L'ORDRE ECONOMIQUE NATUREL (Silvio Gesell)

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LA MONNAIE FRANCHE

temps, pourquoi la prétendue cause, constante et régulière, (la répartition inégale des revenus), avait des effets intermittents (alternatives de prospérité et de crise). Si la cause avait été la répartition des revenus, on aurait dû assister à un phénomène ininterrompu, et sans heurts ; tel qu'une pléthore de main-d'œuvre remontant à des temps immémoriaux ; c'est-à-dire au contraire de ce que l'on observait. Mais l'affirmation selon laquelle le revenu des classes possédantes dépasse leurs besoins se révélait contraire aux faits : l'endettement hypothécaire des grands et petits propriétaires fonciers, et leur appel constant à l'assistance de l'État en sont la preuve. Les besoins n'ont d'ailleurs pas de limites ; ils vont à l'infini. Les besoins des tisserands de de l'Eulengebirge n'étaient pas précisément satisfaits avec des épluchures de pommes de terre ; et la dignité ducale, acquise par les « rois » américains pour leurs filles, et payée en milliards, ne rassasiait pas encore l'appétit de ces magnats. Ils convoitaient la couronne impériale d'Allemagne, et accumulaient milliard sur milliard, travaillaient jour et nuit, se privaient peut-être eux-mêmes et privaient certainement leurs ouvriers pour atteindre cette couronne. Fussent-ils parvenus à la ceindre, un prêtre à son tour aurait surgi pour leur rappeler que tout est éphémère et qu'ils auraient à peiner, à épargner, à entasser les milliards, pour les léguer à l'Église, afin d'être jugés dignes d'entrer dans le royaume de Dieu. Des épluchures de pommes de terre au tronc des offrandes, il y a une mer de besoins capable d'engloutir tout ce que peut produire l'humanité. Aussi nul ne fût assez riche pour ne point rêver de le devenir davantage, l'ambition croissant avec le succès des affaires. Comment se seraient édifiées les énormes fortunes des temps modernes, si leurs possesseurs s'étaient dit, au premier million : cela nous suffit; laissons travailler d'autres I Nul riche ne laissa improductif ses excédents aussi longtemps que s'offrit une occasion de lucre. L'argent du capitaliste ne s'offrait jamais sans intérêts, mais sous ce rapport, l'homme le plus riche n'agissait pas autrement que le plus petit épargnant. Pas d'intérêt, pas d'argent ; c'était partout le mot. Tous faisaient dépendre de l'intérêt la remise en circulation des excédents. Le nivellement des revenus de tous les citoyens n'aurait rien changé au fait que l'épargnant, qui produisait et vendait plus qu'il n'achetait, ne consentirait à remettre en circulation l'excédent de son argent que moyennant intérêts. Cette réaction de l'épargnant devait à chaque coup créer un excédent de marchandises (bloquant la vente et le travail) dès que l'industrie et le commerce cessaient de rapporter de l'intérêt. La cause de la crise se trouvait donc dans le fait que d'une part les capitalistes faisaient dépendre de l'intérêt le placement de l'argent, et que d'autre part quand la création d'immeubles, d'installations industrielles et d'autres moyens de production dépassait une certaine limite, on voyait tomber les intérêts qui constituaient la condition indispensable à la souscription à ces entreprises.


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5. Complément à la théorie de l'intérêt

51min
pages 317-338

8. L'intérêt net du capital, grandeur immuable

17min
pages 352-358

7. Les éléments de l'intérêt brut

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pages 348-351

6. Comment on a tenté jusqu'ici d'expliquer l'intérêt du capital

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pages 339-347

4. Le transfert de l'intérêt fondamental sur le capital dit réel

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pages 313-316

2. L'intérêt fondamental

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pages 298-311

Cinquième partie : LA THÉORIE DE L'INTÉRÊT OU DU CAPITAL FONDÉE SUR LA MONNAIE FRANCHE

5min
pages 291-292

1. théorie

11min
pages 293-297

Le théoricien des salaires

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pages 276-278

La stabilisation des changes

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pages 285-286

L'entente monétaire internationale

9min
pages 287-290

Le théoricien des crises économiques

19min
pages 268-275

Le théoricien de l'intérêt

16min
pages 261-267

Le défenseur de la doctrine mutualiste

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pages 257-260

Le directeur du bureau d'assurance contre le chômage

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pages 253-256

Le débiteur

4min
pages 251-252

L'épargnant

6min
pages 243-245

Le spéculateur

9min
pages 239-242

Le coopérateur

5min
pages 246-247

L'usurier

5min
pages 236-238

Le créancier

7min
pages 248-250

Le caissier

3min
pages 227-228

L'exportateur

9min
pages 229-232

3. La gestion de la monnaie franche

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page 218

1. La monnaie franche

18min
pages 208-215

2. Comment l'État émet la monnaie franche

4min
pages 216-217

Introduction

2min
page 207

L'industriel

4min
pages 233-235

4. Les lois de la circulation de la monnaie franche

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pages 219-222

14. Les mouvements de fonds « sans numéraire »

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pages 195-197

15. La pierre de touche de la monnaie

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pages 198-204

L'argent tel qu'il pourrait et devrait être

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pages 205-206

13. La réforme de l'émission

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pages 185-194

11. Les lois de la circulation de la monnaie actuelle

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10. L'offre de numéraire

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pages 162-167

12. Les crises économiques et le moyen de les supprimer

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9. Les facteurs de l'offre et de la demande

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6. Quel doit être le prix de la monnaie ?

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8. Les facteurs du prix de la monnaie

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7. La mesure précise du prix de la monnaie

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5. La garantie et la couverture de la monnaie de papier

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3. La prétendue valeur

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la matière dont elle est faite importe peu au public

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1. La notion de monnaie

9min
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Introduction

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pages 99-101

6. Ce que le sol franc ne peut faire

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pages 95-96

L'argent tel qu'il est

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5. Sur quoi se base la revendication de la nationalisation du sol

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3. Le sol franc dans la pratique

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pages 63-75

2. Les finances du sol franc

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pages 60-62

4. Les effets de la nationalisation du sol

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pages 76-82

1. La notion de sol franc

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Deuxième partie : LE SOL FRANC

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sur la rente foncière et les salaires

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15.Récapitulation des résultats actuels de nos recherches

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9. Influence du progrès technique sur la rente et les salaires

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12.Douanes, rente et salaires 13.Jusqu'aux échelons les plus élevés, l'échelle des salaires s'appuie

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16.La rente provenant du sol à bâtir et des matières premières

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sur le revenu des travailleurs du sol franc

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17.Aperçu général de la loi des salaires

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14.Influence de l'intérêt du capital sur les salaires et sur la rente

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5. Influence des conditions de vie sur les salaires et la rente

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6. Définition plus précise du Sol franc

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Pourquoi la théorie quantitative brute ne s'applique pas à la monnaie201

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7. Le sol franc de troisième classe 8. L'influence du sol franc de troisième classe

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2. Qu'est-ce que le rapport intégral du travail ?

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3. L'empiétement de la rente foncière sur le rapport du travail

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1. La fin et les moyens

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4. Influence du prix des transports-sur les salaires et la rente foncière

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pages 18-21
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