur nazie. C’est là que gît Marina, seule femme parmi tous les hommes, parmi Lucien, Raymond, Maurice, Gaston… Je débute donc mes recherches sur Marina Chafroff et je découvre que les résistantes sont les grandes oubliées de l’histoire des années 40-45. Beaucoup d’entre elles ont été réduites au silence, mises à l’écart, en raison d’une misogynie ambiante. On disait des femmes qu’elles étaient trop bavardes, qu’on ne pouvait pas leur confier de secrets. Qu’elles étaient influencées par leurs hormones, donc instables.
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Ce constat de l’humiliation faite aux femmes, vous l’aviez déjà dénoncé dans votre film documentaire, « #salepute », co-réalisé avec Florence Hainaut, qui traite de la cyberviolence. Oui. Sans minimiser le rôle des femmes dans la Résitance, force est de constater qu’elles étaient principalement appelées pour taper du courrier ou soigner les blessés.
Pourquoi ? Par misogynie.
Des femmes résistantes souvent oubliées de l’Histoire... Oui, car l’Histoire est souvent écrite par des hommes, parce que les femmes n’ont pas entretenu leur propre souvenir, qu’elles ne pratiquent pas la mémoire autoglorifiante comme les hommes et qu’à l’époque, on leur a souvent dénié toute charge politique à leurs exploits.
C’est le cas de votre héroïne... Tout à fait, le parti communiste belge n’a jamais invoqué en sa faveur l’exploit de Marina Chafroff. Pire : il s’en est publiquement désolidarisé en niant l’acte de résistance pour invoquer un crime mû par une pulsion suici-daire. Quelle humiliation ! Ce roman repose d’ailleurs sur une question qui m’a taraudée tout le long de son écriture : pourquoi le nom de Marina Chafroff, mère de famille au courage extraordinaire, résistante décapitée, est-il inconnu ? Pourquoi n’a-t-elle pas marqué l’Histoire ? Comment a-t-elle été refoulée de nos mémoires ? Pourquoi a-t-elle été silenciée ?
A cette enquête, vous venez amarrer un autre récit, aux résonnances intimes. Le « tu » qui se faufile entre les pages du roman, c’est vous, Myriam… Par le truchement de coïncidences, les deux personnages vont en effet se confondre, les récits se tresser, même si je ne m’autoproclame pas résistante, je vous rassure. Mais les tourments de Marina, ce sont les miens. Sa révolte, aussi. Je me suis donc invitée dans le récit car je continue à m’insurger contre notre société qui pousse les femmes à ne pas l’ouvrir, à ne pas s’engager… Le point commun entre les femmes, le seul peut-être, c’est qu’on les traite comme des femmes. Toutes les humiliations qu’elles ressentent se ressemblent, or la société a tendance à les morceler. Le « ça n’arrive
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qu’à toi », je n’y crois pas. Le combat est collectif et politique.
Il existe, écrivez-vous, « un lien d’humiliation unissant toutes les femmes ». Les femmes sont-elles trop gentilles ? Evidemment. On fait ce qu’on attend de nous. On se conforme au modèle qui nous préexiste.
Rien ne change ? Si. Les femmes se sont émancipées. Et cette émancipation ne plait pas à tout le monde : la haine et le mépris qui leur sont voués s’avèrent encore plus présents aujourd’hui qu’hier. La misogynie a flambé.
La solution ? Je n’en ai pas. Peut-être faudrait-il que les femmes ne se sentent plus obligées d’évoluer sous le regard des hommes et que le couple hétérosexuel ne soit plus considéré comme l’accomplissement d’une vie…
Vous évoquez également dans ce roman les fake news et la désinformation... Ces fausses nouvelles étaient
endémiques, déjà à l’époque, bien avant les réseaux sociaux, et visaient évidemment à manipuler l’opinion publique.
Quel est votre public ? Depuis que j’ai été identifiée comme féministe, j’ai surtout un lectorat de femmes. Je fais peur aux hommes. Rire.
Cette étiquette vous ennuie-t-elle ? Non. Etre féministe dans notre société, c’est une évidence ! En revanche, je ne suis pas une spécialiste du féminisme. Mon combat, je le mène contre le sexisme. Des éléments du réel et mon vécu me fournissant la matière nécessaire pour alimenter mon combat et mon écriture.
Entre 2012 et 2017, vous avez fait l’objet d’un véritable harcèlement sur internet et sur les réseaux. En décembre dernier, l’auteur a été condamné à 10 mois de prison avec sursis probatoire… Depuis, le prévenu a décidé de faire appel. Le procès aura lieu en 2024. S’il le perd, il a déjà déclaré qu’il irait
en cassation et si nécessaire, devant la Cour européenne des droits de l’homme. Le procès a été cruel et violent. Il constituera peut-être la matière d’un prochain roman.
2023 sera-t-elle une année chargée ? J’assure la promo de mon nouveau roman, une reprise de la pièce « ADN » est prévue au TTO, j’adapte en scénario de long métrage « Cherche l’amour », ma première pièce jouée également au TTO et j’écris une série documentaire sur le quotidien des enseignantes pour la RTBF. Je lis. Beaucoup. Et chaque jour, je promène Caramel, mon chien.
« Le mystère de la femme sans tête »
Extrait : Il y a une femme, enterrée au cimetière d’Ixelles, qui a été décapitée à la hache en 1942. Son nom est russe. Elle était toute petite et avait une grâce de pirate. Les Russes qui s’en souviennent prétendent qu’elle a changé le cours de la guerre. Les Belges, eux, ne disent rien. Ils l’ont oubliée.
Elle l’a dit : Que je rassure le lecteur, lire « Le mystère de la femme sans tête » ne nécessite pas un gros effort de projection dans le passé. Ce n’est absolument pas un récit de guerre, mais un roman moderne.
Editions Seuil
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ARMEL JOB
ou l’appel de l’authenticité
« Le Meurtre du docteur Vanloo » partage avec vos autres romans cette sensation de microcosme, proche de huis clos, mais aussi une combinaison de faux semblants et de cas de conscience. L’intrigue est-elle le prétexte à une plongée au cœur de la nature humaine ? L’intrigue, est la première politesse du romancier pour son lecteur, sa façon de lui éviter l’ennui. Mais elle est aussi l’occasion de découvrir, par l’entremise d’un fait extraordinaire, les réactions des protagonistes. C’est ce qui me passionne. Depuis plus de 20 ans, je m’interroge sur les gens. Qui ils sont, ce qu’ils pensent et ressentent. Et
Ses écrits prolifiques comme ses multiples prix n’ont amené qu’à le rendre d’autant plus humble et curieux. À l’occasion de la sortie de son 23ème roman « Le Meurtre du docteur Vanloo », Armel Job évoque la passion de l’humain qui anime ses mots.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : PHILIPPE MATSAS
BE
| ARMEL JOB
PERFECT
c’est lorsqu’ils sont poussés dans leurs retranchements par une situation dramatique ou exceptionnelle, que les individus se révèlent vraiment.
Vos livres ont pour cadre la Belgique. Est-ce par attachement, notamment à la province du Luxembourg où vous avez grandi et vivez toujours ? Cette démarche m’a toujours semblé naturelle. Pour écrire, je me nourris de ce que je connais et vois autour de moi. Pourquoi dès lors situerais-je mes romans ailleurs ? Et je pense que son décor aide les lecteurs à ressentir d’autant plus de proximité avec les histoires que j’évoque.
Notamment ses villages et ses petites bourgades rurales ? Oui, même si certains de mes ouvrages se sont aussi déroulés à Charleroi ou Liège, le village a l’avantage d’une unité de lieu, d’un cadre réduit, où censément tout le monde se connait. Les relations et les liens, y sont donc extrêmement intenses, chacun ayant un passif avec les autres.
Vos personnages sont d’autant plus attachants de par leur troublante véracité, le sentiment qu’ils pourraient être ce voisin que l’on croiserait au détour d’une rue. Est-il essentiel pour vous de mettre en scène des individus du commun ? Je ne me retrouve pas dans cette forme de littérature bourgeoise qui se détache de la vie pratique pour se concentrer sur les états d’âme. Ce que j’aime, c’est mettre en scène des petites gens, si l’on peut dire, avec un quotidien ancré dans la réalité. C’est un type d’histoires qui m’a toujours attiré. Déjà à 14, 15 ans, j’étais passionné par Maupassant et ses contes. Leur langage me plaisait, tout comme les personnages issus de la Normandie profonde, des paysans, des gens du commun. Cela m’a marqué et certainement influencé.
Vous avez publié votre premier roman, « La Reine des Spagnes » en 1995, à 47 ans, après une carrière de professeur de latin grec puis de directeur. Pensez-vous que ces années d’enseignement habitent également vos écrits ? Certainement. Un professeur de latin et de grec cherche à mettre ses élèves en contact avec les racines de
notre civilisation, de même qu’il essaye de piquer leur curiosité, de les faire réfléchir. Le travail de l’écrivain est au final assez similaire. Il s’agit d’exercer son esprit critique sur le monde qui nous entoure que nous percevons par le prisme des apparences.
En parallèle des romans, vous écrivez également des pièces de théâtre. Les deux exercices vous apportent-ils le même plaisir ? Ce sont des démarches très différentes. Par le biais du théâtre, son rythme, ses dialogues, j’essaye d’introduire avec une touche d’humour et de façon contemporaine, une réflexion sur des questions philosophiques ou théologiques. Par exemple dans « L’évasion de Socrate ». On sait que Socrate ne s’est pas évadé et qu’il a été condamné à mort. Mais aussi qu’il aurait pu fuir. Quelle raison pousse dès lors un homme à rester malgré tout en prison à y attendre son exécution ? Et puis, le théâtre ne s’encombre pas de cette obligation de devoir décrire le banal, là où le héros s’assied, lorsqu’il ouvre une porte… L’on peut se concentrer sur l’essentiel : la conversation.
Quel est le plus beau compliment qu’on ait pu vous faire à propos de vos écrits ? Sans doute cette femme m’ayant remercié, car les personnages de l’un de mes romans l’avaient aidé à vaincre sa dépression. C’est curieux et en même temps très touchant de voir l’attachement que peuvent susciter des êtres pourtant imaginaires. C’est tout l’intérêt du roman, aller au-delà du cas particulier pour rejoindre l’universalité. Et faire résonnance.
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Adeline Dieudonné
« Faire couple ne satisfait pas tout le monde »
Après « La vraie vie » et « Kérozène » qui avaient tous deux bousculé le lecteur, l’auteure bruxelloise Adeline Dieudonné revient avec « Reste », un roman épistolaire qui soulève de nombreuses questions pertinentes voire dérangeantes sur l’amour et la vie en couple. Confidences.
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : CÉLINE NIESZAWER BE PERFECT | ADELINE
DIEUDONNÉ
On a découvert Adeline Dieudonné en 2017 avec son monologue théâtral, « Bonobo Moussaka », qui sera ensuite publié en livre. Mais c’est son premier roman, « La vraie vie », un conte pourtant cruel, qui va la révéler au grand public. Fille du Béwé installée à Bruxelles, Adeline Dieudonné est alors dans tous les médias, dans toutes les librairies, et décroche une rafale de récompenses, dont le Prix Rossel. A la sortie de « Kérozène », deuxième opus tout aussi féroce, on contacte Adeline pour lui proposer un long entretien et la couverture du Be Perfect. Elle accepte. Avec un tel parcours, on ne peut décemment pas lâcher pareille auteure ! Allô Adeline, « Reste », votre nouveau roman, on en parle ?
Une femme quadragénaire et son amant s’offrent un week-end dans une cabane près d’un lac. Le cadre est enchanteur. Mais… Quelle surprise avez-vous réservée aux lecteurs ? Ce couple est illégitime, il est marié, elle ne l’est pas. Comme souvent lors de leurs escapades dans ce chalet au bord de l’eau, il part nager. Mais ce matin-là, il ne la rejoindra pas au petit-déjeuner… Ce matin-là, il meurt. Ainsi démarre le roman.
Et qui dit amour illégitime dit chagrin illégitime … Oui, car si elle appelle les secours, on va lui arracher l’homme qu’elle aime. Une maîtresse n’est pas censée exister aux yeux du monde, donc son chagrin devient en effet difficile, voire impossible à vivre. Alors elle reste avec le corps de son amant, part pour un road-trip dans la montagne et se met à écrire à la femme de son amant décédé.
Pour autant, vous ne jugez pas l’infidélité, vous n’y voyez ni trahison ni bienfait pour réinventer le couple ; non, le sujet du livre est ailleurs : vous interpellez la vie de couple … En effet, je ne porte aucun jugement sur l’infidélité, je ne la condamne pas et je n’en fais pas l’apologie. La narratrice de
« Reste » a un amant car sa vie de couple a été un échec.
Quel regard portez-vous sur la vie de couple ? En 2023, les femmes ne sont toujours pas affranchies des hommes. Certes, une femme peut travailler sans l’accord de son mari et ouvrir un compte en banque, mais les femmes de ma génération - j’ai 40 ans -, doivent toujours vivre en couple pour espérer s’en sortir financièrement. Oui, en Belgique, en 2023, il existe toujours un écart salarial entre les hommes et les femmes. De surcroit, « faire couple » ne satisfait pas tout le monde.
Vous êtes mère de deux enfants, mais vous comprenez les femmes que la maternité ne fait pas rêver. Vous écrivez : ce que j’aimais chez M., « c’est qu’il ne s’est jamais intéressé à mon utérus ». Il y a clairement un asservissement de la femme à travers la maternité et le couple. Devenir mère/ père entraine une dépendance. Et la charge notamment ménagère qui pèse sur la femme reste généralement plus lourde. Vivre sans enfant et ne pas être en couple, oui, c’est une forme de liberté.
« Reste » me semble plus tendre que féroce. Je me trompe ? Vous avez raison. Dans « La vraie vie », la gamine est en colère, il fallait qu’on sente entre les lignes la lutte, la bataille ; dans « Reste » le personnage est plus apaisé et parle d’amour.
Et vous, êtes-vous apaisée ? (Elle réfléchit) J’arrive à un moment de ma vie où j’ai dépassé le stade de la colère. Je ne me sens pas découragée, mais peut-être que le regard que je porte autour de moi est différent, plus tendre. Se battre sert-il encore à quelque chose ? Il y a peut-être, oui, une forme de découragement finalement…
Après « Kérozène », roman mosaïque, « Reste » affiche une narration plus classique… Je considère « Kérozène »
comme un recueil de nouvelles plutôt que comme un roman. « Reste » est donc mon deuxième roman et la narration y est plus classique, continue, dense.
Dans l’écriture, qui dicte sa loi, le mot ou la situation ? Je mets les mots au service des situations, mais je travaille la langue française pour qu’elle rende justice à la situation, au ton du roman, à la voix du personnage…
En fin de roman, vous publiez la bande-son de « Reste », parce que dites-vous « j’ai besoin de musique pour écrire ». On découvre des titres de Dominique A, Nick Cave, Leonard Cohen, Cat Power, autant de chansons qui vous ont accompagnée à mesure que la narration émergeait… Ces chansons m’ont aidée à passer de l’autre côté, dans l’univers imaginaire du roman, car l’atmosphère qu’elles dégagent correspond parfaitement à l’univers du roman. Certaines chansons apparaissent même dans le récit. J’espère qu’elles accompagneront le lecteur …
Vous remerciez Thomas Gunzig, lui qui vous a incitée à écrire. Vous lui avez fait lire votre roman. Est-ce réciproque ? Oui ! C’est une magnifique complicité qui nous lie. C’est un privilège de pouvoir partager son travail avec un autre romancier.
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ALIA CARDYN Porteuse d’essentiel
Avec ce sixième roman, baptisé “Le Monde que l’on porte”, Alia Cardyn explore la notion d’héritage et les racines de la transmission, dans ce qu’ils ont d’intime autant que d’universel. Et, avec sa sensibilité et sa justesse coutumière, évoque le lien vital à l’enfance.
Votre nouveau livre “Le Monde que l’on porte” est une ode aux femmes. D’où est venu ce désir ? Je voulais évoquer deux destins de femmes qui ne sont pas tout à fait à leur place sur leur chemin de vie et qui dès lors sont poussées physiquement vers un ailleurs. Et en parallèle, je rêvais de créer un clan de femmes, porté par la sororité et la transmission, dans un univers où se mêleraient spiritualité ambiante, traditions et légendes. J‘aurais aimé vivre à une époque où il y avait plus de tribus. Nous sommes des êtres profondément sociaux, qui se construisent autour de l’énergie de leurs interactions. J’ai donc imaginé un clan fort de son authenticité, de son intimité mais aussi de son climat de fête. Une atmosphère que j’avais envie de ressentir et de me raconter.
On y rencontre deux héroïnes. L’une, Ella, est enseignante, l’autre, Rose, sage-femme. Si vous aviez déjà abordé l’école en toile de fond de votre roman “Archie”, pourquoi avoir voulu évoquer
la venue au monde d’un enfant ?
En plaçant Rose au sein de ce clan de femmes, faire d’elle une accoucheuse, s’est imposé à moi comme une évidence. Quant à l’école, c’est le fondement de notre société et l’on investit si peu en elle. Ces deux histoires se révélaient des miroirs l’une de l’autre, abordant l’égalité et surtout son absence. Lors d’un accouchement, c’est le médecin qui sait, du fait des enjeux, de l’obligation d’aller vite et du manque d’équipes et la femme doit s’y plier. Il en va de même à l’école où le professeur affirme et les élèves ont l’obligation d’écouter, de se soumettre au programme et à la discipline.
Vous ressentiez le besoin de continuer de questionner le système scolaire, ce qu’il peut avoir de normatif ou au contraire de porteur et d’inspirant ? J’estimais ne pas avoir eu l’occasion d’en dire assez. Je me rends chaque semaine dans des écoles, pour y parler de mes romans jeunesse. Cette année, j’ai vu 1000 enfants et je nourris une admiration sans bornes pour les
enseignants, obligés de composer trop souvent avec une matière rigide et des classes en surnombre. Tout comme j’ai rencontré des enfants qui sont de véritables pépites qui s’ignorent, qui affrontent des difficultés avec la matière et qu’on ne sait pas aider correctement, par manque de temps et de moyens. Dans ce livre, j’évoque l’école démocratique, non pas car selon moi elle est la seule valable, mais car elle était symbolique et permettait d’interroger sur l’essentiel : l’amour de l’apprentissage et l’importance de surfer sur ce désir d’enfant de connaitre le monde, qui est tellement présent et qu’on met de côté dans l’enseignement classique.
Quelle est l’énergie, l’émotion commune à tous vos récits ? Le premier mot qui me vient c’est liberté. Mais aussi égalité, même si c’est intrinsèquement lié. Si l’on est égaux, on est aussi plus libres. La lumière et le renouveau également. J’aborde des thèmes durs, mais avec la volonté d’y ajouter une dimension résiliente et lumineuse.
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : MATHIEU GÉNON
BE PERFECT | ALIA CARDYN
Les deux histoires de votre roman se mêlent justement aussi autour de ces chutes qui changent l’existence, sont porteuses de renaissance, de reconnexion au monde et à soi-même. Sontelles, selon vous, en quelque sorte un cadeau que la vie met sur notre chemin ? L’on vit dans une société qui ne laisse pas toujours suffisamment de part à l’acceptation, notamment des émotions. Où l’on subit de nombreuses injonctions, comme celles de se réinventer, de considérer une chute comme l’occasion d’être plus fort. Mais tomber, c’est d’abord s’écrouler, simplement, en devant apprendre à accepter là où l’on est. Je suis convaincue que, plus que
les épreuves qu’on traverse, la véritable chance est de voir se révéler les ressources que l’on porte à l’intérieur de soi.
