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LA MONNAIE FRANCHE
connaissons le mot de Bamberger : Avec l'amour, c'est le problème monétaire qui a fait le plus de fous. Et nous ne désirons pas, pour une théorie des crises, soumettre nos méninges à cette épreuve dangereuse I » Cette dernière théorie était pourtant la plus simple et la meilleure. Les marchandises, expliquais-je, s'échangent presque exclusivement par le commerce ; c'est-à-dire que pour les échanger, il faut les vendre aux commerçants. Mais le commerçant n'achète les marchandises que lorsqu'il suppose qu'il pourra les revendre plus cher. Le prix de vente escompté doit être plus élevé que le prix exigé par l'artisan ou l'industriel. Dès lors, si le prix des marchandises marquait une tendance à la baisse, le commerçant ne saurait absolument plus quels prix payer ou offrir ; tandis que l'industriel ne pourrait faire descendre ses prix au-dessous du prix de revient, sans subir une perte sèche. Pour le consommateur, il en est autrement. Il paye le prix exigé. Il se réjouit en cas de baisse, et se lamente en cas de hausse. Les prix qu'il peut mettre sont limités par ses revenus. Le commerçant, lui, visera un prix qui dépasse une grandeur déterminée, le prix d'achat. Obtiendra-t-il ce prix ? Il n'en sait rien. Le prix de vente est une inconnue. Seul le prix d'achat est, lors de la prise de possession de la marchandise, une grandeur connue. Quand les prix sont stables en moyenne, ou quand ils haussent, tout va bien ; alors le prix de vente promet de couvrir le prix d'achat avec un bénéfice, et le commerçant peut passer ses commandes en toute tranquillité. Par contre, quand les prix baissent, baissent sans relâche, d'un, de 2, de 5, de 10, de 20, de 30 %, comme nous l'avons déjà souvent observé, alors le commerçant perd pied complètement ; et ce qu'un homme prudent a de mieux à faire, c'est d'attendre. Le commerçant, en effet, ne peut pas tout bonnement tabler sur le prix d'achat pour établir son prix de vente, mais il doit tenir compte, pour celui-ci, des prévisions. Lorsque, durant l'espace de temps entre l'achat et la vente, les prix baissent, il doit baisser aussi ses prix de vente, et il essuie une perte. De sorte qu'en temps de baisse, le mieux est d'attendre. Dans le commerce, les marchandises ne s'échangent donc pas sous l'impulsion du besoin qu'on en a, mais en vue du profit. Mais cette attente, cet ajournement des achats coutumiers du commerçant, signifiait pour l'industriel un arrêt dans la vente. Comme la plupart du temps l'industriel a besoin d'un débit régulier, comme il ne peut pas accumuler les marchandises en magasin, à cause de leur caractère périssable et de leur encombrement, il renvoyait ses ouvriers. Les ouvriers, à leur tour, devant le manque de travail et d'argent, ne pouvaient acheter, ce qui faisait baisser les prix de plus belle. Et ainsi naissait, sous la pression de la baisse, un cercle vicieux. C'est pourquoi, — telle était la morale — nous devons nous préserver de la baisse des prix ; nous devons émettre plus d'argent, afin que l'argent ne manque pas pour acheter les marchandises, afin que,