Degoisey
mise sur l’intelligence artificielle L’intelligence artificielle (IA) pour accroître la productivité. C’est la solution de Laurent Allard pour sa PME spécialisée en mécanique de précision.
L
a crise sanitaire va laisser des traces. Et même pour les entreprises qui ont su réagir face à la pandémie, elle va affecter durablement les règles du jeu économique. « On n’est pas dans un monde des bisounours. On va nous demander de baisser les prix. Et pour sauvegarder nos marges, il nous faut une productivité plus forte. Cette productivité, on va la trouver avec l’intelligence artificielle (IA) », lâche Laurent Allard qui a repris la vénérable usine dryate en 2006. Degoisey qui fabriquait autrefois des métiers réputés pour la bonneterie s’est reconvertie aujourd’hui dans les pièces mécaniques de très haute précision. La PME de la rue Thiers affiche même une croissance insolente : depuis 2006, elle a doublé ses effectifs de seize à trente salariés, et triplé son chiffre d’affaires de 1,4 à 4 M€. « Nous restons profitables. On réalise environ 40 % de notre chiffre avec les machines spéciales, 40 % avec les machines tournantes pour l’industrie et 20 % dans l’aéronautique et la défense. On va de plus en plus vers le marché de la défense et l’aéronautique civile et surtout militaire. Ce sont des marchés colossaux, décrypte Laurent Allard. On est, par exemple, en co-développement avec le fournisseur de Thales. Ce sont des programmes sur plusieurs années. Le plus dur, c’est d’être qualifié sur ces produits ». Degoisey usine notamment des pièces qui iront équiper les Airbus A350 et les Rafale de Dassault. Pour rester attractive, Degoisey anticipe déjà
l’avenir. Elle est l’une des premières entreprises françaises à s’équiper avec des machines qui intègrent l’intelligence artificielle. « C’est une révolution, tranche Laurent Allard. C’est comme le passage de l’usinage traditionnel au centre d’usinage. C’est le même saut. On change d’échelle. Cette intelligence artificielle va nous faire gagner sur les temps de nos productions, sur le lancement, les réglages, les programmations. Les machines seront plus en production qu’en programmation. On fait de la croissance profitable. »
« L’IA, c’est une révolution » Autre avantage, cette nouvelle technologie « IA » sera mise en œuvre par des jeunes. « On a recruté ici une dizaine de jeunes formés en génie mécanique à l’IUT et au CFAI. On monte en gamme, en compétence et on pérennise l’entreprise. On a un ou deux ans d’avance avec les jeunes. Ces deux machines japonaises d’usinage Mazak sont multitâches. Elles proposent en fonction de l’opérateur des solutions de programmation, à la façon du compagnon. Tous les paramètres d’usinage sont déjà dans la machine. L’ouvrier personnalise sa façon de produire. Il peut aller plus vite, plus loin et sortir des pièces extraordinaires. C’est une révolution. Avec l’IA, l’entreprise ne se contente plus de produire. Elle peut conseiller, concevoir, co-développer. On va vendre de l’ingénierie et pas seulement des heures de production ». Thierry Péchinot
Déjà équipée de dix-huit centres d’usinage qui façonnent tous les métaux, Degoisey a investi dans deux nouvelles machines avec intelligence artificielle.
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