Qu’abordera votre prochain livre ?
En octobre sortira chez Actes Sud un nouvel album jeunesse. Un roman jeunesse arrivera également en 2024, avec déjà une suite prévue. Écrire pour les enfants est tellement joyeux. Ce sont des formats courts, dans lesquels je peux insuffler sans limites humour et fantaisie. C’est une autre forme d’originalité, hyper créative et il est magique de voir ses écrits prendre vie en images grâce aux illustrations qui y sont apposées.
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L’élégante plume d’ ODILE D’OULTREMONT
Tuer accidentellement une personne sans pour autant être jugé coupable. Odile d’Oultremont interpelle le lecteur dans « Une légère victoire », roman d’un style exquis sur la rédemption et l’accomplissement de soi. Rencontre avec une autrice magnifique, dans tous les sens du terme.
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D’OULTREMONT
MOTS : ARIANE DUFOURNY PHOTO : CHARLOTTE KREBS
PERFECT
ODILE
Comment est née l’idée d’« Une légère victoire » ? J’avais envie de raconter l’histoire d’une personne qui tue une autre accidentellement sans qu’aucune « punition » pénale ne soit retenue à son encontre. En apprenant que c’était arrivé à mon père lorsqu’il était très jeune, la thématique m’a semblé intéressante. D’autre part, mon premier roman « Les Déraisons » a été sélectionné pour une rencontre en milieu pénitentiaire. Cette séance de lecture et l’atelier d’écriture avec des prisonniers de longues peines m’ont profondément bouleversée, au point de vouloir écrire sur l’univers carcéral.
« C’est ahurissant à quel point une phrase, une seule, constituée des mêmes mots, en tous points pareils, a suffi à rendre à Nour son monde entier et à faire éclore en Ponthus les prémices d’une vérité dont aucun parent ne voudrait. » … La culpabilité de cette femme est libérée par les mots du père de la « victime », alors que les mêmes mots répétés par sa famille et ses amis n’ont pu l’extraire de sa souffrance, un espace où elle est prisonnière. Un parallèle avec cet homme, prisonnier dans sa culpabilité d’avoir tué plusieurs personnes. Sa prison, par extension, est proprement physique.
En somme, une histoire de rédemption et d’accomplissement de soi ?
On est libéré par les autres, dans une certaine mesure et à un certain point, de la culpabilité qu’on s’impose à soi-même. La réparation se fait de soi à soi.
A sa façon, ce nouveau roman exploret-il l’histoire de plusieurs renaissances comme vous l’aviez abordé différemment dans vos précédents romans ? Oui, avec le recul, la renaissance et l’accomplissement de soi, sont des thèmes qui m’inspirent.
Lors de la sortie de votre précédent roman « Baïkonour », vous avez
déclaré « Je suis fascinée par les individus ordinaires ». Est-ce votre moteur pour écrire ? Je suis très inspirée par la normalité qui par essence se démultiplie. J’aime fouiller chez mes personnages autre chose que ce qu’on attend d’eux.
Il y a pléthore d’écrivains mais peu avec une telle plume. Quel est votre secret ? La musique de l’écriture, expression assez rébarbative, m’est très importante. (Rire). Ça m’intéresse, m’amuse et ça me prend en moi. (Émotion). J’essaye d’y mettre de l’âme.
Pas de recette magique. Même pas une petite confidence ? Quand je regarde mon parcours, ce que j’écrivais il y a 20 ans et que je vois ce que j’écris aujourd’hui, il y a un lien avec la réinvention de soi-même. J’arrive toujours au même constat que j’essaye de transmettre à mes enfants : ce qui apparait avant de le vivre comme quelque chose d’infranchissable ou qui peut nous affaiblir, nous blesser terriblement ou nous détruire en partie, ne se passe pas comme un phantasme négatif de ce qu’on va vivre. Après coup, j’en ai retiré une force incroyable. De même, pour l’écriture où je me suis autorisée une liberté que je n’aurais pas osée auparavant.
Vous appartenez à une grande famille de la noblesse belge qui existait avant la naissance de la Belgique. Qu’est-ce qu’on vous y a appris ? La tolérance, l’ouverture d’esprit. J’ai une grande chance d’être née dans une famille où la curiosité intellectuelle était de mise.
Et l’écriture ? C’est le fil rouge de ma vie dès mon enfance. J’inondais mes parents et grands-parents de poésie rédigée sur des petits papiers.
Votre nom a souvent été associé à celui de Stéphane De Groodt, qu’on adore. Avec une telle plume, peut-on s’attendre à lire prochainement : « Qui
est l’ex-mari d’Odile d’Oultremont ? ». Ça m’amuse car ce n’est pas la première fois qu’on me pose la question depuis la sortie de mon troisième roman. J’aime beaucoup Stéphane, je n’ai aucune revanche à prendre. Par contre, j’en ai une en tant que scénariste où je n’ai pas été prise au sérieux parce que je suis blonde aux yeux bleus. Je suis contente d’avoir été tenace !
Vous dédicacez votre roman « A mes filles et leurs courages ». Ça a piqué notre curiosité, pouvez-vous nous en dire davantage ? En tant que femme et maman, je me rends compte que nous sommes encore dans des schémas complètement inconscients, même si ces dernières années, ça va mieux, à bien des égards. Il faut beaucoup de cran pour être une femme « libre » aujourd’hui. Mes filles ont du courage, bien plus que si elles étaient des garçons.
Peut-on espérer une adaptation cinématographique de vos romans ?
Je viens de terminer le scénario de « Baïkonour » qui sera produit par Versus Production. Jacques-Henri Bronckart est notamment le producteur de « Nobody has to know » de Bouli Lanners et co-producteur de « La Nuit du 12 » et de « Close » de Lukas Dhont.
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Pascale Seys
Philosophe et conteuse
BE PERFECT | PASCALE
SEYS
Tisser des ponts subtils entre Histoire et présent comme entre références et questionnements. Si le dernier ouvrage de Pascale Seys, philosophe et professeure, évoque l’importance du lien fondateur qui unit la mythologie à nos existences, son œuvre tout entière rayonne d’un équilibre délicat entre humanisme et poésie.
Dans votre nouveau livre, Le Complexe du Sphynx, en écho de vos chroniques les Mythes de l’Actu, présentées jusque fin 2022 sur Musiq3, vous abordez la genèse d’expressions usuelles et de personnages mythologiques qui résonnent toujours dans notre vocabulaire. À quel point, selon vous, les mythes imprègnent-ils encore nos existences modernes et ce monde centré sur la rationalité ? À une époque où il est bon d’être hyper performant et de s’autodéterminer, nous avons tendance à oublier que nous n’avons choisi ni cet univers ni même la langue que nous parlons. L’intérêt du mythe, par rapport à la rationalité, c’est son appel à l’imaginaire. Un imaginaire qui nous permet non plus subir ce monde, mais de développer une capacité d’invention. Les comportements n’y sont pas rationnels mais soumis au destin. Le héros traverse des épreuves initiatiques et gagne en connaissance de lui-même. Les Grecs étaient convaincus que la seule façon d’acquérir l’immortalité réservée aux dieux est de marquer l’histoire par actes valeureux. C’est encore ce qui alimente nos récits contemporains comme le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter. La part de nous qui aspire à accomplir de grandes choses se nourrit de fictionnel, l’amenant ainsi à une part de véracité. »
Sont-ils également une manière de relativiser le contexte actuel de nos vies, de le replacer dans une Histoire au sens large ? Et d’y puiser des clés pour nos lendemains et les défis auxquels l’humanité fait face, notamment écologiques ? Certainement.
Nous vivons une ère fatiguée d’utiliser la première personne du singulier en permanence. Les mythes eux, parlent de ce qui fait un monde commun, relie les êtres. Leur analogie aujourd’hui, c’est peut-être l’écologie. Régénérer notre rapport au vivant. La nature est une force supérieure possédant ses propres lois. L’enjeu c’est le fairemonde. Ce qui fait monde. Et pour cela, il faut un récit commun. La mythologie, c’est toujours la tentation du désordre et de l’effondrement et la volonté du rétablissement d’un ordre cosmique. Trouver la sagesse, le point d’équilibre entre les extrêmes. Les Grecs condamnaient le principe de démesure, qu’ils appelaient « ubris ». Se prendre pour un dieu, de ne pas connaitre la limite et en être puni. Mais avec en parallèle cette racine commune entre le mot humain et humilité qu’est le terme « humus », qui signifie trouver sa juste place.
Vous avez écrit La poésie comme mode d’emploi du monde, questionnant sur la possibilité pour celle-ci de faire de nous des êtres meilleurs. Partage-t-elle ce dessein avec la mythologie ? Tout à fait. La mythologie est une vision poétique de l’existence, nous obligeant à nous questionner. Or rester dans un lieu de tous les possibles, c’est rendre droit à quelque chose que la rationalité a tué, à savoir la confrontation à nombre d’énigmes. Et tant mieux ! Je trouve ça plutôt enthousiasmant. Peut-être que la beauté c’est ça. Savoir qu’il y a un horizon ouvert, non établi, non maitrisé.
Vous êtes docteur en philosophie et enseignez celle-ci. Cette notion de
transmission est-elle essentielle pour vous, également par le biais de vos livres ? C’est peut-être simplement cela vivre. Exister, transmettre, se reproduire. On a des enfants, on écrit des livres, on se parle. Toute prise de parole est une transmission. Et nous sommes les uns pour les autres, des courroies de transmission permanentes. Le philosophe espère que la transmission infuse toujours d’une part de vérité. Pas la vérité absolue, mais en s’accompagnant de la possibilité de douter, de faillir, d’hésiter.
Vous avez récemment été nommée Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française. Est-ce un aboutissement ? Plutôt une responsabilité. L’impression, d’une certaine façon de devoir en répondre. Or, un philosophe comme un artiste fait une proposition. Avec l’idée de ramener les choses à leur source et à ces questions qui restent en suspens. Et ce qui est propice à la question c’est d’accepter de se laisser surprendre et féconder par tout ce qui nous entoure.
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MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : JY LIMET
Fanny Ruwet se livre avec sensibilité
D’elle, on connaissait son franc-parler délicieusement mordant, baladé dans des chroniques et spectacles au ton décalé. C’est aujourd’hui loin des sentiers du stand-up que l’on retrouve Fanny Ruwet, avec un premier roman baptisé « Bien sûr que les poissons ont froid », entre tendresse et nostalgie.
Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas de l’écriture d’un livre ? Étant une grande lectrice depuis l’enfance, j’ai longtemps mis la littérature sur un piédestal. Je ne pensais pas être capable d’écrire un livre mais en parallèle l’idée me plaisait, la possibilité de prendre mon temps. Dans mes chroniques comme dans mes spectacles, je dois être brève, aller à l’essentiel, faire rire. En stand-up, il faut une chute qui permette de minimiser l’impact négatif. La règle de base est que le problème évoqué ait l’air d’avoir été réglé, pour que le public n’ait pas le sentiment que l’on est victime de l’histoire. Le roman n’était pas soumis aux mêmes obligations. Il me donnait la permission de ne pas être drôle ou du moins pas forcément.
L’évocation des doutes et émois de l’adolescence, entre bienveillance et malice, est partie intégrante de votre ouvrage. Quelle adolescente étiezvous ? J’étais assez proche d’Allie,
la narratrice de mon livre. Je ne me sentais à ma place nulle part. L’école ne m’intéressait pas. C’était très long. Réaliser à 18 ans que le lycée n’était pas la vraie vie, pas une fin en soi, a été un énorme soulagement.
On retrouve au fil des pages votre humour, tout à la fois piquant et confondant de spontanéité. Y compris lors de l’évocation de la peine, du deuil, de la séparation. Une part de résilience, de protection face au monde ? C’est comme cela que je fonctionne et mon personnage a repris mes tics, mes manières. Je cultive une forme d’humour du désespoir. C’est un bouclier, une manière de prétendre que vu que j’en ris, c’est que cela ne m’atteint pas vraiment.
Tout comme votre personnage, Allie, vous est-il plus facile de vous confier par écrit ? J’écris très peu à mes proches mais je me cache beaucoup
derrière la fiction. Le livre contient énormément d’anecdotes, de souvenirs, de ressentis personnels, dont je n’ai jamais parlé à mon entourage. Il offre cette frontière floue, l’incertitude de ce qui est réellement autobiographique ou pas. Et de pouvoir se retrancher derrière si l’on ne souhaite pas se mettre véritablement à nu.
Qu’était-il essentiel pour vous de transmettre avec « Bien sûr que les poissons ont froid ? » Au début de l’écriture, j’avais noté cinq questions qu’il me tenait à cœur d’explorer. Le roman aide-t-il à se sentir moins seul ? J’avais cette volonté que ceux qui se ressentent étranges, différents, réalisent qu’une multitude d’autres vivent la même chose. Apporte-t-il de l’espoir ? Est-il drôle ? Amène-til à réfléchir autrement ? Je pense en tout cas qu’il fait résonnance. Et ai-je bien enlevé toutes les postures involontaires ? J’en ai beaucoup dans
MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : CÉLINE NIESZAWER
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le stand-up, et j’avais peur malgré moi, de me retrancher derrière celles-ci. Lorsque j’ai commencé les spectacles, je me donnais le rôle d’une fille très froide, insensible. Je désirais retirer tout cela du livre, pour laisser pleinement place à la nuance.
Le roman évoque la difficulté d’oser aimer les filles, alors que l’on découvre à peine l’amour. Thème déjà évoqué dans votre podcast « Bisexualités », sorti en 2019. Était-il essentiel pour vous d’en parler en filigrane ? En l’occurrence cela faisait sens avec l’histoire. Globalement, cela revient très souvent dans mon travail car j’ai du mal à imaginer la vie autrement qu’en étant parfois attiré par des garçons et parfois par des filles. J’en parlerai d’ailleurs à nouveau dans mon premier court métrage, « Bingo » qui sortira dans les prochains mois. L’histoire d’une fille amoureuse d’une autre, qui elle est hétéro. Et dès lors aux prises avec le doute quant à lui avouer ses sentiments ou non. Fille, garçon, il s’agit tout simplement d’évoquer l’amour, sans que cela nécessite un débat.
Avec quel bagage aimeriez-vous que les lecteurs ressortent de la lecture de votre livre ? J’aimerais qu’ils l’achèvent en se sentant moins seuls. Qu’ils aient l’envie de conserver la narratrice avec eux. C’est ce que j’ai ressenti moi-même avec « L’Attrape-cœurs » de Salinger. Des années plus tard, je pense encore souvent à son héros, Holden Caulfield, avec l’impression qu’il est à mes côtés. C’est toute la magie de la littérature.
FANNY RUWET
Bien sûr que les poissons ont froid
Emilien Vekemans On le voit partout !
En travaillant sans relâche, il est sur tous les fronts. Sur Netflix, au théâtre et au sein du Canine Collectif créé par ses potes comédiens de l’IAD pour raconter des histoires. Trentenaire passionné, le Belge Emilien Vekemans mène bien sa barque.
Pour les lecteurs qui ne vous connaitraient pas encore, qui est Emilien Vekemans ? Comédien, j’ai 32 ans, suis né à Bruxelles et j’ai en poche un diplôme de l’IAD à Louvain-la-Neuve, en interprétation dramatique. Je bosse entre Bruxelles, Paris et Londres. Je fais également partie du Canine Collectif avec 10 autres potes. 11 têtes issues de la même promo qui ont décidé de travailler ensemble et de raconter des histoires.
Parmi ces histoires, on retient la série « La théorie du Y » sur la pansexualité et la web-série « Typique » diffusée en 2012 qui raconte la vie d’un jeune étudiant et de sa bande de potes … Oui, dans cette dernière, j’interprète Max, un doux rêveur. La série a remporté pas mal de prix, ce qui constitue un beau tremplin pour tous ceux qui y ont collaboré …
Chaque membre du Canine Collectif a évidemment le droit de s’investir ailleurs. Aussi vous retrouve-t-on en 2022 à l’affiche de la série « The Bastard Son & The Devil Himself » basée sur la trilogie « Half Bad » de l’auteure britannique de fantasy, Sally Green. La première saison est à voir sur Netflix. C’était une chouette aventure. Sally Green est très populaire en Angleterre, l’écriture de Joe Barton qui joue sur l’émotion et l’humour fait
mouche, le personnage espiègle de Gabriel me convenait bien et j’adore le fantastique, un genre auquel j’adhère tout de suite. L’intrusion du surnaturel dans un cadre réaliste offre beaucoup de liberté à l’acteur. C’est un fan d’ «Harry Potter» et du « Seigneur des anneaux » qui vous parle. Rire.
Une suite en cours de préparation ? Malheureusement non, Netflix n’ayant pas souhaité une deuxième saison.
En 2023, on vous retrouve sur les planches. Avec la reprise de « Régis » au Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve, en avril. La genèse de cette pièce, c’est toute une histoire. Avec les 10 potes du Canine Collectif, nous nous sommes pointés à l’improviste chez quelqu’un que l’on ne connaissait pas, une soirée entière. On a tout filmé, créé une performance vidéo qui a servi de matériau pour écrire la pièce. L’idée étant de mettre en scène un individu seul face à un groupe, ainsi que onze individus face à eux-mêmes. Cette pièce, édifiante, a trouvé une belle résonance auprès des ados. En avril toujours, je joue à nouveau dans « Kill Fiction », au Théâtre Jardin Passion à Namur, une parodie délirante des codes du cinéma américain écrite et mise en scène par un membre du Canine Collectif. C’est une comédie d’action au théâtre, du Quentin Tarantino sur les planches !
En 2020, la RTBF s’est engagée à développer la série « Dopamine », la suite de « Typique », avec les mêmes comédiens dont vous, avant de se retirer du projet … Comment vit-on sa vie d’artiste en Fédération WallonieBruxelles ? Ce n’est pas facile ! Chaque projet nécessite beaucoup de paperasserie pour espérer une aide financière pour notamment couvrir l’écriture du scénario et le tournage d’un pilote. C’est fatigant. Quand on est artiste, on a envie de créer, de jouer. Mais avant, il faut convaincre à travers des dossiers chronophages, pour la constitution desquels nous n’avons pas été formés. La passion ne suffit pas. Des projets sont désamorcés avant d’être lancés, faute de financement. Ce qui engendre pas mal de frustrations…
Etes-vous un hyper actif ? Je suis d’un tempérament calme, passionné, et proactif plutôt qu’hyperactif… J’ai un agent à Paris et je viens de signer avec un agent en Angleterre il y a un mois. Une nouvelle corde à mon arc.
Que fait Emilien quand il ne travaille pas ? J’ai une vie normale. J’ai aménagé avec ma copine à Forest, je vois des amis, je me balade et je fais mes courses dans les magasins bio. On est ce que l’on mange.
