Spécial 19e congrès Ugict-Cgt - Tout est à nous

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« Dis-nous, Philippe »… Le secrétaire général de la Cgt débat avec les délégués. Échanges directs et sans détours.

A

près avoir remercié l’Ugict pour son invitation au congrès, Philippe Martinez ouvre l’échange interactif en rappelant son affiliation, de longue date, à l’Ugict-Cgt. Il affirme d’ailleurs d’emblée l’importance de l’organisation spécifique en direction des ingénieurs, cadres et techniciens au sein de la Confédération, en expliquant : « J’aime redire que les Ict sont des salariés comme les autres, dans le sens où ils doivent être écoutés, à partir des sujets qui les intéressent au quotidien, dans un environnement certes particulier lié notamment à leur position hiérarchique dans les entreprises et les services. » Mais, faut-il le rappeler : « L’affrontement capital-travail ne se fait pas en fonction des catégories socioprofessionnelles, mais bien entre ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre et ceux qui détiennent le capital et exploitent les autres. » La reconnaissance de cette spécificité s’est traduite par la signature de l’accord national interprofessionnel (Ani) sur le statut de l’encadrement, se félicite-t-il. Il est d’abord la validation d’un accord national de portée générale, en oppo36

sition avec les objectifs du Medef et du gouvernement visant à renvoyer toute négociation et tout accord au niveau de l’entreprise, ce que l’on appelle l’inversion de la hiérarchie des normes. Il marque aussi la reconnaissance d’une spécificité et d’un statut devenant un droit attaché à la personne, transposable d’une entreprise à l’autre, préfiguration du nouveau statut du travail salarié.

Il y a urgence à replacer les enjeux sociaux au cœur du débat Illustration de la place de la Cgt dans l’encadrement, il se félicite également de l’élection de Nayla Glaise à la présidence d’Eurocadres. En s’interrogeant sur ce qui serait un paradoxe : « Nous serions ainsi reconnus pour notre activité Ict à l’échelle européenne et moins par nos collègues dans les entreprises et les services, voire au sein de notre propre confédération ? » Il appelle à replacer les questions sociales au cœur du débat, particulièrement en cette période de précampagne électorale qui dérive sur les questions racistes et d’immigration. « La lutte contre le racisme

et les idées d’extrême droite compte parmi les valeurs fondamentales de notre syndicalisme. » Replacer « au centre » les questions sociales, c’est d’abord mener la bataille sur les salaires, essentielle, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle. « Or, “parler salaire”, c’est aussi parler qualifications et reconnaissance des qualifications, insiste-t-il. À cet égard, notre bataille pour le relèvement des minima de branche au niveau du Smic n’est pas une affaire de smicards, mais de l’ensemble du monde du travail. Plus ces minima démarrent en dessous du Smic, moins nos qualifications et nos diplômes sont reconnus. » Mener la bataille sur les salaires, c’est enfin celle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes : « Rien ne justifie aujourd’hui que, à diplôme égal, les femmes soient moins payées que les hommes, notamment dans les métiers à prédominance féminine, alors qu’un bac + 3 dans les métiers de la santé n’est toujours pas payé de la même façon qu’un bac + 3 dans l’industrie. » Le deuxième sujet central fait le lien entre social et environnemental. « Ces quesOPTIONS N° 671 / NOVEMbre-DÉCEMBRE 2021


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