LE BOE JEU DE LÆGREID
M
artin Fourcade a quitté la caravane du biathlon. Celui qui, durant dix années, a écrit les plus belles pages de l’histoire de son sport, n’allait dès lors plus pouvoir donner des migraines à son dernier grand rival, vainqueur de la précédente coupe du monde, Johannes Thingnes Boe. En ce début d’hiver marqué par la pandémie de coronavirus, le Norvégien a donc la préférence des bookmakers. Mais ce n’est pas lui qui, le premier, allait endosser le dossard jaune après l’individuel d’ouverture à Kontiolahti (Finlande). Avec un 20/20 devant les cibles, Sturla Holm Lægreid, son jeune compatriote âgé de 23 ans, pour sa cinquième course en coupe du monde seulement, lui a en effet volé la vedette. Il a signé une performance d’autant plus remarquable que son aîné s’est incliné à 19/20 avec le meilleur temps de ski. Derrière les deux Scandinaves, mais au pied du podium à cause de l’Allemand Erik Lesser, Quentin Fillon-Maillet, candidat déclaré au gros globe de cristal, ne cachait pas sa déception. S’il avait manqué, lui aussi, une balle (la dernière du premier debout), il était resté extrêmement concentré et engagé tout au long de la course. Comme en mission, il s’était dépouillé. « Je suis un peu déçu parce que, normalement, je me bats pour la victoire », déclarait le Grandvallier devant les caméras de télévision. « Il va y avoir de la bagarre tout l’hiver », ajoutaitil, prémonitoire.
PODIUM Individuel 20 km = 1 Sturla Holm Lægreid 2 Johannes Thingnes Boe 3 Erik Lesser 4 Quentin Fillon-Maillet 8 Émilien Jacquelin 9 Antonin Guigonnat 15 Simon Desthieux 70 Martin Perrillat-Bottonet 72 Fabien Claude 28 | BIATHLON MAGAZINE • N°3
Dès la première course de l’hiver, le Norvégien Lægreid montre qu’il va falloir désormais compter avec lui.
Manzoni/NordicFocus
Kontiolahti
28 NOVEMBRE 2020
STURLA EST LÀ Sturla Holm Lægreid, c’est la personne qui n’est pas invitée à un déjeuner et qui sonne à la porte au moment où les convives se mettent à table. Forcément, on ajoute un couvert. Intégré au groupe élite norvégien au printemps dernier après de belles performances sur les coupes du monde de Nove Mesto (République tchèque) et Kontiolahti (Finlande) en fin d’hiver passé, le jeune homme de 23 ans allait, à partir de Kontiolahti, réussir des performances incroyables, inespérées même.
« C’est quelqu’un qui a beaucoup profité d’une saison 2018/2019 off à cause d’une mononucléose, indique Siegfried Mazet, son entraîneur de tir, à Nordic Magazine. Il s’est posé beaucoup de questions, a fait un cheminement personnel sur son tir. » Au point de terminer la saison avec un taux de réussite de 92,62 % (deuxième derrière l’Autrichien Simon Eder, à 93,33 %). Devant les cibles, « il a la maturité d’un Martin Fourcade, tranche son coach. C’est vraiment le garçon avec qui je peux le comparer. C’est de cet acabit-là. »