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MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : ANTHONY DEHEZ MAKE UP ARTIST : AVA CORBIN AVEC BOY DE CHANEL
Barbara Abel
sublime les ténèbres
Il est des livres qui nous transportent, vers des ailleurs lointains ou aux confins de nous-mêmes. Tout comme il est des auteurs qui captent les peurs primales et les dérives humaines, avec une justesse à part. C’est le cas de Barbara Abel, qui au fil de ses romans comme sous sa nouvelle casquette de scénariste télévisuelle, raconte avec magnétisme, les êtres au bord de l’abîme.
L’on vous surnomme « la Reine du Polar belge », un titre acquis au fil de l’écriture de 14 thrillers aussi palpitants que percutants. Qu’est-ce qui vous attire irrémédiablement vers ces intrigues psychologiques ? Le thriller domestique est un rappel de ce plaisir enfantin de se faire peur. Comme lorsque petit, on se poussait jusqu’à l’excitation du frisson. J’écris aussi les histoires que j’aimerais qu’on me raconte. Celles de personnes ordinaires, avec lesquelles d’emblée peut se créer une forme d’identification, plutôt que de super flics ou de héros surpuissants. Et dont une part du contexte fait écho à ce que je vis alors. Mon premier livre “L’instinct Maternel”, avait pour héroïne une femme enceinte, tandis que je l’étais moi-même. Les années passant, les enfants des familles que j’évoque ont grandi, jusqu’à devenir des adolescents.
Vos personnages sont souvent abîmés, torturés, parfois vénéneux, comme dans “Les Fêlures”, votre dernier roman. Fréquemment étouffés par un environnement familial toxique. Pourquoi ces thèmes trouvent-ils résonnance en vous ? La famille est un microcosme dans lequel chaque émotion est exacerbée, devient explosive. Ce qui touche
aux liens du sang est d’emblée viscéral. Et ces situations se passent d’explications car tout le monde les comprend. Quant à mes personnages, mon but est d’amener le lecteur à s’imaginer pouvoir basculer comme eux vers l’obscurité, pour peu d’être mis face à la même réalité.
Deux de vos ouvrages ont été adaptés à l’écran. “Un bel âge pour mourir”, via un téléfilm baptisé “Miroir, mon beau miroir”. Et “Derrière la haine”, pour le cinéma cette fois, avec “Duelles”. Est-ce un défi que de voir quelqu’un d’autre s’approprier ses personnages ? Lorsque j’achève un livre, je le lâche étrangement avec assez de facilité et ne ressens pas d’inquiétude à le voir adapté. Mon roman est déjà là, tangible, personne ne peut le modifier, le magnifier ou l’abimer. Et le fait d’avoir adoré aussi bien le téléfilm de Serge Meynard que le long-métrage d’Olivier Masset-Depasse, m’amène au contraire à ressentir une grande fierté.
Une adaptation américaine de “Derrière la Haine” baptisée “Mother’s Instinct”, arrivera également cet été sur nos écrans. Avez-vous pu vous rendre sur le tournage ? Oui, pour les trois adaptations. Se retrouver entourée de tous
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MOTS : BARBARA WESOLY PHOTO : MELANIA AVANZATO
ces techniciens, acteurs, figurants, dans ces décors immenses, et me dire qu’ils sont là parce qu’un jour j’ai imaginé une histoire, toute seule chez moi, c’est fort. Mais quand en plus il s’agit de Jessica Chastain et Anne Hathaway, c’est surréaliste !
Vous avez également co-écrit la série “Attraction”, “Prix de la meilleure fiction francophone étrangère au festival de la fiction à La Rochelle” qui sera diffusée ce printemps avec la scénariste française Sophia Perié. Cette écriture à quatre mains était-elle complexe ? Je ne devais au départ qu’écrire un concept de projet, mais il a été accepté par la RTBF et Catherine Burniaux de De Mensen m’a proposé de m’occuper du scénario. Mais ce n’est pas mon métier, je n’en connais pas les impératifs et codes. Elle m’a donc adjoint Sophia Perié qui elle est scénariste et incroyablement douée pour la structure et la narration. Je ne me verrais travailler avec personne d’autre. Il ne s’agissait pas que de développer un script. Nous avons aussi passé des heures à parler de nous, de nos influences, de ce qui nous touche. Il faut une vraie osmose et Sophia et moi formons un parfait tandem. Cela a été une aventure extraordinaire et l’est toujours puisque nous travaillons actuellement sur la saison deux !
L’écriture scénaristique vous porte-t-elle autant que celle d’un roman ? Ce sont deux processus totalement différents, aussi bien dans la rédaction que dans l’émotion qu’ils procurent. L’écriture scénaristique en duo est plus légère, ludique. Sophia dirige parfois les personnages vers lieux que je n’aurais pas imaginés et vice versa. C’est un échange d’arguments, un débat. Je me permettrais des audaces dans un livre qui ne sont pas forcément envisageables pour ce type de format. Et puis dans un scénario, il ne s’agit pas de nuances de style, mais de raconter les faits, de manière brute. Lorsque je conçois un roman, je n’ai pas non plus la contrainte d’une équipe de production à consulter. Mais ce luxe d’être seul maitre à bord, signifie aussi affronter les blocages en solitaire. Je pratique au final les deux exercices simultanément. La rédaction de la saison 1 nous a pris trois ans, et il était inconcevable de ne pas écrire de roman durant un aussi long laps de temps. Nous avons entamé la saison 2 il y a un an, et je suis en parallèle en pleine création d’un nouveau roman.
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Attraction, à découvrir sur la RTBF à partir d’avril et en mai sur TF1.
KID NOIZE
Avec la sortie synchrone de « Nowera », 3e album d’électro-pop, et « L’héritage de Nowera », 3e tome de la BD dont il est co-auteur et protagoniste, Kid Noize boucle un projet artistique ambitieux et atypique. Confidences d’un artiste pluridisciplinaire à la fois musicien, DJ, producteur et personnage d’un monde parallèle.
Quel est le projet artistique derrière l’homme ? Je suis graphiste de formation et musicien par passion. Le projet « Nowera » m’a permis d’allier les deux. J’ai créé un véritable univers, musical évidemment mais aussi graphique et visuel. Un véritable concept… Oui, j’ai toujours été en admiration devant Kraftwerk, Daft Punk ou Gorillaz, l’ambitieux projet de Damon Albarn, génie créatif.
C’est où Nowera ? C’est nulle part et maintenant, dans un monde parallèle. A travers la musique et la BD, j’invite mon public à rejoindre ce monde de rêve qui devient un rêve réel. Le rêve nous transporte loin…
Décodez-moi ce « rêve réel »… Il fait référence à ce travail que nous accomplissons tout au long de notre vie pour accomplir nos rêves d’enfant.
Quelle symbolique se cache derrière la tête de singe ? Ce n’est pas un singe mais un homme-singe qui pose la question de nos racines. D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Plus cette question ultime : que faisons-nous sur Terre ? « Nowera » apporte une réponse : nous sommes ici pour réaliser nos rêves …
Vous êtes né dans les années 80 ; avez-vous l’impression en 2023 d’avoir exaucé vos rêves de môme ? (Il réfléchit longuement). Oui. Avec l’âge, je ressens une forme d’apaisement. Ca fait dix ans que je bosse jour et nuit sur le projet « Nowera », j’ai réussi à sortir trois albums/CD et trois BD. Ce sentiment d’accomplissement me rend heureux.
Ê tes-vous un doux rêveur ou un super business man ? (Rire). Un super rêveur. Mais j’adore faire du business, car la ©
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PERFECT
NOIZE
MOTS : SERVANE CALMANT
« Ce sentiment d’accomplissement me rend heureux »
Guillaume Kayacan
notion d’échange en est le moteur. L’échange pour élever le produit, les idées, la conscience.
Si vous refermez la trilogie, doit-on comprendre que Kid Noize va nous concocter un autre univers ? Je préfère dire que la trilogie est complète plutôt que bouclée. Il m’a fallu deux ans pour venir à bout de chaque album, un nouveau projet BD s’inscrira donc, disons, dans le futur…
Dans le 1e tome de la BD, Kid Noize se déplace dans la Vieille Ville. C’est Charleroi, lieu avec lequel vous, le Bruxellois d’origine, vous entretenez un lien affectif particulier… J’ai toujours eu de l’affection pour les outsiders ! J’ai vu Charleroi comme un nouveau Berlin, mais il faudra encore longtemps pour que ce soit le cas … Reste que la ville s’est complètement approprié Kid Noize et que le lien qui
m’unit à Dupuis, mon éditeur BD, a renforcé cette envie de faire un clin d’œil à Charleroi dans le tome I.
En 2019, vous débarquez dans l’univers de la BD jeunesse où vous cosignez le scénario avec le Carolorégien Lapuss, dessin et couleurs d’Octoto. Comment s’est déroulée votre intronisation dans cet univers ? Un travail de longue haleine. Je pensais naïvement que la musique et la BD formaient un même monde, celui de la création. Non, c’est un monde à part. Ma rencontre avec Dupuis a précipité l’aventure. Le projet BD fait complètement écho à mon projet musical, à l’instar des clips et des concerts où Kid Noize prend vie sur scène. Tous ces ingrédients donnent corps au projet.
Parlons musique, trois albums en dix ans. De la pop dansante taillée pour les radios et de l’electro dance à
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destination des festivals et des clubs, avec des voix féminines en sus. La signature Kid Noize ? Mon premier album était riche en voix de femmes. Je les avais délaissées pour le 2e album, histoire de ne pas me répéter. « Nowera » signe leur grand retour avec des singles 100% voix féminines en effet…
Comment est-ce chez vous, dans votre maison ? Est-ce peuplé de super héros ? Je vais vous envoyer une vidéo ! Dans mon bureau, je suis entouré de tous mes jouets qui font en effet partie intégrante de mon univers.
Un univers rétro eighties … Oui, mais je ne suis pas du tout passéiste ni nostalgique. Je me rends juste compte que l’on vit dans les rêves des années 80. Ce monde hyper connecté, ce règne de la technologie, nos montres qui nous parlent, notre quotidien en 2023 était le sujet des films d’anticipation d’alors…
Vous nous avez préparé un nouveau show. A quoi doit-on s’attendre ? À beaucoup d’énergie et, en salle, à un max de vidéos, ainsi qu’à la projection en 3D de douze images issues de l’univers de la BD « Nowera ». Je compte bien faire voyager mon public dans ce monde parallèle.
Où peut-on vous voir ce printemps et cet été ? Dès le 7 avril au Reflektor, puis à l’Inc’rock, au Feel Good Festival, au Ronquières Festival, à Scène sur Sambre, etc. Et en octobre, à la salle de La Madeleine à Bruxelles.
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©
CD « Nowera », Universal Music Group. BD, « L’héritage de Nowera », 3 tomes, Editions Dupuis.
www.kidnoize.com
Gaetan Caputo
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RORI
« Je suis contente de n’avoir rien lâché »
« Docteur », tube pop dansant de l’année 2022, Rori l’a inclus dans « Ma saison en enfer », premier EP bien plus réjouissant que son titre ne le présage. Rencontre avec une artiste discrète à la ville, qui a trouvé les bons codes pour prendre sa place sur les ondes et dans les cœurs.
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : ANTHONY DEHEZ COIFFEUR ET MAKE-UP ARTIST : LUC DEPIERREUX
Nous accueillons Rori au Mirano, notre QG dans les années 80. Après un relooking complet, la célèbre discothèque a rouvert en 2019, sous la direction de la société Art Blanc de Jérôme et Jonathan Blanchart. Oups, l’instant nostalgie quand on aperçoit la célèbre piste de danse tournante… L’âme des lieux n’a guère changé : les anciens gradins de cinéma ont été conservés et sur les murs, le plâtre a été remplacé par des lambris de bois, « comme en 1934 », nous dit-on. Nous n’étions pas née. Rori, 25 ans, non plus.
Rori, nous vous accueillons pour une séance photo au Mirano. Connaissez-vous cette mythique boite de nuit bruxelloise ? Non, désolée. Je viens de la région liégeoise, mais je suis installée à Bruxelles depuis cinq ans, je pourrais donc connaître le Mirano, sauf que je n’aime pas sortir.
Vous n’êtes donc pas un oiseau de nuit ? Au risque de vous
surprendre, non, pas du tout ! Je ne bois pas, je ne fume pas, j’aime être chez moi et la solitude ne me fait pas peur.
Une Liégeoise qui a quitté le bord de Meuse, ça existe ? Je ne suis pas attachée à un lieu. En revanche, j’aime beaucoup la Belgique, mon pays, pour son ouverture d’esprit.
Rori ou Camille pour l’état civil… Camille, c’est mon véritable prénom. En tant que nom de scène, il était déjà pris. Alors j’ai choisi Rori, qui me plait tout simplement. Je ne peux même pas rattacher ce choix à une belle histoire que j’aurais aimé vous raconter… Rire.
Rembobinons la cassette de votre vie. A 16 ans, vous chantez au sein du groupe huttois « Beffroi ». Votre comparse Valentin, 20 ans, décède, vaincu par la maladie. Comment êtes-vous arrivée à surmonter cette épreuve ? Seul le
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temps permet d’adoucir la douleur. La musique a également servi de thérapie. Je tenais à poursuivre l’aventure musicale qui avait été la nôtre, mais d’une autre manière.
D’un duo, vous avez bifurqué vers un projet musical solo où désormais vous chantez en français… Ma mère écoutait Depeche Mode et The Cure ; mon père, Nile Rodgers & Chic. J’ai bien profité de leur éclectisme musical, mais je n’ai vraiment pas été biberonnée à la chanson française. En revanche, la nouvelle génération qui aborde la chanson française à travers un prisme pop/rock, m’a incitée à chanter dans ma langue. Sur le plan purement musical, je voulais m’affranchir de « Beffroi », grandir, explorer un autre genre, notamment la pop énergique et dansante que j’envoie aujourd’hui.
Vous n’aimez pas sortir ; en revanche, vous appréciez la scène… Oui, le live, c’est le moment où ma musique prend vie. C’est un grand instant de partage. Ma timidité s’efface, j’arrive à tout donner, boostée par l’énergie de la scène.
Sur scène où vous devenez un groupe… Ce premier EP est le fruit d’une collaboration avec Hadrien Lavogez, également mon producteur, qui me rejoint sur scène comme guitariste. La présence d’un batteur renforce encore l’énergie qui se dégage du set. En live, Rori est plus organique, les arrangements différents et le son plus rock.
Dans « Docteur », véritable tube de l’ année 2022, vous ne cachez pas votre nature anxieuse. Dans « Ma place », nouveau single, vous êtes une fille fragile qui doit se battre pour trouver sa place. Votre place, vous l’avez trouvée ? Je ne fais pas référence à trouver sa place dans la société, ça je m’en fiche. Trouver ma place, cela signifie être cohérente avec moi-même, faire preuve d’honnêteté. Alors, oui, je commence à la trouver, cette place. Je dois encore améliorer la confiance en soi. Je suis sur la bonne voie.
Le succès de « Docteur » en 2022 et plus récemment de « Ma Place » a dû renforcer cette confiance en soi ! Je suis contente d’avoir travaillé, de ne rien avoir lâché, de ne pas avoir
succombé à la tentation de la facilité… De tout cela, oui, je suis fière.
Avez-vous des relations privilégiées avec la scène musicale belge actuelle ? Oui, avec Doria D, Charles, Illiona. C’est encourageant de rencontrer des gens qui partagent une même passion, chacune dans un style singulier, qui lui est propre. Quelle diversité, quelle richesse.
Qu’est-ce qui vous fait peur ? La routine.
Qu’est-ce qui vous enthousiasme ? La satisfaction d’un travail bien fait, avant
même la validation par le public.
La gestion des réseaux sociaux, une source d’angoisse ? Si je ne faisais pas de la musique, je serais absente des réseaux. Ce n’est pas dans ma nature de m’exposer, de m’exhiber. Mais je ne porte aucun jugement. C’est dans l’ère du temps. Et en tant qu’artiste, je suis évidemment présente sur les réseaux… Mais quand j’entends que le nombre de followers est déterminant pour passer ou non à la radio, là je dis : stop !
Vous êtes originaire de la région liégeoise comme « Filles à Papa », la marque de vêtements que vous
portez pour la séance photo. Leur positionnement rock et rebelle vous parle-t-il particulièrement ? J’aime beaucoup leur univers, leur identité, qui me colle bien à la peau. Pour la pochette du single « Ma Place », je suis d’ailleurs également habillée en « Filles à Papa ».
Dans quels festivals vous verra-t-on cet été ? Aux Francofolies de Spa, aux Solidarités à Namur, à Ronquières …
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EP “Ma saison en enfer”, Warner Music Belgium
NOS MARQUES :
ABRO
ACQUA DI PARMA
ALLUDE
ANNECLAIRE
BOGNER
BRAX
CAMBIO
COMME QUATRE
D.EXTERIOR
FFC
GRAN SASSO
HER SHIRT
HERNO
IVI COLLECTION
LACOSTE
MARGITTES
MAX MARA
MAX&MOI
MC2 ST BARTH
RAFFAELLO ROSSI
RAPHAELA BY BRAX
REPEAT CASHMERE
R2 SHIRT
SARTORIA LATORRE
STENSTRÖMS
TRAMAROSSA
VAN KUKIL
VAN LAACK
7 FOR ALL MANKIND
MODE FEMMES & HOMMES
CLOS DU VIGNOBLE 2 - 1380 LASNE • T. 02 653 31 51 • WWW.STYLLASNE.SHOP Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h30 - Ouvert chaque 2e dimanche du mois
EDOUARD VERMEULEN
Le règne de la modernité
Certains anniversaires rappellent le passage du temps. D’autres au contraire, ont le parfum galvanisant de nouveaux défis. Loin d’avoir émoussé la passion de l’élégance d’Edouard Vermeulen, ces quarante années d’existence de la maison Natan, signent la célébration d’une maestria résolument tournée vers l’avenir.
Natan fête ses quarante ans. Près d’un demi-siècle, marqué par l’intemporalité comme par l’audace. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ? De la fierté d’abord, de voir évoluer la Maison depuis si longtemps avec un fil rouge et une identité, à laquelle nous n’avons jamais dérogé, tant au niveau de la qualité, que de la créativité et du savoir-faire. Mais cet anniversaire, je le conçois surtout comme le point de départ d’une nouvelle ère pour Natan. La mode requiert de ne pas se reposer sur ses acquis. À chaque nouvelle saison, nous remettons tout en question : matières, vêtements, stylisme, présentation, photos ... Si vous ne le faites pas, le temps file et les évolutions vous dépassent.
Votre rapport à la mode a-t-il évolué au fil du temps ? Bien sûr, tout comme la mode en elle-même n’a de cesse de se réinventer. Lorsque j’ai débuté, trois générations de femmes se mêlaient dans mes magasins, aujourd’hui elles se confondent, se rajeunissent. Mère et fille s’échangent des tenues,
partagent des styles communs. C’est fantastique et enrichissant, notre objectif étant que le vêtement puisse voyager à travers les années, en conservant tout son raffinement et la beauté de son port.
Est-il nécessaire d’oser et de bousculer les codes pour perdurer dans cet univers ? Il est avant tout important de rester fidèle à son image. La nôtre, c’est la couture. L’âme de Natan, c’est le vêtement. On n’hésite certes pas à l’accessoiriser, mais pour le sublimer, plutôt que pour l’égaler ou le remplacer.
Est-il essentiel pour vous de continuer à pérenniser ?
