INFLUENCE DU PROGRES TECHNIQUE
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il perd encore 10 % par suite de la modification survenue dans le rapport d'échange mentionné plus haut. De sorte que la rente comporte en fin de compte 364,56 — 10 % soit 328,10. La perte totale s'élève à 12,5 %. Plus la rente sera petite par rapport à la dépense de salaires, plus l'augmentation de salaire sera sensible pour le rentier du sol. Mais comme il ne se conçoit pas que les propriétaires fonciers essuient un préjudice à embaucher des travailleurs, et comme le propriétaire foncier exploitant la culture extensive relire plus de rente de ses terres que le propriétaire pratiquant la culture intensive, on assiste a un retour a la culture extensive au détriment de l'intensive. Des travailleurs sont congédiés, ce qui tend à faire baisser les salaires au-dessous du niveau régulier (c'est-à-dire le rapport du travail du cultivateur du sol franc, augmenté de 10 %). Alors l'émigration s'amplifie, jusqu'au retour de l'équilibre entre les salaires d'ici et le rapport du travail de là-bas. Reste encore à examiner le partage du produit entre le salaire cl la rente, dans le cas où les améliorations techniques favorisent la culture extensive et non la culture intensive. Le produit du travail des 12 associés A passe de 480 à 600 tonnes ; celui des 60 associés B reste de 900. Aux associés A il échoit 50 tonnes par tête, aux associés B, 15 tonnes, comme précédemment. La différence passe de 25 tonnes à 35. Selon la méthode de calcul figurant pages 28-29 la rente s'élève des lors à 525, au lieu de 375 et le salaire est de 6,25 au lieu de 8,75. 35 x 12 = 420 420 : 48 = 8,75 8,75 x 60 = 525 tonnes qui sont la rente. 15 — 8,75 = 6,25 tonnes qui sont le salaire. 6,25 x 12 = 75 (dépense de salaires) 525 (rente) 600 (produit) 6,25 x 60 = 375 (salaire) 525 (rente) 900 (produit) L'influence des améliorations techniques peut donc varier beaucoup selon que ces perfectionnements touchent le sol franc de lre et de 2° classe, celui de 3e classe, ou la culture intensive. Nous voyons aussi que les travailleurs du temps jadis ne se trompaient pas toujours, lorsqu'ils redoutaient l'adoption des machines, et qu'ils préconisaient leur destruction. Il peut se produire en effet que comme dans l'exemple ci-dessus, à la suite d'améliorations techniques, la rente non seulement s'adjuge tout le surplus de production, mais empiète encore sur les salaires. Dans le cas que nous envisagions, la production de la culture extensive est montée de 480 à 600 tonnes, soit de 25 %. La rente a passé de 375 à 575.tonnes ; elle a augmenté de 40 %. Et en dépit de l'augmentation du produit du travail (50 au lieu de 40), le salaire est descendu de 8,75 tonnes à 6,25.