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LA MONNAIE FRANCHE
Banque d'État. Ces tristes millions — quantité négligeable du point de vue de la vie économique allemande — que l'État réalisa par la vente des thalers, n'ont pas peu contribué à faire baisser le prix du métal blanc ; et les difficultés qui survinrent à la rente foncière à cause du bas prix des céréales sont en partie imputables à cette vente de métal argent (V. Emile de Laveleye : La monnaie et le bimétallisme). Vraiment, si l'on avait agi comme indiqué plus haut, si l'on avait changé les thalers en vaisselle plate et en cadeaux de noces, ce que l'État y aurait perdu, les contribuables l'auraient gagné dix fois en capacité de payement.
3. La gestion de la monnaie franche. Après avoir mis la monnaie franche en circulation et avoir déclaré hors d'usage la monnaie métallique, l'Institut d'émission n'aura plus qu'à observer dans quelle proportion la monnaie s'échange contre les marchandises (niveau général des prix) et à diriger — par l'augmentation ou la diminution de l'émission — le cours de la monnaie vers un but bien précis : la fermeté du niveau moyen des prix. Comme point de repère l'Institut d'émission emploie la moyenne des prix de toutes les marchandises. Selon le résultat de toutes ces constatations, selon que la moyenne des prix tend à monter ou à baisser, la circulation sera réduite ou amplifiée. Pour augmenter l'émission de monnaie, l'office monétaire délivre de l'argent frais au ministre des finances, qui met cette somme en circulation par un abaissement correspondant de tous les impôts. Si les impôts rapportent 1.000 millions, et qu'il faille mettre en circulation 100 millions d'argent frais, on accordera sur toutes les contributions une remise de 10 %. La chose est simple. Mais bien plus simple encore sera la réduction de la quantité de monnaie en circulation. Comme l'ensemble de la monnaie émise diminue annuellement de 6 % par la perte périodique, l'on n'aura besoin de rien faire pour réduire la circulation monétaire ; l'excédent éventuel s'amortira de lui-même. Mais si cela ne suffit pas, une augmentation des impôts fera le reste. L'Institut d'émission dispose d'ailleurs d'un autre moyen : la vente et l'achat de titres d'État. Grâce à la monnaie franche, l'Institut d'émission contrôle complètement l'offre de moyens d'échange : il est maître absolu tant pour la production que pour l'offre de numéraire. Qu'on ne se représente pas ici un établissement immense, peuplé de centaines d'employés, dans le genre de la Reichsbank. L'Institut d'émission n'exerce aucune activité bancaire : il n'a pas de comptoirs; pas même de coffre-fort. Le numéraire est imprimé à l'Imprimerie nationale. La mise en circulation et l'échange ont' lieu aux caisses