Lorsque les clientes franchissent nos portes, c’est le plus souvent en vue d’une célébration ou d’un mariage. Et ce que l’on porte lors d’un évènement est primordial, car l’on transmet une part d’assurance et de confiance de par son élégance. Nous cherchons donc toujours à favoriser l’expérience. De
MOTS : BARBARA WESOLY
BE PERFECT | EDOUARD VERMEULEN - CHRISTOPHE COPPENS
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© Nathalie Gabay
l’accueil à la lumière en passant par l’ambiance, tout se veut enthousiasmant. La fête doit débuter chez nous !
En parlant de fête, vous avez nommé Christophe Coppens directeur artistique de ce superbe anniversaire, qui se déroulera durant une année entière. Pourquoi ce choix et que peut-on attendre de ces célébrations ?
De par sa carrière d’artiste, de metteur en scène et de créateur travaillant dans le monde entier, Christophe Coppens porte un regard neuf sur l’univers de la Maison. Nous nous connaissons depuis 25 ans et avions déjà collaboré ensemble quand il s’était lancé dans les accessoires. C’est un homme créatif, avec une vision artistique mais aussi commerciale et ouverte sur l’international. Car si ces célébrations sont un plaisir, elles
sont surtout l’occasion de grandir. Et les expériences festives ne manqueront pas ! Nos magasins se voient dotés d’un relooking, tout comme les collections à venir ainsi qu’un défilé inédit, prévu à l’été 2023. Un livre dédié à l’univers de Natan sortira également au mois d’octobre. Nous prévoyons aussi différents évènements pour la clientèle, visant à montrer notre savoir-faire ainsi que des visites d’ateliers. Ce sera l’occasion de sublimer la Maison, en accentuant son image et en la dynamisant. Une manière de surprendre les clients fidèles et d’en séduire de nouveaux.
En soufflant ces quarante bougies, quel regard portez-vous sur l’avenir et les quarante prochaines années de Natan ? Notre but pour le futur est d’internationaliser la Maison et de
dépasser toujours plus les frontières de la Belgique. Nous sommes fiers de notre patrimoine. Avoir pu créer la robe de mariée de la Reine Mathilde demeure l’un des évènements les plus marquants de l’histoire de Natan. L’objectif désormais est de porter ces couleurs et cette excellence à l’étranger. Cet anniversaire a été l’occasion de nous implanter « Au Bon Génie » à Paris et à Genève, ainsi qu’ « Au Bon Marché » parisien, ce dont j’avais toujours rêvé. On veut aller encore plus loin. Le monde est grand et ces quarante ans ne sont qu’un début !
BE PERFECT | EDOUARD VERMEULEN - CHRISTOPHE COPPENS www.natan.be © Natan
Rencontre avec Christophe Coppens
Comment s’est initiée cette collaboration anniversaire avec Natan ? Edouard Vermeulen est-il venu à vous avec un concept déjà défini ? On y a réfléchi ensemble. Je souhaitais construire un projet qui s’implémenterait au-delà d’une année, plutôt que comme un coup d’éclat. Son dessein est de laisser une empreinte durable sur la façon de réfléchir, de penser, de travailler de la Maison et sur son futur.
Qu’avez-vous souhaité insuffler à cet évènement ? Il ne pouvait avoir de sens qu’en travaillant l’ADN propre à Natan, cet univers joyeux et lumineux, en y insufflant des touches créatives. L’objectif est d’amener le public à sentir une forme d’électricité dans l’air, d’étincelle qui révèlera son éclat au cours de toute cette année.
Vous qui êtes designer de mode mais aussi artiste et metteur en scène d’opéra, avez-vous pensé et conçu cet anniversaire, à la manière d’une performance, d’un récit mêlé à une dose d’émotion ? La création d’un opéra est la réalisation la plus complète que j’accomplisse, car je travaille à tous les niveaux de développement. J’ai voulu faire pareil pour ces célébrations. C’était courageux de la part de Natan et d’Edouard Vermeulen d’accepter que je me mêle ainsi de tous ces aspects. Mais la Maison est formidable d’ouverture à l’évolution et au changement. Et c’est l’essence même de cet anniversaire, une réflexion sur plusieurs niveaux, qui s’intègrera dans l’Histoire même de Natan. Le plus beau cadeau que la Maison pouvait s’offrir.
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« Cet anniversaire, je l’ai imaginé à la manière d’un opéra, en œuvrant à tous les niveaux créatifs. »
Nathalie Gabay
ALEXANDRE HAMES
BE PERFECT | ALEXANDRE HAMES
L’élégance décomplexée
JAGGS se définit comme le tailleur de l’homme moderne. Que recherche celui-ci selon vous ? Il désire consommer de manière responsable, avoir du style et être accompagné ainsi que très bien conseillé dans ses choix. Depuis notre lancement, en 2015, notre optique n’a pas changé. Il s’agit de l’amener au sur-mesure, avec une vision moderne et élégante, accommodée d’un grain de folie.
À quelle atmosphère doit-on s’attendre en franchissant les portes d’une boutique JAGGS ? À un lieu à l’accueil convivial et tout sauf guindé, mais aussi et surtout à une expertise extrêmement poussée en matière de costume. Un savoir-faire que nous sommes heureux de pouvoir transmettre. Nous ne cherchons pas à impressionner ou intimider nos clients, mais à créer un climat de confiance chaleureux, où ils oseront poser toutes leurs questions.
Aujourd’hui, en plus du sur-mesure, vous proposez également du prêt-à-porter. Pourquoi ce choix ? Une immense majorité de notre clientèle continue de faire appel à nous pour du sur-mesure. Mais durant la crise sanitaire, le prêt-à-porter s’est révélé une évidence, sachant que plus personne n’avait de raison de porter de costume. Tout le monde restait en chino, jeans et baskets. Nous nous sommes donc tournés vers ces créations, avec l’envie de concevoir des modèles de qualité, pointus, allant à une majorité et disponibles en différentes coupes et couleurs. Et nous continuerons d’étoffer cette collection, avec un costume
Huit ans après la création de JAGGS, Alexandre Hames continue son ascension sur mesure, savant alliage d’expertise et d’élégance. Et impose en référence sa passion du costume.
MOTS : BARBARA WESOLY
PHOTOS : JAGGS
prêt-à-porter, qui sera prochainement disponible, mais en un modèle et coloris unique. Proposant ainsi une offre complémentaire mais qui n’est pas destinée à s’affirmer à égalité du sur-mesure.
À quelle clientèle s’adresse votre e-shop ? L’e-shop est plutôt destiné aux clients internationaux, qui plébiscitent nos accessoires, tout particulièrement nos nœuds papillon. Nous possédons la plus grande collection d’Europe. Et si nous les avons créés par loisir, tel un complément aux doublures de nos costumes, désormais nous en confectionnons et vendons entre 10.000 et 15.000 par an, nous amenant à être des acteurs européens majeurs du domaine. Mais cela reste un plaisir, un twist original, qui apporte un ce petit plus. Nous vivons pour et par le costume et pas le nœud papillon.
En plus des nœuds papillon, vous proposez aussi des bretelles signées Bertelles - seul accessoire non fabriqué par JAGGS - des ceintures, boutons de manchettes… mais également des bracelets ou headbands, pour femmes et des bretelles et nœuds papillon enfant. Avec le souhait d’un jour, aller encore plus loin ? Nos nœuds papillon notamment, étant confectionnés dans notre atelier de Waterloo, il était dès lors aisé d’utiliser ces mêmes rouleaux de tissu, pour les décliner en d’autres formules. La gamme féminine a ainsi été développée pour répondre à une demande pour les mariages. En vue par exemple d’assortir un couple par ses accessoires, de proposer des barrettes plates ou
des bracelets pour filles et femmes mais aussi de réaliser des commandes spécifiques comme des coussins d’alliances ou encore des nœuds pour serviettes.
Vos créations sont-elles influencées par un ADN mode typiquement belge ? Il y a un certes une identité belge très importante, mais au-delà un savoir-faire européen extraordinaire et exclusif. Nos chaussures sont fabriquées en Espagne, tout comme nos pulls, dans un atelier qui les tisse et fait des remaillages fil à fil à la main, nos cravates en soie sont tissées en Italie. Le critère éthique est essentiel pour nous, il est inenvisageable de réaliser des vêtements en production de masse, livrés en conteneurs après quatre mois passés en mer.
Près d’une décennie après son lancement, comment envisagez-vous le futur de JAGGS ? Si la marque est liée au principe d’évènement, notamment de mariage, JAGGS a pour ambition d’habiller les hommes modernes au quotidien. Et cela se concrétise, puisque nos chinos, comme nos chaussures font un carton. Notre but est aussi de développer nos points de vente. Forts de quatre boutiques en Belgique et d’une à Rennes, en France, nous voudrions aller plus loin, notamment via une franchise en Flandres et des magasins au Luxembourg, en Suisse ou dans d’autres villes de France, jusqu’à tendre vers un réseau européen d’une trentaine d’enseignes.
www.jaggs.be
BE PERFECT | ALEXANDRE HAMES
VIRGINIE MOROBÉ
Dans les pas de
© Robin Joris Dullers
: BARBARA WESOLY
« On base notre tenue sur nos chaussures, pas l’inverse ». Un mantra qui trône en première ligne sur votre site. Sontelles à vos yeux, tel un pendant de rouge à lèvres rouge, en version mode ? Ce twist dont l’audace fait la différence et permet de se sentir confiante et féminine en toute circonstance ? J’en suis convaincue. On le voit directement chez nos clientes. Dès qu’elles enfilent par exemple de hauts talons, leur maintien, leur posture, changent. Elles affichent directement plus d’assurance. C’est toute la puissance d’une belle chaussure que d’être capable d’amener le style le plus simple, au comble de l’élégance.
Street couture, rock’n roll, glamour, sont des termes que l’on appose par instinct à Morobé, mais comment imaginez-vous celles qui portent vos modèles ? En réalité, je ne les imagine pas. Je me laisse guider par mon intuition et ce que j’aime. Je ne valide aucun prototype qui ne corresponde pas à un modèle que je porterais. C’est ce qui fait l’identité de Morobé, tout comme notre signature est l’intemporalité. Il est aussi essentiel que chaque chaussure que nous fabriquons puisse sublimer tous les pieds, quelle que soit leur morphologie. Cette volonté d’universalité compose notre ADN. Réussir à développer une chaussure qui met en valeur 90% des femmes, c’est la certitude d’avoir réalisé une chaussure extraordinaire.
Morobé propose également une gamme d’accessoires et, vous avez lancé en janvier 2023, Logomania Limited Edition, votre toute première collection de prêt-à-porter. Aviez-vous le désir de décliner la griffe sous d’autres formes ? Nous avions conçu énormément de chaussures dans cet imprimé jacquard et en stretch et je désirais les accompagner de photos en total look. Cela impliquait d’acheter des centaines de mètres de tissus et nous avons alors décidé d’utiliser une partie de celui-ci pour la production de quatre pièces de prêt-à-porter. Mais, si j’adore les vêtements, le plaisir créatif n’est pas le même pour moi qu’avec les chaussures et je ne compte donc pas réitérer l’expérience.
Huit ans auront suffi pour mettre la Belgique à ses pieds. Petite fille, Virginie Morobé vouait déjà une véritable fascination aux chaussures. Une passion que la créatrice de mode a transformée en flamboyante réussite, en lançant en 2015, sa marque éponyme et défini par la même, de nouveaux standards d’élégance et de féminité.
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© Charlotte De Langhe
Et votre gamme Maison ? Cela faisait longtemps que je désirais réaliser un vase basé sur l’un de nos modèles de bottes mais il fallait en concevoir les moules. J’ai donc contacté l’artiste et céramiste Anita Le Grelle pour les créer, en même temps que des accessoires décoratifs.
Vous avez également signé, en 2016, une collaboration avec l’influenceuse Chiara Ferragni, ainsi qu’avec la styliste Marylène Madou en 2020. Une manière de prôner l’empowerment au féminin ? Ces collaborations sont parties de contextes très différents. Chiara Ferragni nous a contactés après avoir eu un coup de cœur pour nos boots en velours vieux rose. Et nous les avons déclinés ensemble en bleu roi et bordeaux. C’était un coup de projecteur inespéré pour Morobé qui existait alors depuis seulement deux saisons. Marylène Madou a réalisé un imprimé exclusif pour célébrer les cinq ans de la marque et transposé celui-ci sur un tissu qui emballait nos chaussures à la manière furoshiki, technique de pliage japonaise précieuse. Anita, aussi bien que Marylène excellent dans leur domaine et nous cherchons toujours à proposer l’exception.
Après Knokke en avril 2022, vous avez inauguré en décembre de l’année passée une boutique Morobé à Anvers. Toutes deux ont été conçues par l’architecte Glenn Sestig.
Qu’est-ce qui, dans son design, fait résonnance avec votre griffe ? Je suis une grande admiratrice de l’esthétique intemporelle et de l’incroyable élégance du travail de Glenn. Nous voulions des boutiques qui seraient pensées non pas comme des magasins mais comme l’intérieur de notre maison ou comme mon dressing, avec une véritable ambiance plus qu’un aspect purement commercial. Pour notre première boutique, nous sommes arrivés au studio de Glenn avec une idée bien précise du design que nous désirions : vitrine bombée, touches de kaki, mélange de lignes droites et d’arrondis et il a directement compris pleinement notre vision. Dès le deuxième rendez-vous, il nous a présenté ce qui allait devenir tel quel notre boutique. C’était tout simplement époustouflant.
Morobé fêtera ses huit ans en avril 2023, que vous souhaite-t ’on pour la suite ? Nous avons nos deux boutiques et sommes distribués dans les meilleures enseignes du Bénélux. Désormais, l’objectif est international. La prochaine étape est de trouver un lieu à Saint-Tropez. Le style et l’audace de Morobé s’accordent à merveille avec l’atmosphère balnéaire. Nous cherchons donc à nous installer dans des villes côtières, en Europe et plus loin. En continuant à nous fier à notre instinct, toujours.
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www.morobe.com
Boutique © Jean-Pierre GabrielCampagne SS23 © Charlotte De Langhe
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ou l’art du minimalisme
Depuis près de 25 ans, l’architecte Glenn Sestig cultive la sobriété avec une sublime sophistication, guidée par les lignes épurées et le luxe brut. Une signature l’ayant amené à collaborer avec les plus prestigieux artistes et designers et à orchestrer la rénovation et la réalisation de galeries, villas, boutiques et buildings à l’inimitable élégance.
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PERFECT | GLENN SESTIG
MOTS
: BARBARA WESOLY PHOTOS : JEAN PIERRE GABRIEL
Qu’il s’agisse de réaménager le rez-de-chaussée du Momu d’Anvers, pour y accueillir le restaurant-boutique Renaissance, de concevoir un magasin pour Raf Simons ou de repenser l’espace de la galerie d’art privée TuymansArocha, l’on retrouve une part de votre style emblématique, façonné par le design épuré et la sophistication brut. Diriez-vous que cette empreinte architecturale est le fil rouge de tous vos projets ? Cela en fait certainement partie, mais mon véritable fil rouge est de considérer le fonctionnel comme le socle de tout. Dès les premières esquisses d’un projet, je me concentre sur la manière dont il faudra se mouvoir dans l’espace et quel en sera l’usage. Mon approche est celle d’un architecte des temps classiques, à
l’instar de Corbusier ou de Mies van der Rohe, pour lesquels, l’extérieur était la résultante de l’aménagement, à l’inverse du post-modernisme où l’on travaillait d’abord les formes et les volumes, obtenant un résultat design mais pas forcément pratique.
Comment sélectionnez-vous vos collaborations ? C’est un processus très intuitif et émotif. Une grande part de mes clients est liée au monde de l’art et de la mode. Deux domaines avec lesquels j’ai des affinités très fortes. L’écoute et la compréhension viscérale des besoins de chacun d’eux sont aussi essentielles à mon travail. Parvenir à correspondre aux souhaits de créateurs comme Pieter Mulier, Virginie
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Morobé ou Ann Demeulemeester, donner vie à leur vision est très stimulant. Certains sont encore là vingt ans après leur premier projet, tandis que j’ai collaboré vingt ou trente fois avec d’autres. Il y a un vrai lien qui se crée et je fini par mieux connaître leurs goûts et envies que les miens !
Justement, comment avez-vous pensé le design des deux flagships Morobé ? A-t-il été travaillé en partenariat avec Virginie Morobé ? Oui, toutes les réalisations se font main dans la main. Depuis l’avènement d’Instagram et Pinterest, les clients arrivent fréquemment avec un moodboard d’influences et d’images. C’était le cas pour la première boutique Morobé. On a donc traduit ces inspirations sixties
et seventies en version contemporaine avec des touches organiques, du daim, des arrondis. Une fois réalisé le flagship de Knokke, nous avons transposé son essence à celui d’Anvers. C’était une autre configuration, un espace beaucoup plus grand, mais il fallait qu’il conserve le même l’ADN, celui d’un lieu magnifique sans être intimidant.
Les grands espaces sont-ils justement le luxe qui permet de laisser libre cours à l’imaginaire ? Pas forcément. Pour moi l’on peut obtenir du plus petit cadre un rendu incroyable, comme The Bakery, l’espace conçu pour le chef pâtissier et chocolatier Joost Arijs. La taille n’a pas d’emprise. Et c’est la variété des espaces, des configurations et des demandes qui
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fait le challenge et nous permet de ne pas tomber dans la monotonie.
Réaliser des installations temporaires comme celle du défilé des 20 ans de Verso ou de l’exposition d’Olivier Theyskens, est-il frustrant ou au contraire libérateur ? Les installations temporaires permettent une certaine légèreté. Réaliser des scénographies pour expositions ou défilés est donc très excitant. Et en parallèle à la conception architecturale classique qui prend énormément de temps, il est agréable et gratifiant d’avoir des projets courts, aux résultats plus directs.
On retrouve dans votre travail des installations monumentales mêlées à style minimaliste. Du raffinement tissé à coup de matériaux bruts. Êtesvous attiré, exalté par les contraires ? Oui, j’aime les contrastes, ils donnent une tension. Un rendu luxueux couplé au béton et bois brut, l’équilibre entre le chaud et le froid, la sophistication et la simplicité, pour arriver à un espace chaleureux sans être ennuyeux.
Et qu’en est-il des objets, comme notamment la lignée de luminaires réalisée pour Ozone, les poignées Studio Vervloet ou les bougies parfumées Mon Dada. Sont-ils l’occasion de nouveaux défis ? Ils sont en fait soit liés à une demande, soit à un besoin que je ressens. Celui d’un objet, d’une poignée de porte, d’un robinet, qui n’existaient pas encore et que j’ai dès lors créés, en complément d’autres projets.
Depuis la création de votre cabinet d’architecte en 1999, vous n’avez eu de cesse de développer des projets toujours plus prestigieux. De quoi rêvezvous aujourd’hui ? De réaliser un hôtel à l’étranger ou un beau musée. Ce sont deux utilisations de l’espace très fortes, deux énormes challenges, que je n’ai pas encore eu l’occasion de réaliser. Mais un jour prochain, qui sait !
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© Justin Paquay
En totale harmonie LEONET HOANG
Architectes de formation, Charles Leonet et Ngoc Hoang multiplient les projets alternant le rôle d’architecte, fournisseur de mobilier, scénographe, et prenant finalement de plus en plus la fonction de véritables directeurs artistiques. Leur but ? Arriver à l’harmonie ultime d’un espace. Immersion dans leur univers.
Tous les deux Ardennais, ils se sont rencontrés dans un bureau d’architecture, et depuis, ces partenaires de travail ne se sont pour ainsi dire plus jamais quittés. Ils enchaînent les projets ensemble et forment aujourd’hui un duo de choc sous le nom Leonet Hoang depuis près de deux ans. Architecture et mobilier bien choisi se reflètent et se complémentent dans leur travail pour créer un équilibre et une parfaite harmonie. L’art de chiner les animant depuis des années, ils se décrivent comme architectes et antiquaires. A travers cette approche double, le duo partage sa philosophie de l’esthétique. L’ouverture de leur galerie en été 2021 semble leur carte de visite, un lieu artistique où la signature Leonet Hoang se ressent. Leurs intérieurs comme leur mobilier chiné et rénové avec un méticuleux savoir-faire naissent d’une longue réflexion et prennent vie dans un espace simplifié où rien n’est laissé au hasard pour le rendre plus fort, plus cohérent, plus caractériel.
Leonet & Hoang c’est… Une expérience architecte et antiquaire où l’on propose un projet avec une direction artistique reprenant ces deux volets dans une cohérence et une vision globale.
Qu’est-ce qui vous a uni sous ce même nom de société ? Bosseurs, voyageurs, on a les mêmes valeurs familiales… C’est simple, on fait tout à deux, de l’avant-projet à sa conception finale.
Justement, ensemble, à quoi ressemble votre style ? Nous ne voulons pas nous cadenasser à un style. On tente de répondre aux envies et besoins du client en proposant une réelle expérience sur mesure, presque identitaire. Mais le projet qui nous ressemble est celui que l’on suit de A à Z, du gros œuvre à la fourniture du mobilier, en passant par le shooting et enfin la publication dans un magazine. Plus que tout, nous souhaitons tout d’abord offrir des espaces où les gens se sentent bien grâce à l’harmonie que nous créons.
Votre galerie en est un bon exemple ? On travaillait dans une chambre de bonne qui se remplissait de plus en plus de nos trouvailles chinées. Nous voulions déménager et profiter de l’occasion pour mettre notre mobilier en scène. La galerie est donc devenue une plateforme, un support artistique. Ce sont nos bureaux, notre showroom, mais des marques viennent aussi y shooter et des évènements s’y organisent.
Comment choisissez-vous les objets à rénover et à placer dans votre galerie ou dans vos intérieurs ? Tous sont les créations d’architectes. Notre œil veille aux lignes, il nous mène indéniablement vers des choses plus structurées, plus architecturées, ce qui nous éloigne typiquement du décorateur ou de l’architecte d’intérieur. Nous voulons formaliser l’espace et penser l’objet comme tel et pas comme un geste gratuit. Dès l’avant-projet, nous savons déjà quel objet placer et où. On ne vient pas ‘décorer’ la maison après projet, nous
MOTS : OLIVIA ROKS
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ne voulons pas que le sujet soit perçu comme une pièce ajoutée. La vision d’ensemble et le résultat d’uniformité sont primordiaux.
Quelles sont les fautes de goût que vous détestez ?
Ngoc Hoang – La disproportion. Rien de pire qu’un endroit disproportionné spatialement. Par exemple, une chambre trop grande. Parfois une petite chambre de 15m2 charmante et bien pensée vaut mieux qu’une suite parentale où le lit est perdu et la lumière n’est pas bonne. La générosité spatiale ne se définit pas en m2.
Charles Leonet - Les faux matériaux, ceux qui sont figés. Mais aussi quand les gens remplissent leur intérieur comme un patchwork, qu’ils ne réfléchissent pas à l’ensemble, cela fait vite très tutti frutti !
Il y a des matières que vous privilégiez ? On adore l’inox et le cuir. Ce sont des matières qui vivent, qui se patinent. L’inox a une incroyable technicité. Quant au cuir, sa patine extraordinaire lui octroie un caractère, une personnalité.
Et si vous deviez choisir trois objets qui vous représentent parfaitement ? Les tapisseries de Charlotte Culot, de réelles pièces d’architecture à nos yeux. Les appliques de Christophe Gevers et l’incroyable fauteuil de Tarcisio Colzani et son remarquable profil.
Outre les objets, des lieux vous inspirent ?
Charles Leonet – La fondation Querini Stampalia de Carlo Scarpa à Venise, tout a été pensé dans les moindres détails. On peut passer des heures dans ce lieu…
Ngoc Hoang – Ayant fait énormément de piano, c’est davantage la musique qui m’inspire. Je dirais les Nocturnes de Frédéric Chopin, pour moi il est comme un designer que l’on représente.
Avant de se quitter, vous nous dévoilez vos projets à venir ?
On prépare le prochain Brussels Design Market et on voudrait également participer aux foires de Genève et Düsseldorf. L’idée serait de réaliser des focus sur un architecte et son mobilier. On aimerait aussi à l’approche de l’été mettre en avant le thème pool house à la galerie. Beaucoup d’architectes ont fait du mobilier de jardin qui n’est finalement pas mis en valeur et qu’on ne retrouve pas sur le marché. Côté architecture, nous sommes heureux d’avoir de plus en plus de clients nous faisant confiance pour des projets de A à Z. Actuellement, notez l’aménagement d’un appartement à Genève ou encore l’aménagement d’un chalet à Chamonix. www.leonethoang.com
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©
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Chez Ivan et Judith,
Diane Govaerts
Ziegler, spécialiste belge du transport international et de la logistique, fête son 115e anniversaire cette année. A la tête de ce secteur traditionnellement masculin, une femme, Diane Govaerts, 4e génération du clan Ziegler, récemment élue Manager de l’année et CEO intarissable quand on lui parle de développement durable. Discussion sans fard.
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTO : STUDIO DANN BE PERFECT | DIANE GOVAERTS
Vous êtes l’arrière-petite-fille d’Arthur Joseph Ziegler, le fondateur de Ziegler. Quelles sont les valeurs prônées par votre entreprise familiale ? J’en vois quatre : l’authenticité, l’entrepreneuriat, l’expertise et la fiabilité-durabilité. L’authenticité car nous sommes une entreprise familiale à taille humaine qui fête son 115e anniversaire cette année ; l’entrepreneuriat car nous sommes réactifs, créatifs et flexibles, nous créons des solutions sur mesure pour nos clients ; l’expertise également, avec un savoir-faire centenaire hautement qualitatif ; la fiabilité et la durabilité enfin, avec une véritable conscience écologique et une bonne gouvernance d’entreprise.
En une ligne, pourquoi choisir Ziegler ? Pour la qualité de nos services, notre efficacité et notre sur-mesure.
Avant de rejoindre Ziegler, vous avez travaillé au sein de la banque Degroof Petercam. Vous saviez qu’un jour vous alliez inévitablement rejoindre le clan Ziegler ? En sortant de l’école de commerce Solvay à Bruxelles, section finances, je voulais faire mes armes ailleurs que chez Ziegler. Après 7 ans, j’ai rejoint l’entreprise familiale. C’est un peu comme Astérix, je suis tombée dedans quand j’étais petite.
Quels sont les avantages de travailler en famille ? Il n’y a pas de direction pyramidale chez Ziegler, les schémas de décisions sont donc très rapides, et je suis très accessible, ma porte est toujours ouverte. Deuxième avantage, c’est la vision à long terme. Chez Ziegler, nous ne progressons pas trimestre après trimestre comme les sociétés cotées en bourse ; au contraire, nous pensons génération, ce qui est très rassurant pour nos équipes.
A seulement 32 ans, vous êtes devenue CEO de Ziegler, quelle est la clé de cette fulgurante réussite professionnelle ? Le travail.
A 38 ans, vous venez d’être élue Manager de l’Année. Une femme à la tête d’un secteur d’activités, le transport, historiquement dévolu aux hommes. Ce titre a-t-il une saveur particulière ? C’est une belle reconnaissance pour une entreprise centenaire et ses équipes. Cet award confère également plus de visibilité à un secteur, le transport et la logistique, qui est assez méconnu, alors que c’est un travail passionnant, dynamique, varié, avec six principaux métiers, l’aérien, le maritime, la route, le ferroviaire, la logistique et la douane. Cette mise en lumière de notre activité est une bonne chose.
Y’a-t-il beaucoup de femmes employées chez Ziegler ? 35% dans un secteur réputé masculin, ce n’est pas mal. D’autant que ce chiffre augmente chaque année !
En Belgique, les femmes n’occupent que 9% des postes de PDG ! Que vous inspire ce pourcentage ? Ce n’est pas assez, évidemment ! Je prône la méritocratie, où la hiérarchie sociale est fondée sur le seul mérite. La compétence, le dynamisme, l’amour du travail bien fait, je crois en ces valeurs.
Quelle a été votre stratégie pour vous faire accepter, vous la fille de la famille Ziegler, par vos équipes ? C’était très important pour moi que les équipes comprennent et adhèrent à ma vision, alors je suis allée à leur rencontre sur le terrain, dans les agences du groupe, j’ai beaucoup communiqué sur ma stratégie pour les onboarder, les intégrer à mes projets.
Quelle sorte de manageuse êtes-vous ? Je prône un management participatif. Je suis très ouverte aux nouvelles idées, propositions, innovations, et je n’aime pas imposer, je préfère convaincre.
Manageur, manageuse, une question de sensibilité ? Oui, mais… Une entreprise 100% masculine ou 100% féminine ne serait pas complète. Je crois en la complémentarité des hommes et des femmes dans le secteur du travail.
Y’a-t-il une contrainte liée à votre titre de CEO que vous n’aimez pas particulièrement ? (elle rit) Le manque de sommeil. Je suis une matinale et une couche-tard, donc je ne dors pas assez ! Mais mon métier est passionnant, je ne me plains pas.
Ziegler, basée à Bruxelles, est présente dans 15 pays dont le Royaume-Uni, le Maroc, la Chine. Et demain ? Cette année, nous ouvrons un bureau aux Etats-Unis. Ziegler est donc désormais présent sur 4 continents.
Pour réduire son empreinte carbone, Ziegler a notamment développé les vélos-cargos et le Transporter, un véhicule électrique autonome. La durabilité, c’est l’un de vos principaux défis ? C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. On a lancé en 2021, la campagne « Ziegler. Now even greener ». Depuis 115 ans, nos couleurs sont le vert et le jaune et j’ambitionne que Ziegler soit encore plus vert dans les années à venir en termes de bâtiments (que l’on équipe notamment de panneaux solaires), de transports (avec une distribution urbaine neutre en CO2, des vélos-cargos, etc.), de culture d’entreprise (on recycle davantage, on a supprimé les gobelets en plastique, car tous les petits gestes comptent), et de partenariats avec des partenaires sensibles aux mêmes objectifs de durabilité.
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« Dans le monde de l’entreprise, je crois en la complémentarité entre les hommes et les femmes »
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NOTRE SAVOIR-FAIRE SE DÉGUSTE AVEC SAGESSE
champagnelaurentperrier Photographe : Karim Louiba - Illustration : Luma
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PLAISIR
Haute gastronomie, enseignes gourmandes, hôtels de charme en Belgique. Félicité !
LA TABLE DE BENJAMIN LABORIE – MENSSA – EL SOCARRAT L’ÉPICERIE NOMAD – PILLOWS GRAND BOUTIQUE HOTEL REYLOF
BENJAMIN LABORIE
Sous l’étoile, La Table
Benjamin Laborie a ouvert « La Table » à Ohain, dans le Brabant wallon, en décembre dernier. Quatre mois plus tard, le 13 mars précisément, il récolte 1 étoile au guide Michelin qui vient récompenser un parcours belge fulgurant.
« La France m’a formé, la Belgique m’a apporté la reconnaissance.
Je ne l’oublierai pas », parole de chef.
Formé chez Michel Guérard et chez Michel Bras, deux légendes triplement étoilées de la gastronomie française, Benjamin Laborie arrive en Belgique en 2009. A Bruxelles, chez « Bowery », le chef obtient le prix Gault & Millau du « Meilleur nouveau restaurant ». Ensuite, dans le Brabant wallon, il rafle 1 étoile Michelin venue récompenser sa créativité. Décembre 2022, il ouvre « La Table » à Ohain, où il est désormais seul maître à bord, et c’est à nouveau la consécration : Michelin lui accorde 1 étoile.
Les gourmets du BéWé se souviennent certainement du « Try Bara », du « Bliss » et du « Maxan ». C’est entre ces murs de vieilles pierres que Benjamin officie avec notamment la complicité de Guillaume Vegreville, son fidèle et diligent maître d’hôtel, qui nous reçoit au salon. Cette vaste pièce qui fait la part belle au bois, est flanquée d’un feu ouvert et garnie de fauteuils club aux couleurs vitaminées. On s’y installe pour prendre l’apéro et savourer quatre premières mises en bouche. Le chef, généreux, en a prévu sept. Le salon s’ouvre sur une salle à manger aux tables nappées parfaitement
espacées. De quoi nous éviter de manger sur les genoux du voisin. Un cadre élégant et convivial à la fois, et une parfaite organisation de l’espace, voilà de quoi nous mettre d’emblée en confiance.
Benjamin, félicitations ! En votre for intérieur, saviez-vous que vous remporteriez si rapidement 1 étoile Michelin ? Sincèrement, non. En revanche, autour de moi, tout le monde y croyait. Mon équipe, et les clients qui me disaient que je la méritais. Moi, je calmais plutôt les ardeurs. A mon équipe, j’ai suggéré de savourer l’instant, c’est-à-dire le succès d’un restaurant qui ne désemplit pas après quatre mois d’exploitation. Et le 13 mars, je décroche l’étoile. Une double consécration : un succès public et la reconnaissance du Michelin. Je suis un chef heureux.
Cette étoile récompense le travail d’une équipe. Notamment Guillaume Vegreville, votre fidèle maître d’hôtel que vous connaissez depuis très longtemps... Depuis 18 ans, nous nous sommes rencontrés chez Michel Bras, une
MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : ANTHONY DEHEZ
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belle aventure commune. Dans mon équipe, il y a aussi une nouvelle génération qui m’a suivi quand j’ai lancé le projet « La Table » et je leur suis très reconnaissant. Sans eux, pas d’étoile, croyez-moi.
1 étoile, c’est une franche récompense mais une sacrée pression… Détrompez-vous : le guide Michelin n’impose rien aux chefs. L’étoile vient récompenser l’amour du travail bien fait et la sincérité de la cuisine. Si je conserve ce sentiment du devoir accompli, et c’est mon but, je n’ai rien à craindre. Mais je ne vous cache pas que
la veille de la cérémonie des Michelin, je ne passe pas la meilleure des nuits.
« La Table », ce nom résonne comme une invitation. Exactement. C’est un peu l’idée de la table d’hôtes. Je ne propose pas de carte mais des menus plusieurs services (4, 5 et 7 services, et un lunch en trois temps) qui me permettent de m’affranchir de toute contrainte et d’être libre dans mon travail créatif. Je dors peu, il m’arrive la nuit de réfléchir à un plat et de le concrétiser le lendemain. Quand le client passe la porte d’entrée de « La Table », il accepte de se laisser guider,
d’entrer dans mon univers, et c’est parti pour trois heures de découvertes culinaires. Je reste évidemment attentif aux intolérances des uns et aux aversions alimentaires des autres.
« La truffe noire parfumée et un bouillon intense d’oignons donnent une nouvelle dimension à cette soupe à l’oignon 2.0 » écrit le Michelin. Cette revisite d’un classique, la soupe à l’oignon, à base d’oignons des Cévennes, sabayon au vin jaune, crouté à la truffe Tuber Melanosporum, on l’a goûtée, tenaillée par une irrésistible envie de lécher l’assiette. C’est votre
BE PERFECT | LA TABLE DE BENJAMIN LABORIE
plat signature ! Merci. Mais je vais peut-être vous décevoir : la saisonnalité étant au cœur de ma cuisine, il faudra attendre un an avant de retrouver cette soupe au menu, et encore, je n’apprécie pas forcément le concept de plat signature et je ne refais jamais deux fois la même assiette. L’hiver prochain, je vais donc surprendre avec d’autres plats.
Parlons saison alors. En avril, quel aliment va-t-on retrouver au menu ?
la nature et les maraichers qui dictent mon assiette. Au printemps, elle sera verte, en septembre rouge. Je mets quiconque au défi de trouver meilleure tomate que celle récoltée en septembre. Je suis mes envies également, j’ai changé trois fois de menus en trois mois.
Vous êtes également le roi des sauces ! Votre secret ? (Rire). Michelin a en effet souligné la qualité de mes sauces. Mon secret : je ne monte jamais mes sauces au beurre, je préfère travailler le bouillon ou la graisse sèche de l’animal, ce qui les rend plus légères.
Avec une somptueuse terrasse braquée sur des prairies et des champs vallonnés, « La Table » affiche encore un atout séduction … L’été, je compte ouvrir la terrasse et la salle intérieure du restaurant, à la bonne convenance du client. Mais je ne compte pas augmenter le nombre de couverts, je plafonne à 36 convives, pas davantage afin d’assurer un service convivial et attentionné.
Les asperges vertes et blanches, les petits pois, les morilles, j’attends chaque saison avec impatience. C’est www.latablebenjaminlaborie.be
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CHRISTOPHE HARDIQUEST
À 46 ans, il laisse derrière lui « Bon-Bon », 2 étoiles Michelin, un 19,5/20 au Gault&Millau et des bons souvenirs à foison, pour ouvrir en février dernier « Menssa », un comptoir gastronomique de grande proximité, de belle complicité, avec le client. Quand on lui demande pourquoi il a eu envie d’écrire une nouvelle page de sa vie, Christophe Hardiquest parle de besoin, d’envie, de désir. Rebondir, c’est le propre d’un vrai entrepreneur. Causerie à l’ombre d’un arbre d’intérieur qui définit le nouveau territoire gourmand du chef…
BE PERFECT | MENSSA
MOTS : SERVANE CALMANT
©
Jehanne Hupin
Que les inconditionnels de Bon-Bon se rassurent, ils ne seront pas tout à fait bousculés dans leurs (bonnes vieilles) habitudes. Quoique ! En bordure de la Forêt de Soignes, ce sont les murs de Bon-Bon qui abritent désormais Menssa pour mens « l’esprit » et mensa « la table ». La décoration d’intérieur a été confiée à l’atelier d’architecture belge AnneCatherine Lallemand, avec laquelle Christophe Hardiquest collabore depuis 20 ans. Rien ne change, donc ? Au contraire ! La déco 100% belge a été complètement renouvelée puisqu’elle épouse un nouveau concept, un comptoir gastronomique dont la
cuisine est notamment inspirée par la nature environnante. Ainsi ces chaises hautes en velours vert forêt de chez Marie’s Corner et les audaces d’Anne-Catherine Lallemand, un arbre monumental aux contours harmonieux et un comptoir, central, qui en dominant la salle à manger, affiche clairement ses intentions : rapprocher le chef et sa brigade de ses hôtes. Voilà pour la déco. Et l’intention. Place au chef, maintenant.
Deux décennies chez Bon-Bon, puis un jour, dans la belle quarantaine, vous décidez de tourner la page… Je ne me sentais plus en phase avec ma vision du
restaurant de demain et j’étais en plein divorce, deux éléments qui m’ont poussé à aller de l’avant. Les dernières années à la tête de Bon-Bon, j’étais dans ma zone de confort. J’aurais pu continuer à emprunter le chemin le plus facile, mais après 20 ans, mon travail me semblait répétitif, je me sentais moins créatif.
Christophe Hardiquest, chef et entrepreneur leader… Oui, je le revendique. J’essaie d’inspirer à travers mes valeurs et ma conception de la gastronomie. C’est pourquoi je n’ai aucun regret d’avoir tourné la page. Mieux : j’ai aimé me sentir bouleversé, bousculé, cela m’a obligé à repenser mon métier.
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« C’est mon métier de bousculer les codes »
© Richard Haughton
Vous avez une pêche d’enfer ! J’ai 47 ans et j’ai retrouvé une énergie de fou, comme si je débutais dans le métier…
En quoi Menssa est-il novateur ? Mon concept tient en une ligne : inviter les clients dans mon laboratoire culinaire. Je suis partisan d’une proximité entre mes chefs de cuisine et les clients. Je les ai préparés à parler de leur travail, à exprimer leurs émotions, à écouter leurs feedbacks… Mon pari, c’est celui de la durabilité pour la planète et pour mon staff où chacun a un vrai statut et de bonnes conditions de travail, de la proximité avec le client, de la saisonnalité et de la traçabilité dans l’assiette.
Chez Bon-Bon, nous avions déjà mangé au comptoir … Et cette idée a évolué dans ma tête. Le comptoir favorise la transparence, la proximité avec la cuisine, il fait désormais office
de table principale. Aussi prépareronsnous les sauces, par exemple, devant nos hôtes…
Un comptoir principal. Pour autant, Menssa propose plusieurs expériences culinaires … Il y a 22 places au comptoir et jusqu’à 8 couverts dans une petite salle privative, pour une soirée familiale ou business, et un coin salon intégré à la pièce principale. L’été, l’apéro, le café et le Havane s’invitent en terrasse. Menssa se veut un restaurant en mouvement.
Parlons de l’assiette. Menssa est-il plus créatif que Bon-Bon ? (Il réfléchit) Oui. Menssa, c’est un nouvel écrin qui me sert de véritable laboratoire pour tester la cuisine en permanence. J’invente chaque jour en fonction d’une idée, d’un produit. J’ose également travailler des produits
différents : je vais préférer les rognons d’agneau au gigot et je proposer de la vive ou du rouget grondin, des poissons oubliés. Je développe davantage mon savoir-faire en matière de fermentation, de salaison, d’huile d’herbes sauvages en provenance de la Forêt de Soignes. J’ai également décidé de réduire la consommation d’énergie en cuisinant un maximum au feu de bois et en proposant des aliments crus notamment un sushi de moelle. J’enrichis ma réflexion sur le monde de demain et ma carte est un véritable terrain de jeu que je décline en jardin, forêt, terre et mer. Je propose une cuisine de naturalité, de simplicité, de créativité, affranchie de toutes les injonctions du monde gastronomique. C’est mon métier de bousculer les codes.
Y’a-t-il déjà un plat emblématique chez Menssa ? La mosaïque d’anguille au tabac de romarin, navet cru en rémoulade de vieux rhum, plait énormément.
Christophe, serez-vous souvent chez Menssa ? Oui, mais je continuerai à voyager. Pendant 20 ans, j’ai été bloqué dans ma cuisine chez Bon-Bon, je ne veux plus de cette vie-là. Je travaille énormément à la transmission de mon savoir-faire : la maison doit pouvoir tourner sans moi ! Je ne suis pas le seul acteur de Menssa. Ce sont les mêmes personnes qui cuisinent, qui m’assistent, que je sois là ou pas. C’est également l’idée du comptoir, que le client fasse connaissance avec mon équipe. « Bonjour, je suis Hugo, je suis le responsable des dégustations, je vais vous préparer ceci ou cela… ». C’est ainsi que j’ai imaginé Menssa.
L’été, vous serez derrière les fourneaux de La Mère Germaine ; une partie de l’hiver, à Crans-Montana au Chetzeron. Les produits que vous découvrez en Provence ou dans le Valais en Suisse enrichissent-ils la cuisine de Menssa ? Oh oui ! J’ai découvert les pois chiches d’Uzès et de la raclette de 7 ans du Valais. Et réciproquement, j’ai amené à Châteauneuf-duPape de la gueuze belge. Je m’éclate en travaillant sur ces trois terroirs.
BE PERFECT | MENSSA www.menssa.be
© Richard Haughton
RESTAURANT & TRAITEUR : LA BASCULE, CHAU. DE VLEURGAT 324, 1050 IXELLES, BELGIQUE - +32 2 640 07 07 TRAITEUR : CHAU. DE WATERLOO 1359H, 1180 UCCLE - +32 2 640 06 06 PLACE DUMON 7 - 1150 WOLUWE AVENUE LOUISE - BRUXELLE SPÉCIALITÉS LIBANAISES Respirez, Voyagez, Vous Êtes Oliban
EL SOCARRAT
Heureux propriétaires du festif
« Beauty Gastro Pub », Pamela Michiels et Glenn Godecharle, son mari, ont récemment ouvert « El Socarrat », du nom de la croûte de riz qui colle dans le fond de la paëlla. Mais qu’on ne s’y trompe pas, cette nouvelle enseigne gourmande ne se résume à la spécialité culinaire de Valence. Toute la Méditerranée y est à l’honneur. Ainsi que des cocktails signature concoctés par un mixologue inspiré, pour débuter ou terminer la soirée dans un cadre intimiste ou, l’été, au jardin.
Pamela est la fille d’Albert et Marianne Michiels, un nom, une famille, une référence dans le monde des brasseries bruxelloises et du béwé, puisque Restauration Nouvelle, que le padre a créée en 1985, compte aujourd’hui pas moins de 24 établissements. « J’ai baigné dans l’horeca depuis que je suis enfant, fait l’Ecole hôtelière de Lausanne, et rencontré celui qui deviendra mon mari, Glenn Godecharle, à Genève où il officiait comme chef de cuisine à l’Hôtel InterContinental. L’horeca, c’est notre secteur de prédilection », précise d’emblée Pamela Michiels.
Pour l’heure, les tourtereaux sont propriétaires de deux établissements, deux identités distinctes, deux signatures design différentes, situés à Hoeilaart, à la frontière entre Bruxelles et le Béwé, bien vu. Le « Beauty Gastro Pub » ouvert en 2017, réinvente l’esprit pub en proposant de la bibine évidemment, mais aussi de bons flacons, des cocktails, des plats sympas en mode tapas, et un son qui monte en fonction
BE PERFECT | EL
SOCARRAT
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : LINDSAY ZÉBIER
La pépite cachée des Michiels
de l’ambiance souvent festive. Quant à « El Socarrat », anciennement « Chez Lulu » déjà propriété des Michiels, il se profile comme un restaurant plus bourgeois, aux allures de speakeasy, comprenez : de club feutré. Vous y attendent des plats qui sentent bon le soleil du bassin méditerranéen et une cuisson au grill à charbon Josper pour conférer aux produits, viande, poulpe, légumes, un goût de fumée inimitable. On vous recommande chaudement les petits pois frais sautés sur braise accompagnés de jambon ibérique, la Rubia Gallega, une race bovine originaire de Galice qui fond littéralement en bouche et, en sus, le coulis de poivrons de piquillo, encore un incontournable de la gastronomie espagnole dans notre assiette.
« El Socarrat renvoie évidemment aux origines de mon mari qui vient d’Alicante, mais on ne souhaitait pas résumer l’offre culinaire à la seule paëlla. Cependant, on vous la conseille vivement, car on la propose dans sa version authentique, avec la fameuse croûte de riz au fond de la poêle qui a donné son nom au resto … »
El Socarrat, on le sait peut-être moins, bénéfice d’un autre atout séduction : son bar à cocktails, pour un before ou un after en mode chic. L’ambiance y est élégante et feutrée et, contrairement au Beauty Gastro Pub, on ne monte pas le son et on n’y danse pas, mais on cause et on badine en sirotant une « Femme Fatale » à base de gin, ananas, apérol et citron vert. L’été, El Socarrat compte bien abattre sa derrière carte : une terrasse orientée jardin, pour une mise au vert de circonstance.
Si l’assiette suscite de l’émotion, la déco participe évidemment à l’attrait culinaire d’un lieu. « Chez les Michiels, nous sommes toutes et tous très sensibles à la déco, nous cherchons à insuffler une âme à nos établissements. Pour El Socarrat, j’ai fait appel à Antoinette Tondreau ».
En résulte un endroit particulièrement stylé, ultra cosy, lumière tamisée et velours de circonstance. Du 100% instagrammable qui nous a donné envie de rencontrer Antoinette, jeune architecte d’intérieur dont El Socarrat est le premier projet…
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Votre parcours ? J’ai 29 ans, j’ai travaillé trois ans avec l’architecte d’intérieur bruxellois Lionel Jadot, et je navigue désormais seule. El Socarrat est mon tout premier client. Je viens de terminer la déco du salon Maison Roger, qui vient de déménager avenue Louise à Ixelles…
Votre signature ? Je suis relativement éclectique pourvu que cela sorte de l’ordinaire. Pamela Michiels m’a contactée en connaissance de cause. Rire. Elle souhaitait un univers cosy, chaleureux, décalé, original, qui soit également une invitation au voyage.
On parle beaucoup aujourd’hui du style « speakeasy », comment se définit-il ? A la base, cette appellation
désigne un bar clandestin américain pendant la prostitution, il englobe désormais tous les endroits chic et feutrés qui privilégient l’éclairage tamisé, les alcôves discrètes. Pour El Socarrat, j’ai joué sur plusieurs ambiances. Le petit salon à l’entrée fait référence à la Belle Epoque, avec beaucoup de matérialité, du bois, des tissus, des miroirs, du papier peint, une moquette chamarrée, c’est volontairement chargé. Les commodités sont complètement décalées avec une peinture très glossy, brillante. J’ai ensuite dessiné de petites alcôves pour 2 à 4 personnes, le bar et ses touches exotiques, et la salle du restaurant nappée de lumière tamisée et habillée de velours soyeux rubis pour un rendu chaleureux maximum.
questions à Antoinette Tondreau, architecte d’intérieur d’El Socarrat
www.elsocarratrestaurant.be
BE PERFECT | EL SOCARRAT
Avenue de la Forêt de Soignes 359, 1640 Rhode-Saint-Genèse - 02 380 30 38 www.yijiangnanrestaurant.be Gastronomie chinoise et asiatique revisitée
L’Epicerie Nomad
Elle a du caractère et du charme à revendre la nouvelle adresse de Jean Callens, à Ixelles. Mais au fait, est-ce un bar à vins où bien manger ou un resto bistronomique où bien boire ?
C’est surtout un voyage gourmand et sincère, initié par un chef décidément bien dans ses pompes, qui adore surprendre par des épices du bout du monde et des vins parfois inattendus.
ÀIxelles, entre l’avenue Louise et le quartier de la Porte de Namur, pour vous situer, la bien nommée Epicerie Nomad se niche dans une ancienne épicerie asiatique gérée pendant 31 ans par Mongkhon Tangton, un homme passionné. Un beau jour, Jean Callens se pointe dans le quartier pour y saluer un ami, passe devant l’épicerie de Mongk, s’y attarde, et c’est le coup de foudre. « Il ne m’a fallu qu’une minute pour savoir que cet endroit serait parfait pour ma nouvelle aventure, mais je devais convaincre son propriétaire. Mongk est un concentré de gentillesse et de douceur, ce n’est pas une acquisition commerciale que j’ai négociée avec lui, mais la transmission d’un endroit rempli de souvenirs et qui l’a rendu heureux pendant une vie entière ». Cette épicerie, Jean l’a souhaitée à son image : chaleureuse, un brin nostalgique aussi. Un carrelage ancien, des luminaires
d’époque, des comptoirs bars côté rue, une étagère qui appartenait à Mongk transformée en oenothèque… Tout fleure bon ce passé pas si lointain où l’on refaisait le monde entre amis autour d’un plat pas trop cher et d’un flacon découverte. Installez-vous.
L’Epicerie Nomad, c’est une nouvelle page qui se crée. Parce qu’une autre s’est refermée et pas n’importe laquelle ! Le Callens Café, vous l’aviez ouvert avec Olivier, votre frère, en 2004. Pourquoi l’avoir revendu à Serge Litvine en 2021 ? Le Callens Café devait être rénové. Et pas un peu. J’ai longtemps réfléchi à investir ou à revendre. Une opportunité s’est présentée à moi. Je l’ai saisie.
Callens Café est devenu le Lily’s Restaurant & Club, il vous plaît ? C’est une belle rénovation, un bon concept, Litvine tape juste et au bon moment, en répondant à une demande pour ce genre d’établissement.
Vous êtes le 4e d’une génération de restaurateurs bruxellois, la Famille Callens. Devenir chef, c’était plus qu’une vocation, une tradition ! Oui. Depuis tout petit, je vis dans les chambres froides et dans les caves à vins. (rire) Mes grands-parents et parents s’impatientaient de me voir terminer mes études pour que je travaille avec eux… Dans les grandes familles de la restauration, l’avenir du fils aîné était tout tracé : devenir chef de cuisine.
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MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : ANTHONY DEHEZ
« Recentrer mon métier sur l’humain. Indispensable. »
Pour autant, il n’y a pas le nom Callens accolé à votre nouveau projet ? Non. Car j’ai intégré dans l’aventure Sandrine, en cuisine, et Clément, en salle. Impliquer le personnel dans un projet voire dans l’actionnariat d’un resto, c’est une nouvelle manière d’envisager ce métier qui me convient parfaitement.
Contrairement au Callens Café, l’Epicerie Nomad se veut un resto de quartier à l’atmosphère intime… Aujourd’hui, l’addition dans une brasserie s’élève à 60 voire 100 euros le couvert ! Ce qui signifie que la restauration n’est plus accessible à tout le monde. Je rêvais d’un endroit plus petit, où je pourrais séduire avec une cuisine populaire et accessible. Et je suis tombé sous le charme de cette épicerie à taille humaine…
Il y a ce je-ne-sais-quoi de nostalgique qui se dégage de L’Epicerie Nomad. La nostalgie, ça vous parle ? Oui oui, je ne suis pas passéiste mais après 35 ans dans la restauration, j’avais envie de revenir à l’essentiel : un bon produit qu’on ne galvaude pas, une cuisson parfaite, une bonne sauce. Et susciter l’envie de goûter, de partager. Mes plats sont servis au 2/3 d’une assiette normale et les prix adaptés, évidemment. Rien ne vous oblige à prendre un plat et une entrée. Certains clients commandent trois entrées ou deux plats à partager, d’autres dégustent entre amis tous les plats présentés sur l’ardoise murale.
Epicerie… Nomad, la seule évocation de ce mot nous fait voyager. Que ce soit en Amérique du Sud, en Asie, en Indonésie, en Afrique noire, au Maghreb ou même en Europe, tous mes voyages m’ont influencé, même si j’avoue un faible pour la cuisine marocaine aux multiples saveurs. Même à Cuba où il n’y a pas de véritable gastronomie, j’ai appris quelque chose : à recentrer mon métier sur l’humain. L’indispensable en somme. Cela dit, j’aime toujours une bonne béarnaise, mais les saveurs du monde sont tellement riches. J’ai envie de continuer à voyager à travers la nourriture.
Fondues parmesan brocolis tomates séchées, brochettes de poulet au citron confit, bœuf au poivre de Penja, moutarde, fines herbes. Jean, on s’est régalée ! Merci. C’est du 100% maison, qui est fonction de mes envies et du marché. Et de belles rencontres. Ainsi le poivre de Penja, c’est un ami qui me l’a ramené du Cameroun. Mes hôtes en raffolent.
Difficile de ne pas la voir, l’oenothèque ! Quels bons flacons invite-t-elle à découvrir ? J’ai voulu une sélection en trois temps : des vins classiques de chez de Coninck, des flacons bios/nature proposés par Cinoco et de belles découvertes avec la Maison Peuch & Besse, notamment propriétaire récoltant du Château Gravet-Renaissance Saint-Emilion Grand Cru. Je vous le conseille avec une volaille ou une viande rouge.
Et si je souhaite juste venir vous saluer et prendre l’apéro ? Bienvenue ! D’autant que je viens de sortir la terrasse, orientée plein sud.
www.epicerie-nomad.be
Deux adresses mythiques
LE RESTAURANT TYPIQUE DE L’OGENBLIK AU CŒUR DE BRUXELLES
LE RESTO BISTRO BELGE LE COMMERCIO A WATERLOO
RESTAURANT DE L’OGENBLIK
Galerie des Princes, 1 1000 Bruxelles
T : 02.5116151
www.ogenblik.be
LE COMMERCIO
Chaussée de Bruxelles 186 1410 Waterloo
T : 02 354 32 27
www.lecommercio.be
Pillows Grand Boutique Hotel Reylof
Le charme envoûtant d’un ancien hôtel particulier gantois
De hauts plafonds, des cloisons sculptées, des portes à frontons, un majestueux escalier en colimaçon, une vaste bibliothèque, des œuvres d’art originales sont autant d’éléments d’époque qui évoquent l’atmosphère classieuse et chaleureuse de l’ancienne demeure du poète et baron Olivier de Reylof, construite en 1724. Hyper central, le Pillows Grand Boutique Hotel Reylof se profile comme l’un de nos pied-à-terre favoris à Gand.
BE PERFECT | PILLOWS GRAND BOUTIQUE HOTEL REYLOF MOTS : SERVANE CALMANT PHOTOS : PILLOWS
Les hôtels de la Collection Pillows Hotel sont situés aux Pays-Bas (Amsterdam notamment) et chez nous (Bruxelles et Gand) dans les centres-villes ou plus à l’écart, dans des endroits verdoyants. Chaque hôtel est différent mais tous peuvent se targuer d’avoir élu domicile dans des propriétés authentiques, hôtel de maître, ancien labo d’anatomie (si si), château du 13e, etc. A tout vous avouer, c’est la découverte enthousiaste du Pillows Hotel gantois qui a suscité notre intérêt pour l’adresse amsterdamoise. On vous en parle également dans ce numéro du Be Perfect.
Restons à Gand pour l’instant. A 500 mètres à peine du centre-ville, le Pillows Grand Boutique Hotel Reylof séduit d’emblée par une monumentale façade en grès. C’est celle d’un palais historique construit en 1724, jadis propriété de notre compatriote Olivier de Reylof qui passait son temps à y rédiger des poèmes. Par bonheur, la demeure a été classée monument historique et rénovée en 2018 en préservant le cachet authentique de son style Empire. Les espaces publics sont un véritable régal pour les yeux : vertigineux escalier en colimaçon, hauts plafonds, portes à frontons, parquets qui
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grincent, cheminées qui crépitent. L’atmosphère intimiste qui s’en dégage opère un charme délicieux auquel on a été particulièrement sensible.
Pour augmenter sa surface d’accueil, l’établissement a dû conjuguer ancien et modernité, notamment en ajoutant une nouvelle aile qui abrite de grandes chambres d’un confort impeccable, teintes chaudes, literie 5 étoiles et draps de lit en coton égyptien. Un jardin intérieur faisant office de trait d’union harmonieux entre les deux corps de bâtiment. Soyons honnêtes, au regard de l’aile historique (qui propose également des chambres et suites de luxe), la nouvelle partie manque un peu de charme, mais elle a le mérite d’offrir une belle vue sur son homologue, sur le jardin et sur une ancienne remise à calèche qui héberge le Spa Reylof. Piscine intérieure, sauna finlandais, et vaste gamme de massages et soins complétant l’offre.
Parmi les nombreux atouts de ce boutiquehôtel au luxe discret qui invite à prendre place au Living dès l’accueil, on épinglera un judicieux choix horeca, avec le LOF Café (et son comptoir de pâtisseries et autres gourmandises), The Living Bistro (cuisine simple et savoureuse) et le restaurant gastronomique LOF. Dans un cadre élégant qui ne s’encombre d’aucune fioriture, le chef Hannes Vandebotermet y propose une cuisine de saison, aux combinaisons audacieuses mais parfaitement maîtrisées, betterave vanille, huître moule madère, canard céleri ail noir sauce ponzu, pomme cire d’abeille prune, ou encore banane miso mûre, pour partager avec vous quelques indices d’un repas qui fut en tout point savoureux. L’été, la formule bistro (huitres, taco et burger revisités, notamment) s’ouvre sur le jardin. Quant à la soirée, elle débute ou se termine au bar à champagne et cocktails à l’étage, devant le feu ouvert crépitant, ou encore au jardin.
BE PERFECT | PILLOWS GRAND BOUTIQUE HOTEL REYLOF www.pillowshotels.com
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JEAN-DOMINIQUE BURTON – VERONIQUE ALOST
Jean-Dominique BURTON
50 ans sur le terrain
S’il est devenu photographe, c’est parce qu’il voyage le cœur ouvert. S’il aime les portraits, c’est parce qu’il provoque la rencontre. Quant à sa plus belle photo, c’est celle qu’il n’a jamais osé prendre, de peur de briser l’instant présent. Grand nom de la photographie belge, Jean-Dominique
Burton est un doux rebelle, intarissable sur les anecdotes de sa vie de globe-trotter. Il se raconte en images à travers « Visions », beaulivre qui condense 50 ans de terrain et une expo à l’Hospice Pachéco.
On rencontre Jean-Dominique
Burton dans son loft, sous les toits des anciennes papeteries de Genval. Son chez-lui, on l’a imaginé comme une invitation à voyager. Bien vu. Des étagères garnies de statuettes africaines et asiatiques, des drapeaux de prières tibétains pour apaiser l’atmosphère et, aux cimaises, des photos en grand format. Ainsi celle de ce roi du Burkina Faso qui nous fixera durant toute l’interview. Autour de la table, nous serons trois : Jean-Dominique a invité son chat, un somptueux Maine Coon. « La nuit, il s’aventure jusqu’au
lac de Genval. On me l’a volé. Je l’ai récupéré. Je pourrais lui interdire de sortir la nuit. De quel droit. Il est libre. » A l’image de son maître ?
Vous souvenez-vous du jour où tout a commencé… Oh oui, j’avais 13 ans, j’étais dans un Centre PMS (psycho-médico-social) et la psychologue me demandait : que voulez-vous faire plus tard ? J’ai répondu : parcourir le monde pour apprendre des autres. Elle a rétorqué: tu rêves d’être Tintin, mais il n’existe pas ; reporter, ce n’est pas un métier.
Le voyage vous a conduit à la photographie, pas l’inverse... En effet. Mon grand-père et mon père étaient photographes amateurs, mais comme ils représentaient l’autorité, j’ai refusé qu’ils m’initient à leur passion. Je voyageais beaucoup, mais toutes mes impressions et mes rencontres de l’époque, je les couchais sur un carnet de voyage. Plus tard, j’ai entamé des études d’imprimerie et de graphisme, la sérigraphie m’a donné envie de m’intéresser à la photo. Mais sans les voyages, je ne serais probablement pas devenu photographe.
MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : JEAN-DOMINIQUE BURTON
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Liam Burton
L’appareil photo, un sésame qui vous a pourtant ouvert beaucoup de portes... Il m’a surtout permis, dans un premier temps, de gagner ma vie ! J’ai été photographe des Halles de Schaerbeek pendant 10 ans, animateur d’ateliers de photo au sein du Groupe Instant avec lequel j’ai créé un cafégalerie, « Trompe l’œil », pour montrer les photographes qui nous intéressaient et non ceux qui payaient pour y être exposés. J’avais un esprit très libre, très indépendant. Que j’ai conservé. (rire). Petit à petit, j’ai ramené des photos de mes voyages, et monté mes premières expositions...
Esprit libre, doux rebelle, vous être notre John Lennon ! (rire). Lennon, c’est mon Dieu !
Photographe en agence de presse, y avez-vous pensé ? Non. Ni travailler pour un magazine. Je me vois mal me couler dans un moule. Au contraire, je me suis offert du temps. C’est fondamental à l’exercice de ma passion. Quand je décide de rester trois mois dans un pays, pour m’immerger complètement dans sa culture, je
m’offre ces trois mois, je mange local, je dors local, je rencontre local. C’est mon luxe.
Comment vous y prenez-vous pour aller chercher l’autre ? C’est un long apprentissage. Il faut éviter que se pose d’emblée la question de l’argent, car je ne paie pas la personne que je prends en photo. Mais par ricochet, l’exposition que je vais monter va profiter à tel village ou à telle collectivité. Alors, j’ai mis au point un petit rituel : je pose mon sac photo par terre, je dépose mon boitier sur ce sac, bien en vue, et je fais connaissance. Arrive un moment où les personnages qui font autorité dans le village se demandent pourquoi je ne fais pas de photos. La demande est alors inversée. Et tout rapport d’argent a disparu. Mitrailler vite fait bien fait des sujets, ce n’est pas mon truc. Je refuse d’être vu comme un « violeur ». Avant de prendre une photo, je dois installer un climat de confiance propice aux échanges entre le modèle et moi.
Vous ne photographiez jamais de « vedettes » ? Non. Ce qui m’intéresse ce sont les gens. Pas le vedetta-
riat. Dans « Visions », apparaît Elvis Pompilio. A l’époque du portrait, il n’était pas encore le célèbre chapelier qu’il est devenu…
Le livre “Visions” qui raconte 50 années sur le terrain invite à découvrir quatre continents… L’Europe occupe une place importante dans le livre à travers les séries sur les masques et traces, les collectionneurs, les écorces, Bruxelles/Canal, les sans-papiers ; et l’Asie, une place dans mon cœur. L’Inde et le Népal représentent 20 ans de ma vie, mais mon travail a été détruit par un dégât des eaux…
L’Afrique a une saveur toute particulière pour vous ... L’Afrique m’a toujours émerveillé. De nombreuses visites en famille au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren avaient éveillé mon intérêt pour ce continent. Pourtant, j’ai voyagé en Afrique sur le tard. En 2004, je me suis rendu au Burkina Faso et lors d’un périple de 6000 km en pleine brousse, avec un studio photo mobile, j’ai réalisé des portraits des chefs traditionnels burkinabés de différentes ethnies, parés de leurs attributs royaux. À partir de cette série « L’Allée des Rois », j’ai monté une exposition qui a notamment été présentée au 10e Sommet de la Francophonie à Ouagadougou, au Musée d’Afrique à Tervuren, en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, au Bénin également.
Quelles rencontres ont été les plus déterminantes dans votre vie professionnelle ? Il y en tellement. Mes rencontres en 78 avec le Dalaï-Lama à Dharamsala qui vont me motiver à rendre hommage à la résistance du peuple tibétain pour l’affirmation de ses droits. Mon initiation au vodoun au Bénin…
Racontez-nous ! Après la série « L’Allée des Rois », je me suis intéressé au Bénin, la terre du vodoun. On m’a d’emblée mis en garde : on ne touche pas au vodoun ! On m’a suggéré de faire une deuxième allée des rois, au Bénin cette fois. Hors de question. Après de nombreuses réticences, la Fondation Zinsou créée au Bénin a financé mon projet : photographier le vodoun que l’on ne pouvait pas voir. Il fallait donc que je sois initié, moi, un
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blanc. J’ai préparé mon sujet pendant deux ans et je suis parti seul voir les grands initiés à Porto-Novo. C’est la « vieille » de Cotonou, la mamy watta la plus respectée de l’univers vodoun au Benin qui m’a initié. La série Vodoun/ Vodounon est la preuve matérialisée des échanges entre moi photographe et les sujets de cette série. Des échanges forcément nourris de confiance.
Une initiation qui a changé votre rapport même à la photo… Oui, à l’instar des portraits de « L’Allée des rois » en noir et blanc, j’avais commencé la série Vodoun/Vodounon avec un appareil très ancien, un Rolleiflex, jusqu’au moment où je me suis rendu compte que la couleur était déterminante dans l’initiation au vodoun. J’ai donc alterné l’argentique et la photo digitale. Je dispose d’une imprimante grand format chez moi. Au plaisir de développer mes photos, s’est ajouté celui de les voir sortir de l’imprimante digitale !
Le sacré vous fascine car en parallèle de votre série Vodoun/Vodounon, vous poursuivez en Belgique un travail sur les rebouteux … Des rebouteux qui ont reçu un don, de mystérieux guérisseurs toujours discrets qui soulagent un mal, des arbres à clous qui extirpent le mal, dit-on … Un travail qui pourrait m’emmener à nouveau sur les routes du continent européen.
50 ans de terrain. Les clés d’une telle longévité ? L’humilité face au sujet. Et le respect et la bienveillance à son égard. Je ne m’imagine pas travailler autrement.
Exposition à l’Hospice Pachéco du 24/04 au 18/9/2023
www.grand-hospice.brussels
www.jeandominiqueburton.com
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Une étude approfondie de votre projet avec un principal objectif : une intégration harmonieuse de votre piscine à votre jardin. Le all-in, la formule gagnante !
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Véronique Alost
Créatrice d’atmosphère
C’est en Tanzanie, le must en matière de safaris, que nous faisons la connaissance de Véronique Alost, décoratrice belge pour Tanganyika Expéditions. Le jour et parfois la nuit, nous partons ensemble à la rencontre des Big Fives. Le soir, nous humons l’ambiance cosy des écohébergements qu’elle a décorés, répartis dans les plus beaux spots du pays. Récit d’une formidable rencontre en terre sauvage avec « Mama Fundi ».
Le monde est un village. Véronique Alost nous accueille à l’aéroport de Kilimandjaro. Nous faisons connaissance. Les petites anecdotes de la vie nous apprennent très vite que ses parents habitaient notre commune, Genval, où Véronique a vécu une enfance entourée de nature, et que ses grands-parents résidaient au bout de notre rue ! C’est pourtant en Tanzanie, éden sauvage grand comme deux fois la France, que nous rencontrons notre compatriote. De toutes ces coïncidences, nous rions évidemment, avant de prendre la route pour un périple d’une semaine au royaume des animaux. Six jours rythmés par la migration des gnous, nous en verrons des centaines de milliers, par la découverte
des chacals et des vautours, jamais très loin du gardemanger, par les fameux Big Fives, nous en apercevrons quatre, et par le ricanement diurne des hyènes moqueuses qui frôleront notre tente plus d’une fois.
Véronique Alost accompagne Hassan, notre chauffeur et guide professionnel. Hassan a un troisième œil, si si. Comment expliquer autrement la vitesse à laquelle il repère un protèle timide, un daman pas plus gros qu’un lièvre ou un félin qui ronronne adossé à un arbre ? Du mont Kilimandjaro au Serengeti, en passant par le Ngorongoro, le monde est un village certes, mais un village d’animaux.
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MOTS : SERVANE CALMANT ©
Françoise Bouzin
© Paul Lorsignol
Véronique vient nous rejoindre à l’arrière de la jeep. On va parler entre femmes. Elle rit. « J’ai toujours été attirée par la déco, mais c’est en 2002 que ma vie va prendre une tout autre tournure. J’accompagne alors mon époux, engagé au Tribunal pénal international pour le Rwanda qui est basé à Arusha en Tanzanie, et je tombe littéralement amoureuse du pays. Sur place, je rencontre des employés français de l’agence de safari Tanganyika, un acteur important du tourisme francophone dans ce pays de l’Afrique de l’Est. Son directeur, Denis Lebouteux, me propose d’accompagner un groupe VIP en safari. Mon job consiste alors à me couper en quatre pour que le safari se déroule au mieux. J’apprends à
conduire un 4x4, à servir de guide. Ce travail principalement logistique va vite évoluer… ».
Cette passion pour la Tanzanie et les animaux sauvages d’Afrique, elle nourrit également le Français Denis Lebouteux. Tant, qu’il décide de quitter Air France pour créer en 1989, Tanganyika Expéditions. Et réinventer le safari, carrément. Précurseur, Denis s’en va construire des éco-lodges équipés de panneaux thermiques et photovoltaïques et de récupérateurs d’eau de pluie. En 2017, il fait même installer des moteurs électriques dans deux de ses 4x4.
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Mais revenons à Véronique Alost. Quand elle rencontre Denis Lebouteux, il possède déjà deux camps, Olduvai, créé en 1990, situé dans la partie nord-est de l’Aire de Conservation du Ngorongoro et Maweninga, créé en 98, installé dans le Tarangire, le Parc national du nord de la Tanzanie.
« Denis me confie l’aménagement d’un nouveau camp, le Bashay Rift lodge. L’entreprise est ardue car le lieu est particulièrement isolé, mais le boulot génial. Conférer une âme à un endroit, j’y prends d’emblée goût. Réussir une décoration africaine exige de s’imprégner de sa culture multiple. Je pars donc à la rencontre des artisans locaux, je leur achète des tissus, de la déco. Les gens d’ici me surnomment : « Mama fundi », « fundi » pour artisan en swahili, car j’apporte une signature esthétique à chaque camp, tous différents. »
En 2017, le travail de Véronique Alost se diversifie. Elle entreprend de gérer les projets de construction de nouveaux camps : travaux de maintenance, formation du personnel (chaque camp étant géré par un manager africain), aménagements extérieurs et aspect esthétique des camps. Un travail de passionnée, forcément.
« Au fil des années, j’ai peu à peu constitué une équipe qui réalise mes projets de déco. Je travaille avec une couturière, un menuisier, et d’autres artisans de la région de Bashay et d’Arusha. J’ai un petit faible pour les matières naturelles qui nous lient en permanence à notre vraie essence de vie, de la terre, et les couleurs inspirées de la nature pour un intérieur vivant, une fenêtre sur l’Afrique. Les objets de la vie quotidienne des Tanzaniens m’inspirent également… »
A l’heure du dîner, nous rejoignons Véronique au mess du Ranjo Camp, elle y déballe un colis de photophores. « J’ai rencontré un souffleur de verre tanzanien qui fait du recyclage de bouteilles de vin en verre qui proviennent des lodges. Du vrai circuit court et de la récup’. Je déniche également pas mal de jolis objets de déco auprès d’un atelier protégé à Arusha, au nord du pays, ou au marché d’où proviennent ces petits oiseaux décoratifs de toutes les couleurs. Vous les retrouverez dans quasi tous les lodges, je les adore… »
Depuis 2022, quatre nouveaux projets sont en développement dont un lodge à Saadani en bord de mer. Il y a fort à parier que ce sera encore une belle réussite car on doit à
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Véronique Alost, des lodges élégants et sans faux artifices, à la fois chics et naturels, avec une déco en parfaite symbiose avec la nature. Ainsi les 17 tentes du Camp d’Olduvai s’inspirentelles des tonalités minérales des plaines avoisinantes. Ainsi le Bashay Rift lodge ressemble-t-il à une ferme africaine. Vous vous souvenez du film « Out of Africa » ? C’est tout comme… Le Grumeti Hills Lodge peut quant à lui se targuer d’avoir une vue qui porte loin sur la savane, et pour cause, il a été construit sur la plus haute colline de la région. De la piscine à débordement, on peut apercevoir des girafes. Notre préféré ? Le Ranjo Camp, 16 tentes sous la surveillance de rangers armés. Dans ce camp de pionniers, il ne manque qu’Hemingway ! Et ne vous y trompez pas, malgré son apparence rustique, notre tente est hyper confortable, pourvue d’une terrasse et de commodités privatives dont un « bucket shower », une douche avec un seau extérieur d’eau chaude, soyez rassuré. La déco y est particulièrement soignée, jetée de lit et coussins brodés, lanternes électriques qui font illusion. Un petit coin de paradis avec vue sur la plaine sauvage. Et ce ne sont pas les hyènes voisines qui vont nous contredire.
Profession : Travel Designer
On a voyagé avec les Belges de Sensations, des Travel Designers qui élaborent des voyages sur mesure à réserver en agence de voyages, chacun ayant fait de sa passion pour une région du monde, son métier. Sur place, Sensations peut compter sur l’appui de locaux passionnés, de guides et rangers, tous partenaires de longue date, à l’instar de Tanganyika Expéditions.
www.travel-sensations.com
Qatar Airways. L’accès à son salon d’affaires Al Mourjan, lors de notre transit à l’aéroport de Doha, nous a bien dépannée.
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© Tanganyika / Léopard : Maurits Bausenhart
AUDACIEUSE ET AFFIRMÉE
La Jaguar F-TYPE. Disponible en version coupé ou cabriolet, moteur 2L 300ch et V8 575ch avec pot d’échappement sport actif. Dotée d’une carrosserie légère en aluminium pour une répartition parfaitement équilibrée et une expérience de conduite exceptionnelle.
Jaguar Wavre
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VOYAGE
Une envie d’évasion ? Suivez notre guide…
PILLOWS MAURITS AT THE PARK – LE PLACE D’ARMES – CLUB MED MAGNA MARBELLA
PILLOWS MAURITS AT THE PARK
D’un labo à un hôtel 5 étoiles,
l’histoire d’une réaffectation classieuse
BE PERFECT | PILLOWS MAURITS AT THE PARK
Installé dans un monumental bâtiment historique de 1908 qui a servi de laboratoire universitaire, le Pillows Maurits At The Park séduit par son emplacement, une rénovation ambitieuse qui allie l’ancien et le neuf, et son bar à cocktails perché sur le toit. Coup de cœur à Amsterdam.
Voici une toute nouvelle adresse, ouverte fin 2022, où la rédaction n’a pas hésité longtemps à poser ses valises. Et pour cause : les Pillows Hotels invitent à découvrir des boutiques-hôtels qui ont élu domicile dans des propriétés authentiques, hôtel de maître de style Empire à Gand, château du 13e dans la province néerlandaise du Limbourg, trio de maisons du 19e pour leur première adresse à Amsterdam, etc. Bref, on aime beaucoup cette chaine hôtelière haut de gamme présente aux Pays-Bas et en Belgique.
L’ouverture récente du Pillows Maurits At The Park n’échappe
pas à la règle de l’emplacement judicieux. Ce 5 étoiles s’est en effet installé dans un ancien bâtiment universitaire au cœur d’une oasis de verdure, l’Oosterpark, un jardin public très apprécié des Amsterdamois pour son style paysager anglais, sa petite île et sa fontaine. Au printemps, les amoureux, les marcheurs, les cyclistes s’y donnent volontiers rendez-vous. Une sorte de petit Bois de la Cambre…
Le lecteur attentif s’en doute déjà : le Pillows Maurits At The (ooster)Park se trouve logiquement à l’Est du centre-ville, à l’écart des circuits touristiques classiques, sans être décentré pour autant. L’occasion d’arpenter un autre quartier
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MOTS : SERVANE CALMANT
PHOTOS : PILLOWS
que le Red Light District. Cet arrondissement à l’Est invite à voir de belles demeures et quelques sites incontournables comme le Tropenmuseum et ses remarquables collections ethnographiques, le zoo, la maison de Rembrandt … Si vous souhaitez rejoindre le centre, à deux kilomètres à peine de l’hôtel, n’hésitez pas à louer des vélos à la conciergerie du Pillows Maurits. Le vélo, le mode de déplacement préféré des Amstellodamois, dans une ville qui figure parmi les mieux aménagées au monde en pistes cyclables. Croisons les doigts pour que Bruxelles s’en inspire !
Revenons à notre Pillows Maurits at the Park, restauré par Office Winhov, cabinet d’architecture moult fois primé, qui a modifié l’affectation du lieu, a restauré le bâtiment d’origine de 1908, y a soigneusement intégré une nouvelle aile côté parc et a souligné l’interaction du bâtiment avec ce parc environnant. Réunir l’ancien et le nouveau, pari réussi haut la main. Ainsi l’ancienne salle du musée et ses plafonds de quinze mètres de haut, transformée en un restaurant gastronomique au plafond cathédrale, le VanOost. Ainsi également, le joli collage de maçonnerie avec relief sur la façade de la nouvelle extension.
«Nous ajoutons l’hôtel au parc ; généralement, c’est l’inverse », explique Uri Gilad, co-fondateur d’Office Winhov. Bien vu. Le parc, on le voit de partout : des chambres, de la Brasserie Spring ou du restaurant VanOost dirigé par l’étoile
montante, Floris van Straalen. Des nichoirs ont même été installés pour accueillir les amis à plumes qui fréquentent l’Oosterpark. Charmante attention.
A la tombée du jour, l’entrée par l’avenue Mauritskade d’un Pillows Maurits At The Park subtilement éclairé, en impose, mais le clou de la visite reste ce couloir monumental aux murs de briques d’origines qui rappelle que l’hôtel était jadis un laboratoire universitaire. Aujourd’hui, ce couloir fait office d’accueil. Audacieuse et ambitieuse réaffectation de laquelle se dégage une atmosphère toute particulière, empreinte d’étrangeté, de mystère même, de calme et de sérénité aussi.
Responsable du design d’intérieur, les architectes amsterdamois du Studio Linse (l’hôtel De Blanke Top à Cadzand et La Maison de Polman à Utrecht parmi leurs succès) ont opté pour la simplicité et l’élégance intemporelle des belles matières, des nuances de tons terreux, d’un mobilier confortable. Tout a été pensé pour proposer aux clients un cadre intime et accueillant. Pour preuve, le bar clubbing et ses assises lowdining en velours et ce deuxième bar sur le toit de l’hôtel qui surplombe tout l’est d’Amsterdam. Un rooftop à cocktails qui pourrait bien devenir, dès ce printemps, le rendez-vous du beau monde …
www.pillowshotels.com
BE PERFECT | PILLOWS MAURITS AT THE PARK
Nos concepts élégants de châssis et de portes nous permettent de créer de beaux espaces de vie avec vous depuis 1945.
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LE PLACE D’ARMES
Notre maison
luxembourgeoise
BE PERFECT | LE PLACE D’ARMES © Place d’Armes
Le Place d’Armes, Relais & Châteaux au cœur du Luxembourg, ne cesse de récrire son histoire. Le Chef Nicolas Navarro, formateur pour Alain Ducasse durant six ans, prend la direction culinaire de tous les univers du mythique hôtel luxembourgeois : La Cristallerie, Le Plëss et Le Café de Paris. Une triple invitation au plaisir pour les amoureux des beaux produits.
La Place d’Armes à Luxembourg, Plëss d’Arem en luxembourgeois est aussi appelée le « salon de la ville ». Si historiquement, elle servait de lieu de parade aux troupes protectrices, elle se pare aujourd’hui de restaurants et de cafés branchés. A vrai dire, celui qui motive à lui seul notre city-trip porte le nom de celle qui l’abrite : Le Place d’Armes. Nichée au cœur de celle qu’on surnomme la Gilbratar du Nord, cette adresse estampillée Relais & Châteaux nous avait déjà totalement séduite en 2018.
Telle une forteresse, la Place d’Armes située dans une zone piétonne n’est pas accessible aux voitures sauf à celles des clients du célèbre Place d’Armes. Les balises prennent repli à notre annonce et notre véhicule se faufile le long des enseignes prestigieuses à l’instar de Gucci, Hermès, Louis Vuitton, Chanel, Christian Louboutin. Leurs semelles rouges nous font de l’œil mais pour l’heure, nous sommes attendus.
Installé sur le site d’une ancienne imprimerie, dans un immeuble classé du 18e siècle, cet hôtel cinq étoiles au charme incomparable se compose de plusieurs bâtiments. En effet, de la Place d’Armes à la Grand-Rue, sept maisons ont été regroupées et réunies entre elles par un surprenant jeu de terrasses suspendues et d’espaces intérieurs feutrés. Certains couloirs nous conduisent vers les 28 chambres et suites, qui ne ressemblent à aucune autre sinon à une remarquable alliance d’Art Nouveau et de design contemporain. D’autres vers les salons privés situés dans de sublimes caves voûtées, façonnées de roches naturelles et de pierres taillées. Ou vers le restaurant La Cristallerie, logée au premier étage, dont les deux espaces sont sculptés d’or et illuminés par la lumière filtrée des vitraux. Ou encore à la rôtisserie du Plëss et sa terrasse intérieure qui nous fait oublier que nous sommes au centre-ville. Mais surtout vers « Le 18 », le bar à cocktail ! Esprit club feutré signé par l’architecte d’intérieur Tristan Auer où trône un impressionnant bar en fer à cheval.
MOTS : ARIANE DUFOURNY
© Place d’Armes
© Grégoire Gardette
© Yann Deret
Nous y découvrons une sélection de rhums aux influences françaises, anglaises et hispaniques qui côtoient des whiskies d’exception. Nous craquons pour un cocktail signature, le « 1867 » savamment composé de Rhum Plantation 5Y Barbados, Velvet Falernum, Crémant Mathes, citron vert, miel Bio 100% Luxembourgeois d’Hugo Zeler, blanc d’œuf, Bitter #1.
Si le « Le 18 », qui n’existait pas lors de notre précédent séjour, retient notre attention, c’est l’équipe du Place d’Armes qui fait de ces lieux des joyaux. Le Président, Jean- Michel Desnos peut s’enorgueillir de 25 établissements en 25 ans dont les emblématiques Lancaster à Paris, Le Guanahani à St-Barth ou encore l’Hermitage à Jakarta et depuis 2016, il continue d’écrire l’histoire du Place d’Armes. Jean Grégoire d’Amman, le nouveau directeur général originaire de Suisse, est diplômé de l’École Hôtelière de Lausanne. Sa passion pour la gastronomie et l’hôtellerie raffinée est palpable. Elle l’a conduite à travers le monde où il a mis son art de recevoir au profit d’illustres groupes tels le Marriott, Starwood ou encore Hilton et depuis 2021 au sein de cet hôtel du groupe Relais & Châteaux. Un lieu chargé d’histoires, idéal pour celui pour qui l’humanisme, le partage, l’engagement, l’ancrage local et le service priment avant tout. Quant au Chef Nicolas Navarro, sa carrière est impressionnante : Dominique Bouchet à l’Hôtel le Crillon, Jean François Piège au Plaza-Athénée, Thierry Thiercelin à la Villa Belrose de Gassin, formateur pour Alain Ducasse, durant six ans à travers le monde, et l’obtention d’une étoile Michelin à la tête du restaurant Les Pêcheurs durant sa tenue en tant que Chef exécutif des deux restaurants de ce bel établissement signé lui aussi Relais & Châteaux.
A présent, le Chef originaire de Toulouse prend la direction culinaire de tous les univers du Place d’Armes. Au Café de Paris, mythique adresse luxembourgeoise depuis des décennies, il propose des mets classiques et efficaces comme la pièce de bœuf Luxembourgeois, sauce du chef & frites. Le local est mis à l’honneur avec une sélection très fine de producteurs autochtones. Ici, les assiettes sont généreuses et affichent fièrement le fait-maison. Au Plëss, durant notre déjeuner, le chef innove en fonction des saisons et produits locaux. Il nous fait découvrir sa daurade royale au vert, marinée au citron jaune & condiments d’un tarare suivie de la volaille Albufera, légumes à la ficelle & salade au vinaigre Barolo. Mais pour tout vous dire, c’est à la nuit tombée que tout son talent se révèle car pour Nicolas Navarro, un grand plat naît du respect que l’on apporte à la fabrication de la recette. C’est dans le salon Baroque de La Cristallerie que la magie opère : mise en bouche du Chef, sandre leche del tigre, poireaux & moules, thon, radis & poire, Saint-Jacques, céleri & rose, veau fermier, amande & chou et en final textures de pomme. Une mélodie inspirée par les saisons, une cuisine de l’instant privilégiant toujours le goût ! Et à cela s’ajoutent les accords précis du nouveau Chef Sommelier Grégory Mio, originaire de Bordeaux, élu meilleur sommelier du Luxembourg en 2022. Encore une fois, nous avons passé un moment suspendu dans le temps.
www.hotel-leplacedarmes.com
BE PERFECT | LE PLACE D’ARMES
© Yann Deret
© Place d’Armes
CHARGÉ POUR L’AVENTURE
Land Rover Wavre
Chaussée de Namur 242, 1300 Wavre
T. 010/45.05.65
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L/100KM - 33-220 G/KM CO2 (WLTP) Disponible en version essence, diesel ou hybride rechargeable (PHEV). Contactez votre concessionnaire pour toute information relative à la fiscalité de votre véhicule. Informations environnementales (AR 19/03/04) : landrover.be. Donnons priorité à la sécurité.
Le retour symbolique du Club Med en Espagne Là où tout a commencé
Le tout premier Club Med a été fondé sur les îles Baléares en 1950 par l’Anversois Gérard Blitz. Après plus de vingt ans, l’iconique Club fête son retour en Espagne en invitant à découvrir un nouveau Resort 4 Tridents, niché dans une oasis verdoyante au pied de la Sierra Blanca : le Club Med Magna Marbella. On vous y emmène.
Le Club Med, une belgian story qui a débuté en Espagne
Tout a commencé l’été 1950 à Alcúdia, petit hameau de pêcheurs des Baléares. L’Anversois Gérard Blitz, exchampion de water-polo, eut l’idée d’y planter un village de tentes. Par la suite, il développera le Club Méditerranée en association avec Gilbert Trigano, fabricant de matériel de camping.
« Agadou dou dou, pousse l’ananas et mouds l’café » ! Depuis ses débuts sur l’île de Majorque, le Club Med a bien évidemment changé en proposant un confort et un service « Tout compris haut de gamme expérientiel », en conservant l’esprit qui le définit : le bonheur ! Se ressourcer au contact de
la nature, du sport et des autres, dans les plus beaux endroits du monde, entourés des « Gentils Organisateurs ». Si son PDG, Henri Giscard d’Estaing, a choisi Marbella, ce n’est pas uniquement pour son microclimat même si la belle Andalouse peut se prévaloir de 320 jours de soleil par an. Surplombant la ville, l’immeuble fut déjà un Club Med dans les années 1980. Quatre décennies plus tard, on découvre le Club Med Magna Marbella incarnant à merveille l’essence de l’Andalousie.
La créativité des Belges dépasse nos frontières ! Pour rénover son bâtiment, le Club Med a en effet fait appel au talent de Patrick Genard, le plus namurois des architectes barcelonais, qui a revêtu l’ensemble d’un feuillage bleu turquoise. Pour un flirt avec la Méditerranée que l’on aperçoit en toile de fond…
MOTS : ARIANE DUFOURNY PHOTOS : CLUB MED
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L’Andalousie au cœur du Club Med
Magna Marbella
Hormis la bâtisse, un tout nouveau Resort a été imaginé sur la structure initiale grâce à l’étoffe du duo des designers Marc Hertrich et Nicolas Adnet, habitués à collaborer avec le Club Med. Les 485 chambres, distribuées sur neuf étages, sont inspirées de cette Andalousie colorée. Les vastes espaces baignés de lumière naturelle reflètent cette terre de contraste, riche de son passé :
hommage à l’art équestre, à Picasso qui a grandi dans la ville voisine de Malaga, ou encore au flamenco à l’image de l’instagrammable Rouge Bar.
Si Puerto Banùs remporte les suffrages de la jet-set, le Club Med Magna Marbella apparaît comme un véritable havre de paix et de calme, dans l’une des stations balnéaires les plus célèbres de la Méditerranée. Quatorze hectares de jardin luxuriant et haut point culminant, l’espace Zen où la piscine à débordement est réservée aux adultes.
On s’y ressource avec un jus pressé minute, l’esprit libre. Un bienfait encore plus appréciable lorsqu’on sait que nos kids et ados multiplient les expériences sportives et artistiques sous le regard avisé des GO.
Dans les différents restaurants du Resort, les expériences gastronomiques se succèdent comme les décors enchantent la vue. Vue spectaculaire sur la mer depuis la terrasse du Sueños, ambiance intimiste et musique live au Tierra pour découvrir une cuisine de
BE PERFECT | CLUB MED MAGNA MARBELLA
Rencontre avec Eric Georges, le CEO du Club Med Benelux
A l’instar de Gérard Blitz, Eric Georges est anversois. Entre lui et le Club Med, c’est une véritable love story, et l’histoire d’une vie. En 1981, il rejoint l’aventure comme G.O Tennis, puis tour à tour, deviendra Chef des Sports, Chef de Village, VP Mice Europe, VP Operations, VP central Europe, VP Sales & Marketing South Europe et depuis 2016, CEO Benelux.
Retrouver Le Club Med Marbella 20 ans plus tard, quel est votre ressenti ? GO, Chef des Sports et Chef de Village, j’y ai occupé tous les postes. Depuis la réouverture, je m’y suis rendu plusieurs fois, avec le même enchantement. Le village de Marbella est resté authentique, la place des Orangers fidèle à mes souvenirs. Quant à notre Resort, il a conservé son squelette mais est désormais complètement ouvert vers l’extérieur. Une des plus grandes réussites d’un village qui ne vient pas de Scratch (NDLR : logiciel d’architecture). Il est extrêmement bien construit pour les familles, les sports et idéal pour la découverte de l’Andalousie, la plus belle région d’Espagne.
Ancien GO Tennis, que pensez-vous du padel qui est mis en avant dans ce nouveau Resort ? Je m’y suis mis et c’est un sport extrêmement convivial qui colle parfaitement à l’esprit du Club Med.
Avec 42 ans d’ancienneté vivez-vous parfois le symptôme du rétroviseur ? Je ne suis pas du tout passéiste. Le Club Med est monté en gamme en matière de confort et de durabilité, à la demande de ses clients. Aujourd’hui, plus personne ne souhaite dormir dans une case spartiate. Tant que le Club Med conserve ses valeurs essentielles, la convivialité, l’esprit de famille, je resterai son plus grand supporter.
terroir, une cave à vin et une épicerie de produits locaux. Notre coup de cœur ?
La garden-party des mercredis soirs où les tables dressées dans le jardin sont éclairées à la simple lueur des lanternes.Sangria, tapas, poulpe grillé, jamón iberico et autres spécialités locales, arrosées d’une sélection de vins espagnols. La felicidad !
Golf et padel en vedette
Depuis plus de cent ans, la Costa del Sol est l’une des destinations de golf
les plus appréciées et à juste titre ! Le climat idéal permet une pratique toute l’année et les splendides clubs de golf sont adaptés à tous les niveaux. Au Club Med Magna Marbella, on profite du practice au sein du Resort, de cours collectifs ou particuliers et à l’accès aux plus beaux parcours de golf de la région (Santa Clara Golf Marbella, Marbella Golf & Country Club...).
Marbella est le berceau européen du padel, un des sports les plus en vogue actuellement. Inventé dans les années
70, ce sport de raquette dérivé du tennis et pratiqué sur un terrain de 20x10m compte aujourd’hui plus de 18 millions de joueurs à travers plus de 90 pays dans le monde. Ici, les six courts sont en libre accès entre amis ou famille et des cours collectifs sont également proposés pour tous niveaux. Des 6 ans pour les futurs champions !
www.clubmed.com
VOYAGE | 143
Le regard du photographe
Bruxelles, une journée de février encore fraiche. L’équipe de Be Perfect a fixé rendez-vous à Myriam Leroy à la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) au Mont des Arts, pour des prises de vue destinées à la cover et à illustrer une longue interview avec la romancière belge. Myriam, que nous prenons plaisir à lire et à écouter quand elle intervient comme chroniqueuse dans « Bagarre dans la discothèque », un jeu musical bien déjanté sur La Première/RTBF.
Pour ma part, je n’ai pas eu l’occasion de visiter les lieux avant le shooting, alors place à l’impro ! Servane a terminé l’interview ; Luc, la mise en beauté de notre invitée. C’est à mon tour de jouer. Après quelques hésitations, je décide d’utiliser des éléments simples d’architecture, des reflets, des parements… Le style moderniste du bâtiment construit dans les années 50 s’y prête à merveille. Ce courant architectural rejette toute ornementation et privilégie la fonctionnalité. Avec Myriam Leroy, on s’imagine dans un décor de film tourné en Union soviétique ou en RDA. Boutade et rire. Dans les toilettes de la KBR, Myriam a repéré des carrelages vintage qui pourraient servir de décor. « Allez viens, je t’emmène voir les toilettes. »
Changement de cadre. Plus solennel. On se rend dans la chapelle de Nassau, vestige néo-gothique d’un palais de 1346, qui sert aujourd’hui de salle d’exposition. Pour nous y rendre, on traverse des espaces muséaux qui accueillent des manuscrits issus de la collection des ducs de Bourgogne. On mesure notre chance d’être seul dans pareil endroit.
Dans la chapelle, nous déroulons notre fond blanc, pour la prise de vue de la photo de couverture du Be Perfect. Myriam Leroy s’installe devant la toile, puis se lève, intriguée par une étonnante crucifixion. Sur la croix, sainte Wilgeforte, seule femme crucifiée de l’histoire de l’Eglise. Pour la petite histoire, la sainte qui voulait échapper à un séducteur empressé aurait demandé l’aide de Dieu qui lui fit pousser une barbe pour l’enlaidir ! L’incroyable destin d’une femme outragée. Myriam qui est en promo de son roman, « Le mystère de la femme sans tête », y voit un signe du destin. Sainte Wilgeforte, héroïne du prochain roman de Myriam Leroy ? Qui sait…
On cause, on plaisante, on change à nouveau d’univers pour shooter Myriam dans la salle de lecture (il faut savoir que les locaux fréquentés par les lecteurs occupent une surface de 8.000 m²) et on ne remarque pas que l’heure tourne ! Il est 17h30, voilà toute l’équipe du Be Perfect et notre invitée enfermées dans la KBR, avec sainte Wilgeforte et les trésors des ducs de Bourgogne ! Merci à notre contact sur place de nous avoir toutes et tous libérés.
BE PERFECT | LE REGARD DU PHOTOGRAPHE
MOTS : ANTHONY DEHEZ ET SERVANE CALMANT
PHOTO : ANTHONY DEHEZ
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